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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME TERMINE SON DÉBAT SUR LES QUESTIONS RELATIVES AUX POPULATIONS AUTOCHTONES

19 Avril 1999


SOIR
HR/CN/99/47
19 avril 1999



Plusieurs organisations non gouvernementales réclament
la nomination d'un rapporteur spécial sur les populations autochtones


La Commission des droits de l'homme a achevé, ce soir, son débat sur les questions autochtones en entendant les déclarations de trente et une organisations non gouvernementales. Un grand nombre d'entre elles ont demandé à la Commission de désigner un rapporteur sur les populations autochtones, ainsi qu'un rapporteur sur les droits de l'homme au Mexique.

La plupart des délégations ont attiré l'attention sur la situation des populations autochtones à travers le monde, souvent victimes de déplacements forcés, la dégradation et de spoliation de leurs terres ancestrales et de nombreuses violations des droits de l'homme. Plusieurs intervenants se sont prononcés en faveur de la création de mécanismes et d'instruments internationaux visant à protéger ces populations. À cet égard, la plupart des organisations non gouvernementales appuient la création d'une instance permanente des populations autochtones au sein des NationsUnies. Elles souhaitent également la conclusion des travaux d'élaboration du projet de déclaration sur les droits des populations autochtones, certaines souhaitant une adoption en l'état du texte examiné par le Groupe de travail chargé de la question. Plusieurs organisations non gouvernementales ont demandé à la Commission de nommer un rapporteur spécial sur les droits de l'homme au Mexique, qui serait chargé d'examiner en particulier la situat
ion des populations autochtones dans ce pays. La situation d'autres populations autochtones dans le monde a également été évoquée, notamment aux États-Unis, au Chili, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Indonésie, au Myanmar.

Les organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole : Agir ensemble pour les droits de l'homme; Société pour les peuples en danger; World Council of Churches; Saami Council; Organisation mondiale des anciens et anciennes élèves de l'enseignement catholique; International Educational Development; United Methodist Church - General Board of Church Society; Asian Legal Resource Center; Fédération internationale des mouvements d'adultes ruraux catholiques; Parti radical transnational; Fédération mondiale pour la santé mentale; Franciscain international; Aboriginal and Torres Strait Islander Commission; Inuit Circumpolar Conference; Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté; Organisation internationale de développement de ressources indigènes; Fédération latino-américaine des associations des familles des détenus disparus; Worldview International Foundation; Rural Reconstruction Nepal; Commission pour la défense des droits de l'homme en Amérique centrale; Interfaith International; Survivance internationale; Société anti-esclavagiste; Conseil international de Traités indiens; Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement; Asociación Kunas Unidos por Nabguana; International Work Group for Indigenous Affairs; Russian Association of Indigenous Peoples of the North; Asociación Latinoamericana de Derechos Humanos; Mouvement indien «Tupaj Amaru»; Nord-Sud XXI et Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples.

Le Venezuela a exercé son droit de réponse.

La Commission entamera demain matin, à 10 heures, l'examen du rapport de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités.

Fin du débat sur les questions relatives aux populations autochtones

M.DAVID TORO (Agir ensemble pour les droits de l'homme) a attiré l'attention sur la situation des Mapuche au Chili en déclarant que leur principale revendication est d'obtenir la reconnaissance de leurs droits sur la terre. Leur droit à la terre n'est pas reconnu puisqu'elle est actuellement possédée et exploitée par des propriétaires privés ou des multinationales. Il a déclaré que les manifestations organisées par les communautés mapuche ont donné lieu à des répressions injustifiées et inacceptables par leur violence de la part des gardes armées des sociétés multinationales et de la part de la police chilienne. Il a demandé à la communauté internationale d'être vigilante sur l'évolution de cette situation.

M.DANIEL ZAPATA (Société pour les peuples en danger) a attiré l'attention sur les problèmes d'intolérance auxquels font face les peuples autochtones aux États-Unis qui sont notamment empêchés de prier sur leurs lieux sacrés. À cet égard, il a évoqué la construction d'un observatoire sur le Mont Graham, lieu sacré des peuples autochtones de l'Arizona. M.Zapata a prié la Commission d'enquêter sur ces violations des lieux sacrés des peuples autochtones aux États-Unis.

