Skip to main content

Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT EXAMINE LE TROISIÈME RAPPORT PÉRIODIQUE DU PÉROU

12 Janvier 2006


Comité des droits de l'enfant (A)


12 janvier 2006

Le Comité des droits de l'enfant a examiné, aujourd'hui, le troisième rapport périodique du Pérou sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Présentant le rapport de son pays, Mme Ana María Romero-Lozada Lauezzari, Ministre de la femme et du développement social du Pérou, a notamment indiqué que le Gouvernement péruvien avait approuvé un programme pour la période 2004-2006 qui concerne en particulier l'enregistrement, l'alimentation, la vaccination et l'éducation des enfants. Si l'économie péruvienne a connu une forte croissance ces dernières années, la pauvreté a peu diminué, ce qui témoigne des limites qu'impose la nature structurelle des inégalités et de l'exclusion sociale, a-t-elle par ailleurs souligné, ajoutant qu'il s'agit là d'un défi permanent pour tous les acteurs du système national s'occupant de l'enfance. Elle a en outre indiqué que le Pérou accorde la priorité aux efforts visant à faire face aux facteurs qui augmentent particulièrement la vulnérabilité des enfants et des adolescents, en particulier l'exploitation sexuelle, le défaut d'enregistrement des naissances, les mauvais traitements et les abus sexuels, les situations d'abandon et la dénutrition durant la petite enfance.

La délégation péruvienne était également composée de M. Manuel Rodríguez Cuadros, Représentant permanent du Pérou auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de plusieurs représentants du Ministère de la femme et du développement social et du Ministère de l'éducation. Elle a répondu aux questions soulevées par les membres du Comité s'agissant, notamment, de la lutte contre la pauvreté; des questions budgétaires; des divers réseaux mis en place afin de protéger les enfants et les adolescents; des enfants handicapés; des questions de santé et d'éducation; de l'enregistrement des naissances; du travail des enfants; de l'administration de la justice pour mineurs; ainsi que du phénomène des disparitions d'enfants et d'adolescents.

La rapporteuse du Comité chargée de l'examen du rapport péruvien, Mme Rosa María Ortiz, s'est notamment réjouie que le Pérou ait adopté un Plan national d'action pour les enfants et les adolescents (2002-2010) et ratifié les deux Protocoles facultatifs se rapportant à la Convention. Si le Pérou a tenu compte de certaines des recommandations antérieures du Comité, a-t-elle ajouté, mais d'autres n'ont pas été suffisamment suivies d'effet, s'agissant notamment de l'allocation de ressources, de l'enregistrement des naissances, des enfants privés de milieu familial, des violences physiques et sexuelles contre les enfants, des enfants handicapés, des disparités régionales en matière d'accès à la santé, de l'accès limité à l'éducation (en particulier pour les enfants des groupes autochtones), de la discrimination économique et sociale dont souffrent les enfants des rues ou encore de l'administration de la justice pour mineurs. Les enfants autochtones qui vivent dans les communautés reculées des Andes et de l'Amazonie constituent la population infantile la plus vulnérable, a souligné la rapporteuse.

Le Comité adoptera à huis clos ses observations finales sur le rapport péruvien avant de les rendre publiques à l'issue de la session, le vendredi 27 janvier prochain.

Demain matin, à 10 heures, le Comité entamera, dans le cadre de deux réunions simultanées, l'examen du deuxième rapport périodique du Ghana (CRC/C/65/Add.34) et du deuxième rapport périodique du Liechtenstein (CRC/C/136/Add.2).

