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Déclarations

LA HAUT COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME VIVEMENT PRÉ0CCUPÉE PAR LA RÉCENTE VAGUE DE MASSACRES DE POPULATIONS CIVILES AU BURUNDI

16 Novembre 1998


La déclaration suivante a été faite cet après-midi par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson.


«J'ai été bouleversée d'apprendre le massacre de plusieurs dizaines de civils non armés survenu entre le 2 et le 4 novembre dans la province de Bujumbura Rural. Ce massacre a eu lieu dans les secteurs de Busenge (commune de Muhuta) et de Rutovo (commune de Mutambu).

Les 11, 12 et 13 novembre, une équipe du Bureau du Haut Commissaire au Burundi s'est rendue dans les deux communes aux fins d'enquêtes sur les lieux. Les observateurs se sont vu refuser à deux reprises l'accès aux lieux de ce massacre en raison de l'insécurité qui y régnerait, selon les autorités militaires.

Les autorités ont indiqué à l'équipe que 31 personnes avaient été tuées à Busenge et 25 à Rutovo au cours d'affrontements entre un groupe de rebelles opérant depuis plusieurs semaines dans la zone et des militaires des détachements de ces deux secteurs. Les informations recueillies par l'équipe feraient cependant état d'un bilan beaucoup plus élevé. Il ressort en effet des témoignages transmis aux observateurs des droits de l'homme que plus d'une centaine de civils auraient été tués au cours de cet incident qui semble être un acte de représailles suite a l'attaque par des rebelles, trois jours auparavant, de la colline voisine de Maramvya, au cours de laquelle six civils ont été tués et quatre autres blessés.

Je condamne avec la plus grande fermeté ces massacres, les plus graves enregistrés au Burundi depuis l'incident de Rukaramu en janvier 1998, ainsi que les deux précédents survenus également en province de Bujumbura Rural, dans les localités de Kanyosha et de Maramvya qui ont eu lieu respectivement les 27 et 30 octobre dernier.

Je présente mes condoléances les plus sincères aux familles des victimes et les invite malgré la peine et la douleur qui les frappent, à ne pas faire leur propre justice. Je demande aux autorités burundaises d'ouvrir dans les meilleurs délais des enquêtes sur chacune de ces tueries afin que les responsables de ces actes inqualifiables puissent être identifiés et traduits devant la justice.

J'appelle très solennellement le Gouvernement du Burundi ainsi que les groupes rebelles à respecter le droit inaliénable que constitue le droit à la vie en vertu des normes humanitaires pertinentes et notamment de l'article 3 commun aux Conventions de Genève. J'invite par ailleurs le peuple burundais a poursuivre, malgré cette récente recrudescence de la violence, le processus de paix et de réconciliation nationale si difficilement initié, qui seul pourra permettre au Burundi de se diriger résolument vers l'instauration d'un état de droit et de rompre ainsi avec une culture de l'impunité».

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