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LA CELEBRATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME CONSACRE LE LIEN ENTRE LA PARITE DES SEXES ET LE DEVELOPPEMENT

07 Mars 2003



7 mars 2003



Célébration de la Journée internationale de la femme


Les objectifs de développement du Millénaire resteront
lettre morte si les femmes ne jouent pas un rôle central



La Journée internationale de la femme, dont la date officielle est fixée dans le monde au 8 mars, a été célébrée ce matin au Siège des Nations Unies sur le thème la « parité entre les sexes et les objectifs du Millénaire pour le développement », par une manifestation au cours de laquelle il a été rappelé que l’action en faveur de l’égalité homme/femme est l’affaire des deux sexes.

Avec un sentiment d’urgence devant des chiffres alarmants - plus d’un demi-milliard de femmes analphabètes dans le monde, 58% de femmes parmi les séropositifs en Afrique, une femme sur trois victime de violences sexuelles, - les personnalités invitées à cette occasion ont réaffirmé qu’il n’y avait pas de stratégie de développement efficace où les femmes ne jouent pas un rôle central.

C’est ce qu’a affirmé avec force la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies. « Il n’y a pas de temps à perdre si nous voulons atteindre les objectifs du Millénaire d’ici 2015, comme prévu, a lancé Louise Fréchette qui a exhorté la communauté internationale à s’engager aujourd’hui à agir dans ce sens, non seulement en cette Journée internationale de la femme, mais chaque jour jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints. Les objectifs du Millénaire que les dirigeants du monde se sont engagés à réaliser d’ici 2015 portent sur la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, l’éducation primaire universelle, la promotion de l’égalité entre les sexes, la réduction des deux tiers des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans, la réduction de trois quarts des taux de mortalité maternelle, la lutte contre la pandémie du VIH/sida, du paludisme et autres maladies et un environnement durable.

« En ces temps difficiles, la poursuite de la parité est non seulement inséparable du développement mais elle est aussi un facteur clef pour la paix », a affirmé la Secrétaire d’État aux droits de la femme du Brésil, Emilia Fernandes. L’élimination de la pauvreté exige des mesures efficaces, à la fois sur le plan macroéconomique, mais également microéconomique.

Les indicateurs indiquent malheureusement que peu de pays obtiendront la parité d’ici 2015, les pays d’Afrique et d’Asie du Sud ayant obtenu les résultats les plus mauvais en terme d’accès des femmes à l’éducation et à la santé, a signalé Geeta Rao Gupta. Pour la Coprésidente du Groupe de travail de l’équipe sur le projet du Millénaire, également Présidente du

International Center for research on women, il faut désormais accorder la priorité à l’élaboration de données ventilées par sexes sur la vie des femmes; à l’allocation de ressources financières et techniques aux gouvernements et à la ratification des instruments internationaux de protection des droits des femmes.

De leur côté, Nafis Sadik, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le VIH/sida en Asie et Sergio Vieira de Mello, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, se sont interrogés sur les moyens de passer des engagements aux résultats. Ainsi, pour l’ancienne Directrice du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la santé reproductive devrait constituer un autre indicateur de la réalisation des objectifs de développement du Millénaire. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si nous pouvons appuyer le droit à la santé reproductive mais comment le faire. Pour le Haut Commissaire aux droits de l’homme, l’investissement dans l’éducation des filles constitue le moyen le plus sûr pour réaliser d’une part l’égalité entre les sexes, et d’autre part le développement.

Les participants, parmi lesquels des représentants d’Etats Membres et d’ONG ont eu l’occasion d’apporter leurs commentaires et de poser des questions aux panélistes.


CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME

Présentant le thème de cette célébration, M. SASHI THAROOR, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information des Nations Unies et animateur de la réunion, a expliqué que les dirigeants du monde se sont engagés, lors du Sommet du Millénaire à faire du développement social une réalité. Huit objectifs de développement assortis de dates butoir ont été fixés et pour lesquels il faut mettre en place des stratégies nationales, régionales et internationales. Les droits et le rôle des femmes se trouvent au cœur de ces objectifs Nous explorerons ce matin comment les femmes peuvent contribuer aux objectifs du Millénaire pour le développement. Elles disposent en effet d’un énorme pouvoir de création que les sociétés doivent reconnaître. Il faut trouver des moyens de lutter contre les forces qui freinent le progrès de la femme.

