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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT EXAMINE LE RAPPORT DE L'ÉRYTHRÉE

02 Juin 2008

Comité des droits de l'enfant
2 juin 2008

Le Comité des droits de l'enfant a examiné, aujourd'hui, le rapport périodique de l'Érythrée sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

M. Lothar Krappmann, rapporteur du Comité pour l'examen de ce rapport, s'est étonné que dans une situation aussi critique que celle que connaît l'Érythrée, le Gouvernement décide d'expulser du pays des organisations humanitaires, y compris une organisation des Nations Unies, et entrave fortement les activités des organisations nationales, de sorte que celles-ci se retrouvent empêchées de fournir une aide adéquate aux enfants pauvres et sous-alimentés. Présentant des observations préliminaires, Mme Moushira Khattab, corapporteuse, a pour sa part souligné que, quels que soient les défis à relever pour l'État, les enfants doivent rester une priorité et le Comité ne peut à cet égard que conseiller à l'Érythrée d'investir davantage dans les enfants. Il faudra que le pays revoie sa législation et son droit coutumier afin d'assurer leur harmonisation avec la Convention, a ajouté Mme Khattab. Il faudra également que le pays s'efforce d'éliminer les disparités qui subsistent, notamment au niveau régional, et mette l'accent sur les groupes vulnérables. Le Comité encourage en outre l'Érythrée à travailler de façon étroite avec la société civile. Le Comité présentera, à l'issue de la session, vendredi prochain, ses observations finales sur le rapport de l'Érythrée.

La Ministre du travail et du bien-être de l'Érythrée, Mme Askalu Menkerios, a souligné que la situation «ni guerre, ni paix» qui caractérise le différend frontalier entre l'Érythrée et l'Éthiopie se poursuit, mais qu'en dépit de cette situation très grave, l'Érythrée a été en mesure de réaliser des progrès considérables en matière de développement, notamment dans les secteurs économique et social. Mme Menkerios a rappelé qu'en février 2005, le Gouvernement a signé les deux Protocoles facultatifs se rapportant à la Convention. En outre, un plan d'action national de lutte contre l'exploitation commerciale des enfants a été mis au point. La Ministre a par ailleurs fait part de la baisse substantielle qu'ont enregistrée les taux de mortalité maternelle et infantile. Le Gouvernement s'est par ailleurs engagé dans une transformation globale du système éducatif visant à accroître l'accès à l'éducation, à améliorer la qualité de l'enseignement et à réduire les gaspillages.

La délégation érythréenne était également composée de représentants des Ministères de la justice, de l'éducation, de la santé, du travail et du bien-être, ainsi que de la Mission permanente de l'Érythrée auprès des Nations Unies à Genève. Elle a répondu aux questions soulevées par les membres du Comité s'agissant, notamment, des problèmes liés à la corruption; de la situation des enfants handicapés; du droit de l'enfant d'être entendu; des disparités régionales; des questions d'éducation et de santé; de la réglementation en matière d'adoption; de la situation s'agissant du travail des enfants; ou encore de la justice pour mineurs. Elle a regretté en cours de journée que le tableau du pays dressé par les membres du Comité est très sombre et ne correspond pas vraiment à la situation du pays aujourd'hui.


Ce pays était le dernier à présenter un rapport au cours de la présente session du Comité, qui clôture ses travaux vendredi prochain, 6 juin, en rendant publiques ses observations finales sur tous les rapports examinés depuis le 19 mai dernier.


Présentation du rapport

MME ASKALU MENKERIOS, Ministre du travail et du bien-être de l'Érythrée, a rappelé que la situation «ni guerre, ni paix» qui caractérise le différend frontalier entre l'Érythrée et l'Éthiopie se poursuit. En dépit de cette situation très grave, l'Érythrée a été en mesure de réaliser des progrès considérables en matière de développement, notamment dans les secteurs économique et social. Le Gouvernement a mis au point et applique avec le plus grand sérieux une stratégie de sécurité alimentaire, a ajouté la Ministre. Ces différentes interventions visent à améliorer le niveau de vie de la population en général et le bien-être des enfants en particulier, a-t-elle souligné.

