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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME EXAMINE UN PROTOCOLE AU PACTE RELATIF AUX DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS

27 Juin 2006

Conseil des droits de l'homme
MATIN

27 juin 2006


Il se penche sur les travaux relatifs à un projet de convention sur les
disparitions forcées et termine l'examen du rapport du
Groupe de travail sur le droit au développement


Le Conseil des droits de l'homme a examiné ce matin le rapport du Groupe de travail sur l'élaboration d'un protocole facultatif se rapportant au Pacte international des droits économiques, qui prévoit notamment une procédure d'enquête pour la surveillance de la mise en œuvre du Pacte. Le Conseil a en outre entamé l'examen du rapport du Groupe de travail chargé d'élaborer un projet de convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. En début de séance, il a conclu son débat sur le rapport du Groupe de travail sur le droit au développement.

S'agissant du rapport sur le droit au développement, le Conseil a entendu un délégué des Philippines, ainsi que les représentants du Centre Europe tiers-monde; Franciscain international; Indian Movement Tupaj Amaru. Les orateurs ont rappelé que le droit au développement est un droit inaliénable et indivisible, mais encore trop souvent mis à mal. Le Président-Rapporteur du Groupe de travail sur le droit au développement, M. Ibrahim Salama, s'est félicité de voir que le droit au développement semble devenir opérationnel après une longue période de doute quant à sa mise en œuvre.

Le rapport du Groupe de travail à composition non limitée chargé d'examiner les options qui s'offrent en ce qui concerne l'élaboration d'un protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels a été présenté par Mme Catarina de Albuquerque, Présidente du Groupe de travail, qui a souligné qu'il revient maintenant au Conseil des droits de l'homme de se prononcer sur la portée du mandat du Groupe et sur un éventuel nouveau mandat.

La plupart des intervenants ont estimé qu'il était temps de commencer à rédiger un projet de texte qui prévoit la mise en place d'un mécanisme de plaintes pour violation des droits figurant dans le Pacte. En revanche, plusieurs États, tels le Royaume-Uni, le Japon, l'Inde ou les Philippines, continuent de s'interroger sur un tel mécanisme et sur la forme et la portée que pourrait avoir ce protocole facultatif. Mais dans un esprit de consensus, ces délégations sont prêtes à accepter que le mandat du Groupe de travail soit prolongé afin d'entamer la rédaction de ce protocole facultatif, mais en reflétant les diverses approches exprimées au sein du Groupe de travail.

En revanche, certains États ne soutiennent pas l'idée d'un protocole facultatif. C'est notamment le cas de l'Australie et des États-Unis, qui soulignent qu'il n'existe pas de consensus au sein du Groupe de travail quant à savoir à qui revient la responsabilité de l'élaboration du texte, et estime que l'élaboration du protocole est une mauvaise idée car, selon eux, les droits économiques, sociaux et culturels ne sont pas justiciables comme d'autres droits.

Les membres suivants du Conseil se sont exprimés sur la question: Uruguay, Autriche (au nom de l'Union européenne), Royaume-Uni, Argentine, Algérie (au nom du groupe des États africains), Brésil (en son nom propre et au nom des États du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes), Mexique, Russie, Guatemala, République de Corée, Japon, Inde, Sénégal, Philippines, Pérou, Suisse, Maroc, Azerbaïdjan, Pays-Bas et Indonésie. Des déclarations ont également été faites par les délégations des États-Unis, le Portugal, l'Espagne, le Chili, la Belgique, l'Iran et l'Australie, ainsi que par les représentants des organisations non gouvernementales suivantes: Centre on Housing Rights and Evictions; Centre Europe tiers-monde; Union de l'action féminine; et l' Assemblée permanente pour les droits de l'homme.

Le Conseil a ensuite entamé l'examen du rapport du Groupe de travail intersessions, à composition non limitée, chargé d'élaborer un projet d'instrument juridique normatif juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Le Président du Groupe de travail, M. Bernard Kessedjian, a précisé que le projet de convention compte quarante-cinq articles visant à interdire la pratique des disparitions forcées, sans aucune exception, pratique qualifiée de crime contre l'humanité quand elle est systématique. La plus grande innovation réside dans les mesures prévues pour prévenir le crime, qui tiennent à une action administrative renforcée. Le droit des victimes et de leurs familles, leurs enfants notamment, a fait l'objet d'une attention particulière. Une discussion a permis d'établir le concept de «droit de savoir la vérité», droit vital pour prévenir et réparer le crime de l'oubli, auquel doivent s'opposer la vérité et la mémoire vivante. Le projet propose aussi d'instituer un Comité des disparitions forcées, composé de dix membres, doté notamment de pouvoirs de visite dans les États.

