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Communiqués de presse

ECOSOC : ADOPTION D'UNE DÉCLARATION MINISTÉRIELLE CONCLUANT LE DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL

02 Juillet 2003



2 July 2003



La déclaration insiste notamment sur la nécessité de réduire
toutes les formes de subventions à l'exportation dans le secteur agricole




Le Conseil économique et social a achevé, cet après-midi, son débat de haut niveau de trois jours par l'adoption d'une déclaration ministérielle dans laquelle les ministres et chefs de délégation participants se sont prononcés pour la réduction et l'abolition des subventions à l'agriculture et ont demandé au monde industrialisé de concrétiser les engagements pris à Doha pour faciliter l'accès au marché aux produits des pays en développement.
Les subventions à la production et aux exportations agricoles ont été largement évoquées dans le cadre du débat. Le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, s'y est référé à deux reprises dans son discours inaugural et au cours d'un entretien avec les journalistes, insistant sur la nécessité d'en finir avec «les pratiques déloyales à l'égard des agriculteurs et producteurs des pays pauvres». À ses yeux, ces pratiques mettent ces pays dans l'incapacité de soutenir la concurrence sur les marchés internationaux.
La déclaration adoptée à l'issue du débat - consacré à «la promotion d'une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement aux fins de l'élimination de la pauvreté et d'un développement durable» - insiste sur la nécessité d'appuyer les efforts de diversification économique des pays en développement en vue d'accroître leurs recettes d'exportation, mais aussi d'améliorer les termes de l'échange et de remédier à l'instabilité des cours de ces produits. Elle rappelle en outre que l'allègement de la dette extérieure permettrait de libérer des ressources qui pourraient alors être dirigées vers des activités propices à la croissance et au développement durable. Les ministres et chefs de délégation ayant participé au débat de haut niveau se disent par ailleurs déterminés à faire en sorte que les pauvres deviennent les acteurs de leur développement et soient plus étroitement associés aux processus de décision.
Cet après-midi, le Ministre fédéral de l'agriculture du Nigéria ainsi que des représentants des pays suivants ont fait des déclarations dans le cadre du débat de haut niveau: Argentine, Indonésie, Népal, Botswana, Qatar, Égypte, Azerbaïdjan, Bhoutan, Ghana, Libye, Algérie et Pérou.
Sont également intervenus M. Carlos Magariños, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), ainsi que des représentants de l'Organisation internationale du travail (OIT), de l'Union mondiale pour la nature et de la Confédération internationale des syndicats libres.
Dans une déclaration de clôture, le Président du Conseil, M. Gert Rosenthal, a notamment estimé que le Conseil a une fois de plus su choisir pour son débat de haut niveau un thème qui est parvenu à rassembler des intérêts différents.
M. Nitin Desai, qui quitte prochainement les Nations Unies et intervenait donc probablement pour la dernière fois dans une réunion ministérielle en sa qualité de Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a également fait une brève déclaration.
Le Conseil entamera demain matin, à 9h30, son débat consacré aux activités opérationnelles par une réunion-débat de haut niveau portant sur les ressources consacrées aux activités opérationnelles de développement et progrès réalisés en matière de financement des activités de coopération pour le développement du système des Nations Unies.

Déclaration ministérielle du débat de haut niveau
Dans leur déclaration ministérielle du débat de haut niveau (E/2003/L.9) ouvrant les travaux de l'ECOSOC et qui s'est tenu du 30 juin n au 2 juillet, les ministres et chefs de délégation participants se disent convaincus que la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, y compris ceux qui figurent dans la Déclaration du millénaire, passe par l'élimination de la pauvreté rurale et de la faim. Ils s'inquiètent vivement de la famine qui menace des millions de personnes, en particulier en Afrique, et se disent résolus à répondre aux besoins d'aide alimentaire en urgence reconnus par la communauté internationale et à améliorer les mécanismes de prévention des famines et la sécurité alimentaire à long terme.
