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Communiqués de presse Organes conventionnels

Le Comité discute de la dimension sexospécifique de la réduction des risque de catastrophe et du changement climatique

29 Février 2016

Comité pour l'élimination de la discrimination
à l'égard des femmes

29 février 2016

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a tenu, ce matin, une demi-journée de discussion générale sur les dimensions liées au genre de la réduction des risques de catastrophe et du changement climatique dans le cadre des dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.  Cette discussion était organisé par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, avec le soutien de la Stratégie des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR) et de la Fondation Friedrich-Ebert.

Ouvrant la discussion, la Présidente du Comité, Mme Yoko Hayashi, a précisé que le but de l'échange visait à poser les fondations d'une future observation générale du Comité qui fournira des conseils aux États parties à la Convention quant aux mesures qu'ils doivent adopter pour assurer le plein respect de leurs obligations de respecter, protéger et réaliser les droits des femmes dans le contexte des catastrophes et du changement climatique.

M. Ibrahim Salama, Directeur de la division des traités au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a attiré l'attention sur le coût en termes de développement humain des catastrophes ainsi que des impacts du changement climatique.

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risque de catastrophe et Chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR), M. Robert Glasser, a souligné que le changement climatique ne faisait qu'exacerber la survenue de catastrophes naturelles.  La dimension de genre doit être intégrée dans toutes les mesures prises pour y faire face, car il existe un lien intrinsèque entre la réduction des risques et les droits de l'homme, a-t-il déclaré. 

Quant à M. Hubert René Schillinger, Directeur du bureau de Genève de la Fondation Friedriech-Ebert, il a rappelé que la troisième conférence mondiale sur la réduction du risque de catastrophes avait débouché sur le Cadre de Sendai pour la période 2015-2030  qui souligne que le changement climatique constitue l'un des facteurs principaux du risque de catastrophe. Les changements climatiques ont des retombées différentes selon que l'on est homme ou femme, les inégalités ayant en effet tendance à s'aggraver en situation de crise, a-t-il souligné.

De son côté, Mme Nahla Haidar, Présidente du groupe de travail du Comité sur la dimension de genre en matière de réduction des risques de catastrophe et de changement climatique, a rappelé que respecter pleinement les droits des femmes dans les contextes de catastrophes figure parmi les obligations des États parties à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, ce qui implique de prendre des mesures pour prendre en compte ces droits dans les actions visant à réduire les risques de catastrophes.

Des exposés ont ensuite été présentés par Mme Margareta Wahlström, ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risque de catastrophe; Mme Elena Manaenkova, Sous-Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM); Mme Keiko Ikeda, Professeure de géographie à l'Université de Shizuoka au Japon, experte sur les séismes et les questions de genre; M. Palash Mondal, représentant de l'ONG Care Bangladesh; et Mme Asha Kambon, experte en politiques publiques de réduction des risques de catastrophe et de changement climatique.

Les pays suivants ont également pris part à la discussion : Japon, Argentine, Pérou, Brésil, Chili, France, Colombie et Gabon. Les organisations non gouvernementales suivantes sont enfin intervenues : Amnesty International, Asia Pacific Forum on Women Law and Development au nom également de deux autres organisations(Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights et Landesa Center for Women's Human Rights), Human Rights Watch, International Disability Alliance et Sightsavers.

Cet après-midi à 15 heures, le Comité entamera l'examen du rapport de Haïti (CEDAW/C/HTI/8-9), qu'il achèvera demain matin.

Aperçu de la discussion

Déclarations liminaires

MME YOKO HAYASHI, Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, a rappelé que celui-ci avait adopté 33 observations générales à ce jour, dont des recommandations portant sur l'accès à la justice, l'égalité dans le mariage, la violence envers les femmes ou encore les pratiques préjudiciables.  La consultation de ce jour constitue la première étape d'un processus visant l'élaboration d'une future observation générale du Comité qui portera sur la dimension de genre dans la réduction du risque de catastrophes.  Le Comité prévoit d'avoir une série de consultations ultérieures sur cette question, au niveau régional notamment.

M. IBRAHIM SALAMA, Directeur de la division des traités au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a rappelé que les catastrophes et les impacts du changement climatique étaient coûteux en terme de développement humain.  On estime ainsi que les catastrophes survenues ces vingt dernières années ont tué plus d'un million de personnes, affecté quatre milliards d'êtres humains et coûté au moins deux billions de dollars à l'économie mondiale.  M. Salama a souligné l'importance de l'observation générale que le Comité prévoit d'élaborer s'agissant de la question à l'examen de cette demi-journée de discussion générale, à la lumière des dispositions de la Convention.

