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Communiqués de presse Organes des Nations Unies

LA FEMINISATION DE LA PAUVRETE DENONCEE DEVANT LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

05 Mars 2002



Commission de la condition de la femme
3ème et 4ème séances - matin et après-midi
5 mars 2002
 
 
 
Quel est le lien entre déclin économique et augmentation de la pauvreté féminine?  A l’inverse, la prospérité des femmes favorise-t-elle l’amélioration de la situation économique d’un pays?  Ces questions et la confrontation des différentes expériences recueillies par les Etats Membres, institutions internationales et organisations non gouvernementales, ont alimenté le deuxième et dernier jour du débat général de la Commission de la condition de la femme.  Réunie depuis lundi pour sa quarante-sixième session, la Commission a choisi cette année de placer ses travaux sous le double thème de l’élimination de la pauvreté, notamment par le renforcement du pouvoir des femmes et de la gestion de l’environnement et l’atténuation des conséquences négatives des catastrophes naturelles.
      Mais c’est surtout la féminisation de la pauvreté qui est apparue comme source de préoccupation au fil de ce débat général : le manque d’éducation des femmes, les plus faibles opportunités d’emplois, les inégalités de salaires, le virus du sida qui, comme les conflits armés et les catastrophes naturelles, les laissent souvent en première ligne, seules responsables d’un foyer sans ressources, font que les femmes figurent souvent parmi les plus pauvres et constituent la majorité de la population vivant dans la pauvreté.  Le représentant du Kenya a expliqué que, dans son pays, la paupérisation des femmes avait été aggravée par les réformes d’ajustement structurel, portant notamment sur le partage des coûts dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’approvisionnement en eau. 
 Pour beaucoup d’intervenants, la lutte contre la pauvreté passe donc par un meilleur accès des femmes à l’éducation, à la formation, aux moyens de communications, mais suppose aussi qu’elles bénéficient d’une plus large autonomie, notamment financière.  D’où les initiatives visant à développer à leur intention les microcrédits, à favoriser leur intégration dans les petites et moyennes entreprises ou à leur verser une allocation, comme au Brésil.  S’agissant de la mondialisation, la question s’est posée de savoir si, dans une perspective sexospécifique, elle constituait un obstacle ou une opportunité.  Alors que la représentante égyptienne évoquait son impact de plus en plus négatif, la Vice-Ministre croate de l’intégration européenne appelait au contraire les femmes à se saisir de ses tendances positives, au nombre desquelles elle a cité les nouvelles possibilités d’investissements.
      La nécessité de sortir les femmes du cercle infernal de la pauvreté est apparue d’autant plus urgente qu’elles ont été unanimement considérées comme responsables de la gestion de leur environnement.  A l’inverse, la dégradation de l’environnement a un impact direct sur les femmes en milieu rural, dont les moyens de subsistance dépendent essentiellement de la terre.  Pauvreté et dégradation de l’environnement sont donc étroitement liées, ont fait valoir les délégations du Kenya et de la République-Unie de Tanzanie.  A cet égard, le représentant du Brésil, également Vice-Président de la Commission, a attiré l’attention sur la multiplicité des petites catastrophes naturelles, dont l’impact risquait de s’avérer supérieur à celui des plus grandes, spectaculaires mais moins fréquentes: c’est une raison, selon lui, pour renforcer les actions locales de prévention et de réparation, car ce type de catastrophes accroît la vulnérabilité des femmes.
 Pour reprendre les propos de la représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), les différentes interventions ont montré qu’il ne suffisait plus aujourd’hui d’attendre la croissance et d’en redistribuer les fruits pour réduire la pauvreté : il faut aussi que les femmes elles-mêmes soient les architectes des solutions. 
 Les personnalités des pays suivants ont pris part au débat: Ministre de la condition de la femme du Guatemala, Ministre du développement communautaire chargée de la question des femmes et des enfants de la République-Unie de Tanzanie, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, Vice-Ministre de l’intégration européenne de la Croatie, Vice-Ministre du travail et du développement social de la Fédération de Russie, Vice-Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Lituanie, Vice-Ministre chargée des affaires des femmes et de l’enfance de la Namibie et le Sous-Secrétaire d’Etat à la condition de la femme de la République dominicaine.
      Les représentants des pays suivants ont également pris la parole : Chine, Argentine, Burkina Faso, République démocratique populaire de Corée, Liechtenstein, Indonésie, Bangladesh, Brésil, Chili, Etats-Unis, Ghana, République islamique d’Iran, Burundi, Lituanie, République arabe syrienne, Roumanie, Kenya, Turquie, Mexique, Namibie, Malaisie, Egypte, Tunisie, Pakistan, Equateur, Fidji, Australie, Nouvelle-Zélande, Azerbaïdjan, Iraq, Suriname et Gabon, ainsi que la représentante de la Mission d’observation de la Palestine.  Les représentants d’Israël et de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
 Par ailleurs, les représentants d’institutions du système des Nations Unies et d’institution financière suivantes ont fait une déclaration : Organisation internationale pour les migrations (OMI), Organisation internationale du travail (OIT), Banque mondiale, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et Commission économique régionale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) au nom des cinq commissions régionales des Nations Unies.
 Les représentantes des ONG dont les noms suivent se sont aussi exprimées: Fédération internationale des syndicats libres, le Sous-Comité sur les femmes âgées du Comité ONG sur la condition de la femme.
       La Commission entamera, demain mercredi 6 mars, à 10 heures, son débat thématique relatif à la «gestion de l’environnement et l’atténuation des effets des catastrophes naturelles» ainsi qu’à «l’élimination de la pauvreté notamment grâce au renforcement du pouvoir d’action des femmes à l’heure de la mondialisatio
 
 "LES FEMMES EN L'AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE"
 Débat général
 M. WANG YINGFAN (Chine) a signalé que des facteurs tels que la pauvreté, les maladies, le manque d’éducation, les discriminations et les préjugés avaient freiné la participation des femmes à la vie économique et sociale et avaient accentué leur paupérisation.  Au même moment, le terrorisme international a causé de nombreuses victimes parmi les femmes et les enfants.  Nous appelons la communauté internationale et tous les gouvernements à respecter les principes de la Charte des Nations Unies et autres normes régissant les relations internationales, et à s’opposer à la violence et aux activités terroristes qui prennent pour cible des civils innocents.  Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse davantage d’aide aux pays en développement de manière à ce que les femmes bénéficient réellement des avantages de la mondialisation.  Le représentant a indiqué que son pays avait adopté le Programme pour le développement de la femme chinoise pour la période 2001-2010 qui identifie six domaines d’action prioritaires que sont les femmes et l’économie, les femmes et la prise de décisions, l’éducation, la santé, les femmes et le droit et l’environnement.  Le représentant a ajouté que les gouvernements des Régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao ont également adopté des mesures législatives et administratives pour mettre en oeuvre les engagements pris à Beijing en 1995.
 
Mme LAURA ISABEL VELASQUEZ, Représentante spéciale pour les affaires de la femme au Ministère des relations extérieures de l’Argentine, a évoqué la situation de son pays qui s’est aggravée ces deux dernières années et dans lequel on compte 14 (sur 36) millions d’habitants dont les besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, plus d’1,7 million vivant en dessous du seuil de pauvreté et plus de 6 millions ne pouvant satisfaire leurs besoins alimentaires.  Le taux de chômage a dépassé les 20 %.  Il faut donc, a souligné la représentante, veiller aujourd’hui à ce que les femmes ne soient pas les victimes du processus de réformes politiques, économiques et fiscales en cours.  Elle a appelé à mettre en oeuvre des politiques destinées à préserver les ressources naturelles, associant les femmes.  De l’avis de Mme Velasquez, il faudrait aussi développer l’accès des femmes aux communications nouvelles.  La femme entrepreneur, directrice de petite et moyenne entreprises, responsable de microentreprise doit participer à notre Programme de consortium des exportations pour les femmes.  Dans le cadre du Mercosur, l’Argentine a recommandé que les groupes de travail intègrent dans leurs programmes une perspective séxospécifique.  Avec l’urgence dans les domaines économiques et sociaux, le Gouvernement a également créé le programme «chef de famille»: il s’agit d’assurer le succès scolaire des enfants et de faire participer les chefs de famille au chômage à des programmes de formation pour préparer leur réintégration professionnelle  Concernant la violence, 22 des 23 provinces d’Argentine ainsi que la ville de Buenos Aires ont adopté une loi sanctionnant la violence au sein des familles.  Nous voulons une femme qui résiste, lutte, accompagne et protège: les femmes jouent un rôle décisif dans le pays actuellement, a-t-elle assuré.
 