Dans le secteur agricole, il faut réduire toutes les formes de subventions à l'exportation dans l'optique d'une suppression progressive, diminuer de manière substantielle les soutiens internes ayant des effets de distorsion des échanges, améliorer l'accès aux marchés. Malgré les efforts énergiques déployés pour obtenir des résultats, poursuit le texte, la mise en œuvre de la Déclaration ministérielle adoptée en 2001 à l'issue de la réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha laisse à désirer sur un certain nombre de points importants, dont l'engagement de conduire des négociations approfondies en vue notamment d'améliorer sensiblement les conditions d'accès aux marchés. Les ministres et chefs de délégation rappellent aux pays membres de l'OMC - qui tiennent en septembre à Cancun (Mexique) une conférence de mi-parcours après le lancement du cycle de Doha - leur engagement d'accorder un «traitement spécial et différencié» aux pays en développement. Les membres de l'OMC sont aussi invités à mettre en œuvre les engagements qui concernent la coopération technique et le renforcement des capacités afin que les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), puissent tirer parti de la libéralisation des échanges mondiaux et prendre des mesures pour réduire leurs contraintes du côté de l'offre, y compris par des gains de productivité et la diversification de leurs produits, l'amélioration de leur compétitivité et la mobilisation des capacités entrepreneuriales de leur population.
Entre autres considérations, la déclaration attire l'attention du monde industrialisé sur trois points : aider les pays particulièrement dépendant des produits de base, en proie aux fluctuations des marchés, à diversifier leurs exportations; s'efforcer de consacrer, comme ils s'y sont engagés, 0,7% de leur produit national brut à l'aide publique au développement, à charge pour les pays en développement de s'assurer que cette assistance est bien dirigée vers des projets de développement; alléger le fardeau de la dette, libérant ainsi des ressources qui pourraient être investies dans des activités propres à assurer croissance et développement.

Fin du débat de haut niveau
M. SANI ABDALLAH, Ministre fédéral de l'agriculture du Nigéria, a souligné que des millions de personnes continuent de mourir de faim, non par manque de nourriture sur la planète mais par absence de volonté politique. Il a reconnu que les pays en développement se devaient de créer un environnement national propice au développement rural, mais s'est déclaré d'avis que leurs efforts resteront vains sans coopération et solidarité internationales. Il a ensuite rendu compte des efforts consentis par le Nigéria en vue de promouvoir une approche intégrée au développement rural qui soit centrée sur les populations. Les programmes adoptés visent principalement à créer des activités génératrices de revenus pour les populations rurales, à renforcer les capacités de ces populations et à développer les infrastructures locales, notamment dans le domaine de la communication, de la fourniture d'énergie et des transports. Il a expliqué que ces efforts produisaient déjà de bons résultats et a fait part également de l'engagement du Président Obansanjo en faveur de la lutte contre le VIH/sida.
Au plan international, le Ministre nigérian s'est félicité du dialogue engagé par l'ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) et l'Organisation mondiale du commerce. Il a estimé qu'il serait utile d'engager un dialogue du même type, notamment sur la question de la dette, avec les membres du Club de Paris et du Club de Londres. Il a estimé qu'il était important de remédier aux lacunes de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés et a recommandé que l'on envisage également d'aider les pays à revenu moyen. Le Ministre nigérian a ensuite apporté des précisions sur le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), qui fournit un cadre efficace de coopération et de partenariat fondé notamment sur la responsabilisation et l'autonomisation.
M. ALFREDO V.CHIARADIA (Argentine) a souligné que les objectifs de la Déclaration du millénaire ne pourront être atteints si ne sont pas surmontés à court terme les aspects les plus dramatiques de la pauvreté rurale. Il a rappelé que les efforts déployés au niveau national en faveur du développement rural doivent être assortis d'un environnement international favorable. M. Chiaradia a affirmé que l'élément essentiel pour la résolution des problèmes qui se posent en matière de développement rural réside dans l'aboutissement rapide et favorable des négociations en cours au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'agissant du commerce agricole, conformément au mandat de Doha. En effet, le régime actuel du commerce agricole est discriminatoire à l'égard des pays en développement. Cette discrimination se manifeste par l'existence, d'une part, de quelques pays développés qui subventionnent leurs exportations et accordent des aides internes à leurs producteurs et, de l'autre, d'un groupe hétérogène de pays dont les intérêts ne coïncident pas toujours mais qui sont unis dans leur désir commun de voir les barrières réduites et l'accès aux marchés amélioré. Ainsi, le cycle de Doha dépend des perspectives en matière de démantèlement des subventions et des aides, a insisté le représentant argentin. Si ces barrières et distorsions commerciales étaient éliminées, l'Argentine pourrait augmenter de 5 milliards de dollars ses exportations agricoles, ce qui représente environ 20% de la valeur des exportations actuelles du pays, a-t-il souligné.
