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Communiqués de presse

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL TIENT UN DIALOGUE SUR LA MONDIALISATION AVEC LES SECRÉTAIRES EXÉCUTIFS DES COMMISSIONS RÉGIONALES DE L'ONU

20 Juillet 2001



ECOSOC
20 juillet 2001
Matin



Le Conseil économique et social a ouvert, ce matin, son débat sur la coopération régionale en procédant à un dialogue sur la mondialisation avec les Secrétaires exécutifs des cinq commissions régionales des Nations Unies.

Mme Danuta Hübner, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Europe (CEE-ONU) a déclaré que, pour les pays à économie en transition, le renforcement de la démocratie se sont accompagnés du renforcement de leurs capacités. Sur le continent européen, ce sont l'intégration européenne et la coopération internationale qui garantissent la paix et la stabilité.

M. Kim Hak-Su, Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), a déclaré que le niveau d'intégration des pays en développement de la région Asie-Pacifique à la mondialisation différait d'un pays à l'autre en raison de la grande diversité des situations. Il a souligné que la participation au processus de mondialisation est nécessaire car elle permet un développement de l'économie nationale des pays concernés malgré le facteur risque qu'elle comporte.

M. José Antonio Ocampo, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a relevé les asymétries qui caractérisent nombre d'aspects du processus de mondialisation, notamment dans les domaines financier et monétaire. Il a par ailleurs mis l'accent sur l'importance des accords et arrangements régionaux et a souligné la nécessité de promouvoir un «processus de régionalisation ouvert».

M. K.Y. Amoako, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), a déclaré que le défi de la mondialisation devait se faire avec la participation de l'Afrique et avec l'objectif d'atteindre un développement durable. Il a par ailleurs estimé que la communauté internationale a le devoir de soutenir les pays africains dans leurs efforts dans cette direction.

Mme Mervat Tallawy, Secrétaire exécutif de la Commission pour l'Asie occidentale (CESAO), a souligné que la région de l'Asie occidentale continuait de connaître des problèmes graves de paix et de sécurité qui influençaient la situation économique et sociale globale de la région.

Les représentants des pays suivants sont intervenus dans la discussion avec les Secrétaires exécutifs : Cuba, Belgique, Tanzanie, Nigéria, Cameroun, Burkina Faso, Fidji, Angola, Afrique du Sud, Pérou, Égypte, Suriname, Fédération de Russie et Soudan.

Le Conseil économique et social poursuivra cet après midi, à 15 heures, sa discussion générale sur la coopération régionale. Elle sera notamment saisie du rapport du Secrétaire général sur la question.


Déclarations des Secrétaires exécutifs des Commissions régionales des Nations Unies dans le cadre du groupe de discussion sur la mondialisation

MME DANUTA HÜBNER, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Europe (CEE-ONU), a souligné la diversité des pays européens, notamment entre pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord et les pays en transition d'Europe orientale. Elle a fait observer que pour les pays à économies en transition, le renforcement de la démocratie s'accompagne du renforcement de leurs capacités. Sur le continent européen, ce sont l'intégration européenne et la coopération internationale qui garantissent la paix et la stabilité, a par ailleurs souligné Mme Hübner. La meilleure réponse de l'Europe aux défis mondiaux réside donc dans l'intégration européenne. La communauté internationale doit cependant jouer un rôle particulier et c'est là qu'entre en jeu la Commission économique pour l'Europe. Le caractère régional de cette commission est son principal atout, a souligné la Secrétaire exécutive.

Mme Hübner a indiqué que l'énergie sera, dans les années à venir, la principale question à l'ordre du jour des politiques de développement en Europe. La CEE-ONU s'efforce de contribuer à la mise en place, dans les pays en transition, d'infrastructures leur permettant de faire d'importantes économies d'énergie.

M. KIM HAK-SU, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), a déclaré que le niveau d'intégration des pays en développement de la région Asie-Pacifique à la mondialisation est très différent en raison de la grande diversité des situations économiques et sociales. Les pays les plus développés ont pu être intégrés de manière rapide à la mondialisation alors que les autres ont besoin de plus de temps et sont encore marginalisés en dépit de leurs efforts pour libéraliser leur économie. M. Kim a déclaré que les investissements à l'intérieur des pays membres de la CESAP sont de plus en plus importants, passant de 25% en 1980 à 45% en 2000. Cela est particulièrement marqué en ce qui concerne les investissements dans les transferts de technologies. L'Inde en est un bon exemple à cet égard. La participation au processus de mondialisation permet un développement de l'économie nationale des pays concernés malgré le facteur risque qu'elle comporte. La crise qui a touché l'Asie ces dernières années a eu un effet dévastateur sur l'économie de certains pays de la région, mais le processus de reprise qui a suivi est caractérisé par une augmentation des exportations qui favorise les économies de la région.

