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Communiqués de presse

LE DEBAT DE HAUT NIVEAU SOULIGNE QUE LA REALISATION DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE EXIGE DE LUTTER CONTRE LA PAUVRETE RURALE

30 Juin 2003



Conseil économique et social
30 juin 2003



GENEVE, 30 juin -- Le Conseil économique et social a entamé, cet après-midi, son débat de haut niveau consacré, cette année, à la promotion d'une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement aux fins de l'élimination de la pauvreté et d'un développement durable. Il a entendu dans ce cadre les déclarations d'une douzaine de personnalités de haut rang représentant notamment diverses institutions des Nations Unies. Une partie de l'après-midi a été consacrée à la tenue de quatre tables rondes de haut niveau respectivement consacrées aux questions suivantes: ressources naturelles et développement rural dans les pays en développement; approche intégrée de la réalisation des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire dans le domaine du développement rural; partenariats mondiaux pour le développement rural; interface rurale/urbaine et bidonvilles. En fin de journée, des rapports sur ces tables rondes ont été présentés en plénière du Conseil.

M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que le développement humain ne se limite pas aux considérations de revenus et que les programmes d'élimination de la pauvreté sont des programmes d'émancipation et de renforcement des capacités des pauvres.

Outre M. Desai, les personnalités suivantes ont pris la parole au cours du débat: M. Jacques Diouf, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO); Mme Eveline Herfkens, Coordonnatrice exécutive de la Campagne des objectifs du Millénaire en matière de développement; M. James T.Morris, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM); M. Lennart Bage, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA); Mme Mamphela Ramphele, Directrice générale de la Banque mondiale; Mme Anna Tibaijuka, Directrice exécutive de ONU-Habitat; M. Carlos Magariños, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI); Mme Thoraya Obaid, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); M. Antonio Maria Costa, Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime; M. Ibrahim Gambari, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Afrique; M. Anwarul K.Chowdhury, Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

Rappelant que d'ici à 2025, 60% des pauvres continueront de vivre en zone rurale, nombre d'intervenants ont souligné que la réalisation des objectifs du Millénaire exige que soit menée la lutte contre la pauvreté rurale. Le développement rural est donc au cœur du développement durable, ont-ils insisté.

Le Conseil poursuivra demain matin, à 10 heures, son débat général dans le cadre du «débat de haut niveau».

Débat de haut niveau consacré à la promotion d'une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement aux fins d'élimination de la pauvreté

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et social, a de nouveau rappelé que le développement humain ne se limite pas aux considérations de revenus et que les programmes d'élimination de la pauvreté sont des programmes d'émancipation et de renforcement des capacités des pauvres. Ainsi, il importe non seulement d'identifier les besoins des pauvres, mais aussi de développer les infrastructures économiques et sociales. Il a estimé qu'il fallait conjuguer une approche fondée sur les ménages et une approche plus territoriale fondée sur les infrastructures. Il convient de comprendre que les programmes d'élimination de la pauvreté ne sont plus de simples programmes d'assistance, mais définissent une approche globale intégrée, a-t-il insisté.

M. JACQUES DIOUF, Directeur général de la FAO, a rappelé que l'on ne saurait espérer réaliser la sécurité alimentaire ou les objectifs de réduction de la pauvreté d'ici à 2015 si l'on ne s'emploie pas à identifier les sources de revenus des pauvres. Il a regretté que les revenus des agriculteurs des pays en développement continuent de diminuer. Si les choses ne changent pas, l'objectif visant à réduire de moitié le nombre de personnes qui ont faim ne sera pas atteint avant 2050, a-t-il déploré. C'est pourquoi il importe de modifier l'approche avec laquelle les politiques agricoles sont élaborées, a-t-il poursuivi. M. Diouf a illustré son propos en expliquant que, faute d'un investissement dans les ressources en eau en Afrique subsaharienne, moins de 14 % des terres arables resteront convenablement irriguées. Il a posé la question de savoir s'il était raisonnable d'investir des millions pour augmenter les productions sans investir dans les infrastructures telles que les systèmes d'approvisionnement en eau, ou l'acheminement et la conservation des produits agricoles. M. Diouf a ensuite attiré l'attention sur le rôle important joué par le commerce dans la réalisation de la sécurité alimentaire. Si les pays les moins avancés ne sont pas en mesure de bénéficier des occasions offertes par le marché, faute d'infrastructure leur permettant de mettre leurs produits sur ces marchés, les efforts de développement restent vains, a-t-il remarqué.