M.EUGENIO POMA (World Council of Churches) s'est demandé pourquoi il existait une telle défiance à engager un véritable partenariat avec les populations autochtones voire un dialogue avec elles sur un pied d'égalité. Souvent, les États, comme les Églises, ne réussissent pas à comprendre qu'en cette période de l'histoire mondiale caractérisée par une si grande violence, l'expérience des populations autochtones est en mesure de mener à la paix non seulement entre les êtres humains mais aussi au sein de la création dans son ensemble. Les populations autochtones meurent parce qu'elles ne sont pas (à suivre) reconnues comme étant des participants à part entière au sein des sociétés des pays dans lesquels elles vivent. Elles continuent d'être menacées, de se voir dénier leurs droits et d'être placées en détention illégale.

M.LARS-ANDERS BAER (Saami Council) a estimé que la Commission avait élaboré trois rapports très importants concernant les populations autochtones. Il a souligné le travail important accompli sur le projet de déclaration sur les populations autochtones et a souhaité son adoption en l'état. Le projet représente des normes internationales minima et il doit être adopté sans plus tarder, a-t-il dit. Il s'est également félicité du rapport du Groupe de travail sur la création d'une instance permanente estimant qu'il était capital que les États et les organisations représentant les peuples autochtones aient le même statut au sein de cette instance. Toutefois, il a déploré que les questions autochtones ne fassent pas l'objet de la priorité qu'elles méritent et considéré qu'il était par exemple inacceptable que le secrétariat chargé de la Décennie des peuples autochtones ne compte qu'un seul employé pour s'occuper de questions qui touchent 300millions de personnes dans le monde.

MME NANCY DARGEL (Organisation mondiale des anciens et anciennes élèves de l'enseignement catholique, et au nom de vingt-deux organisations), a déclaré que le Chiapas est un des États les plus riches du Mexique. C'est l'État le plus hautement subventionné par le gouvernement central. Pourtant, la moitié de la population y vit dans une pauvreté avoisinant parfois la famine. Après avoir retracé l'histoire du Chiapas depuis les années 40, elle Mme Dargel a expliqué la situation des Indiens vivant dans cette région. Ils sont soumis à la violence et aux agressions sexuelles a-t-elle notamment déclaré.

M.RANDY VÁSQUEZ (International Educational Development) a également attiré l'attention de la Commission sur la situation au Chiapas contre les populations autochtones qui sont victimes d'une «guerre sale». L'armée et les forces paramilitaires sont responsables des pires massacres. Plus de 20000 personnes ont été forcées de quitter leurs foyers traditionnels. Depuis 1998, une offensive majeure a été lancée contre les municipalités autonomes, provoquant des morts et des déplacements importants de populations. Il est impératif que la Commission s'occupe de la situation des peuples autochtones du Mexique et qu'un rapporteur spécial soit nommé pour examiner la situation générale des droits de l'homme au Mexique et en particulier les droits des populations autochtones. Il a également demandé à la Commission de nommer un rapporteur spécial sur la situation des peuples autochtones, ainsi que la création d'une instance permanente pour les populations autochtones au plus haut niveau du système des Nations Unies.

M.NATHANIEL ORTEZA (United Methodist Church - General Board of Church Society) a attiré l'attention de la Commission sur la situation du peuple dineh qui vit en Arizona. Il a souligné qu'en 1996, le Congrès des États-Unis a adopté une loi autorisant l'expulsion des Dineh. Les milliers de Dineh non recensés par le Gouvernement des États-Unis risquent d'être expulsés dans les dix mois à venir. Depuis 30 ans, les États-Unis interdisent aux Dineh de réparer leurs maisons, n serait-ce que pour remplacer un carreau, et clôturent l'accès aux sources d'eau. Quatorze mille Dineh ont été déplacés de force ces dernières décennies. Il faut que la Commission nomme un rapporteur spécial sur les populations autochtones, a estimé M. Orteza.

