Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme
20e anniversaire de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme
20e anniversaire de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme
18 décembre 2018
Réunion plénière informelle de haut-niveau de l’Assemblée générale
20e anniversaire de l’adoption de la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus
Déclaration de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
New York, le 18 Décembre 2018
Madame la Présidente de l’Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général,
Chers membres de la réunion plénière,
Chers collègues et amis,
C’est un réel honneur de commémorer dans cette Assemblée la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme, qui, il y a 20 ans, a réaffirmé le besoin vital de respecter la dignité et les droits de ces héros des droits de l’homme qui luttent pour nous tous.
Le travail des défenseurs des droits de l’homme profite aux États, car il permet d’élaborer des politiques qui répondent aux réels besoins et contribuent à de meilleurs résultats en matière de développement, conformément au Programme de développement durable et au droit au développement.
Le travail des défenseurs des droits de l’homme profite aux sociétés. Les défenseurs prêtent leur voix aux groupes qui ne sont pas entendus. Ils rendent les sociétés plus inclusives et plus aptes à résister aux chocs. Ils contribuent à garantir l’accès à une éducation de qualité, à faire respecter l’État de droit et à détecter et résoudre rapidement les tensions. Grâce à leurs activités de surveillance et de plaidoyer, les défenseurs des droits de l’homme améliorent également les sociétés.
Le travail des défenseurs des droits de l’homme profite aux entreprises. Il y a tout juste dix jours, plusieurs grandes entreprises ont appelé au respect des droits de ces défenseurs et ont demandé aux entreprises d’intervenir positivement dans des situations où les libertés civiles et les défenseurs des droits de l’homme sont menacés.
Le travail des défenseurs des droits de l’homme profite aux personnes qui font partie de leurs propres sociétés et communautés. Ils défendent réellement les droits de nos semblables, dans toute leur diversité.
Prenons par exemple les deux lauréats du prix Nobel de cette année : Denis Mukwege, un docteur qui depuis plus de 30 ans vient en aide aux femmes victimes de violences, notamment sexuelles, et Nadia Murad, une survivante pleine de courage, de force et de compassion qui s’est servie de sa liberté pour défendre celle des autres.
Citons également Nelson Mandela, ce " géant " des droits de l’homme sud-africain dont nous avons récemment célébré le centenaire de la naissance. Son travail, ainsi que celui de nombreux autres grands hommes et femmes pour instaurer le principe d’égalité en Afrique du Sud, a été une source d’inspiration considérable pour de nombreux États au sein de cette Assemblée.
Qu’il s’agisse de demander des comptes aux auteurs d’actes de violence, de sauver les migrants du danger, de dénoncer la corruption, de mettre fin à la discrimination ou de défendre les droits des peuples autochtones, des habitants des bidonvilles, des personnes âgées ou des personnes handicapées, le travail des défenseurs des droits de l’homme est précieux.
Leurs accomplissements ont été d’une immense importance pour la communauté internationale et pour les États Membres de cette Assemblée.
En décembre 1998, la Déclaration a reconnu que les défenseurs des droits de l’homme ont le droit d’exprimer leurs idées, de s’associer, de se réunir pacifiquement et d’exiger que les autorités, à tous les niveaux, respectent leurs engagements solennels en faveur des droits de l’homme.
La Déclaration constitue la promesse des États de protéger les défenseurs des droits de l’homme contre toute action arbitraire résultant de l’exercice légitime de leurs droits. Cette promesse a pour but de garantir que les défenseurs aient accès à des recours efficaces en cas de violation de leurs droits et de veiller à ce que des enquêtes rapides et impartiales soient menées sur ces violations présumées.
Deux décennies après son adoption, il reste encore beaucoup à faire.
Dans un nombre croissant de sociétés à travers le monde, les défenseurs des droits de l’homme sont perçus comme des traîtres et sont harcelés ou attaqués. Les autorités limitent considérablement leur travail. Les opinions dissidentes - et légitimes - sont qualifiées de " terroristes ". Les actes de compassion et de solidarité envers les personnes dans le besoin sont pourchassés et punis.
Certains domaines de la défense des droits de l’homme sont particulièrement dangereux. Le Secrétaire général a souligné qu’au cours des trois dernières années, un défenseur a été tué chaque jour en moyenne. Je souhaite rendre un hommage particulier aux femmes défenseurs des droits de l’homme, qui sont confrontées à toutes les difficultés généralement rencontrées par les hommes défenseurs, mais qui en plus subissent souvent des violences et des menaces en raison de leur sexe, ainsi qu’une stigmatisation sociale, notamment en raison de l’extrémisme religieux et des accusations de trahison culturelle dont elles font l’objet.
Excellences,
Nous faisons face à des changements rapides à l’échelle de la planète. L’humanité est confrontée à de nouveaux dangers et à des transformations sans précédent. Les changements climatiques menacent notre avenir. Les nouvelles technologies de l’information donnent de nouveaux moyens de surveiller et de restreindre les activités menées dans le domaine des droits de l’homme. Le rythme de ces changements rend la population mondiale craintive, méfiante à l’égard des autorités et inquiète pour son avenir.
Ces questions ne peuvent être résolues par la répression et la violence. La population réclame des politiques en faveur d’un monde plus équitable, plus stable et plus durable.
Le respect des droits de l’homme est dans l’intérêt de chaque État. Ces droits expriment le but fondamental de l’ONU : nous ne pouvons parvenir à la paix, à la sécurité et au développement durable pour toutes les sociétés que si nous faisons progresser la dignité et l’égalité de tous les êtres humains.
Le travail des défenseurs des droits de l’homme contribue à la bonne gouvernance et à une plus grande justice, dignité et égalité, ainsi qu’à un avenir meilleur pour nos enfants.
Il est temps de renverser la tendance et de cesser de mépriser leur voix et leurs droits. Il est temps de défendre les défenseurs, dont l’altruisme et le courage devraient être une source d’inspiration pour nous tous.
Je m’engage à faire entendre la voix des défenseurs à tout instant. Je m’engage à prendre la parole lorsque la liberté dont ils ont besoin pour faire leur travail inestimable est menacée. Je m’engage à célébrer leurs accomplissements et leurs contributions. Et je me joins au Secrétaire général pour appeler tous les acteurs à redoubler d’efforts afin de tenir les promesses faites il y a 20 ans.
Merci.
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