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Communiqués de presse Organes des Nations Unies

DEVANT L’INSTANCE PERMANENTE, LES PEUPLES AUTOCHTONES EXPOSENT LEURS ATTENTES EN MATIERE DE CULTURE ET D’EDUCATION

21 Mai 2003



Instance permanente sur
les questions autochtones
21 may 2003
15e et 16e séances – matin & après-midi




La protection et la promotion du patrimoine culturel des peuples autochtones, notamment la préservation et la promotion de leurs langues, lien vivant entre le passé et le futur, ont fait aujourd’hui l’objet de nombreuses recommandations devant l’Instance permanente sur les questions autochtones, qui examinait les thèmes de la culture et l’éducation.

Rappelant que 4 000 à 5 000 des 6 000 langues parlées dans le monde sont des langues autochtones, le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a estimé que face à la mondialisation, la culture doit reprendre un rôle central sur la base des trois «D: diversité, dialogue et développement». Frédéric Vacheron, chargé des politiques culturelles à l’UNESCO, a expliqué ce que cette institution avait déjà mis en œuvre: il a rappelé l’adoption de la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle en 2001 et fait également état de l’avant projet de Convention sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel: ce texte, fruit de deux années de travail, sera soumis à la Conférence générale de l’UNESCO à l’automne prochain qui décidera ou non d’y donner suite.

Il a également cité la Proclamation des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel, qui concerne les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire dans tous les domaines que les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine. Un guide pratique à l’usage des peuples autochtones est par ailleurs en préparation et pourra être consulté sur le site Web de l’UNESCO, a-t-il précisé.

Au cours du débat, les orateurs, dont plusieurs membres de l’Instance permanente, se sont inquiétés des pillages dont les sites autochtones sont la cible, réclamant davantage d’attention et de protection qu’il s’agisse de pièces archéologiques dérobées dans les cimetières ou de textiles et d’objets, parties intégrantes de leur patrimoine qui se retrouvent ensuite sur les marchés et dans les musées européens et américains. Les efforts engagés par l’UNESCO pour les restituer aux communautés autochtones s’appuient sur la Convention de l’UNESCO de 1972, a rappelé son représentant. Mais Otilia Lux de Coti, experte du Guatemala a réclamé davantage de moyens au service des Etats pour les aider à lutter contre ces trafics.

La discrimination dont sont victimes les peuples autochtones se retrouve dans l’éducation, ce qui se traduit par une perte d’identité. D’où la nécessité de promouvoir un enseignement multilingue, comme l’a expliqué l’experte de l’UNESCO Katherine Grigsby, forte de son expérience au Guatemala où elle a participé à l’élaboration de programmes bilingues. Un tel enseignement permet non seulement de maintenir ces langues vivantes mais aussi de transmettre aux générations futures un héritage culturel: à cet effet, le contenu de l’enseignement doit permettre aux peuples autochtones d’étudier leur histoire et non pas seulement celle de la culture dominante de l’Etat dans lequel ils résident.

Les communautés autochtones sont cependant encore trop souvent tenues à l’écart de l’élaboration des programmes et plusieurs recommandations ont fait état de la nécessité de les associer davantage à la conception des pratiques éducatives. Ces recommandations sur l’association des peuples autochtones aux programmes et sur le multilinguisme ne doivent en outre pas seulement viser l’enseignement primaire ou le lycée, mais se poursuivre au niveau de l’enseignement supérieur, afin d’assurer une égalité de chances aux autochtones et de renforcer leurs capacités dans les sociétés modernes.

Mme Grigsby a noté plusieurs progrès déjà enregistrés notamment en Amérique Latine, où certains pays ont inscrit dans leur constitution le droit à une éducation dans la langue d’origine, mais l’ensemble des orateurs s’est accordé à prôner davantage d’efforts et en ce sens et à recommander un soutien financier aux Etats concernés.

La prochaine séance de l’Instance, jeudi 22 mai à 15 heures, sera consacrée à ses travaux futurs.


Droits de l’homme

Suite du débat

AYITEGAN KOUEVI, membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a estimé à la lumière des débats de la veille, qu’il était particulièrement important d’établir une coopération permanente sur les droits de l’homme entre tous les organismes de l’ONU chargés de la question. Il a préconisé la rédaction d’un rapport annuel sur les violations dont sont victimes les peuples autochtones et rappelé que les orateurs ont mis l’accent sur le fait que l’ECOSOC devait mettre à disposition les moyens financiers nécessaires. Ils ont lancé un appel demandant aux Etats d’adopter le projet de Déclaration sur les droits des peuples autochtones. L’Instance appuie la résolution 2002/55 de la Commission des droits de l'homme de maintenir le groupe de travail sur les peuples autochtones.

M. Kouevi a insisté sur le droit à la culture et a rappelé, dans le cadre de commentaires sur les relations des peuples autochtones et des Etats, différentes requêtes exprimées, notamment celle de l’organisation d’une conférence internationale sur les droits des peuples autochtones et les compensations des victimes de violations des droits de l'homme. L’Instance a été invitée à se pencher sur l’impunité qui a cours dans de nombreux pays. D’autres ont suggéré l’organisation d’une nouvelle Décennie des peuples autochtones. Il s’agit de renforcer la capacité juridique des populations autochtones. Quant à la Banque mondiale, il lui a été demandé d’ouvrir un mécanisme permanent de liaison avec les peuples autochtones.

Yuri IWASAWA, membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a demandé au Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme de réaliser, en plusieurs étapes, une étude approfondie qui permettrait notamment d’évaluer la façon dont les pays tiennent compte de la question autochtone lorsqu’ils présentent leur rapport dans le cadre de l’application du Pacte des droits civils et politiques. Il faudrait également inciter les organisations régionales à présenter des informations sur la façon dont elles intègrent les questions autochtones dans leurs politiques.

Otilia LUX DE COTI, membre de l’Instance, a recommandé aux Etats Membres de promouvoir l’autodétermination afin de renforcer le droit des peuples autochtones à maintenir leur propre système juridique et leur participation à la vie culturelle, économique et politique au niveau national. Il faut également promouvoir des programmes culturels pour éradiquer le racisme, lutter contre la discrimination sexospécifique et renforcer l’identité des peuples autochtones dans le monde entier. L’experte guatémaltèque s’est également prononcée en faveur de la promotion des droits de chaque peuple à protéger leur patrimoine culturel. Les droits des peuples déplacés doivent en outre être renforcés. Il faut aussi élaborer des lois pour favoriser les droits de propriété intellectuelle et les droits individuel et collectif à la propriété en vue d’un retour des terres à leurs véritables propriétaires. Enfin, il faut établir la participation de représentants de peuples autochtones dans le monde entier et dans toutes les institutions qui formulent des programmes et politiques.

Le représentant de l’Indonésie a souhaité intervenir pour assurer que son pays accordait une attention particulière aux cultures des peuples autochtones et à leurs droits sociaux et économiques. Il a encouragé l’Instance à promouvoir la connaissance sur les coutumes, traditions et connaissances traditionnelles des peuples autochtones. Il a également répondu à certaines ONG sur les droits de l'homme en Indonésie, qui compte plus de 500 groupes autochtones, la promotion des droits de l'homme concerne tous les Indonésiens.


