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Communiqués de presse

LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE OFFRE L’OCCASION DE RALLIER LES JOURNALISTES A LA CAUSE DE LA LUTTE CONTRE LE RACISME ET TOUTES LES INCITATIONS A LA HAINE

03 Mai 2001

Journée mondiale de la
liberté de la presse
3 mai 2001





Intervenant à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, proclamée en 1993, et organisée cette année dans le cadre de la session du Comité de l’information sous le thème de la « relation entre la liberté de la presse et la lutte contre le racisme », M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, a jugé particulièrement important d’apprécier à sa juste valeur le rôle que des médias libres et dynamiques peuvent jouer pour exposer au grand jour les horreurs du racisme. Il a souligné que grâce à la liberté de la presse, la communauté internationale a l’assurance que les atteintes aux autres libertés seront dénoncées, et que l’on pourra ainsi s’y opposer, voire y mettre fin. Ce n’est qu’à la faveur d’un échange d’idées constant et ouvert, a-t-il dit, que l’on pourra venir à bout du racisme.

Dans ce contexte, le Président du Comité de l’information, M. Milos Alcalay, a exhorté les journalistes à s’acquitter de leur rôle essentiel de sensibilisation de l’opinion publique et à promouvoir une culture de la paix en conjuguant avancées techniques, éthique et engagement social. Le Président de l’Assemblée générale, M. Harri Holkeri, a, pour sa part, mis en garde contre la tentation d’interpréter la liberté d’expression comme la liberté d’inciter ou d’encourager la haine raciale, la discrimination ou la violence. Nos efforts pour combattre le racisme doivent trouver un juste équilibre avec ceux visant à assurer la liberté d’expression.

Cette année marquant aussi le 10e anniversaire de la Déclaration de Windhoek sur la promotion d’une presse africaine indépendante et pluraliste, M. Marcio Nogueira Barbosa, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a indiqué que depuis 1985, 750 journalistes ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions, 2 032 violations de la liberté de la presse ont été commises en 2000, et 700 depuis le début de l’année 2001*.

Après ces déclarations, une table ronde sur le thème « Combattre le racisme et promouvoir la diversité : le rôle d’une presse libre », a été organisée à l’appui de la prochaine Conférence mondiale contre le racisme et animée par M. Shashi Tharoor, Chef par intérim du Département de l’information. Les intervenants ont affirmé que la meilleure protection contre le racisme est d’assurer l’existence du plus grand nombre de médias indépendants pour lutter contre les préjugés et les stéréotypes et de faciliter l’accès des pays en développement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Une mise en garde a été lancée contre toute violation de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme sur la liberté de la presse. Même au nom de la lutte contre le racisme, il serait contre-productif, ont estimé les intervenants, de demander aux journalistes d’aller au-delà de leur rôle d’informateur pour devenir des vecteurs de la “voix officielle”. La notion de liberté d’expression doit s’entendre également de l’expression d’idées socialement acceptables mais doit aussi inclure la liberté d’exprimer des vues impopulaires, voire offensantes.

Ont participé à la table ronde Mme Frances Hardin, Membre du Conseil d’administration de l’International Center for Journalists (ICFJ); Mme Ana Baron, Chef du Bureau de Washington de Dario Clarin (Argentine); Mme Ghida Fakhry, Al-Jazeera TV (Qatar); M. Justin Arenstein, Editeur à l’African Eye News Center (Afrique du Sud); et M. James Ottaway, Directeur du World Press Freedom Committee.


Journée mondiale de la liberté de la presse

M. SHASHI THAROOR, Chef par intérim du Département de l’information (DPI), a rappelé que la Journée mondiale de la liberté de la presse a été proclamée en 1993 par l’Assemblée générale à la date du 3 mai pour coïncider avec l’adoption de la Déclaration de Windhoek qui a reconnu le rôle que joue l'existence des médias libres et indépendants dans le maintien de la démocratie et la promotion du développement. Alors qu’aura lieu cet été, la Conférence mondiale contre le racisme à Durban (Afrique du Sud), le thème de la Journée s’intitule “Combattre le racisme et promouvoir la diversité : le rôle de la presse libre”. Il ne peut y avoir de développement sans démocratie et il ne peut y avoir de démocratie sans liberté de la presse, a souligné M. Tharoor.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que grâce à la liberté de la presse, la communauté internationale a l’assurance que les atteintes aux autres libertés seront dénoncées, et que l’on pourra ainsi s’y opposer, voire y mettre fin. Lorsque la liberté de la presse est menacée, les journalistes sont muselés ou censurés, toutes les autres libertés s’en ressentent et la démocratie elle-même est en péril. C’est pourquoi, elle constitue une priorité pour l’Organisation des Nations Unies et occupe une place centrale dans l’action que nous menons pour garantir de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.

