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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DEBAT SUR LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE ET LA XENOPHOBIE

21 Mars 2002



Commission des droits de l'homme
58ème session
21 mars 2002
Soirée



En cette Journée internationale pour
l'élimination de la discrimination raciale,
l'accent est mis sur la nécessité d'assurer le suivi de
la Déclaration et du Programme d'action de Durban



Alors que se termine la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, la Commission des droits de l'homme a poursuivi, ce soir, son débat sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toutes les formes de discrimination. Dans ce cadre, elle a notamment entendu les déclarations d'une vingtaine d'États.
Les intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d'action adoptés lors de la Conférence mondiale contre le racisme qui s'est tenue à Durban l'an dernier ainsi que sur la nécessité d'assurer le suivi de cette Conférence. Il a notamment été suggéré que le Haut Commissariat aux droits de l'homme convoque une série de réunions nationales, régionales et internationales afin d'examiner les résultats de Durban, ce qui devrait mener à la convocation d'une conférence de suivi.
Plusieurs orateurs ont souligné que l'inégale répartition des richesses à travers le monde figure au nombre des facteurs que l'on retrouve à la source des phénomènes de racisme et de discrimination raciale. Le développement socioéconomique est l'instrument le plus efficace de lutte contre le racisme et la discrimination raciale, a-t-il été affirmé.
Il a par ailleurs été recommandé d'intégrer une perspective soucieuse d'équité entre les sexes dans l'élaboration et la mise en œuvre de mesures de prévention, d'éducation et de protection visant l'éradication du racisme. Certains ont fait part de leurs préoccupations face à l'adoption récente, par certains pays industrialisés, de législations dont l'application implique la négation de libertés civiles et politiques importantes, en particulier s'agissant de leur impact sur la protection des droits des immigrants et des requérants d'asile.
Le Président du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, M. Ion Diaconu, est également intervenu pour souligner que son Comité vient d'adopter une recommandation générale sur le suivi de la Conférence de Durban et qu'il a décidé de tenir lors de sa session d'août prochain un débat sur le thème de la discrimination fondée sur l'emploi et l'ascendance.
Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations : Espagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Pakistan, Costa Rica, Cuba, Chine, Mexique, Inde, Guatemala, République arabe syrienne, Équateur, République tchèque, Uruguay, Indonésie, Thaïlande, Zambie, Algérie, Norvège, Iraq, République islamique d'Iran et Lituanie. L'Observateur du Saint-Siège a également pris la parole ainsi que les représentants de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
La Commission poursuivra demain matin, à 10 heures, son débat sur le racisme.

Débat sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie
M. JOAQUIN PEREZ-VILLANUEVA Y TOVAR (Espagne, au nom de l'Union européenne et des pays associés) a souligné que la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée – qui s'est tenue à Durban l'an dernier – a été la première grande conférence des Nations Unies sur ce thème à adopter par consensus une Déclaration et un Programme d'action sur ces questions. Pour autant, l'intolérance et les manifestations de racisme et de discrimination raciale sous leurs diverses formes sont des réalités quotidiennes malheureusement encore très présentes à travers le monde. Le représentant espagnol s'est réjoui que le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale ait récemment décidé de tenir un débat thématique sur la question de la discrimination fondée sur l'emploi et l'ascendance. En effet, ce type de discrimination non seulement empêche la pleine jouissance des droits de l'homme mais en plus elle constitue une menace pour les sociétés démocratiques et leurs valeurs fondamentales.
Le représentant de l'Union européenne a par ailleurs souligné qu'en matière de racisme et de discrimination raciale, il est indispensable de mettre l'accent sur la prévention, notamment par le biais de l'éducation et de la formation. Toute doctrine de supériorité raciale est scientifiquement fausse, moralement condamnable, socialement injuste et dangereuse et doit être rejetée, a poursuivi le représentant. À cet égard, il a mis l'accent sur la responsabilité toute particulière qui incombe aux politiciens et aux partis politiques en matière de prévention de la propagation d'idéologies racistes. Le représentant a par ailleurs attiré l'attention sur la directive adoptée par l'Union européenne visant l'interdiction de la discrimination raciale et ethnique dans une vaste gamme de domaines et a rappelé la directive adoptée par l'Union s'agissant de l'interdiction de la discrimination (fondée sur la religion ou la croyance, le handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle) dans le domaine de l'emploi.