MME EVELINE HERFKENS, Coordonnatrice exécutive de la Campagne des objectifs du Millénaire en matière de développement, a souligné que dans le cadre de la table ronde sur une "approche intégrée de la réalisation des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire dans le domaine du développement rural" qu'elle copréside aujourd'hui, il conviendra d'admettre en premier lieu, si l'on veut effectivement réduire la population pauvre et affamée dans le monde, que ce sont bien les populations rurales qui composent la majorité des pauvres. Étant donné que pour les pauvres des zones rurales, l'accès aux services de base tels que la santé et l'éducation est plus difficile que pour les populations urbaines, il faudra aussi voir comment pourrait être amélioré l'accès à ces services en milieu rural. Il importera aussi se pencher sur la question de la baisse de l'APD consacrée au développement rural. Il conviendra enfin d'avoir à l'esprit que la majorité de la population rurale mondiale vit dans les pays en développement, mais que ceux-ci ne comptent que pour un tiers dans la part des exportations agricoles mondiales.

M. JAMES T. MORRIS, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré que rien n'est plus important au monde que d'investir dans des infrastructures en faveur de l'agriculture. Il a souligné que l'OMS n'hésite pas à dire que la faim est le premier problème de santé dans le monde. Trop souvent, le monde appréhende la question de l'éradication de la faim en termes purement humanitaires. Or, ce n'est pas seulement un impératif moral qui doit motiver nos efforts pour mettre fin à la famine car la faim a aussi un impact négatif sur le développement, en particulier dans les zones rurales, a-t-il souligné. La faim est l'ultime menace qui pèse sur le développement durable, a-t-il insisté. Faisant observer que l'on ne peut manger aujourd'hui avec l'argent que l'on escompte gagner l'an prochain, il a déclaré que répondre aux besoins de consommation alimentaire immédiats de ceux qui ont faim n'est pas seulement un geste humanitaire; cela constitue aussi un filet de sécurité et une assurance contre la perte complète des bénéfices économiques engrangés par les ménages grâce aux efforts de développement du passé.

M. LENMART BÅGE, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a rappelé que la question de la faim dans le monde n'est pas liée à un manque de vivres mais à une défaillance dans l'accès à ces vivres. Il a souligné l'importance des partenariats à mettre en oeuvre pour traiter de la question du développement qui demande une approche pluridimensionnelle intégrée. Il a fait valoir que la clé du développement se trouve dans une meilleure répartition et valorisation des ressources naturelles et nationales et a rappelé qu'au-delà des questions de commerce, une demande d'aide précise doit émaner des pays en développement. Toutefois, il ne faut pas négliger l'aide publique au développement qui doit être non seulement augmentée mais mieux adaptée pour répondre aux demandes des pays en développement. Dans ce contexte, il convient de s'employer à réaliser une plus grande cohésion et de meilleurs partenariats afin que les politiques commerciales ne reprennent pas ce qui a été accordé au titre de l'aide publique au développement.

MME RAMPHELE, Directrice exécutive de la Banque mondiale, a elle aussi souligné l'importance des partenariats, notamment avec la société civile et les associations locales. Il convient en outre que ces partenariats veillent à ce que les pays aient accès non seulement aux technologies nécessaires, y compris les technologies de l'information et de la communication, mais aussi aux marchés, a-t-elle estimé.