CULTURE

FREDERIC VACHERON, chargé des politiques culturelles à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé l’adoption de la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle en 2001; un deuxième instrument, a-t-il dit, traite de l’héritage culturel immatériel. Un avant projet sera soumis à la Conférence générale de l’UNESCO à l’automne prochain. La question de la diversité culturelle est d’autant plus d’actualité que, face à la mondialisation, la culture doit reprendre un rôle central dans la perspective du nouveau paradigme défini par l’UNESCO au Sommet mondial sur le Développement durable de septembre dernier, celui des trois D-diversité, dialogue et développement. C’est l’indivisibilité de ces trois notions qui peut conduire à la réalisation du plan d’action de la Déclaration. Pour beaucoup de scientifiques, les autochtones sont dépositaires de la diversité culturelle du monde: 4 000 à 5 000 des 6 000 langues parlées dans le monde sont autochtones. La première ligne essentielle du Plan d’action de la Déclaration fixe comme objectif d’avancer la réflexion concernant l’opportunité d’un instrument juridique international. Il s’agit là d’une tâche difficile puisqu’elle requiert, au préalable, de définir la diversité culturelle et le concept même de culture. L’UNESCO a choisi de mettre cette question à l’ordre du jour de la 32e session de la Conférence générale de l’automne 2003.

Abordant l’avant-projet de convention sur le patrimoine immatériel, M. Vacheron a déclaré que de nombreuses questions devront être abordées comme celle du financement. Il a aussi rappelé que 2002 était le trentième anniversaire de la Convention sur le patrimoine mondial. La liste du Patrimoine mondial comprend de nombreux sites d’une grande importance pour les peuples autochtones et de nombreux membres du Comité du patrimoine mondial encouragent l’établissement d’un réseau qui permettrait un échange d’informations au sujet des sites sacrés, ce qui nécessite une étroite coopération de ces peuples.

M.Vacheron a également cité le programme sur les «trésors humains vivants» qui concerne les compétences techniques, la Proclamation des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel (danse, littérature orale, musique, jeux, mythologie…) et le programme sur la sauvegarde des langues en péril. L’UNESCO couvre également des programmes relatifs au dialogue inter-religieux, sur la gestion des ressources culturelles des peuples autochtones, celui sur une approche culturelle du VIH/sida. Son délégué a appelé les ONG et l’Instance à œuvrer en étroite collaboration avec le Secrétariat de l’UNESCO de façon à avoir des relations directes avec les spécialistes de chaque programme: dans chaque secteur, a-t-il indiqué, une personne-ressource a été mise en place pour traiter directement des questions relatives aux peuples autochtones. Un guide pratique à l’usage des peuples autochtones est par ailleurs en préparation et pourra être consulté sur le site Web de l’UNESCO, a-t-il précisé.

Njuma EKUNDANAYO, membre de l’instance permanente, s’est félicitée de l’initiative de l’UNESCO visant à valoriser les partenariats avec l’instance permanente. L’experte de la République démocratique du Congo a assuré que l’Instance ferait de son mieux pour collaborer avec l’UNESCO sur les questions autochtones concernant la diversité culturelle, la protection des langues, des traditions et des savoirs ancestraux.

Parshuram Tamang, membre de l’instance permanente, a salué les activités de l’UNESCO qui viennent d’être présentées et s’est félicité de l’élaboration d’une convention sur le patrimoine immatériel. Il a cependant demandé quel serait le statut de cette initiative. En matière de diversité culturelle et de biodiversité, l’expert népalais a demandé si l’UNESCO et le PNUE envisagent d’organiser des consultations au niveau régional pour examiner ces questions avec les peuples autochtones. Enfin, il a posé la question de savoir comment l’UNESCO souhaiterait collaborer avec l’Instance à l’avenir.

AYITEGAN KOUEVI, également membre de l’Instance, a noté qu’il était difficile de passer d’une déclaration à une convention sur la sauvegarde du patrimoine immatériel, juridiquement plus contraignante que la première et s’est donc félicité des initiatives de l’UNESCO. L’expert togolais a demandé si les différents guides pratiques et brochures destinés aux peuples autochtones sont traduits dans les langues autochtones; si l’UNESCO envisage de travailler étroitement avec l’UNICEF; et quelles sont les stratégies que l’Organisation compte mettre en place pour établir un dialogue durable avec l’Instance permanente sur les questions autochtones.

FORTUNATO TURPO CHOQUEHUANCA, membre de l’Instance, a déploré le trafic des biens culturels et richesses archéologiques qui appartiennent aux peuples autochtones, ainsi que celui des céramiques, textiles, du fait de mafias internationales qui se livrent au saccage des cimetières traditionnels. Ces objets se retrouvent ensuite dans les musées européens et américains. L’expert péruvien a donc demandé quelles sont les mesures prises par l’UNESCO pour mettre fin à ce trafic. OTILIA LUX DE COTI a demandé dans quelle mesure les peuples autochtones participent à l’élaboration de la convention sur le patrimoine immatériel? Elle aussi s’est inquiétée des trafics et vols de biens autochtones et expliqué, que dans le cas du Guatemala, des policiers et procureurs sont actuellement formés pour appliquer une stratégie nationale et régionale, mais ceci reste insuffisant faute de ressources.

Qin Xiaomei, membre de l’Instance permanente, a réaffirmé qu’il est de la responsabilité des gouvernements de protéger les cultures des peuples autochtones. L’éducation est dans ce contexte une composante importante, notamment en ce qui concerne l’utilisation du bilinguisme, a souligné l’experte chinoise.

Ida NICOLAISEN, membre de l’Instance permanente, a rappelé l’importance des sites sacrés qui sont les dépositaires des vies des peuples autochtones, des personnes chères et aimées et de leurs ancêtres éloignés. Dans ce contexte, l’experte danoise a voulu savoir si l’UNESCO réalise un travail spécifique pour promouvoir l’enregistrement et la protection de ces sites.

FREDERIC VACHERON de l’UNESCO a repris la parole pour préciser que le texte de l’avant-projet sur la sauvegarde du patrimoine immatériel, fruit de deux années de travail, sera soumis cet automne aux Etats membres; le texte sur la diversité culturelle vient lui juste d’être inscrit à l’ordre du jour de la Conférence générale de l’automne 2003 qui décidera alors si l’UNESCO doit s’engager sur ce point ou non. Il a précisé la définition du patrimoine immatériel: il s’agit des pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire collectifs dans tous les domaines que les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine.

Sur la restitution des biens culturels volés, il a rappelé la Convention de l’UNESCO de 1972 et qu’un fonds a été créé pour leur restitution qui dépend du Département du patrimoine de l’UNESCO. Un certain nombre de biens seront d’ailleurs bientôt restitués, dont 67 objets qui ont été entre les mains de l’ex-chef khmer rouge Tamoc et seront rendus au Cambodge. A propos de la coopération avec l’UNICEF, elle pourra être renforcée grâce au groupe de soutien interinstitutions mis en place et qui concerne aussi les peuples autochtones.