M. IMTIAZ HUSSAIN (Pakistan) a évoqué le caractère urgent que prend maintenant l'application de l'importante Déclaration et Plan d'action de Durban, eu égard en particulier aux constantes violations des droits de l'homme et devant la montée inquiétante de l'islamophobie suite aux attentats du 11 septembre. Le Gouvernement pakistanais estime donc important que soit entretenu l'esprit de Durban, et que la Commission prenne des mesures pour lutter contre la discrimination raciale et religieuse à l'encontre des musulmans, contre les campagnes de diffamation contre l'islam et pour assurer la protection des minorités et populations migrantes de confession musulmane.
Toujours dans le contexte de l'après-Durban, le gouvernement pakistanais estime que la présente Commission devrait: proposer la définition d'un mandat pour la désignation des cinq experts indépendants; établir une liste d'ambassadeurs de bonne volonté susceptibles de promouvoir les droits de l’homme; prendre des mesures pour améliorer les méthodes de travail et la composition du personnel au sein du Haut-Commissariat dans l'optique de l'application de la Déclaration et Plan d'action de Durban; s'assurer que les activités conjointes de l'UNESCO et des organisations non gouvernementales dans la recherche sur le racisme reflètent l'esprit de Durban; l'instauration de groupes de travail intergouvernementaux pour améliorer la qualité du travail accompli; établir d'un groupe de travail sur les droits des personnes d'ascendance africaine; dégager enfin les moyens d'assurer la mise en œuvre effective de la Déclaration et Plan d'action de Durban.
En conclusion, le représentant du Pakistan a précisé que son gouvernement se ralliait aux conclusions du Rapporteur spécial en ce qui concerne les résultats de la conférence de Durban, et qu'il souhaitait que soient maintenant prises des mesures concrètes pour appliquer la Déclaration et Plan d'action définis à Durban.
MME NORA RUIZ DE ANGULO, (Costa Rica), a constaté que la globalisation du monde économique, social et culturel et la confirmation d'une conscience planétaire est aujourd'hui une réalité. Elle a constaté que dans ce contexte de tension entre le global et le local, entre l'intégration et la fragmentation, de nouveaux conflits et de nouvelles menaces pour la sécurité mondiale font leur apparition et que ces cassures des civilisations aggravent les tensions. Elle a déclaré que ces nouveaux phénomènes exigent des réponses nouvelles et que la prévention de leurs causes est une mesure absolument nécessaire. Elle a affirmé qu'il est faut accepter et reconnaître l'individu et les particularités.
La représentante a souligné l'importance de la Conférence de Durban pour prévenir et combattre le racisme, la xénophobie, les discriminations raciales et toutes formes annexes d'intolérance, en particulier dans le monde de l'après 11 septembre. Elle a confirmé que son pays s'engage pleinement dans les efforts pour mettre en œuvre la Déclaration et Plan d'action de Durban. Elle a rappelé, à cet égard, que son pays a exprimé publiquement son regret pour les erreurs faites dans le passé à l'égard des populations minoritaires. Son pays reconnaît que la diversité et la coexistence pacifique constituent un enrichissement social, culturel, économique et humain.
M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a souligné qu'à l'avenir, Cuba continuera d'insister pour que l'esclavage et le commerce transatlantique des esclaves soient déclarés crimes contre l'humanité et pour que les victimes de ces pratiques ainsi que les victimes du colonialisme et de l'exploitation génocidaire des populations autochtones reçoivent les réparations et les compensations qu'elles méritent. Il est incontestable que c'est dans le monde développé que les manifestations de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie prennent le plus d'ampleur et les formes les plus perfides. En Europe occidentale et orientale, ainsi qu'en Amérique du Nord, les idées d'extrême droite et les idées néo-fascistes ont gagné du terrain.
