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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME : LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES DANS LE MONDE PRÉOCCUPE VIVEMENT LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES

14 Avril 1999


APRÈS-MIDI
HR/CN/99/37
14 avril 1999



La Commission des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, son débat sur la question de l'intégration des droits fondamentaux des femmes et de l'approche sexospécifique, qui porte également sur la violence contre les femmes. Trente sept organisations non gouvernementales sont intervenues sur la question.

Dans leur ensemble, les orateurs ont dénoncé les violations des droits des femmes qui persistent dans de nombreux pays. Ils ont particulièrement mis l'accent sur le problème de la violence contre les femmes qui constitue un grave sujet de préoccupation. À cet égard, ils ont évoqué la violence dont elles sont victimes dans les conflits armés mais aussi la violence institutionnelle et sociale qui s'exerce au nom des traditions, des coutumes ou de la religion, en plus des violences au sein de la famille. Beaucoup d'orateurs ont demandé la mise en oeuvre des recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, en particulier celles formulées à la suite de sa visite en Indonésie.

Plusieurs organisations ont en outre soutenu la recommandation d'intégrer une approche sexospécifique à tous les niveaux et, en particulier, dans les activités des Nations Unies. Certaines ont mis l'accent sur l'importance de l'éducation et un appel a été lancé pour qu'une journée internationale pour l'éducation des fillettes soit proclamée.

Les représentants des organisations suivantes ont pris part au débat: Confédération internationale des syndicats libres; International Educational Development; Commission pour la défense des droits de l'homme en Amérique centrale; International Human Rights Law Group; Centre de la tribune de la femme; Société pour les peuples en danger; International Islamic Federation of Student Organizations; Fondation de recherches et d'études culturelles himalayennes; Commission andine de juristes; Association internationale des juristes démocrates; Asian Women's Human Rights Council; Human Rights Advocates; Union nationale de la femme tunisienne; International Institute for Non-Aligned Studies; Institut international de la paix; Organisation de

(à suivre)la solidarité des peuples afro-asiatiques; Third World Movement Against the Exploitation of Women; Asian Legal Resource Centre; Organisation néerlandaise pour la coopération internationale au développement; Christian Solidarity International; Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme; Asian Pacific Forum on Women; Law and Development; Bureau international de la paix; Federación de Mujeres cubanas; Fédération nationale des femmes de Chine; Conférence asiatique des bouddhistes pour la paix; Aliran Kesedaran Negara - National Consciousness Movement; European Union of Public Relations; Franciscain international; Interfaith International; Freedom House; Mouvement international de la réconciliation; Comité inter-africain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants en Afrique; Al Khoei Fondation; Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté et Mouvement indien «Tupaj Amaru».

La Commission des droits de l'homme poursuivra demain, jeudi 15 avril, à partir de 10 heures, son débat sur l'intégration des droits fondamentaux des femmes et la violence contre les femmes. Elle devrait également entamer son débat général sur les droits de l'enfant.

Débat sur l'intégration des droits fondamentaux des femmes et la violence contre les femmes

MME CHARM TONG (Worlview International Foundation) a attiré l'attention de la Commission sur les souffrances endurées par les femmes du Myanmar qui sont violées par les militaires et sont employées de force. Les soldats opérant dans les zones frontalières qui se livrent à de tels actes jouissent d'une totale impunité. Des personnes sont même «passées à tabac» pour avoir porté plainte pour viol et sont accusées d'avoir diffamé l'armée. La Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes devrait étudier les violations des droits des femmes au Myanmar, y compris celles qui ont fui en Thaïlande, en Chine, en Inde et au Bangladesh.

MME MARIE-THÉRÈSE BELLAMY (Union internationale des syndicats libres) a regretté que la libéralisation du marché frappe les femmes et les enfants le plus durement. Les femmes de la plupart des pays en développement sont devenues victimes de la crise économique et financière que connaît leur pays. Elles sont confinées dans des emplois précaires qui, en outre, ont des effets préjudiciables sur leur santé. La représentante a particulièrement dénoncé les abus que subissent les femmes travaillant dans des zones franches où elles représentent 80% des travailleurs. Si ces abus se produisaient dans le pays investisseur, ils déclencheraient un scandale dans l'opinion publique. L'UISL interviendra dans la révision de la Convention 103 de l'Organisation internationale du travail sur la protection de la maternité, a indiqué MmeBellamy.