M. NUGROHO WISNUMURTI (Indonésie) a émis l'espoir que ce débat de haut-niveau permette de renouveler l'engagement de la communauté internationale de réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté d'ici à 2015. Il a estimé que le développement social seul ne viendrait pas à bout de la pauvreté endémique et que toute approche du développement rural devait aborder de front les questions économiques, sociales et environnementales qui sont toutes liées et interdépendantes. Cela étant, il a recommandé qu'une attention particulière soit portée au développement des infrastructures en vue de soutenir les marchés et la création d'emplois et a mentionné dans ce contexte l'importance du réseau routier. En vue d'accroître la productivité, il a suggéré que l'on favorise l'accès des paysans aux technologies agricoles respectueuses de l'environnement. Il a fait valoir que cette approche intégrée du développement rurale dépendait aussi de la mise à disposition des ressources adéquates. Il a estimé décourageant que les pays développés n'aient pas été convaincus d'augmenter le volume de l'aide publique au développement, notamment des ressources affectées au développement rural et a souhaité que les engagements pris dans ce sens lors de la Conférence ministérielle de Doha soient respectés.
Le représentant indonésien a d'autre part insisté sur la nécessité de faciliter l'accès aux marchés des produits des pays en développement. Il a souligné que les tarifs douaniers élevés actuellement en vigueur vont à l'encontre de la volonté exprimée par le monde développé d'aider les pays pauvres à surmonter les obstacles qui entravent leur développement. À ce propos, il s'est félicité de la récente décision de l'Union européenne de remédier à certains aspects particulièrement inéquitables du système de subventions agricoles pratiqué en Europe. Au-delà de cet appui extérieur, il convient également que les États veillent à favoriser la participation des populations concernées. Le représentant a réitéré l'engagement de son gouvernement à poursuivre dans la voie du développement rural et à s'attaquer aux racines profondes de la pauvreté, y compris aux facteurs politiques et socioculturels.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a rappelé que plus de la moitié de la population mondiale vit dans la pauvreté et que plus de 70% des pauvres vivent dans les zones rurales des pays en développement. Le développement rural constitue donc un défi majeur pour l'humanité. Aucun développement ne saurait être durable dans les pays en développement si la situation des populations rurales n'est pas améliorée, a insisté le représentant népalais. En milieu rural, il est donc primordial d'encourager une production accrue, de protéger l'eau, de fournir des services de santé et d'éducation et de construire des infrastructures afin de permettre aux populations de sortir de la pauvreté. Pour sa part, le Népal a toujours accordé un rang de priorité élevé à la réduction de la pauvreté, a poursuivi M. Sharma. Il s'est efforcé d'attirer les investissements étrangers directs et des efforts de décentralisation ont également été consentis afin de permettre aux populations de faire entendre leurs voix. La société civile reste un partenaire actif des efforts de développement déployés au niveau national, a insisté le représentant népalais. Malheureusement, a-t-il poursuivi, l'insurrection maoïste a plongé le pays dans un cycle de violence. Dans les zones touchées, les écoles ont été fermées, les infrastructures détruites et les populations déplacées. Le cessez-le-feu conclu avec les rebelles le 29 janvier dernier a permis de réduire considérablement la violence. Comme auparavant, le Gouvernement n'a eu de cesse que de négocier de bonne foi avec les maoïstes afin de trouver un règlement politique de manière à restaurer la normalité, à tenir des élections et à placer résolument le pays sur la voie du progrès. Le représentant népalais a par ailleurs souligné que les pays développés doivent absolument ouvrir leurs marchés et accepter de réformer l'architecture financière internationale de manière à ce que les pays en développement puissent avoir l'opportunité d'aller de l'avant.