M. ROBERT GLASSER, Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risque de catastrophe et Chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR), a souligné que le changement climatique ne faisait qu'exacerber la survenue de catastrophes naturelles.  La dimension de genre doit être intégrée dans toutes les mesures prises pour y faire face, car il existe un lien intrinsèque entre la réduction des risques et les droits de l'homme.  L'initiative du Comité montre bien le caractère intersectoriel de la problématique liée au changement climatique et à la réduction du risque de catastrophe, avec leurs implications en matière d'égalité des sexes.  L'application des normes en matière de droits de l'homme peut permettre de renforcer la gestion des risques de catastrophe.  En conclusion, M. Glasser a estimé que la réflexion du Comité et sa future observation générale constitueraient un excellent catalyseur de l'action. 

M. HUBERT RENÉ  SCHILLINGER, Directeur du bureau genevois de la Fondation Friedriech-Ebert, a rappelé que la troisième Conférence mondiale sur la réduction du risque de catastrophes avait débouché sur le Cadre de Sendai pour la période 2015-2030  qui souligne que le changement climatique constitue l'un des moteurs du risque de catastrophe.  Pourtant, le changement climatique affectera les gens de manière différente en fonction de leur situation et du contexte économique, environnemental, culturel et social dans lequel ils se trouvent.  Essentiellement, le changement climatique soulève une question de justice, a fait observer M. Schillinger.  Il a rappelé que les femmes ne devaient pas être considérées uniquement comme des victimes potentielles. De par leur rôle dans l'agriculture mondiale, elles ont une expérience qui doit inspirer les mesures à prendre afin de contribuer à une adaptation réussie à la situation nouvelle.  Jusqu'à présent, l'approche de genre appliquée aux catastrophes et aux situations d'urgence n'étant guère cohérente, M. Schillinger a reconnu le rôle essentiel que le Comité pouvait jouer à cet égard.

MME NAHLA HAIDAR, Présidente du groupe de travail du Comité sur la dimension de genre en matière de réduction des risques de catastrophe et de changement climatique, a déclaré que la réduction des risques de catastrophe était une question complexe qui, jusqu'à présent, n'avait pas bénéficié de l'intérêt qu'elle méritait.  Respecter pleinement les droits des femmes dans les contextes de catastrophes figure parmi les obligations des États parties à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, a-t-elle rappelé.  Cela implique de prendre des mesures pour prendre en compte ces droits dans les actions visant à réduire les risques de catastrophe et de prendre en compte l'égalité entre hommes et femmes, ce qui implique que ces dernières participent à tous les processus de décision.  Les changements climatiques ont des retombées différentes selon que l'on est homme ou femme, les inégalités ayant en effet tendance à s'aggraver en situation de crise, particulièrement pour les femmes en situation de handicap, a fait observer Mme Haidar.  Souvent, les femmes sont considérées comme des victimes vulnérables et non pas comme des acteurs clés contribuant à la société et ayant des droits, a-t-elle ajouté.  Le plus grave, c'est que l'on ne voit pas de changement concret en matière de mise en œuvre, a-t-elle affirmé.

Exposés

MME MARGARETA WAHLSTRÖM, ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risque de catastrophe, a souligné l'importance d'avoir des actions cohérentes si l'on veut avoir des chances de pouvoir obtenir une mise en œuvre concrète.  Le respect des décisions politiques prises ces dernières années en matière de stratégies de réduction des risques de catastrophe est essentiel pour la cohérence de l'action entreprise, a-t-elle ajouté.  Mme Wahlström a noté que si l'urbanisation pouvait être considérée comme positive en soi, elle entraînait dans le même temps une augmentation des risques, notamment pour les villes côtières.  Prévention, réduction et résilience sont les trois grands concepts qui gouvernent la gestion des catastrophes naturelles, a-t-elle rappelé.  La prévention consiste à ne pas aggraver les risques.  Quant à la réduction, elle consiste notamment à mettre en place des mécanismes d'alerte.  Mme Wahlström a souligné que la Stratégie de réduction des risques de catastrophe comptait sept grands objectifs, ceux-ci étant mesurés par des indicateurs; le Comité devra s'en inspirer dans sa réflexion. 

