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Communiqués de presse Organes conventionnels

DEVANT LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT, LE KENYA LANCE UN APPEL EN FAVEUR DE L'AUGMENTATION DES RESSOURCES VISANT À AIDER LES RÉFUGIÉS DANS LE PAYS

26 Septembre 2001


26 septembre 2001




Aux fins de la mise en oeuvre de la Convention, le Kenya est prié de trouver un compromis entre les diverses cultures et traditions du pays


Le Kenya ne dispose pas de suffisamment de ressources pour pouvoir nourrir tous les réfugiés qui se trouvent dans le pays: aussi, les autorités kényannes lancent-elles un appel à la communauté internationale pour que soient augmentées - et non pas réduites comme c'est actuellement le cas - les ressources destinées à venir en aide à ces réfugiés. Tel est notamment le message que la délégation du Kenya a souhaité faire passer cet après_midi alors que le Comité des droits de l'enfant achevait l'examen de son rapport. Une circulaire ministérielle a été adressée en mars dernier aux établissements scolaires qui interdit purement et simplement, au sein de l'école, les châtiments corporels qu'avait introduits une loi de 1972, a par ailleurs fait valoir la délégation.

Présentant en fin de séance des observations préliminaires sur le rapport du Kenya, un membre du Comité a notamment estimé que les deux principaux facteurs susceptibles d'entraver la pleine et entière mise en oeuvre de la Convention au Kenya sont, d'une part, le problème du financement de l'action en faveur de l'enfance et la situation économique difficile auxquels est confronté le Kenya et, de l'autre, le caractère multi-communautaire et multiethnique de la population. Sur ce dernier point, l'expert a expliqué qu'il est indispensable que le Kenya parvienne, aux fins de la mise en oeuvre des dispositions de la Convention, à trouver un compromis entre les différentes cultures et traditions qui prévalent dans le pays. Des projets viables ont d'ores et déjà été conçus qui tiennent compte de ces différences, a relevé l'expert.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur la mise en oeuvre, au Kenya, des dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant, avant de les rendre publiques à la fin de la présente session, le vendredi 12 octobre 2001.

En début de séance, la délégation kényanne, dirigée par M. W.W. Osundwa, Ministre adjoint au Bureau de la Vice-présidence et au Ministère des affaires intérieures, du patrimoine et des sports du Kenya, a apporté aux experts un certain nombre de compléments d'information en ce
qui concerne, notamment, l'enregistrement des naissances; les conflits tribaux de 1992 et 1997; les mesures de protection spéciale en faveur de l'enfance; les enfants accompagnant leur mère en prison; les châtiments corporels; les répercussions du programme d'ajustement structurel; la lutte contre la pauvreté; la situation des réfugiés; et les enfants victimes du sida.

Le Comité entamera demain matin, à 10 heures, l'examen du rapport initial du Sultanat d'Oman (CRC/C/78/Add.1).


Fin de l'examen du rapport du Kenya

La délégation kényanne, dirigée par M. W.W. Osundwa, Ministre adjoint au Bureau de la Vice-présidence et au Ministère des affaires intérieures, du patrimoine et des sports du Kenya, a souligné que le Gouvernement a décentralisé ses programmes en faveur de l'enfance du niveau national au niveau régional, en s'appuyant sur les comités consultatifs locaux pour l'enfance. Lorsque sera adopté le projet de loi sur les enfants (2001), les membres des comités consultatifs locaux seront intégrés au Conseil national pour l'enfance qui sera alors le principal organe chargé des droits de l'enfant au Kenya, a ajouté la délégation.

L'enregistrement des naissances, qui se fait par le biais du Bureau du Président, est obligatoire au Kenya depuis 1971, a rappelé la délégation tout en reconnaissant que le taux d'enregistrement reste relativement faible dans le pays. Les fonctionnaires ont le devoir de s'assurer que tous les enfants sont dûment enregistrés, a insisté la délégation. Pour ce qui est des naissances en zones rurales ou reculées, la délégation a reconnu que les communautés locales concernées n'ont pas encore été vraiment touchées par les campagnes de sensibilisation visant à promouvoir l'enregistrement des naissances.

En ce qui concerne les "conflits tribaux" qui sont intervenus dans le pays en 1992 et 1997, la délégation a reconnu que de nombreuses familles ont été déplacées suite à ces conflits. Le Gouvernement a alors lancé un appel aux donateurs afin qu'ils participent aux programmes de réinstallation de ces familles. Il est clair que la question de la terre se trouve au coeur de ces conflits tribaux, a précisé la délégation.

Revenant plus tard sur ces "conflits ethniques", la délégation a souligné que le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures juridiques et de sanctions "afin de résoudre le problème et d'éradiquer le mal à la racine". Des visites ont ainsi été opérées dans les zones concernées afin de promouvoir la réconciliation entre les diverses communautés. Ces conflits ont des causes à la fois politique et économique, a poursuivi la délégation avant d'ajouter que les déclarations de "certaines parties" avaient mis le feu aux poudres.

S'agissant des mesures de protection spéciale en faveur de l'enfance, la délégation a admis que le placement des enfants est une pratique qui, au Kenya, donne lieu à une certaine confusion avec l'adoption. Souvent, en effet, la famille d'accueil dans laquelle est placé un enfant croit qu'elle a adopté cet enfant.

