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Communiqués de presse

LES PARTENARIATS, LA COHERENCE DES POLITIQUES ET LE FINANCEMENT REQUIS POUR LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES AU COEUR DES DISCUSSIONS DE L’ECOSOC

01 Juillet 2002



Conseil économique et social
Session de fond de 2002
1 juillet 2002
7ème séance plénière – après-midi




Dans le cadre de sa session de fond, inaugurée ce matin par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, et le Secrétaire d’Etat américain, M. Paul O’Neil, le Conseil économique et social a tenu, cet après-midi, quatre tables rondes sur le thème de la mise en valeur des ressources humaines notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, et sa contribution au développement.

Les tables rondes se sont articulées autour des sous-thèmes de la mise en valeur des ressources humaines en Afrique; des partenariats en la matière; du renforcement des capacités institutionnelles pour le développement durable; de la cohérence des politiques et du financement de la mise en valeur de ces ressources. Leurs conclusions ont été présentées en séance plénière par les Coprésidents.

Présentant celles de la première table ronde, le représentant du Ministre de la planification économique et de l’intégration régionale du Ghana a indiqué que les investissements dans les ressources humaines ont été vus comme tributaires de la lutte contre la pauvreté, le VIH/sida et l’endettement. La responsabilité des gouvernements africains a été souligné; les intervenants se félicitant du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). S’agissant des partenariats, la Ministre de l’éducation de la Gambie a fait part des appels à une multiplication des réseaux et des partenariats au niveau sous-régional. L’essence du partenariat a été débattue au cours de la table ronde comme en ont témoigné les discussions sur la dualité entre les besoins et les intérêts et sur l’établissement de la confiance entre partenaires.

Pour ce qui est de la table ronde sur le renforcement des capacités institutionnelles, considérée comme une contribution au Sommet mondial sur le développement durable qui doit se dérouler en septembre 2002, le Directeur général pour le développement de la Commission européenne a indiqué que les participants ont réitéré les liens indissociables entre les trois piliers du développement durable: économique, social et environnemental. Des appels ont été lancés au Conseil économique et social pour qu’il contribue au renforcement des capacités nationales dans les pays en développement, et à la promotion d’une meilleure coordination entre organisations compétentes. La Table ronde a aussi évoqué les travaux de la dernière session du Comité préparatoire du Sommet. Ainsi, le peu de progrès a été imputé par certains au manque de clarté et de précision des objectifs assignés au Sommet et par d’autres, à l'absence d'engagement de la communauté internationale en appui aux programmes mis en oeuvre dans les pays en développement.

Enfin concernant la table ronde sur la cohérence des politiques et le financement de la mise en valeur des ressources humaines, le Ministre de la santé du Mexique a souligné le statut, reconnu par tous les intervenants, de la politique sociale comme partie intégrante de la politique économique. La table ronde a particulièrement souligné le lien santé et croissance économique. La cohérence des politiques y a été définie comme la manière de répondre aux besoins avec les sommes et l’action requises et, en matière de financement, les pays en développement ont été invités à établir des plans sociaux ambitieux comprenant une évaluation des coûts pour une période de dix ans afin de déterminer quelle part doit provenir des budgets nationaux et de l’assistance extérieure.

Cet après-midi, le Conseil économique et social a aussi conclu sa série de trois tables rondes, tenues entre le 5 février et le 1er mai 2002, sur la synergie entre la santé et l’éducation. Modérée par le Conseiller spécial du Secrétaire général pour les objectifs de développement du millénaire, les discussions de cet après-midi ont permis au Directeur exécutif d’ONUSIDA de souligner que l’année dernière, 1 million d’enfants ont perdu leur professeur à cause du sida. Investir dans la lutte contre le VIH/sida, a-t-il insisté, équivaut à investir dans le développement. Il a rappelé qu’à ce jour ONUSIDA ne dispose que d’une somme de 3 milliards de dollars et que sans une augmentation de 50% par an, il sera impossible d’atteindre la somme vitale de 10 milliards de dollars pour juguler l’épidémie. Le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) a lui expliqué comment ce Programme a contribué à une augmentation remarquable des taux d’inscription à l’école, surtout chez les filles, en menant des projets de cantines et de rations alimentaires à emporter.

Ont également pris la parole le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), le Recteur de l’Université des Nations Unies, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et la Vice-Présidente de la Conférence sur les ONG (CONGO).

Demain, mardi 2 juillet, le Conseil économique et social poursuivra son débat de haut niveau sur la mise en oeuvre des ressources humaines.



LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES, NOTAMMENT DANS LES DOMAINES DE LA SANTE ET DE L’EDUCATION, ET SA CONTRIBUTION AU DEVELOPPEMENT

Débat de haut niveau

Documentation

Rapport du Secrétaire général sur la mise en valeur des ressources humaines, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation et sa contribution au développement (E/2002/46)

Outre l’introduction, le rapport comprend cinq chapitres consacrés au rôle de la mise en valeur des ressources humaines en tant qu’élément de développement; aux exigences changeantes de la valorisation des ressources humaines; aux acteurs dans la valorisation des ressources humaines; au financement de la mise en valeur des ressources humaines; et aux conclusions et recommandations. Dans le premier chapitre, le Secrétaire général cite la Commission macroéconomie et santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime qu’une augmentation des dépenses de santé de 66 milliards de dollars par an pourrait, d’ici 2015-2020, générer une croissance d’au moins 360 milliards de dollars, soit un rendement égal au sextuple de l’investissement. La Commission, ajoute le Secrétaire général, remet en question l’argument classique selon lequel l’expansion économique entraînera automatiquement une amélioration de la santé publique et démontre clairement qu’une amélioration de l’état de santé est une condition préalable au développement économique des sociétés pauvres.

