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Communiqués de presse

LES DELEGATIONS DETERMINEES A METTRE EN OEUVRE LE PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN

28 Janvier 2002



Troisième Commission
57e séance – après-midi
28 janvier 2002




La Troisième Commission (affaires sociales, humanitaires et culturelles) a poursuivi, cet après-midi, sa reprise de session consacrée à l’examen du rapport de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. La Conférence, qui s’est tenue à Durban (Afrique du Sud) du 31 août au 8 septembre 2001, a adopté, à l’issue de ses travaux, une Déclaration et un Programme d’action qui abordent notamment les questions de l’esclavage, du Moyen-Orient, des peuples autochtones, des migrants et de la mondialisation. Le retard dans l’examen de ce rapport, qui était prévu par la Troisième Commission au mois de novembre 2001, s’explique par la finalisation du document qu’a entrepris le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, à Genève. Comme l’a expliqué alors, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson, le Comité renégociait, à Genève, non pas le contenu mais l’emplacement des trois paragraphes –esclavage, réparations et Moyen-Orient- qui avaient suscité le plus de discussions à Durban.

Ce matin, Mme Mary Robinson a tenu à souligner que le processus de Durban n’est pas une fin mais un début et qu’avec la Déclaration et le Programme d’action en mains, la communauté internationale ne devait épargner aucun effort pour préserver sa crédibilité. Ces propos ont reçu écho dans les déclarations faites cet après-midi qui, toutes, appellent à une mise en oeuvre rapide et efficace des recommandations de la Conférence. Les délégations qui se sont exprimées ont accueilli les documents de Durban comme une étape historique en ce sens qu’ils reconnaissent les dommages causés par l’esclavage et le colonialisme. L’histoire, a ainsi estimé le représentant des Etats-Unis, ne peut être changée. Il faut en tirer les enseignements et chaque pays doit confronter son passé pour mettre en oeuvre des politiques correctives efficaces.


Certaines délégations ont soulevé des questions spécifiques. Ainsi, l’Algérie a appelé à la lutte contre les manifestations actuelles du racisme fondées sur la nationalité, la culture, la religion et le niveau de développement. “La différence”, a déclaré son délégué, qui devrait être encouragée et célébrée, devient ainsi source de rejet et de discrimination mais aussi de prétexte facile pour justifier tous les excès nationalistes et chauvinistes et entretenir les amalgames et les raccourcis. Le représentant du Zimbabwe a, pour sa part, dénoncé la condamnation dont fait l’objet son pays de la part des «défenseurs des privilèges raciaux». Le soutien raciste à 4 500 colons blancs aux dépens de 13 millions de personnes est une violation des droits de l’homme, a-t-il insisté en expliquant que la réforme foncière qu’entend entreprendre le Zimbabwe est une tentative de distribution équitable des ressources naturelles, sans distinction de race. L’embargo économique et la guerre d’agression est un aspect clair du racisme dont est victime le peuple iraquien, a souligné, à son tour, le représentant de l’Iraq qui, aux côtés du représentant du Bangladesh, a également condamné les pratiques racistes de l’Etat d’Israël. L’Observateur du Saint-Siège s’est exprimé et le représentant du Cuba a exercé son droit de réponse.

La Troisième Commission poursuivra son débat, jeudi 31 janvier à 11 heures. Elle devrait auparavant se prononcer sur des textes relatifs au crime et à la justice pénale.



ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

Déclarations


Pour M. T.J B JOKONYA (Zimbabwe), la communauté internationale se doit de parvenir à un accord pour éradiquer le racisme. Le Zimbabwe, a-t-il déclaré, s’inquiète de voir que subsistent des voix discordantes qui semblent s’accommoder de ces fléaux que sont le racisme et la discrimination raciale. Nous savons que certains peuples et gouvernements sont motivés par la doctrine du «moi d’abord», dans le mépris le plus total pour les souffrances et privations que continuent d’endurer des millions de personnes. Le soutien que l’Occident accorde à une minorité raciale au détriment de la majorité pose le problème de la qualité des valeurs et principes occidentaux. Le soutien raciste à 4 500 colons blancs aux dépens de 13 millions de personnes au nom de la propriété des terres est une violation des droits de l’homme.