La délégation a évalué à 700 enfants - et non à 7 000 comme cela a été affirmé ce matin par un expert - le nombre d'enfants accompagnant leur mère en prison. Au-delà de la polémique sur les chiffres, il est tout à fait inacceptable qu'un enfant accompagne sa mère en prison, a poursuivi la délégation. C'est pourquoi les services communautaires ont été développés afin de fournir une solution de rechange.

En ce qui concerne les châtiments corporels, la délégation a expliqué qu'ils ont été introduits dans les écoles en vertu d'un texte de loi datant de 1972. En 1997, le Ministère de l'éducation a envoyé aux écoles une circulaire précisant la manière de recourir aux "coups de canne" dans les écoles en respectant des normes strictes. Cette circulaire n'ayant pas donné les résultats escomptés, une nouvelle circulaire a été adressée aux établissements scolaires en mars 2001 qui interdit purement et simplement les châtiments corporels à l'école.

La violence à l'école n'est que l'expression d'une violence plus générale qui se manifeste également au foyer, a affirmé un membre du Comité.

La délégation a reconnu que les services publics n'ont connaissance que des seules violences qui constituent un acte criminel ou qui ont fait l'objet d'une plainte auprès des services de police. Il est donc vrai que la détection de la violence, notamment au sein des familles, est l'un des domaines où les autorités se doivent d'améliorer leur action.

La mise en oeuvre du programme d'ajustement structurel a compromis les actions destinées à promouvoir davantage encore les droits de l'enfant au Kénya, a fait observer la délégation. Elle a précisé qu'en définissant des priorités, le Plan national d'éradication de la pauvreté institue un filet de sécurité pour les groupes les plus vulnérables qui constituent la cible privilégiée de ce Plan.

En ce qui concerne la situation des réfugiés, la délégation a rappelé que le Kenya est entouré de pays qui connaissent des conflits depuis longtemps. Le Kenya ne dispose pas de suffisamment de ressources pour pouvoir nourrir tous les réfugiés qui se trouvent dans le pays, a-t-elle souligné. Or, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a réduit le montant de son aide aux réfugiés du Kenya. Aussi, le Kenya lance-t-il un appel pour que soient augmentées - et non pas diminuées comme c'est actuellement le cas - les ressources destinées à venir en aide aux réfugiés dans le pays.

L'exploitation sexuelle des enfants, y compris dans les camps de réfugiés, semble être un phénomène en plein essor au Kenya, a fait observer un membre du Comité.

Un expert a fait part de sa préoccupation face aux chiffres laissant apparaître qu'il y aurait 300 000 enfants de la rue au Kenya. Un autre expert a fait état de chiffres publiés par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) selon lesquels sur les 3,5 millions d'enfants qui travailleraient dans le pays, 18 000 travailleraient dans les rues. Par ailleurs, les enfants représenteraient dans certains secteurs 70% de la main-d'oeuvre, s'est inquiété un membre du Comité.

La délégation a indiqué que le pays compte un million d'orphelins du sida dont certains sont eux-mêmes séropositifs et vivent parfois dans la rue.

La délégation a reconnu avoir tout à apprendre en ce qui concerne les moyens qui permettraient d'éviter que les enfants n'aient accès ou ne soient exposés via internet à des contenus jugés inacceptables.


Observations préliminaires sur le rapport du Kenya

Présentant des observations préliminaires sur le rapport initial du Kenya, un membre du Comité s'est réjoui du dialogue franc et ouvert qui s'est noué tout au long de cette journée d'examen du rapport kényan.

Cet expert a salué la volonté du Gouvernement de parvenir à améliorer la situation des enfants dans le pays. Selon cet expert, les deux principaux facteurs susceptibles d'entraver la pleine et entière mise en oeuvre de la Convention au Kenya sont, d'une part, le problème du financement de l'action en faveur de l'enfance et la situation économique difficile auxquels est confronté le Kenya et, de l'autre, le caractère multi-communautaire et multiethnique de la population. Sur ce dernier point, l'expert a expliqué qu'il est indispensable que le Kenya parvienne, aux fins de la mise en oeuvre des dispositions de la Convention, à trouver un compromis entre les différentes cultures et traditions qui prévalent dans le pays. Des projets viables ont d'ores et déjà été conçus qui tiennent compte de ces différences, a relevé l'expert.

Ce même membre du Comité a affirmé qu'il serait judicieux que le Kenya adopte sans tarder le projet de loi sur les enfants (2001), sans omettre de faire appliquer sur le terrain l'ensemble des dispositions de ce texte. D'autres projets de loi moins exhaustifs mais peut-être plus précis pourraient par la suite être adoptés, a suggéré l'expert.

La délégation kényanne a remercié les membres du Comité pour avoir attiré son attention sur un certain nombre d'incohérences et de problèmes qui entravent encore la pleine et entière réalisation des droits de l'enfant dans le pays. Le Kenya consentirait tous les efforts nécessaires pour répondre aux préoccupations exprimées aujourd'hui par les experts, a assuré la délégation. Eu égard au manque de ressources dont pâtit le pays, le Kenya en appelle cependant au Comité et à toutes les instances compétentes pour soutenir les efforts que ce pays déploie, a conclu la délégation.



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