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Actualités Conseil des droits de l’homme

Le Conseil dialogue avec la Vice-Secrétaire générale au sujet du programme de développement durable

07 Mars 2019

Conseil des droits de l'homme
MATIN 

7 mars 2019

Il entame par ailleurs son dialogue interactif avec la Haute-Commissaire aux droits de l’homme

Le Conseil a tenu, ce matin, avec la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Amina J.  Mohammed, un dialogue consacré aux droits de l’homme et au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ensuite entamé son dialogue interactif avec la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, qui lui a présenté  hier matin  son rapport annuel. 

La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies a fait observer que les droits de l’homme étaient au cœur même du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a relevé la persistance de problèmes tels que l’inégalité, le chômage et l’incapacité du monde à se protéger des risques que représentent les nouvelles technologies pour les droits de l’homme.  La Vice-Secrétaire générale a ajouté que l’application du Programme dépendait de son appropriation par les États et par les sociétés et que le moment était venu d’accélérer la mise en œuvre du Programme parallèlement à la réalisation de tous les droits de l’homme.  Il faut, pour ce faire, accroître les ressources et soutenir les pays à faible revenu, a plaidé Mme Mohammed.  Les Nations Unies doivent mener l’effort et il est nécessaire, dans ce domaine, que les femmes aient accès à des postes de décision, a-t-elle ajouté. 

De nombreuses délégations* se sont exprimées suite à la déclaration de la Vice-Secrétaire générale.  La plupart se sont réjouies de ce dialogue et ont apporté leur soutien au travail de Mme Mohammed; nombre d’entre elles ont souligné le lien étroit entre les Objectifs de développement durable et la promotion et la protection des droits de l’homme.  Plusieurs délégations ont appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts, notamment dans le domaine du changement climatique, pour atteindre les Objectifs de développement durable.  A par ailleurs été déploré le manque de moyens accordés à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Conseil a ensuite entamé son dialogué interactif avec la Haute-Commissaire aux droits de l’homme en entendant les déclarations d’une trentaine de délégations** se sont exprimées à cette occasion.  La plupart ont apporté leur soutien au mandat de la Haute-Commissaire.  Plusieurs intervenants se sont inquiétés de la restriction de l’espace accordé à la société civile et des représailles à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes dans plusieurs pays.  Ont également été exprimées des préoccupations s’agissant des violations des droits des minorités partout dans le monde.  Plusieurs délégations ont dénoncé une politisation des travaux du Conseil.

Le Conseil doit poursuivre son dialogue interactif avec la Haute-Commissaire cet après-midi, à partir de 15 heures.  Il doit ensuite entendre la présentation des rapports du Groupe de travail intergouvernemental sur les sociétés transnationales et du Président de la réunion intersessions pour le dialogue et la coopération sur les droits de l’homme; ainsi que de rapports thématiques établis à sa demande par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. 

Dialogue interactif avec la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies

Déclaration de la Vice-Secrétaire générale

MME AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a posé cinq constats relatifs à l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Dans un premier temps, la Vice-Secrétaire générale a expliqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était une promesse de paix et de prospérité, un engagement à dépasser ce qui a déjà été réalisé dans les domaines du changement climatique, de la paix et de la sécurité, de la migration, des inégalités, de la pauvreté et du chômage des jeunes.  Mme Mohammed a insisté sur le lien entre les inégalités, la paix et la sécurité et les droits de l’homme, et sur l’importance que les femmes puissent prendre elles-mêmes les décisions clefs de leur existence. 

Dans un second temps, la Vice-Secrétaire générale a rappelé que les droits de l’homme étaient au cœur du Programme 2030 et qu’« appliquer les Objectifs de développement durable, c’est reconnaître la nature indivisible de tous les droits, y compris le droit au développement ».  Il faut donc faire en sorte que les gens puissent faire valoir non seulement leurs droits à un logement décent, à l’eau potable, à des soins de santé, à l’éducation et à la nourriture, mais aussi leur droit de participer aux décisions qui touchent leur vie.  « Ne laisser personne de côté n’est pas juste un slogan: c’est donner une voix aux gens », a souligné Mme Mohammed, « et c’est aussi un appel à combler les inégalités entre les hommes et les femmes ». 