M.TEODORO DE MEJA (Asian Legal Resource Center) a salué les progrès réalisés au sein du Groupe de travail sur les populations autochtones en ce qui concerne la compréhension du concept de l'autodétermination, clarifiant que la reconnaissance des droits des populations autochtones ne menace pas l'intégrité territoriale et ne porte pas préjudice à la souveraineté des États. M. de Meja a fait part de sa préoccupation concernant le phénomène de la mondialisation qui a augmenté l'intensité des violations contre les peuples autochtones. Il a appelé les gouvernements à revoir leurs lois et politiques qui violent les droits de l'individu et le droit collectif des populations autochtones, comme l'a fait le Gouvernement australien. Donner le contrôle aux populations autochtones pour leur alimentation n'entraîne pas l'érosion de la souveraineté étatique, a-t-il souligné.

M.PIERRE MIOT (Fédération internationale des mouvements d'adultes ruraux catholiques - FIMARC) a déclaré que les peuples autochtones continuent de revendiquer le droit à leur identité propre. En Équateur, pour les populations autochtones qui ont profondément souffert de la discrimination de la part de la culture dominante issue de la colonisation, la préoccupation majeure est la réappropriation de leur propre culture. La libération économique dépend avant tout des initiatives prises par les communautés autochtones elles-mêmes, par exemple pour légaliser la possession des terres qu'elles travaillent. M. Miot a également souligné l'importance d'un effort de formation et de prise de conscience. Dans plusieurs pays, les populations autochtones sont menacées par des projets visant à piller leur patrimoine culturel et leur savoir en matière de biodiversité. Toutefois, les exemples montrent que des efforts sont menés par les populations autochtones pour se réapproprier leur identité et que ceux-ci sont couronnés de succès quand les communautés sont suffisamment fortes pour revendiquer leurs droits. Dans cette optique, la FIMARC exprime son soutien aux luttes des populations autochtones pour récupérer leurs domaines traditionnels, et faire reconnaître leur identité culturelle propre, contribuant ainsi au patrimoine de l'humanité tout entière.

MME GIULIA SPAGNOLETTI ZEULT (Parti radical transnational) a affirmé que certains événements qui se produisent en Papouasie occidentale indiquent clairement que la population appartenant à l'ethnie mélanésienne subit un génocide systématique dans cette région. À cet égard, il convient de dénoncer les projets de transmigrations, les meurtres aveugles et sommaires, la destruction des propriétés, les actes d'intimidation, la détention arbitraire, les disparitions forcées et les autres violations des droits de l'homme dont est victime en Papouasie occidentale la population autochtone qui demande son indépendance. Jusqu'à présent, ce sont plus de cinq cent mille Papouans qui ont été tués alors que plus de 600000 migrants provenant d'autres provinces ont été transférés vers la Papouasie occidentale en vertu du programme de transmigration. Tout en appréciant le dialogue entamé par le Président Habibie, le Parti radical transnational demande que la Commission prenne des mesures préventives en encourageant la poursuite de ce dialogue avec les Papouans occidentaux et les populations autochtones en général, en désignant un rapporteur spécial sur les populations autochtones, en créant une instance permanente pour les populations autochtones et en adoptant la déclaration sur les droits des populations autochtones telle qu'elle est.

MME WILDA SPALDING (Fédération mondiale pour la santé mentale) a attiré l'attention de la Commission sur la Nation diheh aux États Unis. Elle a déclaré que les terres sur lesquelles les populations autochtones vivent et ont vécu pendant des générations ont un lien étroit avec l'âme sacrée de leurs ancêtres et avec la manière dont la communauté veille au développement d'une génération mentalement saine. Elle a demandé que les Jeux internationaux des populations autochtones soient reconnus et soutenus.

M.PHILIPPE LEBLANC (Franciscain international) a attiré l'attention de la Commission sur l'insuffisance des progrès réalisés en faveur dune amélioration de la situation des peuples autochtones depuis le début de la Décennie des peuples autochtones. En effet, ces populations restent largement dans la misère, sont écartées des projets de développement auxquels on continue de considérer qu'ils font obstacle et sont exclues de la représentation et de la participation aux structures du pouvoir politique. Dans ce contexte, la rébellion du Chiapas, au Mexique, a démontré le fossé existant entre les droits reconnus aux peuples autochtones et l'application réelle de ces droits. Cela a conduit aux négociations et aux accords de SanAndrés qui reconnaissaient les droits et la culture des peuples autochtones. Toutefois le Gouvernement mexicain refuse d'appliquer ces accords et poursuit sa guerre larvée contre les populations autochtones qui se traduit par des violations massives des droits de l'homme de ces populations, a déclaré M.Leblanc. Il a prié la Commission d'accorder une attention prioritaire aux violations des droits des populations autochtones en Amérique latine et, en particulier, au Mexique. Il a demandé au Gouvernement mexicain d'honorer et d'appliquer les accords de San Andrés, qu'il a signés.