MME ELENA MANAENKOVA, Sous-Secrétaire générale de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), a estimé que le moment était mûr pour l'action après la Conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophes et la Conférence d'examen Beijing +20 sur les femmes.  Elle a rappelé que l'année 2015 avait été l'année le plus chaude de l'histoire depuis le début de la mesure des températures, situation qui peut s'expliquer en partie - mais en partie seulement - par le phénomène El Niño.  Les conséquences du changement en cours ne sont pas neutres du point de vue de l'égalité des sexes, a-t-elle souligné, attirant l'attention sur la forte proportion de femmes travaillant dans l'agriculture dans les pays en développement.  Lors d'une étude faite en Inde concernant les informations météorologiques disponibles par téléphonie mobile, on a constaté que 11% des femmes seulement disposaient de ce moyen de communication, a-t-elle fait observer.  On estime que 300 millions de femmes dans le monde ne disposent pas de téléphone mobile, a-t-elle insisté.  Elle a aussi évoqué le cas du tsunami de 2004 qui a fait plus de victimes parmi les femmes car elles étaient moins susceptibles de savoir nager que les hommes.  Il existe cependant quelques cas d'inégalité concernant les hommes. Ainsi, une étude britannique récente a-t-elle montré que les hommes étaient trois fois plus susceptibles d'être frappés par la foudre que les femmes.  Ce chiffre a été confirmé par le National Weather Service des États-Unis, qui a découvert que 81% des victimes étaient des hommes, l'explication étant que ceux-ci prenaient plus de risques en temps d'orage.  Cela démontre l'utilité d'évaluer plus en profondeur les risques climatiques encourus en fonction du sexe, a conclu Mme Manaenkova.  

MME KEIKO IKEDA, Professeure de géographie à l'Université de Shizuoka, experte sur les séismes et les questions de genre, a déclaré que le grand séisme et le tsunami de 2011 au Japon avaient démontré une nouvelle fois que les catastrophes affectaient les gens de manière différente en fonction du sexe, de l'âge, du degré de handicap, de la santé, de  la nationalité, de la langue, de l'emploi occupé, de la structure familiale et du fonctionnement des communautés.  De nombreux facteurs, tels que les changements démographiques et l'urbanisation, ainsi que les politiques socioéconomiques, peuvent contribuer à limiter ou au contraire à aggraver la vulnérabilité des personnes dans certaines conditions.  Il est très important de comprendre les liens entre l'inégalité de genre en temps normal et en temps de catastrophe, a poursuivi l'intervenante.  On a ainsi observé au Japon, particulièrement dans les zones urbaines, une plus forte mortalité parmi les femmes âgées vivant seules.  En raison de revenus plus faibles résultant de niveaux de retraites plus faibles que ceux des hommes, en raison aussi de pratiques du secteur de l'immobilier, les femmes âgées vivant seules louent plus souvent des appartements dans des habitations moins résistantes aux séismes.  Par conséquent, il est essentiel de réfléchir aux inégalités hommes-femmes en temps normal et lors de la survenue de catastrophes, si l'on entend diminuer les risques encourus, a conclu Mme Ikeda.   

Perspectives régionales

S'agissant de l'Asie, M. PALASH MONDAL, représentant de l'ONG Care Bangladesh, a expliqué que les femmes représentaient en moyenne 80% des personnes déplacées par des catastrophes, ce qui démontre leur grande vulnérabilité.  Les gens qui vivent dans la pauvreté dans le monde sont les plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes. Le fait d'être homme ou femme est décisif dans le risque encouru, a noté M. Mondal.  Souvent les femmes sont exclues des décisions en matière de planification; il y a une forte influence des normes culturelles et elles sont exclues des subventions gouvernementales à la paysannerie.  Par ailleurs, la variabilité des précipitations au Bangladesh provoque des mouvement migratoires, des hommes en général, ce qui impose un fardeau supplémentaire pour les femmes chargées de famille.  Elles deviennent aussi plus vulnérables aux abus sexuels.  Les jeunes filles sont mariées de façon précoce, ce qui contribue à augmenter le taux de natalité.

Un fonds financier de résilience aux catastrophes naturelles a été créé au Bangladesh qui s'adresse prioritairement aux femmes, a indiqué M. Mondal.  Elles savent comment gérer les ressources, habituées qu'elle sont à puiser l'eau et à recueillir le combustible.  Ce fonds permet aux femmes de participer à différentes activités liées à la réduction des risques de catastrophe et au changement climatique.  Des associations de bénévoles ont été mises en place pour lutter contre les inondations et ces associations sont composées pour moitié de femmes.  En outre, l'État a mis en place un système d'alerte aux inondations par téléphone mobile.  Malheureusement, trop souvent les numéros des femmes ne figurent pas dans le système d'annuaire électronique.  Il reste donc un long chemin à parcourir, a souligné M. Mondal.  Les efforts doivent être intensifiés pour mieux impliquer les femmes dans ces questions, notamment en les consultant séparément des hommes, au préalable.  La reproduction des bonnes pratiques est souvent ardue pour des raisons essentiellement financières, a ajouté M. Mondal.