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré qu’aucun pays ne peut prospérer tant que les femmes continuent de souffrir de discriminations et d’abus.  Les processus de démocratisation, la bonne gouvernance, la fourniture de services sociaux, une politique fiscale efficace, des opportunités d’emploi, l’accès au crédit et aux ressources productives, les filets de sécurité sociale et les réseaux sociaux constituent l’ensemble de mesures qui permettent la mise en place de stratégies d’autonomisation des femmes au niveau national.  Il est également nécessaire de disposer d’un environnement international adéquat.  La libéralisation de l’économie, les technologies de l’information et des communications et la coopération pour le développement viennent en appui des processus égalitaires entre les sexes et d’intégration des sexospécificités.  L’autonomisation des femmes commence avec l’élimination de la pauvreté.  Le représentant a indiqué que l’accès au microcrédit dans son pays avait joué un rôle significatif pour ce qui est de l’autonomie économique des femmes du Bangladesh.
 Notre expérience a également montré que l’intégration des sexospécificités avait eu un impact positif sur la lutte contre la violence, le terrorisme et sur toute autre forme de comportement irrationnel.  Le succès des gouvernements dépend également du niveau de coopération internationale.  Des études sur l’élimination de la pauvreté, comme le recommande le Secrétaire général dans son rapport, doivent associer les gouvernements, les organisations internationales, les institutions de recherche et les institutions de développement.  Le financement du développement doit intégrer les questions sexospécifiques et nous sommes satisfaits de constater que le Consensus de Monterrey qui sera adopté dans deux semaines reconnaît cette problématique.  Le représentant a par ailleurs constaté que les catastrophes naturelles affectent les femmes de façon multiple d’où la nécessité d’adopter des approches différenciées.  L’insécurité économique des femmes et leur charge de travail s’accroissent lors de catastrophes naturelles.  Le représentant a indiqué que son Gouvernement avait placé l’accent sur les besoins des femmes dans le cadre de son Plan de gestion des catastrophes naturelles.  Les femmes ont été associées à ces efforts, en particulier au niveau des communautés locales.  Nous nous associons à l’analyse formulée par le Groupe des 77 et de la Chine selon laquelle il faudrait accorder davantage d’attention aux aspects internationaux des catastrophes naturelles.  Nous demandons instamment au système des Nations Unies et aux institutions financières internationales de développer une approche pour une gestion durable de l’environnement.
 
M. FERNANDO DE COIMBRA (Brésil), Vice-Président de la Commission sur le statut de la femme, a estimé que la Commission devrait sans cesse avoir pour objectif d’identifier ce qui peut aller dans le sens du consensus international sur les thèmes dont elle est saisie ; pour lui, les discussions devraient produire des documents concis appuyés sur les résultats et visant à la mise en oeuvre d’objectifs stratégiques.  Une fois encore, a-t-il noté, la Commission choisit de se concentrer sur des questions thématiques liées aux grandes conférences prévues cette année.  Le Secrétaire général nous a présenté une analyse de ces thèmes et il faut y puiser notre inspiration, a-t-il souhaité.  Notant que ces dernières années avaient permis de mesurer l’impact des petites catastrophes naturelles, il a fait valoir que cet impact risquait de s’avérer supérieur à celui des catastrophes très importantes, spectaculaires mais moins fréquentes.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, il est nécessaire de renforcer l’action locale et les actions de prévention, atténuation et réparation.  L’inégalité des sexes et la vulnérabilité des femmes ont été exacerbées par les catastrophes naturelles et les changements climatiques: la jouissance totale de leurs droits est une solution pour les soutenir.
Le représentant brésilien a fait valoir que son pays partage l’analyse du Secrétaire général selon laquelle la lutte contre la pauvreté passe par un programme d’élimination de la subordination de la femme: la lutte contre la pauvreté n’est pas seulement un combat contre la faim et les privations, mais contre l’impuissance, pour l’autonomie, la dignité et le respect de tous les droits de l’homme.  Il a ainsi indiqué qu’au Brésil, un programme destiné aux familles les plus pauvres a été mis en place: il prévoit qu’au total, 10 milliards de dollars seront transférés aux mères de famille à faibles revenus par les institutions bancaires.  L’administration fournit actuellement aux femmes des documents d’identification, facteur d’intégration important, pour qu’elles puissent en profiter.  Dans le domaine de l’éducation, le projet «Bolsa Escola» veille à envoyer les enfants à l’école au lieu de les faire travailler: cette bourse scolaire est payée à 2,2 millions de familles et le projet devrait toucher 11 millions de familles d’ici à la fin de l’année, couvrant ainsi un tiers de la population scolaire.  Par ailleurs, 30 % des postes au ministère de développement agraire ont été attribués à des femmes, de même pour l’attribution des microcrédits et les titres fonciers sont désormais émis au nom du couple si les femmes sont mariées; enfin, des prêts et des financements sont réservés aux femmes.
 
M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili) a rappelé que le Programme d’action de Beijing avait identifié la participation de la femme dans les politiques relatives à l’environnement.  La politique chilienne en la matière reconnaît qu’une gestion responsable avec consensus social n’est possible qu’avec la participation des divers acteurs de la société civile.  Les principes sur lesquels repose la politique de développement et de l’environnement sont fondés sur l’équité sociale.  On peut affirmer que l’on a progressé pour faire en sorte que les politiques sociale et environnementale soient bénéfiques pour les plus pauvres de la société, en particulier les femmes.  La pauvreté affecte davantage les femmes, pas seulement en raison de leur manque de revenus, mais également en raison d’un manque d’accès aux soins de santé, de logement, et à la vie sociale et culturelle.  L’un des principaux engagements du Gouvernement chilien est de surmonter la pauvreté extrême.  Grâce à l’apport économique de femmes, des progrès importants ont été réalisés, les politiques sociales orientées vers les secteurs les plus pauvres n’ont pas encore intégré les sexospécificités.  Cependant, le Gouvernement a développé un programme de renforcement du pouvoir des femmes sur le marché du travail, en particulier de celles qui sont chef d’un foyer monoparental.  Au Chili, 20 % de foyers ont les revenus les plus bas et il est encore difficile de permettre la participation des femmes les plus pauvres au marché du travail.  Le renforcement du pouvoir de la femme exige une transformation des relations de pouvoir pour que les femmes deviennent des acteurs de leur existence.  Le représentant a reconnu qu’il existe encore une discrimination en matière de revenus pour le même niveau d’éducation.
 
Mme ELLEN SAUERBREY (Etats-Unis) a jugé que le renforcement du pouvoir des femmes est essentiel pour éliminer la pauvreté et permettrait aux femmes de participer plus activement aux processus qui gèrent leur vie.  Elle a cité le Président Bush, pour qui «l’éducation est à la base de la démocratie et du développement».  Les pays développés et ceux en développement doivent donc accorder avantage d’attention et de ressources à ce besoin fondamental.  Aux Etats-Unis, a-t-elle dit, 35% des femmes sont titulaires d’un doctorat, leur participation au travail est la plus élevée au monde et la moitié des postes administratifs importants sont attribués à des femmes.  On compte actuellement 5,9 millions d’entreprises appartenant à des femmes.  De l’avis de Mme Sauerbrey, il faut améliorer les programmes de microcrédits pour aider les femmes les plus pauvres.  L’Agence américaine d’aide internationale, USAID, travaille ainsi avec plus de 700 microentreprises dans le monde.  Mais l’un des plus grands défis aujourd’hui est pour elle le trafic de personnes: au moins 700 000 femmes et enfants en sont l’objet, travaillent dans «maisons closes» comme esclaves et sont privés de tous droits.  Le Gouvernement américain est totalement engagé dans cette lutte, grâce à un arsenal législatif et avec des programmes d’opportunités économiques et des abris en faveur des victimes.
 Faisant référence à la situation en Afghanistan, la représentante a rappelé que les Etats-Unis ont adopté ces dernières années toutes les résolutions concernant les femmes afghanes.  Avec la fin du régime des Taliban, il y a maintenant un gouvernement engagé en faveur de l’éducation des femmes et des fillettes, même si les ministères doivent toutefois recruter davantage de femmes.  Il est important de s’engager en faveur des femmes de l’Afghanistan et c’est pourquoi, les Etats-Unis soumettront, a-t-elle annoncé, un projet de résolution en leur faveur, visant à garantir leur égalité de mouvement, le droit de travailler hors de la maison, ainsi que la sécurité.  Le projet de résolution demande également à la communauté internationale de continuer d’apporter une aide technique et financière pour protéger les droits des femmes et soutenir les initiatives visant à mettre fin à la violence à leur encontre ainsi qu’à accroître leurs chances de participer efficacement à la vie politique et économique, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, a-t-elle exposé.
 
