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Le Conseil achève sa journée annuelle de discussion consacrée aux droits de l’enfant et plus paticulirement, cette année, au droit à environnemnet sain

01 Juillet 2020

Il poursuit aussi son débat sur le rapport annuel de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme

 

Dans le cadre de sa journée annuelle de discussion consacrée aux droits de l’enfant, commencée ce matin et qui porte cette année sur le droit à un environnement sain, le Conseil des droits de l'homme a tenu cet après-midi une réunion consacrée au thème : « Réaliser les droits de l’enfant grâce à un environnement sain : un appel à l’action ».  Le Conseil a par ailleurs poursuivi son dialogue sur le rapport annuel de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, y compris les effets de la COVID-19 sur la jouissance des droits de l’homme, en entendant les déclarations de nombreuses délégations**.

Animée par M. Ricardo González Arenas, Représentant permanent de l’Uruguay auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, la deuxième réunion de cette journée de discussion sur les droits de l’enfant a compté avec la participation des panélistes suivants : M. David R.  Boyd, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement ; M. Sanjay Wijesekera, Directeur de programme, et Mme Henriette Ahrens, Directrice de programme adjointe, au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ; ainsi que Carmen Juliana, jeune militante pour l’environnement en Colombie.

M. González Arenas a fait observer que si les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, ce sont aussi eux qui devront trouver des solutions aux actuelles dégradations de l’environnement.  Heureusement, les jeunes sont de plus en plus conscients de l’importance de protéger le milieu naturel.  À ce titre, ils ont le droit de participer aux débats qui engagent leur avenir, a-t-il insisté. 

De nombreux intervenants* ont participé à la discussion qui a suivi les présentations des panélistes susmentionnés.  Compte tenu de la vulnérabilité des enfants face aux dégradations de l’environnement, les délégations ont largement souligné la nécessité d’informer les enfants des décisions les concernant.  Les États ont été appelés à agir ensemble avec les jeunes, en reconnaissant la contribution de ces derniers à la protection de l’environnement et en intégrant les droits des enfants dans leurs politiques environnementales.  Il a par ailleurs été demandé aux États de protéger les enfants défenseurs des droits de l'homme en matière d’environnement et de prendre des mesures concrètes pour protéger le droit de tous les enfants à la liberté d'expression.

 

Demain matin, à 10 heures, le Conseil doit achever son dialogue sur le rapport annuel de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, avant d’entendre la présentation de rapports préparés à sa demande par la Haute-Commissaire et par le Secrétaire général des Nations Unies au sujet du Nicaragua, du Venezuela et de l’Ukraine.  Le Conseil doit également tenir un dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur la traite des êtres humains.

Les séances de la quarante-quatrième session du Conseil sont retransmises sur le site UN Web TV.

 

Journée annuelle de discussion consacrée aux droits de l’enfant : « Réaliser les droits de l’enfant grâce à un environnement sain : un appel à l’action »

La réunion a été ouverte par MME SOCORRO FLORES LIERA, Vice-Présidente du Conseil des droits de l’homme.

Déclaration liminaire

En tant qu’animateur du débat, M. RICARDO GONZÁLEZ ARENAS, Représentant permanent de l’Uruguay auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a déclaré que si les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, ce sont aussi eux qui devront trouver des solutions aux dégradations de l’environnement.  Heureusement, les jeunes sont de plus en plus conscients de l’importance de protéger le milieu naturel.  À ce titre, ils ont le droit de participer aux débats qui engagent leur avenir, a insisté M. Gonzáles Arenas.  La notion d’intérêt supérieur de l’enfant doit être intégrée à toutes les politiques des pouvoirs publics, a-t-il ajouté.

Présentations

M. DAVID R.  BOYD, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement, a regretté que nous ne traitions pas notre planète avec le respect qu’elle mérite.  La dernière illustration en date [de cette négligence] est la pandémie mondiale de COVID-19, qui a fait 500 000 victimes, infectant également plus de dix millions de personnes et forçant des milliards d’individus à s’enfermer, a-t-il déclaré.  Il a ajouté que [du fait de cette pandémie] des centaines de millions d'enfants ne peuvent plus aller à l'école, jouer avec leurs amis et passer du temps dans la nature.  Certains ont été infectés par la COVID-19, et d'autres en sont morts, a-t-il déploré.

