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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Conseil des droits de l'homme : réunion-débat de haut niveau sur les droits de l'homme et le programme de développement au-delà de 2015

01 Mars 2013

APRES-MIDI

1er mars 2013

Le Secrétaire général de l'ONU ouvre les débats

Le Conseil des droits de l'homme a tenu cet après-midi, en présence du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, une réunion-débat de haut niveau consacrée à l'intégration des droits de l'homme, sur le thème «droits de l'homme et programme de développement au-delà de 2015», centrée sur les domaines liés au droit à l'éducation.

M. Ban a d'emblée souligné que l'esprit de Stéphane Hessel, décédé cette semaine, continue de nous animer aujourd'hui, alors que le Conseil se réunit pour faire avancer l'intégration des droits de l'homme au sein du système des Nations Unies. Le Secrétaire général a rappelé que les droits de l'homme sont essentiels à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et à la pérennité du développement. Il a souligné à cet égard que le Groupe de haut niveau chargé de programme de développement après 2015 a recommandé que l'agenda du développement repose sur les droits de l'homme, l'égalité et la pérennité. M. Ban a invité toutes les parties à faire en sorte que les normes et principes internationaux des droits de l'homme guident les objectifs après 2015, au nombre lesquels le droit à l'éducation doit occuper une place centrale.

Ont également fait des déclarations liminaires le Secrétaire d'État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, M. Luis Brites Pereira; la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay; l'Envoyée spéciale de l'UNESCO pour l'éducation de base et l'enseignement supérieur, la Cheikha Mozah bint Nasser Al-Missned; et la Conseillère spéciale du Secrétaire générale pour la planification du développement après 2015, Mme Amina J. Mohammed.

M. Pereira a dit sa conviction que l'élimination de la pauvreté et la quête d'un développement durable devraient demeurer les grandes priorités de la communauté internationale, ajoutant que l'on ne peut concevoir l'éradication de la pauvreté et le développement durable en faisant abstraction des droits de l'homme, de la démocratie, de l'état de droit, de la bonne gouvernance et la de transparence. Mme Pillay a relevé que les cibles associées aux objectifs du Millénaire, limitées à la sphère socio-économique, ignorent les droits civils et politiques; la définition du programme de développement après 2015 devra donc être axée davantage sur l'égalité. La Cheikha Mozah a pour sa part estimé que la communauté internationale devra tirer parti de la simplicité et de la mesurabilité des objectifs du Millénaire pour le développement et les considérer comme un tremplin vers un futur durable. Mme Mohammed a observé, notamment, que le succès du nouveau programme dépendra d'une planification minutieuse et d'une exécution cohérente et coordonnée.

Des exposés ont été présentés par Mme Rebecca Grynspan, Administratrice associée du Programme des Nations Unies pour le développement; Mme Irina Bokova, Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture; M. Guy Ryder, Directeur général de l'Organisation internationale du travail; et Mme Margaret Chan, Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé. Le président du Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme, M. Michel Forst, a également pris la parole, ainsi que Mme Kyung-wha Kang, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme.

Les nombreux États qui ont participé au débat ont tous observé que l'éducation en général, l'éducation aux droits de l'homme en particulier, est une condition de la réalisation des objectifs en matière de développement. Ils ont insisté sur la nécessité de veiller non seulement à l'accès à l'éducation, mais encore de garantir la qualité de l'enseignement. Il faudra en outre accorder une attention soutenue à la lutte contre l'abandon scolaire. Plusieurs délégations ont observé, par ailleurs, que le programme de développement après 2015 devra absolument être élaboré de manière transparente, avec la participation de la société civile et du secteur privé.

Les délégations suivantes ont fait des déclarations: Maroc (au nom d'un groupe de pays) États-Unis, Bahreïn (au nom du Groupe arabe), Union européenne, Gabon (au nom du Groupe africain), Honduras (au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes), Uruguay (aau nom du «Groupe bleu»), Bangladesh (au nom d'un groupe de pays), Thaïlande (au nom de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), Éthiopie (au nom d'un groupe de pays), Nouvelle-Zélande (au nom d'un groupe de pays), Maldives, Turquie, Australie, Brésil, Suisse, Estonie, Italie, Chili, Cuba, Sri Lanka, Costa-Rica, Algérie, Bahreïn et Honduras. Les organisations non gouvernementales Alliance internationale d'aide à l'enfance, Open Society Institute, le Conseil mondial de l'environnement et des ressources et Action Canada pour la population et le développement ont également participé au débat.