Dans un troisième temps, Mme Mohammed relevé non seulement la persistance de problèmes tels que l’inégalité et le chômage, mais encore l’incapacité du monde à se protéger des risques que représentent les nouvelles technologies pour les droits de l’homme.  Les discours de haine progressent et la méfiance divise les gouvernements et les populations.  Des personnes sont laissées de côté en raison des inégalités, de la discrimination et de choix politiques au niveau mondial.  Il faut engager toutes les ressources nécessaires pour que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 atteigne ses objectifs, pour sortir les gens de l’ornière et pour faire entendre la société civile et les défenseurs des droits de l’homme, a dit Mme Mohammed.  Quatrièmement, la Vice-Secrétaire générale a insisté sur le fait que l’application du Programme dépendrait de son appropriation par les États et par les sociétés. 

Enfin, compte tenu des quatre points précédents, Mme Mohammed a expliqué que le moment était venu d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 parallèlement à la réalisation de tous les droits de l’homme.  Il faut, pour ce faire, accroître les ressources et soutenir les pays à faible revenu.  Les États doivent s’efforcer d’arriver aux Objectifs de développement durable en mettant en œuvre les recommandations des mécanismes des droits de l’homme, notamment l’Examen périodique universel.  Les Nations Unies doivent mener l’effort et il faut, dans ce domaine, que les femmes aient accès à des postes de décision, a insisté Mme Mohammed. 

Dialogue

L’Union européenne a assuré que tous ses États membres appuyaient le système des Nations Unies, ses trois piliers – la paix et la sécurité, le développement, les droits de l'homme –, ses instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ainsi que les réformes qu’il traverse.  Tous les États membres de l’Union européenne sont aussi engagés à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que de l’initiative « Les droits humains avant tout » du Programme des Nations Unies pour le développement.  La délégation a souhaité savoir comment évolue cette initiative et comment l’intégrer aux travaux des Nations Unies.  

Pour le Royaume-Uni, les droits de l'homme ont une importance vitale pour réaliser les Objectifs de développement durable, en particulier l’objectif sur la liberté des médias.  Le représentant a demandé à Mme Mohammed ce que peuvent faire les États libres pour organiser un dialogue constructif dans le cadre du processus de développement.

L’Angola, au nom du Groupe africain, a dit apprécier le soutien de Mme Mohammed au droit au développement pour tous.  Mais, a ajouté sa représentante, « le moment est venu d’agir et non plus de parler ».  À travers le « Plan stratégique Sénégal émergent », le Gouvernement du Sénégal est résolu à réaliser le droit au développement pour l’ensemble de sa population, a dit la délégation de ce pays.  Cependant, sans un appui international, cet objectif sera difficile atteignable, a remarqué le représentant.  Le Sénégal espère que les promesses faites lors de la conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue en juillet 2015 à Addis Abeba, capitale de l’Éthiopie, seront tenues par les partenaires internationaux. 

De l’avis de la Tunisie, il manque un lien entre les droits économiques, sociaux et culturels et les Objectifs de développement durable.  Le représentant a estimé que des recherches plus poussées sur cette problématique sont nécessaires.  La réalisation des Objectifs est de la responsabilité de tous les États mais il faut aussi mettre l’accent sur la dimension internationale.  La Tunisie a demandé à Mme Mohammed comment elle voyait l’intégration du développement durable dans le travail du Conseil des droits de l'homme et, réciproquement, ce que devrait faire la communauté internationale pour ne pas oublier les droits de l'homme dans le programme de développement durable.

Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), Cabo Verde a indiqué que la promotion des droits de l'homme figurait dans le statut constitutif de la CPLP, au même titre que le développement durable.  La Communauté juge essentiel de mobiliser et bien gérer les ressources nécessaires au Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Selon le point de vue de l’Irlande, l’approche droits de l'homme est centrale pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Aussi, le pays a-t-il demandé à la Vice-Secrétaire générale comment elle voyait l’intégration de cette approche dans les travaux des Nations Unies.  L’Afrique du Sud a partagé le même avis concernant l’approche droits de l'homme dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le pays s’est interrogé sur la manière de mobiliser plus de ressources pour agir là où il le faut agir.  Précisément, Cuba a observé que la mise en œuvre de ce Programme manquait cruellement de moyens et a demandé à Mme Mohammed ce que prévoyaient les Nations Unies pour combler cette insuffisance. 

L’Organisation internationale de droit du développement (IDLO) a souligné que des lois justes forment des sociétés inclusives, conformément à l’Objectif de développement durable numéro 16.  L’Organisation a ajouté être partenaire d’une nouvelle initiative visant à identifier les lois discriminatoires à l’encontre des femmes et des filles et à encourager les États à les abroger.  L’IDLO a demandé à Mme Mohammed son avis sur les moyens d’augmenter les moyens de la justice au service du développement.

Pour le Costa Rica, la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 doit reposer sur l’architecture des droits de l'homme et s’accompagner des ressources nécessaires.  La délégation a appelé à tenir compte des pays à revenu intermédiaire.  Faire en sorte que le Programme fasse le lien avec la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est particulièrement important pour ce qui est de l’Amérique latine, a ajouté la délégation costaricienne.  Le Soudan a regretté que la plupart des pays pauvres ne fassent que s’appauvrir et que les tentatives de l’ONU pour les sortir de l’ornière demeurent vaines.  Le pays a demandé comment l’ONU peut mettre un terme aux problèmes des migrations et des demandes d’asile.

Le Mexique a déclaré que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 était le programme du peuple et a indiqué aligner toutes ses politiques sur ce Programme.  Le Mexique a expliqué que les nouvelles technologies non maitrisées ne contribueront pas à permettre la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. 

Le Danemark a souligné que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et les droits de l’homme se renforcent mutuellement.  La coopération technique et le renforcement des capacités peuvent favoriser la mise en œuvre des Objectifs de développement durable, a rappelé le pays.  Le Nigéria s’est réjoui que Mme Mohammed ait établi un lien clair entre les droits de l’homme et le Programme de développement durable à l'horizon 2030, et que ce dernier soit un programme du peuple.  Le Nigéria a par ailleurs souligné que les Objectifs de développement durable sont inatteignables si l’on rompt le mouvement du multilatéralisme. 

Pour Vanuatu aussi, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est le programme du peuple; et le peuple doit donc être au centre de sa réalisation.  La mise en œuvre de ce Programme ne peut se faire sans tenir compte des conséquences des changements climatiques et sans financements.  « Ceux qui le peuvent doivent aider ceux qui en ont besoin », a insisté Vanuatu, avant de demander à la Vice-Secrétaire générale ce que les Nations Unies comptaient faire à ce sujet. 

La Suisse a dit soutenir le dialogue entre Genève et New York , en particulier sur la question des droits de l'homme et a souhaité savoir comment accroître la coopération à cet égard.

L’Alliance globale des institutions nationales des droits de l'homme a souligné que les droits de l'homme ne pouvaient être réalisés sans des institutions nationales des droits de l'homme fortes, ce qui est conforme à l’Objectif n°16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et s’est félicité que de plus en plus d’États se soient précisément dotés d’une institution nationale des droits de l'homme.  Cependant, si l’on ne veut pas que seule la moitié des États Membres de l’ONU en aient une accréditée au niveau du « statut A » de pleine conformité aux Principes de Paris d’ici à 2030, il faut que les États accélèrent les processus d’accréditation de leurs institutions nationales au niveau du « statut A ». 

