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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT EXAMINE LE RAPPORT DU MALAWI

13 Janvier 2009



Comité des droits de l'enfant
13 janvier 2009



Le Comité des droits de l'enfant a examiné, aujourd'hui, le deuxième rapport périodique présenté par le Malawi sur les mesures prises par ce pays pour donner effet aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Le rapport était présenté par la Ministre des femmes et du développement de l'enfant du Malawi, Mme Anna Andrew Namathanga Kachikho, qui a notamment indiqué que le projet de loi sur les enfants devrait être présenté au Parlement après les élections parlementaires et présidentielles de mai prochain. Elle a en outre indiqué que le Malawi avait engagé le processus visant à ratifier les deux Protocoles se rapportant à la Convention. La ministre a aussi fait valoir les progrès du pays pour faire baisser le taux de mortalité infantile et que des efforts ont été déployés pour assurer la sécurité alimentaire. Néanmoins, la situation nutritionnelle des enfants du Malawi ne s'est pas améliorée, a-t-elle reconnu. La question de l'eau potable et de l'assainissement constitue également un grand défi pour le Malawi et reste le principal facteur contribuant au taux élevé de mortalité infantile dans le pays, ainsi qu'au fort taux d'absentéisme scolaire, a ajouté Mme Kachikho, qui a aussi souligné l'importante prévalence du VIH/sida au Malawi.

La délégation du Malawi était également composée du Procureur général et Secrétaire pour la justice du Malawi, M. Anthony Kamanga; ainsi que de la Directrice des questions des femmes et du développement de l'enfant; du Directeur de la planification de l'éducation; d'un conseiller juridique; d'un responsable du développement de l'enfant; et d'un juriste. La délégation a fourni aux experts des compléments d'information en ce qui concerne, entre autres, l'enregistrement des naissances; les questions de nationalité, en particulier pour les enfants de femmes du Malawi mariées à des étrangers; les questions d'éducation; la violence à l'égard des enfants; l'administration de la justice pour mineurs; les questions relatives aux orphelins; ou encore les pratiques associées à certaines cérémonies initiatiques.

Présentant en fin de séance des observations préliminaires en fin de journée, la rapporteuse du Comité pour l'examen du rapport du Malawi, Mme Agnes Akosua Aidoo, a souligné l'importance du cadre juridique pour la promotion des droits de l'enfant, relevant que de nombreux projets de lois n'ont pas encore été promulgués et restent encore en suspens devant le Parlement. Il faut que le pays dispose d'une loi regroupant toutes les questions qui concernent les enfants, a-t-elle souligné. Il faut espérer que, grâce aux élections qui vont bientôt se dérouler au Malawi, tout va rentrer dans l'ordre de ce point de vue et que les enfants du pays pourront ainsi bénéficier de tous leurs droits, a-t-elle déclaré. Elle a aussi relevé que plus de la moitié des enfants du Malawi vivent dans la pauvreté et que l'impasse politique dans laquelle se trouve actuellement le pays affecte sérieusement la situation des enfants.


Demain matin, à 10 heures, le Comité entamera l'examen du deuxième rapport périodique du Tchad (CRC/C/TCD/2).


Présentation du rapport

MME ANNA ANDREW NAMATHANGA KACHIKHO, Ministre des femmes et du développement de l'enfant du Malawi, a souligné que le rapport que présente son pays porte sur la période écoulée depuis 2001 et a été établi avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris la Commission des droits de l'homme du Malawi. Le Malawi s'attache à transposer au niveau national la Déclaration du Millénaire pour le développement par le biais de sa stratégie de développement et de croissance, laquelle constitue la politique faîtière du Gouvernement et définit une orientation stratégique propice à la réalisation des droits de l'enfant, a-t-elle indiqué.

