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Réponse à la crise du Covid-19 : un expert de l’ONU préconise d’accroître les dépenses publiques pour lutter contre les inégalités et non pour aider les grandes entreprises
15 avril 2020
GENÈVE (15 avril 2020) – Comme l’a déclaré un expert de l’ONU aujourd’hui, les États doivent accroître considérablement les dépenses qui visent à réduire les inégalités et la pauvreté causées par la crise du COVID-19, et ne pas se contenter de renflouer les entreprises, les banques et les investisseurs sans tenir compte des droits humains ou des conditions sociales qui y sont liées.
Dans une lettre aux Gouvernements et aux institutions financières internationales, l’Expert indépendant des Nations Unies sur la dette et les droits de l’homme a déclaré que les investissements publics devraient également se faire au bénéfice des petites et moyennes entreprises, servir à créer des emplois durables à long terme, favoriser les droits humains en priorité et promouvoir une économie plus respectueuse de l’environnement.
« Certaines parties prenantes prônent une approche consistant à “sauver l’économie” à tout prix, mettant notamment en jeu la santé et la vie de la majorité de leurs populations. Cette approche s’accompagne souvent d’un manque d’enthousiasme en faveur de la réduction des inégalités. En ces termes, “sauver l’économie” signifie donner la priorité au bénéfice d’une certaine élite », a déclaré l’expert.
Juan Pablo Bohoslavsky a déclaré que le paiement des dettes privées devrait être suspendu pour les personnes financièrement paralysées par la crise sanitaire. Durant cette période, les prêts ne devraient pas courir d’intérêts.
« Des mesures comprenant des transferts monétaires inconditionnels pour maintenir un niveau de vie adéquat, la fourniture d’abris d’urgence, l’arrêt des expulsions et des coupures de services d’électricité et d’eau doivent être envisagées immédiatement », a déclaré l’expert.
« Les leçons tirées de la crise financière de 2008-2009 nous donnent une longueur d’avance pour relever les défis actuels et futurs. Nous ne savons que trop bien que cette période a vu une augmentation de la faim dans le monde, du chômage, une forte augmentation des expulsions, des saisies, du sans-abrisme, des inégalités bien ancrées et a entraîné un trop grand nombre de personnes dans la pauvreté. »
Juan Pablo Bohoslavsky a appelé à un moratoire immédiat sur le remboursement de la dette souveraine des pays les plus pauvres et les plus endettés. « La restructuration et l’allégement de la dette devraient être adoptés par tous les créanciers afin de garantir non seulement la soutenabilité financière, mais aussi sanitaire et sociale de la dette. L’argument de l’état de nécessité n’a jamais été aussi fort. »
Les États devraient également investir dans les secteurs de la nutrition, du logement, de l’éducation et de la production agricole locale à petite échelle et écologiquement durable. « Cette approche n’empêche pas les Gouvernements d’agir comme payeurs de dernier recours pour couvrir les coûts des entreprises et payer les salaires pendant la crise, si nécessaire. Mais cette politique ne serait justifiée que si elle est mise en œuvre dans le but d’éviter une régression des droits humains d’un point vue des droits économiques et sociaux. »
L’expert indépendant a déclaré que les États pourraient imposer un impôt unique sur la fortune, mais qu’ils devraient également entreprendre un programme de réforme plus ambitieux.
« C’est le bon moment pour engager sérieusement des réformes structurelles en faveur d’une justice redistributive, notamment des réformes d’imposition progressive, où les millionnaires, les milliardaires et les grands conglomérats d’entreprises sont priés de contribuer à la société dans une mesure proportionnelle à leur fortune », a déclaré Juan Pablo Bohoslavsky.
FIN
Juan Pablo Bohoslavsky (Argentine) a été nommé Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, particulièrement des droits économiques, sociaux et culturels par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 8 mai 2014. Il exerçait auparavant en qualité d’expert sur la question de la dette souveraine pour la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), où il coordonnait un Groupe d’experts sur les prêts et emprunts souverains responsables. Il est indépendant de tout gouvernement ou organisation et exerce ses fonctions à titre personnel.
Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations Unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.
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