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LA RAPPORTEUSE SPÉCIALE SUR LA LIBERTÉ DE RELIGION ACHÈVE SA VISITE À SRI LANKA
12 mai 2005
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12 mai 2005
La Rapporteuse spéciale de la Commission des droits de l'homme sur la liberté de religion ou de conviction, Mme Asma Jahanagir, a achevé aujourd'hui la visite qu'elle effectuait depuis le 2 mai dernier à Sri Lanka.
Lors d'une conférence de presse donnée à cette occasion dans la capitale sri-lankaise, Colombo, Mme Jahangir a présenté quelques observations préliminaires. Elle soumettra ultérieurement à la Commission un rapport qui contiendra ses conclusions et recommandations adressées au Gouvernement sri-lankais et à la communauté internationale.
Mme Jahangir a notamment indiqué avoir constaté, au cours de sa visite, une grande transparence au sein de la société sri-lankaise, notamment de la part des fonctionnaires du Gouvernement et des dirigeants politiques qu'elle a rencontrés. Ces derniers se sont montrés ouverts à la discussion et soucieux de préserver leur culture de tolérance religieuse, a précisé la Rapporteuse spéciale. Elle a toutefois relevé que certaines questions liées au droit à la liberté de religion ne sont pas traitées de manière appropriée. À cet égard, elle s'est dite préoccupée que l'inaction ou le manque d'attention suffisante ne puissent mener à de nombreux malentendus ou promouvoir un climat d'intolérance religieuse.
La Rapporteuse spéciale a indiqué qu'au cours des dernières années, elle avait reçu des informations faisant état d'actes violents d'intolérance religieuse tels que des destructions ou des incendies de lieux de culte. Ces actes ont été perpétrés contre différentes communautés religieuses et ont été largement confirmés par des interlocuteurs de toutes les communautés. Mme Jahangir a relevé que, dans la plupart des cas, les auteurs de ces actes n'ont pas été traduits en justice. De plus, dans nombre de cas, la police et les autres autorités compétentes semblent avoir été réticentes à prendre les mesures appropriées alors que les responsables avaient été identifiés. L'inaction du Gouvernement ne peut qu'enhardir les forces de l'intolérance et elle bâillonne de fait la voix de la raison, a déclaré la Rapporteuse spéciale. Les attaques rapportées contre des lieux de culte, essentiellement des églises, constituent des violations évidentes du droit à la liberté de religion ou de conviction, a-t-elle affirmé. Le Gouvernement a l'obligation de poursuivre les auteurs de ces actes et d'indemniser les victimes, a-t-elle souligné.
Mme Jahangir a par ailleurs indiqué qu'au cours de sa visite à Sri Lanka, de nombreuses allégations avaient été portées à son attention concernant des groupes organisés qui seraient impliqués dans des pratiques immorales visant à forcer des personnes à changer de religion. Tout en précisant ne pas avoir été en mesure d'entendre des témoignages directs au sujet de tels cas, la Rapporteuse spéciale a affirmé que des comptes rendus de seconde main émanant de sources dignes de foi indiquent que de telles conversions réalisées par des méthodes condamnables se sont bien produites et soulèvent assurément des préoccupations.
Quelques informations font état d'incidents au cours desquels les sentiments religieux ont été délibérément «heurtés» et des symboles religieux profanés, a ajouté Mme Jahangir, indiquant qu'elle suivrait les résultats des enquêtes à ce sujet. La Rapporteuse spéciale a estimé que les dispositions juridiques existantes dans le Code pénal sri-lankais sont suffisantes pour répondre à la nature des délits qui lui ont été rapportés et demande instamment qu'elles soient effectivement appliquées.
Mme Jahangir a également fait état d'allégations selon lesquelles des organisations religieuses qui ont apporté une assistance humanitaire à Sri Lanka pour les victimes du raz-de-marée auraient adopté certaines méthodes exploitant la vulnérabilité de la population. Elle n'a pas été en mesure de confirmer ces allégations par le biais de cas précis et individuels mais un nombre suffisant d'allégations sont confirmées par plusieurs sources, a déclaré Mme Jahangir.
En réponse à ces tensions religieuses, a indiqué Mme Jahangir, des initiatives ont abouti à la présentation de deux projets de loi qui pénaliseraient les actes de conversions immorales. Mais contrairement à ce qui a souvent été affirmé, le contenu de ces projets de loi ainsi que l'application de leurs dispositions soulèvent des préoccupations du point de vue du droit relatif aux droits de l'homme, notamment du droit à la liberté de religion ou de conviction. Faisant observer que la Cour suprême de Sri Lanka a elle-même jugé inconstitutionnelles certaines parties de l'un de ces projets de loi, Mme Jahangir a estimé que les dispositions de ces deux textes pourraient entraîner des persécutions à l'encontre des minorités religieuses et que leur adoption pourrait gravement nuire à la culture de tolérance religieuse qui prévaut dans le pays depuis des décennies.
Mme Jahangir a exprimé sa gratitude au Gouvernement sri-lankais pour l'excellente coopération dont il a fait preuve tout au long de sa mission. Elle a rappelé que les visites effectuées dans le cadre de son mandat ne se limitent pas aux pays qui pâtissent d'un faible niveau de liberté de religion ou de croyance ; elles s'étendent aussi aux pays dans lesquels des questions émergentes peuvent menacer le maintien d'un niveau satisfaisant de tolérance religieuse.
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