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Communiqués de presse

EN DEPIT DES DIVERGENCES ENTRE ISRAEL ET LES PAYS ARABES ET MUSULMANS, LES DELEGATIONS APPELLENT, APRES DURBAN, A DES ACTIONS CONCRETES

01 Février 2002



Troisième Commission
59e séance –matin
1 février 2002
 
 
      Les délégués d’Israël et de plusieurs pays arabes et musulmans ont exprimé, ce matin. leurs appréciations divergentes des résultats de la Conférence de Durban.  Cette quatrième et dernière séance de débats s’inscrivait dans le cadre de la reprise de session de la Troisième Commission (Affaires sociales, culturelles et humanitaires), consacrée à la Déclaration et au Programme d’action de la Conférence mondiale sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est attachée.
 
      Tout en considérant que la Conférence de Durban avait marqué une étape importante, les représentants de la République arabe syrienne, de la République islamique d’Iran, de l’Egypte, du Pakistan et de la Malaisie ont regretté que les deux documents finaux ne fassent pas explicitement mention du sort quotidien de la population palestinienne sous occupation israélienne, la forme la plus aiguë de racisme institutionnalisé selon le délégué iranien, ni ne prévoit de mesures pour l’améliorer.  Le représentant syrien a souhaité, pour sa part, que la communauté internationale mette désormais en place des mécanismes permettant de traiter des questions qui n’ont pu être résolues à Durban en raison des pressions exercées.  La délégation du Pakistan a, quant à lui, émis la crainte que la lutte des peuples du Cachemire ou de Palestine n’engendre une spirale de violence de la part des forces d’occupation.
 
Evoquant, en réponse, les persécutions dont a été victime le peuple juif et rappelant qu’elles avaient donné naissance à un mot, l’antisémitisme, le représentant d’Israël – dont le pays avait claqué la porte de la Conférence, suivi par les Etats-Unis – a, au contraire, regretté que le conflit israélo-palestinien ait été cité à maintes reprises à Durban car, de l’avis de l’avis de sa délégation, ce conflit n’est pas racial mais politique et territorial.  Pour le délégué israélien, Durban a été un recul qui a consacré la haine .
 
      La majorité des intervenants a toutefois estimé qu’il était temps, maintenant, de traduire les recommandations de Durban en actions concrètes.  L’Observateur de la Suisse a réclamé que la Haut-Commissaire aux droits de l’homme établisse chaque année, pendant cinq ans, un rapport sur la mise en oeuvre des recommandations de Durban, puis un rapport final en 2006.  Il a appuyé la création d’une unité anti-discrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme, la Malaisie souhaitant à cet égard que cette unité fonctionne sur une base d’ouverture et de transparence.
 Outre les délégations déjà citées, ont également pris la parole les représentants des pays suivants : Liechtenstein, République de Corée, Hongrie,  Inde, Japon, Surinam, Equateur, ainsi que l’Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte.
 
La Troisième Commission poursuivra ses travaux, vendredi 8 février pour examiner les projets de résolution portant sur l’adoption des documents finaux de la Conférence.
 
 ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
 Suite et fin du débat général
 
      M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein), soulignant le caractère mondial du phénomène du racisme, a estimé que la lutte en la matière exige une action internationale et donc des Nations Unies.  Les évènements du 11 septembre, a-t-il poursuivi, ont montré que le racisme peut être à la fois le résultat et l’origine du terrorisme.  La question a donc acquis une nouvelle urgence, selon le représentant.  Commentant les documents finaux de la Conférence de Durban, il a réaffirmé que son pays ne peut adhérer à certaines parties du texte.  Le compromis a été réalisé à Durban dans des circonstances difficiles, a rappelé le représentant en indiquant la disposition de son pays à « vivre avec les éléments les moins attrayants » de ce compromis.  Il a dit comprendre, à cet égard, que les réserves émises par certaines délégations concernent aussi bien le processus que le fond. 
 
      Le représentant a convenu de la nécessité de tirer les leçons de Durban en ce qui concerne le processus de finalisation des documents finaux afin, a-t-il dit, de préserver le fonctionnement mais surtout la crédibilité des conférences des Nations Unies.  Il a néanmoins estimé que le moment est venu de regarder vers l’avenir et de mettre en oeuvre les résultats de Durban qui, après tout, sont fondés « sur une volonté politique commune de mettre fin au racisme ».  Le représentant a donc espéré que cette volonté commune prévalera aussi au cours des délibérations de la Troisième Commission.
 
