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Communiqués de presse

LE HAUT COMMISSAIRE POUR LES REFUGIES PRESENTE LES PRIORITES DE SON ACTION POUR QUE LES REFUGIES DEVIENNENT DES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT

07 Novembre 2002



Troisième Commission
7 novembre 2002 
39e séance - matin

Le Haut Commissaire pour les réfugiés, M. Ruud Lubbers, s'est félicité, ce matin en Troisième Commission, du fait que les réfugiés et les personnes déplacées aient été moins nombreux en 2001, ramenant le nombre de personnes du ressort du Haut Commissariat à 19,8 millions, au lieu de 21,1 millions en 2000.

Ouvrant le débat général sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées, M. Ruud Lubbers a présenté les priorités de son action, notamment l'Agenda pour la protection, la politique de «développement par l'intégration» des réfugiés dans les pays d'accueil et la politique dite des quatre R-Rapatriement, Réhabilitation, Réintégration et Reconstruction. Il a expliqué qu'un projet de développement par l'intégration était actuellement en cours d’expérimentation en Zambie, où le Gouvernement avait permis aux réfugiés de s'organiser en communautés autosuffisantes, grâce à des projets agricoles et des petits commerces. Il a exhorté la communauté internationale à soutenir cette action, expliquant qu'il importait d'envisager les réfugiés comme des acteurs de développement.

Les délégations des pays qui accueillent des flux importants de réfugiés ont, pour leur part, préconisé le rapatriement volontaire. Selon les représentants de la République-Unie de Tanzanie, du Népal et de l'Ethiopie, le «développement par l'intégration» est difficilement envisageable pour les pays en développement qui accueillent un nombre très important de réfugiés. Le délégué du Pakistan a renchéri qu'il était vain d'attendre qu'un pays en développement accueille décemment un million de réfugiés ou plus. Le Pakistan, a-t-il rappelé, héberge actuellement 2,1 millions réfugiés même si plus d'un million d'entre eux ont été rapatriés par le HCR. La solution est de donner davantage de moyens aux politiques de rapatriement volontaire, a convenu M. Ruud Lubbers. Ces flux massifs de réfugiés représentent en effet un poids énorme pour les pays d'accueil, sachant que 35 d'entre eux figurent sur la liste des 48 pays les moins avancés. Cela dit, a-t-il ajouté, les rapatriements volontaires ne fonctionnent qu'avec le soutien de l'aide au développement.

Dans le cadre du débat général, le représentant du Danemark, pour l'Union européenne, a rappelé que la responsabilité première des personnes déplacées de l'intérieur incombe à leur gouvernement respectif. S'ils n'ont pas les ressources nécessaires, il leur appartient de demander le soutien de la communauté internationale, a-t-il précisé, avant de se féliciter de la création d'une unité spéciale pour les PDI au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.

Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris part au débat général: Etats-Unis, Chine et Mexique. L'Observateur du Saint-Siège et le représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se sont également exprimés.

La Commission poursuivra l'examen des questions relatives aux réfugiés, le 13 novembre au matin. Cet après-midi, elle se prononcera sur divers projets de résolution concernant l'élimination de racisme, le droit à l'autodétermination et l'application des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et continuera son débat général sur les questions relatives aux droits de l'homme.


