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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME : 17 PAYS PRÉSENTENT LEURS POLITIQUES DE PROMOTION DE L'ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES ET DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE À L'ÉGARD DES FEMMES

09 Avril 2001



Commission des droits de l'homme
57ème session
9 avril 2001
Après-midi





La Commission des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, son débat sur l'intégration des droits fondamentaux des femmes et de l'approche sexospécifique, y compris la question de la violence contre les femmes, en entendant dix-sept délégations qui ont, pour la plupart, présenté les mesures adoptées par leurs gouvernements en matière de promotion des droits de la femme et de lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Plusieurs délégations ont en outre souligné que la perspective de l'égalité des droits entre les sexes doit être intégrée lors des différentes conférences des Nations Unies, en particulier la Conférence contre le racisme de Durban. Un grand nombre d'interventions ont en outre souligné la nécessité de redoubler d'efforts dans la lutte contre la traite des êtres humains, et notamment les femmes et les enfants, ainsi que de protéger les victimes des mutilations sexuelles.

Les pays suivants ont participé au débat : Suède (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Allemagne, Syrie, El Salvador (au nom du groupe des pays l'Amérique centrale), Norvège, Canada, Pakistan, Sénégal, États-Unis, Libye, Cuba, Indonésie, Chine, Vietnam, Fédération de Russie, Argentine et Japon.

Le représentant de l'Iran a exercé son droit de réponse dans le cadre de la présentation, ce matin, du rapport sur l'intolérance religieuse.


La Commission poursuivra, ce soir à partir de 18 heures, son débat sur l'intégration des droits fondamentaux des femmes et la question de la violence contre les femmes.



Suite du débat sur l'intégration des droits fondamentaux des femmes et de l'approche sexospécifique

M. JOHAN MOLANDER (Suède, au nom de l'Union européenne et des pays associés d'Europe centrale et orientale ainsi que de Chypre et de la Turquie) s'est dit encouragé par le fait que certains progrès aient été réalisés en matière d'égalité entre les sexes, même s'il reste incontestablement beaucoup à faire avant de pouvoir prétendre que les femmes du monde entier jouissent pleinement de leurs droits fondamentaux. Les femmes subissent encore des pratiques discriminatoires fondées sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l'opinion politique ou autre, l'origine sociale ou nationale, la propriété, voire le statut à la naissance. Les femmes sont en outre victimes de discriminations lorsqu'elles sont handicapées et subissent divers préjudices du fait de discriminations en raison de l'âge ou de l'orientation sexuelle. Toutes les formes de violences contre les femmes, notamment la violence domestique, subsistent encore dans nos sociétés, a souligné le représentant suédois. Les gouvernements doivent assumer leurs responsabilités et s'efforcer de prévenir les actes de violence contre les femmes et de punir leurs auteurs après enquête lorsque de tels actes sont commis. Relevant que la question de l'impunité de la violence contre les femmes dans le cadre des conflits armés a été abordée par le Statut de la Cour pénale internationale, le représentant suédois a exhorté tous les États à ratifier le Statut de Rome et à intégrer les principes qu'il énonce dans leur législation interne.

L'Union européenne estime en outre qu'il convient de se pencher sur la question des pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des femmes, notamment les mutilations génitales féminines et les crimes prétendument commis pour l'honneur, qui menacent la santé, la dignité et la vie des femmes et des fillettes. Les facteurs sociaux, culturels ou religieux ne sauraient être invoqués pour justifier des violations des droits humains des femmes et des fillettes. Les gouvernements devraient signer et ratifier la Convention internationale sur le crime transnational organisé ainsi que son protocole relatif à la prévention et à la punition du trafic des femmes et des fillettes. Des efforts supplémentaires devraient en outre être déployés afin d'assurer l'universalité de l'accès aux soins de santé primaire, notamment les soins de santé génésique, et afin de réduire les risques d'infection par le VIH/sida pour les jeunes et en particulier les jeunes filles. L'Union européenne exhorte en outre les États qui ne l'ont pas encore fait à retirer les réserves qu'ils ont émises à la Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes lorsque ces réserves sont incompatibles avec l'objet de la Convention ou avec le droit international des traités. Les États parties à la Convention devraient également envisager sérieusement de ratifier le Protocole facultatif à la Convention instituant un mécanisme de plaintes individuelles ainsi qu'une procédure d'enquête pour violations graves et systématiques des droits fondamentaux des femmes.

