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Communiqués de presse

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ENTAME SON DÉBAT CONSACRÉ AUX AFFAIRES HUMANITAIRES

11 Juillet 2001



ECOSOC
11 juillet 2001
Matin




Le Conseil économique et social a entamé, ce matin, son débat consacré aux affaires humanitaires dont le thème retenu pour cette année est le «renforcement de la coordination de l'assistance humanitaire d'urgence des Nations Unies».

Le Vice-Président du Conseil, M. Mikhail Wehbe, a fait une brève déclaration d'introduction dans laquelle il a précisé que depuis le mois dernier seulement, se sont produites d'importantes inondations en Sibérie (Fédération de Russie) alors qu'un tremblement de terre d'intensité 7,9 sur l'échelle de Richter a frappé le Pérou. De telles crises soulignent une fois de plus la nécessité de prévenir les catastrophes et de s'y préparer ainsi que la nécessité de renforcer les capacités de réponse humanitaire aux niveaux national et régional, a-t-il affirmé.

Dans le cadre de l'examen de cette question, le Conseil est saisi du rapport du Secrétaire général sur les nouveaux progrès réalisés dans le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'ONU. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, M. Kenzo Oshima, a présenté le rapport en précisant que ce document met l'accent sur l'importance de l'accès aux populations vulnérables, sur la sécurité du personnel humanitaire, sur l'existence et l'impact de mesures d'économie de guerre» dans les crises humanitaires, ainsi que sur la nécessité d'assurer un lien entre l'aide, la réhabilitation et le développement - autant de défis qui surviennent dans un contexte où les conflits sont de plus en plus souvent internes et où les catastrophes naturelles sont plus nombreuses.

Le Conseil a par ailleurs entendu une déclaration de Mme Catherine Bertini, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a souligné l'importance qu'il y a à apporter une aide destinée à rétablir une activité normale après les secours d'urgence ainsi qu'à assurer la sécurité du personnel des Nations Unies à travers le monde.

Les représentants des pays suivants ont également pris la parole: République islamique d'Iran (au nom du Groupe des 77), Belgique (au nom de l'Union européenne et des pays associés), États-Unis, Japon, Canada, République de Corée, Mexique, Suisse, Norvège, Bélarus, Brésil et Fédération de Russie.

Nombre d'intervenants ont insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité du personnel humanitaire à travers le monde. Plusieurs délégations ont apporté leur appui à la proposition du Secrétaire général des Nations Unies visant à ce que soit créée, au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, une petite unité chargée des personnes déplacées, étant donné que le nombre de ces personnes représente désormais plus du double de celui des réfugiés. L'accent a également été mis sur l'opportunité d'utiliser les nouvelles technologies, en particulier dans le domaine de l'information et des communications, afin de mieux prévenir les catastrophes naturelles, de s'y préparer et d'y répondre.


Le Conseil poursuivra cet après-midi, à 15 heures, son débat consacré aux affaires humanitaires.


Présentation du rapport sur la coordination de l'aide humanitaire d'urgence

M. KENZO OSHIMA, Secrétaire général adjoint affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les nouveaux progrès réalisés dans le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies (A/56/95-E/2001/85) et a rappelé que, dans sa résolution 46/182 de 1992, l'Assemblée générale définissait les bases de l'assistance humanitaire d'urgence, les relations entre les Nations Unies et les États membres ainsi que les mécanismes de renforcement de la coordination et la distribution efficace de l'aide humanitaire. Le rapport met l'accent sur l'importance de l'accès aux populations vulnérables, la sécurité du personnel humanitaire, l'existence et l'impact des «économies de guerre» dans les crises humanitaires, le développement en ce qui concerne les sanctions et la nécessité d'assurer un lien entre l'aide, la réhabilitation et le développement. Ces défis arrivent dans un contexte ou les conflits sont internes et ou les désastres naturels son plus nombreux et coûtent plus cher. Ces crises démontrent la nécessité de renforcer la capacité de prévention et les moyens de renforcer la réponse humanitaire au niveau national et régional.