Mme KANG KYUNG-WHA (République de Corée) a évoqué les dernières années du 20ème siècle et la résurgence du nettoyage ethnique - la manifestation la plus cruelle de la discrimination raciale, de l’avis de la représentante - dans plusieurs régions du monde dont la Bosnie Herzégovine, le Rwanda et le Kosovo.  Elle a souligné que les Etats devraient adopter des mesures de protection suffisantes des travailleurs migrants dont les mouvements transfrontières s’amplifient avec la mondialisation, notant également que les droits des minorités, surtout des femmes qui en sont issues, continuaient d’être violés.  C’est pourquoi, a estimé Mme Kyung-Wha, la Conférence mondiale de Durban est une pierre angulaire dans l’histoire de l’humanité, car elle a prouvé, de manière unique, qu’il était possible d’agir pour éliminer racisme et discrimination raciale.  Rappelant que la Déclaration et le Programme d’action avaient été l’aboutissement d’un travail difficile, elle a insisté sur la nécessité de donner un sens à ces documents en les traduisant désormais en actes concrets, par le biais de plans nationaux et internationaux.
 
      M. ANDRE ERDOS (Hongrie) a évoqué la situation des Roms dans son pays en déclarant partager les préoccupations exprimées dans la Déclaration de la Conférence de Durban à l’égard de ces communautés.  A l’instar de la Déclaration, le représentant a estimé que la question clé de leur essor réside dans leur égalité en matière d’éducation.  Il a aussi indiqué que l’appel du Programme d’action visant à inclure les représentants des Roms dans l’élaboration et la mise en oeuvre des mesures contre la discrimination est confirmée par l’expérience hongroise.  L’intégration des Roms à la société, a-t-il souligné, est une question pluridisciplinaire, multiforme et difficile.  Ces dernières années, a-t-il affirmé, un ensemble de mesures concrètes a été approuvé par le gouvernement destiné, d’une part, à réduire les inégalités sociales, à combattre les préjugés et à empêcher la discrimination et, d’autre part, à renforcer l’identité culturelle de la communauté des Roms.  En concluant, le représentant a invoqué différentes études faites sur ce sujet pour dire que l’intégration sociale de la population rom ne peut être réalisée que sur la base d’une politique de discrimination positive planifiée sur plusieurs décennies.  A cet effet, un programme établi par le Gouvernement, a-t-il ajouté, est en cours d’élaboration dont les grandes lignes directrices seront présentées prochainement au Parlement.
 
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a jugé que les technologies modernes, les médias, qui propagent des idées fausses sur une civilisation au détriment d’une autre, qui nourrissent les sentiments de suprématie ou d’hégémonie d’un groupe religieux sur un autre, ont un impact sur la stabilité et la paix internationales et encouragent une lutte entre civilisations au lieu de favoriser l’harmonie et la cohabitation.  Il a estimé que les pratiques racistes se reflètent clairement dans les pratiques quotidiennes des autorités israéliennes à l’encontre du peuple palestinien dans les territoires occupés.  Nous savons tous que l’occupation est l’extrême manifestation du racisme, a-t-il poursuivi.  Puis, rappelant le massacre quotidien et arbitraire des Palestiniens, y compris des enfants, la destruction des maisons de manière collective, l’expulsion des habitants et l’assassinat des cadres de la direction palestinienne, il s’est demandé si tous ces actes n’étaient pas une expression de racisme.  Israël se trompe s’il croit qu’il peut continuer ainsi à agir, au mépris des lois et de la légitimité internationale, a-t-il affirmé.  Pour la Syrie, le refus continu d’Israël de se conformer à la résolution 194 des Nations Unies qui invite au retour des réfugiés palestiniens, les pratiques répressives des autorités israéliennes contre les Arabes, les implantations de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés constituent une violation des Conventions de Genève.
 