M. RUDOLF BINDIG (Allemagne) intervenant en tant que porte-parole du Comité parlementaire sur les droits de l'homme et l'aide humanitaire, a affirmé que la question du trafic des femmes et des fillettes revêt une importance particulière pour son pays car l'Allemagne est à la fois un pays de destination et un pays de transit du trafic des êtres humains. À cet égard, certains résultats ont pu être atteints au niveau des Nations Unies, avec l'adoption de la Convention pour la prévention du crime organisé transnational, ainsi qu'aux niveaux régional et national. L'élimination de la violence contre les femmes est bien sûr une question d'importance cruciale pour le progrès des droits des femmes, a poursuivi le représentant allemand. Il a déclaré que la pratique odieuse de la mutilation génitale doit être prohibée par la loi dans toutes les sociétés et combattue partout sans hésitation. L'Allemagne, a-t-il souligné, a mis en oeuvre des mesures visant à combattre la violence contre les femmes, adoptant notamment un plan national d'action sur la violence contre les femmes, et poursuit une politique de défense des droits des femmes sur le plan international. Il s'est enfin félicité de l'entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et exprimé le souhait du Parlement allemand que la Commission des droits de l'homme fera une importante contribution au renforcement et à la protection des droits de l'homme partout dans le monde.

M. TAHER AL-HUSSAMI (République arabe syrienne) a indiqué que les lois en Syrie mettent l'accent sur la famille, dont le pivot est la femme. Tous les droits des femmes, sans discrimination, sont inscrits dans la Constitution, qui assure l'égalité entre hommes et femmes. Les obstacles ont été levés pour lui permettre de participer à tous les niveaux de la société, a assuré le représentant. Les femmes syriennes représentent 50% des cadres de l'éducation et il y a deux ministres femmes au gouvernement, a-t-il fait valoir, ajoutant que la Syrie a été parmi les premiers pays à nommer une femme ambassadeur. La protection et la promotion des femmes s'inscrit dans le cadre éthique et moral du pays et la femme est favorisée et aidée dans toutes ses fonctions spécifiques. La femme syrienne assume son rôle social à travers la Fédération des femmes syriennes dont les statuts prévoient la coordination des actions pour éliminer tous les obstacles à une pleine et efficace participation des femmes dans la société. Des formations ont été mises en place pour lutter contre l'analphabétisme, ainsi que pour combattre certaines maladies. Le représentant a en outre évoqué l'organisation, avec la collaboration du Fonds des Nations Unies pour la population, d'un séminaire pour lutter contre la discrimination à l'égard des femmes. Les efforts de la Fédération des femmes syriennes ont été reconnus par les organisations internationales, a fait valoir le représentant. Il a ajouté que le Statut personnel a été amendé en 1975 pour donner davantage de droits aux femmes.

M. MIGUEL ÁNGEL ALCAINE CASTRO (El Salvador, au nom du Groupe des États d'Amérique centrale) a souligné que les autorités nationales des pays d'Amérique centrale ont mis au point une série de stratégies et de lignes de conduite visant le développement et l'intégration sociale de cette sous_région. Ils ont élaboré et appliqué des lois garantissant l'équité et l'égalité entre les habitants d'Amérique centrale. Ces pays ont en outre incorporé une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et dans tous les plans, programmes et projets mis au point par les organes nationaux et sous-régionaux. Enfin, l'accès des femmes au plein emploi, aux services de santé et à l'éducation est facilité. Le représentant salvadorien a insisté sur l'importance que les gouvernements d'Amérique centrale accordent à la santé et à l'alimentation des enfants, des femmes enceintes et des mères qui allaitent. Il est en outre indispensable de renforcer les programmes de prévention des maladies sexuellement transmissibles, notamment pour ce qui est du VIH/sida. À cet égard, les pays d'Amérique centrale font part de leur profonde préoccupation face aux coûts élevés des médicaments auxquels les groupes les plus défavorisés n'ont absolument pas accès.