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a expliqué que la création d’un Ministère distinct chargé des questions féminines l’année dernière vise à garantir l’intégration des sexospécificités dans toutes les politiques et programmes du Gouvernement.  Dans ce but, le Gouvernement du Ghana a nommé des fonctionnaires chargés de la parité entre les sexes dans tous les ministères, départements et institutions.  Le Ghana a également mis en place un programme visant à combler le fossé économique entre les hommes et les femmes.  Il a établi un Fonds national pour le développement qui doit permettre le renforcement des capacités des femmes dans les processus de production économique.  Le représentant a ajouté que, dans le domaine de la santé, son Gouvernement doit faire face à la propagation rapide du VIH/sida et doit fournir une aide aux orphelins et veuves du VIH/sida.  En raison d’un manque de ressources, le Gouvernement ne dispose pas des infrastructures et médicaments permettant de prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant.  Par ailleurs, il a indiqué que les femmes jouent un rôle important dans la protection et la gestion de l’environnement.  Pour garantir des revenus durables aux femmes des zones rurales, un programme visant à encourager les femmes à cultiver des lots boisés pour subvenir à leurs besoins énergétiques a été mis en place dans le but également d’éviter la déforestation.
 
Mme SOMAIA S. BARGHOUTI, Représentante de la Mission permanente d'observation de la Palestine, a rappelé que les Palestiniens, depuis septembre 2001, ont été en but à la violence: les politiques et mesures d’oppression d’Israël ont entravé les efforts des femmes palestiniennes et les ont privées de leur potentiel économique et de leur avancement dans la société.  Soulignant que la situation actuelle affecte tous les aspects de la vie de la femme palestinienne, elle a évoqué les colonies de peuplement, le bouclage des territoires, les démolitions de foyers, la destruction des terres, les créations de route de contournement et autres obstacles à une vie normale.  En outre, les restrictions sévères aux déplacements ont bouleversé l’accès aux soins de santé des femmes: des femmes enceintes sont mortes avant l’arrivée des ambulances ou ont accouché aux postes de contrôle israéliens.  Par conséquent, la situation des femmes palestiniennes ne saurait s’améliorer si on ne met pas fin à l’occupation.
 
Mme LILY CARAVANTES, Ministre de la condition de la femme du Guatemala, a indiqué que 56 % de la population guatémaltèque vivent dans la pauvreté et en particulier dans les zones rurales.  Elle a reconnu que la femme subit de nombreuses inégalités notamment dans le domaine de l’emploi.  Les revenus des femmes sont inférieurs de 53 % par rapport à ceux des hommes.  L’analphabétisme touche 42 % des femmes contre 28 % pour les hommes.  Le taux de mortalité maternelle est très élevé.  Il y a 190 décès pour 100 000 naissances.  Le Gouvernement a approuvé un plan de développement social fondé sur l’égalité et le droit au développement.  La protection de la santé, l’espacement de la maternité sont notamment des droits.  Nous avons accordé la priorité aux soins des enfants, l’accès des femmes et adolescentes aux soins de santé, à l’organisation de campagnes d’alphabétisation et à la formation professionnelle.  Nous avons l’intention d’inclure l’aspect sexospécifique dans tous les domaines.  Nous devons maintenant passer de la volonté politique à l’application de ce principe dans tous les secteurs du Gouvernement.  La représentante a également plaidé pour la participation des femmes à la gestion des catastrophes naturelles.
 
Mme MIRJANA MLADINEO, Vice-Ministre de l’intégration européenne de Croatie, a estimé que le principal axe de lutte était de renforcer le concours des femmes à l’économie internationale: mais, a-t-elle ajouté, nous sommes conscients que ces problèmes complexes ne peuvent être réglés d’un jour à l’autre et que tout progrès a besoin de l’appui international.  Pour elle, les femmes font aujourd’hui face à des défis supplémentaires avec la mondialisation, et nous devons en utiliser les tendances positives, citant les avantages pour les consommateurs ou les nouvelles possibilités d’investissements.  La Vice-Ministre a ensuite expliqué que, dans son pays, la commission croate pour l’égalité des sexes avait initié une Nouvelle politique nationale adoptée par le Parlement en décembre dernier et qui décrit les tâches des différentes institutions; la Nouvelle politique nationale insiste sur dix questions importantes pour la Croatie, notamment l’élaboration d’une stratégie nationale protégeant les femmes contre toutes les formes de violence, en particulier au sein de la famille.  Une autre stratégie est en cours de préparation pour protéger les femmes et enfants contre les trafics.  La Vice-Ministre a fait valoir que les femmes étaient désormais plus visibles dans la vie politique et publique croate, que les ONG et la société civile sont mieux organisées pour promouvoir leur cause et que le Gouvernement ne peut plus les ignorer.
 
Mme CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a évoqué le rôle des femmes dans le contexte du maintien de la paix et a dit attendre avec intérêt les résultats de l’étude concernant l’impact des conflits armés sur les femmes et les fillettes.  Elle a estimé que la vulnérabilité de la femme mais également sa contribution au règlement des conflits devaient être pris en compte lors de l’examen de cette question.  A cet égard, elle a lancé un appel en faveur de la nomination de femmes comme Envoyée spéciale et Représentante spéciale du Secrétaire général.  En Afghanistan, elle a souligné que l’entière participation des femmes est essentielle au succès des opérations de reconstruction et de développement.  Elle a souhaité que le Représentant spécial actuel, M. Lakhdar Brahimi, soit prochainement assisté d’une conseillère en matière des sexospécifités.  La représentante a par ailleurs relevé le phénomène émergent qu’est la discrimination multiple à l’égard des femmes.  Ce phénomène a été abordé lors de la Conférence de Durban.  A cet égard, elle a estimé qu’il ne faudrait pas établir de liens entre les documents finaux et le processus ayant mené à leur adoption.  Elle s’est par ailleurs félicitée de la session extraordinaire sur le VIH/sida qui a également contribué à la cause des femmes.
 
Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Ministre du développement communautaire chargée de la question des femmes et des enfants de Tanzanie, a souligné que les deux questions thématiques –élimination de la pauvreté et gestion et atténuation des catastrophes naturelles– se complètent et se renforcent l’une et l’autre.  Elle a noté, citant les rapports d’experts, la vulnérabilité des femmes à la pauvreté du fait qu’elles sont empêchées de contrôler leur propre existence.  En Tanzanie, a-t-elle expliqué, les femmes représentent 52 % de la population et sont aussi majoritaires parmi les populations pauvres: nos efforts ont donc tenu compte ces dernières années des dimensions sociales et des questions d’égalité entre les sexes, a-t-elle dit.  Le Gouvernement a veillé à la mise en place de politiques de développement préservant l’égalité entre les sexes notamment en milieu rural.  La Ministre a souligné que ce sont les femmes qui gèrent l’environnement, parce que ce sont elles qui travaillent la terre ou coupent le bois.  Les femmes assurent environ 80 % de la production mondiale agricole: c’est pourquoi, toute destruction de l’environnement frappe d’abord les femmes; il faut donc s’assurer que les femmes peuvent participer aux prises de décision.  Elle a fait valoir que les femmes sont en première ligne pour ce qui est de subir l’impact des catastrophes naturelles et des conflits armés: parmi les réfugiés, les femmes et enfants sont les plus nombreux, les femmes sont frappées en premier et continuent de souffrir bien après.  Il est donc nécessaire d’impliquer les femmes avant, pendant et après les catastrophes, quelle que soit leur nature.  Cependant, la pauvreté et la dégradation de l’environnement sont étroitement liées et nous ne soulignerons jamais assez l’importance de la coopération internationale, a-t-elle rappelé en conclusion.
 