MME CLAIR WALTEN (International Educational Development) a attiré l'attention sur les graves violations des droits des femmes en raison d'une mauvaise information scientifique. Cela concerne en particulier les personnes affectées par le VIH. Elle a mis l'accent sur les implications terrifiantes de mesures visant à opérer des tests obligatoires du Sida ou à imposer des traitements à l'AZT, notamment sur le droit des mères et des familles concernant la santé de leurs enfants. L'information scientifique sur les tests du Sida n'est pas mise à la disposition des femmes et cela entraîne des violations de leurs droits. En outre Mme Walten a dénoncé 49pays qui ont adopté des lois en matière d'immigration hostiles aux porteurs du VIH. Elle a demandé à la communauté internationale de clarifier un certain nombre de questions, notamment concernant le test VIH, la transmission de la mère à l'enfant, la transmission hétérosexuelle et les effets négatifs des traitements anti-VIH.

MME ALICIA MIRANDA (Commission pour la défense des droits de l'homme en Amérique centrale, CODEHUCA) a affirmé que pour assurer une protection adéquate des droits des femmes il convient de retenir une interprétation large de ce que l'on entend par violence contre les femmes. En effet, on a trop tendance à considérer que ce type de violence est circonscrit au milieu familial. En Amérique centrale, la société est très sexiste et les structures sociales autorisent la violence et la discrimination basées sur le sexe, a-t-elle souligné. En outre, la situation sociale et juridique des femmes est très précaire. En Amérique centrale, un foyer sur cinq est dirigé par une femme. Le taux de chômage a augmenté au cours de la dernière décennie et cette hausse a frappé surtout les femmes qui ont par ailleurs été exclues des emplois rémunérés. Face à cette situation, la CODEHUCA demande notamment que soient modifiées ou abrogées les lois affectant les droits des femmes et que la perspective sexospécifique soit appliquée dans le contexte de l'administration de la justice et de la politique gouvernementale.

MME BRENDA SMITH (International Human Rights Law Group) a attiré l'attention de la Commission sur les abus des droits de l'homme que subissent quotidiennement les femmes détenues dans des prisons d'État et des prisons fédérales des États-Unis. La population carcérale féminine est celle qui augmente le plus rapidement. Cette population est très majoritairement composée de femmes d'origine afro-américaine et d'origine hispanique. Le fait d'attacher les femmes lors de l'accouchement est également préoccupant. La représentante a également dénoncé les abus sexuels qui sont commis en prison, le plus souvent en toute impunité. Les femmes ne devraient pas être privées de leurs droits humains sous prétexte qu'elles ont commis un crime.

MME CHARLOTTE BUNCH (Centre de la tribune de la femme) a regretté que le nombre de femmes au sein des divers mécanismes de la Commission des droits de l'homme reste réduit. Elle a en outre estimé que l'accès des organisations non gouvernementales de femmes au système de défense des droits de l'homme des Nations Unies devait être facilité. La tâche de l'intégration de l'approche sexospécifique doit concerner tous les domaines de l'activité des Nations Unies, y compris au sein des travaux de la Commission des droits de l'homme. Elle a demandé que les Rapporteuses spéciales sur la violence contre les femmes et les exécutions extrajudiciaires s'intéressent davantage à la violence à l'égard des homosexuels.

MME BARBARA SCHOLZ (Société pour les peuples en danger) a dénoncé les violences et viols massifs dont ont été victimes les femmes appartenant à l'ethnie chinoise lors des émeutes de mai 1998 en Indonésie. Les troupes de sécurité n'ont rien fait pendant les trois jours d'émeutes, a-t-elle souligné. Elle a rappelé que les victimes de ces actes étaient surtout des femmes d'origine chinoise et les responsables des hommes en uniforme. La Commission doit reconnaître que ces viols massifs constituent des crimes de génocide.