MME ANNA TIBAIJUKA, Directrice exécutive de ONU-Habitat, rappelant qu'elle copréside aujourd'hui la table ronde intitulée "interface rurale/urbaine et bidonvilles", a souligné que les stratégies envisagées pour traiter de cette question échoueront si les stratégies urbaines ne sont pas prises en compte. Les petites villes servent en effet à stimuler le développement rural, notamment en fournissant des emplois saisonniers, a-t-elle indiqué. Certes environ 60% des populations des pays en développement vivent encore en milieu rural, mais les migrations des campagnes vers les villes se développent très rapidement. En Amérique latine, par exemple, 75% de la population sont urbanisés. Il faut donc promouvoir une approche équilibrée du développement territorial et la stratégie à cet effet doit comporter une composante rurale et une composante urbaine.

M. CARLOS MAGARINOS, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a souligné que les pays les moins avancés (PMA) ont besoin de réformes structurelles dans leurs modes de production et d'exportation. Il a fait observer que la transition de la production du secteur agricole vers le secteur industriel est une force motrice majeure de la transformation économique et technologique. Dans ce contexte, la diversification vers des activités rurales non agricoles, initialement basée sur la transformation des ressources naturelles, revêt une importance capitale. Le Directeur général de l'ONUDI a mis l'accent sur l'importance qu'il y a à stimuler les capacités productives génératrices de revenus afin de promouvoir des marchés locaux durables.

MME THORAYA OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a posé la question des femmes en milieu rural qui doivent figurer au rang des priorités du développement rural. Ainsi, il convient de veiller à l'adoption de programmes et de politiques qui se renforcent mutuellement et permettront aux femmes de passer à l'action pour exiger le respect de leur droit, a-t-elle estimé. Dans ce contexte, elle a rappelé que le nombre de foyers dirigés par des femmes continuaient d'augmenter et qu'il fallait donc assurer la transmission de la propriété aux femmes et garantir leurs droits dans tous les domaines de l'économie. Par ailleurs, elle a souligné l'importance de la santé reproductive et génésique pour parvenir à la réalisation des objectifs du millénaire. Elle a illustré son propos en indiquant que les femmes en milieu rural ne bénéficient pas d'un accès égal aux soins de santé ce qui se traduit par des taux de mortalité natale et infantile plus élevés. Elle a ensuite dénoncé les comportements sexuels irresponsables qui contribuent à la propagation de la pandémie du VIH/sida dans les zones rurales et profitent du manque d'information de la population féminine qui y est exposée. Dans un tel contexte, il importe d'investir dans le domaine de la santé génésique, seule garantie d'une véritable amélioration de la situation des femmes dans les zones rurales, a-t-elle déclaré sous les applaudissements.

M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a attiré l'attention sur les liens qui existent entre le développement rural intégré et le mandat de son Office, sis à Vienne. Il a regretté que la question des cultures illicites de stupéfiants soit trop souvent négligée sous prétexte que le pourcentage de terres arables consacrées à ces cultures reste faibles alors même que les problèmes qui découlent de ces cultures et du trafic de stupéfiants sont considérables dans le monde entier. Il a observé que ces cultures sont souvent situées dans des zones en proie à des conflits que les revenus de ces cultures contribuent à alimenter. Il a ensuite évoqué la question du développement alternatif qui ne se limite pas à la destruction des cultures illicites, mais prend en compte la culture locale et les questions de développement à long terme. Il a fait part de besoin de crédits pour des cultures de substitution, mais aussi de la nécessité de développer les infrastructures, et a insisté sur le fait que le développement durable dépendait aussi d'une baisse de la criminalité.

M. IBRAHIM GAMBARI, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Afrique, rappelant que le bureau qu'il dirige a été créé le 1er mai de cette année, a souligné que d'ici à 2025, 60% des pauvres continueront de vivre en zone rurale. Aussi, la réalisation des objectifs du Millénaire exige que soit menée la lutte contre la pauvreté rurale. Le développement rural est donc au cœur du développement durable, a-t-il insisté. En Afrique, étant donné les répercussions du sida et la stagnation économique, la situation se détériore en milieu rural, a-t-il fait observer. Le NEPAD est devenu le principal cadre de politique générale pour le développement de l'Afrique, a rappelé M. Gambari.