Plusieurs États ont approuvé le fait que le projet de convention consacre le principe des réparations pour les victimes et qu'il prévoit la création d'un comité doté de pouvoirs relativement étendus. Ils ont appelé à l'adoption du projet de Convention sur les disparitions forcées pendant la présente session du Comité. Sont intervenus les représentants de l'Autriche (au nom de l'Union européenne), Cuba, Uruguay et Mexique.


Le Conseil poursuit, sans interruption de séance ce midi, l'examen de ce rapport.

Fin du débat sur le rapport du Groupe de travail sur le droit au développement

M. JESUS ENRIQUE G. GARCIA (Philippines) a déclaré que le droit au développement est fondamental et indivisible et estimé que ce droit est un trait d'union entre les droits économiques, sociaux et culturels et les droits civils et politiques. Tous les partenaires doivent viser la pleine résolution de ce droit pour contribuer à une croissance économique durable. Les acteurs non étatiques doivent participer à ce processus, comme il est demandé par le huitième objectif de développement pour le Millénaire. Les pays en voie de développement sont responsables de leur propre développement, mais le cadre international doit être propice. Les pays du Nord doivent donc mettre en œuvre des politiques de développement respectueuses du droit au développement. Le mandat du Groupe de travail devrait être prolongé d'une année, a estimé le représentant.

M. MELIK UZDEN (Centre Europe Tiers-monde) a regretté que le droit au développement soit mis en cause alors qu'il est indispensable à la réalisation de tous les droits humains. La réalité montre que la croissance ne profite qu'à une petite minorité. Force est de constater que le Groupe de travail s'adonne à des dissertations et que l'équipe spéciale de haut-niveau qui devait assister le Groupe de travail dans la mise en œuvre de ce droit ne change rien à la donne. Pour l'intervenant, il importe de renforcer l'effectivité de la coopération internationale au service du développement et de libérer les peuples du tiers-monde du fardeau de la dette. Il est également important que les accords commerciaux n'entravent pas les droits des peuples au développement.

M. YAO AGBETSE (Franciscain international) a estimé qu'une nouvelle vision du droit au développement doit être centrée sur le dialogue, la coopération et la responsabilité. Le Conseil des droits de l'homme doit tout faire pour que le droit au développement soit suffisamment spécifique pour pouvoir être appliqué et respecté. Les États sont responsables de la création des conditions nationales et internationales permettant la réalisation du droit au développement. Franciscain international estime également que le prochain segment de haut niveau sur les migrations et le développement devra intégrer une approche orientée sur le droits de l'homme, ceci afin d'assurer le respect des droits humains des migrants.

M. LÁZARO PARY (Mouvement indien Tupaj Amaru) a rappelé que si le droit au développement est inaliénable, la situation économique mondiale est incompatible avec cette idéologie. Les pays pauvres subissent un modèle ultralibéral qui appauvrit toujours plus les pauvres. La recherche du profit ne permettra jamais de placer les peuples sur un pied d'égalité.

M. A. S. ANAND (Commission nationale des droits de l'homme de l'Inde) a déclaré que la pauvreté est la principale cause de violation des droits de l'homme et que son éradication est essentielle au développement. Les statistiques contenues dans les rapports sur le développement humain mettent en relief les inégalités flagrantes dont sont victimes les pays en développement. Le Conseil des droits de l'homme doit se saisir de la question des inégalités et considérer le développement humain en termes de croissance économique et le droit au développement comme un droit essentiel de l'homme.

M. IBRAHIM SALAMA, Président du Groupe de travail sur le droit au développement, répondant aux commentaires et questions posées par les interveants, a dit qu'il existait une convergence sur la méthodologie du groupe afin d'assurer la réalisation du droit au développement. Les conclusions auxquelles le Groupe est parvenu permettront une évaluation périodique. M. Salama a aussi fait valoir le caractère unique de cette instance au sein de laquelle les acteurs concernés se réunissent de manière régulière et même organique. Ceci permet d'injecter la cohérence nécessaire dans cette époque de mondialisation où les décisions transversales engendrent des doublons. M. Salama a relevé la pertinence de la notion de droit au développement, sa valeur ajoutée, et s'est félicité de ce qu'il puisse devenir opérationnel après une longue période de doute quant à sa réalisation effective. Cette concrétisation du concept a nécessité de longues consultations. M. Salama a également relevé la qualité du débat entre les membres du Groupe et a remercié le Secrétariat de son appui, ainsi que les partenaires internationaux du Groupe (Banque mondiale, Fonds monétaire international, organisations non gouvernementales) pour leurs contributions.