Dans une déclaration collective de Griqua National Conference of South Africa et National Khoi-San Conference, l’intervenanta demandé que le Gouvernement sud-africain, via l’Instance, révise sa politique des terres pour que les peuples autochtones puissent revendiquer leurs droits sur leurs terres ancestrales; la législation interdit en effet toute revendication sur des terres confisquées avant 1930; il a demandé au Gouvernement sud-africain de relancer les programmes des langues autochtones. L’Afrique du Sud doit adopter d’urgence un plan pour sauver celles qui sont en péril, notamment le khoisan. Ce peuple a beaucoup souffert des blancs, a dû abandonner toutes ses terres, parler la langue du colon: ceux qui ne sont pas morts ont été déplacés dans des camps. Nombre d’entre eux ne savent même pas qui ils sont, simplement classés «coloured».

Le représentant de Consejo Indio de Sudamérica (CISA), a déclaré qu’il est important de reconnaître que les peuples autochtones souffrent souvent de catastrophes naturelles telles que la sécheresse. Il est donc nécessaire que des efforts soient déployés par les gouvernements pour venir en aide à ces communautés. En outre, nous sommes préoccupés par la tendance actuelle à privatiser l’eau, ce qui est immoral. Nous, peuples autochtones, ne pourrons bientôt plus payer l’eau, a prévenu le représentant avant de souligner également le problème de la construction des barrages qui entraîne parfois l’inondation de communautés entières.

Le représentant de Indigenous Peoples of Africa Coordination Committee, a rappelé que les modes de gouvernement non démocratiques en Afrique ont conduit au déni des droits culturels des peuples autochtones. Les politiques culturelles non démocratiques interdisent aux peuples de participer à la prise de décisions. Nous demandons par conséquent aux gouvernements d’approuver des politiques culturelles démocratiques. Il faut également formuler une recommandation qui permettrait aux peuples autochtones de contrôler leurs propres ressources.

La représentante de Saginaw Chippewa Indian Tribe and Central Michigan University, a regretté que les cultures et les langues autochtones soient souvent exclues des programmes d’enseignement. Les connaissances sont perçues comme non scientifiques car elles s’enracinent dans l’histoire des peuples autochtones. Or, notre langue, notre culture, c’est notre âme, a affirmé la représentante avant d’ajouter que les langues autochtones ne sont pas seulement un moyen de communication entre les populations mais également un lien avec l’histoire, les cultures et les ancêtres.

Le représentant du Consejo Internacional de Tratados Indios, lors d’une déclaration collective, a recommandé que l’UNESCO organise un séminaire sur les langues et les cultures avec la participation des peuples autochtones, que les Etats reconnaissent les langues autochtones dans leur Constitution et que l’Instance demande à l’UNESCO et au Gouvernement chilien de prendre des mesures pour revitaliser les sites sacrés et les cultures autochtones. Terres et sites sont étroitement liés à la vision du monde de ces peuples. Il faut donc développer des programmes visant à sauvegarder, revitaliser et indemniser les peuples autochtones, de façon à léguer aux générations futures un héritage intègre.

La déléguée des Femmes Masai et du World Council of Churches a rappelé que 90% des langues du monde auront au rythme actuel rapidement disparu. Elle a souhaité une année internationale des langues autochtones pour 2005 ou 2006, pour éduquer à la valeur de ces langues et lancer des stratégies efficaces de revitalisation. Elle a souhaité que les Etats prennent eux aussi des mesures adéquates et a prôné l’établissement d’un fonds des langues autochtones qui pourrait être géré par l’UNESCO. Il lui semble indispensable que les différents organes des Nations Unies coopèrent en ce sens et veillent à l’élimination des politiques discriminatoires des Etats concernant les langues autochtones.

Dans une déclaration collective au nom de Consultoria de los Pubelos indigenas en el Norte de Mexico et d’autres organisations, une déléguée a dénoncé la répression qui vise les autochtones au Mexique: elle a souhaité une loi d’amnistie générale pour tous les prisonniers politiques, d’opinion et autochtones et que le Mexique ratifie les conventions internationales protégeant les peuples autochtones, notamment la Convention 169 de l’OIT. Il faut recommander à l’ECOSOC d’identifier les mécanismes afin que la déclaration sur les droits des peuples autochtones soit adoptée au cours de cette Décennie internationale. Il faut également trouver une solution aux conflits agraires qui concernent un grand nombre de peuples autochtones du Mexique, notamment en Basse Californie.

Le représentant du Caucus d’Asie, a rappelé que les cultures autochtones ont toujours été menacées dans cette région. Il existe également un tourisme commercial qui détruit l’intégrité de nos peuples. Le système éducatif ne tient pas non plus compte de notre histoire en tant que peuple autochtone. Il n’y a pas de programme éducatif qui pourrait promouvoir l’intégrité de notre culture. Il faut donc travailler pour que l’on reconnaisse les droits culturels des peuples autochtones, notamment en matière de programmes éducatifs. Il faut aussi demander aux gouvernements de formuler des politiques en coordination avec les entités autochtones. Enfin, il faut encourager l’UNESCO à organiser des formations en vue de mieux protéger nos droits et nos cultures.

Le représentant du Guatemala a estimé qu’il est nécessaire de renforcer et d’appuyer l’Instance ainsi que de fournir à son secrétariat beaucoup plus de ressources. Il faut aussi affiner les mécanismes de liaison entre l’Instance et les interlocuteurs non gouvernementaux ici présents. Nous sommes intéressés par le fait que plus de la moitié de la population de notre pays est constituée de peuples autochtones qui ont fait l’objet de discriminations pendant longtemps. Parmi les mesures prises par notre Gouvernement figurent l’approbation de la loi contre la discrimination et la reconnaissance des langues autochtones. Nous avons également passé des accords qui ont permis de créer des zones protégées pour les peuples autochtones et de limiter l’accès à des sites historiques qui ont été reconnus comme étant sacrés pour les peuples autochtones.

Le Coordonnateur de la Commission contre le racisme et la discrimination à l’égard des peuples autochtones du Guatemala, a expliqué que cet organe est chargé de jeter les bases juridiques et d’élaborer des politiques publiques pour effacer trois siècles de discrimination. La Commission est en outre une instance autonome qui ne dépend d’aucun parti. Elle a pour mission de vérifier que les propositions du Gouvernement en matière de peuples autochtones sont cohérentes et tiennent compte de la réalité dans laquelle vivent ces peuples. Nous demandons à l’Instance d’appuyer la résolution de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies afin que le groupe de travail sur les peuples autochtones puisse continuer à travailler.

Le représentant du Comité sur la santé indigène, a appelé l’Instance à encourager les Etats Membres à inclure des représentants autochtones dans les délégations intergouvernementales. Il faut également organiser des consultations avec le secrétariat de notre Comité. Nous encourageons également la poursuite de la coopération entre la FAO, l’UNESCO et la Communauté andine des nations. Elle doit aussi inclure à son ordre du jour la question du développement durable. Enfin, nous lançons un appel aux Etats pour qu’ils adoptent des politiques réelles de lutte contre la discrimination à l’égard des peuples autochtones.