M. ANWARUL K.CHOWDHURY, Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a rappelé que plus de 700 millions de personnes vivant dans les PMA constituent la partie la plus pauvre de la population mondiale. L'insécurité alimentaire est la manifestation la plus caractéristique de la pauvreté, a-t-il également rappelé. Une hausse de l'aide publique au développement consacrée aux zones rurales et à l'agriculture est essentielle pour le renforcement de l'économie des PMA, a en outre souligné M. Chowdhury. L'allégement de la dette des PMA est aussi un important moyen de dégager des ressources aux fins de l'éradication de la pauvreté dans les zones rurales, a-t-il ajouté. Il convient en outre de favoriser l'accès des pauvres ruraux aux biens de production et d'accroître en milieu rural l'accès aux services financiers.

Rendant compte de la table ronde sur les ressources naturelles et le développement rural dans les pays en développement, qu'il a coprésidée avec M. Jacques Diouf, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), M. VALLI MOOSA, Ministre de l'environnement et du tourisme de l'Afrique du Sud, s'est félicité de la qualité du débat qui s'est instauré dans ce cadre. La discussion a été centrée sur la nécessité d'avoir une meilleure gestion des ressources naturelles et du développement rural. Plusieurs intervenants ont également fait des remarques sur la sécurité alimentaire, la famine et la production agricole. À cet égard, la famine chronique a été considérée comme une véritable arme de destruction massive. Par ailleurs, les intervenants ont souligné la nécessité d'inclure les habitants des forêts dans la discussion des politiques qui les concernent, notamment en vue de transformer les activités forestières en industries durables. En outre, la discussion a mis en exergue la nécessité de valoriser le savoir local et sa transmission.

M. JAN O.KARLSSON, Ministre de la coopération pour le développement de la Suède, a rendu compte de la table ronde consacrée à l'approche intégrée de la réalisation des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire dans le domaine du développement rural qu'il a coprésidée avec Mme Eveline Herfkens, Coordonnatrice exécutive de la Campagne des objectifs du millénaire en matière de développement, indiquant notamment que la discussion avait permis de réaffirmer le lien qui existe entre, d'une part, de l'éradication de la pauvreté et, de l'autre, les objectifs relatifs à la santé et à l'autonomisation des femmes, des groupes autochtones et des minorités. Il a été relevé que les stratégies basées sur l'offre ont été abandonnées au profit de celles fondées sur la demande. L'importance de la coopération et de l'interaction Sud-Sud a en outre été rappelée. Le problème de l'accès aux marchés a également été soulevé, de même que la nécessité d’adapter la production aux besoins des marchés. Nombre d'intervenants ont mis l'accent sur l'importance de la santé génésique, qui doit être considérée comme un droit de l'homme, tous les pays devant appliquer à cet égard les décisions prises en 1994 (lors de la Conférence du Caire). L'Argentine a pour sa part fait observer que l'abandon des subventions agricoles est la seule solution viable permettant d'assurer l'accès aux marchés, a indiqué M. Karlsson.

À propos de la table ronde sur les partenariats mondiaux pour le développement rural, coprésidée par M. Lennart Båge, Président du Fonds international de développement agricole et Mme Mamphela Ramphele, MME EUGENIA DE AVILA, Ministre des affaires étrangères d'El Salvador, a déclaré que les intervenants étaient convenus que l'objectif commun des grandes conférences était d'éradiquer la pauvreté mais qu'aucune stratégie globale n'avait été définie. La discussion a mis l'accent sur la nécessité de considérer les pauvres comme de véritables partenaires dans l'élaboration des politiques et dans leur mise en oeuvre. Il a été recommandé de mettre en place un véritable cadre financier afin d'attirer les investissements tant publics que privés vers les régions rurales. Les intervenants ont insisté sur l'importance des partenariats mondiaux pouvant permettre la réalisation des objectifs du millénaire. La discussion a en outre mis en lumière la nécessité d'échanger des informations concernant entre autres les bonnes pratiques et les expériences, a-t-elle indiqué.