Présentation du rapport du Pérou

Présentant le rapport de son pays, Mme ANA MARÍA ROMERO-LOZADA LAUEZZARI, Ministre de la femme et du développement social du Pérou, a souligné qu'en souscrivant à la Convention, en 1992, le Pérou avait pris l'engagement d'accorder la priorité à la protection des droits de l'enfant ; il renouvela cet engagement en souscrivant ensuite aux Objectifs du millénaire pour le développement. Elle a ajouté qu'en application de ces engagements, le Gouvernement du Pérou avait pris la tête du Forum sur l'accord national afin d'adopter, avec la participation des partis politiques démocratiques, des principales organisations de la société civile et du monde des entreprises, une trentaine de politiques de grande ampleur dont sept sont orientées en faveur de l'enfance et de l'adolescence. L'approbation du Plan national d'action pour l'enfance et l'adolescence s'inspire de ce processus, a précisé Mme Romero-Lozada. En 2004, a-t-elle poursuivi, le Forum sur l'accord national a approuvé les politiques à court terme, notamment une déclaration pour l'enfance qui reconnaît les droits humains des enfants et des adolescents comme première priorité de l'État et de la société. Dans ce contexte, a précisé la Ministre de la femme et du développement social, le Gouvernement a approuvé la feuille de route pour la période 2004-2006 qui concerne en particulier l'enregistrement, l'alimentation, la vaccination et l'éducation des enfants.

Si la croissance de l'économie péruvienne a été de 24% entre 2001 et 2005, la pauvreté totale n'a diminué que de 2,7% durant cette période et la pauvreté extrême de 4,9%, ce qui témoigne des limites qu'impose la nature structurelle des inégalités et de l'exclusion sociale, a par ailleurs indiqué Mme Romero-Lozada. Il s'agit là d'un défi permanent pour tous les acteurs du système national s'occupant de l'enfance, a-t-elle ajouté. Le Programme «Juntos» (Ensemble), qui réunit les ministères de l'économie, de la femme et du développement social, de l'éducation et de la santé, ainsi que des représentants de la société civile et du monde de l'entreprise, s'efforce de garantir l'identité, l'alimentation, la santé et l'éducation des enfants et des adolescents âgés de 6 mois à 14 ans, principalement dans les zones rurales et autochtones, a indiqué la Ministre.

Désormais, la totalité des régions, des provinces et des districts ainsi qu'un nombre croissant de communautés paysannes décident elles-mêmes des priorités sur lesquelles doivent se concentrer les investissements dans leurs localités et le fait est que la composante «enfance et adolescence» commence à susciter un intérêt particulier, a poursuivi Mme Romero-Lozada. Elle a en outre indiqué que le Pérou a accordé la priorité aux problématiques qui augmentent particulièrement la vulnérabilité des enfants et des adolescents, en particulier l'exploitation sexuelle, le défaut d'enregistrement des naissances, les mauvais traitements et les abus sexuels, les situations d'abandon et le dénutrition durant la petite enfance. Ainsi, a notamment été promulguée la loi 28251 qui prévoit des peines sévères pour quiconque porte atteinte de manière délictuelle à la liberté sexuelle des enfants et des adolescents. À en outre été consolidé un espace de travail conjoint de l'État et de la société civile pour la prévention des mauvais traitements et des abus sexuels contre les enfants. En conclusion, la Ministre a indiqué que le Gouvernement péruvien s'engageait à transmettre les recommandations du Comité concernant le présent rapport aux partis politiques participant au processus électoral.

Le troisième rapport périodique du Pérou (CRC/C/125/Add.6) met en évidence l'adoption du Plan national d'action en faveur de l'enfance et de l'adolescence pour la période 2002-2010, dont la mise en train représente le défi le plus important que le Pérou ait à relever dans le cadre de la réalisation des droits et du développement durable du pays. Les problèmes de santé, d'éducation et de protection que subit une grande partie du monde des enfants sont en rapport avec ce qu'on appelle une situation à risque, c'est-à-dire des circonstances qui pèsent sur le bien-être de la population et sur lesquelles les individus n'exercent qu'un contrôle direct limité. Les conditions de risque les plus importantes pour la population d'enfants et d'adolescents au Pérou sont les suivantes: la pauvreté économique, l'absence de travail rémunéré régulier au sein de la famille et la dégradation socio-économique des conditions d'existence. Il existe en outre certains autres facteurs de vulnérabilité et d'exclusion intéressant de vastes secteurs sociaux pour des raisons d'âge et de sexe et aussi pour des raisons géographiques et ethniques, lesquels accentuent la situation de risque. En 2000, 670 000 garçons et 543 000 filles âgés de 6 à 14 ans occupaient un emploi. Le problème le plus grave du système éducatif péruvien est dû au fait que les enfants sont nombreux à ne pas fréquenter l'école et aussi à l'abandonner, le phénomène étant particulièrement aigu en milieu rural, poursuit le rapport. Pour renverser cette situation, il sera mis en train un programme relatif à l'éducation en milieu rural et au développement du corps enseignant dont l'exécution prendra une dizaine d'années.