S'agissant du rôle de la CESAP dans ce contexte, le Secrétaire exécutif a souligné que la Commission permet, entre autres choses, de faciliter l'identification des stratégies et politiques de développement dans les systèmes commerciaux internationaux et régionaux. Elle contribue à l'échange d'expériences pour forger une réaction collective aux nouveaux défis et collabore avec la CNUCED et l'OMC pour mettre en œuvre ces projets.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), a reconnu que dans les années 1990, les processus de mondialisation ont été bénéfiques pour les pays d'Amérique latine, même s'ils ont aussi engendré, à maints égards, des coûts importants. La région est parvenue à intégrer avec succès les entreprises étrangères dans son économie grâce à une politique qui a incontestablement attiré les investissements étrangers directs. Il n'en demeure pas moins que sur le plan interne, les structures de production sont moins bien intégrées que par le passé, a souligné M. Ocampo. En outre, les transferts de technologie sont incomplets. En effet, un certain nombre d'entreprises et de travailleurs restent très en retard du point de vue technologique. Sur le marché du travail, la création d'emplois à été limitée et le chômage a été important. Aussi, la croissance économique globale de la région n'a-t-elle atteint que 3,3% dans les années 1990 contre 5,5% durant les années 1975-1990.

M. Ocampo a relevé les asymétries qui caractérisent nombre d'aspects du processus de mondialisation, notamment dans les domaines financier et monétaire. Il a par ailleurs mis l'accent sur l'importance des accords et arrangements régionaux et a souligné la nécessité de promouvoir un «processus de régionalisation ouvert». Les espaces régionaux remplissent plusieurs fonctions importantes dans le contexte global de la mondialisation, a fait observer M. Ocampo. Ils constituent notamment un espace privilégié pour la participation des pays en développement, en particulier pour les plus petits d'entre eux. Ils constituent en outre un espace permettant l'exercice d'une certaine autonomie en matière de politiques macroéconomiques, réglementaires et sociales.

M. K.Y. AMOAKO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), a déclaré que le défi de la mondialisation devait se faire avec la participation de l'Afrique et avec l'objectif d'atteindre un développement durable. Les besoins en ressources de l'Afrique sont énormes alors qu'elle reçoit la part la plus faible des investissements étrangers. Pour faire face à ce problème, l'Afrique doit générer d'autres ressources pour lui permettre de lutter contre son plus grand fléau, la pauvreté. Le niveau de l'épargne et de flux des capitaux est encore trop faible en Afrique. Sa pleine participation à la mondialisation devrait lui permettre de se développer de manière plus complète. Pour cela, des politiques nationales macro-économiques ainsi que des réformes du secteur financier devront être mises en place pour réaliser des progrès. Il est également important que l'Afrique poursuive une politique d'industrialisation. La plupart des pays africains n'ont pas développé leurs industries de transformation, condition pourtant essentielle pour les rendre plus compétitifs sur le marché mondial.

M. Amoako a estimé qu'au vu de la structure des économies africaines, il faut envisager des approches régionales, par exemple au niveau des transports, dont les frais sont dans certains cas supérieur à 50 % plus chers qu'ailleurs dans le monde. Il a par ailleurs souhaité que la communauté internationale aide l'Afrique en trouvant une solution au problème de la dette, de l'accès aux marchés, notamment. La communauté internationale a effectivement la responsabilité de soutenir les pays africains dans leurs efforts pour se développer de manière durable et entrer dans la mondialisation.

MME MERVAT TALLAWY, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), a souligné que la région de l'Asie occidentale continue de connaître des problèmes graves de paix et de sécurité qui influencent la situation économique et sociale globale de la région. Ainsi, les investissements étrangers directs dans la région ont-ils été freinés, ne représentant que 1% des investissements directs réalisés à travers le monde. En outre, ces investissements directs ne se font que dans le secteur pétrolier. Les embargos économiques dont souffrent certains pays de la région ont en outre affaibli les résultats économiques de ces pays. Mme Tallawy a rappelé que sept pays de la région ont adhéré à l'OMC, trois ont le statut d'observateurs et deux sont en train de négocier leur adhésion.

Mme Tallawy a rappelé que durant sa dernière session, en mai dernier, la CESAO a adopté l'Accord sur le réseau routier international dans le Machrek arabe qui officialise le Système intégré de transports dans le Machrek arabe, reliant les pays de la région arabe par un réseau routier de 31 400 kilomètres de long. Ce réseau devrait favoriser le commerce et le tourisme dans la région et intégrer davantage l'Asie occidentale dans l'économie mondiale. Durant cette session, la CESAO a également adopté un certain nombre de résolutions dans les domaines de la gestion de l'eau, de l'énergie et des technologies.


Aperçu de l'échange de vues sur la mondialisation

Une délégation a demandé de quelle façon les Commissions régionales des Nations Unies assurent la coordination de leurs activités avec les différentes institutions du système des Nations Unies.