La lutte contre le terrorisme ne peut être menée au moyen de règles par lesquelles des groupes au pouvoir dans les instances tant nationales qu'internationales imposent leur domination. Cuba est préoccupée par l'adoption récente, de la part de certains pays industrialisés, de législations dont l'application implique la négation de libertés civiles et politiques importantes. À cet égard, est particulièrement préoccupant l'impact que ces législations auront sur la protection des droits des immigrants et des requérants d'asile. L'entrée en vigueur de telles législations ne pourra qu'exacerber encore davantage le racisme et la xénophobie, a affirmé le représentant cubain. Il a souligné que si divers facteurs sont à l'origine des manifestations de racisme, l'inégale distribution des richesses à l'intérieur des pays et entre eux, aggravée par la libéralisation des marchés et la mondialisation de l'économie sur la base de principes individualistes est, sans aucun doute, le principal facteur dans ce domaine. Aucun pays ne révèle une institutionnalisation aussi systématique du racisme que les États-Unis, a par ailleurs ajouté le représentant cubain. Aux États-Unis, le taux de mortalité des enfants afro-américains et indiens est de une fois et demie à deux fois supérieur à celui des enfants blancs. Cuba recommande donc à la Commission de demander aux États-Unis qu'ils cessent leurs violations massives et systématiques des droits de l'homme à l'encontre de leurs minorités et de leurs populations autochtones.
M. LA YIFAN (Chine) a rappelé que suite à la Conférence de Durban, la priorité sur l'agenda international est maintenant la lutte contre le racisme. Le Gouvernement chinois note avec satisfaction l'adoption de plusieurs résolutions contre le racisme par l'Assemblée générale, avec l'appui notable de la Communauté européenne et d'autres pays occidentaux, ce dont la Chine se félicite particulièrement. Le Gouvernement chinois espère encore que les moyens humains et matériels nécessaires seront mis à la disposition de la lutte contre le racisme.
Cependant, le délégué a fait remarquer que l'objectif est évidemment très loin d'être atteint, et que toutes les conférences du monde ne suffiront pas à elles seules à éradiquer le racisme. La communauté internationale doit prendre des mesures spécifiques en vue d'en éliminer les sources économiques, notamment. Quoi qu'il en soit, la Chine est satisfaite de constater qu'un large consensus existe au sujet du caractère urgent de cette lutte.
MME MARICLAIRE ACOSTA, (Mexique), a déclaré que, suite à la conférence de Durban, il est urgent d'avancer dans le renforcement de l'application des normes internationales au niveau national. Elle a estimé que seules ces règles sont en mesure de protéger les personnes appartenant à des groupes vulnérables contre la violation de leurs droits fondamentaux et contre des actes criminels. Le Mexique est convaincu que la Conférence de Durban a jeté les bases pour la protection des minorités dans le futur. Elle a souligné que le combat contre la propagation d'idées, de symboles, contre le sentiment de supériorité raciale doit être une des priorités de la communauté internationale. Elle a cité une étude faite au Mexique afin de réduire la discrimination qui montre que la discrimination en raison de la race, de l'ethnie ou de la religion est quelque chose qui apparaît partout dans le monde.
La représentante mexicaine a déclaré que la lutte contre la discrimination doit se faire sur plusieurs fronts, à savoir que les victimes doivent avoir accès aux possibilités de développement, à l'enseignement, et qu'il faut développer les institutions veillant à l'accomplissement des lois. Elle a souligné le sérieux effort fait dans son pays pour combattre les discriminations raciales. Elle a cité la formulation d'un projet de lois comportant des mesures contre la discrimination. Mme Acosta est convaincue de l'importance de doter la population des recours en cas de violations des droits de l'homme et que c'est le moyen d'avancer dans pour renforcer les mécanismes de protection des victimes. Elle a cité un programme national des droits de l'homme lancé par le gouvernement avec la coopération du Haut Commissariat aux droits de l'homme. La représentante a déclaré que le Mexique appuyait la création de mécanismes appropriés pour assurer un suivi aux décisions prises lors de la Conférence de Durban.