M. IVAN SIMONOVIC, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a rendu compte de la table ronde intitulée "interface rurale/urbaine et bidonvilles", qu'il a coprésidée avec la Directrice exécutive de ONU-Habitat, Mme Anna Tibaijuka, en indiquant que cette table ronde a conclu que l'urbanisation est un processus inévitable, - et positif pour les pays en développement. L'urbanisation doit cependant aller de pair avec un développement des infrastructures et de la planification. Mais aucune planification ne pourra résoudre le problème de l'insuffisance des ressources financières. Les crédits au logement pourraient s'avérer être une solution satisfaisante pour prévenir la création de bidonvilles et de taudis urbains, a-t-il été souligné. En outre, si les transports sont adéquats, les gens restent dans leurs villages et prennent ces transports pour se rendre dans les villes, ont fait remarquer certains. Il a également été souligné que la création de villes de taille moyenne est importante si l'on veut empêcher la création de bidonvilles.

Rapports soumis dans le cadre du débat de haut-niveau

Le rapport du Comité des politiques du développement (E/2003/33) souligne qu'il importe de résoudre d'urgence le problème de la pauvreté rurale et que les gouvernements tout comme le marché ont un rôle à jouer dans l'amélioration des conditions de vie des populations rurales des pays en développement. Dans ce contexte, le Comité estime que les pays en développement et la communauté internationale devraient s'atteler, en priorité, à étendre les services d'éducation et de santé et encourager les populations rurales à les utiliser. Il convient aussi d'accroître la productivité agricole et les activités autres qu'agricoles en faisant appel à la technologie, à la diversification et aux facteurs de production ainsi qu'au crédit. Il convient en outre d'améliorer l'accès aux marchés locaux, nationaux et internationaux, et d'examiner l'ensemble des politiques dans une perspective rurale privilégiant les femmes.

Sur la question des biens collectifs mondiaux et des mécanismes de financement novateurs pour la réalisation d'un développement durable, les délibérations du Comité ont été axées sur la contribution que la notion de bien collectif mondial peut apporter dans la réflexion sur le développement. À cet égard, le Comité estime qu'il est nécessaire de sensibiliser davantage l'opinion publique à l'importance des biens collectifs mondiaux, tels que, par exemple, la santé ou l'éducation, afin de mobiliser les ressources nécessaires pour la fourniture de ces biens. Il estime également que le mode de financement actuel des biens collectifs mondiaux, fondé sur le détournement de l'aide publique au développement, ne constitue pas un instrument efficace pour la fourniture de ces biens et qu'il faut concevoir des arrangements institutionnels et financiers d'un type nouveau. Il convient notamment d'envisager de faire appel à de nouvelles sources de financement, renforcer les structures de décision au niveau international pour surmonter les obstacles qui sont à l'origine du déficit actuel des biens collectifs mondiaux et accroître le rôle du secteur privé dans ce domaine.

Dans le cadre de son examen de la liste des pays les moins avancés (PMA), le Comité a fixé à une moyenne triennale de 750 dollars par habitant le seuil d'inscription dans la catégorie des PMA au regard du critère du revenu national brut par habitant. Le Comité a conclu, notamment, que le Timor oriental remplit les conditions requises pour être inscrit sur la liste des PMA, alors que le Cap-vert et les Maldives peuvent en être retirés. Il conclut aussi que Samoa est dans une situation telle que la question de son retrait de la liste puisse être examinée en 2006. Le Comité souligne avec force la nécessité de ménager une transition sans heurt pour les pays qui sont retirés de la liste des PMA et demande à la communauté internationale, y compris les donateurs bilatéraux et partenaires commerciaux, d'être attentifs à cette question.