La Secrétaire exécutive de la CEE-ONU, Mme Hübner, a relevé que le débat de ce matin témoigne de la nécessité de penser en termes de mondialisation même lorsque l'on aborde les questions régionales. Elle a estimé qu'il est possible pour les commissions régionales de mettre en place un bon mécanisme de coopération. L'an prochain, se tiendra en Allemagne une conférence régionale européenne sur le vieillissement, qui reprendra les programmes mis en œuvre au niveau mondial, a-t-elle par ailleurs indiqué.

Une délégation a relevé que le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat) a créé des bureaux dans chacune des commissions régionales des Nations Unies sauf au sein de la Commission économique pour l'Afrique (CEA). Une autre délégation a relevé qu'en dépit du cadre de libéralisation du commerce mis en place par les pays d'Afrique occidentale, la situation dans cette sous-région reste peu encourageante du point de vue des flux de capitaux. Aussi, la délégation a demandé au Secrétaire exécutif de la CEA quelles étaient les perspectives d'avenir en Afrique occidentale. D'autres ont insisté sur l'importance des questions de transports pour le développement de l'Afrique et se sont enquis des mesures prises par la Commission économique pour l'Afrique pour promouvoir les infrastructures routières ainsi que les transports aériens sur le continent. Une délégation s'est demandée si l'on pouvait continuer de parler du redressement de l'Afrique sans aborder la question de l'industrialisation du continent.

M. Amoako, Secrétaire exécutif de la CEA, a souligné que sa Commission collabore avec d'autres institutions des Nations Unies afin d'assurer le suivi des grandes conférences mondiales. Rappelant qu'une conférence d'Habitat s'est tenue à Addis-Abeba, il a déclaré qu'il est faux de dire que la CEA est la seule commission régionale qui ne possède pas de bureau pour le développement durable et les établissements humains. Des divisions spécifiques de la CEA traitent en effet des questions relatives aux établissements humains, a-t-il indiqué. En ce qui concerne les flux de capitaux en Afrique, M. Amoako a indiqué qu'ils sont, en proportion du PIB du continent, aussi importants que sur le continent latino-américain. Il est vrai que ces flux de capitaux se concentrent dans un petit nombre de pays africains, a-t-il reconnu. Selon les résultats d'une étude menée dans une dizaine de pays africains, il apparaît que les facteurs qui déterminent l'arrivée des flux de capitaux dans les pays africains sont: la stabilité économique, l'absence de conflit, l'existence d'institutions fortes et l'image globale du pays. Si l'on accentue les réformes dans tous ces secteurs, les capitaux devraient arriver, a estimé le Secrétaire exécutif de la CEA. M. Amoako a par ailleurs indiqué que la CEA s'efforçait de tirer les leçons de la coopération Sud-Sud et des bonnes pratiques en la matière.

M. Kim, Secrétaire exécutif de la CESAP, a rappelé qu'une réunion régionale préparatoire en vue de la réunion mondiale sur le financement du développement s'est tenue en août dernier à Djakarta. La CESAP a contribué à assurer la participation de tous les pays de la région à ce processus, a-t-il précisé. L'Accord de Bangkok de 1972, qui est un accord sur des conditions préférentielles, est compatible avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a par ailleurs indiqué M. Kim. En ce qui concerne le Pacte mondial proposé par le Secrétaire général des Nations Unies, le Secrétaire exécutif a assuré qu'il était à l'ordre du jour de la CESAP, qui a mis en place des mécanismes de consultation afin de mobiliser des ressources en vue de la mise en œuvre de projets communs CESAP/institutions des Nations Unies.

M. Ocampo, Secrétaire exécutif de la CEPAL, a souligné que la région Amérique latine-Caraïbes comprend de nombreux petits États, notamment insulaires, ce qui rend d'autant plus difficile la création d'infrastructures dans nombre de pays de la région. En outre, nombre d'États de la région se trouvent dans des zones très sensibles aux catastrophes naturelles et aux aléas climatiques, a-t-il insisté. M. Ocampo s'est par ailleurs dit convaincu de l'avantage particulier des processus sous-régionaux qui amènent une intégration beaucoup plus poussée que celle suscitée par les processus menés à plus grande échelle. À cet égard, l'accord récent conclu entre le Mexique et les pays de l'Isthme centraméricain ouvre de nouvelles perspectives d'intégration.

Mme Tallawy, Secrétaire exécutive de la CESAO, a mis l'accent sur la collaboration qui s'est établie entre la CESAO et certaines institutions régionales telles que la Ligue arabe. En ce qui concerne le financement du développement, la CESAO a mené des consultations régionales dont il est ressorti que les principaux problèmes rencontrés en la matière concernaient la nécessité d'élargir les marchés, de résoudre le problème de la dette et d'encourager l'épargne au niveau local. Au niveau régional, la CESAO s'efforce de promouvoir la complémentarité des pays de la région en tirant parti de leur diversité, a souligné Mme Tallawy.





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