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Déclarations

L’AIDE EST EFFICACE, ELLE PERMET DES PROGRES SPECTACULAIRES, DECLARE M. KOFI ANNAN, A LA CONFERENCE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT DE MONTERREY

21 Mars 2002



21 mars 2002
  
On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée, le 21 mars 2002, par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, lors de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tient actuellement à Monterrey (Mexique) :
 
Nous sommes ici pour réfléchir au sort de nos concitoyens, non pas de façon théorique, mais en nous penchant sur le sort des millions et millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui aspirent tous à améliorer leurs conditions d’existence en opérant leurs propres choix et sont tous capables de le faire, à condition qu’on leur en donne la possibilité.
      Mais aujourd’hui, cette possibilité leur est refusée car les multiples contraintes que sont la pauvreté, la faim, la maladie, l’oppression, les conflits, la pollution et la destruction des ressources naturelles les enserrent dans un cercle vicieux qu’ils ne peuvent briser.
      Le développement, c’est donner à ces hommes et ces femmes le moyen de sortir de ce cercle vicieux. Le développement exige des ressources. Des ressources humaines, des ressources naturelles, et aussi, cela est essentiel, des ressources financières.
      C’est pourquoi nous sommes ici – et je suis heureux de vous voir aujourd’hui si nombreux et me félicite en particulier de la présence de nombreux représentants des pays développés.
      Vous avez bien compris, comme de plus en plus de vos concitoyens, que nous vivons dans un monde qui ne fait qu’un tout, qui n’est pas scindé en deux; et que, dans ce monde, personne ne peut se sentir à l’aise ou en sécurité lorsque tant d’autres souffrent et manquent de tout.
      Je me félicite également de voir parmi nous tant de dirigeants du monde en développement.
      Ils ne sont pas ici pour demander l’aumône. Ils savent qu’ils ont eux-mêmes beaucoup à faire pour mobiliser des ressources intérieures dans leurs propres pays et pour attirer et faire fructifier les capitaux privés internationaux.
      Ce qu’ils demandent ici, c’est qu’on leur offre la possibilité de faire entendre leur voix et qu’on leur donne l’assurance que les intérêts de leurs pays seront pris en compte dans le débat sur la gestion de l’économie mondiale.
      Ils demandent aussi que leurs pays aient la possibilité d’échapper à la pauvreté par le commerce – ce qui signifie que les marchés des pays développés doivent être véritablement et totalement ouverts à leurs produits et que les subventions déloyales accordées aux produits concurrents doivent être éliminées. À cet égard, les promesses de Doha doivent être honorées.
      Ils demandent aussi l’allègement de la dette, dont le fardeau est devenu insoutenable.
      Enfin, nombre d’entre eux disent, que pour s’en sortir par leurs propres moyens, leurs pays ont d’abord besoin qu’on leur tende une main secourable, en augmentant considérablement l’aide publique au développement.
      Il y a 18 mois, les chefs d’État et de gouvernement du monde entier sont convenus, lors du Sommet du Millénaire, qu’il fallait, au cours des 15 premières années de ce nouveau siècle, lancer une vaste offensive contre la pauvreté, l’ignorance et la maladie. Et pour que l’on puisse bien mesurer les succès et les échecs, ils ont fixé les Objectifs de développement du Millénaire.
      Même si nous parvenons à atteindre ces objectifs d’ici à 2015, nous n’aurons pas gagné pour autant la bataille du développement. Mais si nous ne les avons pas atteints, nous saurons qu’elle est perdue.
      Toutes les études sérieuses sur la question s’accordent à dire que nous ne pourrons atteindre ces objectifs sans une aide publique supplémentaire d’au moins 50 milliards de dollars par an – soit près de deux fois le niveau actuel. Il faut aussi que cette aide soit efficiente, c’est-à-dire, par exemple, assortie de la liberté, pour le pays bénéficiaire, de choisir les fournisseurs et entrepreneurs qui répondent le mieux à leurs besoins.
      L’attribution de cette aide par les pays donateurs sera le test le plus probant et le plus immédiat de l’esprit de Monterrey.
      Toute proposition nouvelle doit véritablement ajouter aux ressources disponibles pour le développement, et non contribuer à une diminution progressive de ces ressources.
      Certains donateurs hésiteront peut-être à prendre des engagements car ils ne sont pas persuadés de l’efficacité de l’aide.
      J’invite ces donateurs à examiner le bilan de l’aide. De nombreux éléments montrent que l’aide est efficace. L’aide permet des progrès spectaculaires dans le domaine de l’alphabétisation et de la réduction de la mortalité infantile quand elle s’adresse à des pays dirigés par des responsables éclairés et dotés d’institutions efficientes. Et, bien sûr, des dirigeants éclairés peuvent utiliser l’aide pour bâtir des institutions efficientes.
       L’aide est essentielle, mais elle n’est pas le seul élément. Le développement est un processus complexe dans lequel de nombreux acteurs différents doivent travailler ensemble, et non les uns contre les autres. Pour ne prendre qu’un exemple, il ne sert à rien d’accorder une aide aux producteurs de lait d’un pays si, dans le même temps, on subventionne les exportations de lait en poudre à destination de ce pays.
      C’est pourquoi je trouve fort encourageant de voir ici, à côté des ministres du développement, des ministres des finances et des hommes d’affaires. Et c’est pourquoi le processus de préparation de cette conférence – qui a conduit l’Organisation des Nations Unies, l’Organisation mondiale du commerce et les institutions de Bretton Woods à collaborer comme elles ne l’avaient jamais fait auparavant – a été si extraordinaire. Nous nous attaquons enfin ensemble au problème de façon cohérente.
      Monsieur le Président, c’est là le véritable esprit de Monterrey, qu’il nous faut maintenir au cours des mois et années à venir.
      Contrairement à ce que certains ont prétendu, le «Consensus de Monterrey» n’est pas un document de peu de poids. Il le sera si nous ne mettons pas en oeuvre ses recommandations. Mais si nous honorons ses promesses et continuons à oeuvrer ensemble pour promouvoir ses objectifs, il peut constituer un réel tournant dans la vie des pauvres du monde entier.
      Faisons en sorte qu’il le soit!
 
 
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