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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT ACHÈVE SON DIALOGUE AVEC LA DÉLÉGATION DU MALAWI

24 Janvier 2002



CRC
29ème session
24 janvier 2002
Après-midi




La délégation indique que le Malawi enregistre
260 nouveaux cas de sida chaque jour



Le Comité des droits de l'enfant a achevé, cet après-midi, son dialogue avec la délégation du Malawi qui a notamment indiqué que le pays enregistre 260 nouveaux cas de sida chaque jour. Elle a ajouté qu'aucune distinction n'est faite entre les enfants orphelins du sida et les autres orphelins. Présentant des observations préliminaires sur le rapport du Malawi, un membre du Comité a estimé qu'il subsiste dans le pays un grave problème s'agissant des châtiments corporels, tant au sein de la famille qu'à l'école. En outre, le système de justice pour mineurs doit absolument se fonder sur de nouvelles règles, a estimé l'expert.

Tout en se félicitant des efforts déployés par le Malawi pour modifier sa législation interne en vue de la rendre conforme aux dispositions de la Convention, l'expert a estimé que le pays devrait revoir, notamment, sa Constitution, dont certaines règles ne sont toujours pas conformes à la Convention. Beaucoup d'efforts doivent encore être déployés pour modifier le droit coutumier afin de la rendre conforme à la Convention, a ajouté l'expert.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport malawien, avant de les rendre publiques à la fin de la présente session, le vendredi 1er février 2002.

En début de séance, la délégation du Malawi, dirigée par Mme Trifonia Dafter, Présidente du Comité parlementaire malawien pour les services concernant la jeunesse et la communauté, a fourni aux experts des compléments d'information s'agissant, notamment, des châtiments corporels et autres mauvais traitements infligés aux enfants; des principes énoncés dans la Convention, notamment en ce qui concerne la non-discrimination; les questions de santé; l'avortement, la pratique des rites initiatiques; les questions relatives à l'éducation; l'administration de la justice pour mineurs.

Le Comité reprendra ses travaux en séance publique lundi matin, à 10 heures, pour entamer l'examen du rapport initial de Bahreïn (CRC/C/11/Add.24).


Fin de l'examen du rapport du Malawi

Certains experts se sont inquiétés du maintien en vigueur dans le pays de textes de lois autorisant notamment les parents à infliger des châtiments corporels «modérés» à leurs enfants. La délégation a fait valoir que, pour lutter contre les châtiments corporels et la persistance de certaines valeurs traditionnelles au sein de la société, en particulier dans les zones rurales, le gouvernement a inscrit dans le plan national d'action en faveur des enfants des campagnes de sensibilisation aux droits de l'enfant. À titre d'exemple, des campagnes sont menées, notamment dans les médias, afin de dissuader les enseignants de recourir aux châtiments corporels contre les élèves, a-t-elle ajouté. Le gouvernement continue en outre d'exercer des pressions auprès du parlement et d'autres instances afin de faire comprendre à chacun que la violence contre les femmes est une pratique à bannir, a également indiqué la délégation.

La délégation a assuré que, d'une manière générale, quiconque se livre à de mauvais traitements à l'encontre d'un enfant doit être dénoncé et traduit en justice.

En ce qui concerne les principes énoncés dans la Convention, la délégation a rappelé que la Constitution malawienne interdit toute forme de discrimination. Aussi, toute législation qui irait dans un sens contraire serait considérée comme invalide, a assuré la délégation.

S'agissant du droit coutumier agraire, qui est plus favorable tantôt aux hommes, tantôt aux femmes selon les régions, la délégation a indiqué que les lois pertinentes sont en cours de révision en vue d'assurer un bon équilibre s'agissant de ces questions.

La délégation malawienne a souligné que, souhaitant éviter toute discrimination à l'égard des enfants orphelins du sida, les autorités ont choisi de ne pas les distinguer des autres orphelins. Une stratégie a été mise sur pied afin de faire en sorte que les orphelins soient pris en charge par la communauté, étant donné que la structure dite de la famille élargie reste encore vivace dans le pays, a indiqué la délégation. Une stratégie similaire s'applique aux autres catégories d'enfants vulnérables, comme les enfants des rues, par exemple.

S'agissant des questions de santé, la délégation a indiqué que le pays a mis en place un système de centres de santé mobiles qui assure la vaccination des enfants et dispense, notamment, des soins périnataux. Le taux de couverture de la vaccination atteint 80% chez les enfants, a précisé la délégation.

La délégation a souligné que le Malawi enregistre 260 nouveaux cas de sida chaque jour. Afin de mieux contrôler la situation, des structures ont été mises en place au niveau communautaire avec le déploiement d'un réseau de surveillance sanitaire, a précisé la délégation. En outre, des campagnes de distribution de préservatifs ont été lancées, et des services consultatifs sont disponibles dans les hôpitaux. Un projet pilote a également été mis en place concernant la transmission du sida de la mère à l'enfant, a précisé la délégation. Ce projet vise notamment à informer les femmes des risques à cet égard, en particulier en ce qui concerne les risques de transmission par allaitement.