      Mme TITIEK SUYONO (Indonésie) a indiqué que le Ministère indonésien pour l’autonomisation de la femme avait identifié 12 domaines d’action prioritaires, comme par exemple l’amélioration de l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et aux ressources; une plus grande diffusion de l’information relative à la problématique homme/femme; l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes; la protection des droits des femmes; la promotion du bien-être et de la protection des enfants; le renforcement de la qualité et de la viabilité des organisations de femmes.  Le but ultime de ce programme est d’éliminer la pauvreté, la violence à l’égard des femmes et les injustices.  Abordant la question des femmes et des enfants pris en otage, la représentante a regretté que le rapport de l’ATNUTO sur la situation des femmes et des enfants au Timor oriental ait présenté la réalité sous une forme simplifiée et sur la base de généralités.  Elle a précisé que son Gouvernement coopère pleinement avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, avec l’Administration transitoire des Nations Unies et les représentants du Timor oriental dans la recherche des familles.  Elle a ajouté que son Gouvernement avait répondu avec diligence aux conséquences humanitaires de la consultation populaire sur l’indépendance du Timor oriental.
 
Mme PAIMANEH HASTEI (République islamique d’Iran) a espéré que les résultats des délibérations de la Commission de la condition de la femme et des experts fourniraient une contribution concrète aux grandes conférences à venir.  Elle a appelé à des mesures résolues au plan national et à une coopération efficace au plan international.  Faisant remarquer que nous sommes pratiquement au milieu de la première décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, elle a fait valoir que ce fléau constitue la plus pure violation des droits de l’homme et des droits au développement; une campagne efficace pour l’éradiquer exige que la lutte soit placée au coeur des préoccupations internationales.  Le rôle des femmes est crucial dans l’alimentation, la fourniture de subsistance, le secteur informel et la préservation de l’environnement.  C’est pourquoi, la Conférence de RIO + 10 qui se tiendra à Johannesburg en août prochain sera une occasion exceptionnelle de leur rendre hommage.
 Abordant ensuite la situation en Iran, la représentante a noté que l’intégration systématique de perspectives sexospécifiques dans tout nouveau programme était devenue une priorité.  Des lois et règlements renforcent les capacités des femmes, et le Programme de développement de la femme iranienne appuie notamment les microcrédits, les prêts sans intérêt, les coopératives de femmes, et cherche à atténuer le chômage et la pauvreté dont sont victimes les femmes.
 
M. VALERY YANVAREV, Vice-Ministre du travail et du développement social de la Fédération de Russie, a déclaré que l’objectif de son Gouvernement est de promouvoir le développement d’une économie de marché dynamique qui tienne compte des intérêts sociaux, et notamment de ceux des groupes les plus vulnérables.  Il est impossible de ne pas tenir compte du potentiel des femmes qui constituent la majorité de la population et la moitié des travailleurs.  Nous cherchons à renforcer la protection sociale et juridique des femmes et des fillettes.  Nous avons signé le 20 avril dernier le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Le 28 juin dernier, nous avons adopté un plan d’action national pour 2002-2005 qui vise l’amélioration de la situation de la femme russe.  Nous avons prévu des mesures concrètes pour améliorer la situation des femmes sur le marché du travail, apporter une aide aux victimes de la violence et améliorer les prestations sociales.  Nous souhaitons que la Commission évite de politiser les questions à examen et tienne compte des intérêts de tous les groupes régionaux.
 
Mme AROCHA DOMINGUEZ (Cuba) a indiqué qu’un séminaire s’était tenu à la fin février à La Havane, destiné à évaluer la mise en oeuvre des principes de Beijing.  Les Cubaines représentent 44 % de la population active, 66 % des techniciennes et professionnelles de niveau intermédiaire; 33 % occupent des fonctions de direction et 27,6 % des sièges au Parlement, quatre femmes sont devenues ministres cette année et treize vice-ministres.  L’espérance de vie des femmes est passée à 78 ans et le congé maternité a été porté de 18 semaines à une année.  Toutefois, la représentante a évoqué les limites subjectives et objectives au renforcement du pouvoir des femmes: la principale entrave, selon elle, est liée à la persistance du blocus commercial financier et économique orchestré par les Etats-Unis dont souffre Cuba depuis plus de 40 ans et frappe particulièrement les femmes et les enfants.  Elle a conclu en soulignant que l’engagement du Gouvernement cubain à poursuivre une politique d’intégration des femmes à la vie économique, politique et sociale du pays répondait aux nécessités du processus révolutionnaire cubain.
 
Mme OUEDRAOGO (Burkina Faso) a estimé qu’en vue d’améliorer la situation socioéconomique des femmes, il est nécessaire de créer des réseaux d’institutions financières capables de drainer l’épargne et de la recycler à des fins d’investissement, par l’octroi de crédits.  Elle a indiqué que les efforts de son Gouvernement se sont traduits par l’organisation d’un forum national pour la promotion de la femme et de la petite fille dont l’objectif était, entre autres, d’élaborer les grandes orientations pour la mise en oeuvre des recommandations émanant des différentes conférences mondiales sur les femmes et du Plan d’action du Ministère burkinabé de la promotion de la femme.  Le Gouvernement a également créé un Conseil national pour la promotion de la femme, décentralisé les services du Ministère de la promotion de la femme pour mieux rapprocher les acteurs du développement et les groupes visés, et renforcé les actions de la société civile qui se mobilise davantage en faveur de la lutte contre le VIH/sida, contre l’analphabétisation et en faveur du développement d’activités génératrices de revenus.
 
M. PAK GIL YON (République démocratique populaire de Corée) a souligné les entraves qui persistent à l’amélioration du sort des femmes; il a ainsi évoqué les effets de mondialisation, des conflits armés et de la dette extérieure.  Les femmes sont toujours les premières victimes d’une occupation étrangère, de relations internationales injustes, de sanctions internationales, de pauvreté, de chômage, de manque de possibilités dans les domaines de la santé et de l’éducation, a-t-il estimé.  Pour résoudre les problèmes de la femme, il faudrait envisager un système libre de toute exploitation de l’homme par l’homme.  Ce n’est que quand les femmes pourront activement participer aux activités sociales qu’elles pourront réaliser leurs droits comme membres de la société.  La communauté internationale doit aujourd’hui réduire la dette extérieure des pays concernés pour réduire au minimum les effets négatifs de la mondialisation.  Le délégué a conclu en rappelant le sort des «femmes de confort», réduites en esclavage sexuel par l’armée japonaise pendant la Seconde guerre mondiale et pour lesquelles le Japon n’a toujours pas présenté d’excuses ni de réparation.
 
Mme NDIORO NDIAYE (Organisation internationale pour les migrations, OIM) a évoqué le phénomène qui veut que davantage de femmes décident d’émigrer seules afin de trouver du travail à l’étranger, parfois dans des conditions irrégulières.  Une des manières de réduire les pressions qui sont à l’origine de cette immigration illégale est de renforcer les moyens d’émigrer légalement.  La migration, a expliqué la représentante, ne contribue pas seulement à lutter contre la pauvreté mais permet également aux femmes migrantes d’acquérir plus d’autonomie et de confiance en elles.  Ces deux concepts sont à la base du renforcement du pouvoir d’action.  Toutefois, l’expérience que constitue la migration peut également conduire à une vulnérabilité accrue.  Il est donc important d’essayer d’éliminer la pauvreté extrême afin que la migration repose sur un choix libre et informé.  Evoquant la situation des femmes afghanes, la représentante a indiqué que l’Organisation internationale des migrations avait lancé un nouveau programme pour le retour d’Afghans qualifiés.  Il est remarquable que les femmes afghanes représentent 20 % des 3 000 candidats au retour inscrits au programme.  En Afrique, elle a expliqué que les programmes de retour ont montré leurs limites, sauf pour les zones de post-conflit.  Le programme de l’Organisation vise plutôt à éviter la fuite de cerveaux.  Les femmes constituent un groupe cible essentiel dans les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé ainsi que dans les activités productives.
 
Mme YOUYUN ZHANG (Organisation internationale du travail, OIT) a assuré que son Organisation s’était réunie à deux reprises pour vérifier l’application des principes d’égalité entre les sexes.  Des efforts ont été accomplis depuis le mois de mai 2001 dans toute l'administration pour engager une réflexion sur le sujet et voir comment créer un mécanisme approprié.  Des efforts systématiques ont été également menés dans plusieurs programmes de l’OIT, tels «Du travail pour l'Afrique», «Elimination du travail des enfants», ou «Sexe, pauvreté et emploi».  Des programmes visent plus particulièrement des femmes âgées qui travaillent et les femmes migrantes: pour celles-ci, l’Organisation a publié un manuel de protection destiné aux femmes migrantes, pour les prémunir contre l’exploitation et les abus et qui vise à les aider à tous les stades de leur migration.  En 2001, l’OIT a également adapté sa politique d’information et lancera le 8 mars un nouveau site internet fondé sur une stratégie de communication fondée sur l’égalité des sexes.
 