En cette année où se tiendra la Conférence mondiale contre le racisme, il importe tout particulièrement d’apprécier à sa juste valeur le rôle que des médias libres et dynamiques peuvent jouer pour ce qui est d’exposer au grand jour les horreurs du racisme et d’inciter l’opinion à prendre la défense des victimes et à combattre la discrimination, l’exclusion et les préjugés. S’il ne faut pas sous-estimer les dangers d’une presse chauvine déterminée à répandre idées fausses et stéréotypes hideux, il ne faut pas oublier que ce n’est qu’à la faveur d’un échange d’idées constant et ouvert que l’on pourra venir à bout du racisme. Nous avons donc une lourde dette à l’égard des courageux journalistes qui risquent leur carrière, quand ce n’est pas leur vie, pour dénoncer l’injustice et la discrimination.

Cette année marque aussi le dixième anniversaire de la Conférence de Windhoek, qui a donné naissance à la Journée mondiale que nous célébrons aujourd’hui et qui continue d’inspirer l’action que nous menons dans le monde entier à l’appui de la liberté de la presse. C’est à Windhoek que la communauté internationale a reconnu le rôle que joue l’existence de médias libres et indépendants dans le maintien de la démocratie et la promotion du développement. Depuis lors, ceux qui veulent voir dans la liberté de la presse un luxe de nantis plutôt qu’une condition du développement n’ont plus la tâche si facile. En Afrique, comme ailleurs dans le monde, la presse se doit d’incarner la voix des peuples s’élevant contre la tyrannie et l’oppression, tout en faisant fonction de courroie de transmission entre gouvernants et gouvernés.

A l’heure où nous célébrons la puissance et les promesses des médias, nous devons redoubler d’efforts pour venir en aide à ces hommes et femmes de presse qui sont menacés, bien que leur seul crime ait été de dire la vérité. Plus que jamais, nous avons besoin des journalistes : pour combattre le racisme, pour sensibiliser les populations aux dangers du sida, pour affermir la démocratie et pour promouvoir le développement. Si leurs droits sont bafoués, nous ne pouvons pas être libres; s’ils sont bâillonnés, nous ne pouvons pas nous faire entendre. Fidèles à l’esprit de Windhoek, faisons tout pour que la liberté de la presse accomplisse cette année de réels progrès, en Afrique comme ailleurs.

M. HARRI HOLKERI, Président de l’Assemblée générale, a estimé que la liberté de la presse et la libre circulation de l’information et des idées représentent des moyens puissants de lutter contre le racisme, la discrimination, la xénophobie et l’intolérance. Les sociétés qui interdisent la liberté d’expression interdisent de la même manière le plein exercice des droits de l’homme tout en renforçant l’intolérance. Il est vrai, a reconnu le Président de l’Assemblée générale, que la liberté de la presse ne garantit pas seule l’élimination des incidents de type raciste, discriminatoire ou xénophobe. La célébration, aujourd’hui, de la Journée mondiale et son thème sur la relation entre le racisme et la liberté de la presse doivent nous rappeler que la liberté est également assortie d’obligations. M. Holkeri a poursuivi en soulignant que la liberté d’expression ne saurait être interprétée comme la liberté d’inciter ou d’encourager la haine raciale, la discrimination ou la violence. Dans le même temps, les efforts visant à lutter contre ces fléaux doivent préserver l’équilibre avec la nécessité de protéger la liberté de la presse. Les discours de haine, tels qu’on les voit sur l’Internet, seront mieux combattus non pas par la censure mais par le libre accès à une information qui les dénonce comme racistes, a-t-il estimé.

La meilleure arme contre le racisme reste l’éducation et, à cet égard, les médias ont un rôle important à jouer. Nous comptons sur eux, a dit le Président de l’Assemblée générale, pour attirer notre attention sur les actes racistes comme nous comptons sur eux pour donner à tous une chance d’être entendus et pour promouvoir une culture de la tolérance et une meilleure compréhension du démon du racisme. La Conférence de Durban sur la lutte contre le racisme offre donc l’occasion de faire une contribution significative au XXIe siècle. La présence des médias y constituera un défi mais elle garantira également que les questions en discussions seront portées à la connaissance du public.