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) sont également intervenues.  CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens a souligné le rôle fondamental de la démocratie pour la réalisation des Objectifs de développement durable mais a déploré qu’elle soit de plus en plus attaquée.  Si les femmes ne participent pas aux processus de décision, l’objectif de ne laisser personne de côté ne sera pas atteint, a en outre rappelé l’ONG.  Elle a demandé à Mme Mohammed comment accélérer le rythme de participation de la société civile.

La Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO) a souligné que le salut de l’homme passe parfois par la renaissance et qu’il en va de même pour les institutions et les nations.  Pour la RADDHO, la question fondamentale qui se pose est de savoir si l’économie de promeut pas, de plus en plus, toutes les inégalités alors que la démocratie repose, elle, sur l’idée d’égalité et de justice sociale.  L’ONG a ajouté qu’il est temps de faire en sorte que l’économie soit soumise au respect de l’homme; une meilleure répartition de la richesse mondiale contribuera à lutter contre la misère, l’extrême pauvreté et l’exclusion, qui sont les terreaux propices au développement de l’extrémisme violent et de l’insécurité globale, a-t-elle insisté.

International Lesbian and Gay Association a souligné que les Objectifs de développement durable doivent inclure les personnes LGBTI et a demandé aux États de développer des stratégies en ce sens et de partager les bonnes pratiques en la matière.

Conclusion du dialogue par la Vice-Secrétaire générale

Dans ses remarques de conclusion, MME MOHAMMED a d’abord souligné l’importance de récolter des données sur les personnes qui sont encore trop souvent laissées pour compte, mais dont on ne sait pas toujours qui elles sont.  Elle a fait observer, à ce propos, que les institutions nationales des droits de l’homme jouent un rôle très important pour faire entendre la voix de toutes les personnes laissées de côté. 

Mme Mohammed a ensuite recommandé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 soit abordé dans une perspective globale, tous ses objectifs étant interdépendants; et de développer, dans chaque pays, une expertise au niveau national et local en créant des partenariats avec la société civile, les universités et les entreprises.  La Vice-Secrétaire générale a plaidé pour une action qui soit véritablement collective dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et plaidé pour une plus grande efficacité de l’action en matière de droits de l’homme au niveau local. 

La Vice-Secrétaire générale a rappelé qu’il y avait aujourd’hui un fossé énorme entre ce que le monde veut et la réalité sur le terrain.  Mme Mohammed a déclaré qu’il fallait revoir les ambitions à la hausse en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques et le creusement du fossé numérique, et regretté que les Gouvernements aient pris beaucoup de retard dans ces domaines.  Il faut aussi renforcer les processus d’autonomisation des personnes handicapées afin d’assurer leur participation à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. 

Mme Mohammed a enfin estimé qu’il fallait élargir la place dévolue à la société civile au sein des Nations Unies.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 peut conduire à la prospérité, a affirmé la Vice-Secrétaire générale. 

Débat interactif avec la Haute-Commissaire aux droits de l'homme

Le Pakistan a déclaré que les États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) – au nom de laquelle il s’exprimait – souhaitent que toutes les situations préoccupantes des droits de l'homme soient abordées, comme celles des musulmans rohingya, du Jammu-et-Cachemire, du Haut-Karabagh et des Palestiniens.  Les membres de l’OCI souhaitent par ailleurs une transparence dans les activités et une représentation régionale équitable parmi les personnels du Haut-Commissariat.  L’OCI exprime également des préoccupations quant à la prolifération des discours de haine, xénophobes, racistes et islamophobes dans un certain nombre de pays.  Bahreïn, au nom du Groupe arabe, a dit partager les préoccupations de la Haute-Commissaire s’agissant de la situation des migrants et a loué la position de Mme Bachelet qui accorde une grande importance à la tragédie vécue par le peuple palestinien. 