M.VICTOR BUFFALO (Aboriginal and Torres Strait Islander Commission) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des populations autochtones en Australie. Il a rappelé que la Cour suprême avait reconnu en 1992 un droit foncier autochtone mais qu'en 1996, arrivant au pouvoir, le Gouvernement conservateur avait adopté une politique visant à réduire ces droits, qui s'est soldée par l'amendement apporté en 1998 à la Loi sur les droits fonciers autochtones. Le mois dernier, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a demandé au Gouvernement australien de suspendre l'application de cet amendement et de reprendre le dialogue avec les aborigènes et les Insulaires du Détroit de Torres. Au lieu de cela, le procureur général australien a remis en question la compétence du Comité sur cette question.

MME AQQALUK LYNGE (Inuit Circumpolar Conference) a présenté son organisation en expliquant qu'elle représentait 152 000 Inuits de différentes régions ; Alaska, Canada, Groenland, et Chukotchka dans la Fédération de Russie. Cinq années se sont passées et il n'y a pas eu d'évolution notable; seuls deux articles sur quarante-cinq du projet de résolution ont été adoptés. Pour Mme Lynge, le texte actuel du projet de déclaration sur les populations autochtones est l'expression des normes internationales minimum pour la protection et la promotion des droits fondamentaux des peuples autochtones. Elle a exhorté les membres de la Commission à prendre en compte l'importance du projet de déclaration et à l'adopter avant la fin de la Décennie. Une nouvelle session du Groupe de travail spécial est nécessaire et Mme Lynge a recommandé à la Commission d'adopter une résolution allant dans ce sens.

MME MARGARITA GUTIERREZ (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté) a exprimé sa préoccupation face à la situation des droits de l'homme des peuples autochtones du Mexique dont la survie physique est gravement menacée. La forte militarisation des communautés autochtones menace en particulier les femmes autochtones qui sont les victimes les plus fréquentes de la répression. Elle a demandé que les droits fondamentaux et la dignité des peuples autochtones soient enfin reconnus et respectés. À cet égard, elle a insisté sur la nécessité de nommer un rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Mexique en général et des droits des populations autochtones en particulier. En conclusion, elle a déclaré que les femmes autochtones ne veulent plus de violence et de sang mais l'égalité, la justice et la liberté enfin reconnues.

M.W. LITTLECHILD (Organisation internationale de développement de ressources indigènes) a déploré le meurtre brutal, en Colombie, de Ingrid Washinawatok de la nation Menominee, ainsi que Lahe'ena'e Gay et Terence Frietas. Il a formulé l'espoir que des enquêtes appropriées seraient menées pour rendre justice à leurs familles. Il a demandé que le projet de déclaration sur les populations autochtones soit adopté en l'état et renvoyé pour examen au Conseil économique et social. Il convient par ailleurs de souligner que l'instance permanente des populations autochtones ne devra pas remplacer le Groupe de travail sur les populations autochtones. Le représentant s'est prononcé en faveur de la désignation d'un rapporteur spécial sur les populations autochtones et s'est dit préoccupé par les graves violations de droits de l'homme dont sont actuellement victimes les populations autochtones au Mexique. Il s'est dit favorable à la nomination d'un rapporteur spécial sur le Mexique pour mandat, en particulier, d'enquêter sur la situation des droits de l'homme des populations autochtones.

MME MARÍA GUTIERREZ (Fédération latino-américaine des associations des familles des détenus disparus) a déclaré qu'au Mexique subsitent l'impunité, la torture, la détention arbitraire, la disparition forcée et le meurtre. Ces moyens sont utilisés pour faire taire la voix des milliers d'Indiens qui réclament justice, liberté et égalité sociale. Elle a indiqué qu'elle a été elle-même libérée de prison il y a quelques jours. Elle avait été brutalement arrêtée par huit policiers. Elle a été détenue et menacée d'une arme à feu, on l'a menacée de la faire disparaître et interrogée, avec d'autres, pendant plus de 12 heures. Le motif de sa détention et de la répression qui s'exerce sur les autochtones du Mexique est de s'approprier leurs terres.