M. ALFRED U. M. DUBE (Botswana) a déclaré que le développement rural avait toujours été au cœur des stratégies de réduction de la pauvreté du Botswana, dont la population est à 75 % rurale. Il a expliqué que les programmes mis en œuvre avaient permis au Botswana d'enregistrer des progrès dans le domaine de la fourniture de services et de l'amélioration de l'infrastructure. Ainsi, un réseau routier national a pu être construit, la plupart des villages seront prochainement fournis en eau, et l'accès à la santé et à l'éducation s'est amélioré. Malgré cela, la politique de développement rural n'avait pas produit les effets escomptés sur l'économie rurale, ce qui a conduit le Botswana à réviser sa politique en 2002. La nouvelle stratégie vise particulièrement à accroître la participation des communautés rurales, à promouvoir une utilisation plus souple des terres, à réformer le système de la propriété foncière, à améliorer la productivité agricole et à créer un environnement attirant les jeunes vers l'agriculture. Le représentant a déclaré que les nouveaux programmes produisaient déjà des résultats positifs puisque la pauvreté a décliné à 36,7 % en 2001. Néanmoins, il a considéré que des programmes supplémentaires devaient être lancés en vue de faciliter l'autonomisation des populations.
Le représentant a ensuite appelé l'attention sur la sécheresse qui frappe l'Afrique australe et a entraîné de graves pénuries alimentaires. Il a expliqué que son pays avait adopté des mesures pour lutter contre la sécheresse, notamment en améliorant la fourniture en eau des villages, en vaccinant gratuitement le bétail. Il a toutefois estimé qu'il serait utile que l'ECOSOC se penche plus avant sur les conséquences des catastrophes naturelles sur les pays pauvres. Il a également mis en lumière les conséquences dramatiques de la pandémie du VIH/sida sur les communautés et les familles des zones rurales. En outre, la lutte contre le VIH/sida contraint les gouvernements des pays les plus touchés à détourner des ressources qui auraient dû être affectées au développement, a-t-il souligné. Il a donné les détails de la stratégie adoptée par son pays pour lutter contre ce fléau qu'il a comparé à une arme de destruction massive et a appelé tous les États à relever ce défi et à dégager les ressources financières nécessaires pour la prévention et le traitement de la maladie, mais aussi pour la recherche d'un vaccin.
M. MOHAMED ALI AL-MALKI (Qatar) a relevé que de nombreux problèmes continuent de rester sans solution dans de nombreux pays en développement. Malgré le fait que la richesse produite au niveau mondial ait connu une croissance vertigineuse, la récession économique affecte plus de cent pays du tiers monde, entraînant un déclin des revenus d'une grande partie de la population mondiale, a-t-il fait observer. Le représentant qatari a par ailleurs déclaré que pour lutter contre la pauvreté, il convient de s'intéresser davantage aux politiques macroéconomiques. La clef de la lutte contre la pauvreté réside dans le développement durable, a-t-il ajouté. Il convient en particulier d'assurer une juste répartition des revenus. Il faut aussi insister davantage sur les investissements ruraux car c'est bien dans les zones rurales que vit la majorité des pauvres. Le représentant a déploré la baisse continue de l'aide publique au développement. Rappelant que le commerce est un moteur de la croissance, il a plaidé en faveur d'une libéralisation du secteur agricole conformément au mandat de Doha. Il faut en effet lever les obstacles qui entravent encore les exportations des pays en développement et des pays les moins avancés, a-t-il insisté. Le développement doit être plus humain et plus équitable, a-t-il affirmé.
M. AMGAD MAHER ABDEL GHAFFAR (Égypte) a rappelé que les zones rurales des pays en développement sont fortement peuplées et que l'agriculture reste la principale source d'emplois dans de nombreux pays en développement, notamment en Afrique. Ainsi, l'Égypte a toujours accordé une attention particulière au développement rural, veillant notamment à améliorer l'irrigation, à promouvoir la formation, à stimuler la création d'activités non agricoles dans les zones rurales. En outre, l'Égypte organise désormais des séminaires de formation à destination des cadres ruraux d'autres pays en développement. Le représentant a précisé que l'Égypte, qui compte parmi les fondateurs du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), reste très engagée dans le développement rural d'autres pays d'Afrique. Toutefois, il a regretté que la baisse des produits de base constitue maintenant l'un des principaux éléments qui entravent le développement des pays pauvres en les privant d'une grande source de revenus. Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile pour les pays de répondre aux besoins fondamentaux de leur population et de stimuler l'épargne des ménages, a-t-il dit. Face à ce problème, il a jugé qu'il fallait sans tarder se doter d'un mécanisme visant à compenser la baisse des produits de base.