Depuis 2001, a poursuivi Mme Kachikho, le Malawi s'est efforcé d'intégrer dans sa législation les principes énoncés dans la Convention, comme en témoignent un certain nombre de lois mentionnées dans le rapport. Le Malawi reconnaît néanmoins que ces lois n'ont pas encore été promulguées; toutefois, ce retard est essentiellement imputable à l'environnement politique actuel dans le pays, qui n'a pas été favorable. Le Parlement du Malawi a accordé la priorité, ces quatre dernières années, à des questions d'intérêt politique, ce qui n'a pas manqué d'affecter de manière négative les processus d'adoption de nombreux projets de lois ayant un effet direct sur les gens ordinaires, en particulier les enfants, a expliqué Mme Kachikho. Elle a précisé que le projet de loi sur les enfants devrait être présenté au Parlement après les élections parlementaires et présidentielles de mai prochain. De la même manière, le processus d'examen et de révision de la loi sur l'éducation est achevé et la Commission des lois est en train de finaliser son rapport, a poursuivi la Ministre, précisant qu'il a été proposé que l'éducation primaire dispensée dans les écoles gouvernementales soit gratuite pour tous et que l'enseignement soit obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans. En ce qui concerne toutes ces législations en suspens, a assuré Mme Kachikho, le Gouvernement reste pleinement acquis à l'idée d'éponger, après les élections de mai prochain, les retards pris par le Parlement. À cet égard, la Ministre a exprimé le souhait que la législation concernant les enfants serait transcrite en loi. Elle a en outre indiqué que le Malawi avait engagé le processus visant à ratifier les deux Protocoles se rapportant à la Convention.

Le Plan national d'action pour les enfants reste à parachever et le Gouvernement entend faire en sorte que ce Plan serve de cadre d'application pour la politique globale de protection de l'enfant, qui se trouve actuellement à un stade avancé de développement, a poursuivi Mme Kachikho. En l'absence de Plan national d'action pour les enfants, a précisé la Ministre, le Gouvernement continue pour l'heure d'appliquer un Plan national d'action pour les orphelins et les enfants vulnérables ainsi qu'un Plan pour le développement des jeunes enfants. Il est prévu que, d'ici 2010, toutes les questions concernant les enfants relèveront d'une politique globale et d'un Plan national d'action pour les enfants, a insisté la Ministre.

Le Gouvernement met en œuvre un programme de protection sociale pour soutenir les groupes vulnérables, a par ailleurs souligné Mme Kachikho. Le taux d'accès aux services destinés à la petite enfance se situe actuellement à 30%, a-t-elle aussi indiqué, faisant valoir que si ce taux reste faible, il représente néanmoins un progrès par rapport au début des années 1990 où il se situait à 4%. Entre la période 2000/2004 et l'année 2007, le taux de mortalité infantile des moins de cinq ans est passé de 133 à 118 pour mille. La réduction de la mortalité infantile est à porter au crédit d'un meilleur traitement des maladies infantiles et d'une utilisation accrue de la vitamine A en tant que supplément alimentaire. Mme Kachikho a par ailleurs fait observer qu'au fil des ans, le Malawi est parvenu à assurer la sécurité alimentaire. Pour autant, la situation nutritionnelle des enfants du Malawi ne s'est pas améliorée: 48% des moins de cinq ans restent rachitiques et 22% n'ont pas un poids normal. En 2004, 53% des enfants étaient exclusivement allaités par leurs mères contre 45% en l'an 2000, a en outre indiqué la Ministre.

La question de l'eau potable et de l'assainissement constitue un grand défi pour le Malawi et reste le principal facteur contribuant au taux élevé de mortalité infantile dans le pays, mais aussi au fort taux d'absentéisme scolaire, a-t-elle poursuivi. Le Gouvernement déploie néanmoins des efforts pour remédier à cette situation. Ainsi, en 2007, 98% de la population urbaine du Malawi avait accès à des sources d'eau potable, et 68% en zone rurale.

En ce qui concerne la situation dans le domaine de l'éducation, la Ministre a indiqué qu'un pourcentage plus élevé de filles (84%) que de garçons (80%) était scolarisé, ce qui témoigne d'une amélioration sensible de la situation par rapport à ce qu'elle était en 2000. Le Malawi pense être en mesure d'atteindre à cet égard l'Objectif du Millénaire pour le développement qui vise un taux de 90% de scolarisation.

Afin d'éliminer les pratiques traditionnelles préjudiciables, le Gouvernement du Malawi a continué de renforcer les mesures de sensibilisation aux questions relatives à la violence et aux abus contre les enfants, par le biais d'une campagne de tolérance zéro à l'égard des violences faites aux enfants, a par ailleurs indiqué Mme Kachikho. Elle a en outre fait part de la mise en place de quatre tribunaux pour enfants dans le pays et a attiré l'attention sur l'augmentation du nombre de travailleurs sociaux œuvrant à la protection de l'enfant auprès des communautés.

La prévalence du VIH/sida au Malawi est d'environ 12%, a par ailleurs indiqué Mme Kachikho. Elle a souligné que le pays a consenti d'importants efforts pour mettre en place des structures et un cadre politique permettant de répondre effectivement aux défis que pose l'épidémie de VIH/sida.