M.SOE AUNG (Worldview International Foundation) a indiqué que les programmes de développement étaient devenus source de crainte pour de nombreuses communautés autochtones. À cet égard, il a évoqué la situation des populations autochtones dans le sud du Myanmar où plus de 35 000 personnes ont été recrutées pour des travaux de construction et contraints de travailler sans rémunération à un projet ferroviaire. Ceci n'est qu'un exemple des prétendus projets de développement imposés aux populations autochtones au Myanmar. S'agissant des droits économiques, sociaux et culturels, plusieurs écoles ont été fermées et des milliers d'hectares confisqués sans aucune forme d'indemnisation pour des projets de développement ou des bases militaires. Les peuples autochtones ont besoin de défenseurs plus «forts», a déclaré M. Soe Aung, qui s'est prononcé en faveur d'un accroissement des ressources et d'un renforcement du Groupe de travail sur les populations autochtones afin d'assurer la représentation adéquate des populations qui subissent le joug de l'agression militaire.

M.CUNG BIK LING (Rural Reconstruction Nepal) a attiré l'attention de la Commission sur la crise urgente qui sévit au Chinland situé dans la partie occidentale du Myanmar. Depuis que l'armée birmane a pris le pouvoir en 1962, les régimes militaires successifs n'ont cessé de perpétrer un génocide culturel contre les populations autochtones chin. Suite à cette politique, des dizaines de milliers de Chin ont fui vers les pays voisins, l'Inde et le Bangladesh. Le régime militaire birman doit cesser ce génocide culturel contre les Chin et les autres minorités autochtones au Myanmar. La Commission, pour sa part, doit établir dès que possible l'instance permanente pour les populations autochtones et assurer la reconnaissance des droits de ces populations.

MME VIOLA ANLILEO (Commission pour la défense des droits de l'homme en Amérique centrale) s'est déclarée préoccupée par la situation des Mapuche au Chili qui se voient retirer leurs terres depuis plusieurs années par des multinationales. Ces Mapuche sont réprimandés durement par des gardes armés avec une impunité totale de la part de l'État du Chili. Pour les Mapuche, la terre est leur raison d'être, c'est un bien sacré, une philosophie de vie, une religion, une identité. Face à cette situation, le Chili viole les droits de la population mapuche, exactement comme le faisait le dictateur Pinochet. Mme Anlileo a dénoncé l'incapacité et le manque de volonté du gouvernement pour trouver des solutions au problème mapuche, la situation de marginalisation et de pauvreté des Mapuche, confrontés aux multinationales et aux violations systématiques des droits de l'homme par les bandes armées et la police chilienne.

MME DEANNA MORROW PATTY (Interfaith International) a souligné que les questions relatives aux populations autochtones doivent tenir compte du fait que ces populations ne jouissent pas du droit de déterminer elles-mêmes leur mode de vie. Les deux principaux problèmes de ces populations sont les empiétements sur leur territoires traditionnels, notamment du fait de la pollution qui détruit l'environnement naturel dont ils dépendent pour leur survie. Cette dépossession se fait au nom d'un développement dont ils ne retirent pas les dividendes et d'une urbanisation qui provoque une acculturation. À cet égard, la représentante a souligné le problème de l'éducation qui n'est souvent pas disponible dans la langue autochtone et qui transmet un mode de vie qui leur est étranger. Le résultat est qu'ils n'appartiennent plus à leur culture traditionnelle sans pour autant devenir membres de la culture dominante, générant l'abus d'alcool et de drogue, la violence et un nombre croissant d'autochtones dans les prisons. Cela constitue également une des causes du racisme et de la discrimination à l'égard de ces autochtones urbanisés, a-t-elle conclu.

M.TOM BEANAL (Survivance internationale) a affirmé que si les populations autochtones de culture papouane se sont souvent battues entre elles ou contre d'autres populations autochtones, ce n'est pas parce qu'elles aiment la guerre mais en raison de ce que leur font les gouvernements et les entreprises qui se disent «modernes», notamment le Gouvernement indonésien, la société PT Freeport et d'autres sociétés indonésiennes et étrangères. Ces gouvernements et entreprises nationales et étrangères ont bâti leur richesse sur notre pauvreté, nos souffrances et notre désespoir, a dénoncé le représentant.

