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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ÉLIT SON PRÉSIDENT ET LES AUTRES MEMBRES DE SON BUREAU

20 Janvier 2003



La Représentante permanente de la Jamahiriya arabe libyenne est élue Présidente de la session de 2003 de la Commission à la
suite d'un vote demandé par les États-Unis


La Commission des droits de l'homme a tenu ce matin la première séance de sa cinquante-neuvième session à la seule fin d'élire son bureau, conformément à une nouvelle procédure instaurée sur décision de la Commission lors de sa session de l'an dernier. Sur proposition du Groupe africain, c'est la Représentante permanente de la Jamahiriya arabe libyenne, Mme Najat Al-Hajjaji, qui a été élue Présidente à la suite d'un vote à bulletin secret de 33 voix pour, 3 contre et 17 abstentions. Le vote a été demandé par le représentant des États-Unis.
Faisant une déclaration après son élection, Mme Al-Hajjaji a notamment souligné que la Commission devait clairement montrer qu'elle comptait examiner les droits de l'homme dans tous les pays et non seulement dans certains. Elle a aussi affirmé la nécessité de tenir compte, dans ses activités, des différents contextes religieux, culturels et historiques dans le monde, tout en affirmant l'universalité, l'indivisibilité et la complémentarité de tous les droits de l'homme.
Le coordonnateur du Groupe africain, le Représentant permanent de l'Afrique du Sud, a regretté que les États-Unis aient demandé que l'élection de la candidate du Groupe africain soit soumise à un vote, rompant ainsi une tradition de 46 ans d'élections à l'unanimité du président de la Commission. Il a par ailleurs indiqué que, à la demande de la Présidente et pour ne pas entraver les travaux de la Commission, le Groupe africain acceptait pour sa part que l'élection du candidat proposé par le Groupe occidental à un poste de vice-président ne soit pas soumise à un vote.
Les autres membres du Bureau ont été élus à l'unanimité. Les trois Vice-Présidents de la Commission sont M. Prasad Kariyawasam, du Sri Lanka, M. Jorge Voto Bernales, du Pérou, et M. Mike Smith, de l'Australie. Le Rapporteur est M. Branko Socanac, de la Croatie.
Ouvrant la séance, le Président sortant de la Commission, M. Krzysztof Jokubowski, de Pologne, a rappelé que la décision d'élire le bureau avant la session de fond vise à renforcer la Commission en lui permettant de mieux préparer les travaux et ainsi lui permettre d'agir plus efficacement en faveur des droits de l'homme. Notant que la presse a beaucoup parlé de la réunion d'aujourd'hui consacrée à l'élection du bureau, M. Jokubowski a déclaré que chacun devra assumer ses responsabilités pour ses actes et a appelé les membres de la Commission, quel que soit le résultat du vote, à préserver la dignité au sein de la Commission et d'apporter tout leur appui au président qui sera élu.
Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, M. Sérgio Vieira de Mello, a pour sa part salué l'innovation qui consiste à élire le bureau et devrait permettre à la Commission de mieux préparer la session qui se déroulera en avril et en mars prochain. Il a en outre rendu compte de sa récente mission en République démocratique du Congo et en Angola. Il a souligné que cette visite en Afrique a renforcé sa conviction qu'il faut sans cesse redoubler d'efforts pour s'assurer que le travail effectué ici, à Genève, entraîne les effets escomptés, là où cela compte vraiment. Il a regretté l'ignorance très répandue au sujet des efforts menés en faveur des droits de l'homme et a invité à faire preuve de davantage d'ouverture à cet égard.
Déclarations
M. KRZYSZTOF JOKUBOWSKI, Président sortant de la Commission des droits de l'homme, a estimé que ce jour compte sans doute parmi l'un des moments clés de l'histoire de la Commission des droits de l'homme, ajoutant que ce qui est en jeu c'est l'objectif de paix et de justice de la Charte des Nations Unies, fondé sur le respect des droits de l'homme et le progrès économique et social. Il a rappelé que les rédacteurs de la Charte souhaitaient souligner que la paix mondiale et la prospérité doivent reposer sur le respect des droits de l'homme.
La Commission a toujours affirmé que les violations flagrantes des droits de l'homme ne sauraient être tolérées, quels qu'en soient les auteurs. Elle a élevé la voix contre le terrorisme, le fléau du monde contemporain. La Commission a défendu les droits économiques et sociaux, le droit au développement et l'égalité et la dignité de tous, partout dans le monde. Elle continue de le faire aujourd'hui et la décision d'élire le bureau avant la session de fond vise à renforcer la Commission, en lui permettant de mieux préparer les travaux et ainsi d'agir plus efficacement en faveur des droits de l'homme.
Notant que les médias ont largement fait état de la réunion d'aujourd'hui, M. Jokubowski a déclaré que chacun devra assumer ses responsabilités pour ses actes. Les membres de la Commission proposeront et choisiront. «Quel que soit le résultat, je vous lance un appel sincère : puissions-nous maintenir intacte la dignité de la Commission et, au bout du compte, faisons en sorte que nous puissions travailler ensemble pour la protection des droits de l'homme», a déclaré le Président sortant. Il a également demandé que les membres de la Commission donnent au nouveau président un bon départ, marqué par l'esprit de coopération et de dignité. Le nouveau président devra pouvoir aller de l'avant avec le consensus de la Commission.
M. SÉRGIO VIEIRA DE MELLO, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a souligné que c'était la première fois que la Commission se réunissait avant sa session de fond. C'est une innovation qu'il salue car elle devrait donner la possibilité de mieux préparer la session qui se déroulera en avril et en mars prochain.