Le Pérou souffre d'un des taux de mortalité maternelle les plus élevés d'Amérique latine ; en 2000, il est de 185 pour 100 000 naissances vivantes. En outre, le Pérou est toujours l'un des pays où la mortalité infantile est l'une des plus fortes de la région bien qu'il soit parvenu entre 1991 et 2000 à réduire le taux national de mortalité infantile de 52 à 33 pour 1000 naissances vivantes. Au cours des cinq dernières années, le taux de dénutrition chronique chez les moins de cinq ans (25%) est resté inchangé. On ne sait pas avec précision quel est le nombre d'enfants qui ne sont pas inscrits à l'état civil mais, d'après l'UNICEF, ce seraient 15 % des enfants des deux sexes qui au Pérou ne seraient pas inscrits auprès des organismes compétents, indique en outre le rapport. En règle générale, les adolescents des deux sexes accèdent difficilement à des services élémentaires d'enseignement et de santé; l'espace dans lequel ils peuvent s'exprimer, participer et s'associer à leur milieu est étroit; ils ont des comportements sexuels à risque procédant d'une initiation précoce à la sexualité mal protégée et ces comportements aboutissent à des grossesses précoces; ils adoptent volontiers des comportements susceptibles d'engendrer une dépendance; ils participent de plus en plus souvent à des actions violentes. Aux termes de la loi en vigueur sur la violence des gangs dangereux, la seule mesure prévue est l'internement pour une durée de trois à six ans. Le code relatif aux enfants et aux adolescents définit le gang violent comme un groupe d'adolescents de plus de 12 ans et de moins de 18 ans qui agressent ensemble des tiers, portent atteinte à leur intégrité physique ou menacent leur vie, portent préjudice à des biens publics ou privés ou se comportent de façon à perturber l'ordre public. On estime par ailleurs à 1 600 000 le nombre de personnes atteintes par la violence politique, dont 30 % sont des enfants et des adolescents. D'après le Programme d'aide au retour et au développement des zones déclarées en état d'urgence (PAR), sur le nombre total de personnes touchées par cette violence, 600 000 environ ont quitté leur communauté d'origine dès qu'a éclaté le conflit armé chez eux, dont les enfants devenus orphelins en raison de la guerre.

La loi relative à la procédure administrative de l'adoption réglemente l'adoption d'enfants qu'un tribunal a officiellement déclarés en état d'abandon. Le rapport précise que 2272 enfants ont été adoptés entre 1993 et 2002 au titre de cette loi. Mais il persiste des insuffisances dans la mise en œuvre d'un programme national qui proposerait, en conférant largement le pouvoir d'agir de sa propre initiative, une solution au problème de l'enfant orphelin ou de l'enfant officiellement déclaré en état d'abandon. Environ huit pour cent des foyers péruviens ont parmi les membres de la famille un enfant de moins de 15 ans qui a été adopté.
Questions et commentaires du Comité

