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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

LA HAUT COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L'HOMME CONCLUT SA VISITE AU BURUNDI

23 Mai 2007

La Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme, Louise Arbour, a fait, ce 23 mai, la déclaration suivante à la fin de sa visite au Burundi:

Bujumbura, 23 mai 2007: A l’issue de cette première visite au Burundi j’aimerais tout d’abord remercier les autorités du pays pour l’accueil qu’elles m’ont réservé. Durant ces cinq jours à Bujumbura, j’ai eu des entretiens productifs avec le Président Nkurunziza ainsi qu’avec les Vice Présidents Nduwimana et Ntisezerana. Je salue également le courage et la détermination des défenseurs des droits humains et autres représentants de la société civile que j’ai rencontrés. Je tiens aussi à remercier nos partenaires du système des Nations Unies au Burundi, et tout particulièrement mes collègues de l’Office du haut commissaire des droits de l’homme au Burundi, qui font un travail remarquable dans des circonstances parfois difficiles.

Mon séjour au Burundi m’a permis de mieux appréhender la situation des droits humains dans le pays et les progrès enregistrés notamment depuis le début du processus de transition. L’adoption d’une nouvelle constitution en 2005 et les élections de même année ont marqué un tournant dans l’histoire du Burundi, débouchant sur la création d’un espace politique plus inclusif et ouvert. J’ai été fortement impressionnée par le nombre de femmes que comporte le gouvernement burundais, en accord avec l’exigence constitutionnelle de parité. En effet, les trois ministres avec lesquels je me suis entretenue sont des femmes, à savoir la Ministre des Affaires Extérieures, la Ministre de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne et du Genre, et la Ministre de la Justice. Lors de ma visite j’ai également rencontré quatre ex-Présidents du Burundi réunis, un geste que je considère hautement symbolique et porteur d’espoir pour l’avenir du pays.

En ce qui concerne le volet de la justice de transition, une question qui était au cœur de ma visite, je me réjouis du consensus sans équivoque dégagé suite à des consultations entre les Nations Unies et le Gouvernement burundais sur deux points fondamentaux : la nature des consultations nationales qui précéderont la mise en place de la commission vérité et réconciliation prévue par l’accord du 15 juin 2005 entre le Conseil de Sécurité et le Burundi ; et le principe de la non applicabilité de l’amnistie au crime de génocide, aux crimes contre l’humanité et aux crimes de guerre. En outre, l’accord conclu avec le gouvernement lors de ma visite sur la composition du comité de pilotage de ces consultations est très encourageant, tant il est susceptible de contribuer à dissiper la méfiance apparente d’une grande partie de la population par rapport à la volonté des autorités de combattre l’impunité. L’impartialité et l’indépendance de ce mécanisme seront facilitées par la participation à parts égales du Gouvernement, de la société civile et des Nations Unies. Quant aux négociations sur la relation entre la commission vérité et réconciliation et le tribunal spécial également prévu par l’accord de juin 2005, j’espère qu’elles seront achevées dans les meilleurs délais.

Ces avancées sont importantes compte tenu de la persistance au Burundi d’une perception très répandue de manque de volonté politique pour mener à bien des enquêtes judiciaires, symbolisé par l’évolution de dossiers des massacres de Gatumba et de Muyinga.

L’impunité qui est trop souvent la règle au Burundi bénéficie également aux auteurs des violences sexuelles, un fléau qui touche le pays de manière particulière. A Bujumbura j’ai visite le Centre d’hébergement de l’Association pour la Protection des Droits Humains et des personnes détenues (APRODH), où j’ai écouté des femmes victimes des violences sexuelles témoigner, entre autres, sur le sentiment d’impuissance qu’elles ressentent face à la presque impossibilité de voir leurs agresseurs traduits en justice. J’ai pu également constater l’état de dénuement dans lequel se trouvent les victimes, et admirer le travail fait par de groupes comme l’APRODH pour les accompagner. Je suis convaincue que la seule façon de s’attaquer au problème des violences sexuelles est que le gouvernement assume pleinement sa responsabilité de protection de sa population en particulier des femmes et des enfants. Je suis convaincue aussi que le gouvernement Burundais est suffisamment lancé sur la voie démocratique pour relever ce défi.

La prévalence de la violence sexuelle s’insère dans un contexte plus large de discrimination à l’égard des femmes. En tant que partie à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le Burundi a accepté l’obligation juridique d’assurer l’égalité entre hommes et femmes. Cet engagement est un élément fondamental de tout effort pour protéger les droits humains des femmes burundaises, et particulièrement l’égalité en matière de succession. J’encourage le gouvernement à continuer son travail de sensibilisation de la population dans le but de remédier par voie législative à ses inégalités.

En matière d’égalité, les autorités doivent aussi consacrer des efforts visant à éliminer des pratiques discriminatoires contre les Batwa, dont le servage.

Alors que je quitte la Burundi pour poursuivre ma visite de la région des Grands Lacs avant de m’adresser a la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies à la fin de ce mois, j’espère que mes observations seront accueillies dans l’esprit dans lequel elles ont été faites : celui d’accompagner le Burundi dans la voie de la reconstruction, le développement, la justice, la paix, et le plein respect des droits humains de tous les burundais.

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