QUESTIONS RELATIVES AUX REFUGIES, AUX RAPATRIES ET AUX PERSONNES DEPLACEES ET QUESTIONS HUMANITAIRES

Documentation

Le rapport du Haut Commissaire pour les réfugiés, M. Ruud Lubbers, (A/57/12 Supplément) couvre l'année 2001, première année du mandat de M. Lubbers, au cours de laquelle le nombre effectif de réfugiés et de personnes déplacées rapatriés a été relativement peu élevé (environ 700 000). Ainsi le nombre de personnes du ressort du HCR a légèrement baissé, passant de 21,1 millions en 2000 à 19,8 millions à la fin de 2001, grâce essentiellement à une nette diminution du nombre de personnes déplacées dans leur propre pays dont le HCR a eu à s’occuper. En outre, il s’est produit au cours de l’année en Afrique, en Europe du Sud-Est, en Asie du Sud-Est et plus récemment en Afghanistan des faits encourageants qui augurent de rapatriements plus nombreux dans un avenir proche. Le HCR a aussi redoublé d’efforts pour résoudre des situations de réfugiés qui s’éternisent, notamment en Afrique, en mettant davantage l’accent sur les mesures tendant à encourager l’autonomie pour faciliter l’intégration sur place ou la réinsertion dans le pays d’origine.

L’intervention militaire en Afghanistan et l’évolution politique qui en a découlé ont ouvert des possibilités de retour inespérées à des centaines de milliers de réfugiés, en particulier au départ du Pakistan et de la République islamique d’Iran. Mais au passif, il faut relever que des actes terroristes n’ont fait qu’alimenter des sentiments d’intolérance et de méfiance envers les étrangers, dont les personnes en quête d’asile et les réfugiés, ce qui n’a pas facilité le travail de protection internationale. Le Haut Commissaire attire l'attention sur les Consultations mondiales sur la protection internationale lancées en 2000, qui ont conduit au renforcement de l’engagement des uns et des autres vis-à-vis de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole additionnel de 1967. Ce regain d'intérêt est d'autant plus important dans une époque marquée par de gros problèmes de protection. En effet, depuis plusieurs années, les gouvernements ont de plus en plus souvent à faire face à des mouvements irréguliers, composés à la fois de migrants et de demandeurs d’asile, et recourent à divers artifices pour dissuader d’éventuels candidats de frapper à leurs portes. Les trafiquants et les passeurs font fortune et se multiplient, tandis que l’opinion publique se fait de plus en plus hostile, note le Haut Commissaire.

Dressant le bilan des activités du Haut Commissariat, M. Lubbers observe que le financement n’a pas été à la hauteur des demandes, d’où la fermeture l’année passée de plusieurs bureaux et les coupes claires opérées dans plusieurs programmes et opérations. Il indique que la réinstallation des réfugiés a continué d'occuper une place importante dans la stratégie de protection globale du HCR, à la fois en tant que solution durable et comme moyen de protéger les réfugiés isolés dont la sécurité est menacée. Il revient sur la mission d’évaluation commune HCR/Save the Children (Royaume-Uni), qui s’est rendue en Afrique de l’Ouest, en octobre et novembre 2001, pour étudier la question de l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants réfugiés et signale que les conclusions de l'enquête du Bureau des Services de contrôle interne des Nations Unies, qui a suivi, portent à croire que ces allégations étaient beaucoup moins répandues qu'on le craignait initialement.

La Commission est également saisie d'un rapport du Secrétaire général sur l'assistance aux réfugiés, rapatriés et personnes déplacées en Afrique (A/57/324).


Déclaration liminaire

M. RUUD LUBBERS, Haut Commissaire pour les réfugiés, s'est félicité de la tendance positive enregistrée l'année dernière. Par exemple, en Afghanistan, plus de deux millions de personnes sont rentrées chez elles, dans le cadre d'une opération de rapatriement, commencée en mars 2002. Il a formé l’espoir que 1,2 million de personnes pourraient rentrer chez elles en 2003 et a attiré l’attention sur la phase suivante de leur réintégration. Il s'est félicité des retours de réfugiés en Sierra Leone et en Erythrée, et des perspectives de règlement du conflit au Sri Lanka, qui permettra des retours importants. Le Haut Commissaire a expliqué que ses services commençaient à se retirer de l'Europe du Sud-Est, ce qui permettait de dégager des ressources pour l'Afrique où de nouveaux problèmes apparaissent, notamment au Libéria et en Côte d'Ivoire.