La déléguée de Alaska Federation of Natives, a demandé à l’Instance qu’elle fasse pression sur les gouvernements pour qu’ils établissent des mécanismes permettant aux peuples autochtones d’exprimer leurs cultures et leurs langues.

Dans une déclaration au nom du Indigenous Peoples of the Caribbean Antilles, leur représentant a précisé que le Gouvernement de Sainte-Lucie l’avait autorisé à utiliser le siège qui lui était réservé. Il a insisté sur le mélange des peuples au sein des Caraïbes et la confusion d’identité qui les concerne; pourtant, les peuples autochtones des ces îles sont comparables aux peuples autochtones des Etats-Unis ou du Canada. Il a souhaité que le représentant de la région Caraïbe au sein de l’Instance permanente sur les questions autochtones le contacte pour entamer une concertation et a demandé à l’Instance de nommer un expert sur les autochtones des Caraïbes pour la conseiller sur les questions qui les concernent.

La représentante du Mexique a indiqué que l’Université de Mexico avait un programme multiculturel qui venait d’être lancé. Il s’agit d’un séminaire où plusieurs experts traitent des questions autochtones et encouragent l’inclusion de certains sujets dans les programmes universitaires du Mexique. S’agissant des lieux sacrés, il existe un accord entre différents organes mexicains de haut niveau sur la base duquel les sites ont été officiellement reconnus et un catalogue établi: il s’agit de veiller à ce que ces sites sacrés ne soient pas spoliés et qu’ils soient utilisés par les peuples autochtones. Concernant le droit à la langue, une loi du 13 mars reconnaît les droits linguistiques des peuples autochtones et la nécessité de développer ces langues. La loi stipule que toutes les langues autochtones sont des langues nationales, valides sur l’ensemble du territoire où elles sont parlées; par conséquent toutes les entités juridiques doivent pouvoir bénéficier de l’appui d’interprètes et traducteurs. En outre, le Mexique compte vingt stations principales de radios consacrées aux questions autochtones, qui couvrent environ 21 millions de petites radios dont 5,5 sont écoutées par des peuples autochtones et diffusent en 21 langues outre l’espagnol.

Au nom du Pacific Caucus et de différentes organisations, la déléguée a recommandé à l’UNESCO et à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) d’organiser un séminaire pour discuter des coutumes, pratiques et sites autochtones; un effort doit être fait par les agences de l’ONU pour protéger la connaissance sur la spiritualité et les sites sacrés. A Hawaï la langue autochtone a été interdite en 1986, il ne reste plus qu’une minorité pour la parler et seuls 1400 étudiants ont l’hawaïen comme 2ème langue. Elle a demandé aux Gouvernements de la France, du Chili et du Royaume-Uni de rendre les objets volés au peuple Maluku.

La déléguée du Boarding school caucus a insisté sur le lien langue-culture pour réclamer que soient pris en compte les effets négatifs des internats sur les cultures autochtones: les Etats doivent financer des programmes en appui aux langues autochtones. Elle a prié l’Instance d’œuvrer pour que les Etats abrogent toute législation discriminatoire à l’égard des langues autochtones, notamment au profit de l’anglais. Elle a demandé que les langues autochtones soient le thème dominant de la prochaine session de l’Instance.

Celle de la Sovereign Dineh Nation (Navajo) a souligné que les cultures autochtones sont menacées en raison de la perte des terres, étroitement liées aux cérémonies, à la langue et à la culture. Le déplacement de plus de 12 000 personnes de son peuple a causé une perte d’identité liée à l’érosion de l’environnement. Elle a dénoncé l’hypocrisie de la loi indienne des Etats-Unis, qui chasse les Indiens de leurs terres. Il s’agit donc pour l’Instance de voir comment elle peut agir partout dans le monde, y compris aux Etats-Unis et d’inclure le droit à la terre et à l’eau dans la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.

Le représentant de la Confederaciones nacionalidades indigenas del Ecuador a réclamé une appellation particulière et reconnue pour chacune des cultures de l’Equateur, en remplacement de la dénomination commune et fausse d’Indiens. Les nationalités indiennes ont résisté face à l’idée que seuls ceux qui parlaient l’espagnol étaient civilisés et la Constitution de 1980 reconnaît que l’Equateur est un Etat multiethnique et pluriculturel.

Le représentant du Parlement européen a rappelé que cet organe porte une attention particulière aux problèmes qui se posent aux peuples autochtones. Les langues sont importantes pour chacun et plus encore pour les peuples autochtones. Il y a quinze Etats au sein de l’Union européenne et onze langues y sont pratiquées. En raison de l’élargissement de l’Union, huit nouvelles langues vont venir s’ajouter. Les ancêtres, les colons de l’ancienne Europe sont responsables de nombreux des crimes perpétrés contre les peuples autochtones, a rappelé le représentant qui, au nom du Parlement européen, a présenté ses excuses pour les torts qui ont été ainsi infligés. Le Président du Parlement européen, Pat Cox, et celui de la Commission européenne, Romano Prodi ont dit que les 21 millions d’euros dépensés afin de mettre en place des programmes d’aide aux peuples autochtones seront révisés à la hausse et le Président italien, M. Berlusconi, a fait savoir que la présidence italienne de l’Union européenne à venir donnera la priorité à la défense des droits des populations autochtones

Le représentant de World festival sports and culture, a évoqué la tenue, en 2004 au Canada, du quatrième festival mondial des jeux et sports traditionnels qui représente une occasion unique de promouvoir l’activité physique à travers les jeux et sports traditionnels de chaque nation.

Le Vice-Président de l’Instance, s’est félicité de l’adoption, par l’Union européenne, en 1998, de politiques en faveur des peuples autochtones et de la tenue, en juin 2002, d’une conférence internationale visant à examiner la mise en œuvre des programmes de l’Union européenne en faveur des peuples autochtones. A cet égard, il a demandé des précisions sur le suivi de cette conférence ainsi que des informations sur la façon dont l’Union peut coopérer avec l’Instance permanente.

Le représentant du Parlement européen a précisé que la Commission européenne est l’organe qui fait ce que lui demandent de faire le Conseil et le Parlement européens: les décisions doivent donc être prises par ces deux organes. Ils devront par exemple décider d’aider l’Instance permanente sur les questions autochtones, d’appuyer certains projets spécifiques concernant les langues ou les forêts. La Commission peut alors fournir des fonds mais seulement au terme des décisions prises en amont et il ne s’agit pas d’une aumône mais d’un appui nécessaire.

Le représentant du Canada a insisté sur le caractère unique de ce pays, dont les priorités sont la création d’une citoyenneté active et la reconnaissance de la diversité culturelle. Il travaille en ce sens avec de nombreux organismes internationaux afin de promouvoir davantage cette diversité. Le Gouvernement fédéral s’est engagé à travailler avec les autochtones pour préserver cette partie vitale de la culture canadienne. Il a parrainé de nombreuses initiatives pour financer des programmes d’amitié avec les jeunes autochtones. Le Canada a également proclamé le 21 juin Journée nationale des autochtones et a financé les Jeux autochtones en 2002. Pour lui, il est possible aux autochtones de développer et préserver leurs cultures, tout en participant au développement économique national.

