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Communiqués de presse Organe subsidiaire de la Commission des droits de l’homme

LA SOUS-COMMISSION ENTAME L'EXAMEN DE LA QUESTION DE LA VIOLATION DES DROITS DE L'HOMME DANS TOUS LES PAYS

01 août 2001



Sous-Commission de la promotion et
de la protection des droits de l'homme
53ème session
1er août 2001
Matin




La Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme a entamé, ce matin, l'examen de la question de la violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales, y compris la politique de discrimination raciale et de ségrégation, dans tous les pays, en particulier dans les pays et territoires coloniaux. Elle a entendu dans ce cadre les déclarations d'une vingtaine d'organisations non gouvernementales.

Mme Françoise Jane Hampson, membre de la Sous-Commission, a déploré que la Sous-Commission ne puisse pas intervenir sur des sujets traités par la Commission car le silence est le meilleur allié des États qui violent les droits de l'homme, a-t-elle estimé.

Les organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole: Association internationale pour la liberté religieuse; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (au nom également de l'Organisation mondiale contre la torture); Communauté internationale baha'ï; Médecins du monde international; Congrès du monde islamique; Centre Europe-tiers monde, CETIM; International Educational Development; International Islamic Federation of Student Organisations; International Human Rights Association of American Minorities; Association internationale des juristes démocrates - AIJD; Organisation mondiale contre la torture, OMCT; France-Libertés : Fondation Danielle Mitterrand; Conseil international des traités indiens; Conférence asiatique des bouddhistes pour la paix; Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples; Franciscain international; Association américaine de juristes; Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques; Institut international de la paix; Pax Romana; et European Union of Public Relations.

Nombre d'intervenants ont dénoncé les violations de droits de l'homme perpétrées dans plusieurs territoires occupés ou contestés, en particulier au Jammu-et-Cachemire et dans les territoires palestiniens occupés. D'autres ont dénoncé les violations de droits de l'homme perpétrées par les forces russes en Tchétchénie. L'attention a également été attirée sur les violations des droits de l'homme dont souffrent, à travers le monde, certaines minorités et des défenseurs des droits de l'homme. Les atteintes aux libertés d'expression et d'association ont aussi été maintes fois dénoncées.

Sont également intervenus les représentants de l'Iraq et du Bahreïn.

La Sous-Commission poursuivra cet après-midi, à 15 heures, son débat sur les violations des droits de l'homme dans tous les pays.


Débat sur la question de la violation des droits de l'homme dans tous les pays

M. GIANFRANCO ROSSI (Association internationale pour la liberté religieuse) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur la question de l'extrémisme religieux, mentionnant les cas du régime des Taliban en Afghanistan, de groupes hindouistes en Inde et au Népal, d'extrémistes bouddhistes au Sri Lanka et au Bhoutan. Il a insisté sur la différence entre les religions et les extrémismes. Il a souligné que le droit à la liberté religieuse ne devrait pas être remis en cause par des pays membres des Nations Unies alors que la liberté de changer de religion est proclamée par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il a demandé à la Sous-Commission de contrecarrer la montée des extrémismes religieux dans le monde en s'engageant à faire une étude sur l'extrémisme religieux, comme l'avait recommandé le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction.

M. ANTOINE MADELIN (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH, au nom de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme et de l'Organisation mondiale contre la torture) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur les graves entraves portées à la liberté d'association au Bélarus. Il a également dénoncé le durcissement du pouvoir exécutif au Kirghizistan, qui se traduit par l'augmentation de la systématisation des agressions à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme, de toute opposition politique et des médias indépendants. Il a par ailleurs dénoncé le décès en détention, en Ouzbékistan, du Président du bureau régional de Kashkadar de la Société des droits de l'homme d'Ouzbékistan. En Égypte, a-t-il poursuivi, le système législatif et son application judiciaire restreignent considérablement l'activité des défenseurs des droits de l'homme, en pénalisant l'accès à des fonds d'origine étrangère.