Pour sa prochaine session en 2004, le Comité propose d'examiner la question de la création des capacités locales afin d'améliorer, entre autres, le niveau d'instruction en vue d'un développement durable et de fournir des biens publics locaux.

Le rapport sur la situation économique et sociale dans le monde, 2003 (E/2003/70) souligne qu'après le ralentissement de 2001, l'économie mondiale n'a pas encore retrouvé un rythme de croissance. Le produit mondial brut a augmenté de moins de 2% en 2002, deuxième année consécutive où le taux de croissance a été nettement inférieur au taux potentiel. La Chine et l'Inde, et divers pays en transition, constituent des exceptions notables à la tendance relevée dans la majorité des pays. Dans l'ensemble, les premières années du nouveau Millénaire ont été une déception pour la majorité des pays en développement, quelques-uns étant même en régression. On prévoit maintenant pour le deuxième semestre de 2003 une reprise à l'échelle mondiale; le produit mondial brut devrait augmenter de 2,25% pour l'ensemble de l'année, cette croissance devant même s'accélérer pour dépasser légèrement 3% en 2004. Les pays développés, et surtout les Etats-Unis devraient être à la tête de ce mouvement de reprise et donner une impulsion à l'activité dans le reste du monde. Cependant, les échanges et les mouvements de capitaux internationaux continueront à être sensiblement moins dynamiques que durant les années 90, les exportations augmentant de moins de 4% en 2003. De plus, l'impulsion apportée par les Etats-Unis sera relative, pour beaucoup de pays si la récente dépréciation du dollar par rapport à leur monnaie persiste. Dans ces circonstances, quelques pays en développement seulement devraient avant la fin de 2004 retrouver les taux de croissance souhaitables à long terme. Les pays en transition, par contraste, devraient continuer à résister assez bien aux effets de ce ralentissement.

Certains risques économiques qui pourraient menacer la croissance mondiale à court terme sont bien répertoriés, ajoute le rapport. Le plus important est la nature de l'ajustement inévitable du déficit extérieur des Etats-Unis, processus qui semble avoir commencé avec la dépréciation du dollar. Le risque de déflation, dans un nombre grandissant de pays, est un deuxième problème, lié au précédent.

Dans son rapport sur la promotion d'une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement en faveur de l'élimination de la pauvreté et du développement durable (E/2003/51), le Secrétaire général présente des recommandations pratiques sur la façon dont on peut favoriser une approche intégrée du développement rural qui tienne compte des dimensions économiques, sociales et écologiques, à l'aide d'un certain nombre de politiques et de programmes qui se renforcent mutuellement et qui portent sur toutes sortes de questions relatives au développement rural. Toute approche intégrée doit notamment viser à créer un cadre d'action porteur au niveau macroéconomique qui favorise l'élimination de la pauvreté et le développement durable dans les zones rurales, notamment en examinant tout particulièrement pendant le cycle de négociations de Doha, les questions concernant les échanges de produits agricoles et l'accès aux marchés, la réduction des obstacles tarifaires et l'atténuation maximale des effets de la fluctuation des prix des matières premières. Toute approche intégrée doit également viser à inverser la tendance au déclin des ressources publiques locales et de l'aide publique au développement fournies aux zones rurales et au secteur agricole et créer les conditions nécessaires pour attirer davantage d'investissements privés dans le secteur rural. Cette approche intégrée doit en outre viser, entre autres, à éliminer les contraintes liées à l'offre au niveau national, en particulier dans les pays les moins avancés (insuffisance des infrastructures et de la connaissance du marché) et accroître la capacité de production de ces pays (augmentation des taux de productivité, revalorisation et diversification de la production, et amélioration de la compétitivité générale en matière d'exportation). Il convient en outre de donner aux pauvres les moyens de sortir de la pauvreté en augmentant leur pouvoir d'intervention dans la prise de décisions sur l'affectation des ressources.




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