Examen du rapport du Groupe de travail sur le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels

MME CATARINA DE ALBUQUERQUE, Présidente du Groupe de travail sur l'élaboration d'un protocole facultatif se rapportant au Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels, a déclaré que le Groupe de travail a discuté de nombreuses questions: procédure de communication, critères de recevabilité, possibilité de règlements pacifiques des différends, possibilité de procédure d'enquête, coopération et assistance internationale, lien entre un futur protocole facultatif et les procédures existantes, etc. Le Groupe de travail a envisagé diverses options pour l'élaboration du protocole facultatif. Plusieurs membres du groupe ont estimé qu'il fallait maintenant passer à un travail de rédaction. Ainsi, deux groupes régionaux ont proposé que le président prépare une première version du protocole facultatif qui servirait de base en vue de futures négociations. Mme de Albuquerque a souligné qu'il revenait maintenant au Conseil des droits de l'homme de se prononcer sur la portée du mandat du groupe et sur un éventuel nouveau mandat. Elle a dit espérer qu'un accord soit atteint sur l'adoption d'un protocole additionnel définissant des modalités de plaintes.

Le rapport sur la troisième session du Groupe de travail à composition non limitée «chargé d'examiner les options qui s'offrent en ce qui concerne l'élaboration d'un protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels» (E/CN.4/2006/47) précise que la question des droits auxquels s'appliquerait la procédure de plaintes et celle des réserves à un protocole facultatif a été examinée. Le Groupe de travail a en outre examiné les critères de recevabilité des plaintes existant dans d'autres instances et de nouveaux critères à appliquer. Le rapport couvre notamment les procédures se rapportant au fond, au règlement amiable des différends, aux mesures provisoires et aux constatations. Le Groupe de travail a également examiné la question d'une procédure d'enquête permettant au Comité des droits économiques, sociaux et culturels d'ouvrir une enquête, avec l'accord de l'État concerné, dès réception d'informations fiables faisant état d'une violation grave et systématique d'une disposition du Pacte. Au cours de la troisième session, la Présidente a ouvert le débat sur une procédure interétatique, qui permettrait à un État partie de présenter des communications au Comité en cas de violation présumée des dispositions du traité en question par un autre État. Aucune déclaration n'a été faite sur ce point. Le Groupe de travail a enfin étudié les incidences qu'aurait un protocole facultatif sur les décisions des États en matière d'affectation de ressources


Observations et questions sur le rapport du Groupe de travail sur un protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

M. RICARDO GONZÁLEZ ARENAS (Uruguay) s'est dit convaincu que, quels que soient les efforts accomplis en matière de droit au développement, il convient d'abord de garantir l'équité et la justice sociales et éradiquer la pauvreté, qui est la violation des droits de l'homme la plus grave. Elle suppose en effet des violations multiples et simultanées de multiples droits sociaux et économiques. Elle se reproduit en général de génération en génération. L'Uruguay est favorable à l'adoption du protocole facultatif au Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels; il est aussi favorable au renouvellement du mandat du Groupe de travail.

M. WOLFGANG PETRITSCH (Autriche, au nom de l'Union européenne) s'est félicité des travaux accomplis par le Groupe de travail à composition non limitée chargé d'examiner les options qui s'offrent en ce qui concerne l'élaboration d'un protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. La troisième session a été l'occasion de réfléchir aux possibilités en la matière et de renforcer la compréhension des dimensions diverses des droits économiques, sociaux et culturels. Pour l'Union européenne, il importe que le Conseil des droits de l'homme fasse avancer ce processus en tenant compte de toutes les opinions qui se sont exprimées.