Le représentant de la FIDH a déclaré qu'en Tunisie, la situation des droits de l'homme est toujours alarmante et révèle la partialité flagrante du système judiciaire. Au Brésil, dans les États de Pará et de Paraná, les mouvements sociaux - particulièrement le Mouvement des sans terre - sont victimes d'une répression publique et privée sous la forme d'expulsions violentes de terres agricoles, de nombreux cas de torture et d'assassinats. Au Guatemala, une mission d'enquête de l'Observatoire a mis en évidence une augmentation préoccupante du nombre d'agressions subies par les défenseurs des droits de l'homme. En Algérie, depuis avril 2001, face aux émeutes qui continuent de secouer la Kabylie et d'autres régions du pays, les autorités ont réagi de manière totalement disproportionnée, en engageant une répression d'une violence sans commune mesure avec la menace que constituaient les manifestants. Enfin au Venezuela, les atteintes au droit à la vie se multiplient et la répression émanant des autorités publiques augmente, ainsi que celle de groupes privés.

MME DIANE ALA'I (Communauté internationale baha'ïe) a déploré que la situation de la communauté Baha'ïe en Égypte ne se soit pas améliorée malgré l'intervention de son organisation devant la cinquante-deuxième Sous-Commission. Elle a regretté que des négociations ne soient pas possible directement entre les fonctionnaires égyptiens et les représentants des Baha'ï d ans le cadre des Nations Unies. Il aura fallu pour les Baha'ïs sattendre le droit de réponse de la délégation égyptienne devant la Commission pour connaître les motifs de détention de certain de leurs membres. Mme Ala'ï a rappelé que les Baha'ïs étaient légitimistes et reconnaissaient l'État égyptien, elle demande donc a l'état égyptien d'arrêter la persécution de cette communauté religieuse dont elle a rappelé le pacifisme et son respect du droit à la liberté de religion. C'est pourquoi la Communauté internationale baha'ïe demande l'abrogation par le Gouvernement égyptien du décret présidentiel de 1960 qui porte dissolution des institutions religieuses Baha'ïes et de restaurer les droits de cette communauté religieuse, mais aussi de remettre en liberté les neuf baha'ïs arrêté par les autorités à Sohag et de mettre fin aux campagnes de désinformation organisées par les médias contrôlés par le gouvernement.

M.A. KAMAROTOS (Médecins du monde international) a rappelé que son organisation est présente en Ingouchie et en Tchétchénie depuis 1995. Il a dénoncé les violations graves des droits de l'homme et du droit humanitaire international qui continuent de se produire en Tchétchénie. Le 2 juillet, une «opération de nettoyage» a eu lieu à Semovodsk: les forces russes ont arrêté environ 700 personnes. De nombreux témoignages font état de torture de civils, de viols et de pillages perpétrés en Tchétchénie. La Fédération de Russie multiplie les rafles et les violations graves et systématiques des droits de l'homme, a déclaré le représentant, de sorte que des milliers de civils ont fui la région pour se rendre en Ingouchie. Médecins du monde est préoccupée par les pressions exercées par l'administration officielle tchétchène afin que les réfugiés retournent en Tchétchénie, ce qui s'avérerait extrêmement dangereux tant que les conditions d'accueil et de sécurité ne le permettent pas.

Médecins du Monde intervient aussi en Palestine depuis 1994, a par ailleurs rappelé M. Kamarotos, qui a dénoncé les récentes violations graves du droit humanitaire international, notamment en ce qui concerne la protection des populations civiles et le respect des dispositions de la quatrième Convention de Genève. Il a lancé un appel en faveur du respect de la neutralité des services médicaux.

M. MAQBOOL AHMAD (Congrès du monde islamique) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur la situation en Tchétchénie. Il a rappelé la férocité des autorités russes dans lors des opérations menées en Tchétchénie. Il a ensuite dénoncé l'attitude de l'armée indienne au Cachemire, notant que le Gouvernement indien ne pouvait pas ne pas être au courant de la situation, dont témoigne notamment le rapport d'Amnesty International dénonçant les exactions de l'armée indienne dans la région. Le représentant du Congrès du monde islamique a soutenu la cause des Cachemiriens dans leur lutte et a affirmé que les demandes d'indépendance des représentants de la cause cachemirienne étaient moralement et rationnellement légitimes. Il a demandé à la Sous-Commission de faire tout son possible pour redresser ces situations de violation des droits de l'homme.