Concernant l’éducation, le Secrétaire général évoque les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et indique qu’une année d’études de plus se traduit, à long terme, par une augmentation de la production par habitant de l’ordre de 4 à 7%. Les enseignements tirés des efforts de développement, poursuit le Secrétaire général, portent clairement à conclure que les progrès réalisés dans le domaine de la santé renforcent ceux qui sont accomplis dans le secteur de l'éducation et inversement. Toujours dans le même chapitre, le Secrétaire général rend compte des «programmes d’alimentation scolaire» du Programme alimentaire mondial (PAM) qui ont conduit à une augmentation des taux de scolarisation et à une diminution des taux d’abandons scolaires. Ces programmes, dit-il encore, ont constitué un transfert de revenus lorsque des rations alimentaires à emporter ont été distribuées aux élèves. La distribution de ces rations a été particulièrement efficace dans les régions où les filles sont privées d’instruction.

Dans le deuxième chapitre de fond sur les exigences changeantes de la valorisation des ressources humaines, le Secrétaire général cite parmi ces dernières la bonne gouvernance, la transparence et l’obligation redditionnelle comme éléments essentiels des systèmes budgétaires et des procédures de passation des marchés du secteur public si l’on veut, dit-il, que les investissements dans les secteurs de la santé et de l’éducation contribuent efficacement à la valorisation des ressources humaines. Pour pouvoir mener à bien les interventions dans le secteur de la santé, il faut commencer, préconise-t-il, par renforcer les capacités de formulation des politiques et les capacités institutionnelles et techniques des pays. Et pour s’attaquer efficacement aux maladies qui affligent les pauvres, il faudra, estime le Secrétaire général, investir dans les biens publics mondiaux; la génération de savoirs nouveaux, spécialement grâce à des investissements dans la recherche-développement, étant l’un des biens publics mondiaux les plus importants identifiés par la Commission macroéconomie et santé.

L’accès aux médicaments essentiels demeure un problème critique pour nombre de pays en développement, poursuit le Secrétaire général en citant les grandes lignes de la stratégie de la Commission qui préconise des systèmes de prix différentiels et l’élargissement des accords de licence et des contrats d’achat en vrac. Cette stratégie, précise le Secrétaire général, reconnaît la nécessité de préserver les droits de propriété intellectuelle et d’appliquer les mesures de sauvegarde prévues dans l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour protéger la santé publique.

Pour ce qui est de l’éducation, le Secrétaire général estime que l’une des principales priorités, pour garantir une éducation pour tous, est de faire en sorte que les filles aient, sur un pied d’égalité avec les garçons, pleinement accès à une éducation de base de bonne qualité et obtiennent de bons résultats scolaires. Il dit aussi que le manque de correspondance entre l’éducation proposée et les besoins des marchés du travail aussi bien structurés que non structurés constitue un problème majeur. Partant, il préconise qu’une formation technique et professionnelle non formelle soit conjuguée à une formation à l’esprit d’entreprise et au microfinancement.

Dans le chapitre consacré aux acteurs dans la valorisation des ressources humaines, le Secrétaire général rappelle que c’est aux moyens d’interventions à la fois locales, nationales et globales qu’il faut s’employer à remédier aux problèmes de caractère général qui affectent la situation de la santé et de l’éducation. Etant donné que c’est essentiellement aux Etats qu’incombe la responsabilité de garantir une éducation de base et des soins de santé primaire universelle, le Secrétaire général souligne que les mécanismes de coopération pour le développement ne peuvent être couronnés de succès que s’ils sont fondés sur une implication nationale.

Parlant du financement, le Secrétaire général indique que le surcroît de dépenses à prévoir pour garantir une éducation primaire universelle d’ici à 2015 sont estimées de 10 à 30 milliards de dollars; la Banque mondiale ayant signalé que les objectifs fixés dans le domaine de la santé coûteront de 20 à 25 milliards de dollars par an. La Commission macroéconomie et santé a estimé elle, qu’il faudra dépenser 27 milliards de dollars par an en 2007 et 38 milliards de dollars par an en 2015 pour garantir les interventions essentielles, à un coût de 30 à 40 dollars par personne. Par conséquent, si l’on veut réaliser les objectifs de la Déclaration du Millénaire, il faudra au moins doubler le montant de l’aide publique au développement, qui est actuellement de 50 milliards de dollars par an, chiffre qui n’en demeurerait pas moins bien inférieur à l’objectif internationalement convenu de 0,7% du PNB.