Au nombre des défis auxquels reste confronté le Malawi, la Ministre a cité l'insuffisance des financements pour assurer une pleine application des programmes intéressant les enfants; le manque de coordination entre les parties prenantes; le manque de systèmes d'évaluation des programmes mis en place; la fragmentation des interventions en faveur des enfants et, partant, la couverture limitée de ces dernières; ou encore le caractère encore inadéquat des capacités institutionnelles et humaines visant à mettre en œuvre un programme global touchant aux enfants. Le Gouvernement du Malawi est engagé à relever ces défis, a conclu Mme Kachikho.

Le deuxième rapport périodique du Malawi (CRC/C/MWI/2) n'est disponible qu'en langue anglaise. Il indique notamment que la législation nationale a fait l'objet d'un examen en vue de l'élaboration d'un code sur les enfants qui reflète les principes généraux de la Convention, qui a mené à la présentation d'un projet de loi sur l'enfance portant sur les devoirs et les responsabilités des parents envers leurs enfants, les enfants ayant besoin de soins et de protection et la question de la tutelle; l'adoption; les pouvoirs et fonctions des tribunaux de justice pour enfants; les tâches et fonctions des autorités locales relatives à la justice et à la protection des enfants; et la protection des enfants contre les pratiques néfastes. Le rapport indique aussi que le Plan d'action national, lancé en 2005, tente de traduire quelques-uns des objectifs de développement du Millénaire dans la réalité. Les six domaines stratégiques du Plan sont d'améliorer les aspects suivants: l'accès des orphelins et autres enfants vulnérables à l'essentiel des services de qualité dans l'éducation, la santé, l'alimentation, l'eau et l'assainissement; l'enregistrement des naissances; la capacité des familles et des communautés en matière de soins aux orphelins et autres enfants vulnérables; le cadre juridique et de coordination afin de protéger les enfants les plus vulnérables; les capacités techniques, institutionnelles et humaines des principaux fournisseurs de services pour les orphelins et autres enfants vulnérables; la sensibilisation à tous les niveaux pour créer un environnement favorable aux enfants et aux familles touchées par la pauvreté et le VIH/sida. Jusqu'à présent, le Plan d'action national a été très efficace, avec quelques problèmes toutefois en matière de capacités, de formation et de coordination.

Examen du rapport

Observations et questions des membres du Comité

MME AGNES AKOSUA AIDOO, rapporteur du Comité pour l'examen du rapport du Malawi, a fait observer que le rapport présenté par le Malawi est très détaillé, fondé sur des analyses et autocritiques. Elle a rappelé que le Malawi est un pays sans littoral qui connaît un taux de croissance démographique élevé et qui fait partie des pays les moins avancés (PMA). Le pays est en outre confronté au défi d'une pauvreté persistante combinée à une forte prévalence du VIH/sida, a-t-elle souligné. Elle a notamment indiqué que 52% des plus de 13 millions d'habitants que compte le pays vivent en dessous du seuil de pauvreté; 22% vivent dans l'extrême pauvreté. Plus de la moitié des enfants vivent dans la pauvreté. L'économie du Malawi est essentiellement agricole, le tabac constituant le principal produit d'exportation, a par ailleurs fait observer Mme Aidoo. D'une manière générale, l'économie dépend fortement de l'aide internationale, a-t-elle ajouté.

Mme Aidoo a en outre relevé que l'impasse politique dans laquelle se trouve actuellement le Malawi affecte sérieusement les enfants. Elle a déploré l'absence de tout cadre législatif effectif ou adéquat permettant de faire valoir les droits de l'enfant. Un grand nombre de textes législatifs datant des années 2004/2005 restent à l'état de projets de lois et n'ont toujours pas force de loi, a-t-elle souligné, citant notamment le projet de loi global sur les enfants ou encore le projet de loi sur l'enregistrement des naissances. Aussi, faut-il espérer que les élections qui se tiendront dans le pays au mois de mai prochain permettront au Malawi de sortir de cette impasse politique et de retrouver le chemin de la bonne gouvernance, en particulier en adoptant le projet de loi sur les enfants.

Mme Aidoo a toutefois félicité le Gouvernement du Malawi pour les impressionnantes réformes constitutionnelles et législatives qu'il a entreprises afin d'harmoniser la législation et les lois coutumières existantes et souvent dépassées avec la Convention relative aux droits de l'enfant. Elle l'a également félicité d'avoir adopté diverses politiques nationales visant à promouvoir les droits et le bien-être de l'enfant, notamment la politique d'éducation, la politique de sécurité alimentaire ou encore la politique concernant le VIH/sida.