M. NICK THORNE (Royaume-Uni) a rappelé que le Royaume-Uni continue de s'interroger sur un tel mécanisme de plaintes et sur la forme et la portée que pourrait avoir ce protocole facultatif. Mais dans un esprit de consensus, le Royaume-Uni est prêt à accepter que le mandat du Groupe de travail soit prolongé afin d'entamer la rédaction de ce texte. En revanche, le représentant a précisé qu'il ne faudrait pas commencer à rédiger sur une base qui ne reflète pas les diverses approches. Il faut que le Président du Groupe de travail soit clairement invité par le mandat à mettre au point un texte qui reflète les diverses approches exprimées au sein du Groupe de travail. La rédaction se ferait alors sur la base d'un consensus le plus large possible, a fait valoir le représentant.

M. SERGIO CERDA (Argentine) a déclaré que la meilleure manière de mettre toutes les catégories des droits de l'homme est de mettre sur pied un mécanisme de plainte individuelle, qui n'existe pas encore pour les droits économiques, sociaux et culturels. Le long processus d'adoption du Protocole facultatif est positif, car il permet de prendre en compte tous les points de vue et sensibilités sur ce sujet. L'Argentine demande que soit reconduit le mandat du Groupe de travail.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a déclaré que le mandat du Groupe de travail devrait être prorogé pour une période de deux ans afin qu'il soit à même de produire un projet de texte. Le représentant a rappelé que les droits de l'homme sont inaliénables et indivisibles et que les droits économiques, sociaux et culturels font partie de la famille des droits de l'homme. La mise en œuvre de ces droits n'est pas moins importante que celle des droits civils et politiques et la communauté internationale est investie d'une responsabilité majeure à l'égard de la jouissance de ces droits. Pour l'Algérie, la coopération internationale doit être renforcée dans ce domaine.

M. CLODOALDO HUGUENEY (Brésil, au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes) a rappelé qu'un déséquilibre historique persistait entre les droits civils et politiques, d'une part, et les droits économiques, sociaux et culturels, d'autre part, alors que les droits de l'homme sont indivisibles. Tous les droits devraient être protégés de la même manière. Les négociations pour adopter un protocole facultatif au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels sont donc essentielles. Ainsi, la seule voie à suivre pour le Groupe de travail consiste à entamer des négociations pour aboutir à un projet de protocole facultatif car ce n'est qu'avec un projet que nous pourront aboutir, a conclu le repésentant.

Intervenant au nom de son pays, le Brésil, M. Hugueney a déclaré que les droits économiques, sociaux et culturels sont moins bien protégés que les droits civils et politiques, ce qui est contraire aux principes de Vienne. L'adoption du Protocole facultatif permettra la véritable mise en œuvre des dispositions du Pacte. Le Brésil est favorable à l'approche globale évitant de créer une hiérarchie entre les différents droits économiques, sociaux et culturels. Le Protocole serait un instrument de renforcement du dialogue entre les États et tous les acteurs de la communauté internationale. Son champ d'application restrictif évitera les doubles-emplois.

M. JOSÉ A. GUEVARA (Mexique) a déclaré que le moment est venu d'entamer la négociation du protocole facultatif au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. Il est donc important que le Conseil renouvelle le mandat du Groupe de travail afin qu'il puisse amorcer des négociations sur un tel instrument. L'adoption de cet instrument serait un grand pas en avant dans la réalisation des droits de l'homme.

MME GALINA S. KHVAN (Fédération de Russie) s'est déclarée satisfaite que le Conseil des droits de l'homme accorde plus d'attention aux droits économiques, sociaux et culturels. Il faut que le mandat du Groupe de travail soit prolongé pour une durée de deux ans et que le Président puisse préparer un texte pour la prochaine session du Conseil. Le représentant a dit espérer que le protocole facultatif permettra de rétablir l'égalité entre les deux catégories de droits.

MME CARLA MARÍA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a déclaré qu'il était indispensable de créer un mécanisme de plaintes individuelles en matière de droits économiques, sociaux et culturels comparable à celui qui existe pour les droits civils et politiques. En effet, les droits de l'homme sont indivisibles et interdépendants. Il importe d'établir un traitement juridiquement équitable de cette catégorie de droits. Le Guatemala est favorable à l'élaboration d'une proposition de texte afin qu'elle soit étudiée et négociée.

M. CHANG DONG-HEE (République de Corée) a déclaré que son pays était attaché à la promotion des droits économiques, sociaux et culturels et estimé que le Groupe de travail avait permis de mettre en lumière l'importance de ces droits. Le Gouvernement de la République de Corée est favorable à la prolongation de son mandat. Le pays n'est toutefois pas complètement convaincu de la viabilité du protocole. Les discussions doivent encore se poursuivre autour d'un certain nombre de problèmes évoqués par, entre autres, la République de Corée.