L’Union européenne a réitéré son soutien à l’indépendance du Haut-Commissariat.  Elle s’est dite préoccupée par la situation des droits de l'homme en Turquie, au regard notamment de la liberté d'expression.  L’Union européenne appuie par ailleurs les efforts des Nations Unies au Yémen et invite les parties à mettre en œuvre l’accord de Stockholm pour une trêve dans ce pays.  Elle a aussi appelé les autorités du Cameroun à protéger les populations civiles dans un contexte de violences persistantes.  L’Union européenne a fait part d’autres préoccupations s’agissant de la persistance de la détention arbitraire au Gabon; et de la restriction de l’espace démocratique aux Comores, dans le contexte d’élections prochaines.

La Chine, au nom d’un groupe de pays, a souligné l’importance de respecter la souveraineté et l’indépendance des pays dans le cadre de l’exercice du mandat de la Haute-Commissaire.  La politisation des droits de l'homme et l’approche de deux poids, deux mesures doivent être évitées, ainsi que la pratique consistant à nommer et pointer du doigt ; le Conseil doit être une plateforme d’échange et de dialogue, a insisté la Chine.

Au nom du Groupe africain, l’Angola a souligné le travail remarquable du Haut-Commissariat mais a considéré qu’il était nécessaire de renforcer la coopération internationale.  Le Groupe africain attend que le programme de travail pour 2019 du Haut-Commissariat prenne en compte les besoins africains.  Le représentant a remercié Mme Bachelet de ses efforts contre la xénophobie et contre la discrimination à l’égard des migrants, des réfugiés et des groupes minoritaires ou vulnérables. 

Au nom d’un groupe inter-régional de pays, l’Afrique du Sud s’est dite encouragée par le premier face-à-face entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc, qui a eu lieu à Genève en décembre.  Elle a demandé aux parties de négocier pour permettre au peuple sahraoui de réaliser son droit à l’autodétermination.  L’Afrique du Sud a prié le Haut-Commissariat de reprendre sa mission technique au Sahara occidental et de mettre en place un programme d’assistance technique et de renforcement des capacités pour le Front Polisario et la Commission nationale sahraouie pour les droits de l'homme.

Au nom d’un premier groupe de pays, le Pérou s’est dit très préoccupé par la situation des droits de l'homme au Venezuela, et souligné que la rupture de l’ordre constitutionnel ne faisait qu’aggraver la crise économique et humanitaire, dont témoigne le flux de réfugiés.  Le Pérou a souligné que la solution à la crise au Venezuela devait être nationale, sans recours à la force.  Au nom d’un autre groupe de pays, le Pérou a ensuite invité le Haut-Commissariat à continuer de coopérer avec les États en matière de prévention des violations des droits de l’homme, un élément essentiel dans la gestion des conflits.  Ces États sont d’avis que l’approche constructive adoptée par le Haut-Commissariat par le biais de dialogue est garante du succès, dans un contexte où le multilatéralisme est mis à mal, a dit la représentante péruvienne. 

L’Argentine, au nom d’un groupe de pays, s’est dite préoccupée par la détérioration de la situation des droits de l’homme au Nicaragua.  Elle a demandé que le Gouvernement du Nicaragua respecte le droit à un procès équitable et que les victimes aient accès à la justice et à des réparations.  L’Argentine a ajouté qu’elle soumettrait une résolution pour que la situation au Nicaragua fasse l’objet d’un point à l’ordre du jour du Conseil. 

Les Fidji, au nom d’un groupe de pays ayant récemment rejoint le Conseil des droits de l’homme, ont indiqué que ces pays entendaient redoubler d’efforts pour aider le Conseil à remplir sa mission de promotion et de protection des droits de l’homme.  L’objectif est d’intervenir dans le but d’améliorer la situation des droits de l’homme sachant qu’aucun État ne connaît la perfection dans ce domaine; il s’agit aussi, pour les membres du groupe, de faire en sorte d’éviter les tactiques procédurales qui bloquent les débats. 