Mme GEETA RAO GUPTA, Coprésidente de l’Equipe spéciale sur le projet du Millénaire, a déclaré que cette journée servira à mettre en lumière les obstacles et contraintes au développement de la femme et permettra de rappeler les promesses faites aux femmes et qui n’ont pas été tenues. Les dirigeants du monde, lors du Sommet du Millénaire, se sont engagés à atteindre des objectifs de développement, reconnaissant en cela le rôle important des femmes. L’inclusion de la promotion de l’égalité entre les sexes parmi les objectifs du Millénaire est le résultat de décennies de débats, notamment dans le cadre des grandes conférences internationales sur les femmes ou le développement social. Les accords intervenus ont été le résultat d’années de mobilisation des organisations féminines dans le monde qui ont insisté sur la nécessité d’intégrer la problématique homme/femme dans les politiques des gouvernements.

Des améliorations sensibles ont été obtenues dans le domaine de l’éducation et de la santé reproductive. Les taux de fécondité, de mortalité infantile et maternelle ont baissé tandis que la durée de vie a augmenté et le bien-être des femmes a progressé. Les avancées n’ont cependant pas été uniformes et dans de nombreux pays encore, les femmes et les fillettes sont les plus pauvres des pauvres et les plus marginalisées. Les deux tiers des analphabètes dans le monde sont des femmes, le fossé dans l’accès à l’éducation continue d’exister dans les pays africains et asiatiques tandis que les conditions d’emploi des femmes sont inférieures à celles des hommes partout dans le monde. Une femme sur trois est victime de violence et de sévices sexuels dans sa vie, la mortalité maternelle est élevée dans la majorité des pays du monde, la pandémie du VIH/sida met en danger la sécurité humaine des sociétés, le taux d’infection des femmes augmentant plus rapidement chez celles âgées entre 15 et 42 ans, un phénomène qui est alimenté par la vulnérabilité économique des femmes.

Nous devons investir dans l’habilitation des femmes. L’égalité entre les sexes permettra de relever ces défis que les inégalités au contraire exacerbent. Nous reconnaissons la contribution du rôle des femmes dans l’édification des sociétés sur la base d’une approche multisectiorielle. Il existe en effet un élément sexospécifique dans tous les objectifs du Millénaire. Il faut que les femmes aient accès au pouvoir politique et nous suggérons de réserver 30% des sièges parlementaires aux femmes d’ici 2015. Nous insistons également sur la nécessité de disposer de statistiques ventilées par sexes sur l’emploi, sur la prévalence de la violence au cours des années et de statistiques sur les femmes qui achèvent leurs études.

Les indicateurs indiquent malheureusement que peu de pays obtiendront la parité d’ici 2015. Les pays d’Afrique et d’Asie du Sud ont les indicateurs les plus mauvais en terme d’accès des femmes à l’éducation et à la santé. Les femmes occupent dans le monde moins de 20% des sièges des parlements. Pour rattraper le temps perdu, il faut accorder la priorité à l’élaboration de données qualitatives et comparatives ventilées par sexes sur la vie des femmes; à l’allocation de ressources financières et techniques aux gouvernements, leur permettant de mettre en place des structures de promotion de la femme; à la ratification des instruments internationaux de protection des droits des femmes - l’Afghanistan vient de ratifier la Convention CEDAW ce matin alors que les États-Unis ne l’ont pas fait – et au renforcement de la volonté politique des États. Engageons-nous à tenir nos promesses et à amener ceux qui les ont faites à les honorer.

Mme EMILIA FERNANDES, Secrétaire d’Etat aux droits de la femme du Brésil, a rappelé que l’élimination de la discrimination sous toutes ses formes à l’égard des femmes, la reconnaissance de leurs droits et la réalisation de la parité des sexes sont des éléments essentiels à la réalisation des objectifs de développement du Millénaire. En ces temps difficiles, la poursuite de la parité est non seulement inséparable du développement mais aussi un facteur clef pour la paix, a-t-elle affirmé. Face au constat de l’exacerbation de l’extrême pauvreté et de la féminisation de la pauvreté à l’échelle mondiale, Mme Fernandes a constaté avec regret que, en dépit des progrès réalisés à l’échelle mondiale en terme d’ouverture des marchés de l’emploi et d’accès des femmes aux services sociaux, les limitations demeurent. Dans ce contexte, elle a mentionné le fait qu’à ce jour il n’a pas été possible d’éliminer les inégalités de salaires entre hommes et femmes.