Le représentant égyptien a rappelé la communauté internationale à ses obligations et à ses engagements vis-à-vis des pays pauvres. En vue de créer un environnement international plus équitable, il importe particulièrement de s'attaquer aux barrières douanières et de modifier le régime de subvention de l'agriculture en vigueur dans les pays développés, a-t-il déclaré. Il a ensuite appelé l'attention sur le Groupe de travail chargé d'examiner le suivi des grandes conférences des Nations Unies et s'est félicité de la perspective d'une évaluation en 2005 de l'état de la coopération internationale.
M. ACHIM STEINER (Union mondiale pour la nature) a relevé que le thème retenu pour le débat de haut niveau de cette session de fond de l'ECOSOC témoigne de la reconnaissance, par la communauté internationale, de la nécessité de lier les piliers économique, social et environnemental du développement durable. La notion d'intégration est en effet un concept clef dans le contexte de la promotion du développement rural, a-t-il souligné. Il a fait observer que le projet de déclaration ministérielle met l'accent sur le rôle des pauvres ruraux en matière de préservation des ressources naturelles mondiales. Il a par ailleurs insisté sur l'importance qu'il y a à intégrer le développement rural dans les politiques macroéconomiques. M. Steiner a en outre insisté sur l'importance que revêtent les discussions sur l'agriculture au sein de l'OMC. Aussi, a-t-il plaidé en faveur d'un aboutissement rapide, et propice au développement durable, des négociations commerciales multilatérales menées au titre de l'ordre du jour du développement de Doha.
MME HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan), a indiqué que la politique de développement et de réduction de la pauvreté de l'Azerbaïdjan visait, entre autres, à promouvoir une bonne gouvernance, à enrayer la corruption, à parvenir à la stabilité macroéconomique et au plein emploi, et à favoriser une meilleure gestion des ressources naturelles. Elle a souligné l'importance de l'agriculture en tant qu'importante source d'emplois et de revenus. Elle a réaffirmé le droit de tous à l'alimentation et s'est déclarée favorable à l'initiative de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) visant à la création d'une alliance internationale contre la faim. Elle a ensuite déclaré qu'en qualité de pays enclavé avec une économie en transition, l'Azerbaïdjan accorde la priorité à l'accès aux marchés et a espéré que les circonstance particulières des pays enclavés seront prises en compte par les négociations de l'OMC. Présentant l'action de son pays en faveur du développement rural, elle a indiqué que l'Azerbaïdjan accordait une attention particulière aux besoins des femmes, qu'il avait adopté une politique fiscale incitative destinée à stimuler le secteur privé en vue de créer des activités non agricoles génératrices de revenus dans les campagnes. Elle a ajouté que l'Azerbaïdjan veillait particulièrement à assurer l'éducation de base et à faciliter l'accès des populations rurales aux services sanitaires et sociaux. Compte tenu de la situation géographique particulière de l'Azerbaïdjan, pays montagneux, la représentante a donné les détails de la politique adoptée par son gouvernement pour assurer la fourniture d'énergie aux populations rurales et a demandé l'appui des donateurs à ce programme particulièrement coûteux. Par ailleurs, elle a fait savoir que son gouvernement avait également inscrit la préservation de l'environnement au rang de ses priorités.
S'agissant de la déclaration ministérielle que l'ECOSOC se propose d'adopter cet après-midi, la représentante a déclaré que l'Azerbaïdjan était prêt à retirer sa réserve au paragraphe 15 concernant la promotion des femmes rurales à tous les niveaux et dans tous les aspects du développement rural et à se joindre au consensus sur ce texte. Elle a toutefois précisé que pour sa délégation, le terme «groupes vulnérables» comprenait les réfugiés et les personnes déplacées.