      Jugeant que la Conférence de Durban avait marqué une étape importante, le délégué syrien a indiqué que son pays aspirait maintenant à voir la communauté internationale déployer de nouveaux efforts et mettre en place des mécanismes permettant de traiter des questions qui n’ont pu être résolues à Durban en raison des pressions exercées.  Nous fondons, a-t-il conclu, beaucoup d’espoir sur le futur rôle des Nations Unies dans la lutte véritable contre le racisme et la discrimination.  
 
      M. A. GOPINATHAN (Inde) a d’abord dit son émotion d’avoir vu la Conférence sur la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée se tenir à Durban.  Pour l’Inde, a-t-il expliqué, il s’agissait d’un rappel de la lutte contre l’apartheid lancée par le Mahatma Gandhi, dans le Natal, lorsqu’il a été jeté d’un train pour   des raisons raciales.  La détermination que Gandhi a montré dans sa vie pour éliminer la discrimination et l’intolérance doit être rappelée maintenant que la Conférence de Durban s’est achevée puisque la mise en oeuvre des documents finaux exigera la même fermeté.  La question fondamentale dans la lutte contre le racisme est d’éliminer les nombreux préjugés qui alimentent la discrimination raciale elle-même, a estimé le représentant.  Selon lui, les distinctions raciales continuent d’être justifiées par des postulats fallacieux selon lesquels les êtres humains peuvent être divisés en plusieurs sous-espèces, compte tenu de leurs caractéristiques génétiques.  De telles distinctions portent en elles les germes même du racisme lorsqu’elles sont censées refléter les stades divers et différents du développement humain et donc utilisées pour justifier les différences de traitement, en particulier l’octroi de privilèges et de droits à une race et le déni de ces privilèges et droits à une autre race.
 
C’est dans ce cadre, a rappelé le représentant, qu’il faut interpréter les extrapolations sur la théorie de Darwin.  Or aujourd’hui, fort malheureusement, l’extrapolation pseudo-scientifique du “darwinisme social” est de retour avec le décryptage du génome humain et les tentatives insidieuses d’établir des distinctions dans les stades de développement humain.  Ces tentatives doivent être arrêtées, a prévenu le représentant, avant qu’elles ne se manifestent dans des formes plus profondes de différenciation sociale.  En la matière, a-t-il convenu, l’éducation est une d’une importance capitale comme le reconnaît d’ailleurs le Programme d’action de Durban tant il est vrai que les actions punitives ne peuvent seules changer les mentalités et les attitudes.  Maintenant qu’il est temps d’appliquer ce Programme d’action, a conclu le représentant, il faut se limiter aux résultats agréés de la Conférence et se garder de faire une gymnastique financière avec les ressources limitées pour essayer de couvrir toutes les formes de discrimination.
 
M. MOHAMMAD HASSAN FADAIFARD (République islamique d'Iran) a indiqué que, pour son pays, les recommandations de Durban, adoptées dans un esprit de solidarité et de coopération, devraient bénéficier de la même solidarité dans leur mise en oeuvre efficace et rapide.  Ce rôle incombe aussi bien aux Etats qu’à la société civile, a-t-il estimé en soulignant qu’une stratégie mondiale contre le racisme nécessiterait la collaboration des Etats, des organisations internationales, des institutions financières internationales, des ONG, des individus et des communautés.  Il a toutefois regretté que la Déclaration et le Programme d’action n’aient pas réussi à mentionner et à prendre position contre la forme la plus aiguë de racisme institutionnalisé qui entraîne, depuis un demi-siècle, le déracinement d’un peuple tout entier et le massacre de Palestiniens innocents.  Les nations et les groupes victimes de racisme, a-t-il cependant ajouté, attendent maintenant avec espoir et optimisme des participants à Durban qu’ils mettent en oeuvre leurs engagements.  Il a assuré que son pays était totalement engagé en ce sens et continuerait de prendre une part active à la lutte contre le racisme et la discrimination.
 