Depuis la présentation du rapport initial, le Gouvernement a continué de prendre des mesures appropriées pour mettre en œuvre la Convention, a poursuivi Mme Menkerios. Ainsi, le Gouvernement a adopté une «proclamation» qui interdit et sanctionne la pratique des mutilations génitales féminines et un plan d'action a été mis au point pour l'appliquer. Une autre «proclamation» a été adoptée qui vise l'interdiction de l'offre du tabac aux mineurs ainsi que la vente de tabac dans les institutions d'éducation. En février 2005, le Gouvernement a signé les deux protocoles facultatifs se rapportant à la Convention. En outre, un plan d'action national de lutte contre l'exploitation commerciale des enfants a été mis au point.

Mme Menkerios a d'autre part indiqué qu'un comité national composé de représentants de différents ministères a été mis sur pied afin de promouvoir une approche intégrée des programmes et politiques gouvernementaux à l'intention des enfants. Au niveau sous-régional, a-t-elle ajouté, une douzaine de comités de bien-être des enfants ont été créés pour traiter des questions en rapport avec les droits de l'enfant.

La Ministre érythréenne a par ailleurs fait valoir une baisse substantielle des taux de mortalité maternelle et infantile. Au niveau éducatif, le Gouvernement s'est engagé dans une transformation globale du système éducatif visant à accroître l'accès à l'éducation, à améliorer la qualité de l'éducation et à réduire les gaspillages. Un programme quinquennal de développement du secteur éducatif a été lancé en 2005 pour traiter de ces questions, a précisé Mme Menkerios.

Des efforts et des ressources considérables ont été orientés vers la protection de l'enfant, a déclaré le chef de la délégation érythréenne. Des programmes visant à traiter des problèmes des orphelins et d'autres groupes vulnérables ont été appliqués avec succès et des mesures importantes ont été prises en matière de justice juvénile, a-t-elle ajouté.

Le rapport périodique de l'Érythrée, (CRC/C/ERI/3: deuxième et troisième rapports réunis en un seul document) indique que pendant la période à l'examen, une des principales réalisations a été le renforcement de la coordination des politiques et des mécanismes de contrôle. En 2002 le Gouvernement a mis en place un Programme intégré de développement de la petite enfance, en collaboration avec la Banque mondiale et la Coopération italienne, afin d'assurer une approche intégrée de l'ensemble des politiques et programmes publics en faveur de l'enfance. Il a également développé les services de protection sociale au niveau sous-régional afin de coordonner et de surveiller la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Depuis l'examen du rapport initial de l'Érythrée, des activités importantes ont été menées dans les domaines de la protection de l'enfance, de la santé et de l'éducation. Les programmes destinés aux enfants vulnérables ont permis d'obtenir des résultats remarquables: 40 000 orphelins ont été rendus à leur famille élargie et 15 600 familles d'accueil vulnérables ont reçu des actifs générateurs de revenus. La politique menée par le Gouvernement en vue d'éviter le placement des orphelins en institution a été appliquée avec succès et s'est traduite par une baisse du nombre d'enfants vivant en institution, qui est passé de 1 500 en 2002 à 523 en 2005. L'égalité d'accès et l'égalité des chances pour les enfants handicapés sont devenues des réalités dans les 27 sous-régions où le Programme communautaire de réadaptation est actuellement mis en œuvre. Huit mille enfants handicapés ont bénéficié de ce programme dans leur communauté et 3 500 ont pu, grâce à la fourniture de dispositifs d'aide et à la fourniture de matériel scolaire, réintégrer des écoles ordinaires, indique par ailleurs le rapport.


Examen du rapport

M. LOTHAR KRAPPMANN, rapporteur du Comité pour l'examen du rapport érythréen, a indiqué que lors du dialogue que le Comité avait eu en 2003 avec l'Érythrée à l'occasion de l'examen de son rapport initial, il avait eu un sentiment partagé de profonde préoccupation face à la situation qui prévalait dans le pays tout en étant fortement impressionné par l'engagement et l'énergie dont avait fait preuve la délégation s'agissant de sa volonté de relever les défis pour surmonter une triste situation. M. Krappmann a également salué la position honorable des plus hautes autorités du pays qui souhaitent faire en sorte que l'Érythrée de dépende pas de la bonne grâce de donateurs. Néanmoins, a poursuivi le rapporteur, l'Érythrée n'est pas un pays bien doté de ressources naturelles; c'est un pays qui souffre de sécheresse, d'invasion de criquets et du fardeau de la guerre et qui est maintenant confronté à une situation de «ni guerre, ni paix». L'Érythrée, qui est déjà un pays pauvre, souffre en plus de destruction et de déplacements de populations aux effets dévastateurs.