M. YESHEY DORJI (Bhoutan) a souligné qu'en tant que pays sans littoral et en tant que PMA, le Bhoutan doit relever de nombreux défis pour assurer son développement socioéconomique. Néanmoins, grâce à une stratégie de développement centrée sur l'humain et avec le soutien de ses partenaires du développement, le pays est parvenu à réaliser d'importants progrès en matière de qualité de vie de sa population et reste optimiste quant à son avenir. Le Bhoutan est d'avis que la croissance économique n'est pas une fin en soi mais seulement l'un des nombreux moyens de parvenir à un développement global. Le représentant du Bouthan a déclaré que son pays s'efforce d'assurer un équilibre entre les besoins matériels et non matériels des individus et de la société. Il a donc adopté une philosophie du développement qu'il a baptisée Bonheur National Brut (Gross National Happiness) et dont les caractéristiques essentielles sont le développement socioéconomique durable, la bonne gouvernance, la conservation de l'environnement et la préservation de la culture et des traditions. Le Bhoutan a toujours accordé la priorité au secteur social et en particulier au développement rural, a insisté le représentant. Il a précisé que l'amélioration de l'accès rural et l'extension des infrastructures figurent au nombre des principales priorités du neuvième plan quinquennal actuel. Le Bhoutan lance un appel à ses partenaires du développement afin qu'ils respectent leurs engagements en matière d'aide publique au développement, tant il est vrai que sans aide adéquate, les pays en développement ne seront pas en mesure d'atteindre les Objectifs de développement du millénaire.
M. PAUL YAW ESSEL (Ghana) a présenté la stratégie de réduction de la pauvreté mise en œuvre par le Ghana et qui vise à améliorer les revenus des populations rurales, à faciliter la création de petites et moyennes entreprises dans le secteur informel. À cet égard, il a rendu compte de la politique de décentralisation du Ghana qui vise à accroître la participation des populations par le biais, notamment, des assemblées de district et la création d'un fonds des assemblées de district destiné à appuyer les initiatives locales de réduction de la pauvreté. Il a également souligné le rôle important joué par le micro-crédit, notamment en faveur de l'émancipation des femmes rurales. Il a déclaré que le Ghana espérait par ces programmes réduire l'incidence de la pauvreté à 32 %. Toutefois, a-t-il poursuivi, malgré la ferme volonté politique du Gouvernement, la mise en œuvre d'une stratégie intégrée de réduction de la pauvreté rencontre des difficultés dues au manque de ressources financières. Ainsi, a-t-il expliqué, le budget initial de 5,283 millions de dollars prévu pour la mise en œuvre de tous les programmes est passé à 2,515 millions pour 2003-2005 à cause des contraintes financières. Il a espéré que l'aide internationale et aux économies réalisées grâce à l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés permettront au Ghana de rassembler les ressources nécessaires pour le financement des actions prioritaires dégagées. Dans ce contexte, il a espéré que les négociations dans le cadre de l'OMC permettront de faire des progrès dans la mise en œuvre du pacte pour le développement.
M. MURAD HAMAIMA (Libye) a assuré que le développement rural constitue une priorité de son pays depuis longtemps, en particulier depuis qu'a été opérée la décentralisation du gouvernement et qu'ont été créées les régions populaires. En effet, dans chacune des 32 régions populaires de la Libye, un organe de planification chargé des plans de développement a été créé. Afin d'instaurer un climat favorable au développement rural et d'accroître le niveau de vie des communautés rurales, une banque rurale dotée d'un capital de 100 millions de dinars a été créée. Le principal objectif de cette banque est de réduire les disparités entre les classes sociales et d'améliorer les conditions de vie des familles à faibles revenus en accordant des prêts pour des projets agricoles susceptibles d'accroître la production agricole. Pour promouvoir le développement rural, il convient en outre de garder à l'esprit la dimension sociale de cette entreprise et donc de s'efforcer d'étendre les programmes de protection sociale ainsi que les services sociaux, a poursuivi le représentant libyen. Il a par ailleurs indiqué que son pays a signé en février dernier un accord avec le représentant de la FAO en Libye afin d'apporter une contribution volontaire de 14 millions de dollars qui sera consacrée à la mise en œuvre de projets dans cinq pays africains.