      Mme CECILIA VALDIVIESO (Banque mondiale) a indiqué qu’au cours des années précédentes, la Banque mondiale avait réaffirmé sa mission consistant à éliminer la pauvreté et avait identifié deux domaines d’action prioritaires, à savoir l’amélioration des conditions d’emploi et l’autonomisation des pauvres.  La représentante a expliqué que la Banque mondiale disposait désormais d’une opportunité jamais égalée de promouvoir l’égalité entre les sexes en disposant d’une nouvelle stratégie d’intégration des sexospécificités lancée le 15 janvier dernier.  Elle comporte des programmes d’évaluation de la dimension sexospécifique du développement dans les pays qui reçoivent des prêts de la Banque mondiale et identifie des actions appropriées.  La Banque a également décidé de faire de l’intégration des sexospécificités un élément de priorités qu’elle a adoptées récemment dans un cadre plus large de programmes visant l’autonomisation, la sécurité et l’intégration sociale.  La Banque mondiale a également décidé d’intégrer les objectifs du Sommet du Millénaire dans ses activités.
 
Mme WARIARA MBUGUA (Fonds des Nations Unies pour la population, FNUAP) a déploré qu’à l’aube de 21ème siècle, le niveau de pauvreté chez les femmes continue de s’étendre et de d’intensifier après trois décennies de prêts macroéconomiques et d’aide au développement.  La situation économique des pays en voie de développement ne prospère pas et, très souvent, se détériore.  La représentante a également noté que plus de la moitié de la main d’oeuvre dans le secteur agricole dans de nombreux pays est constituée de femmes; ailleurs, elles sont la majorité des travailleurs du secteur informel ou des secteurs de transformation destinés à l’exportation.  La représentante du FNUAP s’est donc interrogée sur le lien entre déclin économique et augmentation de la pauvreté féminine.  Elle s’est également demandée si la prospérité des femmes favorise l’amélioration de la situation économique d’un pays.
Elle a poursuivi en soulignant que les femmes qui élèvent leurs enfants sont particulièrement vulnérables à la pauvreté: dans les pays en développement, où elles se marient tôt et ont de nombreux enfants, les femmes courent plus de risques de paupérisation.  Aujourd’hui, il ne suffit plus d’attendre la croissance et ensuite la redistribution des fruits de la croissance pour réduire la pauvreté des femmes: il faut que les femmes elles-mêmes soient les architectes des solutions à la pauvreté, avec un accès total aux crédits, à la propriété et à la terre.  Les femmes doivent également être aidées pour transformer des économies basées sur les ressources en économies basées sur la connaissance.  Le FNUAP, a souligné sa représentante, a collaboré avec différents partenaires pour leur faire partager ces connaissances, notamment grâce à l’enseignement virtuel.  Plaidant pour une éducation appropriée et l’élimination de l’analphabétisme, elle s’est déclarée convaincue que des mères éduquées sont en mesure de garantir l’éducation de leurs filles.  Cela suppose aussi l’accès aux soins de santé de qualité, aussi a-t-elle appelé les familles, les communautés et les gouvernements à investir dans la santé des femmes.
 
Mme THELMA KAY (Commission économique pour l’Asie et le Pacifique, CESAP), faisant une déclaration au nom des cinq Commissions économiques régionales des Nations Unies, a indiqué que l’élimination de la pauvreté dans le contexte de la mondialisation constituait un domaine de préoccupation commun auX cinq commissions régionales.  Elle a ainsi fait part des diverses activités menées sur cette question comme l’organisation de séminaires régionaux ou la publication d’ouvrages.  Une autre activité commune porte sur l’élaboration d’indicateurs sexospécifiques qui permettent de suivre l’application du Programme d’action de Beijing. Conformément aux conclusions concertées du Conseil économique et social de juillet 1997, les commissions ont mené de nombreuses activités pour favoriser l’intégration des sexospécificités dans leurs politiques, plans et programmes.  Plusieurs commissions forment actuellement leur personnel à la problématique homme/femme.  La représentante a en outre évoqué des sujets de préoccupation propres à chaque commission et zone géographique.  Elle a par exemple regretté que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) n’intègre pas entièrement la dimension sexospécifique.
 
Mme GAUDENCE RWAMAHEKE, Directrice générale au Ministère de l’action sociale et de la promotion de la femme du Burundi, a souligné que les femmes étaient de mieux en mieux représentées au sein du Gouvernement burundais.  Rappelant qu’elles occupent une place prépondérante dans le secteur agricole qui contribue pour 56% du PIB, elle a indiqué que les femmes sont aussi fortement touchées par la pauvreté grandissante suite à la crise qui frappe le pays depuis neuf ans.  Pendant longtemps, a-t-elle reconnu, les politiques nationaleS ne se sont pas souciées d’égalité entre les sexes, ce qui a contribué à marginaliser les femmes.  Mais on note aujourd’hui une prise de conscience et le Gouvernement a mis en place un programme de formation aux questions de parité qui touche tous les partenaires, à savoir les médias, la société civile, les hauts fonctionnaires, et le parlement.  La prise en compte de la sexospécificité est déjà une réalité dans la plupart des programmes et projets de développement communautaires, a-t-elle indiqué.
 
Mme KONING (Fédération internationale des syndicats libres) a relevé que 70 % des pauvres dans le monde sont des femmes. La plupart de ces femmes occupent des emplois précaires et mal rémunérés, souvent dans le secteur informel de l’agriculture et des services de maison.  Nous cherchons à construire un monde où le droit des femmes à un emploi décent et à un salaire décent soit reconnu.  Les syndicats sont une excellente stratégie pour renforcer le pouvoir des femmes et éliminer la pauvreté.  Les femmes doivent également occuper davantage de positions de premier plan dans les syndicats.  Unies, les femmes pourront lutter contre les injustices de la mondialisation et faire respecter leurs droits fondamentaux en matière d’emploi.  Nous suggérons aux gouvernements d’adopter des normes fondamentales en matière d’emploi et de les intégrer dans leur législation nationale.  Prochainement, la Fédération organisera une campagne étalée sur trois ans portant sur le thème “les femmes et les syndicats”.

M. RIMANTAS KAIRELIS, Vice-Ministre de la sécurité sociale et du travail de Lituanie, a indiqué que des partenariats entre le Gouvernement et les ONG ont permis de mettre en place des politiques d’égalité des sexes.  Les politiques du Gouvernement, les programmes préventifs et les projets de lutte contre la pauvreté, le ciblage des groupes vulnérables comme les parents isolés ou les mères célibataires ou encore les femmes dans les zones rurales ont permis de réduire le chômage féminin pour le ramener aux taux de chômage des hommes.  Toutefois, a reconnu le Vice-Ministre, de nombreux problèmes subsistent comme l’inégalité des salaires à travail égal, l’implication des femmes dans la vie publique et leur participation aux structures gouvernementales, la violence contre les femmes, et le trafic des femmes et des fillettes.  Tout ceci constitue des sujets de préoccupation pour le Gouvernement lituanien, a assuré le Vice-Ministre.
 
Mme CANDIDA CELESTE DA SILVA, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, a indiqué que l’autonomisation des femmes est au centre des préoccupations de son Gouvernement.  Les statistiques montrent que la moitié des habitants de la planète survit avec moins de deux dollars par jour et qu’un cinquième vit avec moins d’un dollar par jour.  L’une des causes majeures de la pauvreté extrême est la guerre.  Le conflit armé en Angola a mené à de vastes déplacements de population dont la majorité sont des femmes.  Le pourcentage d’Angolais vivant dans l’extrême pauvreté est passé de 11 % en 1996 à plus de 24 % aujourd’hui.  Les stratégies de réduction de la pauvreté du Gouvernement angolais s’appuient sur la promotion de la paix et d’un environnement socioéconomique viable.  Le Gouvernement a élaboré une stratégie pour l’égalité des chances et prépare actuellement un plan stratégique de réduction de la pauvreté.  Le Gouvernement met également en oeuvre son programme national en faveur du microcrédit pour les femmes.  L’Angola organisera au cours de cette année une conférence sur la féminisation de la pauvreté en collaboration avec l’Organisation panafricaine de femmes.
 