M. Oshima a souligné qu'un grand nombre de composantes des Nations Unies sont engagées dans les activités humanitaires, ainsi que le mouvement de la Croix Rouge et un grand nombre d'organisations gouvernementales et non gouvernementales. Il est donc très important de s'assurer d'une coordination adéquate du travail des différents acteurs pour optimiser l'accès aux ressources à ceux qui en ont besoin. M. Oshima a, par ailleurs, souligné l'importance de renforcer les efforts nationaux et régionaux pour être en mesure de répondre à des situations de catastrophe naturelle. En ce qui concerne les personnes déplacées, le Secrétaire général a décidé en 1997 que le Coordonnateur de l'aide d'urgence aurait la responsabilité d'examiner et de répondre aux besoins des personnes déplacés, et, en 2000, un réseau spécial interinstitutions pour les personnes déplacées a été créé, dirigé par le Coordonnateur spécial, M. Dennis McNamara. Enfin, le Secrétaire général a demandé la création, au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, d'une petite unité chargée des personnes déplacées.

En ce qui concerne les ressources, M. Oshima a déclaré que les Nations Unies avaient reçu des contributions généreuses mais que cela ne suffisait pas. À cet égard, le Conseil doit souligner la grave situation humanitaire que nous connaissons aujourd'hui dans le monde. M. Oshima souhaite lancer une étude sur la distribution des ressources, en particulier pour redresser le déséquilibre entre la fourniture d'aide alimentaire et d'autres formes d'aide, notamment médicale et sanitaire. Il a enfin préconisé un renforcement du partenariat entre les organismes des Nations Unies et les gouvernements des États touchés.

Dans con rapport sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence (A/56/95-E/2001/85) le Secrétaire général relève que les situations d'urgence complexes se caractérisent de plus en plus par l'existence de conflits internes qui mettent aux prises les parties et les intérêts les plus divers. Il relève également le rôle que joue l'économie de guerre dans la perpétuation des conflits et souligne que l'ampleur des déplacements de populations causés par les conflits ne cesse de s'aggraver. Dans les conflits, poursuit le rapport, les civils sont de plus en plus pris comme cibles et sont contraints de participer aux hostilités. Les travailleurs humanitaires eux_mêmes opèrent de plus en plus près des zones de combat, courant ainsi un risque énorme et s'exposant à des pertes inacceptables. Néanmoins, il demeure très difficile d'avoir accès aux nombreuses populations vulnérables et de les aider. En même temps, les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes, relève le rapport. Pour toutes sortes de raison, notamment la pauvreté, la mauvaise planification, le caractère limité de la prévention, de la préparation et des mécanismes d'intervention, les sociétés sont de plus en plus vulnérables aux catastrophes naturelles. Bien que certaines lacunes subsistent, la prise en compte des perspectives de relèvement et de développement se fait maintenant beaucoup plus tôt dans l'organisation de l'action préventive et de la lutte contre les effets des catastrophes. L'ensemble des humanitaires commence seulement à tirer parti de tous les avantages que la technologie peut offrir dans la mise en œuvre d'une action humanitaire plus efficace et mieux coordonnée, fait observer le rapport.

Afin de renforcer la coordination de l'assistance humanitaire, le Secrétaire général suggère notamment d'inviter les États membres et les organisations humanitaires à aider le Coordonnateur des secours en cas de catastrophes à remplir ses fonctions et notamment à négocier de meilleures conditions d'accès aux populations vulnérables pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Il recommande en outre d'aider le Comité permanent interorganisations à améliorer la réaction coordonnée aux situations d'urgence humanitaire et d'envisager favorablement une utilisation plus efficace du Fonds central autorenouvelable d'urgence. Il faudrait en outre engager les États membres à coordonner l'affectation de ressources au processus d'appel global et à veiller à financer de façon équilibrée l'ensemble des projets. Il faudrait également inviter les États membres à prêter spécialement attention à un financement adéquat des mesures de sécurité du personnel humanitaire. Le Secrétaire général recommande par ailleurs de demander à la communauté internationale de soutenir plus activement aux niveaux régional et national l'action de prévention, la préparation aux catastrophes naturelles et le potentiel d'intervention, notamment par une assistance technique et financière. Il faudrait aussi encourager les États membres et les organes régionaux à élaborer et tenir à jour des plans d'intervention d'urgence humanitaire en cas de catastrophe naturelle et de crise environnementale ou de crise complexe, avec le concours des coordonnateurs résidents des Nations Unies, des coordonnateurs pour les affaires humanitaires et des équipes techniques des Nations Unies. Le Secrétaire général recommande par ailleurs d'encourager les États membres à constater le rôle constructif que les populations touchées par une crise peuvent jouer dans la fourniture d'une aide humanitaire et, par la suite, dans les activités de relèvement et de consolidation de la paix.