Compte tenu des nouveaux problèmes, M. Lubbers a indiqué que le Haut Commissaire avait adopté un code de conduite pour son personnel, afin de prévenir les risques d'exploitation sexuelle. Face aux nouvelles politiques restrictives adoptées par les Etats d'asile, il s'est inquiété des procédures de refoulement qui renvoient les demandeurs d'asile à la persécution et à des procédures de détention des demandeurs d'asile, qui s'opèrent souvent sur une base discriminatoire. Dans un tel contexte, il a estimé qu’il fallait d’urgence se doter de politiques qui permettent de distinguer les migrants économiques des réfugiés. Il a ensuite apporté des précisions sur la mise en œuvre de sa politique des «quatre R» (Rapatriement, Réintégration, Réhabilitation et Reconstruction), en Erythrée, en Sierra Leone, au Sri Lanka et en Afghanistan. Il a rappelé que dans ce cadre le HCR travaille en étroite coopération avec le PNUD, la Banque mondiale, l'UNICEF et le PAM. Il a ensuite présenté sa politique d'intégration des réfugiés dans les pays d'asile, baptisé «développement par l'intégration». Dans la mesure où de nombreux pays qui accueillent des réfugiés sont des pays pauvres (35 d'entre eux figurent sur la liste des 48 pays les moins avancés), il apparaît logique que les donateurs dirige une partie de leur aide au développement vers les populations de réfugiés afin qu'ils ne soient pas un fardeau pour le pays d'accueil. Il a indiqué qu'une initiative pilote était en cours d’expérimentation en Zambie.

M. Lubbers s'est ensuite félicité de l'adoption d'un nouvel Agenda pour la protection, qui guidera l'action du HCR, des organisations non gouvernementales et des Etats. Il a expliqué que la recherche de solutions durables au problème des réfugiés exigeait que les pays du Nord et du Sud travaillent de concert. Il importe aussi d'établir des partenariats permettant de mieux cibler l'aide aux réfugiés qui sont encore dans leur pays d'origine, de faciliter leur rapatriement et, éventuellement, leur intégration dans les pays d'accueil.

M. Lubbers a décrit le processus «HCR 2004» qu'il a lancé l'année dernière en prévision du renouvellement de son mandat, qui arrive à terme cette année. Il a expliqué que cette initiative (qui sera soumise cette année à la Commission) traite, entre autres, des questions de gouvernance et de financement du HCR. Elle envisage également la relation entre les migrations volontaires et forcées et s'emploie à resserrer les partenariats entre le HCR et les institutions spécialisées du système de l'ONU.


Dialogue avec les délégations

La représentante de la République-Unie de Tanzanie a indiqué que l'approche «Intégration pour le développement» fonctionnait pour de faibles groupes de réfugiés. La Tanzanie accueille pour sa part 600 000 réfugiés et une telle approche ne serait pas pratique chez elle, a-t-elle déclaré. Le délégué du Pakistan a ajouté que si la responsabilité de l'intégration des réfugiés incombe traditionnellement aux pays d'accueil, il est vain d'attendre qu'un pays en développement puisse accueillir décemment un million de réfugiés ou plus. Le Pakistan, a-t-il rappelé, héberge actuellement 2,1 millions de réfugiés même si plus d'un million ont été rapatriés par le HCR.

La solution serait de donner davantage de moyens aux politiques de rapatriement volontaire, a convenu M. Ruud Lubbers. Ces flux massifs de réfugiés représentent en effet un poids énorme pour les pays d'accueil. Cela dit, a-t-il ajouté, les rapatriements volontaires ne fonctionnent qu'avec le soutien de l'aide au développement, et dans ce cas, tout le monde est gagnant. C'est une erreur de dire développement d'abord et retour ensuite, a expliqué M. Lubbers. Les deux processus fonctionnent en tandem. Chaque dollar investit dans cet effort double sa valeur car les bénéficiaires deviennent des acteurs du développement. Le Haut Commissaire pour les réfugiés a précisé qu'il faisait le maximum pour améliorer la situation des réfugiés afghans. Il faut participer à la reconstruction du Nord de l'Afghanistan, a-t-il indiqué.