Mme RAMONA ROJAS, Sous-Secrétaire d’Etat à la condition de la femme de la République dominicaine, a expliqué que l’incidence de la pauvreté sur la population dominicaine restait, malgré les progrès accomplis, importante.  Pour cette raison, le Président dominicain a accordé une priorité de sa politique sociale à la réduction de la pauvreté.  Par ailleurs, il a été décidé de mobiliser les femmes dans tous les processus décisionnels afin de briser les chaînes de discrimination à leur encontre et de leur permettre le libre exercice de leurs droits.  Des mesures ont également été prises en vue de réduire progressivement les inégalités entre femmes et hommes, en poussant l’investissement social en faveur des femmes.  La représentante a enfin exprimé sa surprise et son inquiétude de voir que l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), seul institut de cette sorte exclusivement dédié au développement de la femme, n’avait toujours pas commencé à participer aux travaux de la Commission.
 
M. MILAD ATIEH (République arabe syrienne) a souligné l’importance des travaux de la Commission de la condition de la femme en particulier en cette ère de mondialisation qui n’a fait qu’accroître les risques de marginalisation des populations les plus vulnérables.  Il a précisé que la stratégie nationale pour les femmes syriennes repose sur le plan d’action élaboré à l’issue de la Conférence de Beijing de 1995.  Le nombre de femmes qui travaillent au Ministère de l’environnement a augmenté de 60 %.  Nous organisons régulièrement des programmes de sensibilisation à la protection de l’environnement.  Nous avons également mis en oeuvre des plans nationaux d’élimination de la pauvreté.  Nous tentons de répondre aux besoins de base et d’améliorer les conditions de vie de la population.  Le Gouvernement syrien encourage également les projets générateurs de revenus pour les femmes en coopération avec d’autres pays arabes.  Il oeuvre également à l’élimination de l’analphabétisme des femmes.  Nous nous heurtons cependant à de nombreux obstacles comme l’insuffisance des ressources, l’occupation continue des territoires arabes et la privation des droits des femmes dans le Territoire palestinien occupé par les forces israéliennes, a fait observer M. Atieh, qui souligne la nécessité d’étudier la situation des femmes vivant sous occupation étrangère.
 
Mme VICTORIA POPESCU-SANDRU (Roumanie) a estimé que l’élimination de la pauvreté était devenue à notre époque un défi mondial, qui se pose pour tous, pays développés et pays en développement.  Dans un contexte de mondialisation, le développement durable est lié à l’égalité entre les sexes et au renforcement du rôle des femmes.  S’efforçant d’améliorer la vie de tous, a-t-elle expliqué, les autorités roumaines ont fait de la lutte contre la pauvreté leur priorité, en collaboration avec les institutions mondiales.  Parmi les groupes les plus vulnérables identifiés par la Commission nationale contre la pauvreté, figurent les femmes âgées, les femmes seules avec enfants, et les femmes en milieu rural.  Différents programmes entrepris à leur profit ont été ensuite mis en oeuvre sur l’ensemble du territoire.  Parmi les mesures prévues dans les politiques concernant les entreprises, le représentant a cité la formation des jeunes femmes, leur accès aux nouvelles technologies, au marché de l’information et l’amélioration des offres de crédit.  Enfin, la représentante a fait remarquer que le renforcement du rôle des femmes dans la vie politique était également indispensable et qu’à cet égard, la représentation des femmes au sein du Parlement roumain avait augmenté de 9,5 % lors des dernières élections législatives.
 
M. BOB JALANGO (Kenya), évoquant la politique nationale du Kenya, a indiqué que la loi sur le développement et l’égalité entre les sexes a été présentée au Parlement pour adoption.  Le neuvième plan national de développement porte en outre sur le thème de la gestion efficace pour une croissance économique durable et l’élimination de la pauvreté.  Le représentant a précisé que, dans son pays, la majorité des femmes vivent dans l’extrême pauvreté, en particulier celles qui sont à la tête de foyers monoparentaux, soit 27 % des familles des zones rurales et 47 % des familles en zones urbaines.  Le phénomène de paupérisation des femmes a été aggravé par les réformes d’ajustement structurel portant notamment sur le partage des coûts dans les domaines de la santé, de l’éducation, et de l’approvisionnement en eau.  Ces services sont devenus inaccessibles à la plupart des femmes, à leurs enfants et aux personnes âgées.  Le Kenya a lancé un plan de réduction de la pauvreté et de grandes avancées ont été réalisées dans le domaine social.  La parité entre les sexes a été atteinte à l’école et les programmes de planification familiale ont mené à une baisse des taux de fertilité qui sont passés de sept à quatre enfants par femme.  Le représentant a relevé que la pauvreté et l’environnement sont étroitement liés.  Dans les zones rurales du Kenya, les problèmes écologiques ont un impact sur les femmes dont les moyens de subsistance dépendent essentiellement de l’environnement.
 
Mme YAKIN ERTÜRK (Turquie) a fait remarquer que lorsque les libertés sont restreintes, la femme est la première à perdre les siennes.  Aussi, la Commission est-elle appelée à jouer un rôle important en rétablissant un dialogue constructif entre pays, que les événements du 11 septembre ont menacé au sein de la communauté internationale.  La déléguée a ensuite souligné que, sur un milliard de personnes vivant en état d’extrême pauvreté, et en raison d’inégalités persistantes entre hommes et femmes partout dans le monde, les femmes sont les premières à supporter le fardeau de la pauvreté dans ses formes les plus diverses et les plus extrêmes.  Dans les cas de crise économique, les femmes en absorbent là encore les conséquences de façon disproportionnée.  Evoquant le tremblement de terre que son pays avait expérimenté en août 1999, la déléguée a noté qu’il était aussi le résultat de la mauvaise gestion de l’environnement et avait éveillé les consciences sur ce point.  Nous avons compris qu’il nous fallait vivre avec les tremblements de terre, que ce n’était pas la catastrophe naturelle qui coûte des pertes en vies humaines mais plutôt l’ignorance sur les moyens de construire des abris sûrs.  Les derniers séismes, même si c’est cynique, ont finalement contribué à renforcer le rôle des femmes turques en appelant les autorités compétentes à rechercher de nouvelles solutions.
 
Mme ROBERTA LAJOUS (Mexique) a déclaré que les efforts de la communauté internationale sont toujours insuffisants pour la pleine mise en oeuvre des objectifs de Beijing.  Pour le Mexique, l’autonomisation des femmes est l’approche idoine.  Les politiques publiques au Mexique s’inspirent du principe selon lequel la fourniture de services publics et l’amélioration des conditions de vie des femmes auront un effet multiple sur la qualité de vie des générations à venir.  Il est indispensable que la Conférence sur le financement du développement qui aura lieu prochainement au Mexique permette d’augmenter les flux financiers internationaux, de mieux lutter contre la pauvreté, de promouvoir les politiques sociales et publiques en faveur des femmes.  Dans un contexte de mondialisation et d’intégration économique internationale, les initiatives visant à faire baisser la dette des pays en développement et à augmenter l’aide publique au développement sont indispensables.  Il est important que la Conférence de Monterrey permette également de mobiliser les ressources financières internationales pour le développement par le biais d’une aide directe étrangère qui intègre la perspective sexospécifique.  La représentante a évoqué les obstacles à la prévention des catastrophes naturelles comme le manque de compréhension et d’information de ce phénomène et de ses répercussions.  Elle a relevé que les catastrophes naturelles ne touchent pas de la même manière les divers segments de la population et elle a souhaité que les programmes de prévention des catastrophes soient dotés d’une composante sexospécifique.
 
Mme MARIA MUNGUNDA, Vice-Ministre chargée des affaires des femmes et de l’enfance de la Namibie, a d’abord rappelé que la pandémie du VIH/sida est en train d’anéantir les efforts en Afrique et que rien ne saurait réussir si on ne lutte pas d’abord contre cette pandémie.  Elle a ensuite indiqué que le Gouvernement de son pays, par le biais des premier et deuxième programmes de développement, avait fait de la réduction de la pauvreté l’une des priorités nationales du développement économique.  Ceci comprend des programmes d’actions affirmées favorisant les opportunités pour les groupes identifiés comme les plus vulnérables de la société.  Dans son deuxième plan de développement, la Namibie a intégré une section de développement sexospécifique à son programme d’investissements publics.  Ce programme vise à renforcer l’autonomie des femmes par le biais de petites et moyennes entreprises, d’activités générant des revenus et en encourageant les femmes à se lancer dans le monde des affaires.