Aperçu du débat consacré aux affaires humanitaires

MME CATHERINE BERTINI, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), a souligné que toutes les activités du PAM ont un caractère humanitaire. Près de 80% des activités du PAM s'inscrivent dans le cadre de situations d'urgence ainsi que de l'aide aux réfugiés, a-t-elle insisté. En vertu d'un protocole d'accord conclu en coopération avec le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le PAM a été désigné institution responsable de l'aide lorsque le nombre de réfugiés est supérieur à 5 000. Ces dernières années, a poursuivi la Directrice exécutive, le PAM a consacré l'essentiel de ses activités à l'assistance à la République populaire démocratique de Corée, à la Corne de l'Afrique et à l'Afghanistan. En Corée du Nord, le PAM apporte une aide à huit millions de personnes, soit un tiers de la population. En ce qui concerne l'Afghanistan, les problèmes rencontrés sont très divers et la coordination entre institutions des Nations Unies s'avère absolument indispensable pour faire face à la situation dans ce pays, a précisé Mme Bertini. Pour ce qui est de l'Afrique, Mme Bertini a souligné qu'elle s'est rendue en tant qu'Envoyée spéciale dans les régions touchées par la sécheresse. D'excellents résultats ont été obtenus en matière de coordination des activités de secours dans les trois régions évoquées ici, a assuré la Directrice exécutive.

Mme Bertini a attiré l'attention sur l'importance qu'il y a à apporter une aide destinée à rétablir une activité normale après les secours d'urgence. Or, à l'heure actuelle, il n'existe pas de mécanisme permettant de passer de l'état d'urgence à l'étape de normalisation, a déploré Mme Bertini. L'ONU doit veiller à prendre toutes les mesures possibles pour garantir la sécurité de son personnel à travers le monde, a ajouté Mme Bertini après avoir rappelé le décès de Jean_Pierre Lhommée (personnel de sécurité du PNUD) survenu récemment en République centrafricaine.

M. BAGHER ASADI (République islamique d'Iran) au nom du groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que la nature des situations d'urgence a fortement évolué avec l'apparition de conflits internes et l'augmentation du nombre de catastrophes naturelles, dont 90% des victimes vivent dans des pays en développement. À cet égard, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de prévention au niveau national et régional dans les pays en développement correspondant au niveau développement de ces mêmes pays. Par ailleurs, certains conflits internes sont le résultat de problèmes économiques et sociaux et il parait donc nécessaire d'assurer une croissance économique soutenue pour réduire les situations de crises.

Le groupe des 77 et la Chine estiment que ce sont les gouvernements des différents pays concernés qui doivent, en collaboration avec les différents organismes des Nations Unies et la société civile, élaborer des plans de stratégie de réponses rapides pour réduire les pertes en vies humaines et les dommages économiques lors de situations de crise. M. Asadi a rappelé qu'au cours des 10 dernières années, les déplacements de population ont été beaucoup plus nombreux, particulièrement dans les situations de conflit interne. À cet égard, la communauté internationale doit aider les gouvernements à la demande des États concernés. Les conflits ou catastrophes naturelles dans les pays les moins développés entraînent un grand nombre de personnes déplacées et cela inquiète le groupe des 77 et la Chine. Il est important, dans ces situations, de porter une attention toute particulière aux groupes les plus vulnérables.