M.S. GHULAM NABI FAI (International Islamic Federation of Student Organizations) a souligné que, selon diverses organisations non gouvernementales et institutions oeuvrant dans le domaine des droits de l'homme, des milliers de femmes ont été victimes de crimes sexuels par les forces armées au Rwanda, en Bosnie, au Cachemire et, à présent, au Kosovo. Il a demandé que la Commission condamne le viol en temps de guerre. À cet égard, les troubles constants qui se produisent au Cachemire bouleversent la vie de sa population, particulièrement les femmes et les enfants. Les enfants ne vivent pas une enfance «normale». Les 13 millions de Cachemiris aspirent à la paix, a déclaré le représentant. Il a en outre exprimé son inquiétude de ce que «l'épée de Damoclès de l'arme nucléaire est désormais suspendue sur l'Asie du Sud».

M.RAVINDER KAUL (Fondation de recherche et d'études culturelles himalayennes) a dénoncé situation au Jammu-et-Cachemire où les femmes sont victimes du fanatisme religieux. Le viol, les tueries sont monnaie courante contre les femmes du Jammu-et-Cachemire de la part de mercenaires étrangers. L'augmentation des cas de violence à l'encontre des femmes a obligé des milliers de familles musulmanes à fuir le Cachemire. Ce drame se caractérise également par le nombre croissant de veuves au Cachemire dont les souffrances sont accrues du fait de l'application de la charia. Il est clair que les mercenaires islamistes et les terroristes soumettent les femmes aux crimes les plus brutaux contre l'humanité et la Fondation de recherche et d'études culturelles himalayennes demande à la communauté internationale de sauver les femmes du Cachemire de la misère et de l'indignité.

MME MARGARITA UPRIMNY (Commission andine de juristes) a souligné que la participation des femmes à la vie publique dans les pays andins n'est pas à la mesure de leur poids démographique. Avec l'entrée en vigueur au Venezuela, en janvier dernier, de la loi sur la violence contre les femmes, tous les pays de la région andine disposent désormais d'une législation leur permettant de faire face aux situations de violence s'est-elle néanmoins félicitée. La situation désavantageuse dans laquelle se trouvent les femmes andines trouve son origine dans les stéréotypes culturels, qu'il faut combattre. Sans un investissement adéquat dans l'éducation et les services de santé, la femme ne sera pas en mesure de concurrencer l'homme, sur un pied d'égalité, sur le marché du travail. Elle a souhaité l'adoption du projet de protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes afin de permettre que des plaintes soient déposées pour les violations des droits des femmes.

MME M. KEI HANI (Association internationale des juristes démocrates) a regretté que la discrimination contre les femmes persiste en Iran. Le régime actuel a légalisé la discrimination entre les sexes. Les femmes qui ne se conforment pas au code vestimentaire encourent des peines de prison, des amendes et la flagellation. En outre, leurs droits sont limités par de nombreuses dispositions légales qui affectent leur vie professionnelle. Une loi sur la presse stipule également que «créer un conflit entre les hommes et les femmes en défendant les droits des femmes en dehors du cadre de la religion et de la loi» peut être sanctionné. La représentante demande à la Commission de condamner l'Iran avec sévérité pour ces mesures discriminatoires à l'égard des femmes.

M.KOICHI YOSHIDA (Asian Women's Human Rights Council) s'est félicité du rapport de MmeCoomaraswamy. Il a critiqué le Gouvernement japonais qui refuse de reconnaître et d'indemniser les femmes coréennes, chinoises, indonésiennes et philippines qui ont été utilisées comme femmes de réconfort par les forces d'occupation japonaises pendant la seconde guerre mondiale. Il a demandé que ces crimes soient mentionnés dans les manuels scolaires afin que de tels crimes ne se reproduisent plus et a dénoncé la censure opérée par le Gouvernement japonais. Ces dernières années, la question des femmes de réconfort a enfin été reconnue, mais les faits historiques restent encore occultés. Il a demandé à la communauté internationale de faire pression sur le Gouvernement japonais pour qu'il indemnise individuellement les femmes de réconfort.

