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Communiqués de presse Organes conventionnels

LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE PAR L'ACCES A L'EDUCATION ET A LA SANTE PRESENTEE COMME LE FER DE LANCE DE LA POLITIQUE NICARAGUAYENNE DE PROMOTION DE LA FEMME

17 Juillet 2001



Comité pour l’élimination de
la discrimination à l’égard des femmes
25ème session
17 juillet 2001
526ème séance – après-midi





Les experts du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes ont laissé, cet après-midi, la Directrice exécutive de l'Institut nicaraguayen des femmes, Mme Amalia Frech de Aleman et sa délégation répondre aux questions que les quatrième et cinquième rapports périodiques présentés en vertu de l'article 18 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes ont suscitées.

Ce matin, les experts se sont interrogés sur le réel pouvoir d'influence de l'Institut sur la politique gouvernementale, sur la nature de ses relations avec l’Eglise, sur ses allocations budgétaires et les résultats concrets des programmes mis en place. En matière juridique, la question de l'intégration de la Convention dans la législation nationale a été posée comme celle des amendements à apporter aux dispositions discriminatoires en vigueur. Des explications ont été demandées sur l’écart qui existe entre les indicateurs de l'éducation et ceux de la santé. Des questions ont également été posées sur la lutte contre la pauvreté, l’écart salarial et la prostitution.

La délégation nicaraguayenne a ainsi réitéré le fait qu'au Nicaragua, ce n'est pas l'absence d'un cadre juridique qui manque à la promotion de la femme mais bien celle de mécanismes d'application des lois. Soulignant la détermination de son Gouvernement à aller de l'avant, la délégation a expliqué que les efforts en matière d'égalité entre les sexes s'articulent autour de la lutte contre la pauvreté par le biais d'un accès égal à l'éducation et à la santé. De nombreuses questions posées ce matin n'ont pas reçu de réponse, la délégation nicaraguayenne invoquant le fait de ne pas avoir le temps nécessaire pour recueillir les informations requises.

La Présidente du Comité a rappelé que le Nicaragua a été le deuxième Etat partie à mettre en place un mécanisme national de promotion de la femme. Elle a émis l'espoir que l'Institut nicaraguayen de la femme sera élevé au rang de Ministère de la condition féminine. Elle a demandé au Nicaragua de fournir au Comité des statistiques ventilées par sexe en le priant instamment de tenir compte des recommandations formulées par le Comité qui "doivent servir de moteur pour la politique du Nicaragua dans l’avancement des femmes".


La délégation nicaraguayenne était composée de la Directrice exécutive, de la Directrice des politiques, de la Conseillère générale et de l'Assistante technique de l'Institut nicaraguayen de la femme (INIM). L'assistante personnelle de la Directrice exécutive était également présente.

Le Comité se réunira à nouveau demain, mercredi 18 juillet à 10 heures pour examiner le deuxième rapport périodique du Guyana.

Les 23 experts du Comité sont : Mmes Charlotte Abaka (Ghana), Ayse Feride Acar (Turquie), Sjamsiah Achmad (Indonésie), Emna Aouij (Tunisie), Ivanka Corti (Italie), Feng Cui (Chine), Naela Gabr (Egypte), Françoise Gaspard (France), Maria Yolanda Ferrer Gomez (Cuba), Aida Gonzalez Martinez (Mexique), Savitri Goonesekere (Sri Lanka), Rosalyn Hazelle (Saint-Kitts-et-Nevis), Fatima Kwaku (Nigéria), Rosario Manalo (Philippines), Asha Rose Metengeti-Migiro (Tanzanie), Mavivi Myakayaka-Manzini (Afrique du Sud), Frances Livingstone Raday (Israël), Zelmira Ragazzoli (Argentine), Hanna Beate Schöpp-Schilling (Allemagne), Heisoo Chin (République de Corée), Maria Regina Tavares da Silva (Portugal), Chikako Taya (Japon) et M. Göran Melander (Suède).


EXAMEN DES RAPPORTS PRESENTES PAR LES ETATS PARTIES EN APPLICATION DE L’ARTICLE 18 DE LA CONVENTION SUR L’ELIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION A L’EGARD DES FEMMES

Réponses aux questions posées par les experts ce matin

Répondant à la série de questions qui ont été posées par les experts ce matin, Mme AMALIA FRECH DE ALEMAN, Directrice exécutive de l'INIM, a expliqué que la stratégie de lutte contre la pauvreté qui a été élaborée, en consultation avec la société civile, met l'accent sur l'emploi, l'éducation et l'accès aux soins de santé. Les guerres, les catastrophes naturelles et la crise économique qu'a connues le Nicaragua ont entraîné la réduction des ressources disponibles pour l'action sociale. A la suite du programme de reconstruction mis en place pour faire face aux conséquences de l'ouragan Mitch de 1998, il y a eu une augmentation de nouveaux emplois, en particulier dans les secteurs agricole et de la construction.