M. TETSUYA KIMURA (Japon) a déclaré que les droits économiques, sociaux et culturels méritent la même attention que les droits civils et politiques. Le Groupe de travail est donc utile pour étudier les différents moyens qui permettront de mettre en œuvre ces droits. En revanche, le représentant du Japon a émis un doute quant à l'utilité d'adopter un protocole facultatif. Ce n'est peut-être pas la meilleure option. Il faut respecter les positions de tous les pays. Le Japon a ajouté qu'il n'avait aucune objection à la prorogation du mandat du Groupe de travail, mais a demandé la rédaction d'un texte qui reprenne les différentes positions des États.

M. AJAJ MALHOTRA (Inde) a dit attacher une grande importance à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, qui est expressément prévue par la Constitution de son pays. La croissance économique du pays permet au Gouvernement d'affecter les ressources nécessaires à la réalisation de ces droits, notamment ne matière d'alimentation et de logement. L'Inde estime que des questions ne sont pas encore réglées et elle est disposée à participer à un exercice de rédaction, mais souligne qu'il faut faire preuve de souplesse à cet égard. Il ne faut pas partir d'un seul texte mais d'un document qui reflèterait les différentes vues qui se sont exprimées. Aussi, l'Inde est-elle favorable au renouvellement du mandat du Groupe de travail.

M. ABDEL WAHAB AIDARA (Sénégal) a déclaré que les droits économiques, sociaux et culturels n'ont pas toujours bénéficié des mêmes attentions que les droits civils et politiques. L'intérêt de disposer d'un Protocole facultatif est donc manifeste, car il permettra de combler une lacune historique. Le Conseil doit faire mieux que la Commission des droits de l'homme dans le domaine de la protection des droits économiques, sociaux et culturels. La coopération technique avec les États doit également être renforcée. C'est dans cet esprit que le Sénégal considère l'élaboration du protocole comme une passerelle entre les droits économiques, sociaux et culturels et les droits civils et politiques.

M. JESUS ENRIQUE G. GARCIA (Philippines) s'est dit favorable à la reconduction du mandat du Groupe de travail. Le représentant a estimé que l'élaboration d'un texte de travail détaillé qui reflèterait les observations et les différentes approches exprimées par les délégations serait plus utile pour faire avancer les travaux, plutôt que l'examen d'un projet de protocole facultatif.

MME ELIANA BERAÚN ESCUDERO (Pérou) a dit que toute initiative qui serait de nature à renforcer le système universel de protection des droits de l'homme est la bienvenue et a estimé qu'un protocole facultatif au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels y contribuerait. C'est pourquoi le Pérou est favorable au renouvellement du mandat du Groupe de travail et souhaite participer activement à l'élaboration d'un tel protocole.

MME GLAUDINE J. MTSHALI (Afrique du Sud) a déclaré que l'élaboration du Protocole placera les droits économiques, sociaux et culturels sur le même pied que les droits civils et politiques, et facilitera par là-même leur application. L'Afrique du Sud appelle le Conseil à renouveler le mandat du Groupe de travail pour deux ans.

M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) a déclaré qu'un grand nombre d'États entendent commencer un processus formel d'élaboration d'un protocole facultatif. La question du caractère justiciable des droits économiques, sociaux et culturels est une question novatrice, délicate et difficile. «Nous sommes néanmoins disposés à approcher cette question de manière constructive», a déclaré le représentant suisse. En revanche, à ce stade, la Suisse n'est pas encore en mesure de donner à la Présidente du Groupe de travail le mandat de préparer un premier projet de protocole facultatif qui servirait de base à la négociation. M. Vigny a exprimé l'espoir qu'un consensus pourra encore être trouvé. Ce consensus pourrait consister à charger la Présidente du Groupe de travail d'élaborer un texte reflétant les différentes vues.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a jugé excellent le document analytique présenté par la Présidente du Groupe de travail. Le Maroc appuie le renouvellement du mandat du Groupe de travail et son ajustement afin que sa Présidente soit autorisée à élaborer un projet de texte qui servirait de base à la négociation sur un futur protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Ce texte devrait prendre en compte les différents points de vue qui se sont exprimés. Le Maroc souhaite que le projet de résolution présenté par le Portugal sur cette question soit adopté par consensus, car il permettra d'aller de l'avant dans le renforcement de la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels.