M. Asadi a également insisté sur l'importance de garantir la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain lors des crises. Trop de cas de meurtre ou de séquestration ont été enregistrés et demeurent une réelle préoccupation. Le financement reste également une préoccupation essentielle malgré une hausse des contributions. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour mobiliser l'attention de la communauté internationale, mais les gouvernements des pays concernés doivent également tenter d'éradiquer les causes des crises par des mesures de prévention et en renforçant les politiques de développement. Le groupe des 77 et de la Chine estiment que le renforcement du rôle de l'ECOSOC peut apporter une contribution et demeure essentiel.

M. MICHEL GOFFIN (Belgique, au nom de l'Union européenne et des pays associés) a demandé au Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Kenzo Oshima, de veiller à ce que la mise en œuvre de la restructuration du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, en particulier par le renforcement de la capacité de coordination sur le terrain et de l'établissement d'une nouvelle unité consacrée aux déplacements internes, se fasse au plus vite, mais pas au détriment des opérations sur le terrain. Un financement adéquat semble en outre indispensable en vue de réaliser au mieux le mandat du Bureau. L'expérience et l'expertise des organisations non gouvernementales contribuent de façon non négligeable à l'efficacité de la réponse aux besoins humanitaires, a par ailleurs rappelé le représentant belge.

M. Goffin a fait valoir que l'Union européenne est de loin le principal donateur d'aide humanitaire puisqu'en 2000, elle a contribué à hauteur de 47,6% du total de l'aide humanitaire publique (soit un peu plus d'un milliard et demi d'euros). En plus des contributions des États membres, l'Office de l'aide humanitaire de la Commission européenne a consacré en moyenne chaque année, durant la période 1994-2000, 625 millions d'euros à la cause humanitaire, ce qui en fait le plus important bailleur de fonds individuel de l'action humanitaire. L'Union européenne encourage toutes les organisations humanitaires à participer activement au processus d'appels consolidés inter-institutions en tant qu'instrument de coordination essentiel des Nations Unies. Il serait toutefois souhaitable de clarifier davantage leurs objectifs, tant en termes de financement que de coordination et de planification stratégique. Tout en reconnaissant l'importance du rôle du Comité permanent interorganisations, l'Union européenne regrette un certain manque de transparence dans ses méthodes de travail; des briefings organisés pour informer régulièrement les États membres pourraient sans aucun doute pallier cette lacune, a estimé le représentant. L'Union européenne préconise en outre une approche plus intégrée lors de la mise sur pied d'opérations de maintien ou de rétablissement de la paix, en synergie avec les activités humanitaires, sans toutefois contrevenir ni à la nécessaire indépendance des activités humanitaires ni à l'intégrité de l'espace humanitaire.

Le représentant de l'Union européenne a mis en évidence le lien qui existe souvent entre les crises humanitaires et les droits de l'homme, soulignant que les situations humanitaires d'urgence sont fréquemment précédées d'une recrudescence des violations de droits de l'homme. Il a mis l'accent sur l'importance de mettre en place des systèmes de prévention, de planification préalable et d'alerte rapide, ainsi que sur l'importance de développer une capacité de réponse suffisante, étant donné qu'il est vital que des secouristes puissent être opérationnels dans des délais très courts. La technologie contribue aussi, après les catastrophes, à une meilleure coordination des opérations humanitaires. Les situations de conflit se sont aggravées de manière inquiétante ces dernières années, partout dans le monde, a poursuivi le représentant, qui a souligné que 90% des victimes font partie de la population civile. Le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays augmente de façon dramatique et représente désormais près du double de celui des réfugiés. L'Union européenne salue la proposition du Secrétaire général de mettre en place une petite unité au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires afin d'augmenter l'efficacité et la coordination des réponses aux besoins des personnes déplacées. Étant donné que l'une des principales difficultés auxquelles est confrontée l'action humanitaire réside dans la sécurité du personnel, l'Union européenne réitère son appel à toutes les parties concernées à remplir leurs obligations de manière inconditionnelle afin que l'aide puisse être acheminée dans le respect du droit humanitaire international.

