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Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes entend des déclarations d’organisations non gouvernementales
29 octobre 2020
29 octobre 2020
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a tenu, cet après-midi, une brève séance publique au cours de laquelle il a entendu une déclaration conjointe de trois organisations non gouvernementales. Il avait auparavant été saisi des rapports de ses groupes de travail chargés, respectivement, des travaux de présession et du suivi de l’application, par les États parties, des observations finales du Comité.
Membre du Comité et Présidente du groupe de travail de présession, Mme Rhoda Reddock a indiqué que le groupe s’était réuni du 2 au 6 mars 2020 à Genève pour préparer des listes de questions et de « points à traiter » concernant les rapports de l'Azerbaïdjan, du Nicaragua, du Sénégal, de l'Afrique du Sud et du Yémen, outre les listes de points à traiter avant la présentation des rapports de l'Allemagne, du Japon et de l'Ukraine.
Mme Lia Nadaraia, Présidente du groupe de travail chargé de contrôler le suivi des observations finales, a précisé, notamment, que le Comité avait reçu des rapports du Burkina Faso, du Costa Rica, de Chypre, de l'Irlande, de la Nouvelle-Zélande, de l'Arabie Saoudite, de l'État de Palestine et de la Thaïlande.
La présidence a précisé que, compte tenu de la pandémie, le Comité avait décidé de reporter à des sessions ultérieures l'examen des rapports des États parties qui était prévu à la présente session.
Des représentantes de la fondation Mujer & Mujer, de la Fédération suédoise des droits des personnes gay, bisexuelles, transgenre, queer et intersexuées et de la Coalition nationale des femmes de l’Équateur ont ensuite prononcé une déclaration conjointe. Les représentantes ont notamment fait part de leur inquiétude face au report de l’examen des rapports de pays, report qui, a-t-il relevé, « empêchera les femmes d’évoquer des terribles expériences de torture, de traitements inhumains dégradants, de discrimination et d'arrestations arbitraires pour avoir exercé leur liberté d'expression et contesté le statu quo ».
Le Comité se réunira en privé jusqu’au 5 novembre prochain, date de la fin de la session.
La documentation relative à la présente session est disponible sur la page Web du Comité.
Déclaration conjointe d’organisations non gouvernementales
MME LIA BURBANO, Directrice exécutive de la fondation Mujer & Mujer, a d’abord tenu à remercier le Comité pour ses efforts pour défendre les droits des femmes. L’expertise du Comité et son engagement sont essentiels pour guider les États et la société civile afin de protéger les femmes contre les violations de leurs droits fondamentaux découlant des réponses à la pandémie de COVID-19, a ajouté Mme Burbano. Elle s’est cependant dit inquiète des difficultés qui ont conduit le Comité à reporter les examens de rapports de pays pour cette année : « cette lacune signifie les femmes ne pourront pas évoquer des terribles expériences de torture, de traitements inhumains dégradants, de discrimination et d'arrestations arbitraires pour avoir exercé leur liberté d'expression et contesté le statu quo », a mis en garde l’intervenante.
Mme Burbano a constaté que la pandémie de COVID-19 avait un effet disproportionné sur la vie des femmes, aggravant les inégalités, la discrimination et l'exclusion préexistantes. De nombreuses femmes sont confrontées non seulement à des difficultés financières, mais aussi à une violence domestique croissante. De nombreux cas restent non documentés et non résolus en raison du large soutien aux valeurs traditionnelles et de l'acceptation par le public de formes extrêmes de violence contre les femmes, comme les crimes d'honneur, a regretté Mme Burbano.
Elle a aussi condamné les campagnes de haine que des fonctionnaires d'État mènent contre les femmes défenseurs des droits de l'homme, de même que les attaques de groupes fondamentalistes contre les organisations et les femmes qui défendent les droits sexuels et procréatifs.
MME DEIDRE PALACIOS, Présidente de la Fédération suédoise des droits des personnes gay, bisexuelles, transgenre, queer et intersexuées, a d’abord mis en garde contre une probable augmentation des grossesses d'adolescentes en raison de la situation d’urgence induite par la COVID-19, qui limite l'accès aux contraceptifs, à la santé sexuelle et procréative et à l'éducation sexuelle. Or, ces grossesses affectent fortement les chances des jeunes filles d'atteindre l'autonomie socio-économique et de briser les cycles de pauvreté et de violence, a relevé l’intervenante.
Mme Palacios a aussi déploré que, dans de nombreux pays, les travailleuses du sexe sont non seulement criminalisées et marginalisées, mais encore en situation de précarité financière du fait des mesures gouvernementales pendant cette situation d'urgence. Les organisations de la société civile font état, en particulier, d'un manque d'accès aux régimes nationaux de protection sociale et aux fonds d'urgence, et expriment de graves inquiétudes quant aux mesures de répression à l'encontre des travailleurs du sexe, notamment les expulsions, les tests obligatoires, les arrestations et détentions arbitraires et la menace d'expulsion des travailleurs du sexe migrants.
Mme Palacios a, d’autre part, souligné que la violence exercée par le partenaire intime dans les relations formées par des femmes LBTI restait « catastrophiquement invisible ». Elle a regretté que la plupart des pays n'incluent toujours pas les femmes et les personnes LBTI dans leurs lois et politiques contre la violence domestique.
La représentante a également pointé un manque d'accès à l'hormonothérapie substitutive pour la communauté transgenre vivant dans les communautés rurales et les petites villes.
Mme Palacios a enfin plaidé pour que tous les pays garantissent le droit d'asile aux femmes LBTI, dans un contexte où de nombreuses femmes lesbiennes et bisexuelles sont expulsées vers des pays où les relations entre personnes du même sexe sont criminalisées ou dans lesquels les autorités ne protègent pas les femmes LBTI, voire les persécutent.
Pour sa part, MME VIRGINIA GÓMEZ DE LA TORRE, au nom de la Coalition nationale des femmes de l’Équateur, a relevé que si la dépénalisation de l'homosexualité dans certains pays marquait un progrès important, la réalisation de l'équité sociale exigeait aussi que les femmes lesbiennes, bisexuelles et trans ne soient pas simplement reconnues comme des sujets de droits : il faut encore garantir en leur faveur la redistribution des ressources, la représentation politique et surtout la reconnaissance sociale de leur existence. La multiplicité des manières dont l'inégalité entre les sexes entrave la vie des femmes lesbiennes, bisexuelles et trans devient plus aiguë lorsque les différences ethniques, raciales, d'âge, de classe sociale, migratoires, corporelles et territoriales – entre autres – se croisent, a expliqué la représentante.
Il faut aussi reconnaître, a ajouté Mme De La Torre, que les droits sexuels et procréatifs doivent pouvoir être exercés dans des environnements propices, qu’il s’agisse de la famille, de la communauté ou de l’État.
« La jouissance de la grossesse désirée, de l'accouchement respecté exprime la même liberté que celle d’un avortement sûr, légal et libre (…) J'exerce mon droit de reproduction lorsque je ne me reproduis pas, ce qui est souvent le cas dans un monde non durable hérité du patriarcat capitaliste », a insisté Mme De La Torre.
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