      M. AARON JACOB (Israël) a rappelé que, plusieurs fois dans l’histoire, les idéaux de l’égalité entre les hommes ont été mis à l’épreuve et menacés.  La haine du peuple juif est presque aussi vieille que l’histoire elle-même, tant il est vrai que les Juifs sont le peuple du monde pour lequel un mot a été inventé pour qualifier cette haine: l’antisémitisme.  Il y un demi-siècle, a poursuivi le représentant, le monde a été témoin de l’issue horrible à laquelle peut conduire l’antisémitisme, à savoir la tentative d’effacer tout un peuple de la planète.  C’est parce qu’Israël a appris de la souffrance du peuple juif qu’il s’est résolument engagé dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée et c’est, dans cet esprit, que sa délégation s’est rendue à Durban.  Israël, a expliqué le représentant, a été, par conséquent, attristé de constater que ce qui est arrivé à Durban a servi non pas à faire progresser les nobles objectifs de la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée mais plutôt à les compromettre et à s’en écarter.
 
Durban a été un recul dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, a estimé le représentant.  Malgré les contributions de l’Union européenne et d’autres Etats, certaines délégations et ONG ont travaillé à renforcer la haine en mettant au ban des accusés, à coup d’insultes et de diffamation, un seul pays, Israël, et un seul peuple, le peuple juif.  C’est la raison pour laquelle, la délégation israélienne, aux côtés de celle des Etats-Unis, a été contrainte de quitter la conférence.  Malheureusement, a encore regretté le représentant, après Durban, certaines délégations ont choisi de réitérer leur haine aveugle à l’égard d’Israël et du peuple juif.  Or, c’est précisément la lutte contre cette haine que la Conférence de Durban était censée consacrer.  Ces délégations, a insisté le représentant en citant la Palestine, l’Iran et la Syrie, ont préféré laisser libre cours à leurs accusations sans fondement contre l’Etat d’Israël plutôt que de confronter leurs propres bilans honteux de promotion de la haine et de la diffamation et de leurs violations massives des droits de l’homme.
 
Regrettant que le conflit israélo-palestinien ait été invoqué, à maintes reprises à la Conférence de Durban, le représentant a réaffirmé que le conflit n’est pas un conflit racial mais un conflit politique et territorial qui n’avait  pas sa place à Durban.  Il s’agit d’un conflit qui met aux prises deux peuples, pourvus de droits et d’aspirations, qui ne peut être résolu que par le renoncement à la violence et l’engagement en faveur de négociations conduites dans un esprit de compromis et de reconnaissance mutuelle.  L’exploitation de la question à Durban n’a ni servi la cause palestinienne ni les objectifs communs de mettre fin au racisme et à la discrimination raciale.  Israël appuie pleinement les efforts internationaux pour mettre fin au racisme et parce qu’il s’oppose à ce fléau, il ne peut appuyer les résultats de Durban. La position d’Israël se justifie par son engagement en faveur des buts de la Conférence et sa profonde déception de voir ces valeurs si honteusement piétinées. l
 
Mme MAI KHALIL (Egypte) a jugé qu’en dépit de la lutte menée dans le monde entier pour éliminer le racisme, celui-ci persiste sous des formes sans cesse nouvelles.  C’est pourquoi, la Conférence de Durban restera une étape importante dans l’histoire, a-t-elle estimé.  Il faut maintenant que la Déclaration et le Programme d’action puissent être pleinement appliqués: ils représentent la position unifiée de la communauté internationale.  L’Egypte invite les Etats Membres à axer les efforts sur la mise en oeuvre des documents finaux, à respecter les principes d’élimination de toutes les formes de racisme et à essayer de contribuer à mettre en place un ordre mondial libre de toute discrimination.  La déléguée a exprimé la préoccupation de son pays face aux diverses formes de racisme et de discrimination qui subsistent, citant notamment celles qui frappent les migrants.  Elle a également apporté l’appui de son pays au peuple palestinien, appelant Israël à cesser son occupation des territoires palestiniens et à respecter le droit à la terre, conformément aux résolutions des Nations Unies.  Elle a par ailleurs invité l’Organisation des Nations Unies à prendre les mesures nécessaires pour assurer la mise en oeuvre des recommandations et des principes adoptés à Durban, de façon à manifester clairement la volonté de la communauté internationale à lutter contre le racisme et la discrimination. 
 
