Ukraine : le sort des civils et l’intensification des attaques russes suscitent l’inquiétude

Nous sommes profondément préoccupés par le sort des civils en Ukraine, en particulier dans la région de Kharkiv, alors que les forces armées russes ont intensifié leurs attaques ces derniers jours. Ces assauts ont permis à ces dernières de s’emparer de nouveaux territoires ukrainiens, ont provoqué de nouveaux déplacements de population et menacent potentiellement Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine.

Depuis la dernière incursion des forces russes le 10 mai, au cours de laquelle elles ont pris le contrôle de plusieurs petites localités, au moins 6 000 personnes auraient fui ou été évacuées des zones situées à la frontière. Nombre d’entre elles ont atteint la ville de Kharkiv, située à seulement 30 ou 40 kilomètres des combats. 

Notre équipe de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, qui continue d’analyser les informations recueillies sur le terrain, a pu confirmer qu’au moins 8 civils ont été tués et 35 ont été blessés dans la région de Kharkiv depuis vendredi dernier.

Ces chiffres s’inscrivent dans la continuité des victimes civiles recensées pour le mois d’avril, au cours duquel au moins 129 civils ont été tués et 574 blessés, la majorité d’entre eux lors d’attaques menées par les forces armées russes le long de la ligne de front.

Dans la région de Kharkiv, la situation est désastreuse et les combats s’intensifient. Nos collègues de Kharkiv signalent que les sirènes d’alerte aérienne retentissent presque constamment et qu’ils entendent des explosions dans la zone frontalière et dans la ville elle-même. Les attaques incessantes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, qui ont affecté des millions de personnes dans tout le pays depuis le mois de mars, ont également entraîné des coupures d’électricité quotidiennes dans de nombreux quartiers de Kharkiv.

Des rapports indiquent que de violents combats se poursuivent dans la ville frontalière de Vovchansk, au nord-est, provoquant d’importantes destructions. Plusieurs centaines de résidents civils, sur une population de quelque 3 000 personnes avant le 10 mai, s’y trouveraient encore.

En outre, nous examinons actuellement des informations selon lesquelles des débris tombés d’un missile intercepté auraient touché un immeuble à Belgorod, dans la Fédération de Russie, faisant plusieurs victimes civiles.

Nous appelons une fois de plus la Fédération de Russie à cesser immédiatement son attaque armée contre l’Ukraine, en vertu des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies, des mesures provisoires contraignantes de la Cour internationale de Justice et du droit international dans son ensemble, et à se retirer à l’intérieur des frontières internationalement reconnues.

Nous demandons également à toutes les parties de tout mettre en œuvre pour éviter, ou en tout cas, minimiser les dommages causés aux civils, notamment en évitant d’utiliser des armes explosives à large rayon d’impact dans les zones peuplées.