Dans ses conclusions et recommandations, le Secrétaire général estime que le Conseil économique et social peut donner un nouvel élan politique aux efforts en cours et aider les pays en développement en dégageant des consensus. Il devrait s’employer activement à faire en sorte que le financement de la mise en valeur des ressources humaines demeure au premier plan des préoccupations. Il pourrait réitérer son appel à une augmentation et à une amélioration de l’efficacité de l’aide publique au développement (APD), à un allègement accru de la dette et à une augmentation des ressources provenant de l’élargissement de l’accès aux marchés et de l’augmentation des échanges spécialement pour les pays les moins avancés (PMA). Le Conseil devrait aussi inviter le système des Nations Unies à renforcer son rôle de catalyseur et d’appui et son rôle consultatif pour encourager la valorisation des ressources humaines et un accès universel à des services de qualité dans les domaines de la santé et de l’éducation.


Rapport du Secrétaire général sur la situation économique et sociale dans le monde, 2002 (E/2002/50)

Le rapport du Secrétaire général indique qu’en 2001, l’économie mondiale a connu son plus grand ralentissement depuis les 10 dernières années. Le produit mondial brut (PMB) n’a augmenté en effet que de 1,3% contre 4% en 2000. Pratiquement tous les pays ont vu leur croissance ralentir par rapport à 2000 et le nombre de pays en développement dont le produit par habitant a chuté est le même qu’après la crise asiatique. Le ralentissement a en fait commencé aux Etats-Unis avec l’éclatement de deux bulles spéculatives autour des technologies de l’information et des communications (TIC) –une dans la sphère réelle de l’économie et l’autre dans la sphère financière. Il a rapidement fait tâche d’huile dans le monde entier en provoquant une chute du commerce international, la première depuis 20 ans. En outre, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont aggravé la situation pendant quelque temps, mais la reprise aux Etats-Unis a démarré avant la fin de l’année 2001.

En 2002, la croissance de l’économie mondiale devrait à nouveau être inférieure à 2% mais en 2003, avec l’élan de la reprise elle devrait dépasser les 3%. Si le ralentissement a été rapide et quasi-général, la reprise devrait-elle être à la fois plus lente et moins synchrone d’un pays à l’autre. Ainsi, seule une reprise modeste est prévue dans les pays développés en 2002, tandis que les économies en transition connaîtront probablement un autre ralentissement. Parmi les pays en développement, outre la Chine et l’Inde qui ont été en mesure de maintenir leur croissance en 2001 et probablement en 2002 et 2003, la majorité ne devrait pas retrouver le taux de croissance moyen qu’ils avaient atteint avant la crise asiatique (1997-1998) d’ici à la fin de l’année 2003.

En dépit d’une situation économique peu favorable aux pays en développement et aux pays en transition à court terme, les nouvelles bases importantes qui ont été établies en 2001 et au début de 2002 laissent présager un renforcement de la coopération internationale pour le développement à moyen terme. Les décideurs du monde entier ne devraient pas seulement s’attaquer aux menaces qui pèsent à court terme sur la reprise économique mondiale, ils devraient également prendre les dispositions voulues pour que le Programme de Doha pour le développement et le Consensus de Monterrey soient intégralement mis en oeuvre. A cet égard, le Sommet mondial pour le développement durable, qui se tiendra du 26 août au 4 septembre 2002 en Afrique du sud, sera l’occasion de poursuivre le mouvement amorcé et son succès renforcerait les progrès déjà accomplis vers la définition des conditions nécessaires à la réalisation de l’objectif international d’une réduction de moitié, d’ici à 2015, de la pauvreté dans le monde.

Rapport de synthèse sur les travaux des Commissions techniques du Conseil économique et social en 2002 (E/2002/73)

Le rapport du Secrétaire général vise à aider le Conseil à donner des orientations à ses commissions techniques et à coordonner leurs travaux. En conséquence, il répertorie les liens et les thèmes communs et les problèmes de coordination concernant les travaux des commissions en 2002. Les premières sections du rapport portent sur les travaux de fond des commissions qui se sont efforcées de contribuer au débat sur la création d’un environnement favorable à la diffusion des avantages de la mondialisation, tandis que les suivantes fournissent

une vue d’ensemble des aspects de procédure, y compris les méthodes de travail et les relations des commissions entre elles et avec le Conseil. Le rapport analyse également les pratiques des commissions techniques concernant l’élaboration de projets de résolution appelant le Conseil et l’Assemblée générale à l’action. Le rapport indique que, pour l’année 2001, les commissions ont dans l’ensemble donné suite aux orientations données par le Conseil.

Le rapport invite le Conseil à attirer l’attention de l’Assemblée générale sur l’utilité des travaux de ses commissions techniques sur les thèmes fondamentaux de la Déclaration du Millénaire et, par voie de conséquence, pour les débats de l’Assemblée consacrés à la mise en oeuvre de la Déclaration du Millénaire. Il est également invité à prendre note de la contribution de ses commissions techniques à son débat de haut niveau et à s’en inspirer lors de la rédaction de sa déclaration ministérielle. Les commissions devraient, dans les projets de recommandations et de résolutions qu’elles soumettent au Conseil pour adoption, mettre en évidence les domaines et questions qui ont trait à certains aspects des travaux d’autres commissions techniques et qui présentent de l’intérêt pour ces travaux. Le rapport recommande également au Conseil d’inviter de nouveau les commissions techniques à élargir encore les possibilités de partage de l’expérience nationale au cours des sessions annuelles et à les encourager à échanger, de façon régulière, des informations et leurs vues sur la suite qu’elles donnent aux grandes conférences et aux réunions au sommet organisées sous l’égide des Nations Unies, en définissant les domines où leurs interventions pourraient davantage se compléter.