 Mme DATIN FAIZAH MOHD TAHIR (Malaisie) a relevé que, dans bien des pays, le progrès des femmes n’a pas été assuré.  De nombreux buts et engagements du Programme d’action adopté à Beijing restent lettres mortes en raison de la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, ces dernières restant en marge du processus de développement.  Le mécanisme national de promotion de la femme a été confié au Ministère chargé des questions de la famille de la Malaisie et un plan d’action national pour la promotion de la femme a été élaboré, a précisé la représentante.  L’économie nationale doit relever de nombreux défis à la suite de la libéralisation des termes de l’échange et de l’avènement des technologies de l’information.  Les changements rapides qui vont de pair avec les nouvelles technologies ont représenté un défi pour les femmes.  Nous veillerons à ce qu’elles ne soient pas marginalisées.  Nous reconnaissons de plus en plus qu’une autonomisation des femmes exige qu’elles possèdent de nouvelles compétences.  Evoquant la crise financière en Asie du Sud et ses graves conséquences sur le pays, la représentante a expliqué que la Malaisie avait mis en place des programmes de lutte contre la pauvreté par le biais de microcrédits et des programmes de formation pour les mères chefs de famille et les mères célibataires.  Par ailleurs, la Constitution nationale a été amendée en août 2001 pour que toutes les dispositions discriminatoires soient abrogées.
 
Mme KHALIL (Egypte) a indiqué que, pour son pays, la pauvreté est l’un des principaux obstacles entravant le développement des femmes et des sociétés en général.  Toutes les conférences internationales ont souligné que les expériences des hommes et des femmes sont différentes face à la pauvreté.  Mais il faut en comprendre les raisons et les aborder de manière appropriée.  La pauvreté constitue un défi pour les sociétés les moins développées, surtout pour les groupes les plus vulnérables de la société, notamment les femmes.  Il faut donc appuyer le développement socioéconomique, tout en insistant sur les politiques accordant une priorité aux femmes.  A la lumière de l’impact de plus en plus négatif de la mondialisation, l’Egypte envisage avec optimisme la Conférence sur le financement du développement prévue cette année, pour faire face aux défis qui en découlent et espère que cette Conférence accordera une place importante aux femmes.  Concernant la gestion des catastrophes naturelles, elle a noté la nécessité de protéger les femmes face aux risques de l’environnement et indiqué que son pays avait institué des mécanismes aux différents niveaux, local et national, permettant de mesurer l’impact des politiques destinées aux femmes dans ce domaine, notamment en termes de santé.  Elle a enfin souligné que l’Egypte suivait avec attention la dégradation de la condition de la femme dans les territoires palestiniens et que celle-ci ne pourrait s’améliorer qu’avec le retrait de forces d’occupation israéliennes.
 
Mme ZOHRA BEN ROMDHANE (Tunisie) a déclaré que la promotion de la femme s’est affirmée comme l’une des dimensions essentielles de l’action du Gouvernement.  La Tunisie a élaboré, dans le cadre du Xème plan national de développement pour la période 2002-2006 la Stratégie “femme”.  L’institutionnalisation de l’intégration des sexospécificités à tous les secteurs, en particulier les secteurs productifs de l’économie, ainsi que l’autonomisation économique des femmes par le biais du microcrédit et le renforcement des capacités productives des femmes en sont les priorités.  Le Gouvernement tunisien a également lancé le Plan d’action national pour la promotion de la femme rurale et il a créé le prix du Président de la République pour la meilleure oeuvre ou initiative en faveur de la femme rurale.  La représentante a également évoqué le Fonds de solidarité nationale créé en 1992 pour lutter contre la pauvreté dans le pays.  L’un des défis majeurs du nouveau millénaire et de la mondialisation est la lutte contre la pauvreté, un fléau qui touche davantage les femmes.  Sans la mobilisation de la solidarité nationale et internationale, il sera difficile de rompre le cercle vicieux de la pauvreté.  L’expérience de la Tunisie le montre bien, qui a réussi à faire passer l’incidence de la pauvreté de 7,7 % en 1985 à 4,2 % en 2000.  D’où la pertinence de l’initiative lancée par le Président Ben Ali en faveur de la création d’un fonds mondial de solidarité.
 
M. HUSSAIN (Pakistan) a indiqué que son Gouvernement avait encouragé la participation des femmes aux divers ministères et dans les institutions locales et a détaillé les mesures prises dans son pays en faveur des femmes.  Il a insisté sur le renforcement de l’égalité entre les sexes dans la vie politique, au Parlement et dans les assemblées locales.  La base de cette action affirmative se trouve inscrite dans la constitution, a-t-il souligné.  Par ailleurs, des programmes de sensibilisation aux aspects sexospécifiques ont été développés auprès des fonctionnaires pour les ouvrir aux problèmes des femmes et faire en sorte qu’ils les intègrent à leurs projets.  La microfinance, les petites et moyennes entreprises, constituent également certains des aspects d’un programme de promotion des femmes dans la vie économique, notamment leur meilleure intégration dans les entreprises.  La politique nationale du Pakistan tient enfin pour prioritaire l’accès des femmes à l’éducation et à la santé.  La Commission nationale des femmes, organe indépendant, prépare également des lois sur la répression de la violence domestique et sur la protection de la famille.
 
Mme GORDON (Sous-Comité sur les femmes âgées du Comité ONG sur la condition de la femme) a expliqué que la constitution de ce sous-groupe partait du constat amer que les femmes âgées étaient négligées.  Les femmes âgées sont souvent victimes de négligence et d’abus.  Elles sont souvent veuves et chefs de famille.  Dans les pays touchés les plus durement par le VIH/sida, des familles entières sont placées sous la responsabilité des grands-parents à la mort des parents.  La gestion et la prévention des catastrophes naturelles doivent prévoir des services d’aide mentale aux personnes touchées.  Le stress, s’il n’est pas géré, aggrave la situation des victimes.  Les femmes âgées victimes de catastrophes naturelles sont plus vulnérables aux inégalités sociales.  Très souvent, elles ne recueillent aucune attention particulière alors que, la plupart du temps, elles soutiennent les plus jeunes.  Il faut déterminer le rôle invisible que les femmes âgées jouent lors de catastrophes naturelles.
 
Mme SILVIA ESPINDOLA (Equateur) a souligné que les pays doivent respecter les droits de la femme en termes d’éducation et de santé et garantir sa participation à tous les secteurs de la vie.  Il faut en outre former les femmes de manière à ce qu’elles soient à même de lutter contre la maladie et les catastrophes naturelles.  Les femmes restent l’objet de discrimination et de nombreux défis subsistent, a-t-elle constaté.  La violence contre les femmes constitue une des principales entraves à leur développement.  Assurant que son pays avait respecté ses engagements internationaux, elle a expliqué que les femmes pouvaient désormais participer à la vie politique du pays, qu’elles étaient traitées en égal dans le mariage et les responsabilités parentales; des lois assurent depuis ces dernières années la protection des femmes contre la violence et, à cette fin, le Conseil national des femmes récemment créé vise à coordonner les politiques sur le sujet.  Notant que la pauvreté touchait plus particulièrement les femmes, Mme Espindola a demandé que les femmes migrantes soient l’objet d’une attention spéciale car elles sont particulièrement vulnérables.

M. AMR AIYA NAIDU (Fidji) a rappelé que son pays avait été le premier Etat insulaire du Pacifique à avoir présenté son rapport périodique au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.  Il a par ailleurs estimé que la question de la gestion des mers et des océans devrait faire partie du programme de travail de la Conférence sur le développement durable qui se tiendra en Afrique du Sud, en août prochain.  Il s’agit d’un domaine d’activités où les femmes jouent un rôle essentiel.  Les femmes ne sont pas uniquement utilisatrices des ressources côtières, des ressources agricoles et naturelles, mais en sont également les gestionnaires et les propriétaires, en particulier les femmes autochtones.  De la même manière, les stratégies d’élimination de la pauvreté doivent viser l’autonomisation de ces groupes de femmes.  Les femmes sont confrontées à la pauvreté en raison de privations multiples d’où la nécessité de combler le fossé socioéconomique, politique et structurel.  Des programmes adéquats doivent favoriser l’autonomisation économique des femmes, leur accès aux capitaux et aux opportunités d’emploi viables.  Rappelant que l’économie de Fidji repose sur ses ressources naturelles, le représentant a signalé que le développement durable du pays dépendra d’une gestion saine de son environnement et de l’exploitation responsable de ses ressources naturelles.
 