MME BETTY KING (États-Unis) a déclaré que les États_Unis ont activement soutenu la création du Bureau de coordination humanitaire qui a permis le renforcement du processus d'appel global (CAP). Les États-Unis encouragent les organismes non gouvernementaux à participer aux réunions de CAP. Mme King a ajouté qu'il était nécessaire d'améliorer l'efficacité de l'assistance humanitaire qui doit être dispensée dans l'optique d'une solution durable. Par ailleurs, la protection des populations déplacées incombe aux autorités nationales et des normes internationales devraient être mises en place à cet égard. La représentante a rappelé que les Nations Unies rencontraient souvent un problème d'accès aux populations vulnérables pour leur dispenser une assistance minimum. Des études effectuées sur le terrain ont montré qu'il y avait encore de graves lacunes dans l'aide apportée par les Nations Unies lors de situations de crise impliquant des populations déplacées. Les États-Unis appuient la proposition du Secrétaire général de créer une petite unité non opérationnelle chargée des personnes déplacées au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) afin de mieux coordonner la réponse à ce problème.

Les États-Unis appuient également les efforts menés par OCHA pour mettre au point une norme universelle concernant les mesures à prendre face à une catastrophe naturelle, notamment en ce qui concerne les recherches et secours en milieu urbain. La représentante a rappelé qu'une réponse efficace commence au niveau national et doit impliquer les organisations non gouvernementales et les acteurs au niveau local. Mme King a rappelé que l'évaluation des résultats était un exercice nécessaire et que la collaboration entre les différents acteurs devrait être renforcée dans ce domaine. Les États-Unis déplorent également les pertes humaines du personnel des Nations Unies sur le terrain et estiment que des mesures doivent être prises pour assurer leur sécurité.

M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a déclaré qu'il ne faut jamais oublier les sacrifices consentis par le personnel humanitaire œuvrant à travers le monde, qui est parfois obligé d'effectuer son travail dans des conditions extrêmement difficiles, complexes et dangereuses. À cet égard, on ne saurait trop souligner l'importance qu'il y a à assurer la sécurité du personnel d'assistance humanitaire, a insisté le représentant japonais. Il a par ailleurs estimé que la communauté internationale devrait redoubler d'efforts afin de rendre l'aide humanitaire d'urgence plus efficace en renforçant davantage la coordination entre les activités concernées des Nations Unies.

Le représentant japonais a également estimé que la question des personnes déplacées internes devait être traitée de manière plus efficace dans la mesure où il s'agit d'un phénomène qui peut avoir une influence sur les perspectives de paix et de développement dans les régions touchées. À cet égard, le Gouvernement japonais est disposé à signer les accords nécessaires, après consultation notamment avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, afin d'apporter un soutien financier d'un montant de dix millions de dollars - prélevé sur le Fonds de contribution pour la sécurité humaine - en faveur de projets des Nations Unies liés aux personnes déplacées dans leur propre pays. Le Japon n'hésitera pas à soutenir le renforcement de la capacité du Bureau de la coordination des affaires humanitaires à traiter des questions relatives aux personnes déplacées internes par le biais de la mise en place d'une petite unité inter-institutions non opérationnelle chargée de ces questions, comme le suggère le Secrétaire général dans son rapport sur les nouveaux progrès réalisés dans la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'ONU. Il convient en outre d'améliorer la préparation et la capacité de réponse aux catastrophes naturelles, notamment par le biais du renforcement des capacités régionales et par le recours aux nouvelles technologies.

M. HUNTER MC GILL (Canada) a déclaré que les réactions aux crises étaient inégales et que la réticence de certains organismes à coopérer était évidente. À cet égard, le Canada appuie la fonction du Coordinateur des secours d'urgence qui doit jouer un rôle de leadership interorganisations en matière de questions humanitaires. Le Canada souhaite qu'une plus grande importance soit accordée à la préparation aux catastrophes, à la planification d'urgence et aux stratégies d'atténuation car les pays à risque manquent souvent d'un cadre pour la prévention des catastrophes. À cet égard, il est important d'étudier les enseignements tirés lors de crises précédentes. Un effort doit être également consenti dans le renforcement de l'éducation et de la formation concernant les catastrophes naturelles. Dans les pays à risque, les populations, les médias, les décideurs et les autorités locales doivent disposer des instruments leur permettant d'élaborer et de mettre en œuvre des programmes efficaces d'alerte rapide et d'atténuation des catastrophes.