M. MALIK OZDEN (Centre Europe-tiers monde, CETIM) a déclaré qu'en dépit des promesses répétées des autorités turques concernant la démocratisation, les violations graves des droits de l'homme - notamment les arrestations arbitraires, la pratique de la torture, les atteintes à la liberté d'opinion et d'expression, la répression dans les prisons, le déni de la culture kurde - continuent d'être monnaie courante en Turquie. Le 26 mai 2001, trois cents fonctionnaires ont été interpellés lors d'une manifestation organisée pour protester contre un projet de loi qui interdit le droit de grève aux fonctionnaires. Le CETIM demande à la Sous-Commission d'intervenir auprès des autorités turques afin qu'elles se conforment aux instruments internationaux des droits de l'homme et qu'elles mettent en place une commission d'enquête indépendante et impartiale sur les interventions répétées des forces de l'ordre dans les prisons depuis 1995, qui ont causé la mort de nombreux prisonniers. Le CETIM appuie la recommandation du Rapporteur spécial sur l'intolérance religieuse qui suggère au Groupe de travail sur les minorités de la Sous-Commission de déterminer, au regard du droit international, l'interprétation qui doit être donnée à la notion de minorités dans le cadre du Traité de Lausanne (1923), à savoir en particulier d'identifier les communautés visées.

MME KAREN PARKER (International Educational Development) a rappelé l'action menée par son organisation au Cachemire et a demandé a la Sous-Commission de renforcer son rôle pour trouver une solution au conflit, notamment en favorisant la mise en place d'une médiation. Des efforts qui portent leurs fruits comme au Burundi et qui ont une importance non négligeable dans la résolution des conflits, même s'ils connaissent parfois des échecs comme dans le cas du Sri Lanka. Elle a également dénoncé la situation à Java, espérant néanmoins que l'élection de la nouvelle présidente de l'Indonésie permettra de calmer la situation dans les mois à venir. Mme Parker a demandé a la Sous-Commission de profiter de cette occasion pour intervenir sur la situation des droits de l'homme en Indonésie.

M. GHULAM MUHAMMAD SAFI (International Islamic Federation of Student Organisations) a dénoncé l'attitude de certains gouvernements qui continuent d'adopter une mentalité coloniale et par conséquent non seulement bafouent les droits de populations entières mais encore menacent la paix et la sécurité internationales. Il a déploré la détérioration de la situation des droits de l'homme dans de nombreuses parties du monde au cours de l'année écoulée et a jugé particulièrement préoccupantes les situations de droits de l'homme qui prévalent dans le Jammu-et-Cachemire occupé par l'Inde et dans les territoires palestiniens occupés. Il a souligné les points communs de ces deux situations dans lesquelles «les puissances occupantes, c'est-à-dire Israël et l'Inde, poursuivent leurs occupations illégales» contre la volonté des populations de ces territoires occupés et malgré les résolutions du Conseil de sécurité.

M.MAHSOOD IHRAAM (International Human Rights Association of American Minorities) a également attiré l'attention de la Sous-Commission sur la situation au Jammu-et-Cachemire, qui perdure depuis le 27 octobre 1947. Il a souligné que 700 000 soldats indiens sont présents aujourd'hui au Jammu-et-Cachemire. Cette situation ne doit plus être ignorée par la communauté internationale, a déclaré le représentant, d'autant que le peuple du Cachemire a perdu près de 70 000 des siens depuis le début du conflit. M. Ihraam a demandé à la Sous-Commission d'inscrire, en tant que sous-point de son ordre du jour, la question de la situation des droits de l'homme au Cachemire. L'examen de cette question est d'autant plus urgente que les espoirs suscités par le sommet d'Agra entre l'Inde et le Pakistan se sont évanouis

M.YORID SHIGKWA (Association internationale des juristes démocrates - AIJD) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur les discriminations dont sont victimes les travailleurs au Japon. Ces discriminations peuvent notamment être fondées sur le sexe ou sur l'âge et peuvent aussi bien concerner l'emploi et les horaires de travail que le droit de se syndiquer. Les droits des travailleurs japonais sont violés non seulement par les entreprises mais aussi par le gouvernement. Ainsi en est-il des questions de retraite puisque les entreprises ont décidé de diminuer les salaires des travailleurs de plus de 55 ans afin de compenser l'allongement de la durée de vie active du travailleur puisque l'âge de la retraite a été porté à plus de 60 ans. De tels systèmes doivent être réformés, a estimé le représentant.