M.AUCAN HUILCAMAN (Société anti-esclavagiste) a expliqué que le droit d'accès des autochtones aux travaux de l'instance permanente pour les autochtones est une question importante pour permettre aux peuples autochtones d'avoir une voix qui sera entendue. Les organisations autochtones appuient le projet de résolution à l'initiative du Danemark, a-t-il déclaré. Nous souhaitons que les résultats soient annoncés à la prochaine session. Le processus doit s'accélérer car nous sommes en milieu de Décennie. Il a estimé urgent de procéder à l'évaluation de la Décennie. Le représentant a par ailleurs déclaré que la politique du Gouvernement du Chili contre les Mapuche a atteint une phase critique. Cinq barrages ont été construits en terre Mapuche et des entreprises forestières multinationales continuent l'exploitation de la forêt, entraînant des effets néfastes sur l'environnement, ainsi que sur la culture et les droits des Mapuche, a-t-il conclu.

MME ROSEANNE OLGUIN (Conseil international de traités indiens) a exhorté les organismes des Nations Unies à accorder toute l'attention nécessaire aux droits des populations autochtones. Elle a reconnu que certains progrès avaient été accomplis vers la reconnaissance de ces droits et s'est notamment félicitée des recommandations du Groupe de travail. Elle s'est toutefois demandée quand interviendra l'application de ces recommandations. Elle attend également de voir comment la Commission réagira aux violations des droits et des libertés religieuses des populations autochtones. Elle a prié les États de redoubler d'efforts dans le cadre du processus d'élaboration d'une Déclaration sur les droits des populations autochtones et demandé une évaluation à mi-parcours de la Décennie. À cet égard, elle a appelé les gouvernements à assumer leurs responsabilités pour le manque de progrès réalisés dans la réalisation des objectifs de la Décennie. Elle leur a demandé d'allouer les ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre des recommandations sur ces questions. Elle a également prié la Commission de nommer un rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme des populations autochtones.

M.RIGOBERTO JUÁREZ (Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement) s'est également dit favorable à la désignation d'un rapporteur spécial sur les populations autochtones. Il a déploré l'attitude de certains gouvernements qui tentent de retarder le processus de rédaction du projet de déclaration sur les droits des populations autochtones afin de le faire avorter. Il a suggéré que la présidence du Groupe de travail chargé d'élaborer ce projet de déclaration échoit par rotation à des personnalités différentes émanant des divers groupes de pays, afin de dynamiser le processus de rédaction du projet. En tant que membre du peuple maya du Guatemala, qui a connu la répression d'une politique d'État d'annihilation culturelle, le représentant a par ailleurs exprimé sa solidarité avec la lutte de ses frères autochtones du Mexique et a attiré l'attention sur le sort des autochtones en Colombie.

M.MARCIAL ARÍAS (Asociación Kunas Unidos por Nabguana) a noté que les gouvernements n'ont pas fait d'efforts pour faire avancer la question des peuples autochtones. Certains gouvernements ont même tout fait pour la faire retarder. M. Arías a lancé un appel aux gouvernements des peuples autochtones et aux peuples autochtones pour qu'ils assistent aux réunions du Groupe de travail sur l'instance permanente pour les populations autochtones, a-t-il déclaré. Il a regretté les manoeuvres dilatoires visant à retarder aux NationsUnies la mise en place de l'instance permanente. La question n'est pas de savoir ce qu'est un peuple autochtone car tout le monde sait ce qu'est un peuple autochtone, a-t-il conclu.

M.VIKTOR KAISIEPO (International Working Group for Indigenous Affairs), s'exprimant au nom d'un «caucus des peuples autochtones») s'est félicité du projet de créer une instance permanente des populations autochtones ainsi que de la proposition de rétablir le Groupe de travail intersession à composition non limitée afin qu'il termine son travail et fasse une proposition concrète à la Commission au cours de cette session. Le Caucus a également appelé à l'adoption immédiate et en l'état de la déclaration sur les droits des populations autochtones. Il s'est en outre prononcé en faveur de l'examen à mi-parcours des activités entreprises dans le cadre de la Décennie des peuples autochtones avec leur pleine participation. Il a encouragé les gouvernements à soutenir la Décennie en augmentant leur participation au Fonds de contribution volontaire. Enfin, M.Kaisiepo s'est prononcé en faveur de la nomination d'un rapporteur spécial sur les populations autochtones ainsi que d'un rapporteur spécial pour enquêter sur
les violations des droits de l'homme au Mexique et, en particulier les violations des droits de l'homme des populations autochtones.