M. MOHAMED-SALAH DEMBRI (Algérie) s'est déclaré préoccupé par le fait que l'examen à mi-parcours (Genève, 2000) de la mise en œuvre du Programme d'action pour le développement social (Copenhague, 1995) ait laissé entrevoir un bilan mitigé, pour ne pas dire décevant, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté et la lutte contre l'exclusion. Il a également relevé que la liste des pays les moins avancés s'était allongée. Le représentant a appelé l'attention sur les conclusions du Comité des politiques de développement qui déplore la détérioration continue de la santé publique et de l'éducation, la poursuite de l'exode massif vers les centres urbains, l'inadéquation des moyens de production agricole et la dégradation des milieux écologiques dans les campagnes. Il s'est félicité que le Secrétaire général de l'ONU souligne sans détour la nécessité de renforcer la coopération internationale en vue de régler les questions macroéconomiques et commerciales qui revêtent une importance particulière pour le développement agricole. Il a rappelé qu'il ne s'agit pas uniquement de l'aide publique au développement ou de l'allègement de la dette, mais aussi de la cohérence entre les politiques de coopération au développement des pays développés et leurs politiques nationales macroénomiques sectorielles, commerciales et financières.
Alarmé par les doutes qui commencent à se faire entendre quant à la réalisation des objectifs de réduction de la pauvreté d'ici à 2015, le représentant algérien s'est interrogé sur l'absence de contributions financières au Fonds de solidarité mondiale pour l'élimination de la pauvreté, créé conformément aux recommandations du plan d'action du Sommet mondial sur le développement durable, tenu à Johannesburg en 2002. Il s'est également inquiété du fait que le pacte de développement, élaboré par le Groupe de travail sur le droit au développement, attende toujours, en l'absence de volonté politique, d'être matérialisé dans les faits.
M. PABLO MORÁN (Pérou) a fait observer que l'ensemble de la communauté internationale sait parfaitement comment agir pour développer les zones rurales, comme en témoigne la manière dont, dans divers grands sommets internationaux, elle a détaillé les mesures à prendre à cet effet. Il n'en demeure pas moins qu'il lui reste encore aujourd'hui à réaliser une grande partie de ce qu'elle a conseillé de faire lors de ces grandes conférences. Le problème qui se pose est essentiellement un problème de ressources, a souligné M. Morán.
À ceux qui affirment que le commerce c'est le développement assuré, M. Morán a fait observer que les pays comme le sien produisent et, lorsque vient le moment d'exporter, se trouvent confrontés aux barrières et aux subventions qui entravent le libre accès des produits des pays en développement aux marchés des pays développés. La mondialisation ne doit pas signifier domination des sociétés transnationales, a poursuivi le représentant péruvien. En effet, l'économie de marché doit entraîner dans les pays en développement l'apparition de marchés nationaux qui puissent compter sur l'accès des produits nationaux à un libre marché mondial. Les pays en développement ne disposeront pas d'économies nationales solides ni de régimes démocratiques durables sans paix sociale, laquelle ne pourra être instaurée si la pauvreté n'est pas surmontée et la pauvreté extrême éradiquée.
M. CARLOS MAGARIÑOS, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a souligné que le déséquilibre des ressources consacrées au développement urbain au détriment des zones rurales avait des conséquences autant sur les zones urbaines que rurales. Dans le contexte agricole actuel, il a estimé que les activités non agricoles génératrices de revenus jouaient un rôle important dans l'accroissement de la richesse des pays et l'amélioration du bien être des populations. Il a illustré son propos en expliquant que les foyers ruraux possédant moins de 0, 5 hectares tiraient plus de la moitié de leur revenu total de sources non agricoles, dont un tiers de l'industrie et un tiers du commerce et des services. Il s'est dit d'avis que le peu de progrès enregistrés dans le domaine du développement rural tenaient au fait que les activités des zones rurales se limitent à la production brute et négligent la transformation des produits, et que les activités non agricoles n'ont pas obtenu l'attention nécessaire. Pour remédier à cette situation, il importe particulièrement que les pays en développement, notamment les pays les moins avancés, tirent un meilleur profit des activités industrielles liées à la transformation des produits de base. En outre, la décentralisation des activités industrielles aura également des conséquences positives pour enrayer l'exode vers les centres urbains et permettra de réduire les inégalités territoriales. À cet égard, il a présenté les actions menées par l'ONUDI en vue de promouvoir l'accès des petits producteurs aux technologies de l'information et de la communication, de développer les capacités technologiques, d'améliorer la qualité de la production et de développer le recours aux énergies renouvelables. Il a expliqué que l'ONUDI concentrait son action sur le développement agro-industriel et offrait son assistance notamment dans les domaine du textile, de la maroquinerie, de l'agroalimentaire et des pêcheries.