Le Gouvernement du Zimbabwe a été condamné par les défenseurs des privilèges raciaux pour avoir institué un programme de réforme foncière. Toute tentative de la part d’un gouvernement de corriger les injustices est perçue par ces défenseurs de la minorité comme une violation de la loi. Ce message est clairement inacceptable et nous espérons que le mouvement mondial contre le racisme le rejettera. La réforme foncière qu’entend entreprendre le Zimbabwe est une tentative de distribution équitable des ressources naturelles pour assurer à tous ceux capables de travailler la terre, sans considération pour la couleur de leur peau, les mêmes chances. Et ce processus est inévitable dans l’ensemble de l’Afrique australe.

M. ABDELOUAHAB OSMANE (Algérie) a estimé que la Conférence de Durban fut un évènement particulièrement important pour l’humanité en ce qu’elle a permis, pour la première fois, de débattre sur les grandes injustices des siècles derniers qu’auront été l’esclavage et le colonialisme. Rappelant la position de son pays à Durban, le représentant a ajouté que même si le racisme, dans son acception traditionnelle, a pris du recul avec la fin de l’apartheid, il n’en présente pas moins aujourd’hui des manifestations aussi graves fondées sur la nationalité, la culture, la religion et le niveau de développement. “La différence” qui devrait être encouragée et célébrée devient ainsi source de rejet et de discrimination mais aussi de prétexte facile pour justifier tous les excès nationalistes et chauvinistes et entretenir les amalgames et les raccourcis. Il s’agit là, a conclu le représentant, d’un grand défi que les Nations Unies et l’humanité tout entière se doivent de relever en ce troisième millénaire. La mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban participe de cet effort commun.

Monseigneur RENATO MARTINO (Saint-Siège), rappelant les difficultés qui ont accompagné la Conférence de Durban, s’est demandé pourquoi la famille des nations avait trouvé si difficile de traiter des questions du racisme. Pourquoi était-ce si difficile de se pencher sur une question contemporaine complexe dont nous reconnaissons tous qu’elle est une menace au maintien de relations internationales harmonieuses, de nous attaquer à ce que nous reconnaissons comme une insulte à la dignité des personnes? Il faut que ces questions soient posées car elles sont révélatrices de l’état des relations internationales, a-t-il estimé. Il faut adopter un programme d’action d’urgence qui attaque les problèmes du racisme, a-t-il plaidé. Et il le faut maintenant.

Des sociétés incapables de critiques sont restées passives alors que le racisme relevait la tête, a repris l’Observateur du Saint-Siège : si nous ne faisons pas attention, la haine et l’intolérance peuvent réapparaître dans n’importe quelle société. Il faut donc agir rapidement au niveau national, en collaboration avec la Haut-Commissaire aux droits de l’homme. Il faut s’assurer que les législations nationales offrent des recours et s’appliquent sans discrimination, notamment en ce qui concerne les réfugiés et les migrants, les peuples autochtones et les minorités. La Déclaration de Durban stipule que des mesures soient prises pour assurer aux membres de minorités religieuses ou linguistiques une libre pratique de leur religion ou de leur langue. Une réelle pratique religieuse est incompatible avec une attitude raciste et des pratiques racistes.

