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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT ACHÈVE SON DIALOGUE AVEC LA DÉLÉGATION DU MOZAMBIQUE

22 Janvier 2002



CRC
29ème session
22 janvier 2002
APRÈS-MIDI


Le Comité des droits de l'enfant a achevé, cet après-midi, son dialogue avec la délégation du Mozambique, qui présentait son rapport initial. La délégation a notamment indiqué qu'en raison du taux important de prévalence du VIH/sida dans le pays, le taux de scolarisation pourrait chuter sensiblement d'ici la fin de la décennie. En outre, le corps enseignant pourrait, pour la même raison, perdre 17% de ses effectifs d'ici 2010.

Présentant de brèves observations préliminaires sur le rapport du Mozambique, un expert a indiqué que les observations finales du Comité aborderont des sujets de satisfaction mais aussi les nombreuses difficultés que rencontre le pays dans la mise en œuvre des dispositions de la Convention. Les observations finales du Comité seront adoptées en séance privée avant d'être rendues publiques à la fin de la présente session, le vendredi 1er février 2002.

En début de séance, la délégation du Mozambique, dirigée par le Vice-Ministre pour les femmes et la coordination de l'action sociale, M. Luciano André de Castro, a apporté aux membres du Comité des compléments d'information s'agissant notamment de la situation en ce qui concerne la violence contre les enfants; la santé, en particulier s'agissant du VIH/sida; l'éducation; le travail des enfants et l'administration de la justice pour mineurs.

Le Comité entamera demain matin, à 10 heures, l'examen du deuxième rapport périodique du Chili (CRC/C/65/Add.13).



Fin de l'examen du rapport du Mozambique

Plusieurs experts s'étant inquiétés des différences qui, au Mozambique, subsistent entre les sexes dans un certain nombre de domaines, notamment au niveau de l'éducation, la délégation a fait observer qu'en milieu urbain, il est mal accepté socialement que des parents n'envoient pas leur fille à l'école. Il n'en va pas de même dans les zones rurales où, traditionnellement, la jeune fille est confinée dans certains rôles.

Répondant à des questions sur les abus commis contre des enfants au sein de la famille, la délégation a fait observer que si la dénonciation de tels actes est possible en milieu urbain, grâce, par exemple, à l'intervention d'un voisin, la situation est différente dans les campagnes, notamment parce que des abus peuvent plus aisément être commis en dehors de la présence de témoins extérieurs à la famille.

S'agissant des questions de santé, la délégation a reconnu que les taux de mortalité maternelle et infantile sont très élevés au Mozambique. Les grossesses d'adolescentes semblent également constituer un problème dans le pays bien qu'il n'existe pas de statistiques précises, a reconnu la délégation. Pour ce qui est des avortements, ils sont interdits par la loi. Un programme de prévention concernant la santé reproductive de l'adolescente a été lancé en 1999, a néanmoins précisé la délégation.

La délégation mozambicaine a indiqué que le taux de prévalence du VIH/sida dans le pays se situe entre 12 et 15%, et ce taux continue d'augmenter. Afin de combattre ce fléau, un Conseil national de lutte contre le sida a été créé, a précisé la délégation. La politique mise en œuvre par le gouvernement dans ce domaine s'articule essentiellement autour de l'information du public, du renforcement du programme de planification familiale, et de la consolidation de la sécurité biologique dans les hôpitaux, a expliqué la délégation. On s'efforce en outre de réduire la transmission de la mère vers l'enfant, a souligné la délégation. D'après certaines études, a poursuivi la délégation, les taux de scolarisation dans le pays pourraient chuter de 3% d'ici la fin de la décennie en raison de l'épidémie de sida, les chiffres indiquant en outre que le corps enseignants pourrait, pour la même raison, perdre 17% de ses effectifs d'ici 2010.

Certaines régions du pays continuent de pratiquer des rites d'initiation visant à apprendre à la jeune fille comment se comporter en tant qu'épouse et au sein de la famille, a reconnu la délégation. Mais la mutilation génitale féminine est une pratique inconnue dans le pays, a-t-elle assuré.