Le représentant salvadorien a déclaré que les pays d'Amérique centrale, conscients de l'importance de la participation des femmes pour leur développement économique, ont décidé de promouvoir des politiques axées sur le principe du salaire égal pour un travail égal. Le représentant a par ailleurs fait part de la préoccupation des gouvernements de ces pays face au phénomène international du tourisme sexuel et de l'exploitation sexuelle des femmes et des fillettes - phénomène qui peut aboutir à des formes contemporaines d'esclavage. Le Groupe des pays d'Amérique centrale souhaite en outre attirer l'attention sur la faible croissance de la proportion de femmes nommées à la catégorie D-1 au Secrétariat des Nations Unies ainsi que sur la diminution du pourcentage de femmes nommées à la catégorie P-4, sans parler de l'absence totale de femmes occupant des charges de représentants ou d'envoyés spéciaux. Tenant compte des difficultés financières auxquelles est confronté l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme, l'Assemblée générale avait, en 2000, adopté une résolution approuvant, de manière exceptionnelle, une subvention pour que l'Institut puisse continuer à fonctionner durant l'année 2001. Il nous incombe aujourd'hui d'éviter la fermeture de cet Institut, a souligné le représentant salvadorien.

M. ROALD NÆSS (Norvège) a formulé le voeu que le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toute discrimination à l'égard des femmes sera un instrument efficace pour favoriser la mise en oeuvre de la Convention. À cet égard, il a déploré qu'on ne soit pas encore parvenu à la ratification universelle de cette Convention. Il a en outre souligné l'importance de prendre en compte la relation croisée entre la discrimination à l'encontre des femmes et des autres formes de discrimination dans les efforts visant à éradiquer ce problème. Il a souhaité que cette approche soit prise en compte dans la préparation de la Conférence mondiale contre le racisme. Il a aussi mis l'accent sur le lien entre la réduction de la pauvreté et la participation des femmes, mais aussi la protection et la réalisation des droits des enfants, estimant que l'investissement dans l'éducation des enfants, et en particulier des filles, est le meilleur moyen d'atteindre un développement humain équitable. Il a en outre estimé qu'il est essentiel que la promotion des droits de l'homme et d'une approche sexospécifique soient pris en compte dans la préparation de la session spéciale des Nations Unies sur le VIH/sida. Il a déploré les progrès insuffisants réalisés dans l'intégration de l'approche sexospécifique et indiqué que la perspective des droits de l'homme comme l'approche sexospécifique doivent être pleinement intégrées dans les différents processus et conférences des Nations Unies.

M. Næss a par ailleurs vivement soutenu la politique de «tolérance zéro» à l'égard de la violence sexuelle et s'est félicité des recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes en temps de conflit armé. La Norvège soutient également les efforts internationaux visant à éradiquer les pratiques traditionnelles telles que la mutilation génitale féminine. Elle estime que davantage d'attention devrait être accordée aux crimes d'honneur qu'il conviendrait plutôt d'appeler crimes de la honte et que tout doit être fait pour punir les auteurs de ces crimes et offrir une protection adéquate aux victimes. M. Næss a par ailleurs exprimé sa préoccupation face aux proportions dramatiques que prend le phénomène de la traite des femmes et des enfants et estimé que la volonté politique et la coopération internationale sont essentiels pour combattre ce fléau. À cet égard, il s'est félicité de l'adoption du Protocole pour prévenir, supprimer et punir la traite de personnes, mais souligné que le protocole seul ne garantira pas l'éradication de ces pratiques. Il a souligné l'importance du rôle de la société civile, et en particulier des organisations non gouvernementales, pour défendre les droits des femmes et estimé que la véritable démocratie suppose l'égalité des sexes dans le cadre de la loi et le respect des droits de l'homme.