M. FRANÇOISE JANE HAMPSON, experte de la Sous-Commission, a déploré que la Sous-Commission ne puisse pas intervenir sur des sujets traités par la Commission, estimant que le silence est le meilleur allié des États qui violent les droits de l'homme. Elle a néanmoins tenu à attirer l'attention, compte tenu de l'urgence de la situation, sur la politique israélienne, qui hier encore a fait huit morts à Naplouse. Dans le cadre des ?conflits oubliés?, elle a souligné qu'ils devraient attirer davantage l'attention organisations chargées des droits de l'homme. C'est le cas du conflit en Angola, où l'UNITA et les troupes gouvernementales continuent de s'affronter mais aussi au Timor oriental ou aux Philippines.

Mme Hampson a également dénoncé les mauvaises conditions de détention, un sujet souvent oublié alors qu'il est encore d'actualité dans de nombreux pays du monde. C'est le cas d'une prison en Grèce, de nombreuses en Russie et au Brésil ou des cas tortures ne sont pas rares. Les conditions de détention des demandeurs d'asile et des Roms dans certains pays européens doit également être examinée de plus près. La cause de ces mauvaises conditions de détention est souvent due à l'absence de ressources mais aussi à la mauvaise formation des agents de l'État chargés des détentions.

Dans le cadre des violations des droits de l'homme non systématiques, elle a insisté sur l'importance de désigner des experts indépendants dans le cadre d'enquêtes internationales car ils permettent d'aller plus loin dans les conclusions des enquêtes. Des cas en Côte d'Ivoire, au Liberia, aux Îles Fidji, au Bouthan, en Arabie saoudite ou en Chine ont été soulignés dans le cadre du problème de l'impunité.

Mme Hampson a également déploré le retrait des États-Unis des négociations internationales concernant les armes bactériologiques, le climat, et le racisme. L'isolationnisme dans tous ces cas ne doit pas être un mode de fonctionnement des États car il ne peut mener qu'a la mise en péril des droits de l'homme.

M. MICHAEL ANTHONY (Organisation mondiale contre la torture, OMCT) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur les violations des droits de certains groupes à la liberté d'expression et d'association. Il a dénoncé les vagues d'arrestations arbitraires et de détentions au secret dont sont victimes en Malaisie des défenseurs des droits de l'homme en vertu de lois internes incompatibles avec les normes internationales. Dans nombre de pays, a poursuivi le représentant de l'OMCT, les violations des libertés d'expression et d'association ont spécifiquement pris pour cible les défenseurs des droits de l'homme. En Tunisie, des associations jugées non conformes à la loi peuvent être considérées comme non existantes et les personnes considérées comme ayant enfreint la loi peuvent être condamnées à des peines allant de un à six mois de prison. En Égypte, il faut une autorisation des autorités pour recevoir un financement étranger, et plusieurs associations sont actuellement poursuivies pour avoir reçu des fonds de l'étranger. Au Guatemala, ont augmenté ces derniers mois les agressions contre les défenseurs des droits de l'homme, a en outre souligné le représentant.

MME ANDREA COLLINS (France-Libertés : Fondation Danielle Mitterrand) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur la situation de quatre députés turcs emprisonnés en Turquie depuis plus de sept ans parce qu'ils sont d'origine kurde et qu'ils l'ont manifesté pacifiquement. Ces quatre députés ont été condamnés à des peines de 15 ans d'emprisonnement en 1994 par la Cour de sûreté de l'État d'Ankara pour ?appartenance à bande armée?. Les organisations et les défenseurs des droits de l'homme ont dénoncé à maintes reprises la Cour de sûreté de l'État comme une institution juridique d'exception dont les décisions ne sauraient être considérées comme indépendantes et impartiales. France-Libertés demande donc à la Sous-Commission d'intervenir auprès du gouvernement turc afin de demander la libération immédiate et inconditionnelle des quatre députés.