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a déclaré que tous les peuples ont le droit de pratiquer et de revitaliser leurs coutumes. Les gouvernements doivent reconnaître que la protection des langues est un élément fondamental de l’identité. Nous suggérons que l’Instance envisage de recommander aux agences spécialisées de l’ONU de renforcer leurs programmes à cet égard. La protection actuelle des biens culturels n’est pas suffisante. Il est en particulier nécessaire de breveter les connaissances traditionnelles. Le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande a pour sa part passé une nouvelle législation qui interdit la diffusion d’images discriminatoires de même qu’une régulation commerciale qui indique que les produits commercialisés doivent être respectueux et protéger la culture maorie. Nous nous engageons également à rapatrier les biens spoliés appartenant à la culture maorie.

Une déléguée du Rapa Nui Parliament a encouragé tous les gouvernements et membres de l’Instance à examiner les recommandations qui ont été présentées ici car elles répondent aux besoins de paix, de justice et de liberté des peuples autochtones.

Le représentant du Parlemento indigenas de las Américas a déploré que les peuples autochtones soient toujours considérés comme des enfants, des mineurs qui ne peuvent pas prendre de décisions: il a réclamé de pouvoir participer aux prises de décisions. La participation politique est fondamentale, elle signifie la libre détermination et ce droit ne doit pas pouvoir être nié. Il a recommandé à l’Instance de recommander à l’ECOSOC qu’il demande aux pays de reconnaître les droits politiques des autochtones, comme l’a fait le Venezuela, de mettre en place des programmes d’aide pour aider les peuples autochtones à participer aux prises de décisions et d’aider les leaders autochtones à se former à cette fin.


Education

CATHERINE GRIGSBY, de l’UNESCO, a rappelé qu’on compte environ 5000 peuples autochtones dans le monde, soit 300 millions de personnes, qui parlent 4 000 à 5 000 langues autochtones: pourtant, des millions d’enfants se voient enseigner des langues qu’ils ne comprennent pas. Le véritable problème est un système éducatif inadéquat dans la mesure où les peuples autochtones vivent dans des environnements différents et que l’éducation a souvent promu une assimilation unilatérale, détruisant les cultures autochtones.

La pauvre qualité de l’éducation ou le manque d’éducation, associés à une assimilation culturelle et scientifique ont entraîné une perte des langues et traditions communes aux peuples autochtones. La faible participation des autochtones à la conception des programmes et à la sélection des enseignants fait que l’éducation n’arrive pas à éliminer la discrimination qui frappe les peuples autochtones dans les grandes communautés nationales. Il faut donc, selon elle, une éducation appropriée au plan linguistique et culturel, il s’agit d’un outil fondamental pour l’exercice de ses droits.

Cependant, bien que dans un grand nombre de pays il n’y ait pas d’éducation dans les langues autochtones et qu’il n’y ait pas assez de ressources humaines formées, il y a eu des progrès: le concept d’éducation comme outil d’intégration à une culture dominante n’existe pratiquement plus, a assuré l’experte. Au plan juridique, un grand nombre d’instruments reconnaissent les droits des peuples autochtones, parmi lesquels la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention 169 de l’OIT et la Déclaration de la décennie internationale sur les peuples autochtones. Des progrès ont été également faits dans plusieurs constitutions notamment en Amérique latine, qui reconnaissent les droits à bénéficier d’une éducation dans sa propre langue dans certains pays, la validité des programmes bilingues ou des programmes d’éducation dans la langue maternelle.

Dans l’éducation bilingue, des programmes permettent aux enfants de garder leur langue autochtone, ce qui permet la transmission des connaissances. Ceci offre un dialogue complémentaire entre les cultures autochtones et les autres cultures. Les activités de l’UNESCO dans ce contexte sont diverses: l’organisme appuie trois principes fondamentaux: la langue maternelle doit être celle de l’instruction; l’éducation multilingue doit avoir lieu à tous les niveaux pour promouvoir l’égalité sociale et entre les sexes; il faut faire en sorte que la langue devienne un élément essentiel de l’éducation multiculturelle, car elle permet de comprendre les différences culturelles. L’UNESCO mène d’ailleurs dans plusieurs pays des recherches sur l’éducation multilingue et prépare des programmes d’éducation multilingues pour les adultes.

Dans le cadre du Programme d’action de Dakar, il y a un véritable défi à relever a-t-elle poursuivi: d’un côté, l’éducation autochtone doit permettre de préserver coutumes et traditions, mais de l’autre elle doit aussi former et donner des compétences aux peuples autochtones égales au plan national et international. Ceci permettra d’éliminer discrimination et intolérance et de promouvoir une culture de la paix. Il est prévu d’organiser une réunion internationale en vue de promouvoir une éducation de qualité pour les peuples autochtones. Enfin l’UNESCO s’est engagée sur un programme qui devrait permettre de faire progresser la tolérance culturelle, de promouvoir l’éducation pour tous les enfants autochtones sur un même pied d’égalité, d’assurer l’accès de tous les enfants notamment des fillettes à l’éducation de base. Il faut renforcer la qualité de l’éducation, identifier les pratiques éducatives des peuples autochtones, utiliser la pédagogie universelle. La culture par définition est dynamique et signifie un enrichissement permanent et elle permet de promouvoir la valeur suprême de la personne.

WILTON LITTLCHILD, Rapporteur de l’Instance, a rappelé que le droit à l’éducation avait été reconnu par les représentants de la Couronne britannique chargés de négocier les accords et traités avec les peuples autochtones. Le Gouvernement de la Couronne de ce fait était responsable de la mise en place des infrastructures et des ressources financières nécessaires à l’application de ce droit. Malheureusement, ce droit à l’éducation a été constamment violé. Il est à noter que les dispositions de la Convention 169 de l’Organisation mondiale du travail, le projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et le projet de déclaration de l’Organisation des Etats d’Amérique se réfèrent spécifiquement à l’éducation. Je demande que le Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation examine la question de nos droits à l’éducation dans le contexte des traités conclus dans le passé.

OTILIA LUX DE COTI, membre de l’Instance, a convenu avec la représentante de l’UNESCO des progrès réalisés dans certains pays. Aujourd’hui, dans certains domaines, comme l’éducation bilingue, multilingue et autochtone, des avancées sont enregistrées. Nous devrions recommander à l’UNESCO de tenir compte des recommandations de la première session de l’Instance. Les efforts de l’UNESCO en matière de formation et d’éducation doivent être encouragés.

FORTUNATO TUPO CHOQUEHUANCA, membre de l’Instance, a précisé que l’éducation est un indicateur du développement humain. Malheureusement, les peuples autochtones n’ont pas accès aux sciences et technologies modernes et ils se retrouvent par conséquent au bas de l’échelle des salaires. Les gouvernements doivent encourager la création d’universités autochtones et plus particulièrement l’établissement d’une université internationale sur les peuples autochtones.