Mme Aidoo s'est ensuite enquise du degré de participation des organisations non gouvernementales dans la préparation du rapport du Malawi. Elle a en outre souhaité en savoir davantage sur la coordination des efforts publics destinés à promouvoir les droits de l'enfant. Le Malawi dispose-t-il de suffisamment de ressources, y compris en personnel, pour mener à bien cette coordination ? Mme Aidoo s'est en outre enquise de ce qui pourrait être fait pour renforcer la mise en œuvre de la Convention aux niveaux local et communautaire.

MME ROSA MARÍA ORTIZ, co-rapporteuse du Comité pour l'examen du rapport du Malawi, a souhaité savoir de quelle manière l'organisme en charge de la coordination de l'action en faveur des enfants veille à ce que les programmes intéressant les enfants élaborés au niveau national servent effectivement de lignes directrices pour les stratégies adoptées au niveau local. Aux fins de l'application adéquate du principe de non-discrimination, Mme Ortiz s'est ainsi enquise de la manière dont les autorités concernées travaillent avec les chefs traditionnels, qui ont un rôle important à jouer pour assurer la bonne application des principes de la Convention.


Un autre membre du Comité a souhaité savoir à quel moment il était prévu que l'enregistrement des naissances sera assuré également en zone rurale. Une experte a pour sa part demandé quels progrès ont été réalisés sur le terrain ces deux ou trois dernières années en matière d'enregistrement des naissances.

Bien que l'article 20 de la Constitution du Malawi interdise la discrimination, le pays connaît une situation assez discriminatoire du point de vue de l'égalité entre les sexes, en particulier à l'encontre des jeunes filles, a déclaré un expert. Il a souligné notamment les différences notables entre filles et garçons en matière de scolarisation ou encore le problème des mariages précoces. Une autre source de discrimination a trait à la situation des enfants handicapés, en faveur desquels peu de moyens sont mis à disposition, a poursuivi l'expert. Enfin, les enfants extrêmement pauvres - et en particulier parmi eux les enfants orphelins - sont également victimes de discrimination, a ajouté l'expert.

Les droits de l'enfant ne semblent pas occuper une place importante dans la stratégie globale du Gouvernement, a regretté un autre membre du Comité. Un autre a demandé si la Convention avait la primauté sur le droit interne. Relevant par ailleurs qu'une femme du Malawi qui se marie à un étranger perd sa nationalité, l'expert s'est inquiété des conséquences d'un tel mariage pour la nationalité des éventuels enfants de cette femme.

Un membre du Comité s'est enquis de la législation réglementant l'adoption d'enfants du Malawi à l'étranger. Il a aussi voulu savoir de quelle manière les autorités recueillent les données relatives à la traite de personnes dans le pays? Comment la traite des enfants est-elle définie dans la législation nationale, a-t-il également été demandé à la délégation?

Un membre du Comité a affirmé disposer d'informations indiquant que la qualité du système de justice en général reste médiocre, comme l'avait déjà relevé le Comité auparavant. Il semble par ailleurs que l'âge minimum de la responsabilité pénale soit actuellement fixé à sept ans et qu'il soit envisagé de le porter à dix ans ce qui, de toute façon, reste encore trop bas du point de vue du Comité.

Il n'existe pas de norme spécifique concernant les enfants qui permette d'assurer que la détention provisoire d'enfants reste l'exception, a en outre déploré l'expert. Quelles mesures sont prises pour favoriser la réinsertion sociale des enfants qui sortent des centres de détention, se sont enquis des membres du Comité? Quelles sont les causes de l'augmentation de la délinquance des jeunes enregistrée dans le pays, a demandé un autre membre du Comité? Faut-il les chercher dans la toxicomanie, dans l'abandon scolaire, dans le manque de perspectives offertes aux jeunes ?

Un membre du Comité a par ailleurs fait observer que la pratique en vertu de laquelle le Président détient un pouvoir discrétionnaire en matière de privation de liberté des mineurs ne permet pas d'offrir toutes les garanties adéquates à l'enfant en conflit avec la loi.

Étant donné que l'éducation n'est pas encore obligatoire mais reste volontaire, comme le reconnaît le rapport, nombre d'enfants se trouvent, en réalité, employés dans les industries du tabac et dans d'autres secteurs, ce qui ne va pas sans susciter des inquiétudes quant à une éventuelle exploitation du travail des enfants, a fait observer un membre du Comité.