Une alternative au rapatriement volontaire réside dans l'établissement de camps dans les pays voisins, a repris le Haut Commissaire pour les réfugiés. Mais, comme l'a demandé la représentante du Soudan, que faire pour les réfugiés qui sont à l'extérieur de ces camps? Le Haut Commissaire a estimé que pour ceux qui se trouvent notamment en zone urbaine, leur intégration est de la responsabilité de l'Etat d'accueil. Enfin, s'exprimant sur le budget du HCR à la suite d'une question de la Norvège, le Haut Commissaire pour les réfugiés a déploré que les Etats du monde musulman contribuent aussi peu au budget du HCR. Il a parlé d'un «fossé entre le monde islamique et le reste du monde». Au sujet de la parité au sein du HCR, M. Lubbers a reconnu qu'un effort pouvait encore être fait.

Répondant aux questions du Japon et du Canada concernant le développement de partenariats au sein du système de l'ONU, M. Lubbers a expliqué qu'il importait d'adopter une approche intégrée pour éviter les doubles emplois et apporter des solutions durables à la question du développement des réfugiés. Il a recommandé que chacun prenne les responsabilités de son action, ainsi les grandes organisations non gouvernementales peuvent aussi jouer un rôle plus important car elles disposent souvent de ressources considérables.

Aux questions du Canada sur la réaction des institutions spécialisées de l'ONU dans les situations d'urgence, M. Lubbers a répondu que le HCR fonctionnait très bien avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), dans les situations d'urgence. Il a expliqué qu'il avait de nombreux contacts avec les Départements du maintien de la paix et des affaires politiques, ainsi qu'avec le PNUD. Il a déclaré que le HCR était complètement dépendant du système des Nations Unies et qu'il fallait pour mieux travailler réussir à dépasser le cloisement traditionnel de l'Organisation. Le HCR a des alliés en théorie, mais en pratique, ces alliances sont difficiles à mettre en oeuvre, a-t-il regretté. Par exemple, les réfugiés restent exclus des programmes de développement. Davantage doit être fait pour que l'on puisse réellement parler d'efforts concertés, a-t-il déclaré.

A la question du Mexique qui demandait des détails sur le code de conduite visant à prévenir l'exploitation sexuelle des réfugiés, le Haut Commissaire a précisé que l'enquête du Bureau des services de contrôles internes avait permis d'établir qu'il n'y avait pas eu de faille grave dans le personnel des Nations Unies. Il a insisté sur le fait que le code de conduite adopté devrait désormais s'appliquer au personnel des organisations non gouvernementales. Le Haut Commissaire a estimé qu'il fallait doter le HCR de ressources suffisantes pour qu'il puisse maintenir son personnel sur le terrain, ce qui est le véritable moyen de prévenir les abus.

Se déclarant favorable à la politique visant à rendre les réfugiés indépendants, ce qui serait bénéfique à la fois pour le pays d'accueil et le pays d'origine, la représentante de l'Afrique du Sud a demandé quelle serait, dans ce contexte, l'action concrète du HCR en faveur du développement notamment dans le cadre du NEPAD. M. Lubbers a estimé que le développement de l’Afrique passait aussi par la solution de la question des réfugiés. Il importe donc que le HCR puisse obtenir davantage de ressources financières pour contribuer au développement par l'intégration locale, a-t-il déclaré. Revenant sur cette question, les représentants de l'Ethiopie et du Népal ont observé qu'aucune politique ne devrait être imposée aux pays d'accueil et se sont déclarés plutôt favorables à la politique des «quatre R», qui a déjà donné des résultats positifs. Pour le Népal la politique de «développement par l'intégration» devrait être envisagée au cas par cas. Le représentant de l'Ethiopie a, en outre, mis en garde contre la confusion entre l'aide humanitaire et l'aide au développement.