Le rapport intermédiaire concernant les objectifs du Millénaire pour le développement considère comme insuffisants les progrès réalisés en matière d'éradication de la pauvreté. «Ce que je ne parviens pas à comprendre, a déclaré M. Krappmann, c'est que dans une situation aussi critique, un gouvernement décide d'expulser du pays des organisations humanitaires, y compris une organisation des Nations Unies, et entrave fortement les activités des organisations nationales, de sorte que celles-ci se retrouvent empêchées de fournir une aide adéquate aux enfants pauvres et sous-alimentés». «C'est difficile à croire et nous avons besoin de connaître votre commentaire à ce sujet», a déclaré M. Krappmann à l'intention de la délégation érythréenne. Rappelant que ces problèmes constituaient déjà une préoccupation lors de l'élaboration des observations finales du Comité de 2003, il a fait observer que depuis, les restrictions pesant sur le travail des organisations internationales ont été massivement étendues et s'appliquent aussi aux organisations non gouvernementales nationales. M. Krappmann a rappelé que la Convention consacre le droit à la coopération internationale et que l'Érythrée en la matière ne se retrouve donc pas dans un rôle de requérant.

M. Krappmann s'est défendu de vouloir donner l'impression qu'aucune évolution positive ne serait intervenue en Érythrée. Il a notamment salué la baisse des taux de mortalité infantile et maternelle enregistrée dans le pays, ainsi qu'une certaine augmentation des taux de scolarisation et la réduction du fossé entre les sexes, tout au moins dans certaines régions du pays. En outre, les informations fournies par l'Érythrée présentent un certain nombre d'informations intéressantes qui témoignent d'un certain nombre d'améliorations s'agissant notamment des services aux enfants handicapés et du soutien aux enfants vivant sous le seuil de pauvreté, aux enfants orphelins ou encore aux enfants des rues. Néanmoins, les chiffres font défaut quant aux enfants ou aux familles qui sont touchés par les programmes mis en place dans ces domaines, a relevé le rapporteur. Aussi, s'est-il enquis des efforts déployés par le pays afin de se doter d'un système adéquat de collecte des données permettant de se faire une idée précise de la situation des enfants.

M. Krappmann a enfin souhaité en savoir davantage sur les allocations budgétaires en Érythrée, y compris sur les dépenses militaires. Il a également souhaité connaître les commentaires qu'inspire à la délégation le rang occupé par l'Érythrée dans différents classements relatif au niveau de corruption des pays du monde.

MME MOUSHIRA KHATTAB, corapporteuse du Comité pour l'examen du rapport de l'Érythrée, a fait part de son étonnement de constater que la délégation que présente aujourd'hui l'Érythrée devant le Comité ne comprend aucun représentant du Comité national chargé de la protection des droits de l'enfant et de la coordination dans ce domaine.

Mme Khattab a ensuite relevé avec satisfaction que l'Érythrée présente ce rapport dans les délais prescrits. Elle a en outre félicité le pays pour les succès déjà rencontrés en matière de réduction du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Mme Khattab a fait observer que la situation internationale actuelle n'est favorable à personne eu égard, en particulier, à la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires et s'est donc enquise de la manière dont, dans un tel contexte, le pays entend utiliser les ressources dont il dispose pour venir en aide aux enfants et améliorer leur situation.

Mme Khattab a par ailleurs souhaité savoir ce qui a été fait pour améliorer les conditions des petites filles dans certaines communautés ethniques en Érythrée où sont notamment pratiqués des mariages précoces. Elle a relevé que le taux d'analphabétisme des petites filles atteignait 55%. D'une manière générale, il existe nombre de disparités entre les sexes mais aussi entre les régions, a poursuivi Mme Khattab. La seule université du pays se trouve à Asmara, a-t-elle rappelé. En outre, la plupart des hôpitaux, publics comme privés, se trouvent dans la capitale; hors de celle-ci, il est très difficile d'avoir accès aux soins de santé de base, a-t-elle fait observer. Que fait le Gouvernement pour accélérer le processus de décentralisation, ce qui permettrait de remédier aux discriminations dont souffre un certain nombre de populations pour ce qui est de l'accès aux services de base, a demandé la corapporteuse ?

L'intérêt supérieur de l'enfant est-il dûment pris en compte en Érythrée, notamment lors des affectations budgétaires, a demandé un autre expert ?