La rapporteuse du Comité chargée de l'examen du rapport du Pérou, Mme ROSA MARÍA ORTIZ, a jugé intéressant le troisième rapport périodique du Pérou, qui est à la fois analytique et autocritique. Toutefois, il ne respecte pas les directives du Comité concernant l'élaboration des rapports par les États parties, a-t-elle fait observer. Elle a en outre souhaité en savoir davantage sur la nature des organismes qui ont participé à l'élaboration de ce rapport. Mme Ortiz s'est néanmoins réjouie que le Pérou ait adopté un Plan national d'action pour les enfants et les adolescents (2002-2010) qui, en 2005, a acquis force de loi nationale. Le Comité se réjouit également que le pays ait ratifié les deux protocoles facultatifs se rapportant à la Convention, ainsi qu'un certain nombre d'autres instruments internationaux. Mme Ortiz a d'autre part rappelé que la Convention relative aux droits de l'enfant exige des États membres d'adopter une approche participative et pédagogique pour parvenir aux changements d'attitude visés par ses dispositions, la sanction de la loi ne pouvant, à elle seule, produire de tels changements.

Si le Pérou a tenu compte de certaines des recommandations antérieures du Comité, a poursuivi Mme Ortiz, d'autres n'ont pas été suffisamment suivies d'effet, s'agissant notamment de l'allocation de ressources, de l'enregistrement des naissances, du respect de l'opinion de l'enfant, de l'intérêt supérieur de l'enfant, des enfants placés en institutions et privés de milieu familial, des violences physiques et sexuelles contre les enfants tant au sein qu'à l'extérieur de la famille, des enfants handicapés, des disparités régionales en matière d'accès à la santé, de l'accès limité à l'éducation (en particulier pour les enfants des groupes autochtones), de la discrimination économique et sociale dont souffrent les enfants qui vivent ou travaillent dans les rues ou encore de l'administration de la justice pour mineurs.

Mme Ortiz a également relevé que 54% de la population péruvienne est pauvre et 24% extrêmement pauvre, ces taux atteignant respectivement 78% et 51% dans les zones rurales. Les enfants autochtones qui vivent dans les communautés reculées des Andes et de l'Amazonie constituent la population infantile la plus vulnérable, a poursuivi la rapporteuse. Il est important de rappeler que le Pérou a souffert de vingt années de violence politique dont les principales victimes ont précisément été les autochtones parlant le quechua, a ajouté Mme Ortiz. Tout en se félicitant que le Pérou ait engagé en 2003 un processus de réconciliation nationale, elle a attiré l'attention sur la persistance d'effets négatifs de cette violence politique pour la survie et le développement des enfants du Pérou. À cet égard, elle s'est enquise des résultats de la Commission vérité et réconciliation s'agissant des enfants affectés.

L'experte a noté qu'alors que la croissance économique du Pérou a été en moyenne de 4% pour chacune des années de la période 2002-2004, la part du budget consacrée aux programmes essentiels pour la survie et le développement des enfants a, elle, baissé. Elle a en outre fait part de sa préoccupation suite au placement de la Direction générale de l'enfance et de l'adolescence sous tutelle, non plus du Vice-Ministère de la femme et du développement social comme cela était le cas auparavant, mais d'une nouvelle Direction générale de la famille, ce qui a pour effet de réduire son rôle politique.

Un autre membre du Comité a souhaité savoir si la décentralisation, au Pérou, était efficace du point de vue des droits de l'enfant. Les diverses institutions péruviennes sont-elles toujours dominées par les hommes et par les non-autochtones, s'est-il également interrogé? Il a jugé inefficace la mise en œuvre des programmes en faveur des enfants, notamment celui relatif au verre de lait servi à l'école; l'échec dans ce domaine est-il dû à la corruption, à une mauvaise utilisation des ressources ou à un tout autre facteur, a-t-il demandé? Existe-t-il au Pérou une loi cohérente visant l'élimination de la pauvreté chez les enfants, a également demandé l'expert?