M.SERGEY KIRILLIN (Russian Association of Indigenous Peoples of the North) a affirmé que les droits des populations autochtones n'ont pas encore trouvé une place adéquate dans les lois russes, de sorte que les populations autochtones de la Fédération de Russie se trouvent dans une situation très précaire. Ainsi, entre 1994 et 1996, le nombre de travailleurs parmi les populations autochtones du Nord de la Fédération de Russie a chuté de plus de 32%. Le représentant a formulé l'espoir que puisse être créée au sein des NationsUnies une instance permanente pour les populations autochtones.

M.TUKUM UMAM (Asociación Latinoamericana de Derechos Humanos) a déclaré que le peuple Maya représente 65% des 11 millions d'habitants du Guatemala. L'opinion publique internationale croit à tort que tout est résolu au Guatemala depuis la signature des Accords de paix. Il a souligné la dégradation des conditions socio-économiques du peuple maya. Il faut se soucier de la manipulation en ce qui concerne le processus de réforme constitutionnelle mis en oeuvre au Guatemala, a-t-il déclaré. Ce processus vise à affirmer l'unité guatémaltèque et à nier les droits du peuple maya. M.Umam s'est interrogé sur le soutien de la communauté internationale à la défense des droits de l'homme des populations autochtones. Il a demandé à la Commission d'appuyer le processus de paix en cours au Guatemala.

M.LAZARO PARRY (Mouvement Indien «Tupaj Amaru», également au nom de Nord-Sud XXI) a dénoncé l'égoïsme, le manque de courage et de volonté politique des puissances économiques et militaires du Nord et des élites du Sud pour assurer l'adoption de la déclaration sur les populations autochtones. Les peuples autochtones continueront néanmoins à résister jusqu'à la mort et le mouvement Tupaj Amaru continuera de formuler des propositions constructives au sein du Groupe de travail chargé de l'élaboration de la déclaration. Il a appelé à dépasser les positions du tout ou rien qui bloque le projet et a préconisé le renforcement du Groupe de travail. Il a également estimé que le mandat du Groupe de travail devait faire l'objet d'une mise à jour afin qu'il puisse recevoir des plaintes et formuler des recommandations à la Commission. Il a enfin déploré le peu de progrès dans la mise en oeuvre des objectifs de la Décennie pour les peuples autochtones du fait du manque de ressources financières.

M.RAUL GATICA BAUTISTA (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a demandé que la communauté internationale prenne des mesures préventives au Mexique afin d'éviter que ne se reproduise une situation extrême telle que celle qui frappe aujourd'hui le Kosovo. Il a insisté pour que l'ONU désigne un rapporteur spécial qui se pencherait sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales au Mexique. Il a demandé que les autorités mexicaines prennent des mesures concrètes garantissant le respect, la promotion et la jouissance effective des droits de l'homme de ceux qui ont le courage de dénoncer les violations de ces droits. Il a demandé la libération de Georgina Olivera Sierra, de Rosario Olivera Rios et de Daniel Hernández Ruiz, prisonniers politiques autochtones. Il a demandé que l'actuel Gouverneur José Murat Casab desserre l'étau répressif contre les populations du Conseil populaire autochtone d'Oaxaca.


Exercice du droit de réponse

La représentante du Venezuela, exerçant son droit de réponse après la déclaration de l'organisation non gouvernementale FIAN - Pour le droit de se nourrir, a déclaré que les activités économiques du gouvernement du Venezuela dans les zones protégées de la forêt de Imataca sont hautement réglementées. La représentante a assuré que les intérêts des communautés autochtones sont protégés. En outre, elle a signalé que les populations autochtones ne représentent que 2% de la population du pays, alors que trois représentants des populations autochtones vont participer à la rédaction de la nouvelle constitution. En outre, elle a déclaré ne pas comprendre les accusations de harcèlement attribuées à la garde nationale.

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