Mme MILAGROS PEREZ, Assistante personnelle de la Directrice exécutive de l'INIM, a indiqué que des mesures de diffusion de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ont été prises, notamment avec l'aide de l'UNICEF. Ces mesures ont pour objectif de sensibiliser les enfants dans les écoles. Le taux d'analphabétisme étant particulièrement élevé dans les zones rurales, le matériel pédagogique devra être adapté. L'enseignement à distance, a-t-elle précisé, permet à des enfants de poursuivre un cursus d'enseignement sans être contraints de le suivre de manière continue. Pour combattre les stéréotypes, la formation des enseignants prévoit la sensibilisation aux questions sexospécifiques. Les programmes éducatifs prévus dans le projet de programme de prévention de la violence tiendront compte des éléments sexospécifiques. Des efforts ont été déployés pour promouvoir l'accès des jeunes filles aux technologies mais il existe encore des inégalités en ce sens dans la société. Venant à expliquer les causes de l'écart entre les indicateurs de santé et ceux d'éducation, elle a indiqué que l'investissement dans le capital humain ne porte ses fruits qu’à long terme.

La sensibilisation des écoles aux droits de l'homme, notamment via les activités des ONG, a permis de promouvoir les principes de la Convention. La police a également été sensibilisée aux principes de la Convention. Toutefois, il existe un manque de formation en matière de droits de l'homme. S'agissant du projet de loi générale sur l'éducation, elle a indiqué que ce texte, en cours d'examen au Parlement, établira une stratégie pour les 15 prochaines années. Elle a par ailleurs expliqué que, depuis 1993, la communauté internationale a versé quelque 10 millions dollars, y compris le montant versé en contrepartie par le Gouvernement, pour mettre en oeuvre le plan de lutte contre la violence à l'égard des femmes et 3 millions de dollars sont prévus pour la mise en oeuvre de ce plan au cours des trois prochaines années. Elle a enfin expliqué que, dans le cadre de la stratégie de réduction de la pauvreté, et, en particulier dans le domaine de l'éducation, l'accent est mis sur l'investissement dans le capital humain et l'objectif de cette stratégie vise à moderniser le système éducatif.

Poursuivant sur la question de la santé et, en particulier la santé mentale, l’Assistance technique de l’INIM a indiqué que depuis 1998, à la suite de l’ouragan Mitch, le programme de santé mentale a été renforcé. Des promoteurs de la santé on été nommés, grâce à la collaboration des ONG, a-t-elle encore indiqué avant de répondre à la question relative au cancer du col de l’utérus. A cet égard, elle a cité plusieurs programmes de lutte contre le cancer ; l’accent étant mis sur les programmes de prévention et de formation du personnel spécialisé, en particulier dans l’utilisation du matériel. Sur la distribution des préservatifs, la représentante a souligné que les centres de santé assurent généralement les méthodes contraceptives. Admettant que les chiffres sont très faibles dans la sensibilisation des hommes, elle a affirmé que des efforts sont déployés pour renverser la tendance.

A son tour, la Conseillère juridique de l’INIM a répondu sur le Protocole facultatif se rapportant à la Convention en expliquant que l’INIM a pris diverses mesures pour accélérer la signature de ce Protocole facultatif. Le droit à la vie est consacré dans l’article 23 de la Constitution, a-t-elle dit en réponse à une question sur l’avortement. Quant aux mesures de protection accordées aux victimes de la violence, elle a indiqué que la loi pertinente établit des mesures auxquelles peuvent recourir les victimes.

Elle a aussi fait part des initiatives prises pour assurer le respect des droits de l’homme avant de revenir une nouvelle fois sur la question de la violence contre les femmes. La Conseillère juridique a ainsi expliquée les dispositions du Code pénal relatives au viol et à la prostitution. Quant au concept de la traite des personnes, elle a indiqué que la Constitution interdit la traite des femmes sous toutes ses formes. Pour ce qui est de la loi de « patria patesta », elle a souligné que ce concept est défini en vertu d’un décret de la loi sur les relations père-mère-enfant.

Le but est de rendre la tutelle plus efficace. Ayant expliqué cela, elle est passée à la question sur l’amendement à la Constitution en soulignant que quelque 60 amendements ont été apportés à la Loi fondamentale.

Reprenant la parole, la Directrice exécutive l’INIM a répondu à la question sur le fonctionnement de son Institut en affirmant qu’en l’absence d’une coopération internationale, l’INIM chercherait d’autres partenariats, notamment une plus grande participation de la société civile.. Elle est revenue sur les acquis de son pays en matière de promotion de la femme pour reconnaître que ce n’est pas uniquement avec des lois que le pays réalisera l’égalité entre les sexes mais ces lois offrent toutefois une garantie juridique qui permet de voir quelle orientation prendre. La culture machiste qui prévaut au Nicaragua n’a pas pour autant occulté le rôle important que jouent les femmes. L’INIM a donc un bel avenir devant lui, quel que soit le type de Gouvernement en place. Il est même question dans un avenir proche d’en faire un véritable ministère.

Sur la question de savoir si l’INIM a le pouvoir d’exercer une certaine influence sur les autres départements ministériels, elle a répondu en citant les différentes unités de sexospécificité qui ont été créées au sein des divers organes gouvernementaux. Le Gouvernement respecte l’engagement pris au niveau international et accorde tout son appui à l’INIM, a-t-elle affirmé. Pour ce qui est des résultats des programmes mis en place par l‘INIM, la Directrice exécutive a notamment insisté sur la participation de toutes les parties prenantes. Quant à la relation entre l’INIM et l’Eglise catholique, elle a répondu qu’il n’existe pas de relations formelles entre eux. L’INIM est une instance de l’Etat créé en vertu d’une loi afin d’élaborer des politiques publiques en faveur de la femme. Partant, l’Eglise et l’Institut sont deux entités tout en fait distinctes. L’ingérence de l’Eglise dans le fonctionnement de l’Institut n’a jamais existé, a-t-elle affirmé.






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