Allocution

M. JACQUES DIOUF, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé que la mise en valeur des ressources humaines doit faire partie intégrante des stratégies économiques et d’assistance nécessaires à la réalisation des objectifs de développement pour le Millénaire. Il a fait observer que la faim affaiblit la contribution des ressources humaines, rappelant que quelque 60% des 11 millions de décès d’enfants enregistrés chaque année dans les pays en développement sont dus à la malnutrition. La faim, a-t-il précisé, n’est pas seulement un effet de la pauvreté, mais elle en est aussi la cause. Négliger les problèmes de santé et la faim coûte cher. A cause de leurs liens étroits, les trois composantes -faim, santé et éducation- devraient être traitée de manière plus coordonnée que cela n’a été le cas jusqu’à présent.

Il a par ailleurs fait valoir que la mise en valeur des ressources humaines doit inclure, outre le secteur social, les secteurs de la production et des services. Les conférences de Doha et de Monterrey, a-t-il poursuivi, ont souligné l’importance des échanges commerciaux et de l’aide en faveur du développement. Or c’est souvent faute de capacité que les pays n’en tirent pas le profit maximum. Ceci est particulièrement vrai des échanges de produits agricoles. Outre les problèmes d’accès aux marchés de CES produits, le pays en développement ont souvent du mal à respecter les exigences de qualité et de norme. Il faut donc que ces pays adoptent des mesures juridiques et réglementaires et se dotent d‘institutions et de compétences scientifiques, ce qui suppose des ressources humaines possédant les connaissances voulues. Le Directeur général de la FAO a fait remarquer que cette organisation a renforcé son programme d’assistance technique visant à améliorer les capacités dans ces domaines.

Il a en outre estimé que la Déclaration adoptée par le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, qui s’est tenu à Rome du 10 au 13 juin 2002, devrait susciter de nouvelles initiatives qui permettraient de retrouver le chemin qui mène à la réduction de moitié du nombre de personnes sous-alimentées d’ici 2015. Il faudrait notamment pour cela reconnaître la nécessité d’une alliance internationale contre la faim entre tous les partenaires concernés, et qu’un ensemble de directives claires et engagées pour promouvoir la réalisation progressive du droit à une nourriture suffisante fasse l’objet de négociations intergouvernementales. Il a ajouté que ce sommet a également été l’occasion pour la FAO de présenter un projet de programme contre la faim. Ce programme, a-t-il expliqué, indique les priorités en matière d’investissements publics supplémentaires pour atteindre l’objectif d’une réduction de moitié du nombre de personnes sous-alimentées d’ici 2015. Il a par ailleurs indiqué que le Conseil économique et social peut plaider en faveur d’une action multisectorielle efficace entre les secrétariats des organisations du système des Nations Unies en vue de la réalisation des objectifs de développement du millénaire. Il faudra pour cela, a-t-il conclu, une volonté politique et des ressources considérables, tant dans les pays en développement que dans les pays développés.

Fin des tables rondes sur l’éducation, le développement, la santé et la mise en valeur des ressources humaines pour les objectifs de développement du millénaire: synergie entre la santé et l’éducation

Entre le 5 février et 1er mai 2002, la Division de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales, a organisé, en collaboration avec l’OMS, l’UNESCO, l’UNICEF, le FNUAP, l’OIT, la Banque mondiale et d’autres organisations du système des Nations Unies ainsi que des universités et des ONG, une série de tables rondes et une réunion d’information sur l’impact dévastateur du VIH/sida. Les trois tables rondes ont eu pour thème la santé et le développement; l’éducation et le développement; et les ressources humaines nécessaires au développement. Le rapport de la table ronde (E/2002/CRP.2) a été présenté par M. PATRIZIO CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au Département des affaires politiques et sociales.

Modérateur des discussions tenues cet après-midi, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général pour les objectifs de développement millénaire, a souligné que l’investissement dans l’éducation et la santé est une condition préalable au développement économique. En la matière, les fonds requis sont extrêmement modestes, a ajouté M. Sachs en attirant l’attention sur les richesses dont sont dotés les pays les plus industrialisés. Il s’agit ici de centimes, a-t-il insisté en espérant que la session de fond du Conseil conduise à des résultats constructifs en prévision du Sommet mondial pour le développement durable.

Prenant la parole, M. CARLOS MAGARINOS, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a rappelé qu’au cours des tables rondes, l’ONUDI a fourni des exemples très concrets du développement des ressources humaines aux fins d’une réelle participation à l’économie mondiale. Les études de cas ont montré les activités concrètes de l’ONUDI qui se sont révélées un facteur important de renforcement des capacités en matière commerciale. La mise en valeur des ressources humaines est une composante centrale des programmes de l’ONU, a souligné le Directeur de l’ONUDI en faisant part des réseaux de coopération que l’Organisation a mis en place dans ce domaine.

