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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Les économies ancrées dans les droits humains peuvent guérir les fractures sociales, déclare le Haut-Commissaire

09 août 2023

Dialogue Hernán Santa Cruz, Chili
Message vidéo de Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

Il y a 75 ans, les dirigeants du monde entier ont adopté un texte remarquable dans le but de nous aider à trouver une issue suite à la tragédie et à la destruction engendrées par deux guerres mondiales, et de faciliter la reprise économique globale après la Grande Dépression.

À l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous nous devons de remercier ses auteurs, dont Hernán Santa Cruz, un diplomate chilien qui s’est battu pour l’inclusion des droits économiques, sociaux et culturels.

Ces dialogues célèbrent son héritage. Je tiens à saluer sa vision et son courage.

Hernán Santa Cruz a évoqué un jour le « douloureux paradoxe » de la « coexistence entre une richesse insoupçonnée et une misère atroce ».

Il était résolu à s’attaquer aux profondes inégalités dans le monde.

L’Amérique latine et les Caraïbes sont l’une des régions les plus inégales du monde.

Le fossé entre les riches et les pauvres est immense et ne se réduit pas.

Selon les projections, 201 millions de personnes en Amérique latine vivaient dans la pauvreté à la fin de l’année dernière.

Dans de nombreux pays, les peuples autochtones sont confrontés à des taux de pauvreté bien plus élevés.

Les zones rurales endurent des taux d’extrême pauvreté jusqu’à deux fois plus hauts que les centres urbains.

La crise économique mondiale a fait grimper en flèche les prix des denrées alimentaires et de l’énergie et a plongé des millions de personnes dans la pauvreté.

Aucun pays n’a été épargné par les conséquences sociales et économiques désastreuses de la pandémie de COVID-19.

En outre, aucun pays ne sera épargné par l’impact humain, environnemental et économique massif de la crise climatique, à moins que nous ne prenions immédiatement des mesures colossales.

En temps de crise, les économies vacillent. Les investissements diminuent et les emplois en pâtissent.

Les inégalités se creusent et s’aggravent.

Cependant, les économies ancrées dans les droits humains peuvent résister à ces chocs.

Ces économies répartissent plus équitablement leurs ressources et accordent la priorité à la protection sociale, et à une éducation et à des soins de santé de qualité pour tous.

Ces pays agissent de manière décisive face à la crise climatique.

Ils veillent à ce que les citoyens jouissent de toutes leurs libertés fondamentales, qu’ils aient la possibilité de faire entendre leur voix pour revendiquer leurs droits et qu’ils puissent participer activement aux affaires qui les concernent.

En nous remémorant la vision de Hernán Santa Cruz et d’autres délégués il y a 75 ans, inspirons-nous de l’esprit et de la soif de changement qu’ils ont manifestés lors du processus de rédaction.

Les gouvernements de la région ont aujourd’hui l’occasion de renouveler leur engagement en faveur des droits de l’homme.

Ils peuvent changer de direction, montrer la voie à suivre et provoquer un changement socioéconomique positif.

En luttant contre la corruption et en faisant progresser les réformes fiscales qui favorisent des contributions plus équitables de la part des plus aisés et qui mobilisent des ressources pour réaliser les droits économiques, sociaux et culturels.

En fondant les politiques, les plans et les programmes économiques sur les obligations et principes relatifs aux droits de l’homme.

Et en veillant à ce que les budgets nationaux reflètent des dispositions en faveur d’un investissement solide dans les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que dans les efforts visant à réaliser le Programme 2030 et ses objectifs de développement durable.

Des progrès considérables sont actuellement réalisés dans cette région en vue d’une plus grande collaboration dans le cadre de systèmes fiscaux mondiaux plus efficaces, plus durables et plus inclusifs. Je m’en félicite.

Et je me fais l’écho de l’appel du Secrétaire général des Nations Unies en faveur d’une réforme radicale de l’architecture financière internationale. Je vous invite tous à soutenir l’initiative de Bridgetown, un ensemble de propositions novatrices pour soulager le surendettement, accroître les investissements dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et assurer une transformation verte de nos économies.

Enfin, je me réjouis que le Chili ait ratifié l’accord historique d’Escazu. Il s’agit d’un instrument essentiel qui contribue à la lutte contre les changements climatiques et à la réalisation de la justice environnementale dans la région. J’appelle les autres États de la région qui ne l’ont pas encore ratifié à faire de même.

Combler le fossé des inégalités nécessitera une volonté politique forte. En veillant à ce que les droits de l’homme constituent le socle sur lequel nos économies sont construites et soutenues, nous avons plus de chances que jamais de guérir les fractures sociales et de progresser vers la prospérité, la dignité et la justice pour tous.

Défendons tous les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et renouvelons notre engagement à leur égard.

Merci.