M. MILOS ALCALAY, Président du Comité de l’information, a déclaré que la présence du Secrétaire général démontre l’importance accordée à cette commémoration annuelle en faveur des engagement à une liberté pluraliste et libre, condition fondamentale pour une démocratie participative reflétant les changements profonds, sociaux, technologiques, institutionnels, économiques et politiques que connaît le monde. Le Comité de l’information doit développer des programmes technologiques qui permettront de perfectionner l’efficacité des moyens de communication, en particulier dans les pays en développement. La liberté de la presse est un instrument essentiel de la lutte contre le racisme et toutes les formes d’intolérance.

M. Alcalay a fait observer que les inspirations des penseurs humanistes comme Mahatma Gandhi ont montré que la liberté d’expression constitue un instrument non violent pour la lutte juste d’un peuple et le meilleur instrument à la disposition des minorités pour faire entendre leurs revendications. Les journalistes doivent s’acquitter de leur rôle essentiel de sensibiliser l’opinion publique et de promouvoir une culture de la paix alors que nous nous trouvons à un carrefour historique où la communauté internationale est tenue de définir une nouvelle direction à suivre pour le monde. Evoquant le rôle de M. Mandela qui a réussi à instaurer une société fondée sur le dialogue, la réconciliation et la tolérance, libérée de l’apartheid et de la ségrégation raciale, il s’est déclaré convaincu que le Comité de l’information peut apporter sa pierre pour mettre l’information au service de l’humanité. Compte tenu des disparités qui existent entre les pays du monde, les efforts du Comité doivent donc viser à faire entendre les voix des pays en développement qui n’ont pas accès aux technologies de l’information. Il faut mener à bien l’engagement historique pris par les Chefs d’Etat lors du Sommet du millénaire de réaliser le développement de toute l’humanité. Aujourd’hui, entre le riche et le pauvre, c’est la solidarité qui libère et non plus la loi comme l’avait dit Lacordaire. Les Nations Unies doivent oeuvrer plus que jamais à la construction d’un monde meilleur pour nos enfants et les enfants de nos enfants. La communauté internationale a les moyens de traduire ces mots en mesures concrètes et de les transformer en résultats positifs pour les majorités marginalisées. La communauté internationale doit consacrer son travail à la liberté et à la solidarité qui ne peuvent être réalisés que par le biais d’une presse libre, consciente de ses responsabilités, tout en conjuguant avancées techniques, éthique et engagement social pour contribuer à la réalisation d’un monde plus juste et plus humain auquel tous les peuples du monde aspirent. Que vive la presse libre dans la lutte contre le racisme et la défense de la diversité.

M. MARCIO NOGUEIRA BARBOSA, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré que cette Journée symbolise l’engagement de la communauté internationale de défendre le droit de chercher, de recevoir et de communiquer des informations et des idées indépendamment des frontières. Cette commémoration marque un jour particulier pour l’UNESCO qui est fière d’être à l’origine de la Journée mondiale de la presse. Il y a dix ans, les participants de 35 pays africains et plusieurs ONG se sont rencontrés à Windhoek, pour tenir ce qui est la première d’une série de cinq séminaires régionaux sur la liberté de la presse, l’indépendance des médias et le pluralisme. C’est là qu’est née l’idée de la Journée mondiale de la presse. La célébration d’aujourd’hui est aussi un jour particulier parce qu’elle symbolise le long chemin que l’UNESCO a parcouru depuis les années 80 lorsque le sujet de l’information et des communications était au centre d’une controverse dans le contexte de la guerre froide. Depuis, l’UNESCO a recouvré son autorité morale de défenseur “de la libre circulation des idées par le mot et l’image”. En dépit des progrès, la longue tradition de la censure est toujours vivante, a dit M. Barbosa en citant des chiffres selon lesquels en 2000, 2 032 violations de la liberté de la presse ont été commises. Ajoutant que depuis 1985, 750 journalistes ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions, M. Barbosa a lancé un appel aux gouvernements pour qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir afin de garantir que ces crimes ne restent pas impunis.