Les Pays-Bas, au nom du « groupe des amis de la responsabilité de protéger », ont dit que les États membres de ce réseau sont d’avis que le Haut-Commissariat doit jouer un rôle dans la prévention des crises et la répression des crimes de masse.  Il peut le faire à travers ses rapports sur de pays et de situations spécifiques et son appui aux procédures spéciales et à l’Examen périodique universel.  Les États au nom desquels les Pays-Bas s’exprimaient plaident, de plus, pour une meilleure coordination des activités menées aux sièges des Nations Unies à New York et à Genève.

L’Islande, au nom de trente-six États, a fait part de sa préoccupation devant les arrestations et la détention arbitraire de défenseurs des droits de l'homme, en particulier de ceux qui défendent les droits des femmes.  Ces États demandent à l’Arabie saoudite de libérer les défenseurs des droits de l'homme emprisonnés; ils condamnent l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et demandent à l’Arabie saoudite de coopérer à l’enquête sur cet assassinat. 

Au nom d’un groupe de vingt États soutenant l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc, le Maroc a évoqué la première table ronde qui, les 5 et 6 décembre dernier, a réuni les parties au conflit au Sahara pour initier des discussions directes, ajoutant que l’Initiative d’autonomie pour le Sahara lancée par le Maroc a été jugée sérieuse, crédible et à même de régler définitivement ce différend régional.  La délégation marocaine a ajouté que l’interaction des États Membres avec le Conseil et avec le Haut-Commissariat doit être préservée de toute instrumentalisation qui aurait pour effet de susciter des débats stériles au sein du Conseil.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, le Venezuela s’est dit très préoccupé par l’extrémisme violent partout dans le monde, jugeant urgent d’en examiner les causes fondamentales.  Le pays a aussi condamné les violations systématiques des droits fondamentaux des Palestiniens par la puissance occupante, Israël, estimant que seule la coopération peut permettre de trouver de réelles solutions.  Il s’est dit consterné par les préjugés, l’intolérance et la discrimination raciale qui entravent la jouissance des droits de l'homme.

Le Koweït a, pour sa part, demandé au Conseil d’instaurer un dialogue constructif et d’éviter toute politisation de ses débats.  Le pays a ajouté qu’il avait, en ce qui concerne, prouvé être ouvert aux pays du monde et avait tenu compte des libertés de tous les acteurs.

Les Pays-Bas ont déclaré que les droits de l’homme fondent l’espoir et qu’il faut être sérieux sur le diagnostic si l’on veut espérer la guérison.  Le mandat de la Haute-Commissaire doit continuer à accorder son attention aux points les plus difficiles, a ajouté le pays.  Les Pays-Bas se sont dit inquiets par les multiples violations des droits des minorités, notamment des Ouïghours dans la région (autonome) du Xinjiang en Chine.  Le Conseil a montré que des efforts conjoints peuvent contribuer à donner l’espoir, a rappelé la délégation néerlandaise. 

Le Pakistan a déclaré que la Haute-Commissaire avait attiré l’attention sur les inégalités dans le monde.  Le conflit au Cachemire a fait face à l’occupation illégale de l’Inde.  Le droit à l’autodétermination n’a pas été pris en compte par ce pays.  Les défenseurs des droits de l’homme qui s’expriment en Inde contre ces abus sont réduits au silence.  L’Inde doit réfléchir à ses échecs qui ont des répercussions graves sur la population du Cachemire. 

Le Danemark s’est dite inquiet par la réduction de l’espace accordée à la société civile, ce qui limite leur capacité à bien fonctionner.  Les journalistes et les activistes voient leurs droits de l’homme fondamentaux diminuer et ne peuvent pas exercer normalement leurs activités.  Il faut que la société civile puisse fonctionner librement et s’exprimer librement sans craindre de représailles.  Le Danemark veut travailler avec le Haut-Commissariat pour protéger et donner la voix de la société civile au Conseil. 