M. MARCELINO DIAZ DE JESUS (Conseil international des traités indiens) a rappelé que les différentes résolutions adoptées par la Sous-Commission concernant la situation des autochtones au Mexique n'étaient pas considérées comme contraignantes par l'ancien gouvernement mexicain dirigé par le PRI et qu'apparemment le nouveau gouvernement dirigé par le PAN ne se sentait pas plus tenu par ces résolutions que le précédent. Il a rappelé que les accords de San Andrés n'avaientt pas donné les résultats escomptés et que les représentants des peuples autochtones continuaient à être persécutés. Il a donc demandé à la Sous-Commission de nommer un rapporteur spécial sur la question afin de faire évoluer la question le plus rapidement possible.

M. J. BARUA (Conférence asiatique des bouddhistes pour la paix) a dénoncé les meurtres, tueries, arrestations arbitraires et abus de la force perpétrés par l'Inde au Jammu-et-Cachemire. L'occupation du Jammu-et-Cachemire par des milliers de soldats indiens empêche les populations locales d'exercer leur droit à l'autodétermination, a-t-il souligné. Certes, un dialogue s'est récemment engagé entre l'Inde et le Pakistan mais il n'a pu aboutir en raison de l'intransigeance des autorités indiennes qui ne veulent pas accorder aux Cachemiriens la jouissance de leurs droits et continuent d'occuper leur territoire par la force.

M.JULEN ARZUGA (Ligue internationale pour les droits et la libration des peuples) a présenté à la Sous-Commission le cas de l'île de Vieques où la marine américaine a une base qui occupe un tiers de l'île. Vieques est utilisée pour des manœuvres utilisant, notamment, des projectiles à l'uranium appauvri alors même que 68% des habitants de l'île demandait, par un référendum non-officiel, l'arrêt immédiat des activités militaires à Vieques. Le gouvernement de Porto Rico, dont dépend l'île a transmis au Gouvernement des États-Unis la demande des habitants, rappelant par la même occasion le droit inaliénable du peuple de Porto Rico à la libre détermination. M. Arzuga a également exprimé sa préoccupation s'agissant de la situation au Sahara occidental, dont les habitants devraient également avoir accès au droit inaliénable à l'autodétermination.

M. P. LEBLANC (Franciscain international) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur les graves violations des droits de l'homme qui se produisent au Pakistan. Devant la Commission des droits de l'homme de l'ONU, le Rapporteur spécial sur la torture, M. Nigel Rodley, a déclaré à maintes reprises que les actes de torture sont endémiques dans ce pays. La protection des droits de l'homme au Pakistan laisse à désirer et c'est pourquoi il est d'autant plus regrettable que le pays n'ait pas ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le gouvernement devrait abroger toutes les lois discriminatoires, notamment celles portant sur le blasphème.

M. G. GLAVICH (Association américaine de juristes) a souligné que l'histoire des XIXe et XXe siècles a été marquée par une série d'événements parallèles et contradictoires: d'une part la lutte des peuples d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie pour leur libération et la constitution de nouveaux États et, de l'autre, les brutales agressions coloniales et néocoloniales des grandes puissances contre ces peuples et jeunes États, dans le seul but de conserver ou de récupérer des marchés et de continuer à exploiter leurs ressources naturelles. Les embargos qui frappent aujourd'hui encore l'Iraq et Cuba sont des exemples de telles agressions de la part des grandes puissances. Par ailleurs, si les revendications de la minorité albanaise en Macédoine doivent faire l'objet de négociations politiques, l'agression militaire menée en toute impunité par l'UÇK depuis le Kosovo contre le territoire macédonien doit être condamnée et il est totalement invraisemblable que les grandes puissances ne parviennent pas à neutraliser, à désarmer et à faire juger les agresseurs. En fait, la clef géopolitique de la crise en Macédoine réside dans le projet de contrôle du pétrole des bords de la Caspienne et de la Mer noire dont le transport doit être assuré par un oléoduc allant de Bulgarie en Albanie. Or ce sont les transnationales pétrolières du Royaume-Uni et des États-Unis qui sont impliquées dans ce projet, a fait observer M. Glavich.