Un autre membre du Comité s'est enquis des mesures prises afin d'assurer un enregistrement adéquat de toutes les naissances dans le pays. L'enregistrement des naissances est-il gratuit en Érythrée, a demandé cet expert ?

Il semble que la liberté religieuse n'existe pas vraiment en Érythrée, où seules quatre religions semblent être reconnues et protégées, a fait observer un membre du Comité.

Dans quelle mesure les lois coutumières sont-elles appliquées dans le pays et qu'en est-il d'éventuelles incompatibilités entre ces lois et la législation nationale, a demandé un expert ?

La délégation de l'Érythrée a regretté d'emblée qu'il semble que certains membres du Comité n'apprécient pas pleinement les efforts déployés par l'Érythrée depuis l'examen de son rapport initial. Elle a affirmé avoir l'impression que l'on revient en arrière et que cela n'a rien à voir avec la situation actuelle réelle du pays. L'Érythrée n'est peut-être pas un pays aussi accablé que certains le laissent entendre, notamment en ce qui concerne ses ressources, a souligné la délégation, rappelant notamment que le pays a connu une certaine croissance de son PIB. La situation est certes complexe et parfois difficilement compréhensible, a admis la délégation. Mais l'Érythrée a mis sur pied un certain nombre de programmes à l'intention des personnes les plus vulnérables ou défavorisés, notamment à l'intention des réfugiés ou des personnes déplacées, a-t-elle fait valoir. L'Érythrée s'est en outre efforcée d'assurer sa propre sécurité alimentaire, a-t-elle souligné. Le Président de l'Érythrée a choisi la voie de l'autonomie, ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ait décidé de fermer la porte à toute assistance, a affirmé la délégation.

«Le tableau que vous avez dressé de notre pays est très sombre et cela ne correspond pas vraiment à la situation qui est aujourd'hui celle de l'Érythrée», a déclaré la délégation à l'intention des membres du Comité. Il serait souhaitable que le Comité mette l'accent sur des choses plus réalistes et plus positives et se fie à des informations actualisées. Il ne faut pas se fier uniquement aux informations que l'on trouve sur internet, où circulent toutes sortes d'informations plus ou moins fiables, a insisté la délégation, ce à quoi un membre du Comité a répondu que l'internet n'est pas la source d'information du Comité mais bien le rapport de l'État partie.

S'agissant des questions budgétaires, la délégation a assuré que le programme de protection sociale absorbe une part importante du budget national. Certes le budget militaire absorbe l'essentiel de nos ressources, mais la protection sociale reste au cœur de nos priorités, a-t-elle affirmé.

Répondant à la question relative à la corruption, la délégation a déclaré qu'elle ignorait d'où provenait l'information évoquée par une membre du Comité, mais a affirmé qu'il n'y a pas de phénomène de corruption en Érythrée.

La délégation a par ailleurs indiqué que le pays serait sans doute en mesure de fournir rapidement une date pour la ratification de la Convention n°138 de l'OIT sur l'âge minimum d'admission à l'emploi, car il n'y a pas de contradiction entre la législation interne et les dispositions de cet instrument. Cette ratification interviendra très rapidement, a assuré la délégation.

Il y a un peu plus de 23 000 enfants handicapés en Érythrée, a par ailleurs indiqué la délégation, rappelant que ce chiffre est mentionné dans le rapport. Elle s'est étonnée que les membres du Comité n'aient pas pris acte de ce qui est dit à leur sujet dans le rapport.

La délégation a par ailleurs pris bonne note de l'encouragement du Comité visant à ce que le pays se dote d'une institution nationale indépendante des droits de l'homme et a dit espérer pouvoir agir sans tarder dans ce sens.

Les enfants ont le droit d'être entendu et c'est une chose maintenant acceptée, en particulier dans les zones urbaines, a en outre affirmé la délégation.

Il n'y a pas actuellement de vide juridique en Érythrée, puisque le pays s'est doté, par exemple, d'un code civil de transition en attendant qu'un nouveau code civil – ainsi qu'un nouveau code pénal, d'ailleurs – soient adoptés, a fait savoir la délégation.