M. ELCHIN AMIRBAYOV (Azerbaïdjan) a salué la qualité des débats au sein du Groupe de travail et fait valoir que le processus de discussion autour du protocole mérite d'être poursuivi sans interruption. Le rapport permet de constater qu'il importe de faire des avancées dans les négociations. L'Azerbaïdjan estime que le mandat prolongé et amendé du Groupe lui permettrait de rédiger un projet de protocole.

MME HEDDA SAMSON (Pays-Bas) a déclaré que son pays était prêt à continuer à participer aux négociations sur le projet de protocole facultatif et a souhaité qu'un projet de texte qui serve de base soit produit. Mais ce texte doit refléter toutes les approches en présence et les différentes opinions exprimées pendant les sessions du Groupe de travail

M. JONNY SINAGA (Indonésie) a déclaré que si un projet de protocole devait être élaboré, l'Indonésie souhaite que le texte jette les bases permettant de s'attaquer aux causes profondes des échecs dans la mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels, y compris les questions de la pauvreté et de la dette. Le Groupe de travail devrait se pencher sur la capacité des différents systèmes nationaux à intégrer la justiciabilité des droits économiques, sociaux et culturels. L'Indonésie souhaite que le Groupe de travail ne perde pas de vue les différents niveaux de développement des pays et du principe de la coopération et de l'assistance internationales, prévus par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

MME VELIA DE PIRRO (États-Unis) a déclaré que son pays ne pouvait souscrire à l'effort d'adoption du protocole facultatif. Pour une raison de procédure d'abord: il n'existe en effet pas de consensus au sein des membres du Conseil quant à savoir à qui revient la responsabilité de la préparation du texte du protocole, et cette absence de consensus a laissé passer l'idée qu'il appartiendrait Président du Groupe de rédiger le texte, et non les États. Sur le fond, l'élaboration du protocole est une mauvaise idée car les droits économiques, sociaux et culturels ne sont pas justiciables comme d'autres droits. Il faudrait, pour les appliquer, prendre en compte une multitude de décisions d'ordre national, comme par exemple un ensemble de mesures d'ordre macroéconomique, qui relèvent de la stricte souveraineté des États.

M. JOSÉ GAETANO DA COSTA PEREIRA (Portugal) a déclaré qu'il fallait proroger le mandat du Groupe de travail et entamer la préparation d'un premier projet de protocole facultatif qui servira de base en vue de futures négociations, mais en prenant en compte toutes les opinions exprimées. Négocier sur un texte concret est utile pour poursuivre l'excellent travail entamé, a ajouté le représentant portugais.

MME CECILIA ROBLES CARTES (Espagne) a déclaré que son pays est attaché à la promotion des droits humains et qu'il est favorable à la correction du déséquilibre existant au détriment des droits économiques, sociaux et culturels. Il s'agit de ne pas créer de nouvelles obligations pour les États parties tout en assurant un plus grand degré de protection juridique de ces droits. Pour l'Espagne, il convient que le Groupe de travail puisse établir, sans plus tarder, une première ébauche de protocole.

M. EDUARDO CHIHUAILAF (Chili) a déclaré que son pays essaie depuis longtemps de combiner développement économique et investissement social. Le Chili défend le caractère indivisible et interdépendant de tous les droits de l'homme, c'est pourquoi les droits économiques, sociaux et culturels doivent être traités sur le même pied que les droits civils et politiques. La troisième réunion du Groupe de travail a permis de répondre à des questions conceptuelles importantes tout en prouvant que la protection des droits économiques, sociaux et culturels est actuellement insuffisante. Le Chili est donc favorable au prolongement du mandat du Groupe de travail.

M. BART OUVRY (Belgique) a déclaré qu'une procédure de communications complètera utilement l'architecture des conventions des droits de l'homme et permettra de promouvoir la mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels. En conséquence, la Belgique juge nécessaire une nouvelle phase de négociations sur la base d'un projet de texte qui devrait être élaboré en se fondant sur les opinions exprimées jusqu'à présent dans le Groupe de travail, ainsi que sur les consultations avec toutes les parties prenantes, les États comme la société civile.