MME BIRTE SCHOLZ (Human Rights Advocates) a affirmé que la discrimination contre les femmes en matière de logement aggrave la situation des femmes confrontées à la violence au foyer car elles ne peuvent pas quitter les hommes qui les battent lorsqu'elles ne savent pas où aller. Il existe donc clairement un lien entre la violence contre les femmes et les violations du droit des femmes à un logement adéquat. Chaque année, aux États-Unis, entre trois et quatre millions de femmes sont victimes de violence conjugale et quatre femmes meurent chaque jour de telles violences. Un quart des deux millions de sans-logis aux États-Unis sont des femmes. Dans des pays comme le Chili et le Pakistan, le taux de violence domestique atteint 80% alors que dans des pays comme le Bangladesh, le Brésil, le Kenya et la Thaïlande, près de la moitié des femmes victimes d'homicides sont tuées par leur partenaire ou leur mari. La représentante de Human Rights Advocates a demandé à la Commission de prier la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes d'étudier la relation qui existe entre le manque d'accès à un logement adéquat et la violence contre les femmes.

MME NAJET TRIMECHE (Union nationale de la femme tunisienne) a demandé l'adoption de lois établissant l'égalité entre les sexes. En effet, le fait d'adopter le principe d'égalité des sexes dans les débats internationaux ne peut suffire, les États doivent aussi adopter les lois nécessaires et mettre en place les mécanismes nécessaires au niveau national. Elle a suggéré l'adoption d'un plan d'action par les NationsUnies et la création de mécanismes chargés de promouvoir l'application des droits des femmes au quotidien. La représentante a déclaré que la femme tunisienne a obtenu le respect de ses droits fondamentaux en tant que personne, dans la famille et la société.

MME REENA MARWAH (International Institute for Non-Aligned Studies) a rappelé que la participation des femmes aux décisions politiques et économiques reste très faible, que la pauvreté et l'analphabétisme continuent de les frapper et que l'égalité est loin d'être acquise. Le processus de modernisation projeté comme moyen d'émancipation par l'Occident ne fait qu'augmenter les attentes des familles qui veulent suivre le style de vie occidental sans changer le système de valeurs traditionnelles et sans en avoir les moyens. La conséquence bien souvent est un sentiment de frustration qui s'accompagne d'une plus grande violence contre les femmes. C'est le cas, notamment, des femmes d'Asie du Sud qui vivent cette situation paradoxale. Il ne faut pas se laisser aller à l'euphorie de la modernisation comme solution à l'exploitation des femmes. Un effort immense reste à faire à tous les niveaux et passe en particulier par une meilleure information et une prise de conscience, a-t-elle conclu.

MME TATIANA SHAUMIAN (Institut international de la paix) a souligné que 20 à 50% des femmes sont soumises à des violences au cours de leur vie dans le cadre du mariage. Elle a ajouté que deux millions de femmes sont victimes de pratiques traditionnelles préjudiciables à leur santé à travers le monde. Toutes les neuf secondes, une femme fait l'objet de violence de la part de son partenaire. Les femmes sont souvent sous-représentées politiquement et ont moins accès que les hommes à l'éducation et aux soins de santé. La représentante a déclaré que la société pakistanaise continue d'être fondée sur un système féodal et tribal qui entraîne chaque année la mort de centaines de femmes selon des rituels tels que le karo kari. Seuls 3% des sièges parlementaires sont occupés par des femmes au Pakistan.

MME RUBI MALONI (Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques) a déclaré que la violence n'est que l'un des nombreux moyens utilisés par la société pour dénigrer la féminité. Or, la violence psychologique laisse des traces indélébiles. À cet égard, l'Afghanistan démontre de quelle façon on peut, aujourd'hui, garder les femmes captives sans employer de chaînes. Les générations de femmes à venir seront non seulement coupées de l'activité économique mais aussi ignorantes. La représentante s'est également inquiétée du problème de la prostitution dans les pays en développement et de l'enrôlement d'enfants dans les conflits armés.

MME TATI KRISNAWATI (Third World Movement Against the Exploitation of Women) a dénoncé l'augmentation de la violence ethnique en Indonésie qui a entraîné de grandes souffrances pour les femmes victimes directes ou indirectes de cette violence. Elle a, en particulier, dénoncé les viols dont beaucoup ont été victimes de la part des forces de l'ordre. Beaucoup d'autres femmes sont par ailleurs victimes de violence domestique, de famine et de racisme et le système juridique défavorise les femmes. Elle a prié la communauté internationale de renforcer sa pression sur le Gouvernement indonésien afin qu'il prenne les mesures adéquates contre la violence à l'égard des femmes, pour mettre fin à l'impunité et mettre en oeuvre les recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes.