MME MARIE GERVAIS-VIDRICAIRE (Canada) a souligné le rôle de la Haut_Commissaire aux droits de l'homme et son engagement en faveur des droits fondamentaux de la femme, mais elle a affirmé qu'on ne peut pas se satisfaire des progrès enregistrés, car la ratification universelle de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes n'est pas encore un fait accompli. À cet égard, le travail du Rapporteur spécial est essentiel pour faire reconnaître la violence contre les femmes et les petites filles comme une violation des droits de la personne et pour mobiliser les efforts contre la violence. L'an dernier, a_t_elle ajouté, la délégation canadienne avait souligné que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale était un outil essentiel pour la promotion et la protection des droits fondamentaux des femmes dans les situations de conflit armé. Il faut traduire les engagements en action concrète pour mettre un terme à l'impunité. La récente décision du Tribunal pénal international pour l'ex_Yougoslavie dans l'affaire Foca est important à cet égard, car il témoigne aussi des résultats concrets de l'attention portée aux questions sexospécifiques. Elle a ensuite encouragé tous les rapporteurs et représentants, les experts et les groupes de travail à intégrer une perspective sexospécifique à leur travail. Le Canada juge encourageante la collaboration croissante entre la Commission des droits de l'homme et la Commission de la condition de la femme.

MME ATTIYA INAYATULLAH, Ministre du développement, du bien-être social et de l'éducation spéciale des femmes du Pakistan, a estimé qu'il convenait de promouvoir une discrimination positive afin d'assurer la participation des femmes à tous les niveaux de la vie publique. Le Pakistan est en train d'édifier une démocratie fondée sur le droit, ce qui devrait permettre d'instaurer un environnement favorable à une meilleure participation globale des femmes, notamment en ce qui concerne leur représentation au niveau politique. Parmi les filets de sécurité sociale mis en place par le Pakistan, figure l'allocation dite «guzara» - qui protège les femmes vivant dans la pauvreté - ainsi qu'un programme d'aide alimentaire dont bénéficient 1,26 million de foyers.

La ministre a par ailleurs indiqué que son pays envisage sérieusement de signer et de ratifier le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Estimant en outre que l'égalité de salaires entre hommes et femmes est un droit, le Pakistan pense être l'un des prochains signataires de la Convention nE100 de l'OIT. La ministre a par ailleurs indiqué qu'un groupe de travail s'est vu confier l'examen de statut personnel musulman du Pakistan afin de le renforcer par l'adjonction des dispositions qui, entre autres, insistent sur le droit des femmes en matière d'héritage et simplifient la khula (droit au divorce). La violence contre les femmes est inadmissible, a par ailleurs souligné la ministre. Les auteurs de ce type de violence doivent être punis et les femmes qui en sont victimes doivent disposer de voie de recours, a-t-elle estimé. Elle a également souligné que le Pakistan s'efforce de remédier aux problèmes d'inégalité entre hommes et femmes dans l'éducation.

Abordant la question des crimes d'honneur, la Ministre a par ailleurs regretté que cette pratique barbare soit associée, à tort, aux sociétés islamiques. Ces crimes sont totalement incompatibles avec les États islamiques ou avec la religion de l'Islam, a-t-elle déclaré. Le Pakistan considère tous les crimes passionnels - y compris les crimes d'honneur - comme des meurtres, a rappelé la Ministre.

MME ABSA CLAUDE DIALLO (Sénégal) a déclaré que l'approche sexospécifique qui fait partie intégrante des stratégies de renforcement du pouvoir d'action des femmes, vise, en tout premier lieu, à assurer la parité entre les sexes. Cinq ans après Beijing, l'abolition des lois d'exclusion qui frappent les femmes ne suffit pas à faire disparaître l'une des plus anciennes formes de discrimination, celle fondée sur le sexe. Toutes les formes de violences doivent être combattues, a-t-elle ajouté, les inégalités entre hommes et femmes corrigées et l'égalité des droits, des responsabilités, des chances et des opportunités garanties si l'on veut atteindre l'objectif qui nous est commun de réaliser l'égalité entre les sexes et d'assurer la pleine et effective participation des femmes, sur un pied d'égalité avec les hommes. C'est à cette tâche que s'attelle le Sénégal, où des initiatives sont en cours dans le but d'harmoniser la législation nationale avec les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La volonté des Autorités sénégalaises est de s'occuper davantage de la situation des femmes et en particulier des femmes rurales. Ces femmes qui, dans le silence et la souffrance, assument de pénibles tâches domestiques et champêtres. Ce sont-elles qui élèvent 50% du cheptel, assurent 70% de la production vivrière et commercialisent 60% des produits agricoles des pays en développement. Elle a enfin souligné la nécessité et l'importance de l'intégration d'une perspective sexospécifique tant dans le processus préparatoire de la Conférence mondiale contre le racisme que dans les conclusions de cette conférence.