ZINAIDA STROGALSCHIKOVA, membre de l’Instance, a expliqué que malgré l’attention que son pays, la Fédération de Russie, accorde à l’éducation, les peuples autochtones ont un nombre de diplômés d’université qui est deux fois inférieur à la moyennes de leur région. La majorité des peuples autochtones ne sont pas satisfaits de l’enseignement qu’ils reçoivent. La plupart d’entre eux ne disposant pas de traces écrites de leur histoire, culture ou de leur langue, il est difficile pour les gouvernements de mettre en place des programmes d’enseignement. Légalement en Russie, seuls 15% du temps de l’étude peut être consacré à l’éducation de la langue, de l’histoire et de l’artisanat autochtones. Les gouvernements devraient concevoir leurs manuels scolaires en tenant compte des intérêts des peuples autochtones.

KATHERINE GRIGSBY, de l’UNESCO, a répondu aux membres de l’Instance en expliquant que l’Organisation progressait peu à peu en appuyant les peuples autochtones dans leurs revendications et avec l’aide des Etats membres. Il s’agit non seulement du primaire et du lycée mais aussi de l’accès à l’enseignement supérieur. Il y a plusieurs initiatives en ce sens en Amérique latine, mais subsiste le problème de la pauvreté qui se pose dans de nombreuses communautés. L’UNESCO essaie d’apprendre des expériences qui ont été menées, de voir comment les communautés autochtones ont développé leurs propres pratiques, puis de voir comment procéder avec les Etats membres.

La représentante de Youth representatives, organisation d’autochtones de plus de dix pays, a insisté sur le rôle clé de l’éducation dans l’autodétermination. Elle a donc recommandé les points suivants: la langue d’instruction doit être celle des autochtones; les jeunes doivent pouvoir bénéficier d’un enseignement conforme à leur culture, pas seulement à celle du colonisateur; un appui financier est nécessaire pour promouvoir l’enseignement supérieur; l’Instance doit demander aux Etats de prévoir des compensations pour les victimes de l’éducation forcée en internats et qu’ils fournissent des moyens pour la préservation des langues et cultures autochtones.

Au nom du Caucus Pacific, le représentant a réclamé la reconnaissance des langues autochtones comme partie intégrante des programmes officiels d’éducation; que les institutions des Nations Unies conçoivent les matériaux éducatifs nécessaires; l’intégration d’une mention particulière pour les jeunes filles dans leur droit à l’éducation; que les Etats soient encouragés à promouvoir des programmes spéciaux à destination des jeunes et dans le domaine des droits de l'homme; que les Etats élaborent des programmes en collaboration avec les communautés autochtones.

Le représentant de Navajo Nation a défendu la reconnaissance des droits des Indiens d’Amérique à leur culture qui est intacte depuis des siècles. Les valeurs traditionnelles Navajo ont fait l’objet de pressions qui s’exercent toujours aujourd’hui comme le montrent les activités du Gouvernement et des entreprises privées qui violent les droits des Navajo. Depuis novembre 2002, le Conseil Navajo a réinstauré les valeurs et culture traditionnelles Navajo, ce qui est une décision importante pour notre peuple. Le système juridique Navajo est l’un des mieux développés aux Etats-Unis. Toutefois les entreprises privées continuent de ne pas se soumettre aux organes de règlement des différends Navajo. Nous recommandons aux Nations Unies de favoriser le respect du droit coutumier des tribus.

La représentante de Inuit Youth International (Greenland) and Arctic region Youth, a estimé que l’éducation était une nécessité pour l’épanouissement des jeunes autochtones. Malheureusement, les normes occidentales contrôlent nos sociétés à travers l’économie et l’éducation. Un grand nombre de jeunes ne sont plus scolarisés en raison de l’inadéquation de l’enseignement avec leur culture et de l’incidence des maladies mentales. Nous souhaitons qu’une attention particulière soit accordée à la nécessité d’améliorer les taux de scolarisation des jeunes autochtones et à leurs problèmes de santé mentale. L’importance des langues autochtones pourrait faire l’objet de la tenue d’une conférence organisée en coopération avec l’UNESCO et le Conseil économique et social.

Un représentant de Former Indigenous Fellows of the Office of the High Commissionner for Human Rights a fait état des bénéfices tirés des programmes de bourses d’étude qui ont permis à des jeunes autochtones de tisser des liens avec un grand nombre d’organisations. Grâce à ces programmes, les boursiers sont désormais en mesure de fournir une aide technique aux autres peuples autochtones dans le monde. Dans le cadre du processus de mondialisation, ce type de formation renforce nos valeurs et identités. Il faut que le Conseil économique et social encourage les Etats à approuver le projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et à mettre davantage des programmes de bourse à disposition des peuples autochtones. Il faut également promouvoir les programmes de coopération entre toutes les institutions des Nations Unies.

Le représentant de Bangladesh Adivasi Forum, PCJSS, HTNF, Taunga, Trinamul, Peace Campaign Group, a souligné l’importance de l’éducation dans la promotion des droits de l’homme. Au Bangladesh, nous avons réussi à mobiliser des moyens humains et financiers pour favoriser la scolarisation des jeunes autochtones mais nous avons besoin de l’aide de notre Gouvernement et de la communauté internationale. Nous demandons aux gouvernements de revoir leurs politiques en matière d’éducation pour tenir compte des besoins des peuples autochtones.

Le délégué d’Asia Pacific Indigenous Youth Network et del’Alliance Aymara a lui aussi demandé à l’UNESCO de prendre les mesures nécessaires pour préserver les cultures autochtones dans l’enseignement. Les enfants autochtones doivent souvent être envoyés dans des pensionnats où le coût financier et émotionnel est élevé, a-t-il noté. Aussi la Banque mondiale doit s’assurer que les politiques de prêts sont conformes aux engagements internationaux sur le respect des droits des peuples. L’UNESCO doit aider les Gouvernements à mettre en place des programmes promouvant les cultures et traditions. Les enfants autochtones ont le droit à l’éducation, comme inscrit dans de nombreux documents internationaux, ce qui signifie un plein accès, non discriminatoire, aux systèmes généraux dans le plein respect de leur culture. L’éducation imposée aux enfants et jeunes autochtones a été une forme de colonisation qui a engendré une perte des langues et des cultures et cette situation a été aggravée par la mondialisation.

Pour la Canadian Teacher’s Federation, l’Instance doit désigner un de ses membres qui soit responsable de l’éducation et devra s’assurer que tous les objectifs énoncés seront respectés et atteints. La Banque mondiale et les autres instances du système des Nations Unies doivent reconnaître le droit des autochtones à contrôler leurs propres systèmes éducatifs, mais il faut que ceux-ci bénéficient de ressources suffisantes. Les législations nationales doivent aussi reconnaître les langues autochtones et s’assurer qu’elles sont enseignées.

L’Ainu Association of Hokkaido a souligné que les enfants Ainus se trouvaient dans une situation difficile dans la société japonaise, où ils sont très peu scolarisés notamment dans le secondaire et moins encore au niveau supérieur. Ceci est dû à la pauvreté de cette communauté et les disparités sont criantes. En outre même lorsque les enfants Ainus sont scolarisés, ils font l’objet de discriminations dans les écoles qui les poussent à les quitter. Depuis des années, cette communauté réclame un enseignement spécifique et la mise en place d’un programme ethnique, mais le Gouvernement japonais ne reconnaît pas la spécificité de ce groupe. Les enfants Ainus sont en conséquence incapables de s’identifier comme tels.