Si l'instruction était obligatoire, cela permettrait de réduire considérablement le nombre d'enfants des rues, ont ajouté des membres du Comité.

Renseignements complémentaires fournis par la délégation

La délégation a rappelé que le Malawi se trouve dans une situation d'impasse politique qui est source de frustration, en particulier en ce qui concerne les travaux parlementaires. Il faut espérer qu'en 2009, grâce aux élections parlementaires et présidentielles qui doivent se tenir au printemps, de nombreuses questions pourront être réglées, a déclaré la délégation. Il n'en demeure pas moins que le Gouvernement actuellement en fonction n'a pas hésité, en attendant, à mettre en œuvre de nombreux programmes et politiques, comme par exemple le programme visant à offrir des repas à tous les enfants à l'école, afin d'assurer que le plus grand nombre d'entre eux se rendent effectivement à l'école primaire.

En ce qui concerne l'enregistrement des naissances, la délégation a rappelé qu'un projet de loi sur la question a été présenté au Parlement et qu'il existe un accord assez large sur les principes énoncés dans ce projet. Quant à savoir comment progresser dans ce domaine en attendant l'adoption de ce projet de loi, la délégation a rappelé qu'il existe déjà une loi sur l'enregistrement des naissances et des décès qui stipule que ces enregistrements ne sont pas obligatoires pour les ressortissants du Malawi mais uniquement pour les étrangers. Néanmoins, étant donné que rien dans cette loi n'interdisait l'enregistrement des naissances et décès des ressortissants du Malawi, un bureau a été mis en place à cette fin, a expliqué la délégation.

Il n'est pas vrai du tout qu'une femme du Malawi qui se marie à un étranger perd sa nationalité, a assuré la délégation. En revanche, il est vrai qu'il y a des complications et des défis qui se posent en ce qui concerne les enfants issus de telles unions, qui n'ont semble-t-il pas droit d'office à la citoyenneté du Malawi, a ajouté la délégation, précisant qu'il conviendrait peut-être de se renseigner plus avant sur la question.

Aujourd'hui, a par ailleurs indiqué la délégation, les autorités du Malawi s'efforcent d'adopter une approche beaucoup plus globale de l'ensemble des questions ayant trait au système d'instruction. Alors qu'elles se sont jusqu'ici concentrées sur l'éducation fondamentale primaire, les autorités ont intégré l'éducation secondaire et supérieure au plan d'action gouvernemental concernant le système éducatif.

Seuls 30% des enfants bénéficient actuellement des services destinés à la petite enfance et l'objectif du Gouvernement est de parvenir au moins à doubler ce taux, a par ailleurs indiqué la délégation. Jusqu'à présent, le nombre d'enseignants n'a pas été suffisant pour permettre d'améliorer la qualité de l'enseignement, a-t-elle ajouté. Il faudrait améliorer le ratio enseignants élèves qui se situe actuellement aux alentours d'un enseignant pour 90 élèves, a indiqué la délégation.

Les châtiments corporels sont interdits par la loi et ils ont été abolis dans les écoles, ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait pas quelques cas isolés, a reconnu la délégation, précisant que les châtiments corporels sont traités par la loi comme constituant des atteintes à l'intégrité physique des enfants.

Il existe quelques cas d'enfants se trouvant dans les prisons du Malawi, a par ailleurs reconnu la délégation. Dans toute la mesure du possible, on s'efforce de séparer ces enfants des adultes détenus, mais cela n'est pas toujours possible faute d'installations adéquates. Là où l'on dispose d'institutions pour mineurs délinquants, ceux-ci y sont prioritairement envoyés. En fait, on ne dit pas, au Malawi, qu'un enfant se trouve en prison mais qu'il est privé de liberté par le Président, qui dispose à cet égard d'un pouvoir discrétionnaire, a par ailleurs souligné la délégation. La loi stipule expressément que les enfants doivent être détenus séparément des adultes, a-t-elle insisté.