M. MOSTAFA ALAEI (Iran) a déclaré que les droits économiques, sociaux et culturels sont indispensables si l'on souhaite préserver la dignité de tous les êtres humains dans le monde entier. Il est important que le nouveau Conseil des droits de l'homme accorde une attention privilégiée ces droits. De progrès importants ont été réalisés sur la voie de l'élaboration d'un protocole facultatif. L'Iran appuie le renouvellement du mandat du Groupe de travail afin qu'il soit à même d'établir un projet de texte. L'Iran rappelle que les États parties au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels sont liés par une obligation de coopération et d'assistance internationale.

MME CAROLINE MILLER (Australie) a déclaré que son pays, s'il appuyait pleinement la protection des droits économiques, sociaux et culturels, continue d'avoir des problèmes avec la proposition de rédaction du protocole facultatif. L'Australie estime les organes de traités ne suffisent pas à améliorer les situations dans les pays. Il existe encore, d'autre part, de nombreux avis divergents quant aux modalités du protocole, qui exigera d'autre part des ressources financières trop importantes. L'Australie ne souhaite donc pas devoir se prononcer sur le protocole.

MME SANDRA RATIEN (Centre on Housing Rights and Evictions, au nom également de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; FIAN - Pour le droit à se nourrir; Franciscain international; Commission internationale de juristes; et Comité d'action internationale pour les droits de la femme) a déclaré que sa coalition d'ONG est favorable à l'adoption d'un instrument efficace pour mieux protéger les droits économiques, sociaux et culturels. Il est nécessaire d'adopter un mécanisme de plaintes global. Afin que la Présidente puisse disposer de suffisamment de temps pour effectuer toutes les consultations nécessaires sur le texte, il faut prolonger le mandat du Groupe de travail d'une durée minimum de deux ans.

M. MELIK ÖZDEN (Centre Europe Tiers-Monde) a déclaré que le Groupe de travail devrait être doté d'un mandat clair en ce qui concerne l'élaboration d'un projet de Protocole et a demandé au Conseil de prendre une décision en ce sens. Pour le représentant, il convient de d'accorder une égale priorité aux droits civils et politiques d'une part et, d'autre part, aux droits économiques, sociaux et culturels, ce qui jusque là n'a pas été le cas.

MME ZAHRA OUARDI (Union de l'action féminine) a souligné l'importance des droits économiques, sociaux et culturels, et dressé un bilan de l'action du Gouvernement marocain en matière de démocratie, ses mesures de protection de la femme et de l'enfant, des travailleurs, entre autres mesures ayant permis de renforcer les droits individuels. Toutefois, le Maroc connaît encore des difficultés: il dépend fortement de l'agriculture, il connaît un fort taux de chômage, ses infrastructures sanitaires pourraient être améliorées. Les lois devraient mieux intégrer les principes de transparence et de bonne gouvernance, a dit la représentante.

M. HORACIO RAVENNA (Assemblée permanente pour les droits de l'homme) a déclaré que le temps était venu d'aller encore plus loin dans l'examen de la question des droits économiques, sociaux et culturels. Ce protocole ne pourra que favoriser le développement de jurisprudences sur le plan national. La situation est suffisamment mûre. Les États doivent se montrer favorables à la réalisation d'un nouveau pas et passer à la rédaction de l'instrument.

MME DE ALBUQUERQUE, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur l'élaboration du protocole facultatif, a souligné que de nombreuses réunions sur la question de l'élaboration d'un protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ont été ou seraient organisées en différentes régions du monde. S'agissant de la question des ressources, elle a estimé que le Groupe de travail pouvait s'appuyer sur la pratique du Comité des droits de l'homme ou d'organismes régionaux de protection de ces droits. Le processus à suivre pour l'élaboration d'un protocole facultatif est un processus continu et il se doit d'être une évolution et non une révolution. Tout ce qui a été dit et fait au cours des trois dernières sessions du Groupe de travail devrait constituer le fondement du texte qui pourrait éventuellement être élaboré à l'avenir. Le climat de confiance qui s'est créé au sein du Groupe de travail est un atout précieux qu'il convient de préserver. Le Groupe de travail devra s'efforcer d'aboutir à un texte final si telle est la décision que souhaite prendre le Conseil. Pour la Présidente, il convient que le Groupe de travail poursuive ses débats dans un esprit de consensus le plus large possible. Si le Conseil décidait de renouveler le mandat du Groupe de travail et de lui demander de préparer un projet de texte, des négociations avec les délégations à Genève seraient de nouveau organisées.

