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Des experts de l’ONU condamnent l’emprisonnement de la célèbre blogueuse vietnamienne Mère Champignon
Une blogueuse vietnamienne derrière les barreaux
30 juin 2017
GENEVE (30 juin 2017) – Le Viet Nam doit mettre fin à l'apparent ciblage des défenseurs de l'environnement, ont exhorté des experts des droits de l'homme de l'ONU* après l'incarcération d'une célèbre blogueuse vietnamienne.
Mme Nguyen Ngoc Nhu Quynh, militante pour les droits de l'homme en matière environnementale, connue sous le nom de «Mère champignon», a été traînée devant les tribunaux par son gouvernement pour propagande antiétatique, après avoir exprimé sur son blog des propos critiques à l'encontre du pouvoir. Placée en détention depuis près de neuf mois, elle a finalement été condamnée à dix ans de prison le 29 juin dernier, au terme d'une journée de procès.
«Ce n'était qu'un simulacre de procès, dans le but d'intimider d'autres militants environnementaux,» ont déclaré les experts. «Elle a été victime de détention arbitraire. Le procès n'était pas conforme aux normes internationales. Elle a été privée de son droit fondamental à un procès équitable,» ont-ils ajouté.
«Tout ce qu'elle cherchait à faire, c'était de promouvoir les droits de l'homme à travers les médias sociaux et de protéger l'environnement. Et aucun pays, y compris le Viet Nam, ne devrait considérer cela comme un crime. Mère Champignon doit être lavée de toutes les allégations de propagande et être libérée sans délai.»
Mme Quynh et plusieurs autres militants environnementaux ont été pris pour cible après avoir mis en évidence les dommages engendrés par les déchets toxiques rejetés par l'usine sidérurgique de Formosa à Ha Tinh, en avril 2016. L'incident a entraîné une contamination des cours d'eau locaux, tué de nombreux poissons et causé de graves dommages écologiques à l'écosystème local.
«La condamnation de Mère Champignon et les attaques à l'encontre d'autres défenseurs des droits de l'homme semblent avoir été prises en représailles contre leur travail légitime de défense des droits de l'homme en matière environnementale, dans le sillage de la catastrophe de Formosa au Viet Nam,» ont déclaré les experts.
«Nous constatons avec préoccupation que les représailles contre des défenseurs de l'environnement, à travers l'arrestation, la détention et le harcèlement, ne sont pas des incidents isolés mais s'inscrivent dans un cadre plus large de violations systématiques des droits de l'homme dirigées contre des militants dont le seul but était de venir en aide aux victimes de Formosa.»
Et d'ajouter: «Nous craignons que le gouvernement ne s'attaque de plus en plus à des blogueurs et aux organisateurs de manifestations pacifiques afin de dissuader toute action militante légitime, à plus grande échelle, dans les domaines civique et environnemental.»
Les experts se sont dits préoccupés par le fait que leurs précédentes revendications en faveur de la libération de Mme Quynh n'aient pas été entendues, même s'ils pensaient que sa détention prolongée découlait du fait d'avoir exercé son droit à la liberté d'expression sur un sujet d'intérêt général.
Ils ont en outre souligné les conclusions du groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, le mois dernier, dénonçant le caractère arbitraire de sa privation de liberté, et demandé au gouvernement de la relâcher immédiatement et de lui verser une indemnité.
«Cette condamnation vient couronner huit années de harcèlement constant à l'encontre de Mme Quynh, y compris de fréquentes interdictions de voyager, des pratiques d'intimidation, des agressions physiques, des menaces et des entraves afin de l'empêcher de se joindre à des manifestations pacifiques,» ont déclaré les experts.
Les experts sont en contact avec le gouvernement du Viet Nam pour suivre la situation.
FIN
(*) M. John H. Knox, Rapporteur spécial sur la question des obligations relatives aux droits de l'homme se rapportant aux moyens de bénéficier d'un environnement sûr, propre, sain et durable, M. David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, M. Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, M. Baskut Tuncak, Rapporteur spécial sur les implications pour les droits de l'homme de la gestion écologiquement rationnelle et l'élimination des substances et des déchets dangereux, M. José Guevara, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire, font partie de ce que l'on nomme les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme.
Le terme procédures spéciales, qui désigne le plus grand corps d'experts indépendants au sein du système onusien des droits de l'homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d'enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l'homme. Les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales sont des experts des droits de l'homme indépendants nommés par le Conseil des droits de l'homme, qui s'occupent de la situation particulière d'un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils n'appartiennent pas au personnel de l'ONU et sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation. Ils siègent à titre personnel et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail.
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