Pour les Caraïbes, MME ASHA KAMBON, experte en politiques publiques de réduction des risques de catastrophe et de changement climatique, a déclaré que dans les petits États insulaires des Caraïbes, le changement climatique se manifestait par des inondations, des orages tropicaux, des ouragans et des sécheresses plus fréquents.  Le péril le plus aigu sera dû à la montée du niveau de la mer qui pourrait atteindre 60 centimètres dans la zone caraïbe.  Parmi les domaines principaux qui affectent les femmes, Mme Kambon a cité la perte des biens et la perturbation de l'activité économique par l'interruption de l'activité de subsistance; elle a aussi cité l'exclusion des femmes des processus de décision après la survenue d'une catastrophe naturelle.  Souvent, après une catastrophe, les femmes ne disposent pas/plus des titres de propriété leur permettant d'obtenir un prêt.  Trop souvent aussi, elle ne jouissent pas de la liberté de s'installer dans d'autres régions.  Les ONG de femmes sont aussi trop souvent considérées comme des acteurs de l'intervention humanitaire que l'on ne consulte pas pour ce qui est des décisions à prendre.  Par ailleurs, le chef de famille choisit parfois de s'expatrier, ce qui alourdit le fardeau reposant sur la femme.  Il arrive aussi que les familles optent pour un déménagement dans les faubourgs urbains, en lisière de la ville, où les conditions de vie sont généralement précaires.  En conclusion, Mme Kambon a rappelé le rôle clé joué par les femmes au niveau communautaire, ce qui implique qu'on leur accorde un rôle accru au niveau décisionnel.

Débat

Le Japon a souligné que les femmes avaient joué un rôle important après le grand séisme qui a frappé l'est du pays en 2011.  Il a énuméré les propositions faites par son pays en faveur notamment de la mobilisation des femmes, en associant notamment hommes et femmes dans le partage d'idées visant à l'adoption de mesures concrètes. 

L'Argentine a souligné l'importance de la prise en compte des préoccupations particulières des femmes, ce qui implique des mesures de réduction des inégalités. La dimension de genre doit être prise en compte dans les politiques de réduction des risques de catastrophe.  Il faut promouvoir une plus large participation des femmes dans les négociations sur les effets du changement climatique.   

Le Pérou a cité l'historien péruvien Jorge Basadre selon lequel les femmes sont à la fois «un problème et une possibilité» : un problème car elles continuent d'être une «immense minorité» à laquelle doivent être octroyées des mesures spéciales de protection; une possibilité parce que ce sont les femmes qui ont la connaissance et la mémoire des techniques et traditions. 

Le Brésil a rappelé son engagement en faveur de la lutte contre le changement climatique en respectant et en promouvant les droits de l'homme, l'émancipation des femmes, ainsi qu'en protégeant les groupes vulnérables, y compris les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées.  Il a assuré qu'il défendait l'intégration de la dimension de genre à la fois en matière de changement climatique et de réduction des risques de catastrophe.  À cet égard, le Cadre de Sendai a représenté une percée dans la reconnaissance des déséquilibres lors de catastrophes socioenvironnementales.  C'est la raison pour laquelle le Brésil est favorable à des indicateurs relatifs au genre afin de mesurer la mise en œuvre du Cadre de Sendai, aux niveaux local, régional, national et planétaire.

Le Chili a rappelé que les catastrophes naturelles aggravaient les risques de violations des droits de l'homme, les femmes et les jeunes filles étant particulièrement exposées.  Ces catastrophes provoquent une aggravation des vulnérabilités sociales et exacerbent les discriminations existantes.  Le Chili ne se limite pas à agir lors des situations d'urgence et il s'efforce de promouvoir une dimension de genre en matière de changement climatique.

La France a souligné que l'Accord de Paris (de décembre dernier) était l'un des premiers à faire figurer explicitement le mot «égalité» entre hommes et femmes dans les questions liées au climat, ce qui constitue un fait historique.  Les femmes doivent être placées au cœur des stratégies d'adaptation au changement climatique, a-t-elle ajouté. L'Accord de Paris doit constituer le point de départ de politiques nouvelles non seulement face au changement climatique mais aussi en matière de développement économique.