M. Mc Gill a rappelé qu'une attention particulière devait être portée aux groupes qui ont des besoins particuliers tels que les enfants et les femmes et que le personnel sur le terrain devait être en mesure de répondre aux besoins de cette catégorie de la population. M. Mc Gill a conclu en rendant hommage au dévouement et au courage du personnel humanitaire sur le terrain, dont la sécurité devrait être améliorée.

M. LEE JAE-GIL (République de Corée) a relevé que les récentes situations humanitaires apparues à travers le monde ont été caractérisées par la recrudescence des conflits internes, de fréquentes catastrophes naturelles et la présence d'acteurs humanitaires autres que les Nations Unies. De nouveaux problèmes sont apparus tels que les déplacements internes forcés de population, l'imposition de l'«économie de guerre» et les attaques de plus en plus fréquentes contre le personnel humanitaire, sans parler de la difficulté d'accès aux populations touchées. Pour assombrir ce tableau, les pays en développement et les pays touchés par des conflits sont souvent victimes de catastrophes naturelles. Ces nouvelles circonstances rappellent que, sans un environnement pacifique et sûr, il n'est pas possible d'assurer un développement humain durable.

En ce qui concerne les mesures visant à réduire l'impact des catastrophes naturelles, la République de Corée estime que les récentes approches adoptées par les Nations Unies, notamment dans le but de renforcer les systèmes d'alerte précoce et les capacités locales, se sont avérées efficaces. Étant donné que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires est au cœur de la coordination de l'aide humanitaire des Nations Unies, il devrait incontestablement être renforcé du point de vue financier et structurel. En outre, il existe de nombreuses possibilités d'utilisation des nouvelles technologies en vue d'atténuer les conséquences des catastrophes naturelles. Le représentant de la République de Corée a par ailleurs souligné qu'entre 1992 et février 2001, plus de 200 personnes membres du personnel civil des Nations Unies ont été tuées et 228 autres prises en otage. Aussi, la République de Corée est-elle favorable à la proposition du Secrétaire général visant à ce que soit étendue la portée de la protection juridique apportée par la Convention de 1994 sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé.


M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) a déclaré que son pays préconisait la fourniture d'une assistance humanitaire équilibrée. L'action de la communauté internationale doit se fonder sur des principes et règles universels. Le Mexique est convaincu que cette aide doit être apportée en respectant les principes d'humanité, de neutralité et d'impartialité et sur requête ou avec le consentement de l'État bénéficiaire.

M. Albin a attiré l'attention sur l'augmentation du nombre de catastrophes naturelles et la persistance des conflits qui exigent de passer d'une capacité de réaction rapide à une stratégie à long terme de résolution des conflits mettant l'accent la reconstruction et le développement. À cet égard, le Mexique souhaite voir la mise en œuvre d'une stratégie intégrée fondée sur une division efficace du travail. Afin d'améliorer la collaboration, il est nécessaire d'élaborer et de mettre à jour des lignes directrices générales pour les institutions internationales tout en établissant l'inventaire des capacités nationales. M. Albin a rappelé que l'assistance humanitaire relève de la responsabilité et de l'engagement de tous.

M. TONI FRISCH (Suisse) a rappelé que cela fait bientôt dix ans que l'Assemblée générale adoptait la résolution 46/182 dans le but de renforcer la coordination de l'assistance d'urgence des Nations Unies en faveur des victimes de conflits, de crises et de catastrophes naturelles. Les mécanismes de coordination mis en place à cet effet ont montré leurs mérites, et parfois aussi leurs limites, dans un environnement en constante évolution, marqué notamment par la prééminence des conflits internes et la multiplication des intérêts en jeu. La responsabilité première des gouvernements touchés est directement engagée en cas de situations d'urgence, a poursuivi le représentant suisse. Plus spécifiquement, en période de conflit armé, la responsabilité des acteurs non étatiques tels que les mouvements armés est aujourd'hui de plus en plus reconnue. La communauté internationale est, elle aussi, interpellée, puisque tous les États sont parties aux Conventions de Genève et sont, à ce titre, collectivement responsables de l'application et du respect du droit humanitaire international et de ses principes essentiels.