Malheureusement, a poursuivi M. Boyd, les gouvernements ont ignoré pendant vingt-cinq ans les avertissements des scientifiques sur les dangers posés par la déforestation, par la transformation de l'habitat de la faune sauvage en terres agricoles et en établissements humains, par l'absence de réglementation du commerce des espèces sauvages et par l'intensification massive de la production animale, qui ont créé les conditions idéales pour la propagation des maladies de la faune sauvage à l'homme comme le VIH-sida, Ébola et maintenant la COVID-19.  Les États ignorent également les mises en garde des scientifiques concernant la gravité de la crise environnementale mondiale, a regretté le Rapporteur spécial.

S'il y a une chose que les jeunes ont en commun, a relevé M. Boyd, c'est qu'ils aiment tous cette planète.  C'est pourquoi des millions de jeunes ont défilé dans les rues l'année dernière pour exiger une action climatique juste et efficace.  Ils veulent que les gouvernements écoutent les climatologues et les écologistes, et répondent à leurs appels en faveur de changements rapides.

Le Conseil devrait adopter une résolution reconnaissant que les enfants ont le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable, a recommandé M. Boyd.  Les États doivent notamment intensifier les initiatives pour remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables, mettre fin à la déforestation, protéger et restaurer des écosystèmes sains et prévenir la pollution, a-t-il indiqué.

Par vidéotransmission, M. Sanjay Wijesekera, Directeur des programmes au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que l'UNICEF croit fermement que la crise climatique et environnementale est une crise des droits de l'enfant.  L’accès des enfants à un environnement sûr, propre, sain et durable est essentiel pour leur développement physique, mental et social - de la petite enfance à l’âge adulte – et il est aussi nécessaire à la réalisation de leurs droits, a-t-il souligné.

M. Wijesekera a mis l’accent sur le rôle des enfants en tant qu'agents du changement pour l'action climatique et environnementale.  La participation des jeunes au niveau national et dans les forums mondiaux pour discuter et convenir de l'action climatique nécessaire est déjà en cours et devrait croître dans les années à venir, alors que les jeunes continuent de gagner des espaces et des opportunités pour influencer l'agenda politique dans chaque pays et dans le monde.  Ces espaces donnent une grande impulsion aux adolescents et aux jeunes pour présenter leurs actions en faveur du climat, participer à la prise de décision et appeler à un engagement accru et à une action urgente des États.

Comme le Conseil le sait très bien, les enfants ont le droit de partager en toute sécurité leurs vues sur les questions qui les concernent et d'être entendus.  Ils ont également le droit de réunion pacifique.  L’UNICEF aide notamment les enfants et les jeunes à exercer ces droits en leur fournissant les compétences et les informations nécessaires pour s'engager dans l'action climatique et pouvoir participer de manière significative aux négociations et plates-formes nationales et internationales. 

Le Directeur des programmes a par ailleurs appelé tous les États à entendre les enfants et à assumer leur responsabilité d'assurer un environnement sûr, propre, sain et durable pour cette génération et les générations à venir.  C’est non seulement une condition préalable à la réalisation des droits de l’enfant, comme l’exige la Convention relative aux droits de l’enfant, mais aussi, tout simplement, une nécessité pour vivre tous sur la terre dans la dignité, a-t-il conclu.

CARMEN JULIANA, 15 ans, militante pour les droits de l’enfant en Colombie, a dit faire partie de plusieurs collectifs de jeunes pour la défense des montagnes majestueuses du sud-ouest d'Antioquia.  Les conflits environnementaux en Colombie sont principalement générés par des projets d'extraction minière, ainsi que par des projets énergétiques et agro-industriels, qui affectent tous la tradition paysanne, la culture indigène et les plans d'eau, a expliqué Carmen. 

Les enfants latino-américains sont soumis à un système destructeur, a poursuivi l’adolescente.  Malgré cela, a-t-elle fait observer, ils élèvent la voix contre ces injustices avec force.  Les jeunes ont identifié certains grands problèmes, comme la violation des droits de l'enfant par les actions des entreprises et des gouvernements ; le consumérisme débridé ; l'idée que nous serions maîtres de la nature ; le manque d'éducation critique ; la corruption sous toutes ses formes ; et l’ignorance de l'importance de la biodiversité. 