MME KHAIRANI ARIFIN (Asian Legal Resource Centre) a attiré l'attention de la Commission sur la violence à caractère sexuel qui se produit dans la province indonésienne d'Aceh. Lorsque la population de cette province a demandé à bénéficier de sa part des richesses naturelles d'Aceh, le Gouvernement indonésien a répondu en déclarant la province zone d'opération militaire, de 1988 à 1998. Durant cette opération militaire, le harcèlement sexuel à grande échelle, le viol et d'autres formes de violence contre les femmes ont été utilisés comme instruments de torture et d'intimidation par certains éléments de l'armée. La Commission devrait exhorter le Gouvernement indonésien à assumer sa responsabilité en ce qui concerne la violence perpétrée à l'encontre des femmes par les militaires à Aceh. La Commission devrait en outre surveiller la mise en oeuvre des recommandations faites par la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes en ce qui concerne la nécessité de mettre en place un programme de protect
ion des témoins et de retirer l'armée de la sphère civile.

MME YUSAN YEBLO (Organisation néerlandaise pour la coopération internationale au développement) a déclaré que le programme de développement des ressources naturelles de l'Irian Jaya-Papouasie occidentale a entraîné, pour les femmes de cette région, une répression dans le cadre de la planification familiale, des viols et d'autres violences sexuelles. L'approche sécuritaire signifie que les femmes indonésiennes n'ont aucune liberté d'initiative, et que leur intégrité physique est menacée. Les victimes peuvent être des fillettes de 12 ans, des femmes muettes ou souffrant de retards mentaux. La représentante a appelé la Commission à faire pression sur le Gouvernement indonésien afin qu'il autorise la visite des Rapporteurs spéciaux et des Groupes de travail dans des régions telles que Irian Jaya-Papouasie occidentale et Aceh, où sont commises ces violations flagrantes des droits de l'homme.

M.DAVID LITTMAN (Christian Solidarity International) a dénoncé les pratiques traditionnelles et coutumières entraînant des mutilations génitales pratiquées sur des femmes. Ce rituel ancien ne peut être appelé que torture, a-t-il estimé, ajoutant qu'il n'y avait aucune justification à ces coutumes qui n'ont d'ailleurs aucun rapport avec l'Islam. C'est un crime contre la femme qui n'a rien à voir avec la circoncision des hommes, a-t-il précisé. De nombreux pays on d'ailleurs pris des mesures ou adopté des lois contre l'excision et l'infibulation. Mais pour que les lois soient efficaces, il faut faire un énorme effort d'éducation en particulier auprès des femmes elles-mêmes et dans les zones rurales, a-t-il déclaré.

MME BINETA DIOP (Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme) a déclaré que la situation des femmes dans les zones de conflit est alarmante. En Afrique, les femmes et les enfants sont souvent les cibles des attaques, comme en témoigne la situation au Sierra Leone. La représentante a demandé que la Commission prenne toutes les mesures nécessaires pour assurer un avenir prospère et pacifique non seulement au Sierra Leone mais aussi à travers tout le continent africain. La communauté internationale a une responsabilité morale de réagir et de faire preuve d'une volonté politique ferme de mettre un terme aux conflits incessants, d'alléger les souffrances des femmes et des enfants et de soutenir les efforts en faveur d'une paix durable en Afrique.

MME HEISOO SHIN (Asian Pacific Forum on Women, Law and Development) a salué l'excellent travail fourni par la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, MmeRadhika Coomaraswamy, depuis sa nomination en 1994. Elle a dit qu'il est primordial que les violations soient dûment répertoriées et reconnues en tant que telles pour promouvoir et protéger efficacement les droits de l'homme. La violence contre les femmes doit également être considérée comme une violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales. En outre, la volonté des gouvernements de suivre les mesures recommandées par la Rapporteuse spéciale et de remédier aux violations ou de les prévenir est indispensable. Elle a dénoncé le Gouvernement japonais, qui illustre l'attitude de mépris de certains gouvernements face aux recommandations émises dans les rapports des experts qui travaillent dans le domaine des droits de l'homme. En effet, il refuse de prendre les mesures recommandées pour dédommager les victimes de l'esclavage s
exuel pratiqué par l'armée japonaise pendant la deuxième guerre mondiale.