Garantir l'accès aux victimes et obtenir le respect de la sécurité du personnel humanitaire constituent des objectifs minimaux essentiels pour notre action, dans les situations de conflits aussi bien que lors de catastrophes naturelles ou technologiques, a déclaré le représentant suisse. Or, depuis dix ans, ces objectifs continuent de faire l'objet de violations constantes. Il est en outre notoire que de nombreux conflits aux conséquences humanitaires catastrophiques se perpétuent du fait des avantages matériels acquis par leurs acteurs, au détriment des populations civiles, créant ainsi une dynamique de la violence et de prédation entretenue par les impératifs supposés de l'effort de guerre. L'exploitation des richesses naturelles, du trafic des armes, des stupéfiants et, le cas échéant, de l'aide humanitaire, suffit à expliquer les échecs répétés des efforts de paix dans de nombreuses situations, a souligné le représentant suisse. Il a par ailleurs précisé que la Suisse soutient les efforts déployés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires en vue de fournir un cadre légal adéquat aux activités internationales de recherche et de secours.

M. STEFFEN KONGSTAD (Norvège) a salué le rapport du Secrétaire général, notant que la coordination au sein des Nations Unies s'était amélioré mais que les ressources faisait toujours cruellement défaut. À cet égard, la Norvège invite les pays donateurs à réagir aux nombreux appels de contributions qui ont été lancés. En ce qui concerne le problème des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, M. Kongstad a souhaité que les obstacles qui empêchent l'aide d'atteindre ces personnes soient levés et a estimé qu'une collaboration étroite des Nations Unies avec le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations non gouvernementales était nécessaire pour remédier à ce problème. La Norvège estime, par ailleurs, qu'il est important de diffuser l'information pour permettre aux pays de répondre de manière rapide en cas de crise. La Norvège préconise également l'élaboration de plans en cas de catastrophes naturelles. La Norvège estime qu'il est nécessaire d'augmenter la capacité de réponse aux besoins des personnes déplacés, et plus particulièrement des populations vulnérables.

Le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence des Nations Unies, la sécurité du personnel des Nations Unies sur le terrain et l'accès aux personnes vulnérables doivent demeurer des priorités. M. Kongstad a rappelé que le manque de ressources financières demeurait la plus grande cause de préoccupation pour son pays et a souhaité que les Nations Unies, le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations non gouvernementales unissent leurs efforts pour résoudre ce problème.

M. VLADIMIR MALEVICH (Bélarus) a mis l'accent sur la nécessité d'améliorer les méthodes utilisées pour apporter l'aide humanitaire d'urgence, à la lumière des changements de circonstances qui ne cessent de s'opérer dans le monde. À cet égard, il serait opportun de renouer avec la pratique consistant à adopter des conclusions concertées durant la session de fond du Conseil économique et social dans la mesure où cette pratique contribuerait à améliorer l'efficacité des activités humanitaires des Nations Unies et à accélérer l'adaptation des instruments et mécanismes existants aux nouvelles réalités. Il conviendrait en outre de renforcer le rôle du Comité permanent interinstitutions en tant qu'organe consultatif et de coordination de premier plan. Il faudrait en outre accorder davantage d'attention à la mise en place et au développement de structures pertinentes sur le terrain étant donné qu'à l'avenir ce sont les structures locales et régionales qui devront jouer le plus grand rôle pour ce qui est de faire face aux situations d'urgence, les organisations internationales venant compléter ces efforts en apportant une aide technique et financière.

Après avoir rappelé que son pays avait été victime de la plus grande catastrophe technologique ayant des conséquences à long terme que le monde ait jamais connue - à savoir la catastrophe de Tchernobyl, le représentant du Bélarus a mis l'accent sur la nécessité de renforcer le partenariat et la coopération entre le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Tout en évaluant positivement la réforme de la structure de gestion du Bureau, le représentant bélarussien a exprimé sa crainte que la fusion des unités en charge des catastrophes naturelles et des réponses d'urgence complexes ne porte atteinte à l'efficacité des activités du Bureau. Le représentant a par ailleurs déclaré que les conditions attachées par certains donateurs pour la coopération bilatérale dans le domaine de l'aide humanitaire nuit au processus d'appels consolidés en tant que principal instrument de financement.