Prenant la parole, M. James T. MORRIS, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé que le PAM fournit de l’alimentation dans les écoles en vue d’augmenter leur fréquentation par les enfants. Nous envoyons aussi des rations à la maison des enfants, notamment pour que les filles puissent se rendre à l’école, a-t-il indiqué, ajoutant que les résultats sont très bons puisqu’il y a eu une forte augmentation d’inscription dans les écoles. A long terme, ces programmes renforcent la productivité et réduisent l’inégalité entre les sexes. Ces activités sont parfois menées en collaboration avec la Banque mondiale. Le PAM conduit aussi des activités de prévention du sida.

A son tour, M. JOHANNES A. VAN GINKEL, Recteur de l’Université des Nations Unies, souhaitant répondre aux propos du Secrétaire d’Etat américain au Trésor, a souligné qu’une bonne éducation est la condition préalable à la démocratie et à la bonne gouvernance. L’éducation, a-t-il dit, est une pyramide. Un pays a besoin d’enfants éduqués et de bons enseignants. L’éducation doit être élaborée et développée à tous les niveaux et dans tous les secteurs et ce, de façon équilibrée. Dans une économie du savoir, l’éducation technique et professionnelle acquiert une nouvelle importance, a poursuivi M. Van Ginkel. Il faut multiplier les chances des enfants après l’école primaire. L’éducation secondaire doit donc être conforme aux demandes du marché de l’emploi et là aussi, il faut un équilibre entre les différents secteurs éducatifs. La qualité du secondaire et l’orientation des programmes vers le marché du travail sont des questions importantes.

Le renforcement des institutions est également important pour que les écoles répondent aux attentes. Les professeurs doivent être à la hauteur et pour ce faire, il faut se concentrer sur les problèmes de recyclage. L’éducation, a conclu l’orateur, doit aussi porter sur des programmes divers comme ceux pour la paix car l'éducation est également importante pour la formation de citoyens responsables.

Mme THORAYA OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que, pour atteindre les objectifs d’éducation pour tous et éliminer la disparité entre les sexes dans ce domaine, il fallait une forte volonté politique, des partenariats élargis et un financement adéquat. C’est la conclusion qui avait été faite à l’issue de la table ronde sur l’éducation qui s’était tenue en février dernier, a-t-elle indiqué. Il faudrait augmenter les ressources nationales allouées à l’éducation ainsi que les ressources extérieures avec, à cet égard, une coordination des donateurs. Pour atteindre les objectifs, il faudrait adopter une approche multisectorielle intégrée. L’éducation en matière des droits de l’homme pourrait aussi jouer un rôle très utile. Pour éliminer le fossé qui existe entre l’éducation des filles et celle des garçons, les participants ont appelé à lancer une campagne durable pour un environnement propice à l’éducation des filles. La nourriture, a-t-elle rappelé, est un outil efficace, simple qui attire les enfants pauvres à l’école. Des stratégies doivent aussi être mises en place pour éviter la fuite des cerveaux dans le secteur de l’éducation. Tous les pays devraient améliorer le statut des enseignants afin de renforcer leur rôle.


M. PETER PIOT, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a souligné que le VIH/sida est devenu l’épidémie la plus importante de l’histoire de l’humanité. Or, a-t-il regretté, il se trouve aujourd’hui que la plupart des objectifs du millénaire ne pourront pas être atteints à cause du VIH/sida qui tue et affaiblit des personnes dans la force de l’âge. L’année dernière, 1 million d’enfants ont ainsi perdu leur professeur à cause du sida. Il ne s’agit pas d’une maladie qui ne touche que les pauvres mais elle atteint aussi les personnes riches et éduquées. Le sida engendre la pauvreté et compromet le tissu social, a insisté M. Piot.

Il a souhaité le lancement d’initiatives semblables à celles prises au Brésil, en Ouganda et au Cambodge. Nous savons ce qui marche et la déclaration adoptée lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale est une feuille de route très claire. Investir dans la lutte contre le VIH/sida équivaut à investir dans le développement. D’ici 2005, il faudra 10 milliards de dollars pour permettre aux pays à revenu intermédiaire pour enrayer les infections, prévenir les autres, fournir des traitements et s’occuper des orphelins. Or à l’heure actuelle, ONUSIDA ne dispose que de 3 milliards. Sans une augmentation de 50% par an, il sera impossible d’atteindre la somme vitale de 10 milliards de dollars. Dans le monde d’aujourd’hui, la réalité du sida est une réalité qui a une incidence sur l’éducation, le travail, l’agriculture et la santé, a conclu M. Piot.

Mme LESLIE WRIGHT, Vice-Présidente de la Conférence sur les organisations non gouvernementales (CONGO), Forum des ONG, a fait remarquer que le Forum permet à plus de 115 ONG de se réunir et d’échanger leurs vues. Elle a souhaité s’exprimer sur l’égalité entre les sexes, l’éducation et la santé ainsi que sur l’aide financière. Pour ce qui est des questions sexospécifiques, les filles ont besoin d’avoir accès à l’éducation afin qu’elles occupent des postes comme leurs collègues masculins. Elles ont aussi besoin d’éducation pour se vacciner et se protéger contre le virus du sida. L’éducation est la responsabilité première des Etats, a-t-elle rappelé, soulignant qu’il faut d’abord une volonté politique et changer les mentalités de sorte que les filles et les femmes soient mieux traitées au sein de leurs familles et de la société. En reconnaissant que la population est en train de vieillir, il faut prendre des mesures qui permettent aux personnes âgées de jouer un rôle positif dans les ressources humaines. Mme Wright a souligné que la santé est nécessaire pour la productivité, tout en faisant observer que la qualité de l’environnement influe sur la santé. Elle a insisté sur la nécessité d’allouer des fonds aux pays où les maladies infectieuses comme le sida, la tuberculose ou la malaria prévalent. Il faut en outre renforcer les infrastructures permettant d’assurer l’approvisionnement en eau potable. Les femmes âgées ont un rôle à jouer dans l’éducation et la nutrition des jeunes enfants. Les ONG ont aussi demandé de tenir compte du suivi de l’évaluation des progrès accomplis dans ces domaines.