M. ION DIACONU, Président du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, a souligné que son Comité vient d'adopter une recommandation générale sur le suivi de la Conférence de Durban dans lequel il recommande aux États parties à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de prendre des mesures pour renforcer la mise en œuvre de cet instrument. Le Comité recommande en outre qu'une aide soit apportée aux États s'agissant de la préparation des rapports qu'ils doivent régulièrement présenter au Comité et de la surveillance de la mise en œuvre des recommandations du Comité. Pour sa part, le Comité s'engage à coopérer avec tous les organismes des Nations Unies dans le cadre de la mise en œuvre de son mandat. Le Comité a également adressé à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme une lettre dans laquelle il condamne les attentats du 11 septembre et s'engage à surveiller toute discrimination potentielle qui pourrait apparaître dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le terrorisme. Le Comité a par ailleurs décidé qu'il tiendra au mois d'août prochain un débat sur la question de l'ascendance.
M. RAMANATHAN KUMAR (Inde) a déploré les innombrables manifestations de racisme, de discrimination ou d'intolérance qui endeuillent de larges parties du monde. Les causes de cet état de fait ont de nombreuses sources, qu'il s'agisse de l'héritage colonial, des désordres causés par les disparités économiques ou encore l'absence de démocratie et d'état de droit. Le délégué a souligné la volonté inébranlable de l'Inde de lutter constamment contre ces fléaux.
Le délégué a ensuite estimé que le rôle des moyens de communication modernes, y compris l'internet, n'était pas malheureusement pas négligeable dans la propagation de ces idées et des atteintes à l'intégrité des États et des personnes qu'elles ne manquent jamais de susciter. L'Inde estime donc qu'un travail important doit être fait dans le domaine de l'éducation et de l'information afin que les jeunes générations soient sensibilisées à ces questions et ne soient pas la proie d'influences racistes. L'Inde se félicite donc particulièrement des dispositions de la déclaration de Durban qui traite des mesures de prise de conscience dans ces domaines.
M. ANTONIO ARENALES FORNO, (Guatemala), a déclaré que son pays s'efforce de mettre en action les principes décidés lors de la Conférence mondiale de Durban et de la conférence régionale de Santiago du Chili. S'agissant des peuples autochtones, son pays n'a pas encore adopté toutes les lois nécessaires pour reconnaître les droits collectifs des peuples autochtones. Il a déclaré que son pays reconnaît pleinement et sans restriction aucune l'identité des peuples autochtones, y compris leurs droits à l'autodétermination. Il a affirmé qu'au niveau national, la reconnaissance des peuples maya, xinca et garifuna est acquise.
Le représentant a estimé que la façon dont le thème du Moyen-Orient avait été abordé lors de la Conférence mondiale de Durban était totalement inacceptable et incompréhensible. Il a estimé que le traitement de cette situation ne faisait pas partie de l'ordre du jour de cette conférence, comportait des problèmes politiques et des thèmes non applicables à la situation comme celui des réfugiés, et que le plus inacceptable avait été ne pas avoir traité l'holocauste et l'antisémitisme. Il a affirmé que la minimisation de ces crimes pour en raison de sentiments racistes était une honte. Il a néanmoins reconnu que cette conférence avait donné de bonnes bases pour lutter contre le racisme et la discrimination.
M. FAYSAL HAMOUI (République arabe syrienne) a affirmé que la discrimination raciale et le racisme, sans parler de la xénophobie, ne font que croître à travers le monde, comme si la marche de l'Histoire allait à reculons. Nombre de peuples, y compris les peuples autochtones, souffrent de ce phénomène dangereux, a-t-il souligné. Quant au peuple palestinien et les populations du Golan syrien occupé et du Sud-Liban, ils subissent la discrimination raciale de la part des colons israéliens. Ces populations sont privées de soins de santé, d'éducation et de liberté de mouvement, a insisté le représentant syrien. L'islam est la religion de la tolérance et de la liberté, contrairement à ce que tentent de faire croire certains, a-t-il par ailleurs souligné.