Les services de santé de base sont gratuits au Malawi, a fait valoir la délégation avant de reconnaître qu'il y a une tendance à la croissance des services payants. Il ne faut pas perdre de vue que 60% des services de santé sont publics et donc financièrement assumés par l'État, a rappelé la délégation.

Plusieurs experts ayant demandé des compléments d'information s'agissant des rites initiatiques pratiqués en particulier en zone rurale, la délégation a expliqué que ces rites visent notamment à marquer le passage de la jeune fille de l'enfance à la vie adulte. Quant à la pratique qui voulait que, lors de ce genre de rite, ce soit le chef du village qui initie la jeune fille aux relations sexuelles, elle n'a quasiment plus cours dans le pays, a assuré la délégation.

S'agissant des questions d'éducation, la délégation a rappelé que l'enseignement primaire est gratuit au Malawi et que, progressivement, le pays devrait s'acheminer vers l'obligation de scolariser les enfants. Actuellement, le choix de scolariser ou non les enfants est laissé à l'appréciation de chacun et de chaque communauté, a reconnu la délégation, qui a précisé que cette attitude s'explique essentiellement par facteurs socioéconomiques.

Certains experts se sont inquiétés d'informations selon lesquelles les enfants qui manquent une journée de classe sont renvoyés. La délégation a expliqué que la pratique n'est pas aussi rigide que cela et que, le plus souvent, lorsqu'un enfant manque une journée ou deux d'école, les parents sont convoqués pour discuter de la situation avec le personnel enseignant.

Désormais, au sein de presque toutes les chefferies traditionnelles (il peut y avoir jusqu'à six chefferies par district), il existe une école secondaire, a par ailleurs assuré la délégation. Le pays compte en outre deux universités, l'une déjà ancienne, l'Université du Malawi, et l'autre, récente, l'Université de Mzuzu, dans le nord du pays,

En ce qui concerne l'administration de la justice pour mineurs, la délégation a indiqué que lorsqu'un enfant se trouve en conflit avec la loi, il est présenté à la police et la justice suit son cours. Néanmoins, le système judiciaire s'efforce de bien comprendre les circonstances particulières qui ont accompagné chaque infraction imputable à un mineur, a assuré la délégation. Comme cela a été dit ce matin, les autorités privilégient le traitement des délinquants au sein de leur communauté plutôt que leur emprisonnement. D'une manière générale, l'intervention des services sociaux est toujours privilégiée au détriment des mesures d'internement.

Quant au Parlement des enfants mis sur pied au Malawi, la délégation a indiqué qu'il s'était penché sur cinq questions principales, à savoir l'éducation, la pauvreté, le VIH/sida, les orphelins et la corruption. Devant le succès de cette initiative, il a été décidé que cette expérience devait se poursuivre, d'autant plus que l'on peut espérer que ces jeunes parlementaires informeront et influenceront à leur tour d'autres jeunes à travers le pays s'agissant de toutes les questions intéressant la jeunesse.


Observations préliminaires concernant le rapport malawien

Présentant des observations préliminaires sur le rapport initial du Malawi, un membre du Comité a jugé positive et fructueuse la discussion entre le Comité et la délégation. L'expert s'est notamment félicité que les autorités malawiennes semblent beaucoup s'intéresser à la situation des enfants, dans un pays où les moins de 20 ans représentent environ la moitié de la population. Il s'est également réjoui des efforts déployés par le Malawi pour modifier sa législation interne en vue de la rendre conforme aux dispositions de la Convention. Il reste cependant au pays à revoir notamment sa Constitution, dont certaines règles ne sont toujours pas conformes à la Convention. Beaucoup d'efforts restent à déployer pour modifier le droit coutumier dans le sens voulu par la Convention, a en outre estimé l'expert. Le Malawi devrait aussi revoir l'âge retenu par la Constitution pour la définition de l'enfant, soit 16 ans, ainsi que l'âge de la responsabilité pénale, actuellement fixé à sept ans.

Le Malawi connaît un grave problème en ce qui concerne les châtiments corporels, tant au sein de la famille qu'à l'école, a estimé l'expert. Enfin, le système de justice pour mineurs doit absolument se fonder sur de nouvelles règles, a-t-il ajouté.


La délégation malawienne a affirmé que cette journée de discussion constitue pour elle une expérience très précieuse. Sur tous les points au sujet desquels elle n'a éventuellement pas été en mesure de fournir des réponses circonstanciées, la délégation s'est engagée à présenter rapidement l'information voulue au Comité.




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