Un autre expert a fait part de disparitions, dont plus de 35% d'enfants, qui ont eu lieu durant la période 2000-2005 dans une zone rurale, la province d'Ayacucho. Le Pérou est touché par un phénomène de violence domestique touchant les enfants et d'abus sexuels contre les femmes et les enfants, a par ailleurs relevé cet expert, qui a demandé quelles mesures ont été prises pour remédier à cette situation.


Réponses de la délégation

La délégation a reconnu que le rapport présenté ne répond pas aux directives du Comité concernant l'élaboration des rapports des États parties. Elle s'est toutefois engagée à présenter les futurs rapports en respectant lesdites directives.

La délégation a souligné que les autorités péruviennes s'appuient sur la Direction générale de l'enfance et de l'adolescence dans les efforts menés pour renforcer la famille péruvienne. Cette direction s'est vu assigner de nouvelles fonctions afin d'accorder une attention intégrale aux enfants et aux adolescents.

La lutte contre la pauvreté, en dépit des progrès réalisés dans ce domaine, reste insuffisante, a admis la délégation. Il est vrai que la pauvreté n'a pas été réduite autant qu'on aurait pu s'y attendre au regard du taux de croissance économique qu'a connu le Pérou, a ajouté la délégation. Malgré les investissements réalisés, la malnutrition chronique des enfants n'a pas diminué autant que voulu, a-t-elle également reconnu. Elle a en outre indiqué que le Gouvernement a décidé de lancer un programme de lutte contre la pauvreté extrême dans les zones les plus pauvres de la région andine.

Afin de lutter contre la pauvreté, les autorités s'efforcent en particulier de promouvoir des politiques créatrices d'emplois, a ajouté la délégation. Elle a également mis en avant les divers programmes composant la politique alimentaire du Gouvernement péruvien.

En ce qui concerne les violences politiques et sociales des années 80, la délégation a souligné que le Gouvernement péruvien avait tenu compte des recommandations de la Commission vérité et réconciliation s'agissant des réparations et des indemnisations. Dans ce domaine, a précisé la délégation, priorité sera accordée aux communautés les plus touchées, à savoir celles d'environ 70 districts de la région andine. Du fait de ces violences politiques, le Pérou compte 40 000 orphelins et, selon la Commission vérité et réconciliation, un million de personnes déplacées, a également indiqué la délégation.

S'agissant des questions de santé, la délégation a indiqué que 4,8% du budget national sont consacrés à la santé, mais sans compter les montants investis hors de Lima par les gouvernements régionaux. Ces dernières années, plus de 10 millions de personnes, dont une écrasante majorité provenait des zones les plus défavorisées, se sont affiliées à l'assurance médicale, a-t-elle par ailleurs indiqué. La délégation a par ailleurs indiqué que les autorités se sont fixé deux priorités en matière de santé: la diminution de la mortalité maternelle et de la mortalité infantile.

Il est clair qu'il existe un droit à la santé qui fait référence non seulement à l'accès aux services de santé eux-mêmes mais aussi à un meilleur contrôle des déterminants de la santé (investissements, égalité entre les sexes, respect de la culture de chacun,…), a souligné la délégation. Elle a notamment rappelé à cet égard que, dans les zones andines et amazoniennes, c'est l'accouchement vertical qui est le plus utilisé. La délégation a reconnu qu'il existe des différences évidentes entre zones rurales et zones urbaines du point de vue des indicateurs de santé.

Plusieurs experts s'étant inquiétés du taux élevé de grossesses précoces dans le pays, la délégation a fait valoir que le taux des grossesses d'adolescentes a légèrement diminué au Pérou. La première cause de mortalité maternelle dans le pays est l'hémorragie, suivie de l'avortement lorsqu'il se fait dans des conditions clandestines, a ajouté la délégation.