MME SHIRIN TAHIR-KHELI (États-Unis) a estimé que s'il n'y avait qu'une façon d'assurer la promotion des femmes, ce serait l'éducation, car l'éducation est la clé de l'avancement individuel, lui-même la clé de la croissance et du développement d'une nation. Partout où les femmes en ont eu l'occasion, elles ont prouvé ce dont elles étaient capables, amélioré le sort de leurs familles, de leurs communautés et de leurs pays. A contrario, partout où les femmes se sont vues dénier cette opportunité, leurs familles et leurs pays en ont été plus pauvres, a déclaré Mme Tahir-Kheli. Si les États-Unis n'ont pas accordé suffisamment tôt d'importance à la question des femmes, aujourd'hui aux États-Unis, les femmes franchissent de nouvelles barrières et assument de plus en plus de responsabilités et de positions dirigeantes, que ce soit dans les affaires, le gouvernement, l'université, les sciences, le droit, les médias ou les arts. Le fossé dans l'éducation entre hommes et femmes a été éliminé et de plus en plus de femmes occupent des postes de haut niveau dans l'administration, y compris en politique extérieure. Cela a eu un impact non négligeable sur la politique d'aide au développement des États-Unis qui financent de plus en plus de programmes pour l'avancement des femmes.

Mme Tahir-Kheli a en outre indiqué que les États-Unis accordent une attention considérable à la traite des êtres humains et en particulier des femmes et des filles contre laquelle le Congrès a adopté une loi en octobre dernier augmentant la peine pour les coupables, prévoyant des formations spéciales pour les forces de l'ordre et créant une nouvelle classification pour les victimes. Dans l'optique de la lutte contre ce phénomène également, la représentante a souligné l'importance de l'éducation, indiquant que les femmes doivent être informées des risques qu'elles encourent. Les États-Unis travaillent de concert avec divers groupes privés ou publics, nationaux ou internationaux afin d'assurer la protection des victimes. Toutefois, la traite n'est pas le seul abus que subissent les femmes et dans plusieurs endroits, une fille n'a simplement pas autant de valeur qu'un garçon, ce qui limite ses chances et la met dans un danger plus grand face à des risques tels que le VIH/sida, a déploré Mme Tahir-Kheli. Elle a également dénoncé la violence domestique et les pratiques traditionnelles qui provoquent des blessures physiques et morales.

MME NAJAT AL-HAJJAJI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que lorsque l'on se penche sur la condition de la femme dans le Coran, notamment pour ce qui a trait à la polygamie, à l'héritage et au port du voile, on touche alors à des questions sensibles qui, pour être débattues correctement, doivent être replacées dans leur contexte précis. En ce qui concerne par exemple la question de l'héritage, la sourate 11 du Coran (la sourate des femmes) dit que «l'homme doit avoir le double de la femme». Or pour bien appréhender cette question, il faut prendre en considération toute une série de facteurs dont le moindre n'est pas l'impact des différentes civilisations qui ont influencé le monde islamique. En outre, il convient de souligner qu'aucun verset dans le Coran n'empêche une personne de répartir à son gré son héritage entre ses divers enfants, qu'ils soient de sexe masculin ou féminin.