M. JOSE VALENCIA AMORES (Équateur) a souligné que la législation de son pays plurinational et multiculturel réprouve totalement toute forme de racisme et de discrimination. Il a ajouté que, dans le droit fil des conclusions de la conférence de Durban, son gouvernement étudiait en ce moment même les modalités d'application du Programme d'action de Durban en fonction des particularités de la réalité équatorienne, en ce qui concerne par exemple les droits des peuples autochtones. Le délégué tient à souligner que, d'une façon générale, l'Équateur intégrera une référence aux acquis de la Conférence de Durban dans tous les mécanismes institutionnels en faveur des droits des migrants et des autochtones.
Enfin, sur un plan opérationnel, le délégué a déclaré que son pays approuvait la mise sur pied d'une base de données relatives aux activités de lutte contre le racisme et la discrimination raciale, proposition émise lors de la dernière Réunion régionale de Santiago du Chili.
M. JIRI DIENSTBIER, (République tchèque), a déclaré que son pays considère que, malgré les tensions, le document final de Durban constitue une base solide pour combattre le racisme, les discriminations raciales, la xénophobie et les violences qui y sont associées. Il a mentionné le fléau qu'est le terrorisme et a exprimé son souci de tenter d'agir au niveau de ses causes. Il a déclaré que son pays, du fait de ces événements, a adopté des mesures pour combattre l'extrémisme, le racisme et la xénophobie en appliquant les mécanismes de Durban au niveau national. Il a cité les mesures d'éducation, sociales, préventives contre l'extrémisme, la protection contre les discriminations sur le principe d'un traitement égal entre toutes les personnes et de punition d'actions extrémistes. La Conférence de Durban jette les bases pour des mesures contre le racisme et la discrimination, mesures qui sont à appliquer au niveau national. Il a estimé que ces mesures ont en outre le mérite de prévoir l'isolement qui est une des causes principales du racisme et de l'intolérance.
M. ALEJANDRO ARREGUI (Uruguay) a lu la déclaration faite par son pays lors de l'atelier régional sur les droits de l'homme qui s'est tenu à Montevideo (Uruguay) du 22 au 25 octobre 2001, réunissant les pays du Mercosur ainsi que la Bolivie et le Chili. Dans cette déclaration, l'Uruguay soulignait que la délégation uruguayenne s'était rendue à la Conférence de Durban forte d'une position nationale soutenue par l'État et par la société civile et contenue dans un document qui reconnaissait l'apport important des Afro-descendants, des immigrants et des autochtones dans la construction de la société uruguayenne et condamnait toutes les formes de discrimination, de racisme et de xénophobie, admettant l'existence d'une vulnérabilité sociale des groupes susmentionnés. Dans sa déclaration lors de l'atelier de Montevideo, l'Uruguay se disait convaincu de la nécessité d'approfondir les politiques d'action affirmative visant à rétablir l'équilibre nécessaire. Le représentant de l'Uruguay a par ailleurs rappelé que son pays est convaincu du rôle de l'éducation en tant que puissant moteur de transformation de la conscience collective.
M. DJISMUN KASRI (Indonésie) a déclaré que sa délégation est préoccupée au sujet de la montée du racisme dans les pays occidentaux. Il a aussi souligné qu'il convient maintenant d'appliquer les plans de lutte adoptés antérieurement et son gouvernement se félicite du Programme d'action adopté à la conférence du Durban, en dépit de ses insuffisances.
Le Gouvernement indonésien travaille silencieusement mais efficacement à l'actualisation de la législation sur la discrimination: d'archaïques lois coloniales seront ainsi remplacées par une nouvelle législation actuellement à l'étude. Mais l'État indonésien a déjà révoqué nombre de lois et mesures discriminatoires, particulièrement celles dirigées contre la minorité chinoise, par des actes juridiques adoptés en 1996, 1998, 1999 et cette année encore; le gouvernement est en train d'accorder la citoyenneté indonésienne à près de 140'000 apatrides d'origine chinoise établis dans le pays.
