Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Ce qui nous lie
01 août 2024
Prononcé par
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
Lieu
Genève
Madame la Maire,
Chers amis,
Comme beaucoup de fonctionnaires internationaux, j’ai vécu dans plusieurs villes dans ma vie. Au Koweït, à Kuala Lumpur, à Sarajevo, à Linz, à New York et à Vienne, parmi d’autres.
Mais c’est à Genève que j’ai vécu le plus longtemps. Chaque fois que je reviens de mes voyages, c’est avec grand plaisir que je rentre chez moi, ici, dans cette ville lumineuse.
C’est donc avec fierté que j’affirme que je suis Genevois. Et plus précisément : je suis Pâquisard !
C’est un honneur d’être parmi vous ce soir pour célébrer la fête nationale suisse.
Je voudrais remercier chaleureusement cette ville internationale d’accueillir mon Bureau depuis 1993 et dans l’historique Palais Wilson depuis 1998.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme œuvre, avec les autres organisations internationales basées à Genève, pour un monde plus juste, plus équitable.
La tradition séculaire d’accueil de Genève témoigne d’un engagement envers les droits humains qui j’espère perdurera dans le temps.
Car nous vivons des moments difficiles et précaires.
Des conflits surgissent, s’intensifient et leurs conséquences se propagent partout dans le monde.
Les droits humains et le droit international humanitaire sont violés de manière flagrante.
Nos sociétés sont polarisées, souvent caractérisées à la fois par un dialogue de sourds et par l'incitation à la haine et à la déshumanisation de l'autre.
Comme si certains qui détiennent le pouvoir n’avaient rien appris des leçons de l’histoire.
Et alors que ces tensions nous préoccupent, la triple crise planétaire continue à faire des ravages. Les développements technologiques dépassent rapidement notre capacité à évaluer les risques qu'ils présentent.
Le moment est venu de nous imprégner à nouveau de nos valeurs humaines, qui sont à la racine des droits humains.
L’empathie, la solidarité, l’égalité, la justice.
Et le vrai dialogue, basé sur le respect et l’écoute mutuels – dont l’utilité est reconnue depuis longtemps par la Genève internationale.
Le monde est plein de complexités et de nuances. Il ne faut pas avoir peur ni de l’incertitude, ni du fait qu’on n’a pas forcément toutes les réponses.
Car c’est en faisant face à cette complexité qu’on arrive à ouvrir les portes au dialogue, et finalement aux solutions.
L'un des principaux rôles des institutions internationales est justement de faciliter ce dialogue, en se basant sur les droits humains.
Surtout lors de désaccords profonds, autour des sujets les plus sensibles.
La Suisse connaît bien ces enjeux.
L’expérience de ce pays dans les efforts de médiation de conflits internationaux est riche et complexe, elle est particulièrement précieuse aujourd’hui.
Comment bâtir la confiance alors que les écarts entre les parties sont si grands ?
Comment aider à trouver des points d’accord alors que les obstacles sont si nombreux ?
Aujourd'hui, face à tous les défis qui se présentent, nous avons besoin du multilatéralisme peut-être plus que jamais.
Nous avons besoin d’acteurs et de dirigeants courageux, prêts à choisir le chemin de la désescalade, et ainsi de faire baisser les tensions.
Madame la Maire,
Chers amis,
Les crises trouvent souvent leur origine dans l'incapacité à protéger les droits humains.
C’est le message que je partage dans mes échanges et discussions avec les Etats.
Mon bureau œuvre tous les jours dans cet esprit-là, en soutenant les Etats à intégrer les droits humains dans leurs lois et politiques.
Pour contrer la discrimination.
Pour renforcer leur système judiciaire.
Pour protéger la liberté d’expression et favoriser la participation et l’espace civique.
Pour élaborer des politiques économiques justes et équitables, et assurer le développement.
Pour mettre en œuvre le droit à un environnement propre, sain et durable.
Nous amplifions les voix – et on soutient et protège – des défenseurs des droits humains et de la société civile.
Nous partageons les développements positifs dans nombreux domaines – car le progrès est possible.
Madame la Maire,
Chers amis,
Personne – aucun Etat, aucun individu – n’est parfait.
On a tous besoin l’un de l’autre. De nos communautés et de notre planète.
Les droits humains ont un pouvoir transformateur. Utilisons-les pour bâtir un avenir à l’image de notre humanité commune.