L'avortement étant illégal au Pérou, qu'en est-il de la culture nationale en matière d'accès aux contraceptifs, s'est interrogé un membre du Comité? La norme de planification familiale élaborée l'année dernière prévoit clairement que les adolescentes peuvent avoir accès aux méthodes contraceptives nécessaires en fonction de la situation, a indiqué la délégation. Si la norme existe donc, il faut néanmoins continuer à convaincre les personnels de santé afin que ceux-ci mettent les moyens de contraception à disposition. La pilule du lendemain est autorisée dans les cas de viol, a précisé la délégation. Au Pérou, l'utilisation des contraceptifs par les adolescents n'est pas très répandue, a-t-elle souligné.

La délégation a d'autre part attiré l'attention sur l'existence de trois réseaux nationaux importants du point de vue des droits de l'enfant. Il y a d'abord le réseau des défenseurs des enfants et adolescents répartis sur tout le territoire. Il y a ensuite le réseau national de prévention des mauvais traitements et abus sexuels contre les enfants. Il y a enfin le réseau de lutte contre l'exploitation des enfants à des fins commerciales, qui travaille avec un autre réseau d'organisations non gouvernementales.

La délégation a par ailleurs fait part de la création à Iquitos, dans la région orientale de Loreto (Amazonie), d'un réseau local de lutte contre l'exploitation sexuelle à des fins commerciales dont les objectifs visent tant la prévention que le renforcement des capacités et l'assistance directe aux victimes.

La délégation péruvienne a assuré que, contrairement à ce qui a pu être dit, la gestion de la question de la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants n'a absolument pas été transférée à des institutions privées. On ne dispose pas de statistiques concernant ce phénomène au Pérou mais on estime à 500 000 le nombre d'enfants victimes de ce type d'exploitation dans toute l'Amérique latine, a précisé la délégation.

En ce qui concerne le travail des enfants, un membre du Comité a indiqué que l'âge limite d'admission à l'emploi fixé à 14 ans au Pérou posait problème puisque l'enseignement est obligatoire jusqu'à 15 ans. L'expert a souhaité en savoir davantage sur l'information fournie dans le rapport selon laquelle l'âge minimum de la responsabilité pénale pourrait être abaissé dans les affaires liées à la violence des gangs. Qu'en est-il de l'âge minimum de la responsabilité pénale au Pérou, a demandé l'expert?

S'agissant du travail des enfants, la délégation a fait état de l'existence d'un Plan national pour la prévention du travail infantile et la réhabilitation dans ce domaine. Une liste des emplois considérés comme dangereux a été dressée, comprenant notamment le travail dans les secteurs de la pyrotechnie et du bâtiment, a précisé la délégation.

Les travailleurs domestiques ont désormais les mêmes droits que tous les autres travailleurs, a par ailleurs assuré la délégation.

Un membre du Comité s'est inquiété du nombre élevé d'enfants se retrouvant dans des centres d'accueil au Pérou. L'expert a en revanche félicité le pays pour l'efficacité dont il a fait preuve dans son traitement de la question de l'adoption.

Actuellement, a notamment précisé la délégation, environ 11 000 mères chargées de prendre en charge des enfants reçoivent une aide financière de l'État pour s'occuper d'enfants âgés de 6 mois à 3 ans.

Un autre membre du Comité s'est enquis de la situation des enfants autochtones et des enfants handicapés du point de vue de l'accès équitable à l'éducation.

S'agissant des personnes handicapées, la délégation a notamment fait valoir la politique d'éducation ouverte à tous que s'efforce de promouvoir le Pérou. La loi générale sur l'éducation stipule en effet que l'éducation de base est ouverte à tous et qu'il faut répondre aux besoins spécifiques de certaines personnes afin de garantir leur intégration dans la société.

En ce qui concerne l'éducation, la délégation a notamment fait part de l'existence d'un projet d'éducation dans les zones rurales, qui met particulièrement l'accent sur le bilinguisme et le multiculturalisme. Ce projet concerne actuellement cinq régions - deux en Amazonie et trois dans la zone andine. Une grande partie de l'absentéisme scolaire est liée aux cycles agricoles, a par ailleurs souligné la délégation.