MME MERCEDES DE ARMAS GARCÍA (Cuba) a affirmé que le fossé entre le Nord et le Sud se reflète aussi dans la condition de la femme. Cette situation alarmante devrait conduire à réfléchir sur le fait que 70% de pauvres sur les deux milliards que compte la planète sont des femmes. La priorité pour ces femmes n'est pas de «renforcer leurs capacités» ou assurer le «plein développement de tous les aspects de leur vie», ni «l'intégration des droits des femmes». S'il s'agit d'objectifs importants et nécessaires, c'est souvent leur survie même qui compte plus que tout. La représentante s'est ensuite demandé si la Commission a pris le bon chemin car la question de l'intégration des droits de la femme soufrent de l'approche raciste qui veut que ce soit toujours dans les mêmes pays qu'on viole les droits des femmes. Ceci renforce la confrontation au détriment de la coopération. Il semble que les rapporteurs spéciaux souffrent d'un aveuglement chronique car il ne faut pas oublier les problèmes dont souffrent les femmes dans les pays développés. Comment ces rapports peuvent exclure les États-Unis où les femmes reçoivent 73% du salaire reçu par les hommes à condition et qualification égales, et où elles représentent 70% du travail temporaire, ne recevant que de très faibles bénéfices sociaux?, s'est-elle demandée. Au contraire, la pleine émancipation des femmes cubaines constitue un véritable progrès vers l'équité, et la réalisation de tous leurs droits est liée à un système démocratique de participation populaire que le peuple cubain a mis en place souverainement en 1959 après avoir mis un terme à des siècles de domination coloniale. À Cuba, les femmes représentants 43,6% de la force de travail, a indiqué la représentante, ainsi que 32,2% des personnes nommées à des postes de responsabilité économique, sociale ou politique et 27,6% des membres du Parlement.

MME LUCIA H. RUSTAM (Indonésie) a souligné qu'il fallait assurer une amélioration constante au sein des organes internationaux pour atteindre l'égalité entre tous et que les droits des femmes devaient être intégrés dans tous les travaux des mécanismes de protection et de promotion des droits de l'homme. À cet égard, elle s'est félicitée de la coopération qui existe entre la Haut_Commissaire aux droits de l'homme et la Conseillère spéciale sur les questions sexospécifiques et a exprimé son intérêt pour le plan de travail conjoint établi pour 2001. Elle a estimé qu'une approche intégrée et globale doit être adoptée pour lutter contre le racisme et toutes les formes de discrimination et qu'il faut prendre en compte les discriminations diverses dont les femmes sont victimes, y compris des mesures visant à éliminer la violence qu'elles subissent. S'agissant de la violence contre les femmes en période de conflit armé, elle a souligné l'importance du rôle confié aux femmes dans les processus de paix et de reconstruction post-conflit.

Pour sa part, le Gouvernement indonésien a pris des mesures pour lutter contre le racisme et contre la discrimination et la violence contre les femmes, a indiqué Mme Rustam qui a considéré que les causes fondamentales de ces maux sont la pauvreté et l'ignorance. S'agissant de la violence, l'Indonésie a adopté une politique de «tolérance zéro» et oeuvre à l'élaboration d'une réponse globale à ce problème par le biais d'un plan d'action national qui créé des mécanismes de sûreté pour protéger les femmes et prévoit des peines pour les auteurs de violences contre les femmes. La prolifération des institutions qui s'occupent des droits de l'homme dans le pays a contribué de façon significative à mettre cette question en lumière et à renforcer la responsabilité nationale face à ce problème, a-t-elle indiqué, ajoutant que cet effort ne pourra qu'être renforcé par le soutien de la communauté internationale. Évoquant un certain nombre de mesures mises en place par son gouvernement pour offrir un accueil et une aide aux femmes victimes de violence, la représentante indonésienne a réaffirmé l'engagement et la détermination de son pays à atteindre les objectifs définis à Pékin et dans les autres conférences internationales consacrées à la promotion de la femme.

M. LI DONGSHENG (Chine) a souligné que les bénéfices de la mondialisation n'ont pas été également répartis, le fossé entre riches et pauvres n'ayant cessé de se creuser alors que, pour leur part, les femmes ne cessaient de s'appauvrir. La pauvreté constitue l'un des obstacles majeurs à la réalisation des droits des femmes, a poursuivi le représentant chinois. Aussi, a-t-il insisté sur la nécessité d'accorder la priorité à l'éradication de la pauvreté et à l'amélioration du niveau de santé des femmes et de leur condition.