Le Haut Commissaire a rappelé qu'il est rentré hier d'un voyage en République démocratique du Congo et en Angola. En raison de la réunion d'aujourd'hui il a malheureusement du reporter sa visite au Burundi. Le Haut Commissaire a dit avoir choisi l'Afrique et ces trois pays pour sa première mission sur le terrain parce qu'il lui semblait que le continent africain méritait une attention privilégiée. Il est porteur d'un espoir qu'il lui fallait reconnaître et encourager. Cet espoir est aussi une source de responsabilité.
M. Vieira de Mello a souligné que la République démocratique du Congo connaît une occasion unique, la première selon lui, de faire un choix entre d'une part la poursuite d'un conflit destructeur, dans lequel l'on assiste à des violations massives et répétées des droits de l'homme, à l'effondrement des institutions, à la misère et au pillage des ressources naturelles, et, d'autre part, une paix véritable ouvrant la voie à une transition permettant une véritable réconciliation, la fin de l'impunité et la construction d'institutions démocratiques. Il est vital que toutes les parties au conflit, y compris les pays voisins, mettent en oeuvre sans plus tarder l'Accord global et inclusif conclu à Prétoria le 17 décembre dernier. À cette fin, le Haut Commissariat a assuré le Gouvernement et les autres parties de son entière disponibilité dans la mise en oeuvre des articles de l'Accord relatifs à la promotion et à la défense des droits de l'homme.
En Angola, le Haut Commissaire a pu constater les dividendes immédiats de la fin des hostilités entre le Gouvernement et l'UNITA : les millions de personnes déplacées et de combattants démobilisés peuvent enfin rentrer chez eux et reprendre une vie normale. Le pays s'achemine aussi vers un processus électoral qui devrait jeter les fondations d'une nouvelle vie démocratique. Toutefois, pratiquement tout reste à faire ou à reconstruire et j'ai assuré le Gouvernement et la société civile de notre volonté de les assister dans le développement d'une culture, d'une politique et des institutions propices aux droits de l'homme, en pleine cohésion avec le reste du système des Nations Unies.
Le Haut Commissaire a souligné que cette dernière visite en Afrique a renforcé sa conviction qu'il faut sans cesse redoubler d'efforts pour s'assurer que le travail effectué ici, à Genève, entraîne les effets escomptés, là où cela compte vraiment. Toutefois, malgré les efforts impressionnants déployés dans la communauté de droits de l'homme à Genève, l'ignorance dans le monde en ce qui concerne à ce qui se fait en faveur des droits de l'homme le préoccupe vivement. Le Haut Commissaire a souligné qu'il nous revient à tous de faire preuve de davantage d'ouverture envers ceux dont on s'attache à promouvoir et protéger les droits.
Le Haut Commissaire a ajouté qu'une occasion unique s'offrait aujourd'hui à la Commission de démontrer qu'elle est capable de gérer rapidement, avec sagesse et modération, les questions de procédure afin de favoriser le meilleur climat possible dans ses travaux et créer les meilleures conditions pour traiter les nombreuses questions importantes de son ordre du jour.
M. SIPHO GEORGE NENE (Afrique du Sud), a souligné que la demande de vote concernant la candidate du Groupe africain place la Commission, et le Groupe africain en particulier, dans une position très difficile et peu enviable. Il est regrettable que la délégation des États-Unis ait choisi de démontrer ainsi qu'elle n'appuie pas notre candidate, a déclaré M. Nene.
Le représentant du Groupe africain a regretté que la pratique, vieille de 46 ans, qui consiste à élire le président de la Commission à l'unanimité ait été violée aujourd'hui. Le droit, pour les Groupes régionaux, de présenter les candidats de leur choix devrait être respectée sans opposition.
Le Groupe africain appelle les membres de la Commission à élire leur président par une large majorité.
MME NAJAT AL-HAJJAJI, Présidente nouvellement élue de la Commission, a souligné l'importance de la réunion d'aujourd'hui, deux mois avant l'ouverture normale de la session annuelle de la Commission, car elle devrait permettre au Bureau de se mettre au travail de façon efficace et organisée. Son pays est un pays africain de culture islamique; a rappelé la Présidente, qui a ajouté que les femmes jouent un rôle important dans la vie quotidienne du pays et au sein de l'État, et que la Jamahiriya arabe libyenne s'inspire des principes des Nations Unies. Mme Al-Hajjaji a assuré les membres de la Commission qu'elle déploierait tous ses efforts pour donner suite à de nouvelles idées et initiatives.
La Présidente a rappelé que l'ordre du jour de la Commission était chargé et qu'elle aurait besoin de la pleine participation et de la coopération de chacun des membres de la Commission ainsi que des observateurs, des organisations non gouvernementales et du Secrétariat. Tous ont pour tâche d'affirmer l'universalité, l'indivisibilité et la complémentarité des droits de l'homme et de sauvegarder la crédibilité de la Commission. Il faut faire passer le message à ceux qui observent les travaux de la Commission et attendent les résultats de ses travaux que la Commission examinera les droits de l'homme dans tous les pays et non seulement dans certains d'entre eux; qu'elle tiendra compte, dans ses activités, des différents contextes religieux, culturels et historiques dans le monde, tout en affirmant l'universalité, l'indivisibilité et la complémentarité de tous les droits de l'homme.
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