M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a estimé important, dans le cadre de la mise en oeuvre des résultats de Durban, d’intégrer les pays en développement dans l’économie mondiale et de résister à leur marginalisation.  Il n’y aura ni paix ni prospérité au XXIème siècle tant que les problèmes récurrents de la pauvreté, en particulier en Afrique, ne seront adéquatement résolus, a insisté le représentant.  C’est pourquoi, a-t-il dit, que le Gouvernement japonais a accueilli chaleureusement le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la Conférence internationale sur le développement africain qui s’est tenue à Tokyo en décembre dernier.  Pour sa part, le Japon, qui a de profonds remords devant l’histoire, est déterminé à éliminer le nationalisme, à promouvoir la coopération internationale et, en conséquence, à défendre les principes de la paix et de la démocratie dans le monde.  Dans ce cadre, le Japon a reconnu l’importance de l’éducation dans la prévention du racisme et de la discrimination raciale.  La tâche que le Japon s’est assignée, a expliqué le représentant, est de lutter contre l’ignorance et les préjugés, terreau du racisme, par une profonde compréhension de l’histoire et la fourniture d’une éducation aux générations futures pour ancrer en elles le respect de la dignité et de la valeur de chaque être humain.  En la matière, le Japon mise aussi sur les programmes d’échanges pour jeunes.
 
M. PIERRE HELG, Observateur de la Suisse, a jugé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban sont des documents clefs et qu’en dépit des difficultés de parvenir à un consensus, l’objectif premier a été atteint : les deux documents posent, selon lui, les bases nécessaires à une analyse des causes du racisme et témoignent de la volonté des peuples de ne plus tolérer ce fléau.  Ils déterminent les mesures qui doivent être prises, au plan répressif mais aussi préventif, notamment grâce à l’éducation.  Il a indiqué que son pays était particulièrement attaché à l’exigence de non-discrimination dans le domaine de l’éducation, à la surveillance active des sites Internet racistes, à la création et à la consolidation d’organismes nationaux de lutte contre le racisme.  Durban est un début et non une fin, a-t-il assuré.  La Suisse soutient la création d’une Unité anti-discrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme et encourage un suivi régulier de la mise en oeuvre de Durban, préconisant qu’un rapport annuel de la Haut-Commissaire soit présenté pendant cinq ans à la Commission des droits de l’homme, avec un rapport final en 2006.  L’Observateur de la Suisse a aussi souhaité un suivi au plan régional, qui se tiendrait pour l’Europe dans le cadre du Conseil de l’Europe et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
 
      Mme IRMA LOEMBAN TOBING-KLEIN (Suriname) s’est dite particulièrement satisfaite de la liste, contenue dans le Programme d’action de Durban, des victimes passées et présentes du racisme.  La Déclaration et le Programme d’action, a prévenu la représentante, ne doivent pas rester une série de recommandations et de promesses mais devenir véritablement le cadre d’actions et d’activités déterminées en vue de l’amélioration de la vie de milliards de personnes à travers le monde.  Il faut commencer maintenant, a souhaité la représentante en qualifiant de recommandations prometteuses celles visant à créer une Section anti-discrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme et à mettre sur pied un Groupe de cinq experts éminents.  La représentante a aussi rappelé l’appel lancé par sa délégation à Durban sur les mesures de réparation et d’indemnisation et sur la mise à disposition de ressources pour financer les programmes d’éducation et de sensibilisation.  Parlant en particulier de la situation dans son pays, elle a cité les mots de sa délégation au cours de la Conférence de Durban selon lesquels la diversité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse au Suriname n’est pas seulement une source de tolérance mais aussi une source de célébration.  Le Suriname, a conclu la représentante, est disposé à  partager son expérience.
 
Mme SILVIA ESPINDOLA (Equateur) a estimé que la Conférence de Durban avait été une étape sur la voie de la lutte contre le racisme et, qu’en conséquence, il faudrait lui donner suite par le biais d’un mécanisme efficace permettant de s’assurer que les gouvernement se sont acquittés des engagements pris à l’aube du nouveau millénaire.  Elle a indiqué que le Gouvernement équatorien avait pour priorité la protection du patrimoine des groupes autochtones et avait toujours assuré la promotion des droits de l’homme.  Le Président équatorien, a-t-elle précisé, a désigné par décret les procureurs généraux comme responsables de l’examen des plaintes sur les questions liées au racisme émanant de personnes ou de groupes placés sous leur juridiction.  Mais son pays, a-t-elle poursuivi, est conscient qu’il faut lutter contre toutes les formes de discrimination raciale ou de xénophobie ; il est conscient des droits des peuples autochtones et estime qu’il est nécessaire de respecter les droits de tous.
 