Aujourd'hui, a poursuivi le représentant chinois, les droits des femmes sont bafoués par diverses puissances diaboliques dont l'une est le culte Falun Gong. Les femmes constituent une partie importante des adeptes de ce culte qui profite de leur sincérité, de leur amabilité et de leur ardent désir d'une vie heureuse. Falun Gong contrôle l'esprit des femmes, les privant progressivement de toute liberté d'expression et les amenant à abandonner leurs familles et à devenir irrationnelles. Jusqu'à présent, a déclaré le représentant chinois, plusieurs centaines de femmes sont mortes de maladies guérissables pour la simple raison qu'elles ont suivi la doctrine absurde du Falun Gong qui les exhortait à ne pas se rendre dans les hôpitaux. Ce qui est encore plus choquant et horrible, c'est que - tentées par l'attrait d'un prétendu paradis - des femmes adeptes du Falun Gong se sont mutilées ou suicidées pour entrer dans ce prétendu paradis. Le 23 janvier dernier, sept adeptes du Falun Gong, dont cinq femmes, se sont immolés par le feu sur la place Tiananmen à Beijing. La véritable raison pour laquelle le Gouvernement chinois a interdit le culte du Falun Gong conformément à la loi, c'est qu'il a voulu, ce faisant, protéger de nouvelles victimes potentielles de ce culte. La Chine lance un appel à la communauté internationale afin qu'elle agisse, de concert, pour éradiquer tous les cultes diaboliques.

MME DINH THI MINH HUYEN (Viet Nam) a souligné que l'élimination de la discrimination fondée sur le sexe et la pleine jouissance de tous les droits fondamentaux par les femmes reste loin d'être atteint. Différentes formes de violations des droits des femmes, notamment la violence contre les femmes dans les conflits armés et le trafic des femmes et des fillettes continuent de se produire dans plusieurs pays. L'État vietnamien attache beaucoup d'importance à la réalisation du principe d'égalité entre hommes et femmes et de non-discrimination dans la jouissance des droits civils et politiques. Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, le trafic des femmes et des fillettes constitue un crime qui porte atteinte à la dignité humaine. Comme dans beaucoup de pays, a-t-elle déclaré, le Viet Nam a fait l'expérience des problèmes liés à la drogue et au trafic des femmes et des fillettes. Le Gouvernement vietnamien mène une lutte sans compromis contre ces maux pour les éradiquer de la société. Mme Dinh a par ailleurs déclaré que le Viet Nam, grâce aux efforts et à la grande détermination du gouvernement, a enregistré des résultats encourageants dans la réalisation de la pleine et égale jouissance des droits économiques, sociaux et culturels et des droits civils et politiques, ainsi que dans la lutte contre la violence contre les femmes. Elle a conclu en lançant un appel aux gouvernements pour qu'ils prennent des mesures appropriées contre la pauvreté, le chômage et la discrimination sociale qui sont à l'origine du trafic des femmes et des fillettes.

MME YULIA GUSYNINA (Fédération de Russie) a déploré que les rapports de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes aient été distribués tardivement et qu'y figurent des accusations graves contre les forces russes en Tchétchénie d'abus et de crimes sans qu'aucun élément de preuve ne soit apporté. Reconnaissant qu'il y a bien eu certains cas de violations, qui ont d'ailleurs fait l'objet d'enquêtes et de poursuites, elle a indiqué que ceux-ci sont restés marginaux. Elle a invité Mme Coomaraswamy à s'en tenir au cadre de son mandat et déploré que la Rapporteuse spéciale n'ait pas répondu à l'invitation qui lui a été adressée de se rendre dans la région et qui lui aurait permis d'évaluer la situation de visu.