Concernant le rôle prépondérant que l'éducation doit jouer dans la prévention de l'intolérance, le délégué a enfin souhaité que plus de ressources soient dévolues à cet effet, au niveaux bien entendu national, mais aussi international. Pour sa part, le Gouvernement indonésien a augmenté de 19% le budget des programmes dans ce domaine.
MME ARJAREE SRIRATANABAN (Thaïlande), a mentionné l'importance de l'adoption par consensus de la déclaration de Durban et du programme d'action adopté lors de la conférence mondiale. Elle a estimé que ce document fournit des règles globales à la communauté internationale afin de combattre le racisme et toute autre forme de discrimination, avec une attention spéciale accordée aux groupes d'individus vulnérables. Elle a estimé que ces documents devaient être considérés comme des normes minimales et non comme un aboutissement. Elle a déclaré que c'est maintenant à tous les États d'appliquer ces directives.
La représentante thaïlandaise a déclaré que les événements du 11 septembre ont confirmé l'importance d'un ordre du jour de lutte contre la discrimination et le racisme. Elle a relevé l'importance de se pencher sur les racines du racisme et de l'intolérance pour combattre ces fléaux et que l'information, les techniques de communication, y compris les techniques de l'internet, devraient être utilisées pour appuyer ces efforts. Elle a souligné l'importance de l'éducation et de la prévention pour obtenir des résultats, en intégrant des programmes de lutte contre le racisme et la discrimination, ainsi que d'information sur les droits de l'homme. La représentante a affirmé la détermination de son pays à mettre en œuvre les stratégies décidées lors de la Conférence mondiale de Durban. Elle a rappelé qu'il est essentiel que la communauté internationale reste vigilante et surveille de façon régulière l'application des décisions de Durban au niveau national ainsi qu'au niveau international. Elle a finalement souligné la satisfaction de son pays suite à la mise en place d'une unité anti-discrimination au Haut Commissariat aux droits de l'homme ainsi que la mise sur pied, par le Secrétaire général, d'une équipe de cinq experts indépendants ressortissants des cinq groupes régionaux.
M. BONAVENTURA M. BOWA (Zambie) a rappelé que nous célébrons aujourd'hui la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. À Durban, le monde a été témoin de la division régionale qui existe sur la manière de comprendre les droits de l'homme. Cette division s'est clairement manifestée par des prises de position extrêmes adoptées par tous les groupes régionaux et qui ont failli torpiller la Conférence au détriment de millions d'individus auxquels les résultats de Durban devaient apporter des raisons d'espérer. Il n'est un secret pour personne qu'aucune excuse officielle n'a été présentée aux victimes du colonialisme, de l'esclavage et du commerce des esclaves par les États qui furent impliqués dans ces pratiques barbares. Or il ne fait aucun doute que l'esprit et le cœur des victimes ne pourront être apaisé en l'absence de toute excuse, a souligné le représentant zambien. Il a par ailleurs rappelé que l'Afrique continue de souffrir de toutes formes d'exclusion, en particulier d'une exclusion de l'ordre économique mondial.
Le représentant zambien a mis l'accent sur la nécessité de mettre en œuvre, au niveau national, des mesures effectives de suivi de la Conférence de Durban. À cet égard, la Commission devra jouer un rôle de dirigeant, a-t-il précisé avant de souligner que la création de l'Unité anti-discrimination au sein du Haut-Commissariat aux droits de l'homme constitue un pas dans la bonne direction. Il a par ailleurs suggéré que le Haut-Commissariat convoque une série de réunions nationales, régionales et internationales afin d'examiner les résultats de Durban, ce qui devrait mener à la convocation d'une conférence de suivi. La Zambie exhorte par ailleurs la communauté internationale à intégrer une perspective soucieuse d'équité entre les sexes dans l'élaboration et la mise en œuvre de mesures de prévention, d'éducation et de protection visant l'éradication du racisme.