On estime à environ 110 000 le nombre d'enfants qui, chaque année, ne sont pas enregistrés de façon adéquate au Pérou, a par ailleurs indiqué la délégation. Cela s'explique par divers facteurs, notamment administratifs. Si la loi nationale n'exige qu'un seul document pour procéder à une inscription à l'état civil, certaines municipalités ont pour leur part choisi de demander un second document, a précisé la délégation. Selon le Code civil, qui date de 1984, un enfant a droit à un nom et il n'y a discrimination que lorsque le père ne reconnaît pas l'enfant, auquel cas ce dernier ne peut porter que le nom de la mère. Un texte a donc été proposé au Congrès de la République afin de modifier ces normes obsolètes du Code civil; il prévoit le droit pour l'enfant, en toute circonstance, de porter le nom de son père suivi de celui de la mère, comme il est d'usage dans les pays hispaniques.

La délégation Au Pérou a par ailleurs fait valoir qu'aucune restriction n'est imposée pour le choix des prénoms des enfants, même pour ceux provenant des communautés autochtones.

L'âge minimum du travail des enfants est de 14 ans et il est actuellement question de le relever à 15 ans, voire à 17 ans pour certains emplois, notamment dans le secteur de la pêche, a par ailleurs indiqué la délégation.

En ce qui concerne l'administration de la justice pour mineurs, la délégation a indiqué qu'un projet de loi avait été présenté au Congrès par un certain nombre de parlementaires visant à abaisser à 16 ans l'âge de la responsabilité pénale; mais ce projet a été rejeté par la Commission justice et droits de l'homme et a donc été classé.

Il n'y a plus coexistence entre adultes et adolescents dans les centres de détention du pays, a par ailleurs assuré la délégation. Les adolescents qui souffrent de problèmes psychiatriques et ont besoin d'attention ne peuvent pas être traités comme des délinquants ni se retrouver placés dans des centres de détention avec des adultes, a-t-elle également souligné.

En ce qui concerne les enfants et adolescents portés disparus, dont le nombre aurait dépassé les 1100 pour l'année 2005, la délégation a affirmé que ce problème, qui se pose surtout dans les zones frontalières, relève de la traite des enfants victimes d'exploitation sexuelle à des fins commerciales.


En fin de journée, M. MANUEL RODRÍGUEZ CUADROS, Représentant permanent du Pérou auprès des Nations Unies à Genève, a remercié le Comité pour la rigueur dont il a fait preuve dans son analyse du rapport péruvien. Il est vrai qu'au Pérou, des inégalités entraînent des exclusions; aussi, des politiques sont-elles élaborées en faveur de l'intégration et de l'égalité de tous, a-t-il souligné. L'appareil politique s'avérant à lui seul insuffisant, il est important de promouvoir les synergies avec la société civile et les organisations non gouvernementales, a-t-il également déclaré. Le Pérou est en train de devenir un État de plus en plus décentralisé, a par ailleurs fait valoir M. Rodríguez Cuadros.


Observations préliminaires

Présentant des observations préliminaires, la rapporteuse du Comité pour l'examen du rapport péruvien, Mme ROSA MARÍA ORTIZ, a remercié la délégation pour l'effort qu'elle a consenti en présentant aujourd'hui une délégation de haut niveau venue de loin. Beaucoup de questions restent en suspens et beaucoup de défis restent à relever, a-t-elle déclaré. Il n'en demeure pas moins que le Pérou a fait preuve de beaucoup de créativité; aussi, le Comité l'encourage-t-il à poursuivre sur cette voie. Mme Ortiz a exprimé l'espoir que les recommandations que présentera ultérieurement le Comité au sujet de ce troisième rapport périodique serviront d'outil de travail et seront dûment diffusées auprès de tous les acteurs concernés.
* *** *
Le présent communiqué de presse n'est pas un compte rendu officiel et n'est publié qu'à des fins d'information.

VOIR CETTE PAGE EN :