S’agissant de la faculté de bénéficier d’une aide financière, Mme Wright a souligné que la paix et la sécurité constituent des conditions préalables à toute mise en valeur des ressources humaines. Les ONG appellent à une réduction sensible des dépenses en matière d’armement. Elles ont demandé d’augmenter les ressources allouées aux pays les moins avancées. Les investissements en matière de technologie de l’information ne doivent pas être considérés comme une panacée, a-t-elle estimé, rappelant que les personnes qui réussissent dans le domaine des technologies de l’information et la communication tendent à être plutôt éduquées et aisées.


TABLES RONDES DE HAUT NIVEAU

Table ronde sur les progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire concernant la mise en valeur des ressources humaines en Afrique

M. KWESI NDOUM, Ministère de la planification économique et de l’intégration régionale du Ghana, qui coprésidait cette table ronde, a fait observer que dans de nombreuses parties du monde d’énormes progrès ont été réalisés en matière de développement, excepté en Afrique où les populations doivent toujours relever de nombreux défis. L’accent doit donc être mis sur le développement de ce continent par le biais de la valorisation des ressources humaines. Dans ce contexte, la lutte contre la pauvreté est une tâche complexe, notamment à cause du problème de la dette. Poursuivant la réflexion, M. Jan Vandermoortece (PNUD) a pour sa part insisté sur le problème posé par la propagation du virus du sida. Il a également fait remarquer que si l’on observe la situation attentivement, on s’aperçoit qu’elle est très inégale d’un pays africain à l’autre mais qu’il y a néanmoins une note d’espoir car plusieurs pays ont déjà fait de bons progrès.

En écho aux remarques de M. Vandemoortece concernant le problème de la dette, de nombreuses délégations ont estimé que sa remise ou son annulation revêtent une importance cruciale en matière de développement car, si les pays sont soulagés de ce fardeau, ils pourront s’atteler à construire l’avenir. L’éducation primaire a également fait l’objet d’une attention particulière au cours de cette table ronde et tous les intervenants se sont accordés pour dire qu’elle représente la condition du développement durable. De même, la santé doit être un secteur d’intervention prioritaire, notamment en ce qui concerne la lutte contre la propagation du virus du sida.

Reconnaissant que le thème du développement des ressources humaines en Afrique est un thème clef pour résoudre les problèmes de développement et lutter contre les conflits qui affectent le continent africain, certains intervenants ont lancé un appel pour une intervention accrue de l’ECOSOC qui tienne compte des spécificités africaines. Il n’y aura en effet pas de stabilité au XXIème siècle si les problèmes de l’Afrique ne sont pas résolus. Dans le même ordre d’idées, il a été souligné que les problèmes de l’Afrique sont les problèmes du monde. Soulignant que les Africains eux-mêmes ont un rôle clé à jouer, la majorité des orateurs se sont félicités du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et de la prise en compte des problèmes particuliers de ce continent lors du dernier Sommet du G-8.

Présentant les conclusions de cette table ronde en plénière, M. NDOUM a indiqué que la lenteur des progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire a retenu l’attention des participants Dans ce contexte, il est apparu que si l’on n’atteint pas les objectifs définis en matière de santé et d’éducation, les autres objectifs de développement ne pourront pas être accomplis. Il faut également redoubler d’efforts pour réduire la marginalisation des femmes et augmenter leur implication politique. Il est en outre nécessaire de développer des partenariats avec la société civile. La table ronde s’est félicitée du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique et du Plan d’action du G-8, a-t-elle insisté.



Table ronde sur les partenariats pour la mise en valeur des ressources humaines : quel rôle pour la coopération en faveur du développement, notamment la coopération Sud-Sud, la coopération entre villes, le secteur privé et les organisations non gouvernementales?

Ouvrant les discussions, la Coprésidente Mme ANN THERESE NDONG-JATTA, Ministre de l’éducation de la République de Gambie, a demandé pourquoi le développement des ressources humaines est si difficile dans les pays en développement. Elle a souhaité un nombre plus important de réseaux et de partenariats au niveau sous-régional. Elle a aussi estimé qu’aucune aide n’apportera le développement des ressources humaines escomptées et a souligné l’importance du commerce. Le second Coprésident, M. PETER HANSEN, Commissaire général de l’Office de secours des travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a souhaité mieux connaître les facteurs qui influencent le succès des partenariats, les obstacles qui les entravent. Il a relevé la diversité de la notion de partenariat, relevée par M. Hansen.