Répondant aux observations d'un membre du Comité, la délégation a affirmé que l'on ne peut qualifier de médiocre le système de justice pour mineurs du Malawi, car malgré les difficultés, des améliorations considérables y ont été apportées. Bien entendu, se pose encore et toujours la question des ressources, a-t-elle souligné. Mais il n'est pas question pour le Gouvernement de reléguer les droits de l'enfant au second plan; il s'agit là d'une question prioritaire, mais il existe aussi d'autres priorités pour le Gouvernement, a-t-elle précisé. Elle a ajouté que dans les systèmes de common law, on ne condamne pas un enfant; même si un enfant enfreint la loi, il n'est pas condamné. En fait, un enfant ne peut être inculpé dans le système en vigueur au Malawi. Or, au Malawi, il est arrivé qu'un enfant commette un homicide; le tribunal décrète alors que l'enfant doit être détenu, à la discrétion du Président. Ainsi, l'enfant est alors envoyé dans une institution de redressement adéquate. Ce système discrétionnaire a fait l'objet de nombreuses critiques et est donc surveillé de près, a précisé la délégation.

La délégation a indiqué que l'âge de la responsabilité pénale est de sept ans au Malawi et que des recommandations ont été faites en vue d'accroître cet âge à dix ans. Elle a par ailleurs souligné qu'en 2004, des recommandations avaient été présentées en vue de sensibiliser la population aux différentes formes de toxicomanie, y compris le tabagisme et l'alcoolisme. Suite aux campagnes qui furent menées dans la foulée, le taux de prévalence des toxicomanies s'est quelque peu réduit, a fait valoir la délégation. En outre, il s'est avéré que la pauvreté était un des facteurs de la criminalité, certains enfants commettant en effet des délits simplement pour se nourrir.

Répondant à des questions sur la situation des orphelins, la délégation a indiqué que lorsqu'il est question de placer un enfant dans un orphelinat, une enquête est menée pour évaluer la nécessité d'un tel placement. Avant de placer l'enfant dans un orphelinat, on s'assure qu'aucun membre de la famille de l'enfant n'est en mesure de le prendre en charge. Les orphelinats sont soumis à des inspections par les autorités de district – inspections auxquelles des organisations non gouvernementales peuvent également prendre part, a précisé la délégation.

Certaines cérémonies initiatiques donnent effectivement lieu à des formes d'exploitation sexuelle, a reconnu la délégation. En revanche, aucune indication ne porte à croire que des mutilations génitales seraient pratiquées dans le cadre de cérémonies initiatiques, a ajouté la délégation.

La délégation a par ailleurs admis que le Malawi pâtit d'un manque des services de réintégration des victimes de violences sexuelles. On considère néanmoins que la réintégration de ces victimes passe par leur réintégration dans leur famille et leur communauté.

En ce qui concerne la situation des enfants des rues, la délégation a insisté sur la nécessité de se pencher sur les causes de ce phénomène. Elle a en outre fait valoir les progrès réalisés dans ce domaine, nombre d'enfants des rues ayant pu être scolarisés.

L'âge minimum d'accès à l'emploi est actuellement de 14 ans au Malawi a indiqué la délégation.

La délégation a souligné que le Malawi se trouve sur la bonne voie pour ce qui est de la question de l'obligation scolaire puisque le pays entend promulguer une loi visant à rendre l'école obligatoire jusqu'à 18 ans.

Observations préliminaires

MME AGNES AKOSUA AIDOO, rapporteuse du Comité pour l'examen du rapport du Malawi, a jugé ouvert, riche et constructif le dialogue que le Comité a eu aujourd'hui avec la délégation du Malawi. Elle a souligné que ce dialogue a permis de prendre connaissance des efforts déployés et des difficultés rencontrées par le pays. Il faut espérer que grâce aux élections qui vont bientôt se dérouler au Malawi, tout va rentrer dans l'ordre et que les enfants du pays pourront ainsi bénéficier de tous leurs droits.

Le Comité est convaincu que le Malawi peut améliorer le travail réalisé en faveur des droits de l'enfant, afin de faire en sorte que ces droits soient véritablement promus, avec un Gouvernement qui pourrait jouer le rôle de chef de file en la matière, a déclaré Mme Aidoo. Il faudrait que le Malawi accorde la priorité aux droits de l'enfant et que les ministères concernés mettent clairement l'accent sur ce point, a-t-elle insisté.

Soulignant l'importance du cadre juridique dans la promotion des droits de l'enfant, Mme Aidoo a relevé que de nombreux projets de lois n'ont pas encore été promulgués et restent encore en suspens devant le Parlement. Il faut que le pays dispose d'une loi regroupant toutes les questions qui concernent les enfants, a-t-elle déclaré. Il est en outre indispensable que le Gouvernement alloue la plus grande part possible de ses ressources aux enfants, sans préjudice, bien entendu, de l'aide qu'il peut recevoir à cet égard de la part de la communauté internationale.

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