M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a mis l’accent sur quatre domaines essentiels en matière de lutte contre le racisme. Il a ainsi cité l’éducation, des politiques efficaces au niveau national, la lutte contre l’impunité et la coopération internationale. Le représentant a souhaité que cette coopération soit élargie à tous dans des domaines tels que les technologies de l’information et des communications qui, malheureusement, servent de canal aux messages de haine et de xénophobie, renforçant ainsi les stéréotypes. Conformément à sa position, a dit le représentant, le Bangladesh rejette et dénonce le racisme et les pratiques racistes où qu’elles se trouvent. Le Bangladesh, a-t-il insisté, a rejeté sans ambiguïté les politiques et les pratiques de la puissance occupante au Moyen-Orient. L’expropriation, les blocus arbitraires, le recours excessif à la force contre les civils et les assassinats ciblés, au nom de la sécurité, constituent des violations flagrantes du droit international et des droits de l’homme, a précisé le représentant.

M. AHMED K.AHMED(Iraq) a estimé que les pratiques et actes racistes se sont multipliés dans le monde au cours de ces quatre dernières décennies, notamment par les génocides et épurations ethniques mais aussi par l’application large de sanctions. Ceci fait que le monde est confronté à des défis dangereux. De l’avis de la délégation iraquienne, il faut diagnostiquer les misères dont souffrent certains peuples et les traiter. Il en va ainsi de la condition misérable que connaît le peuple iraquien, du fait de l’embargo économique en cours depuis onze ans et de l’agression militaire qui se poursuit. Ce génocide a fait plus d’un million de victimes. De même, en Palestine occupée, Israël pratique les pires formes d’agression et de discrimination raciale contre les Palestiniens.

En ce qui concerne les souffrances du continent africain, les forces colonisatrices du continent doivent indemniser les populations des crimes et injustices graves commis à leur encontre. Nous aspirons, a poursuivi le représentant, à une ère nouvelle de justice, d’égalité, de stabilité et de paix pour tous, une ère de liberté, libérée du racisme. C’est pourquoi, nous invitons à condamner les pratiques racistes qui ont pour résultat la misère humaine, tels le génocide, l’embargo économique ou l’agression militaire.

M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a rappelé l’obligation, reconnue par son pays, d’éliminer le racisme aux Etats-Unis et dans le monde entier. Depuis la guerre civile, a-t-il dit, le pays n’épargne aucun effort pour protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous ses citoyens. Nous conseillons à d’autres de suivre cet exemple, a dit le représentant en reconnaissant les efforts qui restent à faire. Rappelant les initiatives juridiques de son pays, il a admis que la discrimination raciale continue de diviser la société américaine notamment en ce qui concerne le marché du travail. En la matière, a-t-il dit, l’éducation a été définie comme une priorité par le Président actuel. Depuis le 11 septembre, a poursuivi le représentant, le peuple américain s’est uni pour protéger ses droits, ses libertés et ses valeurs. L’Administration des Etats-Unis et la société civile travaillent main dans la main pour prévenir les agressions racistes. Il s’agit, a expliqué le représentant, d’unir et de renforcer les liens entre les Américains de toutes origines.

Les Etats-Unis combattent les tensions raciales sur le territoire mais aussi ailleurs, a-t-il ajouté, en citant les efforts déployés en Bosnie-Herzégovine, à Cuba, en Afrique, au Cambodge et en Afghanistan. La stratégie existe mais il faut la suivre de très près et veiller à ce que toute les initiatives soient financées, a averti le représentant. Le racisme, la xénophobie et l’intolérance ne peuvent se limiter aux traités. La lutte en la matière doit faire l’objet d’un débat ouvert. L’histoire, a conclu M. Siv, ne peut être changée. Il faut la reconnaître et en tirer les enseignements. Chaque pays doit confronter son passé et partir de là pour mettre en oeuvre des politiques correctives efficaces et, ce, pour veiller à ce que la justice pèse plus lourd que les préjudices et les idées préconçues.


Droit de réponse


Le représentant de Cuba a précisé que le racisme et la discrimination ne sont pas des phénomènes qui existent à Cuba. C’est important pour les pays qui ont des problèmes graves et qui s’efforcent d’éliminer ces fléaux chez eux. Mais Cuba, a-t-il insisté, veut améliorer la coopération internationale dans ce sens.





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