Le représentant de l’AMAAI et de l’Organisacion de los Pueblos Indigenas de la Amazonia colombiana, a réclamé des professeurs autochtones pour ces communautés et indiqué que des livres en langues autochtones étaient en préparation. Il faut davantage d’écoles et de professeurs autochtones, et que ce type d’actions soit élargi à de multiples zones; pour cela les institutions des Nations Unies et les organisations spécialisées doivent former des professeurs autochtones. Il a recommandé une banque de données sur les projets éducatifs.

La représentante du Belize, s’exprimant au nom des membres de la CARICOM, a expliqué que les populations autochtones sont de petite taille et sont par conséquent parmi les plus vulnérables. Nous devons faire en sorte que les autochtones bénéficient des fruits de notre développement. Le Gouvernement de Belize en coopération avec les Mayas a mis en œuvre un programme de développement. Plusieurs initiatives ont également été menées pour améliorer l’accès à l’éducation des peuples autochtones. Le programme de formation a jeté les bases nécessaires aux enseignants pour renforcer leurs compétences. Les enfants amérindiens disposent de programmes d’enseignement en langue autochtone et ils sont encouragés à rester à l’école au-delà du niveau primaire. Le Gouvernement de la Dominique a établi en 2000 un Bureau des affaires autochtones et il a lancé un processus de planification insistant sur le tourisme et la culture.

OLE HENRIK MAGGA, Président de l’Instance, a informé les participants des résultats de la réunion tenue avec le Président du Conseil de sécurité qui avait été demandée afin d’attirer l’attention des membres du Conseil sur la guerre qui est menée contre les Pygmées de la République démocratique du Congo. Le Président du Conseil de sécurité a dit la préoccupation qu’inspire cette situation aux membres du Conseil qui ont l’intention de prendre des mesures urgentes dans un avenir proche.

Le représentant du Bangladesh a déclaré que son Gouvernement avait toujours été sensible aux revendications des peuples autochtones. La Constitution garantit des droits égaux mais prévoit également un système de quotas en faveur des peuples autochtones. Un ministère distinct pour les peuples autochtones a été créé et le Conseil de district dispose de davantage d’autonomie. Soixante-cinq membres de tribus ont été nommés à des postes officiels. Le Gouvernement prend un certain nombre d’initiatives pour faire des régions autochtones des zones de développement. Nous nous enorgueillissons de notre culture multiple et le bien-être de tous les peuples demeurera notre but inébranlable.

Le représentant de Saint John Mission, BIJNI et Indian Confederation and Tribal peoples, Northeast Zone and Bodoland Children’s Home (India), a estimé que l’éducation joue un rôle vital dans l’habilitation des peuples. Malheureusement, après un demi-siècle d’efforts, les peuples autochtones sont frappés par les taux les plus élevés d’analphabétisme. Le Gouvernement de l’Inde ne comprend pas l’importance de la langue maternelle dans la formation de la personnalité. Il existe une conspiration de la part des secteurs dominants de la société indienne malgré le fait que les langues tribales en Inde sont parlées par des millions de personnes. Cette situation a conduit à un taux élevé d’abandon scolaire de la part des jeunes autochtones, en particulier les filles. L’Instance doit insister auprès du Gouvernement indien pour que celui-ci reconnaisse que les langues tribales sont les plus indiquées pour lutter contre l’analphabétisme; qu’il doit fournir un appui technique et financier pour développer des supports pédagogiques autochtones; qu’il doit mettre l’accent sur l’éducation des fillettes et introduire les langues étrangères comme l’hindi et l’anglais progressivement.

La déléguée du Caucus autochtone d’Asie a souligné que l’éducation est un moyen de promouvoir, développer, conserver les savoirs autochtones. Elle est fondamentale pour l’habilitation des peuples autochtones et leur permet de participer pleinement à la vie de leurs communautés. La langue, elle, est le symbole vivant d’une communauté et l’utilisation d’une langue étrangère dans l’enseignement s’est avérée dommageable pour les enfants autochtones. L’éducation a été parfois utilisée pour détruire les cultures autochtones. Aussi l’UNESCO doit garantir et promouvoir les possibilités d’éducation pour les enfants autochtones, et apporter l’appui financier nécessaire.

S’exprimant notamment au nom du Consejo internacional de Tratados Indios, l’orateur suivant a dénoncé le caractère raciste de nombreux systèmes d’éducation: il a donc recommandé à l’ECOSOC d’adopter la Convention 169 de l’OIT, que les Etats respectent les normes établies par les lois sur l’éducation de leur pays. L’éducation est un droit de l’individu et de la société pour que les peuples puissent pleinement s’épanouir et réaliser leurs potentiels. En Amérique latine il y a eu de nombreux progrès en ce sens, mais la participation des autochtones n’est pas requise lors de la préparation des lois et les législateurs sont souvent ignorants de la «cosmovision» des populations autochtones: la Terre est notre mère, c’est la pierre angulaire de notre éducation, la philosophie de base du peuple Kuna, a-t-il expliqué à propos de sa propre communauté.

Pour The Boarding School Caucus, sa représentante a recommandé à l’Instance d’exiger des Etats que l’éducation des autochtones soit contrôlée par les peuples autochtones; puisque les Etats-Unis ont colonisé leurs terres, les peuples d’Amérique sont contraints d’apprendre leur culture. Un Traité de 1866 garantit ce droit à l’éducation, mais il a été perpétuellement violé dans les faits, comme c’est aussi le cas au Canada. Les enfants autochtones sont au fond de la classe et leurs valeurs ne sont pas respectées. Les livres en langue autochtone ne suffisent pas; la culture est aussi orale. Les systèmes éducatifs doivent veiller à ce que les peuples autochtones prennent en main leurs propres destinées dans ce domaine.

Au nom du Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (IPACC), un représentant a souligné que l’adoption de la Convention 169 de l’OIT constitue un point de départ important en terme d’éducation pour les peuples autochtones. Mais en Afrique, l’analphabétisme touche 50 à 70% de la population et l’éducation ne vise que l’assimilation des peuples autochtones au nom de l’unité nationale. La télévision est diffusée dans des langues que plus de la moitié de la population ne comprend pas. Des millions d’enfants n’ont aucun accès à l’école. Le représentant a donc souhaité la participation des autochtones à la mise en place de programmes d’alphabétisation.

Le représentant de Global Teaching and Learning project du Département de l’Information des Nations Unies a évoqué le programme CYBERSCHOOL BUS en direction des écoliers visant à les familiariser avec les grandes questions dont traite l’Organisation. Il y a deux ans, une section sur les peuples autochtones a été créée. Nous souhaitons en faire encore plus et travailler avec l’Instance dans le but d’élaborer des lignes directrices sur l’enseignement des enfants autochtones dans le monde entier. Nous souhaitons également fournir un espace d’expression aux jeunes autochtones sur le Web. Nous souhaitons augmenter la visibilité des jeunes autochtones au sein de Nations Unies dans le respect de leur culture.

Le représentant du Saint-Siège s’est félicité de la décision prise par l’Instance de placer cette session sous le thème des enfants et des jeunes. Les enfants sont vulnérables et leurs droits sont constamment violés. Le racisme qui les frappe est dû à leurs spécificités culturelles. Le droit à l’éducation porte non seulement sur l’accès mais également sur le contenu. Le droit à l’éducation comprend aussi le droit à des structures alternatives d’apprentissage.

