L’Expert indépendant de l'ONU présente ses conclusions au terme de sa mission en Haïti
Visite officielle en Haïti
27 octobre 2016
PORT-AU-PRINCE (26 octobre 2016) – L’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, M Gustavo Gallón, a terminé sa sixième visite officielle en Haïti pour évaluer la situation des droits humains dans le contexte politique actuel.
L’expert indépendant a commencé réitérant sa solidarité avec les victimes de l’ouragan Matthew et avec le peuple Haïtien. «L’affectation des droits des personnes en Haïti à cause des catastrophes naturelles est l’un des cinq aspects prioritaires que j’ai indiqués dans mes rapports précédents. C’est ainsi que je me suis rendu à Jérémie, dans le département de la Grand’Anse, où j’ai visité le Lycée Nord Alexis, qui abrite 525 familles victimes du cyclone. Leur situation est similaire à celles que j’ai vues auparavant dans les camps de personnes déplacées par le tremblement de terre de 2010, ceux abritant les personnes émigrées de la République dominicaine dans la zone frontalière, ou même la situation des personnes privées de liberté dans les prisons du pays», a dit M Gallón. Il a souligné qu’il faut redoubler les efforts pour faire face aux besoins des personnes touchées par cette catastrophe.
L’Expert indépendant a apprécié le passage pacifique de la dernière présidence de la république à une présidence provisoire ainsi que les efforts déployés par le Gouvernement pour assurer les élections. Néanmoins, l’ouragan Matthew a déplacé la date des élections du 9 octobre et « il va influencer aussi la nouvelle date fixée pour le 20 novembre car beaucoup de personnes affectées par l’ouragan auront des difficultés pour participer aux éléctions», selon l’Expert indépendant. Il a souligné que le Gouvernement a le devoir de réaliser les élections malgré les circonstances difficiles mais il est optimiste que l’existence d’un nouveau Conseil Électoral Provisoire ainsi que d’un climat politique plus détendu que l’année dernière permettront d’aboutir le procès électoral. «J’espère que ces élections se tiendront sans surprises et qu’on aura un nouveau président élu en février de l’année prochaine ainsi qu’une normalisation des institutions étatiques», a exprimé M Gallón.
En ce qui concerne la détention préventive prolongée, l’Expert indépendant a pris note de la création d’une commission présidentielle pour faire face à cette violation grave des droits humains. Il a réitéré au Ministère de la justice la nécessité de mettre en œuvre des actions urgentes visant à l’abolition de la détention préventive prolongée et à reformer le système judiciaire. M Gallón a visité la nouvelle prison de femmes construite à Cabaret. Même si « cette prison est un exemple d’installation non surpeuplée, l’endroit n’a pas d’eau potable, l’intimité n’est pas assurée dans les douches et les toilettes, le temps de recréation est limité à trois heures par semaine, et il y a un réfectoire qui n’est pas utilisé», il a dit. Il a déclaré qu’il faut faire encore plus d’efforts pour améliorer les conditions dans les prisons à fin de garantir la dignité des détenus.
L’Expert indépendant a réitéré sa recommandation d’alphabétiser dans un temps raisonnablement court les gens qui ne savent pas lire ni écrire. « Il n’est pas nécessaire de dépenser de grosses sommes d’argent pour réussir, mais plutôt d’organiser une campagne basée sur la décision gouvernementale d’éliminer entièrement et de façon rapide le problème », il a souligné. M Gallón a invité le gouvernement à reprendre le plan d’éducation élaboré en 2010 et repris en 2011, où il était prévu d’éliminer l’analphabétisme dans le pays dans un délai de cinq ans.
Il a aussi insisté sur ses recommandations de créer une commission de vérité, justice et réparation pour éclaircir les violations du passé, et une commission similaire pour réparer les victimes du choléra. « Il faut rendre justice aux victimes des violations du passé et aux personnes qui ont subi les conséquences du choléra pour batir une société plus égalitaire, basée sur la justice », il a indiqué.
L’Expert indépendant a finalisé en déclarant son indignation par les attaques verbales et physiques contre la communauté LGBTI suite à l’interdiction du festival international Massi Madi organisé par cette communauté. « Ces attaques sont contraires au droit à l’égalité et à la non-discrimination reconnu par les traités internationaux souscrits par Haïti. Je fais un appel spécial, aussi bien aux autorités qu’à la société, à respecter aussi bien les traités que toutes les personnes». M. Gallón a conclu en rappelant aussi qu’il va présenter son rapport au Conseil des droits de l’homme en mars 2017 et qu’il espère pouvoir montrer des progrès dans la mise en œuvre de ses recommandations.
(*) Voir la déclaration complète de fin de mission : http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=20760&LangID=F
Le Conseil des droits de l’homme a nommé M. Gustavo Gallón comme Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti en juin 2013. M. Gallón a plus de 30 ans d’expérience en tant que défenseur des droits de l’homme et professeur universitaire en droit public et droits humains. Il a été Représentant spécial de la Commission des droits de l’homme des Nations unies pour la Guinée équatoriale 1999-2002. Il est actuellement le directeur de la Commission colombienne des juristes depuis sa création en 1988. Pour en savoir plus: http://www.ohchr.org/fr/special-procedures-human-rights-council/independent-expert-situation-human-rights-haiti
Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.
Nations Unies Droits de l’Homme, fiche pays – Haïti : http://www.ohchr.org/fr/countries/haiti
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