Présentation du rapport du Groupe de travail chargé d'élaborer un projet d'instrument pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées

M. BERNARD KESSEDJIAN, Président Groupe de travail intersessions, à composition non limitée, chargé d'élaborer un projet d'instrument normatif juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, présentant son rapport a précisé que le document était le résultat équilibré obtenu auprès des discussions ardues et objectives ayant caractérisé trois ans de travaux. Le Groupe de travail a notamment bénéficié de l'expertise de M. Louis Joinet, parmi de nombreux experts et associations concernées. Le projet de Convention compte quarante-cinq articles allant à l'essentiel. Le texte interdit désormais la pratique des disparitions forcées, sans aucune exception, pratique qu'il qualifie de crime contre l'humanité quand elle est systématique. La plus grande innovation réside sans doute dans les mesures prévues pour prévenir le crime, qui tiennent à une action administrative renforcée. Le droit des victimes et de leurs familles, leurs enfants notamment, a fait l'objet d'une attention particulière. Une longue discussion a permis d'établir, en droit, le concept de «droit de savoir la vérité». Ce droit est vital pour prévenir et réparer le crime de l'oubli, auquel doivent s'opposer la vérité et la mémoire vivante. La question des auteurs du crime - l'État, directement ou par l'intermédiaire de ses agents - montre que les disparitions forcées sont un crime d'État. Des interlocuteurs ont attiré l'attention du Groupe sur la responsabilité d'autres acteurs, non étatiques; le Groupe a donc adopté une disposition reconnaissant leur pleine culpabilité le cas échéant, tout en maintenant la nécessité pour les États coupables de rendre compte et de procéder à des réparations. Le projet propose aussi d'instituer un Comité des disparitions forcées, composé de dix membres, doté notamment de pouvoirs de visite dans les États.

Le rapport du Groupe de travail intersessions, à composition non limitée, chargé d'élaborer un projet d'instrument normatif juridiquement contraignant pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (E/CN.4/2006/57) présente l'état d'avancement du texte du projet de texte. Le Groupe de travail a poursuivi la discussion du projet d'instrument, et a entrepris une révision complète du texte. À la fin des débats, le Président du Groupe de travail a constaté qu'il n'y avait pas d'obstacle à la transmission du projet à la Commission et que la négociation au sein du Groupe était donc terminée. Le projet, sur lequel le Conseil devra se prononcer, figure en annexe au rapport.


Observations et questions des délégations

MME ELISABETH ELLISON-KRAMER (Autriche, au nom de l'Union européenne) a déclaré que les disparitions forcées ne sont pas un crime du passé et ne sont pas limitées à une région spécifique. Sur les cinq continents, des personnes continuent à disparaître sans que leur sort soit jamais élucidé. La nécessité d'une convention internationale sur ce sujet est donc évidente. La convention constituera un outil puissant permettant d'éviter les disparitions forcées dans l'avenir. L'Union européenne appelle la prompte adoption de la convention par le Conseil et sa présentation devant l'Assemblée générale cet automne.

M. JUAN ANTONIO FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a déclaré que son pays aurait apprécié que ce texte, qui consacre le droit de ne pas disparaître et qui reconnaît le droit des victimes à obtenir réparation, aille plus loin et que reconnaisse l'imprescriptibilité du crime de disparition forcée. Mais l'adoption de cette convention constituera une étape importante dans la lutte contre cette pratique. Cuba demande que ce texte soit adopté par consensus par le Conseil et soit rapidement renvoyé à l'Assemblée générale pour adoption.

M. RICARDO GONZÁLEZ ARENAS (Uruguay) a dit que son pays est convaincu que la convention marquera un progrès dans la lutte contre ce fléau contre les droits de l'homme. Cinq facteurs font la qualité de ce projet de convention, a dit le représentant: il fonde le droit de chacun de ne pas être soumis à cette forme de violation de ses droits; il oblige les États à se doter des moyens de rechercher et trouver les personnes disparues; il établit qu'il s'agit d'un bien crime contre l'humanité; il pose le droit pour les victimes de recevoir réparation et enfin oblige les États de sanctionner particulièrement sévèrement les coupables d'enlèvements d'enfants.

MME ELIA SOSA (Mexique) a rappelé que la qualification du délit de disparition forcée est encore une avancée plus grande que la convention elle-même. Il est primordial de réaffirmer que la pratique généralisée de disparitions forcées constitue bien un crime contre l'humanité. Le Mexique a dit espérer que la convention soit adoptée par acclamation et soit renvoyée cet automne devant l'Assemblée générale.

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