M. Lubbers s'est dit lui aussi favorable au rapatriement volontaire, ce qui n'exclut pas qu'il faut aussi prévoir une aide au développement pour les volets «réhabilitation et réintégration».

Rappelant que le Mali avait dû accueillir quelque 5 000 réfugiés en provenance de Côte d'Ivoire, le représentant a demandé quelles étaient les actions du HCR en faveur des personnes déplacées à l'intérieur de la Côte d'Ivoire et quel était le calendrier de la mise en œuvre de la politique des «quatre R». Le Haut Commissaire a assuré les représentants du Mali et du Burkina Faso que le HCR faisait tout son possible et espérait pouvoir déterminer, avec les pays voisins, quelle sera la meilleure politique à suivre.

Aux questions de la Jamahiriya arabe lybienne qui demandait des précisions sur la méthode préconisée par le HCR pour distinguer les réfugiés des migrants, le Haut Commissaire a répondu que les réfugiés étaient des personnes qui avaient fui des violences ou certains types de discrimination dans leur pays d'origine. Convenant que des motifs économiques pouvaient conduire les personnes à fuir leur pays d'origine, il a précisé qu'il fallait aussi reconnaître la souveraineté des pays d'accueil, qui ont la prérogative de mettre des limites à l'ouverture de leurs frontières. Il a déclaré que compte tenu des abus nés de la traite des migrants, il importait que l'on définisse plus précisément les questions relatives aux migrations internationales.

S'agissant du Timor Leste, le Haut Commissaire a dit qu'on était dans la dernière ligne droite et qu'avec un dernier effort des donateurs, on ne parlerait bientôt plus de réfugiés.

Répondant à l'Algérie qui des a souhaité des précisions sur les chiffres cités dans le rapport concernant les 165 000 réfugiés résidant dans les camps et la région de Tindouf, le Haut Commissaire a justifié le choix de sa terminologie par l'espoir de voir une solution dans un proche avenir et, s'adressant aux parties concernées, les a appelées à chercher une solution pour que le HCR puisse se dégager. Répondant à cette interpellation le représentant du Maroc a exprimé des réserves sur les chiffres communiqués au HCR concernant les réfugiés se trouvant dans les camps de Tindouf et de la région. Il a assuré le Haut Commissaire de la disponibilité de son pays pour mettre en œuvre les mesures de confiance. Le Haut Commissaire a répété que le HCR n'était pas responsable du manque d'évolution de la situation et a formé l’espoir qu'une solution serait rapidement trouvée.

Répondant au Népal qui est aussi confronté depuis longtemps à une large population de 110 000 réfugiés du Bhoutan vivant dans des camps, le Haut Commissaire a déclaré que le HCR était prêt à faciliter les négociations bilatérales en vue de la recherche d'une solution, mais ne saurait être tenu pour responsable des blocages.


Débat général

Le représentant des Etats-Unis a salué les résultats du HCR notamment en Afghanistan. Il a admis comme M. Lubbers que les politiques de rapatriement volontaire sont la véritable solution aux problèmes posés par les réfugiés. En Afghanistan, il est impératif d'assurer la sécurité et cela implique la création d’une armée et d’une force de police efficaces. Là, comme ailleurs, la réponse humanitaire va de pair avec la reconstruction, a-t-il ajouté. Les réfugiés ont besoin d'une solution permanente, en particulier en Afrique. Les Etats-Unis sont toujours fermement acquis à la politique de rapatriement volontaire, mais s'inquiètent de ce que le climat propice à la réinsertion soit beaucoup trop rare. Parallèlement, a indiqué le délégué, de nouveaux problèmes génèrent des flux massifs de réfugiés au Burundi et en République centrafricaine. Le HCR va à nouveau se trouver en première ligne et il a fait part de son inquiétude car si le HCR est à la hauteur de sa mission, tous les pays donateurs ne le sont pas. Certains donateurs sont encore hésitants, a-t-il indiqué. En 2002, les Etats-Unis ont donné 255 millions de dollars au HCR, dont 100 millions pour l'Afrique. Cette institution doit pouvoir jouer son rôle, a-t-il déclaré. Le représentant a fait référence à l'importance des pays d'accueil, qui sont plus que des pays donateurs. Au sujet des cas d'abus sexuels en Afrique de l'Ouest, le représentant a salué la position du HCR qui, non seulement n'est pas impliqué dans ces scandales mais, en plus, a su affirmer qu'il ne les tolérerait pas. Le représentant a souligné l'importance d'un système d'enregistrement des réfugiés qui permettra de mieux connaître ces populations. Il a enfin assuré le Haut Commissaire de son entier soutien.