MME SADIA MIR (Bureau international de la paix) a dénoncé les violences et les discriminations dont souffrent les femmes dans les conflits armés comme ceux qui se sont déroulés en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo ou au Jammu-et-Cachemire. Mais pour mieux faire comprendre la violence exercée par l'État et la société à l'encontre des femmes, MmeMir a plus particulièrement évoqué le cas de l'Inde où la stratification sociale en castes, la discrimination légale et sociétale à l'égard des femmes ou de minorités et certaines pratiques sociales contribuent au niveau élevé de violence à leur encontre. Elle a dénoncé en outre le manque de réaction voire la complicité des autorités. MmeMir a appelé la communauté internationale à demander que le Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes se rende en Inde.

MME RITA PEREIRA (Federación de Mujeres Cubanas) a affirmé que l'égalité entre les hommes et les femmes, le développement et la paix figurent parmi les objectifs vers lesquels les femmes cubaines d'aujourd'hui progressent pas à pas dans le cadre d'un processus qui vise à asseoir les bases de la mise en oeuvre effective de tous les droits des femmes. Chaque jour, la présence des femmes dans les secteurs vitaux de l'économie, de la politique, de la culture et des sciences prend une importance de plus en plus grande.

MME ZHANG YING (Fédération nationale des femmes de Chine) a présenté diverses mesures prises par son organisation afin de promouvoir les droits des femmes en Chine. Son organisation a d'abord mené de nombreuses campagnes d'information sur les lois concernant les femmes et l'éducation. En outre, elle possède une section juridique de conseil et de recherches, elle tient deux standards téléphoniques d'information ouverts à tous les publics et publie des magazines qui exposent et condamnent la violence contre les femmes. Elle estime également que la lutte contre la violence au foyer passe par l'établissement de rapports d'égalité et d'harmonie entre les conjoints et entre les membres de la famille. La représentante a insisté sur l'importance d'adopter une approche globale et a signalé que sa Fédération a porté assistance à 740 000 personnes au cours des dix dernières années.

MME ISABEL FERREIRA (Asian Buddhist Conference for Peace), a fait état de la violence qui s'exerce contre les femmes aux Timor oriental en citant un certain nombre de cas de viols et de meurtres contre des femmes qui se sont déroulés récemment. Elle a exprimé son inquiétude face à la poursuite de la violence au Timor oriental avec l'aval des autorités gouvernementales, comme l'a indiqué la Rapporteuse spéciale et contrairement à ce qu'a affirmé la représentante de l'Indonésie. La violence se poursuit sous le Gouvernement actuel et les victimes sont intimidées pour les empêcher de porter plainte. Mme Ferreira a appelé le Gouvernement indonésien à appliquer les recommandations de la Rapporteuse spéciale, qui a brossé un tableau reflétant la réalité de la situation au Timor oriental. Elle a demandé en particulier qu'il désarme les milices et applique les lois existantes pour combattre la violence. Enfin, elle a demandé que la Commission exige du Gouvernement indonésien qu'il cesse toutes ses violations à l'encontre du peuple du Timor oriental.

MME DEBORAH STOTHARD (Aliran Kesedaran Negara - National Consciousness Movement) a souligné que les femmes souffrent particulièrement en période de conflits et de crises. Elles sont généralement prises pour cible en matière de violence sexuelle afin de porter atteinte au moral des communautés auxquelles elles appartiennent. Afin de surmonter les conséquences de ces abus, il est impératif que les femmes soient autorisées à participer sur un pied d'égalité et démocratiquement à tous les domaines de gouvernement. Malheureusement, tel n'est pas le cas au Myanmar où plusieurs femmes parlementaires ont été forcées de démissionner ou ont été détenues. Le régime du Myanmar doit libérer tous les prisonniers politiques, en particulier les femmes, et réouvrir les universités et les collèges. Le régime doit également réorienter les dépenses qu'il consacre à l'armée vers la santé et l'éducation. Le régime doit en outre autoriser la création d'organisations non gouvernementales et d'organisations indépendantes de fe
mmes, étant donné que celles qui existent sont loin d'être indépendantes.