M. LAZHAR SOUALEM (Algérie) a déclaré qu'il était capital de lutter contre toutes les tentatives de justification juridique, politique ou morale des manifestations de racisme et de discrimination, que ce soit par les politiques dites de préférence nationale ou par d'autres mesures d'autant plus pernicieuses qu'elles émanent de pouvoirs publics. Le délégué a également mis en garde contre les dérives racistes de certains médias agissant sous couvert d'une «liberté d'expression dévoyée».
Le représentant algérien a d'autre part vivement condamné les systèmes scolaires véhiculant des stéréotypes racistes; il a dénoncé les pratiques ségrégationnistes qui sévissent dans tous les secteurs de la vie publique. Il convient que des législations nationales antiracistes soient systématiquement adoptées et appliquées. Il faut aussi dénoncer les effets pervers de la mondialisation, laquelle accroît incontestablement le fossé entre riches et pauvres et contribue donc à la marginalisation d'une large part de l'humanité. M. Soualem a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle suive scrupuleusement les directives de la conférence de Durban, et qu'elle se préoccupe tout particulièrement de la concrétisation des engagements pris à cette occasion.
M. MARTIN TORE BJORNDAL, (Norvège), a déclaré que la Conférence de Durban a fourni des outils efficaces pour lutter contre le racisme. Il a souligné que la lutte contre le racisme devait être menée au niveau national, local et personnel et que cette lutte est une priorité pour son gouvernement. Il a cité quelques recommandations de Durban que son pays mettra en œuvre pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale, notamment la mise sur pied de législations contre le racisme et la discrimination. Il a affirmé que la discrimination est souvent le fait de l'ignorance et de la mauvaise information, c'est pourquoi le gouvernement a inclus dans les programmes d'enseignement des éléments d'éducation antiraciste et antidiscriminatoire .
Le représentant norvégien a mentionné l'importance des organisations non gouvernementales et des institutions nationales pour les droits de l'homme dans le combat contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance.
M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS (Banque mondiale) a déclaré que le développement socioéconomique est l'instrument le plus efficace pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale. Il a souligné que la protection et le respect des droits des minorités ne bénéficient pas seulement à ces minorités mais à nous tous, tant il est vrai que tous les droits sont liés. Le représentant de la Banque mondiale a également souligné que l'instabilité macroéconomique affecte en premier lieu les groupes minoritaires. Il a souligné que les objectifs fixés à l'issue de la Conférence de Durban ne pourront être atteints que si l'on s'efforce de favoriser un processus de réconciliation assorti d'engagements politiques sérieux aux niveaux national et international.
M. SAAD. A. O. HUSSAIN (Iraq) a dénoncé les tentatives visant à susciter le sentiment de haine contre les Arabes et les musulmans à la suite des événements du 11 septembre dernier. Il a aussi dénoncé les exactions anti-arabes qui ont eu lieu en Amérique et dans d'autres pays d'Occident. Le délégué iraquien a tenu à souligner la situation tragique du peuple iraquien, victime tout à la fois d'un embargo qui dure maintenant depuis onze ans, et d'attaques militaires qui sont autant de menées racistes et génocidaires contre le peuple iraquien, et qui ont déjà fait 1 600 000 victimes.
Le délégué iraquien a aussi évoqué la situation dans les Territoires occupés - où le peuple palestinien est en butte à des crimes contre l'humanité et à des actes de barbarie de la part de la puissance occupante israélienne. Il a aussi attiré l'attention sur le continent africain, premier à souffrir du racisme colonial et auquel les anciens colonisateurs devraient, sans doute, présenter des excuses et des compensations matérielles. Le délégué en a finalement appelé à la Commission pour qu'elle condamne les pratiques racistes, les embargos économiques et les agressions militaires.