M. OLE MOESBY (Danemark) a reconnu, au nom de l'Union européenne et des pays associés, que les réfugiés posaient un défi à la communauté internationale sur le plan humanitaire. L'Union européenne reste déterminée à agir, a-t-il affirmé. Récemment, le Haut Commissaire pour les réfugiés a exposé une «initiative plus»qui vise à compléter la Convention sur les réfugiés de 1951 et son Protocole afin de parfaire leur protection et de trouver des solutions durables, notamment dans les régions d'origine. L'Union européenne soutient cette initiative ainsi que le Forum d'experts, a déclaré le représentant. De même, elle considère comme fondamentale la mise en place d'un système d'enregistrement et de documentation sur les réfugiés. La protection des réfugiés ne se limite pas à une question de droits. Elle s'étend à la possibilité pour les réfugiés de mener une vie digne en exil, de faire une contribution positive à leur pays d'accueil et dans leur pays d'origine, s'ils peuvent rentrer chez eux.

Davantage doit être fait concernant le rapatriement des réfugiés, a poursuivi le représentant danois. Le retour des Afghans dans leur pays a été un succès, mais constitue aussi un défi. En même temps, a-t-il ajouté, il est important de renforcer et de supporter l'intégration des réfugiés dans leur pays d'accueil, sans oublier de s'attaquer aux causes de l'exil. La prévention des conflits et leur règlement sont les solutions pour éviter les flux massifs de populations. Le délégué a aussi évoqué les récentes allégations d'abus sexuels dans les camps en Afrique de l'Ouest et a rappelé que 80% des réfugiés sont des femmes et des enfants. Il s'est félicité de ce que le HCR ait adopté un code de conduite destiné à prévenir les abus sexuels sur le terrain. Rappelant que les besoins des personnes déplacées divergent, tout en ayant une chose en commun à savoir qu'elles ont besoin de protection et d'assistance. La responsabilité première des personnes déplacées de l'intérieur (PDI) incombe à leurs gouvernements respectifs, a déclaré le représentant. S'ils n'ont pas les ressources nécessaires, leur obligation est de demander le soutien de la communauté internationale. L'Union européenne se félicite de la création d'une unité spéciale pour les PDI au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Enfin, revenant sur les difficultés budgétaires du HCR, il a déclaré que l'Union européenne, dans son ensemble avec la Commission européenne, était de loin le premier bailleur de fonds du HCR et a demandé à la communauté internationale de lui donner les moyens de travailler. Il a encouragé le Haut Commissaire à continuer de collaborer avec le PNUD et la Banque mondiale.

M. XIE BOHUA (Chine) s'est félicité du retour de plus de 2 millions de personnes en Afghanistan, mais a souligné les souffrances des 19,8 millions de réfugiés qui sont encore dans des situations précaires. Il a estimé qu'il fallait s'attaquer à la racine du problème en adoptant une politique efficace de prévention des conflits. Ainsi, il faut appuyer le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique qui vise à promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement en Afrique, a-t-il insisté. Il s'est félicité du nouvel Agenda pour la protection qui vise à renforcer l'engagement des Etats vis-à-vis de la Convention de 1951 sur la protection des réfugiés. Il s'est aussi félicité des recommandations du Haut Commissaire en vue de renforcer la coopération en matière d'aide aux réfugiés.