Mme ROSEMARY CALDER (Australie) a expliqué que la stratégie nationale de mise en oeuvre de Beijing + 5 est triple: elle inclut par exemple une table ronde pour tous les fonctionnaires de façon à encourager à la réduction des inégalités.  L’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles étant une priorité, le Gouvernement a lancé une initiative sur une période de cinq ans et une autre pour quatre ans, concernant la violence sexuelle.  Les autorités compétentes ont également pris des initiatives concernant les femmes autochtones, le leadership des femmes et facilitant un meilleur échange entre les femmes et les décideurs.  Une campagne va être lancée auprès des hommes et des garçons et un ruban blanc leur sera distribué pour développer la sensibilisation aux problèmes des femmes.  Néanmoins, a-t-elle poursuivi, l’Australie considère que des stratégies développées dans le document «Beijing + 5» pourraient être plus agressives et que les méthodes de travail de la Commission de la promotion de la femme pourraient être revues.
 
Mme SARAH PATERSON (Nouvelle-Zélande) a évoqué la situation des femmes afghanes et a suggéré l’intégration des sexospécificités dans le programme d’assistance et de reconstruction des Nations Unies pour l’Afghanistan.  La représentante a indiqué que son pays avait accordé une attention particulière aux besoins spécifiques des femmes et des enfants afghans en accordant des fonds à des projets visant la baisse de la mortalité maternelle et infantile; la promotion de l’éducation des filles; la mise en oeuvre d’activités génératrices de revenus pour les femmes et la promotion de la sécurité alimentaire des femmes chefs de foyer dans les zones rurales.  La participation des femmes aux efforts de reconstruction et de maintien de la paix est par ailleurs essentielle.  La représentante a indiqué en outre que son pays avait fait de l’élimination de la pauvreté le point central de son programme d’aide au développement durable.  S’agissant de la question de l’intégration des sexospécificités au sein du Secrétariat des Nations Unies, elle s’est félicitée de rôle plus important que le Conseil économique et social sera appelé à jouer en coordonnant et contrôlant ce processus pour l’ensemble du système des Nations Unies.

      Mme MOMINAT OMAROVA (Azerbaïdjan) a énuméré les politiques de son pays dans les domaines évoqués par la Commission de la condition de la femme: elle a ainsi cité un arsenal législatif visant à garantir l’égalité entre les sexes ou à lutter contre la violence à l’encontre des femmes.  Un Conseil interministériel représentant toute la structure de l’Etat fait rapport sur la mise en oeuvre de la politique de parité dans le pays.  Ainsi, une femme a été élue comme Vice-Présidente du Parlement, a indiqué la représentante, soulignant que cette élection a permis l’adoption de politiques qui ont contribué à faire changer les mentalités et stéréotypes et à sensibiliser le public.  Elle a noté que les guerres avaient aujourd’hui un plus grand impact négatif sur les femmes et les enfants.  Faisant référence aux guerres larvées, Mme Omarova a souligné que des situations de «ni guerre, ni paix» dans le Caucase sont une entrave considérable au développement de la région et créent une situation difficile pour les femmes; aussi, a-t-elle confié que sa délégation attend beaucoup du projet de l’UNIFEM intitulé «Les Femmes pour la prévention des conflits».
 
Mme MOHAMED (Iraq) a déclaré que l’amélioration du statut de la femme repose sur un cadre plus large du respect des droits de l’homme.  La femme iraquienne a atteint un niveau d’autonomie élevé, comparable à celui de la femme des pays développés grâce à un système législatif qui protège les droits des femmes aux soins de santé et à l’éducation.  Les réalisations accomplies par le Gouvernement ont toutefois été avortées par le blocus économique injuste imposé à l’Iraq depuis plus d’une décennie et qui a donné lieu à l’effondrement de l’économie iraquienne, privant ainsi les femmes et les enfants des moyens de subsistance et du droit à la vie.  L’utilisation de l’uranium appauvri par les forces de la coalition a détérioré de manière considérable l’environnement, accru le taux de mortalité maternelle, le nombre de fausses couches, de déformations du foetus et de cancers du sein et des ovaires.  Nous demandons en outre à cette Commission de faire pression pour que les forces d’occupation mettent un terme à leurs activités barbares dans les territoires palestiniens et pour que soit levé le blocus imposé à l’Iraq.
 
Mme IRMA LOEMBAN TOBING-KLEIN (Suriname) s’est inquiétée de la violence à l’encontre des femmes, des enfants et des bébés, notant que son pays avait adopté en décembre dernier un instrument international relatif à la prévention, la répression et l’interdiction de la violence à l’encontre des femmes.  A cette occasion, le chef de l’Etat du Suriname a promis les pires sanctions contre les auteurs de violences à l’encontre des femmes.  L’absence d’accès aux besoins de base pour vivre dans la dignité est une autre forme de violence et un être humain vivant dans la pauvreté voit ses droits bafoués.  Toute femme a le droit fondamental de bénéficier de conditions de vie décentes, d’être à l’abri de la faim, et d’accéder aux services de santé et d’éducation.  La représentante a remarqué que pratiquement tous les intervenants avaient développé une approche fondée sur les droits de l’homme.  Le monde a ainsi reconnu que les droits humains des femmes et des fillettes étaient «inaliénables, partie intégrante et indivisible des droits humains universels», a-t-elle ajouté en citant le paragraphe 18 de la Déclaration et le Programme d’action de Vienne, adoptés en 1993.

M. MOUNGARA-MOUSSOTSI (Gabon) a dressé le bilan des activités menées par son pays au nom du Ministre de la famille, de la protection de l’enfance et de la promotion de la femme.  Il a expliqué que le suivi de la Conférence de Beijing s’est traduit par la mise en oeuvre du programme intégré intitulé “autonomisation et promotion sociale et économique de la femme gabonaise”.  A la suite de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale, un projet d’octroi de microcrédits aux femmes a été élaboré.  Dans la plupart des pays africains, les populations rurales vivent en effet dans le plus grand dénuement matériel.  Dans le cadre du renforcement des mécanismes institutionnels, la liaison des services centraux du Ministère à ceux des provinces, par Intranet et Internet se poursuit progressivement.  Le Ministère poursuit la réalisation de six documentaires vidéo faisant ressortir les diverses formes de violence à l’encontre des femmes, l’objectif étant de stigmatiser certains comportements afin de susciter une prise de conscience collective ou individuelle.  Le Gouvernement s’est par ailleurs engagé depuis 2001 à venir en aide aux filles-mères économiquement faibles.
 
Droits de réponse
 Le représentant d’Israël s’est dit navré de voir que le représentant de la Palestine ait retenu la deuxième journée de ce débat pour détourner l’ordre du jour.  La situation de la femme palestinienne n’est pas à l’examen de cette session. Le représentant a dénoncé les actes de terrorisme palestiniens commis à l’encontre des femmes et des enfants israéliens alors que les activités militaires menées par Israël visent uniquement les terroristes.  Il a dénoncé les attentats menés contre la population civile jusque dans les maisons, les restaurants, les bus scolaires et les parcs publics.
 Pour sa part, la représentante de la Palestine a réfuté les accusations prononcées par la délégation d’Israël. La situation de la femme palestinienne relève du mandat des Nations Unies et notamment de la Commission de la condition de la femme.  Les Nations Unies ont la responsabilité de suivre la question de la Palestine tant qu’un règlement juste et durable ne sera pas obtenu.  Il est honteux pour le représentant d’un pays criminel de parler de terrorisme.  Les massacres de Sabra et Chatila en 1982 restent gravés dans nos mémoires.  C’est pourquoi, nous condamnons tout acte de terrorisme, qu’il soit dirigé contre des Israéliens ou des Palestiniens, mais nous réfutons toute tentative visant à assimiler le terrorisme à la résistance contre la puissance occupante.
 Le représentant d’Israël a regretté que la représentante de la Palestine ait prêché la violence et la haine.  Sa délégation, a-t-il souligné, rejette tous les arguments qui viennent d’être présentés, en préconisant que la représentante de la Palestine adopte une approche plus constructive.
 
 
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