La Colombie a souligné l'importance de définir des outils pratiques et souples pour faire face au changement climatique, tout en n'oubliant pas que celui-ci affecte de manière différente les hommes et les femmes.  Les programmes de prévention doivent prendre en compte les besoins et vulnérabilités de ces dernières.  Il est essentiel de permettre la participation pleine et active des femmes dans ce contexte; elles bénéficient en effet d'une grande expérience et sont capables de faire preuve d'adaptation au changement climatique.

Le Gabon a noté que la discrimination dont sont victimes les femmes dans la planification et la gestion environnementale était difficilement justifiable, eu égard au rôle prépondérant qu'elles jouent dans la gestion des ressources naturelles en général ainsi que dans l'accompagnement sur le plan humanitaire des victimes des catastrophes naturelles. Le Gabon se félicite de l'action sur le terrain de l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU-Femmes), des ONG et des professionnels du changement climatique, qui apportent leur soutien aux femmes et prennent en compte leurs besoins spécifiques.  

Amnesty International s'est félicité des éléments nouveaux apparus lors de la discussion, citant notamment le rôle crucial des téléphones mobiles.  Il a rappelé que même si la température n'augmentait pas de plus de deux degrés, une personne sur sept dans le monde serait affectée par une diminution grave des ressources en eau.  Amnesty International recommande que la future observation générale du Comité insiste sur le rôle des États en matière d'atténuation des effets du changement climatique sur les femmes.  Il faut réfléchir également la participation des femmes à l'économie.  Par ailleurs, l'observation générale devra aussi ne pas oublier les personnes transgenres, lesquelles ne doivent pas faire l'objet de discrimination sur la base de leur orientation sexuelle.

Asia Pacific Forum on Women Law and Development, Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rightset Landesa Center for Women's Land Rights ont souligné l'importance de prendre en compte les droits fonciers des femmes, les paysannes étant soumises à une vulnérabilité supplémentaire.  L'Accord de Paris ne mentionne pas explicitement les droits fonciers, a fait observer l'intervenante au nom de ces ONG.  Elle a plaidé pour un contrôle juridique efficace sur la terre afin que les femmes ne puissent être dépossédées du fruit de leur travail.  Les stratégies d'atténuation du changement climatique ne doivent pas porter atteinte aux droits fonciers des femmes mais plutôt les renforcer, a-t-elle insisté.  

Human Rights Watch a souligné l'importance de la participation des femmes aux processus de décision, du fait de leur rôle clé dans les processus de production.  Elles doivent jouer un plus grand rôle dans les processus d'élaboration des plans d'atténuation des effets du changement climatique, alors que l'on sait que les femmes et les jeunes filles en sont fréquemment exclues. Il y a quinze ans une résolution de l'ONU allait en ce sens mais elle a été très peu suivie d'effets.

International Disability Alliance a évoqué les effets désastreux de la violente tempête ayant frappé les Fidji la semaine dernière.  L'ONG s'est interrogée sur ce qui était fait pour secourir les personnes handicapées face à ce type de catastrophe.  Elle a en outre souligné que le sort des femmes est souvent négligé dans de tels contextes et a estimé que le Comité devait pleinement les prendre en compte dans son futur projet d'observation générale.

Sightsavers a souligné l'importance de se pencher sur les droits des femmes et des jeunes filles handicapées dans le contexte de catastrophes.  L'ONG a par ailleurs fait observer que les femmes avaient souvent une liberté de mobilité moindre que celle des hommes, ce qui constitue pour elles un risque accru, en termes de vulnérabilité, en cas de catastrophe.  L'ONG a par ailleurs attiré l'attention sur la problématique de la promiscuité et des risques de promiscuité sexuelle dans les refuges. 

Concluant la discussion, MME NAHLA HAIDAR a estimé que la notion de cohérence était celle qui avait dominé les débats.  Personne n'a contesté que les inégalité entre hommes et femmes étaient bien souvent aggravées dans les situations de catastrophe, a-t-elle relevé.  Elle a aussi relevé le hiatus constaté par plusieurs intervenants entre la théorie et la pratique.  La question est posée de voir comment donner effet à la pléthore d'instruments et de mécanismes existants, a-t-elle souligné.

MME YOKO HAYASHI, Présidente du Comité, s'est dite convaincue que le débat avait non seulement fourni une grande quantité d'information au Comité mais aussi des bases solides sur lesquelles élaborer une observation générale relative aux dimensions de genre dans la réduction des risques de catastrophe et le changement climatique.  Elle a exprimé l'espoir que la future observation générale contribuerait à renforcer l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de par le monde.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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