Pour le représentant du Bhoutan, qui a fait remarquer que de nombreux étudiants de son pays partent étudier dans des pays anglophones, il serait très utile de développer les partenariats permettant à ces derniers de bénéficier de programmes d’études à des tarifs abordables. Mme Ndong-Jatta a indiqué à cet égard qu’elle préférait l’idée de développer des centres d’excellence dans le Sud pour une coopération Sud-Sud, étant en cela appuyée par le représentant du Népal pour qui il est important de développer les capacités dans les pays pauvres eux-mêmes. La représentante du El Salvador, pour sa part, a abordé les partenariats sous l’angle des catastrophes naturelles, qui peuvent balayer en une journée plusieurs décennies d’efforts de développement. Elle a proposé de mettre sur pied un mécanisme de réaction rapide aux catastrophes naturelles, appuyée en cela par mme Ndong-Jatta. Le représentant des Etats-Unis a évoqué l’idée de partenariats entre les secteurs public et privé.

Il a été souligné que la démarche du partenariat doit se fonder sur les besoins plutôt que les intérêts, le représentant du Népal regrettant que dans les pays en développement, les priorités et les intérêts entrent en conflit. Pour Mme Ndong-Jatta, les partenariats doivent se fonder sur des intérêts communs.

Le représentant de l’Association du service international (AVSI) a lui fait remarquer que l’on insiste trop sur les besoins plutôt que sur les personnes qui expriment ces besoins. Pour lui, le partenariat est un processus qui présuppose la confiance et qu’on ne peut pas devenir partenaire avec quelqu’un que l’on ne connaît pas. Alors que le représentant des Etats-Unis a fait remarquer que son pays reste le plus grand bailleur de fonds de tous les programmes des Nations Unies, Mme Ndong-Jatta a fait observer que le pays en développement sont resté sous-développés et que les pays développés se sont enrichis.

Mme NDONG-JATTA, présentant les conclusions en plénière, a indiqué que le partenariat est une question importante. Cependant, tous les partenariats ne sont pas durables. Il faut donc tenir compte des réussites pour identifier ce qu’est un bon partenariat. Pour ce qui est des mécanismes pour prévenir les catastrophes naturelles, il faut établir un véritable partenariat entre les gouvernements et la société civile. Le renforcement de la confiance entre les parties représente en outre un impératif. Il y a en effet un manque de cohérence entre les partenaires car parfois leurs intérêts divergent. Les Nations Unies doivent donc remplir le rôle de chef de file pour renforcer les partenariats.


Table ronde sur le renforcement des capacités institutionnelles pour le développement durable

Le renforcement des capacités institutionnelles pour le développement durable a fait l’objet de la troisième table ronde coprésidée par MM. JACOBUS RICHELLE, Directeur général pour le développement de la Commission européenne et GODWIN O.P. OBASI, Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Animée par M. Carlos Magariños, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), ce débat s'inscrivait dans le cadre d'une contribution au Sommet de Johannesburg. M. Jacobus Richelle a insisté sur le lien indissociable entre les trois piliers du développement durable: économique, social et environnemental. Tout comme M. Godwin O.P. Obasi, il a fait valoir que de nombreuses rencontres internationales avaient abouti à ce jour à la définition de normes et de mesures à prendre en matière de développement durable et que le succès de Johannesburg dépendrait de leur mise en oeuvre réelle et de l'action mondiale.

Les deux Coprésidents ont estimé que l'ECOSOC devra contribuer à la mise en oeuvre des résultats du Sommet de Johannesburg tant aux niveaux national, régional et mondial et que, afin d'assurer le succès des programmes de développement durable, l'ECOSOC devrait participer au renforcement des capacités nationales dans les pays en développement, et promouvoir une meilleure coordination entre organisations compétentes ainsi que les échanges scientifiques et technologiques Nord-Sud. S'agissant de la mise en place de mécanismes d'évaluation des mesures prises en matière de développement durable, M. Obasi a exhorté l'ECOSOC à énoncer des propositions en ce sens.

Le représentant de l'Allemagne a estimé que le vrai défi consiste aujourd'hui à capitaliser les résultats positifs de Monterrey et invité l'ECOSOC à renforcer son rôle dans la promotion des programmes de développement durable. Son homologue des États-Unis a jugé que les faibles progrès réalisés dans le processus préparatoire de Johannesburg sont dus au manque de clarté et de précision des objectifs assignés au prochain Sommet. S'agissant du rôle de l'ECOSOC dans la mise en oeuvre du développement durable, le représentant des États-Unis a souhaité qu'un rôle central soit reconnu au Secrétariat des Nations Unies qui assure un meilleur suivi tout en invitant l'ECOSOC à agir plus efficacement dans le domaine du développement durable.

Le représentant du Venezuela a pour sa part mis en avant les efforts des pays du Sud et de l'ECOSOC dans le domaine du développement durable et souligné que de nombreux obstacles demeurent, au premier rang desquels l'absence d'engagement sur la durée de la communauté internationale en appui aux programmes mis en oeuvre dans les pays en développement, position partagée par le représentant du Pakistan. Ils ont recommandé des partenariats stratégiques entre l'ECOSOC, les institutions spécialisées des Nations Unies, les institutions financières internationales pour réaliser des synergies et répondre aux besoins des pays en développement. D'autres questions ont été soulevées notamment concernant la transparence et la responsabilité des gouvernements, le respect du droit à l'accès à l'information, le respect du droit à la participation du public à la prise de décisions, la démocratisation de la protection de l'environnement. Des partenariats entre les gouvernements, la société civile, les entreprises, les ONG, les collectivités locales et les communautés ont été suggérés pour assurer une certaine cohésion et renforcer les capacités institutionnelles pour le développement.