MME NAZIMA FAUZIA (European Union of Public Relations) a déclaré que le femmes ne peuvent complètement se réaliser si elles ne vivent pas dans un contexte de liberté. Elle a dit que les sociétés tribales ne sont pas particulièrement inégalitaires. Dans certains pays, la pression économique et la perversion délibérée de la religion sont utilisées pour empêcher les femmes de participer pleinement au processus de développement. Elle a dit que les femmes pakistanaises ont tout à craindre d'un éventuel retour des Taliban, et ce d'autant plus qu'elles ressentent déjà l'influence de ces derniers. Elle a insisté sur la protection des droits de la femme sur le lieu de travail. De nombreux pays ont fait des progrès dans ce domaine mais les efforts sont encore insuffisants dans d'autres, notamment au Japon et en Inde. Les femmes doivent pouvoir agir librement afin de prendre conscience de leur potentiel et elles ne doivent pas subir de mutilations sexuelles, a déclaré la représentante.

MME ROSE FERNANDO (Franciscain international) a attiré l'attention sur le niveau d'analphabétisme qui continue de toucher surtout les femmes dans de nombreux pays. Les gouvernements dominés par les hommes et les groupes fondamentalistes continuent de priver les femmes de leurs droits, notamment à l'éducation, sous le prétexte des traditions, de la culture et de la religion. Les formes actuelles de la mondialisation économique qui contribuent à l'augmentation de la pauvreté et le trafic d'armes responsables de la prolifération des conflits sont d'autres facteurs de l'augmentation croissante de l'analphabétisme des femmes. La mise en oeuvre des droits de femmes reste lente et insuffisante, reflétant le manque de volonté des États et des acteurs internationaux pour faire changer les structures qui encouragent les violations quotidiennes des droits de femmes. Or, lorsque les femmes jouissent de leur droit à l'éducation, leur participation à la prise de décision à tous les niveaux augmente. Notre futur commun dépend de notre capacité à promouvoir l'éducation pour tous, a rappelé MmeFernando. À cet égard, elle a proposé qu'une journée internationale pour l'éducation des fillettes soit proclamée.

MME GENEVA ARIF (Interfaith International) a attiré l'attention de la Commission sur les assassinats perpétrés contre des femmes censées avoir déshonoré la famille au Moyen-Orient et dans certaines régions d'Asie du Sud et de l'Afrique. Elle a souligné qu'en Algérie, des victimes innocentes, femmes et enfants, sont assassinées par des escadrons de la mort qui détruisent des communautés entières au nom de l'Islam puis disparaissent dans la nuit. Au Soudan, les femmes sont victimes d'atrocités quotidiennes résultant de la guerre en cours dans le sud du pays, dans les montagnes de Nuba et au Darfur. Elles sont assassinées ou enlevées et réduites à l'esclavage. La mutilation génitale féminine est pratiquée dans une large zone allant de la Mer Rouge à l'Atlantique. Il s'agit là de la forme la plus pernicieuse de violence contre les femmes. Chaque année, ce sont 4000 femmes qui meurent de violence domestique aux États-Unis et une femme est violée toutes les deux minutes dans ce pays, selon le Département de la justice.

MME ELISABETH BATHA (Freedom House) a attiré l'attention de la Commission sur les cas très préoccupants de violence contre les femmes commis au Pakistan, en Égypte et en Chine. Au Pakistan, le témoignage d'une chrétienne n'a pas le même poids que celui d'un musulman. En outre, les détenues y subissent des violences sexuelles. En Égypte, des actes de séduction et d'enlèvement de femmes chrétiennes dans le but de les convertir à l'Islam ont été observés. Parfois, le viol ou la torture sont employés. Ces femmes n'ont aucun recours légal et la police les aide rarement. La Chine porte également atteinte aux droits des femmes dans le cadre de sa politique de l'enfant unique. Des cas d'avortement forcé, même à un stade avancé de la grossesse, et de stérilisation forcée sont observés. En outre, les femmes qui enfreignent cette loi doivent payer une amende ou sont emprisonnées, a déploré la représentante.