Abordant les questions relatives à l'éducation, la délégation a rappelé que sept années de scolarité (de l'âge de six ans à l'âge de douze ans) sont obligatoires au Mozambique. Néanmoins, il est difficile de faire respecter cette disposition législative dans les faits car le pays manque de moyens, en particulier d'écoles, a expliqué la délégation. Si le Mozambique parvient globalement à assurer la gratuité de l'enseignement dans le primaire, cela s'avère beaucoup plus difficile dans le secondaire, a souligné la délégation. Le gouvernement s'est néanmoins fixé comme objectif, d'ici cinq ans, d'assurer la gratuité des manuels d'enseignement pour 70% des enfants issus des ménages pauvres du pays, a déclaré la délégation.

À l'issue du conflit armé qui a ravagé le Mozambique jusqu'en 1992, a poursuivi la délégation, le réseau scolaire avait été dévasté, de sorte que le pays a dû s'engager dans un processus de reconstruction d'écoles. Ce n'est que depuis 1998 que l'on peut dire que le pays a entamé un processus de développement qui devrait permettre d'atteindre l'objectif de scolarisation universelle. À l'heure actuelle, les taux de scolarisation s'avèrent globalement satisfaisants, a affirmé la délégation. Le pays compte aujourd'hui 7 000 écoles, dont l'état peut certes varier, mais ce nombre est plus de deux fois supérieur à ce qu'il était à la fin de la guerre.

En ce qui concerne le travail des enfants, la délégation a rappelé que la loi n'autorise pas l'emploi d'enfants de moins de 15 ans sauf cas exceptionnels requérant une autorisation spéciale du Ministère du travail. L'emploi d'enfants âgés de 12 à 15 ans est permis sous certaines conditions spécifiques, a par ailleurs expliqué la délégation. Étant donné qu'il est apparu que des enfants travaillaient dans le pays, notamment dans des travaux domestiques et agricoles, le gouvernement a mis en place une politique qui s'articule autour de trois axes: prévention, protection et réinsertion. Du point de vue de la prévention, l'objectif est de s'attaquer aux causes profondes du travail des enfants, parmi lesquelles la pauvreté figure en bonne place, a précisé la délégation.

Pour ce qui est de l'exploitation sexuelle de mineurs, a poursuivi la délégation, il a été constaté qu'un grand nombre d'enfants se livraient à la prostitution, notamment sur les grands axes routiers empruntés en particulier par les chauffeurs de poids lourds.

En ce qui concerne l'administration de la justice pour mineurs, la délégation a indiqué que le Code pénal en vigueur dans le pays est un héritage de la période coloniale, auquel certaines modifications ont néanmoins été apportées. L'âge minimum de la responsabilité pénale est fixé à 16 ans, a indiqué la délégation. Les mineurs de moins de 16 ans ne peuvent pas faire l'objet de poursuites pénales. Ils se voient adresser un simple avertissement s'ils ont enfreint la loi, a-t-elle précisé.

La délégation a reconnu que le Mozambique dispose de faibles ressources pour pouvoir assurer l'accompagnement et la réinsertion des enfants orphelins du sida.


Observations préliminaires sur le rapport du Mozambique

Présentant de brèves observations préliminaires sur le rapport initial du Mozambique, un expert a indiqué à la délégation qu'elle trouverait dans les observations finales du Comité des sujets de satisfaction mais aussi de préoccupation pour les experts à l'issue de cette journée d'examen de la situation des droits de l'enfant au Mozambique. Ainsi, les observations finales aborderont les nombreuses difficultés que rencontre le pays dans sa démarche de mise en œuvre des dispositions de la Convention. Le Comité suggèrera donc au pays d'entreprendre un certain nombre d'activités pour améliorer la situation. Bien entendu, le Comité ne s'attend pas qu'elles soient menées à bien du jour au lendemain, a souligné l'expert.


La délégation a assuré que cette journée d'examen du rapport initial du Mozambique a permis au pays de mieux comprendre les mesures qu'il devait pendre pour se conformer pleinement aux dispositions de la Convention.



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