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Notes de conférence de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Flambée des cas de COVID-19 en République populaire démocratique de Corée

17 Mai 2022

Des employés désinfectent un restaurant à Pyongyang le 29 mars 2022, face aux inquiétudes suscitées par la COVID-19 © Kyodo

A partir de

Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : Liz Throssell

Lieu

Genève

Nous sommes profondément préoccupés par les effets probables sur les droits de l’homme de la première épidémie de COVID-19 officiellement signalée en République populaire démocratique de Corée, et du confinement imposé par les autorités.

Selon l’agence de presse centrale coréenne (KCNA), en date du 16 mai, 56 personnes, dont au moins six enfants, étaient décédées des suites de la COVID-19 et 663 910 personnes avec de la fièvre suivaient un traitement médical.

En l’absence de toute campagne de vaccination, la propagation de la pandémie pourrait avoir un impact dévastateur sur la situation des droits de l’homme dans le pays. La République populaire démocratique de Corée dispose d’infrastructures sanitaires très limitées pour faire face à une telle crise, étant donné la faiblesse de ses capacités de dépistage et le manque de médicaments essentiels et d’équipements.

La République populaire démocratique de Corée a fermé ses frontières en janvier 2020 alors que la pandémie commençait à se propager dans le monde et a limité la liberté de circulation à l’intérieur du pays, ce qui a créé des difficultés en matière d’accès à la nourriture, aux médicaments et aux soins de santé. La répression des droits civils et politiques s’est également intensifiée au cours de cette période, avec notamment une politique autorisant le recours à la force létale contre les personnes tentant de quitter le pays ou d’y entrer, et des sanctions plus sévères en cas d’accès à des informations indépendantes provenant de l’extérieur de la République populaire démocratique de Corée.

Les dernières restrictions en date – qui consistent notamment à placer les personnes dans des conditions d’isolement plus strictes et à imposer de nouvelles restrictions aux déplacements – auront des conséquences désastreuses pour celles et ceux qui éprouvent déjà des difficultés à subvenir à leurs besoins élémentaires, notamment à se nourrir. Les enfants, les mères allaitantes, les personnes âgées, les sans-abri et les personnes vivant dans des zones rurales et frontalières plus isolées sont particulièrement vulnérables. Les personnes placées en détention sont particulièrement exposées au risque d’infection en raison de la forte concentration de personnes enfermées dans des espaces confinés et de l’accès limité aux articles d’hygiène et aux soins de santé. La malnutrition était déjà répandue dans les lieux de détention avant le début de la COVID-19.

Nous demandons instamment aux autorités de la République populaire démocratique de Corée de veiller à ce que toutes les mesures adoptées pour lutter contre la pandémie soient nécessaires, proportionnées, non discriminatoires, limitées dans le temps et strictement conformes au droit international des droits de l’homme. Nous appelons les autorités à évaluer les répercussions de toute mesure prise sur les populations vulnérables, en tenant compte de l’expérience acquise dans d’autres pays pour lutter efficacement contre la pandémie, et à atténuer tout effet négatif par des mesures de politique publique judicieuses et l’application de ressources publiques suffisantes.

Pour lutter efficacement contre la COVID-19, il est impératif de promouvoir la solidarité et la coopération entre les gouvernements et la communauté internationale au sens large. La Haute-Commissaire a déjà exhorté la communauté internationale à assouplir ses sanctions afin que ce pays puisse bénéficier d’une aide humanitaire urgente et d’une assistance liée à la COVID-19. Nous encourageons la République populaire démocratique de Corée à discuter d’urgence avec les Nations Unies de la mise en place de dispositifs d’acheminement de l’aide humanitaire, notamment de médicaments, de vaccins, d’équipements et d’autres aides vitales. Nous exhortons également les autorités à faciliter le retour des membres du personnel des Nations Unies et d’autres organisations internationales en République populaire démocratique de Corée afin que ces derniers puissent offrir leur soutien, notamment aux populations vulnérables et à celles vivant dans les zones rurales et frontalières.