Déclarations
SELON UN EXPERT DE L’ONU, LA CÔTE D’IVOIRE TRAVERSE UNE CRISE DE PROTECTION DES DROITS HUMAINS DES PERSONNES DÉPLACEES
25 avril 2006
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25 avril 2006
Au terme de sa visite en Côte d’Ivoire, effectuée du 17 au 24 avril 2006 à l’invitation du Gouvernement de ce pays, le Représentant du Secrétaire Général pour les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays, M. Walter Kälin, a publié à Abidjan, ce 24 avril, une déclaration dans laquelle il affirme que les «les personnes déplacées sont les grands oubliés de la crise en Côte d’Ivoire ».
Selon le Représentant du Secrétaire Général, « la Côte d’Ivoire traverse une crise de protection en ce qui concerne les droits humains des personnes déplacées, due, en grande partie, à l’absence de réponses adéquates à leurs besoins et à une méconnaissance de leurs droits.
« Le conflit que connaît la Côte d’Ivoire depuis déjà trois ans serait la cause principale des déplacements de populations », a déclaré M. Kälin. Il a ajouté que les conflits fonciers dans les zones rurales, en particulier à l’ouest et au sud du pays, engendrent aussi de nombreux déplacements. Ces conflits semblent avoir pour effet d’enfermer les populations dans un cycle de déplacements où chaque communauté est forcée de fuir l’une après l’autre.
« Il est temps de passer à l’action » a affirmé le Représentant du Secrétaire Général. Tout en exprimant sa satisfaction que les autorités prennent au sérieux la question des déplacés internes, il s’inquiète du fait que les actions concrètes ne suivent pas. Il appelle donc les autorités et les organisations humanitaires à élaborer dans les plus brefs délais une stratégie globale prenant en compte tous les défis et un plan d’action détaillé pour améliorer la situation des personnes déplacées internes. Il demande également aux bailleurs de fonds d’appuyer une stratégie à long terme, seule façon de parvenir à une résolution durable des problèmes liés aux déplacements interne.
En outre, le Représentant a recommandé l’adoption dans les meilleurs délais d’une loi d’indemnisation.
Le Représentant du Secrétaire Général a également exprimé de vives préoccupations quant à la situation de dénuement à laquelle doivent faire face un grand nombre de personnes déplacées. Ces difficultés ont trait, pour l’essentiel, à la jouissance des droits à l’alimentation, à l’éducation et à l’accès aux services de santé. La vulnérabilité de ces populations se trouve renforcée par le fait que dans bien des cas, elles ne disposent pas de documents d’identité et se retrouvent régulièrement victimes du racket et de la corruption. Les enfants étant l’avenir d’une nation, le Représentant du Secrétaire Général s’est dit inquiet des difficultés particulières qu’ils rencontrent, notamment en raison du manque d’actes de naissance. M. Kälin a également été saisi d’informations faisant état de cas d’exploitations d’enfants à des fins de prostitution ou d’exploitation de leur force de travail dans les plantations.
M. Kälin a noté avec intérêt que la grande majorité des personnes déplacées ont été accueillies par des familles, ce qui témoigne de la générosité et de la solidarité dont fait preuve le peuple ivoirien. Il s’est dit néanmoins préoccupé de la paupérisation croissante de larges pans de la population qui ont pris en charge des personnes déplacées sans bénéficier d’aucune assistance, ni des autorités, ni des organisations internationales humanitaires. L’insécurité persistante qui règne tant dans les zones d’origine que dans les zones vers lesquelles les personnes déplacées ont fui constitue une source additionnelle d’inquiétude. En effet, ces personnes déplacées, qui ont dû fuir leurs régions d’origine pour des raisons essentiellement sécuritaires ont été victimes, tout au long de la crise, de violations graves des droits de l’homme de la part de toutes les parties au conflit et d’autres acteurs encore. En outre, les personnes déplacées ont été victimes du racket et de la corruption. Des cas d’assassinats ciblés, de torture et de violences sexuelles ont été rapportés.
Le Représentant du Secrétaire Général appelle donc les autorités gouvernementales ainsi que l’ONUCI à prendre leurs responsabilités et les mesures nécessaires à la garantie de la sécurité des personnes et des biens sur tout le territoire.
Durant sa première visite en Côte d’Ivoire, le Représentant du Secrétaire Général a rencontré les autorités gouvernementales travaillant sur les questions liées aux déplacements internes. Il s’est ainsi entretenu avec le Ministre de la réconciliation nationale et des relations avec les institutions, le Ministre des affaires étrangères, le Ministre de la solidarité et des victimes de la guerre, le Ministre de la reconstruction et de la réinsertion ainsi qu’avec des représentants des organisations internationales et de nombreuses organisations de personnes déplacées. Après une série de réunions à Abidjan, il s’est rendu à l’intérieur du pays pour se faire une idée plus concrète des difficultés auxquelles doivent faire face les personnes déplacées internes. Dans ce cadre, il s’est rendu à Yamoussoukro, Guiglo, Daloa, San Pedro, Tabou et Bouaké.
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