MME MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que le Brésil estimait que des réunions officieuses étaient nécessaires pour débattre des problèmes humanitaires, et qu'une révolution du système n'était ni souhaitable ni réaliste. La représentante a déclaré qu'il n'était pas nécessaire de s'engager dans des négociations pour parvenir à d'interminables «conclusions concertées» portant davantage sur des questions politiques que sur les moyens d'améliorer la fourniture de secours. Il faudrait éviter de trop politiser les questions et de mettre l'accent sur les victimes plutôt que sur les objectifs politiques des gouvernements. Les trois éléments à prendre en compte pour l'amélioration de l'aide humanitaire sont la prévention, la coordination et la protection. La prévention joue un rôle important, elle permet de faire reposer la paix sur des piliers solides et d'éviter les situations d'urgence. La coordination est également nécessaire et les différents organismes impliqués doivent s'attacher à tirer les leçons des expériences du passé. La représentante brésilienne a suggéré que l'ECOSOC tienne des réunions informelles tout au long de l'année pour discuter des catastrophes naturelles et des situations d'urgence complexes.

La protection du personnel des Nations Unies sur le terrain, ainsi que des personnes vulnérables demeure une priorité. De plus en plus de civils sont victimes des conflits et, souvent, l'aide humanitaire même est détournée au profit des belligérants. Si les États ont la responsabilité première pour fournir une assistance à leur population, mais s'ils ne sont pas en mesure de le faire, ils doivent respecter leurs obligations internationales et faciliter le travail du personnel humanitaire. En outre, les donateurs doivent participer plus activement au processus d'appels consolidés de contributions. Pour leur part, les pays bénéficiaires doivent faire preuve de la volonté politique nécessaire pour faciliter les efforts d'assistance et s'attaquer aux causes des crises.

M. YURI BRAZHNIKOV (Fédération de Russie) a souligné que les principes fondamentaux de l'aide humanitaire - à savoir la neutralité, l'humanité, l'impartialité, le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États, ainsi que le consentement des États touchés à recevoir l'aide conformément au droit international et national - devaient rester inchangés. Il a lancé un appel en faveur du renforcement de l'efficacité du débat humanitaire du Conseil économique et social en tant qu'instrument essentiel de coordination intergouvernementale des activités des Nations Unies dans le domaine humanitaire. Ce débat doit absolument être dépolitisé, avoir une valeur pratique pour la majorité des États membres et permettre d'utiliser le potentiel de coordination de l'ECOSOC dans toute la mesure du possible.

Les appels consolidés interinstitutions sont l'un des mécanismes les plus importants pour la coordination de l'aide humanitaire dans le cadre des Nations Unies, a poursuivi le représentant de la Fédération de Russie. Ces appels offrent la possibilité d'améliorer considérablement la planification stratégique des opérations d'urgence. En ce qui concerne le Comité permanent interinstitutions, la Fédération de Russie est favorable à l'organisation de séances d'information régulières visant à tenir les États membres informés des activités de ce Comité. Le représentant russe a par ailleurs estimé qu'un certain nombre de problèmes restent non résolus, en particulier en ce qui concerne le manque de coordination appropriée des équipes de secours sur le terrain en provenance de différents pays, ainsi que le manque de clarté dans la division du travail durant les opérations de secours. Un problème majeur reste l'utilisation inadéquate des technologies de pointe dans le cadre de la réponse en cas de catastrophe.

La Fédération de Russie n'est pas opposée à la proposition visant à ce que l'ECOSOC n'adopte pas de conclusions concertées mais se contente d'un résumé du Président sur les résultats du débat humanitaire de cette année, à condition que cela ne constitue pas un précédent pouvant servir de prétexte à une remise en question du principe même d'un tel débat ou pour en réduire la durée.



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