M. JAMES H. OTTAWAY Jr, Président du Comité international de la liberté de la presse, a souligné que seule une presse libre et indépendante peut combattre le racisme et la discrimination. Citant l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme sur la liberté de la presse, il a mis en garde contre toute violation de cet article même au nom de la lutte contre le racisme. Il est facile, a-t-il insisté, d’appuyer la liberté d’expression pour des idées socialement acceptables mais la notion même de cette liberté doit inclure la liberté d’exprimer des vues impopulaires voire offensantes. Partant, le rôle de la presse en matière de racisme comme en d’autres matières doit viser tout simplement à diffuser des informations en opposant la vérité aux mensonges. M. Ottaway a rejeté toute suggestion visant à ce que la presse aille au-delà de ce rôle et devienne un partenaire des efforts officiels. Si l’on permet à la presse de s’acquitter de son travail de manière impartiale et indépendante, la sensibilisation du public aux problèmes graves ne pourra que servir la promotion d’actions positives dans une société. M. Ottaway a réitéré que la meilleure arme contre les discours de haine est une presse libre et indépendante qui mette la lumière sur les situations difficiles par des informations factuelles et impartiales. “On dit souvent que le journalisme est une affaire trop importante pour la laisser aux journalistes. C’est faux, le journalisme est une affaire trop importante pour la laisser à d’autres”, a conclu M. Ottaway.


Table ronde sur le thème "La lutte contre le racisme et la promotion de la diversité : le rôle de la presse libre"

MME FRANCES HARDIN, Membre du Conseil d'administration de l’International Center for Journalists (IFJ), a déclaré que cette organisation s’emploie à améliorer la qualité du journalisme dans les pays dépourvus d’une tradition poussée de couverture médiatique libre et pluraliste afin que soit reconnu le rôle de la presse libre et l’importance qu’elle revêt pour la démocratie. Depuis sa création, plus de 12 000 journalistes ont été formés, notamment à l’éthique, aux valeurs de la tolérance, et à la lutte contre le racisme et l’intolérance. L’IFJ a des programmes de bourses, d’enquêtes et de formation technique sur le terrain. Le Centre assure aussi la formation nécessaire pour diffuser de manière courageuse l’information.

MME GHIDA FAKHRY, Chef du bureau, Al-Jazeera TV (Qatar), a fait observer que, très souvent, les journalistes renoncent à leur rôle de contestation et que le concept même de presse libre pose des problèmes car même dans les pays où la presse est réputée libre, les journalistes font trop souvent l’objet de pressions de la part de groupes ou élites et perdent leur liberté intellectuelle. Parfois, les journalistes utilisent des termes vagues et véhiculent des stéréotypes. Comment interpréter le choix des mots dans la couverture du conflit israélo-palestinien alors que certains termes comme “fondamentalisme”, “intégrisme”, “terroriste”, sont toujours et uniquement utilisés pour décrire les Palestiniens. Or, le choix des mots a un impact sur la perception donnée de la situation et de la région. Les journalistes, dans une presse réputée libre, ne sont en fait que peu libres des choix qu’ils font. Très souvent, ils ne relatent des faits qu’en tenant compte d’un seul aspect et créent ainsi des préjugés et une perception subjective d’une situation.


MME ANA BARON, Chef du Bureau de Washington de “Clarin” (Argentine) a fait observer que même si la liberté de la presse est garantie, rien ne peut assurer que des incidents et des dérives xénophobes ne se produiront pas et c’est la raison pour laquelle, il faut défendre constamment une plus grande liberté de la presse. Pour illustrer son point de vue, Mme Baron a évoqué un incident qui s’était produit à la suite d’une conférence de presse à Washington, la capitale de la liberté de la presse, où elle a reçu des menaces d’un des participants, après avoir publié dans “Clarin” un article sur les débats de cette conférence. Elle a fait observer que cela ne se serait jamais passé si elle était une journaliste du New York Times et non pas une femme argentine, représentante d’un organe de presse anodin. La liberté de la presse n’est pas un acquis et il est essentiel de se battre pour qu’elle soit respectée dans le monde.