La représentante russe a déploré que dans un grand nombre de pays les femmes ne soient pas informées de leurs droits. Il faut des projets concrets pour améliorer la condition de la femme, a-t-elle déclaré, souhaitant que les organisations internationales s'appuient sur les recommandations de la session spéciale pour appuyer en particulier les efforts des pays en transition. En Russie, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour aider les femmes, a-t-elle indiqué, rappelant que la Fédération de Russie a notamment signé la Convention contre le crime transnational et adopté un plan national pour améliorer la condition de la femme et promouvoir l'égalité constitutionnelle ainsi que la parité.


Mme Gusynina a déclaré qu'il n'est pas exact de dire que la violence et la traite touche de plus en plus de femmes en Russie; les chiffres avancés sont sans fondement. Il n'est pas juste de faire porter la responsabilité de la traite au pays d'origine, a-t-elle estimé, rappelant que c'est la demande qui créé l'offre et que, par conséquent, cette responsabilité incombe également aux pays d'accueil. Elle a en outre rappelé que ce sont toujours les couches les plus pauvres des femmes qui sont touchées par la violence et la traite.

M. HORACIO EMILIO SOLARI (Argentine) a souligné qu'un nouveau décret réglementaire a été adopté par son pays le 28 décembre dernier en vertu duquel il est prévu qu'à partir des prochaines élections parlementaires, les deux chambres du parlement devront compter au minimum 30% de femmes. Le représentant argentin a par ailleurs souligné que son pays mène des politiques visant à réduire la mortalité maternelle, à prévenir les grossesses d'adolescentes et à protéger la santé et la maternité des femmes, en garantissant le droit inaliénable de chacun au libre choix tout en respectant la vie dès sa conception et tout en respectant ses convictions intimes.

Afin de combattre la violence contre les femmes, notamment dans le cadre familial, l'Argentine s'efforce de promouvoir l'éducation, la tolérance, la prévention et la non-discrimination. La Commission tripartite sur l'égalité des chances dans le travail a reconnu la nécessité d'adapter la législation nationale afin de combattre le harcèlement sexuel dans le secteur privé - délit qui est déjà qualifié en ce qui concerne le secteur public.

M. MASARU WATANABE (Japon) a déclaré que conformément avec les résultats de la session spéciale de l'Assemblée générale des nations Unies consacrée aux femmes, le Gouvernement japonais a approuvé un plan pour l'égalité entre les sexes, le premier document juridique complet de son genre, qui met en place onze objectifs importants, donne les orientations des mesures à long terme jusqu'en 2010 et fait le détail des mesures concrètes à mettre en pratique jusqu'à la fin 2005. Le Gouvernement japonais estime que la violence contre les femmes est une menace sérieuse pour les femmes du monde entier et il est largement reconnu qu'il faut redoubler d'efforts dans ce domaine. Pour sa part, le Gouvernement japonais fait tout son possible pour éliminer la violence contre les femmes, a assuré M. Watanabe.

Le représentant japonais a souligné l'importance de la coopération internationale pour donner des meilleures possibilités aux femmes des pays en voie de développement. Il ne faudrait pas non plus oublier l'impact de la mondialisation, a-t-il ajouté, car si elle a des effets positifs, elle a aussi aggravé certains des problèmes tels que la féminisation de la pauvreté et la pauvreté elle_même, l'incidence des pandémies, notamment le sida, les guerres civiles et les vagues de réfugiés. M. Watanabe a réitéré l'engagement du Gouvernement japonais en faveur de la pleine réalisation de la «Déclaration politique» et des actions et initiatives adoptées lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au suivi de la Conférence de Beijing.


Droit de réponse

Le représentant de la République islamique d'Iran a attiré l'attention sur certains points du rapport du Rapporteur spécial sur l'intolérance religieuse qui concernent le baha'isme. Il a indiqué que les personnes condamnées auxquelles il est fait référence ne l'ont pas été pour leurs croyances religieuses mais pour faits d'espionnage. Il a précisé qu'aucune condamnation à mort n'a été prononcée. En outre, les trois personnes emprisonnées se sont vues offrir la possibilité d'une amnistie qui laisse à penser qu'elles seront libérées dans un avenir proche, a-t-il indiqué.



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