Abordant la situation du Brésil, elle a indiqué que les femmes représentent 51% de la population brésilienne et 44% de la force de travail au chômage. 26 à 30% des foyers brésiliens ont pourtant des femmes à leur tête. Par ailleurs, à l’heure actuelle les femmes ne représentent que 8.8% des membres du Congrès national, et occupent quatre postes de haut niveau dans le nouveau gouvernement fédéral (Ministère de l’environnement; Ministère des mines et de l’énergie; Ministère des affaires sociales; et Ministère des politiques féminines). Pour Mme Fernandes cette augmentation progressive de la participation des femmes aux niveaux de prise de décision ne doit pas faire oublier que les emplois domestiques et du secteur informel représentent toujours la majorité de ceux occupés par les femmes brésiliennes. Autre indicateur qui reflète la situation des femmes au travail, est le fait que les salaires des femmes représentent en moyenne 49.4% de ceux des hommes.

Mme Fernandes a déclaré que l’élimination de la pauvreté exige des mesures efficaces, à la fois sur le plan macroéconomique, mais également microéconomique. Rappelant que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) vient de repousser la date butoir de l’objectif relatif à la réduction de moitié de la proportion de la population vivant dans l’extrême pauvreté de 2015 à 2050, elle a fait part de son indignation en déclarant qu’une personne qui a faim ne peut pas attendre jusqu’en 2050!

Pour sa part, le Brésil est fermement engagé dans la lutte contre la faim. Pour ce faire, le Président a lancé un appel à la société civile, en appelant tous les hommes et femmes à contribuer à la lutte contre la pauvreté et la faim en tant que première priorité du pays. Depuis le 1er janvier 2003, le Brésil a mis en place un programme de lutte contre la faim qui vise à garantir la qualité, la quantité et la régularité de l’approvisionnement en matière d’alimentation aux quelque 46 millions de Brésiliens qui vivent dans la pauvreté extrême. Les organisations de la société civile participent activement à ce programme. Mme Fernandez a insisté sur le fait que les programmes sociaux reconnaissent la valeur extraordinaire de l’habilitation des femmes dans la lutte contre la pauvreté. Ainsi, dans le domaine de l’enseignement, 3 millions de femmes brésiliennes reçoivent des ressources leur permettant de garder leurs enfants à l’école, ce qui constitue une façon de promouvoir l’autonomie des femmes. Mme Fernandes a également insisté sur la nécessité de reconnaître les besoins spécifiques des groupes marginalisés et des minorités en vue de pouvoir réaliser l’égalité sociale et de parvenir à l’équité des sexes et renforcer ainsi la lutte contre la pauvreté et la faim qui revient à défendre le droit universel à la vie.

Mme NAFIS SADIK, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le VIH/sida en Asie, a déclaré que certes nous faisons de grands progrès mais en même temps les forces d’obstruction sont de plus en plus fortes. Nous devons encore parcourir un long chemin avant de mettre un terme à la pauvreté des femmes sur laquelle nous ne disposons malheureusement que de peu de statistiques. Nous savons cependant que 70% des pauvres dans le monde sont des femmes et des enfants. Le problème de la pauvreté chez les femmes appelle une solution et une approche plus systématique. Le moment est venu d’intégrer les programmes de lutte contre la pauvreté aux activités en faveur des femmes. Le projet du Millénaire ne réussira pas sans les femmes et ces dernières ne réussiront pas si les objectifs du Millénaire ne leur accordent pas une attention particulière.

Les femmes sont plus vulnérables que les hommes à l’infection du VIH du fait de leur constitution physique. Il faut lutter contre les attitudes empreintes de préjugés si nous voulons promouvoir la lutte contre le VIH/sida et les droits des femmes à la santé reproductive. Les droits de la santé reproductive ne doivent pas être vus sous le jour de l’avortement comme le font les opposants à la santé reproductive. La santé reproductive est un droit. Nous ne pouvons laisser l’opposition ternir un consensus international. Nous devons continuer notre chemin. La santé reproductive devrait constituer un autre indicateur de la réalisation des objectifs du Millénaire. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si nous pouvons appuyer le droit à la santé reproductive mais comment le faire.

M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a abordé le thème de l’égalité entre les sexes dans le cadre des objectifs de développement du Millénaire, et le rôle de l’éducation. Il a ainsi affirmé que l’investissement dans l’éducation des filles constitue le meilleur moyen pour réaliser d’une part l’égalité entre les sexes, et d’autre part le développement.

Constatant que, dans l’ensemble les inégalités entre les sexes en termes d’éducation primaire ont diminué, il a cependant expliqué, qu’en situation de conflits, l’accès à l’éducation est d’autant plus difficile pour les couches de population les plus démunies, et en particulier pour les filles. Parmi les facteurs permettant d’expliquer ce phénomène, M. de Mello a cité le mariage précoce, les mentalités, voire les difficultés de transport vers les écoles. Cependant, une femme non éduquée aura beaucoup moins de chances de pouvoir se prendre en charge et de gérer sa famille, à la fois sur le plan économique et sur le plan domestique notamment pour ce qui est de la limitation du nombre de naissances et de la prévention.