La délégation a par ailleurs souligné que la Constitution reconnaît les grandes religions historiques ainsi que le droit à la liberté religieuse. Néanmoins, sont apparues de très nombreuses religions nouvelles, qui ont proliféré et sont parfois manipulées de l'extérieur. Les religions doivent s'abstenir de s'immiscer dans la vie politique, a souligné la délégation. Les églises qui sont conformes à la législation et à la réglementation en vigueur peuvent être enregistrées, a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne les questions de discrimination, en particulier en rapport avec des disparités régionales, il est faux de prétendre que les hôpitaux sont concentrés à Asmara, a déclaré la délégation. Il y a six régions dans le pays et certaines d'entre elles ont été dotées d'un hôpital et du personnel adéquat au cours de ces dernières années, a-t-elle indiqué. La restructuration hospitalière va se poursuivre, a-t-elle assuré.

Un membre du Comité a estimé que l'une des raisons pour lesquelles les taux de scolarisation ne sont pas encore satisfaisants réside dans le fait que la moitié des écoles n'a ni eau potable ni toilettes. En outre, le taux d'abandon scolaire reste trop élevé, en particulier dans certaines régions. De plus, les classes accueillent fréquemment jusqu'à 60 élèves, a relevé l'expert.

Un autre membre du Comité a fait observer que les jeunes filles victimes d'abus et d'exploitation sexuelle sont souvent stigmatisées et ne peuvent plus se marier, ce qui les amène souvent à cacher ces situations lorsqu'elles en sont victimes.

Des enfants de moins de 18 ans peuvent-ils être admis à s'enrôler dans une école militaire, a par ailleurs demandé un expert?

Un autre expert s'est inquiété de la tendance inquiétante à la hausse enregistrée en Érythrée s'agissant des cas d'infections par le VIH/sida. De nombreux enfants orphelins du sida se retrouvent être chefs de foyer, a fait observer l'expert. Quelles mesures sont-elles prises pour enrayer cette progression? Qu'en est-il en outre de l'accès des enfants aux antirétroviraux, s'est également inquiété l'expert, relevant que seuls 64 des 200 enfants recensés comme étant infectés par le VIH/sida ont accès à ce type de traitement?

Un autre membre du Comité s'est enquis de l'âge minimum de la responsabilité pénale en Érythrée. Il semble en effet que les enfants de 15 à 18 ans en conflit avec la loi soient traités comme des adultes et que ceux âgés de 12 à 15 ans fassent l'objet de mesures spéciales lorsqu'ils sont reconnus coupables, alors que les enfants de moins de 12 ans ne sont pas pénalement responsables.

En 2003, le Comité se disait préoccupé par le nombre important d'enfants travaillant dans la rue ou dans des activités agricoles et domestiques en Érythrée, a rappelé un membre du Comité. Aussi, doit-on comprendre aujourd'hui que le problème a été réglé, a demandé cet expert ?

Il semble qu'il serait nécessaire pour le pays de légiférer en matière d'adoptions, tant nationales qu'internationales, a par ailleurs estimé un membre du Comité.

La délégation de l'Érythrée a indiqué que les jeunes âgés de 15 à 18 ans tombent sous le coup de loi applicable aux adultes. À quelques exceptions près, le Code pénal s'applique donc à ces jeunes délinquants, a-t-elle ajouté. Il n'y a pas encore de tribunaux spécifiquement consacrés aux enfants en Érythrée, a par ailleurs indiqué la délégation.

Revenant sur la question des disparités régionales et des discriminations qu'elles induisent, la délégation a affirmé qu'il s'agit là d'un héritage de la période coloniale. Comme il s'agit d'un problème profondément enraciné, on ne peut le traiter en peu de temps. Les disparités régionales ont toujours existé et elles ne pourront être réduites que sur le long terme, a insisté la délégation.

La délégation a souligné que l'Érythrée s'est dotée d'une politique nationale d'égalité entre les sexes assortie d'un programme d'action dans ce domaine.

Beaucoup de causes peuvent expliquer l'abandon scolaire et nombre d'entre elles sont étroitement liées à la pauvreté des familles, a ajouté la délégation, citant en particulier l'éloignement (distance importante entre le domicile et l'école) et le coût des transports. À l'heure actuelle, il est vrai que bon nombre d'écoles en Érythrée ne sont pas dotées de toilettes ni d'adduction d'eau, a reconnu la délégation.

En Érythrée, aucun enfant de moins de 18 ans n'est impliqué dans une quelconque activité militaire, pas même à caractère bureaucratique, a par ailleurs assuré la délégation. Il est interdit de faire le service national en dessous de l'âge de 18 ans, a-t-elle rappelé.