La représentante du Consejo Nacional Indio de Venezuela a expliqué que l’on assiste à une transformation de la société. Le Président Hugo Chavez, pour lequel les questions autochtones sont une priorité, a ouvert la porte à nos cultures et langues autochtones qui figurent désormais aux programmes scolaires. Notre langue et notre culture sont notre passeport planétaire et une force de résistance dans un monde en proie à la mondialisation. Je propose à l’Instance de proroger la Décennie internationale des populations autochtones, de sensibiliser les gouvernements à la ratification du projet de déclaration sur les droits des peuples autochtones, d’inciter les Etats et institutions à élaborer des alternatives au mode de développement dominant et à lutter contre les dépenses d’armement. La troisième session de l’Instance devrait prendre pour thème principal les femmes autochtones. Nous demandons à l’ECOSOC de fournir un appui technique et financier à l’organisation de la réunion à Lima en 2004 du Groupe des femmes autochtones d’Amérique latine, de déclarer une nouvelle Décennie et de lutter contre toute forme de colonialisme.

La représentante de Myanmar a rappelé que sur 32 millions de personnes, son pays comptait 135 groupes différents. Les groupes ethniques y disposent de leurs propres coutumes traditionnelles et l’Institut pour les races nationales, créé en 1964, encourage ses étudiants à les préserver. L’enseignement à l’école primaire et au collège se fait dans la langue la plus populaire; mais le Gouvernement encourage la préservation des cultures et des cours de langues autochtones sont organisés l’été pour protéger les langues des minorités.

Le représentant du Brésil a rappelé que son pays comptait plus de 200 groupes ethniques et au moins 160 langues différentes, reconnues dans la Constitution. L’éducation respecte les valeurs culturelles de chaque groupe et entend contribuer au renforcement de ces communautés. La ratification sans réserve de la Convention 169 de l’OIT par le Brésil représente un progrès conceptuel important et montre la voie vers le renforcement de la coopération technique entre l’OIT et le Brésil, a souligné le représentant. Mais la communauté internationale a encore beaucoup de retard, a-t-il déploré, mentionnant dans ce contexte le projet de Déclaration tant attendu sur les droits des peuples autochtones. La finalisation de la rédaction dépendra en grande partie de la souplesse dont feront preuve les différents participants.

S’exprimant au nom du Proyecto de Desarollo Santiago et de Plataforma Maya du Guatemala, un délégué a appelé à respecter les droits et les cultures des autochtones, afin que l’humanité puisse préserver ce qui reste de la planète, dégradée par des modes de vie modernes. Comment garantir que les connaissances mayas seront transmises aux jeunes si ce n’est par l’éducation? Il ne faut pas seulement une couverture éducative mais discuter de son contenu; il faut en arriver à un dialogue entre cultures et pour cela il faut demander aux Etats d’augmenter le budget de l’éducation des autochtones qui doivent avoir leur propre système d’éducation. Il faut assurer le fonctionnement d’écoles mayas au Guatemala et créer une université maya. Les agences spécialisées des Nations Unies doivent appuyer les efforts des autochtones. Les experts et spécialistes autochtones doivent être impliqués au niveau international.

La représentante de la Suède a souligné que le peuple saami a une culture et une histoire commune même s’il est dispersé dans quatre pays différents. Les enfants saami de Suède peuvent suivre une éducation dans des écoles saami chargées de s’assurer que ces enfants sauront parler, lire et écrire dans leur langue. Toutefois, faute de ressources financières adéquates, il n’a pas été possible de produire assez de matériel scolaire et il faut prendre de nouvelles initiatives pour promouvoir la langue saami en Suède. De même, tous les enfants saami n’ont pas la possibilité de rejoindre ou de choisir une école saami, là encore faute de ressources. Pour que la langue et la culture saami vivent et se développent, le Gouvernement a reçu des soutiens européens et des Nations Unies et a entamé une campagne d’information auprès du grand public, qui comprend mal les objectifs recherchés.

Les représentants de Union de Estudiantes Puerhepecha, Agencia Internacional de Prensa India (AIPIN), de Region Centro Occidente ont évoqué la lutte des peuples autochtones du Mexique. Notre culture, éducation, langue, terre sont encore menacées aujourd’hui. Avant l’invasion barbare, nos peuples vivaient en harmonie. C’est en préservant nos traditions que nous avons pu conserver une cohésion entre nos peuples et œuvrer à notre autodétermination. Le droit à une éducation interculturelle doit être reconnu.

Le représentant du Népal a dit l’attachement que son pays porte aux peuples autochtones, la discrimination étant interdite sur la base de l’idéologie, la langue ou la religion. Nous disposons d’un système multipartite qui permet à chacun de participer à la vie de la nation. Les représentants de divers groupes dirigeront une fondation créée récemment qui vise à accorder des prestations de service et à encourager les compétences des jeunes autochtones et de leur culture. Il est cependant malheureux qu’un représentant d’ONG nous ait accusé de fomenter la violence.

Le représentant de Centre de Sainte Lucie a expliqué que 15 millions de personnes parlent le créole. La majorité des habitants de Sainte-Lucie utilise le créole malgré l’absence de politique gouvernementale, la langue dominante étant l’anglais. Si un membre du parlement intervient en créole, son intervention en créole ne sera pas consignée. Un autre représentant des peuples autochtones de Sainte- Lucie a ajouté que l’éducation fait partie de la culture autochtone qui embrasse tous les aspects de la vie. Nos préoccupations actuelles portent notamment sur la désacralisation de nos sites sacrés et le détournement de nos objets sacrés.

La représentante du Mexique a souligné que son pays met en œuvre un programme pour l’éducation multiculturelle qui traite des droits des autochtones dans le domaine des sciences et de l’économie. Il établit notamment une base de données sur les peuples autochtones du pays, rassemble les thèses de doctorat traitant de ces questions et prévoit la préparation de nouveaux manuels. Les programmes en cours incluent l’éducation bilingue, mais il est important de renforcer l’éducation de sorte à ce que les communautés autochtones participent à leur élaboration. Le 13 mars de cette année a été créé l’Institut national des langues autochtones parlées sur le territoire national pour les préserver et les appuyer, afin de protéger la diversité culturelle du Mexique. Cette loi reflète la volonté de reconnaître officiellement les questions autochtones comme faisant partie de la politique générale du pays.

Une jeune autochtone de l’Etat de New York, membre de l’Original Action Group on the Environment a expliqué que la politique gouvernementale l’avait séparée de son groupe et de sa culture; les écoles parlent de l’histoire des Indiens mais pas de leur présent. En 1998, sa famille a été contactée par une société et une grosse somme d’argent lui a été offerte pour éviter un procès, mais elle a refusé de céder afin de pouvoir préserver son site sacré; elle a été alors confrontée à d’autres difficultés comme l’incendie de sa maison et aucune condamnation n’a jamais été prononcée. Le site sacré a été détruit. La jeune femme a invité l’Instance à venir visiter sa communauté.




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