Le Portugal a jugé qu’il fallait un système international fort pour répondre aux crises diverses qui secouent le monde, s’agissant notamment des conflits, des crises humanitaires, de l’usage récurrent de la peine de mort ou des rhétoriques racistes et xénophobes. 

Israël s’est demandé comment l’on pouvait ignorer les « coups » que son pays recevait tous les jours, avec les attaques contre ses citoyens, alors qu’Israël s’est retiré de Gaza voici 13 ans et que le Hamas se trouve derrière les manifestations présentées comme pacifiques.  Israël regrette les pertes civiles, mais estime qu’il faut tenir compte « des réalités du terrain ». 

Le Liechtenstein a dit être préoccupé par la situation au Myanmar, notamment dans l’État Rakhine.  Le pays est également préoccupé par la situation en Syrie et estime que ces deux situations devraient renvoyées à la Cour pénale internationale. 

Le Soudan a indiqué qu’il y avait eu des « manifestations éparses » à divers endroits du pays et que cela est la conséquence du blocus imposé au Soudan alors même que ce pays accueille des millions de réfugiés et que le prix des denrées de première nécessité a augmenté.  Il est déplorable que le Haut-Commissariat n’ait pas souligné la coopération dont fait preuve le Soudan, ni son rôle dans l’accueil de réfugiés, a ajouté la délégation soudanaise, assurant par ailleurs que l’état d’urgence décrété dans le pays n’empiétait en rien sur les droits et libertés fondamentaux; il ne sert qu’à répondre temporairement à la crise économique que traverse le pays. 

La Lituanie a dit sa préoccupation au sujet des attaques contre les journalistes et la liberté des médias, de plus en plus fréquentes et cruelles et perpétrées en toute impunité dans les zones de conflit et les pays à régime autoritaire.  Le pays a demandé à la Haute-Commissaire quelles mesures doivent être prises aux niveaux national et mondial pour empêcher et punir les crimes contre les journalistes ainsi que pour éviter de nouvelles limitations à la liberté d’expression.

L’Inde a estimé que le terrorisme est la violation la plus grave des droits de l'homme et a accusé le Pakistan de maintenir une occupation illégale sur une partie de son territoire.  Le principal problème est le terrorisme transfrontières et son utilisation par le Pakistan comme instrument politique, a insisté l’Inde.  Plus grande démocratie du monde, l’Inde est extrêmement diverse et assure le respect de la tolérance, a-t-elle assuré.

Le Brésil s’est dit préoccupé par les violations des droits de l'homme dans la région, en particulier par le « régime illégitime » au Venezuela, dont le Brésil accueille nombre de réfugiés.  Le Brésil a demandé l’organisation d’élections libres et justes au Venezuela dans les plus brefs délais et a indiqué reconnaître le président par intérim Juan Guaidó.  La délégation brésilienne a demandé le retour des mécanismes des droits de l'homme au Venezuela.

L’Ordre souverain de Malte a demandé des mesures urgentes pour garantir la sécurité des réfugiés et des migrants et lutter contre la haine raciale et religieuse.  Pour ce qui est des droits humains des personnes qui se déplacent, l’Ordre s’est félicité de la mise en place par le Haut-Commissariat d’un programme de formation pour ceux qui travaillent aux frontières. 

Le Timor-Leste a déclaré que le peuple du Sahara occidental, « dernier pays colonisé d’Afrique », attend depuis longtemps de profiter de son droit à l'autodétermination.  Le Timor-Leste appuie à cet égard les pourparlers en cours et le rôle de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, M. Hörst Kohler.  La délégation timoraise a demandé au Haut-Commissariat de rester saisi de la question et de remettre sur pied sa mission technique au Sahara occidental. 

Le Canada a estimé qu’il n’y avait aucune justification à la détention arbitraire et a demandé ce que pouvait faire la communauté internationale pour faire en sorte que les objectifs des droits de l'homme soient réalisés pour tous. 