M. RICHELLE, présentant en plénière les conclusions de la table ronde, a souligné les divergences de vues apparues concernant l’évolution du processus préparatoire du Sommet de Johannesburg et expliqué que les participants ont insisté pour qu’il soit tenu compte des engagements pris à Doha et à Monterrey par la communauté internationale afin d’inverser la tendance à la détérioration de certains indicateurs sociaux, économiques et environnementaux. Il a fait part de quelques propositions émises suggérant que l’ECOSOC se concentre sur les meilleures pratiques en matière de développement durable. Il a recommandé de travailler aux niveaux national, régional et international afin d’assurer notamment le développement institutionnel et le renforcement des capacités d’institutions comme l’ECOSOC et le PNUE. Les participants à la table ronde ont également fait une série de propositions visant à renforcer l’accès à l’information et le droit à la participation de tous les acteurs impliqués dans le processus de développement durable.


Table ronde sur la cohérence des politiques et le financement de la mise en valeur des ressources humaines

A cette table ronde, le Coprésident, M. JULIO FRENK MORA, le Ministre de la santé du Mexique, a d’abord rappelé que la Conférence sur le financement du développement, qui s’est déroulée au Mexique à Monterrey, a eu le mérite de mettre en avant la question de la cohérence des politiques et du financement aux niveaux national et international. Il s’est particulièrement félicité que la Conférence ait été, pour la première fois, le lieu d’un échange constructif entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé, les institutions de Bretton Woods et l’OMC, qui a abouti à une vision commune du financement du développement.

Aujourd’hui, la clef est la mise en oeuvre des engagements dans des domaines spécifiques comme ceux à l’examen aujourd’hui, à savoir l’éducation et la santé. Cela est d’autant plus important que la politique sociale est reconnue désormais comme partie intégrante de la politique économique. La preuve existe du rôle de la santé et de l’éducation comme conditions préalables à une croissance économique soutenue. Le lien entre santé et croissance économique est pour les riches un cercle vertueux et pour les pauvres un cercle vicieux, a souligné pour sa part l’autre Coprésident de la table ronde, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général pour les objectifs du développement du millénaire. En la matière le «gros mensonge» est de penser que les pauvres peuvent s’en sortir eux-mêmes. Pour lui, la cohérence des politiques consiste à répondre aux besoins avec les sommes et l’action requises.

Quelles sont alors les modalités de la collecte de ces sommes et du lancement de ces actions, a demandé le représentant de la Bolivie, qui a regretté que même les institutions multilatérales ne répondent pas à cette question essentielle pour les pays en développement. Apportant des éléments de réponse, le représentant du Burkina Faso a prôné l’interaction des initiatives aux niveaux national, régional et international. Au niveau national, il a par exemple défendu une priorité accrue aux secteurs sociaux par l’octroi de ressources accrues, l’harmonisation des politiques financières, de santé, de l’éducation et de l’emploi et une implication plus avant de la société civile. Au niveau international, il a aussi prôné l’harmonisation par les donateurs des programmes de renforcement des ressources en fonction des priorités nationales.


A une question du représentant de l’Egypte sur la mobilisation de l’aide publique au développement (APD), le Conseiller spécial du Secrétaire général a suggéré aux pays en développement d’établir des plans sociaux ambitieux comprenant une évaluation des coûts pour une période de dix ans afin de déterminer quelle part doit provenir des budgets nationaux et de l’assistance extérieure. Une bonne analyse de la situation est souvent la seule manière d’amener les donateurs à délier leurs bourses et à harmoniser leurs efforts. Quant à la contribution du secteur privé, il a argué que dans les pays pauvres aucune solution de privatisation ne peut être envisagée. Le financement public demeure indispensable.

Les exemples de succès existent, a dit en écho le Ministre de la santé du Mexique en citant l’Ouganda et la lutte contre le VIH/sida et le Cambodge et sa lutte contre la tuberculose. Prenant l’exemple de son propre pays, il a attribué le succès aux synergies entre le social et l’économique et entre le secteur public et la société civile. Les moyens de financement existent, il faut tout simplement inciter les pays riches à accroître leur aide et en la matière à envisager des moyens de financement collectif comme le permettent les biens publics mondiaux.

Présentant les conclusions de la table ronde en plénière, M. MORA, a indiqué que des questions particulièrement importantes ont été soulevées par les participants qui ont reconnu les ressources humaines comme un élément fondamental du développement. La table ronde a ainsi écarté l’ancien postulat selon lequel la croissance économique mène à la santé et à l’éducation. Aujourd’hui, on réalise que le secteur social est un moteur de la croissance économique. En cela, une bonne combinaison de responsabilités envers la population et les donateurs est indispensable. La table ronde a également souligné la responsabilité des pays donateurs quant aux engagements pris. Il y a de grandes brèches à colmater du point de vue du financement mais tous les orateurs se sont montrés optimistes, a conclu le Coprésident de la table ronde.






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