M. JOHN LANGMORE (Organisation internationale du travail, OIT) a affirmé que l'emploi productif est la voie qui permettra de sortir de la pauvreté rurale. Il a souligné que l'opportunité d'avoir accès à un travail productif est aussi vitale pour la survie et la dignité humaine que le sont la nourriture, l'eau et la nécessité de disposer d'un toît. Assurer un travail décent est donc devenu l'une des priorités centrales de la politique économique et sociale aux niveaux national et international. Pourtant, certaines stratégies de réduction de la pauvreté continuent encore de décrire les objectifs de politique macroéconomique en termes de stabilité des prix et d'équilibre de la balance des paiements sans même mentionner ni la croissance de l'emploi ni la réduction de la pauvreté, a-t-il déploré. M. Langmore a fait observer qu'une épargne et des investissements accrus dans les zones rurales constituent une composante essentielle d'un développement rural accéléré. Historiquement, a-t-il rappelé, c'est par la croissance de la productivité agricole et la production de surplus que les sociétés humaines se sont développées et que les conditions de vie se sont améliorées. L'une des politiques publiques les mieux à même de stimuler le secteur privé consiste à faciliter l'accès au crédit et à favoriser de faibles taux d'intérêt, a souligné le représentant de l'OIT.
MME MARIE-THÉRÈSE BELLAMY (Confédération internationale des syndicats libres) a présenté des recommandations visant à la création d'un environnement national propice au développement rural. Elle a notamment mentionné l'inclusion de politiques de santé publique dans les politiques de développement rural et à l'inclusion de dispositions visant à assurer un salaire minimum aux travailleurs agricoles. Elle a insisté sur la nécessité d'assurer l'accès des femmes aux biens de productions, en modifiant les régimes fonciers et stimulant le micro-crédit. Par ailleurs, elle a estimé qu'il serait utile d'élaborer un cadre permettant aux pays en développement de mettre en œuvre les conventions de l'OIT. En outre, il serait utile de promouvoir la concertation entre les organisations syndicales de façon à mieux protéger les travailleurs ruraux. Elle a recommandé que des aides soient apportées pour le développement de l'agriculture biologique, pour assurer un meilleur accès à l'eau, aux infrastructures et aux services sanitaires et sociaux. Elle a souligné l'importance de lutter contre la pandémie du VIH/sida, mais aussi contre la tuberculose et le paludisme qui ont de graves conséquences sur la main d'œuvre rurale.

Déclaration de clôture du Président du Conseil économique et social
M. GERT ROSENTHAL, Président du Conseil économique et social, a fait une déclaration de clôture du débat de haut niveau en rappelant que diverses tables rondes d'un grand intérêt se sont tenues en marge de ces trois jours de débat. Il a relevé que le dialogue productif qui se noue ici autour de l'ECOSOC se transforme tôt ou tard en politiques publiques. M. Rosenthal s'est dit satisfait de ce débat de haut niveau sur le plan formel. Quant au fond, il a estimé que le Conseil a une fois de plus su choisir un thème qui est parvenu à rassembler des intérêts différents. A ainsi pu être réexaminée dans le contexte d'un ordre international nouveau une question qui figure à l'ordre du jour de la communauté internationale depuis une cinquantaine d'années.
M. Rosenthal a souligné que, comme le souligne la déclaration ministérielle adoptée à l'issue de ce débat de haut niveau, il ne saurait être question d'atteindre les Objectifs du millénaire en matière d'élimination de la pauvreté sans promouvoir le développement rural. Pour cela, des politiques publiques de qualité sont nécessaires et il faut s'assurer de la participation des communautés et des personnes directement concernées, a rappelé le Président du Conseil. Sans hausse de la productivité, aucune percée ne pourra être réalisée dans le domaine du développement rural, a-t-il poursuivi. Il convient en outre, pour assurer le développement rural, de promouvoir le développement les infrastructures, y compris dans le domaine institutionnel, a-t-il ajouté. La question de l'accès aux marchés est également cruciale, d'où l'importance capitale que revêt l'environnement international, lequel doit s'efforcer d'éliminer tout obstacle au libre commerce des produits agricoles.



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