Il n'y a pas, à proprement parler, d'enfants qui travaillent en Érythrée, même s'il y a des exceptions, a par ailleurs déclaré la délégation. À quelques exceptions près, le travail des enfants est quasiment inexistant, a-t-elle insisté.

En ce qui concerne les questions d'adoption, la délégation a expliqué que les autorités érythréennes n'encouragent pas l'adoption, d'une façon générale. L'Érythrée ne souhaite donc pas qu'il existe dans le pays un système d'adoption étendu, à l'échelle internationale, a-t-elle ajouté.

Interrogée sur les mesures prises afin de prévenir les abus à l'encontre des enfants, la délégation a indiqué que malheureusement, pour l'heure, aucune ligne téléphonique spéciale n'a été mise à disposition des enfants dans ce domaine, de sorte que si les enfants victimes de tels abus ne se rendent pas dans les bureaux de la police, il n'est pas possible pour les autorités d'en avoir connaissance.

S'agissant des questions de santé, la délégation a souligné que le taux de mortalité infantile est en recul. Il y a environ quatre ans, a été mis en place, au niveau communautaire, un système de surveillance sanitaire des enfants, a-t-elle ajouté. Ce système s'est avéré très utile et depuis lors, le taux de mortalité infantile a enregistré une baisse très sensible, a insisté la délégation.

Malheureusement, le taux de mortalité maternelle, en revanche, reste relativement élevé, a poursuivi la délégation. Faire en sorte que les mères qui donnent naissance ne meurent plus reste l'un des objectifs prioritaires du Gouvernement, a-t-elle assuré.

Une campagne de sensibilisation à destination des enfants a été mise en œuvre concernant le VIH/sida, a par ailleurs indiqué la délégation.

La délégation a rappelé que l'Érythrée a mis en place un certain nombre de programmes de soutien en faveur de la réhabilitation, par exemple, des victimes du travail du sexe ou encore en faveur des enfants des rues ou des enfants orphelins.

Il est vrai que l'université d'Asmara n'accepte plus d'étudiants, a par ailleurs reconnu la délégation. Le Gouvernement a en effet pris l'initiative de créer une nouvelle université d'ici deux ou trois ans, ce qui accapare toutes les ressources, de sorte que l'université d'Asmara n'est actuellement plus en mesure d'accueillir d'étudiants. Il n'y actuellement plus d'étudiants dans cette université, a insisté la délégation; tous ceux qu'il y avait ont achevé leurs études.


Observations préliminaires

MME MOUSHIRA KHATTAB, corapporteuse du Comité pour l'examen du rapport de l'Érythrée, a remercié la délégation pour ses réponses face aux nombreuses questions soulevées par les experts. Sans préjuger de ce qui figurera dans les observations finales que le Comité adoptera ultérieurement à huis clos avant de les rendre publiques à la fin de la session, vendredi prochain, elle a rappelé que le Comité a pour habitude d'entrer dans les détails et de souligner tout ce qui reste encore à faire en faveur des enfants. Mme Khattab a assuré que le Comité est tout à fait conscient de la situation dans laquelle se trouve l'Érythrée.

Quels que soient les défis à relever pour l'État, les enfants doivent rester une priorité et le Comité ne peut à cet égard que conseiller à l'Érythrée d'investir davantage dans les enfants. Il faudra que le pays revoie sa législation et son droit coutumier afin d'assurer leur harmonisation avec la Convention. Il faudra également que le pays s'efforce d'éliminer les disparités qui subsistent, notamment au niveau régional, et mette l'accent sur les groupes vulnérables. Le Comité encourage en outre l'Érythrée à travailler de façon étroite avec la société civile et à lui accorder davantage d'espace, qu'il s'agisse des organisations non gouvernementales nationales ou internationales.

La discrimination existe et il faut veiller à éliminer toute discrimination à l'égard des groupes vulnérables ainsi que toute disparité régionale, a poursuivi Mme Khattab. Elle a également rappelé qu'au cours de ce dialogue, il a été question de certaines pratiques traditionnelles, notamment en matière de mariage, et de discrimination à l'égard des filles, ainsi que d'écarts entre garçons et filles en matière de scolarisation. Il a également été question de travail des enfants, a notamment ajouté Mme Khattab.

M. LOTHAR KRAPPMANN, rapporteur du Comité pour l'examen du rapport de l'Érythrée, a exprimé sa gratitude à la délégation pour toutes les informations qu'elle a fournies aujourd'hui et qui seront examinées avec soin par le Comité.

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