MME ODILE SORGHO-MOULINIER (Programme des Nations Unies pour le développement), a déclaré que le PNUD a activement participé à la préparation de la Conférence mondiale de Durban contre le racisme. La représentante a cité les cinq domaines principaux dans lesquels agira le PNUD, à savoir poursuivre l'action en faveur des populations autochtones, soutenir le renforcement des dispositifs nationaux de lutte contre le racisme et prendre des mesures concrètes (actions préventives, accès aux médicaments, programmes d'éducation), s'attaquer aux causes des formes contemporaines de racisme, favoriser la mise en œuvre de mesures pour éradiquer le racisme au niveau international, national et régional, encourager l'adoption et la mise en application de stratégies visant une efficacité maximale.
Mme Sorgho-Moulinier a indiqué que le PNUD coopérera avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, l'unité anti-discrimination du Haut-Commissariat et les experts indépendants qui seront chargés de surveiller l'application des recommandations de la Conférence mondiale de Durban. Elle a souligné que le PNUD a besoin du soutien et de la coopération de la Commission pour mener à bien ce programme.
M. MOHAMMAD REZA ALBORZI (République islamique d'Iran) a affirmé que les recommandations faites à Durban dans un esprit de coopération doivent faire l'objet d'un suivi empreint de ce même esprit. Il s'est réjoui que la Troisième Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies ait adopté le document final de Durban mais a déploré les entraves mises par certains pays lors du processus d'approbation de ce document. Le document de Durban devrait être maintenu en vie grâce au fonctionnement du mécanisme de suivi qu'il prévoit, en particulier l'Unité antidiscrimination. Il faut en outre que la présente session de la Commission définisse clairement les fonctions et modalités de travail des cinq experts éminents provenant de tous les groupes régionaux, qui seront désignés par le Secrétaire général conformément à ce qui a été prévu à Durban. Il est regrettable que le document final de Durban ait omis de traiter de manière adéquate de l'un des exemples les plus évidents et flagrants de discrimination raciale à savoir celle dont sont victimes les Palestiniens qui sont privés de leurs droits en raison des pratiques raciales du régime israélien. Les attaques dont ont été victimes des Arabes et des musulmans dans certains pays après les événements tragiques du 11 septembre soulignent combien il est besoin d'intégrer dans notre vie quotidienne l'esprit et les recommandations de la Conférence de Durban, a déclaré le représentant iranien.
M. ALGIMANTAS RIMKUNAS (Lituanie) a expliqué que son pays, qui est un État-nation au sens habituel du terme, n'en héberge pas moins toute une série de nationalités et minorités, ce qui oblige son gouvernement à des efforts particuliers à leur intention. La législation de pays tient donc compte des besoins de ces minorités, et des organismes spécifiques ont été établis à leur intention, tels que le Programme d'aide au développement culturel des minorités nationales, ou encore le Programme pour l'intégration des Roms dans la société lituanienne. S'agissant de l'action ciblée en en faveur des Roms, le représentant lituanien a évoqué l'ouverture d'un centre d'accompagnement scolaire à leur intention. La Lituanie prend par ailleurs très au sérieux ses obligations découlant du devoir de mémoire: elle s'efforce ainsi de sensibiliser sa jeune génération à la question de l'Holocauste et à tous les événements tragiques de cette époque.
La Lituanie profitera enfin de sa présidence du Comité des Ministres du conseil de l'Europe pour faire évoluer le monde sur la voie de la réconciliation.
M. DIARMUID MARTIN, (Saint Siège), a déclaré que la lutte contre le terrorisme doit être une lutte en faveur de l'état de droit. Il a souhaité un renforcement du dialogue entre les religions. Il a déclaré que le succès de Durban donnait du courage. Chaque pays doit mettre en place des structures appropriées pour combattre le racisme et la xénophobie et promouvoir l'accès de tous à l'éducation. Il a relevé que les programmes nationaux doivent être rapidement mis en place afin de repérer les nouvelles formes de racisme et rester vigilants, de manière à éviter la progression de ce genre de manifestations. Il a cité les migrants souvent exposés aux violences raciales et xénophobes. Il a relevé que les tendances racistes ont toujours réapparu dans l'histoire et que chaque génération doit dire son «non» au racisme et construire son «oui» pour trouver la justice et la liberté.


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