      M. HASMY AGAM (Malaisie) a qualifié de mitigés les résultats de la Conférence de Durban en expliquant sa position par le fait que, lors des Conférences de 1978 et de 1983, les références à la question palestinienne étaient plus catégoriques dans leur condamnation de la puissance occupante. Les documents de Durban, a poursuivi le représentant, ne reflètent pas suffisamment la détérioration continue de la situation du peuple palestinien au cours de ces dernières années.  Aucune mention n’y figure, a-t-il insisté, du fait que les souffrances infligées aux Palestiniens sont le résultat de politiques fondées sur la discrimination et l’exclusion.  Quelle que soit leur portée historique, en particulier en matière d’esclavage, les documents finaux de Durban resteront lettre morte si la communauté internationale ne fait pas preuve de la volonté nécessaire à leur mise en oeuvre aux niveaux national et international.  Il faut donner effet aux mesures concrètes et orientées vers l’action que contiennent ces documents, a insisté le représentant.  Toutefois, a-t-il ajouté, quel que soit leur caractère concret et spécifique, ces mesures ne seront efficaces et durables que, si, et seulement si, les particularités et les complexités de chaque société sont prises dûment en compte.  Par conséquent, la Section anti-discrimination qui doit être créée au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme doit tenir compte de ce fait et fonctionner sur la base de l’ouverture et de la transparence, tout en évitant le double emploi, a précisé le représentant.
 
M. ISHTIAQ ANDRABI (Pakistan) a expliqué que, dans sa région où vivent 160 millions de personnes, la montée du fondamentalisme religieux, manifestation de racisme et d’intolérance selon lui, a entraîné la disparition de sites culturels et religieux et la mort d’innocents.  Le fait de nier les droits fondamentaux des peuples, y compris celui à l’autodétermination, est une autre forme de discrimination, a-t-il poursuivi, déplorant toutefois  que la lutte des peuples du Cachemire ou de Palestine n’engendre en retour qu’une spirale de violence de la part des forces d’occupation.  C’est sur cette toile de fond qu’a été organisée la Conférence de Durban, qui a permis à la communauté internationale de réfléchir sur les moyens de corriger les injustices.  La Déclaration et le Plan d’action fournissent une « feuille de route » pour des réparations, notamment par le biais d’actions concrètes en faveur des victimes, a-t-il estimé.  La Conférence a réussi à faire une différence en faveur du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Le chemin a été long et tortueux jusque-là, a rappelé le délégué, ajoutant que des difficultés pourraient encore faire obstacle à la mise en oeuvre du Programme d’action.  Aussi, a-t-il appelé tous les acteurs à se montrer dignes de leurs engagements.  Il a appelé également les délégations à adopter par consensus les deux documents issus de la Conférence, conformément à la pratique établie. Faute de quoi, notre incapacité à le faire pourrait être perçue comme un acte de discrimination.
 
      M. JOSE ANTONIO LINATISN-BOSCH, Observateur de l’Ordre souverain de Malte, a estimé que comme pour tout autre problème, le racisme et la discrimination raciale ne peuvent être considérés comme des éléments isolés.  Bien au contraire, a-t-il affirmé, ils sont étroitement liés à d’autres défauts humains comme l’ignorance, l’intolérance, la pauvreté et la violence.  En fait, il ne suffit pas d’identifier les faits historiques et de proposer des solutions.  Les solutions doivent certes être proposées mais elles doivent être suivies d’effets.  Nous devons tirer des leçons de nos erreurs et éviter de les répéter.  Aujourd’hui, a estimé l’Observateur, un certain optimisme peut prévaloir.  Le racisme existe toujours mais personne ne nie que tous les êtres humains sont nés égaux, en droit et en dignité, et que tous les individus ont le potentiel de contribuer au développement d’un monde meilleur et plus juste.  Aujourd’hui, aucune doctrine ne peut soutenir la thèse de la supériorité raciale qui serait d’ailleurs considérée comme scientifiquement fausse, moralement condamnable et socialement injuste.  Pour l’Ordre de Malte, la non-discrimination est devenue un principe fondamental du droit international humanitaire et de la diplomatie.
  
 
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