M. JUSTIN ARENSTEIN, Editeur à African Eye News Services (Afrique du Sud), a indiqué que même aujourd’hui, la connaissance des médias du monde sur la réalité de l’Afrique du Sud est très insuffisante et incomplète. Peu de gens s’intéressent vraiment aux problèmes de l’Afrique et aux causes véritables de ces problèmes. La raison n’en est pas un complot raciste comme certains le disent, mais un manque de moyens, la difficulté de trouver l’information sur ces questions et l’insuffisance des moyens de diffusion de telles informations par les pays africains. La couverture médiatique en Afrique du Sud est encore très déséquilibrée, monopolistique et fait encore circuler des stéréotypes racistes. Beaucoup plus de reportages sont réalisés sur les communautés blanches que sur les communautés noires. Outre les problèmes liés à la race, les défis de l’Afrique du Sud sont méconnus par les médias. Le racisme n’est pas seulement une histoire de couleurs, la xénophobie concerne également les relations ethniques. Une personne appartenant à une ethnie peut être raciste envers une personne d’une autre ethnie car même si elle est de la même couleur, cette personne est différente. Inverser les tendances racistes n’est pas une tâche facile. La meilleure protection contre le racisme doit assurer l’existence du plus grand nombre de médias indépendants pour lutter contre les préjugés et les stéréotypes. Les journalistes doivent prendre leurs responsabilités et lutter contre la haine. L’accès aux nouvelles technologies est également crucial, en particulier dans les pays en développement. “Quelle différence ferait l’établissement d’une centaine de cafés Internet en Afrique du Sud ? a-t-il fait observer. Le défi est d’accroître la diversité des voix qui se font entendre.

Après l’appel visant à ce que les gouvernements s’abstiennent d’"enrôler" les journalistes dans la lutte contre le racisme, et ce au nom de la liberté des journalistes, la question a été de savoir comment maintenir l’équilibre entre la liberté de la presse et la responsabilité des médias?. Cette responsabilité est d’autant plus importante, a relevé la correspondante d’Al-Jazeera, que la presse elle-même peut devenir le véhicule de préjugés ou de clichés et comme l’a relevé le Président du Comité international de la liberté de la presse, utiliser des raccourcis tendancieux.

La réponse apportée notamment par la correspondante de Dario Clarin a été la diversité des informations pour, a-t-elle dit, permettre à “une voix au moins” de dénoncer la monstruosité de certains propos ou faits. La diversité est-elle possible dans un contexte où même aux Etats-Unis, pays qui a élevé la presse au rang de quatrième pouvoir, une petite dizaine de sociétés contrôlent la majorité de la presse? Que sont la diversité des informations et même la liberté des journalistes dans un tel cadre? S’il a reconnu un problème de diversité, le Président du Comité international de la liberté de la presse n’a pas vu dans cette situation une entrave à la liberté de la presse estimant que nul ne peut reprocher au Washington Post ou au New York une ligne éditoriale au service d’un quelconque intérêt économique.

La presse américaine peut écrire ce qu’elle veut pour autant que les journalistes écrivent dans la bonne direction, c’est-à-dire ce qui est susceptible de plaire au grand public, a relevé pour sa part, la correspondante d’Al-Jazeera avant que le Président du Comité international de la liberté de la presse ne reconnaisse qu’en effet, le grand dilemme de tous les rédacteurs est de répondre aux attentes du public parfois au détriment d’informations plus importantes. Ces propos ont suscité un débat sur ces “prétendues attentes du public”, le Chef par intérim du Département de l’information arguant qu’avec de la bonne volonté, les médias peuvent intéresser le public à n’importe quelle “histoire bien ficelée”.

A ce propos, une question a été posée pour savoir pourquoi les médias ne couvrent pas davantage les Nations Unies. Là, les problèmes d’accès à l’information ont été invoqués notamment par le Président d’Africain Eye News Service. En écho à ses propos, la correspondante d’Al-Jazeera a mis l’accent sur le manque de transparence et jugé difficile de faire un reportage de télévision sur un Conseil de sécurité dont les acteurs tiennent la plupart de leurs travaux en huis clos. La représentante de l’International Center for journalists a émis l’idée de la création d’un “C-Span ONU”. La Table ronde s’est poursuivie sur des questions déontologiques.


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* La Déclaration stipule que “la création, le maintien et le renforcement d’une presse indépendante, pluraliste et libre sont indispensables au progrès et à la préservation de la démocratie dans un pays, ainsi qu’au développement économique”. Par une presse indépendante, on entend une presse sur laquelle le pouvoir n’exerce ni emprise politique ou économique, ni contrôle du matériel et des équipements nécessaires à la production et à la diffusion de journaux, magazines et périodiques”, et par presse pluraliste, il faut comprendre “la suppression des monopoles de tous genres et l’existence du plus grand nombre possible de journaux, magazines et périodiques reflétant l’éventail le plus large possible des points de vue de la communauté”.



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