L’État de Palestine a déclaré que les quelques lignes consacrées à son pays dans le rapport de la Haute-Commissaire montrent que la « Convention de Genève est violée de l’article 1 à l’article 149 ».  La délégation palestinienne a invité Israël à laisser entrer la Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l'homme afin qu’elle puisse visiter les territoires palestiniens occupés; la délégation a aussi invité ceux qui ne partagent pas les valeurs de ce Conseil à le quitter, comme ils l’ont fait l’année dernière. 

La Tunisie a fait le bilan de son Gouvernement en matière de promotion des droits des femmes, avant de déclarer qu’il ne pouvait y avoir de démocratie et de développement sans l’élimination des discriminations entre les sexes.  Il ne faut par ailleurs pas oublier les droits du peuple palestinien, qui lui aussi a droit au respect et à la dignité, a ajouté la délégation tunisienne. 

La Slovénie s’est dite convaincue que les inégalités ont des effets sur les droits de l'homme et engendrent l’instabilité sociale.  Le pays a attiré l’attention sur le défi émergent des droits des personnes âgées, qui doivent être particulièrement protégés.

Le Honduras a souligné que la mobilité humaine ne saurait être gérée que globalement.  Le pays a rappelé avoir signé le Pacte de Marrakech sur les migrations et a ajouté qu’il souhaite donc l’appliquer; à cette fin, le Honduras met en place un double programme d’investissements et d’emploi pour les pays d’Amérique centrale.

L’Allemagne a fait savoir que l’une de ses priorités en tant que pays membre du Conseil de sécurité pour 2019-20 est de créer un lien plus solide entre Genève et New York.  Le pays a fait part de sa préoccupation au sujet des arrestations de militants des droits de l'homme, de journalistes et de membres du Parlement en Turquie, ainsi qu’au sujet de la situation au Yémen, au Cameroun, au Turkménistan et aux Comores, et il a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir Haïti. 

Cuba s’est enquise des mesures prises pour assurer l’équilibre géographique des membres du Haut-Commissariat aux droits de l'homme.  Cette question est indispensable pour préserver l’autorité et la crédibilité de cette institution.  Le Haut-Commissariat doit respecter la souveraineté des États, a en outre souligné la délégation cubaine, affirmant que le point 2 de l’ordre du jour du Conseil (consacré au rapport annuel de la Haute-Commissaire) ne sert pas à montrer du doigt un certain nombre d’États.  Cuba est fermement engagée en faveur de la défense des droits de l’homme, a conclu la délégation cubaine. 

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*Ont participé au dialogue avec la Vice-Secrétaire générale:  Union européenne, Royaume-Uni, Angola (au nom du Groupe africain), Sénégal, Tunisie, Cabo Verde (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP)), Irlande, Afrique du Sud, Cuba, Costa Rica, Soudan, Mexique, Danemark, Nigéria, Vanuatu, et la Suisse.

Alliance globale des institutions nationales des droits de l'homme

CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens; Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme; et International Lesbian and Gay Association.

**Ont participé au débat interactif avec la Haute-Commissaire : Afrique du Sud (au nom d’un groupe inter-régional de pays), Allemagne, Angola (au nom du Groupe africain), Argentine (au nom d’un groupe de pays), Bahreïn (au nom du Groupe arabe), Brésil, Canada, Chine,, Cuba, Danemark, État de Palestine, Fidji (au nom d’un groupe de pays), Honduras, Inde, Islande (au nom de trente-six États), Israël, Koweït, Liechtenstein, Lituanie, Maroc (au nom d’un groupe de vingt États), Ordre souverain de Malte, Pakistan, Pakistan (au nom des États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Pays-Bas, Pays-Bas (au nom du « groupe des amis de la responsabilité de protéger »), Pérou (au nom d’un groupe de pays), Portugal, Slovénie, Soudan, Timor-Leste, Tunisie, Union européenne, et Venezuela (au nom du Mouvement des pays non alignés).

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
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