M. KEITH BENNET (Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques) a rappelé que, même s'il faut se féliciter que les «Pinochet et les Milosevic du monde» peuvent maintenant avoir peur de la pression internationale, il faut tout de même attirer l'attention de la Sous-Commission sur certains aspects des violations des droits de l'homme qui se poursuivent. En particulier, de nombreuses violations des droits de l'homme sont nées de soi-disant combats pour l'autodétermination qui, en fait, servent d'alibis à des organisations terroristes. M. Bennet a mentionné le cas des Taliban en Afghanistan et du groupe Abu Sayyaf aux Philippines, soulignant que souvent des liens existaient entre ces différents groupes et que certains États appuient ces organisations. L'organisation non gouvernementale a demandé à la Sous-Commission que ces États fassent l'objet d'une particulière.

M. MUMTAZ KHAN (Institut international de la paix) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur la situation en Afghanistan, où les femmes ont été totalement privées de leurs droits fondamentaux au nom de la religion. Les Afghanes n'ont pas droit à l'emploi ni à l'éducation. Elles sont privées du droit de réunion et une vingtaine de produits cosmétiques ont été interdits par décret du gouvernement des Taliban. Au Pakistan, des forces fondamentalistes de même inspiration gagnent du terrain et s'en prennent à tout ce qui n'est pas islamique. Le représentant a dénoncé les prétendues élections, qui étaient en fait frauduleuses, qui ont récemment été organisées au Cachemire occupé par le Pakistan. Au Gilgit Baltistan, le Gouvernement pakistanais empêche la réalisation des droits de l'homme depuis 1947.

M. KALIL TAHIR (Pax Romana) a souligné les nombreuses discriminations dont sont l'objet les non-musulmans au Pakistan. Il a déploré le système électoral qui ne permet pas à des non-musulmans de participer équitablement à la vie politique du pays. Pax Romana demande donc à la Sous-Commission de dénoncer ces discriminationS et de demander au Gouvernement pakistanais d'y mettre fin, notamment en ce qui concerne l'application de la Charia et les accusations de blasphème. M. Tahir a également demandé la création par les Nations Unies d'une commission d'enquête impartiale sur la question.

M. F. SYED (European Union of Public Relations) a attiré l'attention de la Sous-Commission sur la situation des droits de l'homme qui prévaut dans l'État indien du Jammu-et-Cachemire, où les violations des droits de l'homme découlent des agissements de groupes armés extérieurs qui s'infiltrent clandestinement dans cet État pour s'y livrer à des massacres et des pillages à grande échelle. Ces groupes armés sont soutenus et armés par un pays voisin qui les considère comme des «combattants de la liberté». La Sous-Commission doit faire la distinction entre un véritable mouvement pour la liberté et un combat de nature religieuse poursuivant des objectifs politiques.

M. A. YONIS (Iraq), a déploré que malgré les interventions régulières des institutions internationales en matières des droits de l'homme ceux-ci continuaient d'être violés de par le monde. C'est le cas notamment en Iraq en raison du blocus imposé par les États-Unis et le Royaume-Uni et qui a déjà causé la mort de plus d'un million de personnes depuis onze ans. Les droits des Iraquiens sont violés également lors de bombardements perpétrés par les forces aériennes de ces pays et cela sans mandat officiel des Nations Unies. Le représentant de l'Iraq a demandé à la Sous-Commission de condamner ces violations des droits de l'homme afin qu'elles cessent le plus rapidement possible.

M. SAEED AL-FAIHANI (Bahreïn) a fait part de sa tristesse suite au décès de M. Ahmed Khalifa, qui fut un ardent défenseur des droits de l'homme. Le représentant bahreïnite a par ailleurs insisté sur la nécessité, pour la Sous-Commission, de continuer à veiller au respect des droits de l'homme à travers le monde, notamment grâce au travail de ses rapporteurs spéciaux. La convocation de la Conférence mondiale contre le racisme à Durban, à la fin du mois, fournit à la communauté internationale une occasion historique d'affirmer sa volonté de défendre les droits de l'homme. Il faut espérer que la communauté internationale pourra, à cette occasion, adopter un plan d'action pour lutter contre la discrimination raciale. Le représentant bahreïnite a indiqué que son pays accorde une grande importance à la liberté d'expression et vit dans une démocratie parfaite. Le Chef de l'État a récemment amnistié tous les prisonniers d'opinion et la législation concernant la sécurité de l'État a été abolie.

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