M. de Mello a également insisté sur la nécessité de former tous les enfants à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), sans quoi ces technologies ne pourront pas être l’outil de développement qu’on espère pouvoir voir en elles. Il faut également donner une éducation spécifique aux garçons en vue de changer leurs mentalités et la manière dont ils perçoivent le rôle de la femme dans la société. Déclarant qu’une politique transsectorielle est au cœur de son mandat, M. de Mello a mis l’accent sur l’importance de faire des femmes des acteurs à part entière dans la lutte pour l’égalité entre les sexes et la jouissance de leurs droits fondamentaux, et de ne pas les cantonner uniquement à celui de bénéficiaires. Les politiques nationales doivent consacrer ces droits fondamentaux.

M. de Mello a estimé qu’il ne faut pas tomber dans le panneau des objectifs chiffrés car les chiffres cachent souvent d’énormes inégalités. Selon lui, il faut accorder une attention particulière aux groupes vulnérables. L’éducation doit contribuer à consolider les droits fondamentaux des femmes. Grâce à l’éducation, les futures générations ne devraient pas avoir à réapprendre ce que notre génération a appris par l’expérience sur le caractère essentiel du respect des droits de l’homme, et en particulier des droits fondamentaux de la femme, a-t-il conclu.

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a souligné qu’à l’occasion de la Journée internationale de la femme, il s’agit de rappeler à la communauté internationale que l’action en faveur de l’égalité des sexes n’est pas uniquement la responsabilité des femmes, mais celle de tous. La manière dont ce défi sera relevé influera sur l’avenir non seulement des femmes mais de toute l’humanité et le succès des efforts menés pour atteindre les objectifs du Millénaire en dépendra. Rappelant que la Déclaration du Millénaire stipule que l’égalité des sexes est non seulement un objectif à part entière mais aussi un moyen indispensable de réaliser tous les autres objectifs, Mme Fréchette a déclaré que toutes les études montrent qu’il n’existe pas de stratégie de développement efficace où les femmes ne jouent pas un rôle central. Quand elles sont pleinement impliquées, les bienfaits sont immédiatement évidents: les familles vont mieux et mangent mieux; leur revenu, leur épargne et leur réinvestissements augmentent. Ce qui est vrai des familles l’est aussi des collectivités et, à terme, de pays entiers. Mme Fréchette a expliqué que cela veut dire que toutes les activités de développement doivent être axées sur les besoins et les priorités des femmes. A cet égard elle a mis l’accent sur l’éducation des filles, qui forment la majorité des enfants non scolarisés du monde, ainsi que sur l’alphabétisation du demi-milliard de femmes qui ne savent ni lire ni écrire et qui constituent les deux tiers des adultes analphabètes du monde.

Par ailleurs, Mme Fréchette a insisté sur l’importance de mettre les femmes au centre de la lutte contre le VIH/sida. Soulignant que ces dernières représentent 50% des personnes séropositives du monde, et 58% en Afrique, elle a souligné l’importance de bien informer les femmes et les filles, et de leur permettre d’avoir accès aux services nécessaires pour se protéger contre le virus. Mme Fréchette a également déclaré qu’une profonde révolution sociale s’impose pour transformer les relations entre hommes et femmes afin que celles-ci puissent mieux assumer leur vie à la fois financièrement et physiquement.

« Il n’y a pas de temps à perdre si nous voulons atteindre les objectifs du Millénaire d’ici 2015, comme prévu. Ce n’est qu’en misant sur les femmes du monde entier que nous pouvons espérer y parvenir. Engageons-nous aujourd’hui à agir en ce sens, non seulement en cette Journée internationale de la femme, mais chaque jour jusqu’à ce que nos objectifs soient atteints », a conclu Mme Fréchette. (Pour l’intégralité du discours, voir notre communiqué de presse DSG/SM/189)




Débat interactif


La représentante de l’Union interparlementaire a plaidé en faveur de l’augmentation de la présence des femmes dans les parlements du monde où leur représentation atteint aujourd’hui les 14,8%. La représentante de l’ONG de la République du Congo « WEDO » a conclu que les questions de femmes doivent être au cœur même de tous les objectifs de développement du Millénaire, y compris ceux sur l’environnement et le partenariat global pour le développement. Quelles sont les stratégies que vous proposez pour placer les questions de parité au cœur de la réalisation des objectifs du Millénaire au niveau national? La représentante de All China Women Federation a demandé aux panélistes comment procéder à la répartition des ressources pour parvenir aux objectifs du Millénaire, comme ceux relatifs à la réduction de la pauvreté et à la lutte contre le VIH/sida.