Ces réalités ont entraîné, en Amérique latine, la déforestation ; la pollution de l'air, de l'eau et du sol ; un renforcement de l'effet de serre et du changement climatique ; une mauvaise gestion des déchets ; et même la famine et la destruction, a souligné Carmen. 

Elle a recommandé que soient prises des mesures urgentes pour la création d'espaces de participation reconnaissant les enfants et les jeunes comme des acteurs politiques dans la prise de décision.  Elle a aussi plaidé pour le respect des accords qui visent à éradiquer la déforestation en Amérique latine, ainsi que pour la reconnaissance de l'eau comme droit fondamental et pour la création de mécanismes de protection qui garantissent la vie des dirigeants socio-environnementaux. 

Aperçu du débat

Compte tenu de la vulnérabilité des enfants face aux dégradations de l’environnement, les délégations ont largement souligné la nécessité d’informer les enfants des décisions les concernant, conformément aux dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la Convention d’Aarhus (1998) sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement. 

Une délégation s’est associée à l’appel lancé aux États par la Haute-Commissaire [dans son rapport intitulé «Réaliser les droits de l’enfant grâce à un environnement sain»] afin qu'ils s’acquittent de leurs obligations en matière de droits de l'homme telles que découlant de la « Convention relative aux droits de l'enfant, de l'Accord de Paris et d'autres instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et à l'environnement » (A/HRC/43/30, paragraphe 105) en vue de réaliser les droits des enfants en matière d'environnement.

Les États ont été appelés à agir ensemble avec les jeunes, en reconnaissant la contribution de ces derniers à la protection de l’environnement et en intégrant les droits des enfants dans leurs politiques environnementales.  La création de mécanismes durables pour garantir le respect des droits de l’enfant dans ce contexte a été d’autant plus recommandée que, comme l’a constaté une délégation, « la colère des jeunes monte et il faut y apporter des réponses ». 

Plusieurs délégations ont mentionné les mesures prises par leurs pays pour favoriser une croissance verte, pour protéger l’intérêt supérieur de l’enfant et pour permettre aux jeunes de faire connaître leurs opinions.  Entre autres recommandations, les délégations ont préconisé de transformer notre manière de consommer ou encore de souscrire à l’initiative « Des communautés amies des enfants » de l’UNICEF.  Des intervenants ont assuré que leur gouvernement considérait la jeunesse comme une partie prenante de plein droit.

Des délégations se sont interrogées sur les répercussions de la crise de COVID-19 sur l’appel lancé en faveur du droit des enfants à un environnement durable et salubre, et sur ce que devraient être les priorités des gouvernements dans ce contexte.  Il a été remarqué que la pandémie de COVID-19 venait aggraver les conséquences déjà néfastes de la dégradation de l'environnement.

Des organisations non gouvernementales ont demandé aux États de protéger les enfants défenseurs des droits de l'homme en matière d'environnement et de prendre des mesures concrètes pour protéger le droit de tous les enfants à la liberté d'expression.  Une organisation a recommandé que les Nations Unies reconnaissent le droit humain à un environnement salubre et durable.  Une autre a mis en garde contre le danger que représente pour les enfants les déchets toxiques, en particulier les plastiques. 

*Liste des participants : Union européenne, Islande (au nom d’un groupe de pays), Monaco, Fidji, Sierra Leone, Japon, Colombie, Iran, Panama, Cuba, Allemagne, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Afrique du Sud, Iraq, Maroc, Macédoine du Nord, Népal, Slovénie, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Myanmar, Bélarus, Pologne, Kenya, Indonésie, Géorgie, Terre des Hommes, Conselho Indigenista Missionario (CIMI), Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII, Health and Environment Programme, Global Institute for Water, Environment and Health et Earthjustice.

Réponses des panélistes

M. GONZÁLES ARENAS a relevé qu’il semblait y avoir un consensus quant au fait que les dommages sur l’environnement ont des conséquences directes sur les droits des enfants et que la participation des enfants sur cette question est importante.  Il faut faire en sorte que les enfants ne craignent pas l’avenir, a-t-il conclu.