M. DIEGO SIMANCAS GUTIERREZ (Mexique) a réaffirmé l'importance du principe de non-refoulement et a répété que les rapatriements doivent être volontaires, c'est-à-dire basés sur la libre décision des personnes concernées. L'asile ne peut être utilisé par des criminels et des terroristes, a-t-il ajouté, cependant la lutte contre le terrorisme doit épargner une institution comme l'asile. Concernant le programme sur la protection des réfugiés, il faudra éviter toute confusion entre migrants et réfugiés, a demandé le représentant, au risque de vider l'une et l'autre notions de leur sens. Il a estimé que le Mexique avait été cohérent dans sa politique vis-à-vis de 24 000 réfugiés guatémaltèques. Le HCR et la COMA (Commission mexicaine d'aide aux réfugiés) avaient travaillé en totale confiance. Il a indiqué que son pays allait s'appliquer à moderniser ses politiques publiques d'intégration et d'assimilation. Il s'est dit préoccupé par les allégations d'abus sexuels parmi le personnel humanitaire en Afrique de l'Ouest et s'est rallié à la position du Haut Commissaire sur le thème«un cas, c'est déjà trop».

Mgr RENATO MARTINO (Observateur du Saint-Siège) s'est inquiété du sort de ceux qui se heurtent à des frontières fermées et de ceux qui sont victimes de discrimination et de xénophobie. Il a assuré le Haut Commissariat du soutien du Saint-Siège qui, grâce à l'action de ses agencse dont Caritas international et le conseil pontifical pour l'aide pastorale aux migrants et personnes itinérantes, vient en aide à des millions de personnes dans le monde. Ainsi, les institutions de l'Eglise sont-elles venues en aide à quelque 319 541 réfugiés et migrants dans le monde. Il a aussi attiré l'attention sur les quelques 50 millions de personnes déplacées dans le monde et a appelé les gouvernements à prendre leurs responsabilités en ce qui concerne la sécurité et l'accès aux services sociaux de base des personnes déplacées à l'intérieur de leurs frontières.

M. MOTHKIR AL-HAJERI (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a exposé le travail effectué en partenariat avec le Haut Commissaire pour les réfugiés. La Fédération collabore depuis des années avec le HCR, a-t-il déclaré, mais les missions de chaque institution sont cependant bien différentes. Ainsi, la Fédération internationale doit couvrir les besoins des personnes quel que soit leur statut juridique. Un nombre relativement faible d'entre elles sont considérées comme réfugiés au titre de la Convention de 1951. Cela n'empêche pas qu'elles aient besoin d'aide. Personne ne demande au HCR de s'occuper de ce travail, a-t-il indiqué. Le représentant a demandé aux Etats d'apporter toutes les protections et garanties aux personnes déplacées, même à l'intérieur de leur propre pays. Il est dommage que le débat sur les personnes déplacées à l'intérieur ait été obscurci par une approche limitée à la traite des personnes, a déploré le représentant. Les sociétés de la Fédération internationale sont intervenues en faveur de demandeurs d'asile qui ont été emprisonnés. La question n'a pas été abordée sous l'angle de l'authenticité de leur demande d'asile, mais sous l'angle de leur vulnérabilité. Car, a repris le représentant, une fois que le réfugié ou le migrant est arrivé dans le pays de destination, sa vulnérabilité ne disparaît pas. La xénophobie, l'intolérance et les discriminations se sont accentuées dans le monde depuis les évènements du 11 septembre, a-t-il continué. Le HCR comprend parfaitement l'élargissement de cette problématique et l'adoption de l'agenda permettra de guider les Etats dans le travail de protection. Le représentant a salué la décision de revenir sur la Convention de 1951 mais a indiqué que la Fédération est inquiète de voir son champ d'application réduit, ce qui laisserait davantage de questions en dehors du champ de sa protection.




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