Une représentante d’une ONG du Zimbabwe a demandé comment les pays africains peuvent atteindre les objectifs du Millénaire quand ils paient le prix lourd des politiques d’ajustement structurel imposées par la Banque mondiale. Une activiste en faveur des droits de la femme afghane a demandé à Sergio Vieira de Mello comment promouvoir les droits humains de la femme dans des domaines qui vont au-delà de l’enseignement comme par exemple l’accès à la prise de décisions, précisant que la communauté internationale devait exercer davantage de pressions pour que tous les droits de la femme soient inclus dans la nouvelle constitution afghane. La représentante du Comité des ONG sur la condition de la femme a demandé quelle était la possibilité de vaincre les oppositions en matière de droit à la santé reproductive.

Un autre intervenant a souligné que, en ce moment même, « dans ce bâtiment », on est obligé de constater qu’il n’y a que des hommes qui participent à la décision de faire ou non la guerre, et a souhaité connaître le sentiment de la salle à ce sujet. Par ailleurs, une intervenante du Sénégal a proposé de mettre davantage l’accent sur la mise en place d’indicateurs de l’intégration de la perspective sexospécifique dans les politiques de développement à tous les niveaux. Une autre intervention a porté sur le fait que le problème de la violence à l’égard des femmes ne se retrouve pas dans les objectifs de développement du Millénaire. Pour sa part, la représentante du Gabon a regretté qu’il existe encore des pays qui ne font rien en matière de santé reproductive et a souhaité savoir quelles étaient les mesures prises au niveau international pour soutenir les travaux des ONG et autres organisations travaillant dans ce domaine sur le terrain. Une autre participante a demandé comment il était possible de passer d’un système patriarcal à un système des droits de l’homme sur le plan mondial.

Répondant à certaines interventions, M. DE MELLO a abordé le sujet de la participation des femmes au processus législatif, en prenant notamment l’exemple du Timor-Leste. Il a indiqué que les organisations de femmes sur place ont été formées et encadrées ce qui a permis de déboucher sur l’élection de 22 femmes, ce qui représente une première dans ce pays où les femmes étaient considérées jusque là comme citoyens de troisième classe. D’autre part, il a insisté sur le rôle central qui incombe aux femmes en matière de pacification, ce qui suppose qu’elles doivent être mieux représentées dans le judiciaire, le législatif et aux autres niveaux de la société. Rendre hommage en parole aux femmes ne suffit pas, il faut une action véritable! S’adressant à la population du Burundi, M. de Mello a fait part de ses doutes quant à la paix dans ce pays, a moins que les femmes ne participent activement au processus de paix, voire en prennent la tête. Abordant la question sur le remplacement du système patriarcal par un système des droits de l’homme, M. de Mello a remis l’accent sur l’importance de l’éducation des hommes dans ce domaine.

Pour sa part, Mme SADIK a insisté sur l’importance de se doter de moyens permettant de mesurer la prise en compte de la perspective sexospécifique dans ces objectifs. Mme Sadik a estimé que les indicateurs joueront un rôle important de suivi et d’évaluation des réalisations concrètes à la fois dans le domaine de la santé reproductive, mais de manière beaucoup plus large dans tous les autres domaines. Mme Sadik a également encouragé la sensibilisation du grand public, constatant que dans des instances comme cette salle, on a tendance à prêcher aux convaincus, alors qu’il s’avère beaucoup plus difficile de faire passer le message à l’extérieur.

Reprenant la parole, Mme FERNANDES s’est associée à ce constat. Elle a également mis l’accent sur la responsabilité collective de la société dans la réalisation de ces objectifs, et en particulier ceux qui ont trait aux femmes. Cette lutte n’est pas le propre des femmes, mais des hommes et des femmes, ajoutant que les femmes occupant des postes de haut niveau ne pourront avoir un impact réel que si les peuples eux-mêmes réclament un changement.

Pour sa part Mme GUPTA a rappelé que les années 90 ont permis aux gouvernements de réfléchir aux objectifs à fixer, et que cette décennie doit être celle où les gouvernements seront tenus pour responsables de leurs actes. Il faut qu’ils rendent compte aux populations du monde de ce qu’ils ont concrètement fait et réalisé pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire. « S’ils sont disposés à dépenser des milliards pour faire la guerre, le moins qu’ils puissent faire c’est d’en consacrer une partie à la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde » a-t-elle déclaré en conclusion.




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