M. BOYD a déclaré qu’il était encouragé d’avoir entendu parler de bonnes pratiques.  Il s’est dit frappé par les statistiques de l’UNICEF qui indiquent que 1,7 million d’enfants décèdent chaque année en raison d’un environnement qui n’est pas sain.  Il a demandé aux États s’ils reconnaissaient le droit à un environnement sain.  Il a souligné l’occasion d’agir que ce débat représente : de belles paroles ont été entendues, mais ce que disent les enfants, c’est qu’ils veulent des actions pour que le droit à un environnement sain soit mis en œuvre. 

MME HENRIETTE AHRENS, Directrice adjointe des programmes au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a affirmé que les enfants en situation de vulnérabilité sont touchés de manière disproportionnée par la crise environnementale.  Il faut prendre les enfants au sérieux ; il s’agit là d’une obligation, a-t-elle ajouté.  Le monde ne peut, au nom de la lutte contre la COVID-19, détourner l’attention des urgences environnementales, car ces deux crises sont liées, a par ailleurs expliqué Mme Ahrens. 

CARMEN JULIANA a rappelé que le corps des enfants est leur premier territoire et qu’il constitue le lien avec le territoire [terrestre] : il doit donc à ce titre être soigné, protégé et ne pas être violenté.  Le territoire est sacré, a-t-elle insisté.  Les jeunes d’Amérique latine se posent des questions sur la biodiversité, sur le changement climatique ; ils se demandent s’ils vont pouvoir respirer de l’air pur, a poursuivi l’adolescente.  Si on continue à être des prédateurs pour la nature, aucun avenir n’est possible, a-t-elle souligné.  Les jeunes doivent être inclus dans le dialogue sur ces questions.  Les jeunes ne sont pas la génération de la destruction mais celle de la transformation, a-t-elle conclu.

Suite du dialogue sur le rapport annuel de la Haute-Commissaire, y compris les effets de la COVID-19 sur la jouissance des droits de l’homme

Aperçu du dialogue

A particulièrement été salué le rôle unique que joue le Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour protéger et promouvoir les droits de l’homme, y compris dans le cadre de la pandémie de COVID-19 lorsqu’il insiste sur l’importance, pour les États, d’intégrer la perspective des droits de l’homme dans leur riposte à la maladie.  Le Haut-Commissariat a été encouragé à poursuivre sa collaboration avec les États pour que « personne ne soit laissé de côté ».  L’action des bureaux de pays du Haut-Commissariat en appui aux efforts des États a également été saluée. 

La crise de COVID-19 montre que le respect des droits civils et politiques peut profiter à tous mais aussi que les violations des droits économiques, sociaux et culturels nuisent également à tout le monde, a-t-il été observé.  Des intervenants ont mis en garde contre l’aggravation de l’exclusion des personnes d’ascendance africaine, des femmes et des personnes LGBTI que cette pandémie induit.  Les risques de «l’infodémie» qui accompagne la COVID-19 ont été mis en évidence.  De même certaines délégations ont déploré que certains États aient profité de la pandémie pour restreindre un certain nombre de libertés, comme la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique. 

Des délégations ont souligné que la coopération internationale devait absolument prévaloir dans la lutte contre la COVID-19, s’agissant en particulier du développement d’un vaccin.  L’appui accordé aux États par l’Organisation mondiale de la Santé a également été évoqué.

Plusieurs intervenants ont recommandé d’éviter de politiser les travaux du Conseil et ont rappelé le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Certaines délégations ont par ailleurs estimé que la Haute-Commissaire ne s’était pas basée sur des informations fiables s’agissant de faits les concernant mentionnés dans son rapport. 

**Liste des intervenants : Italie, Bélarus, Mexique, Mauritanie, Bangladesh, Jordanie, Luxembourg, Ukraine, Indonésie, Cameroun, République démocratique populaire lao, Afrique du Sud, Botswana, Maroc, Colombie, Costa Rica, République tchèque, El Salvador, Malte, Bahreïn, Cambodge, Iraq, Pays-Bas, Grèce, Mozambique, Irlande, Turquie, Autriche, Azerbaïdjan, Soudan, Égypte, Burundi, Viet Nam, Maldives, Panama, Macédoine du Nord, Iran, Népal, Suisse, Nigéria, Honduras, Islande, République de Corée, Slovénie, Tanzanie, Kirghizistan, Emirats arabes unis, Myanmar, Serbie, et Arménie.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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