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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Zeid Ra’ad Al Hussein met en garde contre le risque d’une nouvelle escalade de violence en République centrafricaine

Risque d’escalade en RCA

04 Juillet 2016

GENEVE (4 juillet 2016) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a averti lundi que la situation sécuritaire et des droits de l’homme pourrait à nouveau se dégrader en République centrafricaine, après une série d’incidents majeurs survenus à Bangui et dans des zones rurales.

« Alors que 2016 avait débuté sous de bons auspices, avec les élections réussies de février 2016, les événements récents qui se sont déroulés à Bangui et dans plusieurs endroits du pays me font craindre une nouvelle escalade de violence dans les mois à venir », a déclaré le Haut-Commissaire. « Il est urgent de désarmer les groupes armés – qui restent bien trop puissants et ont toujours le potentiel de rallumer le conflit –, de rétablir l’autorité étatique et l’état de droit, et de garantir la sécurité de tous les civils. »

Les tensions sont en hausse à Bangui depuis la mi-juin. Des heurts entre des éléments armés et des soldats de la MINUSCA dans le quartier musulman PK5 à Bangui ont abouti à la mort de six hommes armés et fait 15 blessés parmi les civils le 20 juin dernier. L’incident avait débuté après l’arrestation de plusieurs éleveurs peuls par les forces de sécurité centrafricaines, suivie par la prise en otage de six policiers et d’une intervention de la MINUSCA pour les libérer. Suite à ces heurts, une foule hostile a érigé des barricades et brûlé des pneus.

Le même jour, les forces de la MINUSCA ont aussi dû intervenir pour évacuer des membres de la police centrafricaine et des Nations Unies qui se trouvaient dans les locaux d’un commissariat encerclé par une foule hostile et armée. Quelques jours auparavant, trois civils avaient été tués en représailles après qu’un conducteur de taxi-moto originaire du quartier musulman PK5 ait été poignardé.

Le 24 juin, un soldat de la paix onusien de nationalité sénégalaise a aussi été tué à Bangui par des hommes armés non identifiés dans des circonstances peu claires.

Plusieurs incidents récents ont aussi eu lieu dans diverses régions, où les groupes armés continuent d’exercer leur contrôle, de commettre des violations graves des droits de l’homme et de prendre les civils pour proie.

Au total, les affrontements impliquant des groupes armés, y compris les ex-Séléka et anti-Balaka, en dehors de Bangui ont fait au moins 17 morts depuis le début du mois. Des combats entre des éleveurs peuls et d’autres éléments armés ont tué au moins trois personnes dans la région de Batangafo, dans le nord du pays, le 19 juin dernier. Lors d’un autre incident, une série d’attaques et contre-attaques entre, d’un côté, des groupes soutenus par des éléments anti-Balaka et, de l’autre, des éleveurs peuls soutenus par des éléments ex-Séléka a fait au moins 14 morts à Ngaoundaye,  à quelque 500 kilomètres au nord-ouest de Bangui. Des milliers de personnes ont été déplacées par les affrontements. Des jeunes armés ont aussi incendié des maisons appartenant à la communauté musulmane à Carnot, dans la préfecture de Mambere-Kadéi, le 21 juin, faisant 20 blessés parmi les civils.

« Renforcer la sécurité et la lutte contre l’impunité reste un enjeu absolu pour l’établissement d’une paix et d’une réconciliation durables en République centrafricaine », a déclaré le Haut-Commissaire.

Zeid Ra’ad Al Hussein  a insisté sur « le besoin impérieux de reconstruire le système judiciaire et de rétablir la confiance dans les institutions étatiques afin que les gens ne ressentent plus le besoin de se faire justice eux-mêmes ou de compter sur les groupes armés pour leur sécurité. »

« Les mesures prises par les autorités afin d’établir la Cour Pénale Spéciale et l’adoption de la nouvelle constitution sont prometteuses, mais je reste préoccupé par le grand nombre d’arrestations et de détentions arbitraires par les forces de sécurité », a déclaré le Haut-Commissaire. « Davantage de ressources et de volonté politique sont nécessaires pour pleinement garantir que justice soit faite pour les crimes et violations des droits de l’homme passés et présents. »

Le Haut-Commissaire a aussi exprimé sa préoccupation face aux violations continues des droits de l’homme commises par l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans le sud-est de la République centrafricaine et a demandé plus efforts pour combattre ce groupe, qui s’est rendu coupable de meurtres à grande échelle, de mutilations, d’enlèvements, d’esclavage sexuel et de recrutement forcé d’enfants soldats dans quatre pays d’Afrique centrale au cours des trois dernières décennies.

Les préfectures de Haute-Kotto et Mbomou ont été particulièrement prises pour cible, avec un nombre croissant d’attaques contre des civils depuis le début de l’année, y compris des meurtres, des enlèvements et des violences basées sur le genre. Entre janvier et avril 2016, plus de 290 personnes auraient été kidnappées par le groupe rebelle, dont 60 enfants. Des milliers de civils ont aussi été déplacés dans les zones où opère la LRA.

Le Haut-Commissaire a déclaré être également profondément préoccupé par des informations crédibles et troublantes portant sur des violations et atteintes aux droits de l’homme par des membres de l’armée ougandaise déployés en République centrafricaine dans le cadre d’opérations contre la LRA. Parmi celles-ci figurent des allégations de violence et exploitation sexuelles, d’enlèvement et de mariage forcé.

Lors d’enquêtes préliminaires, au moins 18 femmes et filles ont déclaré avoir été victimes de violence et harcèlement sexuels par des membres des Forces de défense populaires de l'Ouganda (FDPO). Quelque 14 cas de viols, dont certains impliquant des victimes qui étaient mineures au moment des faits, ont aussi été rapportés. Tous ces cas ont eu lieu dans et à proximité de la ville d’Obo, dans la préfecture orientale de Haut-Mbomou. Des femmes et filles auraient été forcées à quitter leurs villages par des membres des FDPO pour devenir des prostituées, des esclaves sexuelles ou être mariées à des soldats.

Les FDPO ont été déployées à Obo en 2009 pour combattre la LRA dans le cadre d’un accord intergouvernemental avec le Gouvernement centrafricain. Elles ont été ensuite intégrées à l'Initiative de coopération régionale pour l'élimination de l'Armée de Résistance du Seigneur en novembre 2011.

« Je suis profondément troublé par ces très graves allégations. Mon organisation a déjà alerté les autorités ougandaises de ce problème et continuera de le suivre avec beaucoup d’attention. Je suis encouragé par l’engagement des autorités ougandaises d’enquêter sur ces crimes présumés et par la très forte réaction publique de l’Union africaine. Toutefois, j’espère que ces assurances seront suivies d’une action rapide pour faire toute la lumière sur le comportement des FDPO à l’égard de la population civile. Les autorités ougandaises  doivent garantir que d’autres abus ne surviennent pas, que tous les auteurs présumés fassent l’objet d’une enquête, et qu’ils soient condamnés et punis avec toute la rigueur de la loi, si des preuves suffisantes sont réunies. »

FIN

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