M.JONATHAN SISSON (Mouvement international de la réconciliation) a soulevé la question de l'esclavage sexuel militaire par les Japonais durant la deuxième guerre mondiale par le biais de l'utilisation de «femmes de réconfort». Évoquant le rapport de MmeGay Mac Dougall, Rapporteuse spéciale de la Sous-Commission et les recommandations qu'elle a présenté à la Sous-Commission appelant à l'indemnisation des victimes et à des poursuites judiciaires contre les responsables, M.Sisson a appelé la Commission à entériner la résolution de la Sous-Commission et à proroger le mandat de la Rapporteuse spéciale d'un an. Il a également demandé à la Commission d'étudier les possibilités de créer une commission «vérité et réconciliation», selon les recommandations de MmeMacDougall.

MME LINDA OSERNEN (Comité inter-africain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants en Afrique), a affirmé que la violence contre les femmes est le reflet d'un système de valeur patriarcal. Elle a attiré l'attention de la Commission sur la pratique de la mutilation génitale féminine, qui touche plus de 40% des femmes dans un pays comme le Nigéria. Elle a indiqué que des négociations sont en cours avec l'Organisation de l'unité africaine pour renforcer la Déclaration d'Addis-Abeba sur la violence contre les femmes adoptée en 1998. Elle a souligné que de nombreux gouvernements africains ont pris des mesures, y compris au niveau législatif, pour prévenir voire éradiquer la pratique des mutilations génitales féminines. Relevant que des familles d'immigrants sont actuellement condamnées en France et dans d'autres pays occidentaux pour avoir pratiqué ces mutilations, la représentante a insisté sur la nécessité d'informer suffisamment les immigrés, lors de leur arrivée dans un pays, au sujet des implications de leurs pratiques traditionnelles dans le pays d'accueil.

M. ZAHEER KAZMI(La Fondation Al-Khoei) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des femmes dans les conflits armés. À cet égard, les exactions commises par les Taliban en Afghanistan et par les Serbes au Kosovo témoignent de l'étendue du problème. Les Taliban commettent toutes sortes de violations dans les domaines politique, ethnique, religieux et génésique. Pour ce qui est du conflit qui se déroule au Kosovo, il est important de ne pas oublier les leçons que nous a enseignées le conflit en Bosnie. À ce propos, la Fondation possède de nombreuses informations sur le recours du viol en tant qu'arme de guerre. De telles pratiques ont des conséquences à long terme, a dit M. Kazmi.

MME ANNA PARKER (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté) s'est dite gravement préoccupée par les violences contre les femmes chinoises lors des récentes émeutes en Indonésie. Elle a en outre demandé à la Commission d'étudier la situation des femmes du Pacifique sud qui ont été soumises aux effets des essais nucléaires et, en particulier, les conséquences sur leur santé génésique. Par ailleurs, se félicitant du rapport du Secrétaire général sur l'intégration d'une approche sexospécifique dans tous les domaines d'activités des Nations Unies, elle a souligné le manque de référence aux femmes dans les discours des orateurs. Elle a appelé les délégations a faire de sérieux efforts pour mettre en évidence l'intégration de la sexospécificité à tous les niveaux de leurs travaux et, en particulier à travers le langage qu'ils emploient. Elle a demandé en particulier au Haut-Commissariat de mettre à la disposition de tous les membres de la Commission une formation en matière d'intégration sexosp
écifique, ainsi que pour les interprètes.

MME SYLVIA CAMACHO (Mouvement indien «Tupaj Amaru») a déclaré que la mondialisation et les programmes d'ajustement structurel provoquent des inégalités sociales dont souffrent particulièrement les femmes. Le système de pouvoir inhérent à une économie mondialisée ainsi que la plupart des systèmes traditionnels entraînent l'exploitation des femmes comme travailleuses et objets sexuels. Les femmes sont utilisées comme main-d'oeuvre à bon marché notamment dans les industries textiles et micro-électronique. Soixante-dix pour cent des analphabètes qui vivent dans des villes sont des femmes. Il faudrait développer de nouvelles cultures qui soient des alternatives réelles aux formes anciennes d'oppression et provoquer un véritable processus de changement du rôle de la femme. Des millions de femmes et d'enfants souffrent des conséquences des guerres, favorisées par les industries de l'armement. En ce moment même, des bombes de l'OTAN tombent sur des femmes et des enfants innocents en République fédérale de Youg
oslavie. Le Mouvement indien Tupaj Amaru condamne l'agression militaire contre un pays souverain et demande qu'elle cesse immédiatement et sans condition.

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