Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Déclaration de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à l’occasion de la Journée internationale des femmes
08 mars 2021
46e session du Conseil des droits de l’homme
Genève, le 8 mars 2021
Mesdames et Messieurs les représentants,
chers amis,
J’ai le plaisir de célébrer avec vous la Journée internationale des femmes, qui cette année a pour thème le « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la COVID-19 ».
Comme le Secrétaire général nous l’a rappelé durant l’ouverture de cette session du Conseil, « les femmes sont le visage de la crise ».
Les femmes, en particulier celles qui appartiennent à des groupes marginalisés ou victimes de discrimination, sont parmi les plus durement touchées par la pandémie. Cela n’est pas dû à une vulnérabilité intrinsèque. C’est le résultat d’institutions et de modèles sociaux, politiques et culturels qui les ont exclues sur plusieurs générations, et qui continuent de le faire.
Il est temps de changer le cours des choses. Cela est bénéfique pour tout le monde.
Il a été démontré que la représentation des femmes en politique se traduit par des investissements plus importants dans la protection sociale et par une plus grande attention accordée à l’environnement et à la justice climatique. La participation des femmes aux négociations de paix est liée à des solutions plus durables. Il existe également des preuves montrant que dans le secteur privé, un plus grand nombre de femmes à la tête des entreprises entraîne de meilleurs résultats.
Avant tout, cela va de soi que nous n’arriverons pas à surmonter les épreuves actuelles si nous continuons d’exclure une grande partie de la population des rôles dirigeants et des processus décisionnels. Personne ne conseillerait à un entraîneur de ne jouer qu'avec la moitié de son équipe.
Pourtant, c'est ce que nous continuons souvent de faire.
Durant le débat de haut niveau de cette session, seulement 22 % des intervenants étaient des femmes. Cela reflète la situation à l’échelle mondiale. Les femmes n'occupent que 25 % des sièges dans les parlements nationaux et 29 % des postes de direction. À la fin de l’année 2020, seulement 21 pays avaient une femme à la tête de leur gouvernement. En outre, les femmes sont la plupart du temps absentes des groupes de travail et des efforts liés à la reprise au lendemain de la COVID-19.
Soyons clairs. Ce n'est pas le manque d'intérêt ou de capacité qui freine les femmes, mais la discrimination.
La discrimination engendre des lois qui les empêchent de disposer de leur corps, de posséder des terres et de faire une demande de prêt. Cela se traduit par un déséquilibre des responsabilités en matière de soins, par des normes sociales empêchant l'égalité d'accès à une éducation de qualité ou détournant les filles de certains domaines d'enseignement, et par la violence, le harcèlement et des pratiques préjudiciables. Cela renforce l’idée qu’il est « naturel » que les femmes aient le rôle d’aidantes dans la société, et qu’il est « anormal » ou « inapproprié » que ces femmes aient des qualités souvent jugées nécessaires en matière de leadership, comme le fait d’être sûr de soi, résolu et direct.
Nous devons prendre des mesures spécifiques pour résoudre ces problèmes, car ils ont tendance à se reproduire. Les mesures spéciales temporaires comme les quotas sont cruciales pour briser le cercle vicieux de l’exclusion et créer de nouveaux modèles. Nous devons également célébrer le travail et les réussites des femmes et des filles dirigeantes dans toute leur diversité et dans tous les domaines.
Chers collègues,
Nous vivons un moment décisif.
Nous sommes face à la responsabilité de toute une vie : celle de créer des sociétés plus équitables, inclusives, justes et durables au lendemain de la pandémie.
Les femmes et les filles représentent une force incroyable en faveur du changement. En réalité, ce sont elles qui le dirigent.
Partout dans le monde, les femmes et les filles participent à l’action climatique, elles militent pour la protection sociale et les soins de santé pour tous, elles soutiennent les victimes de violence domestique et sexuelle. Elles élargissent l’espace démocratique et civique et continuent de se battre contre la discrimination raciale systémique.
Le Haut-Commissariat est fier de mettre en avant leur travail à travers la campagne « I Stand With Her ». Comme l’a dit l’une des femmes ayant participé à la campagne, « Les femmes sont fortes. Les femmes sont incroyables. Les femmes peuvent tout faire. »
Bonne Journée internationale des femmes !