Le Conseil reprendra ses travaux lundi à 9 heures, pour conclure le dialogue interactif avec la Haut-Commissaire qu'il a entamé hier et qui s'est poursuivi ce matin sur la base de son rapport annuel. Il sera ensuite saisi des rapports thématiques de la Haut-Commissaire et du Secrétaire général, avant de tenir un débat général. Le Conseil doit également examiner des rapports sur le droit à l'alimentation, sur le droit à un logement convenable.

Réunion-débat de haut niveau sur l'intégration des droits de l'homme

Déclarations liminaires

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a exprimé sa profonde tristesse à l'annonce du décès, cette semaine, de Stéphane Hessel, «l'un des principaux artisans dans le monde en matière de droits de l'homme. Son esprit continue de nous animer aujourd'hui, tandis que nous sommes réunis pour faire avancer la transversalisation des droits de l'homme au sein du système des Nations Unies».

Le Secrétaire général a rappelé qu'en 1993, «les chefs d'État et de gouvernement réunis à la Conférence mondiale sur les droits de l'homme de Vienne sont convenus d'une vision et d'un plan d'action audacieux: des droits de l'homme pour tous». La noblesse de cet objectif ne relève pas uniquement de l'idéalisme, a-t-il affirmé. Les documents fondateurs que sont la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme ont été rédigés par des personnes pragmatiques, comme M. Hessel, ayant vécu les atrocités et la guerre et compris que les situations où les droits de l'homme ne sont pas respectés mènent à la rébellion.

Comme l'ont prouvé les événements récents dans les rues du monde arabe, les populations réclament, à juste titre, la justice, la responsabilité de leurs gouvernants et la fin de la corruption et de la mauvaise gouvernance, un travail et une vie décents. L'expérience montre que la paix, le développement et les droits de l'homme sont indissolublement liés. Les droits de l'homme sont essentiels à la réalisation des objectifs du Millénaire et à la pérennité du développement. La réunion-débat de ce jour sur le cadre du développement après 2015 tombe donc à point nommé.

M. Ban a rappelé qu'il avait créé l'an dernier le Groupe de haut niveau chargé de programme de développement après 2015, qui a recommandé que l'agenda du développement repose sur trois principes fondamentaux: les droits de l'homme, l'égalité et la pérennité. Il a également annoncé que le Président de l'Assemblée générale convoquerait, en septembre, une session spéciale consacrée à l'évaluation des progrès accomplis pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement et identifier les lacunes et les défis à relever. M. Ban présentera, à cette occasion, sa vision pour un cadre de développement plus ambitieux, fondé sur des principes, pratique et cohérent. Il a instamment invité toutes les parties prenantes à faire en sorte que les normes et principes internationaux des droits de l'homme guident les buts et objectifs après 2015, au nombre lesquels le droit à l'éducation doit occuper une place centrale.

«Ces dernières années, nous intégrons lentement mais sûrement les droits de l'homme dans les travaux de notre Organisation aux niveaux politique et opérationnel, dans le cadre de l'initiative «Unis dans l'action"», a fait valoir M. Ban. Le Groupe des Nations Unies pour le développement a établi un mécanisme de coordination de haut niveau consacré à la transversalisation des droits de l'homme, qui font désormais partie des éléments standard des missions de paix et des missions politiques des Nations Unies et s'intègrent de plus en plus à l'action humanitaire.

En conclusion le Secrétaire général a déclaré que les droits de l'homme font partie de l'ADN de l'ONU et sont des droits inaliénables de chaque être humain. Chaque membre de la famille humaine a le droit de grandir et de développer son plein potentiel dans un environnement sûr et durable. Cela nécessite le plein engagement des États membres.

MME NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a constaté que les objectifs du Millénaire pour le développement, bien qu'ils constituent un engagement important pour aider les pauvres à s'affranchir de leur condition, n'ont pas été fixés à la suite de consultations satisfaisantes avec la société civile ni avec le militants des droits de l'homme. Les cibles associées aux objectifs sont trop limitées à la sphère socio-économique, ignorant les droits civils et politiques. En outre, les objectifs confondent «progrès» et «moyens», au risque de masquer des progrès très inégaux et d'occulter des inégalités et discriminations profondément ancrées. Enfin, les objectifs du Millénaire pour le développement n'insistent pas suffisamment sur la responsabilité des gouvernants, aux niveaux national et international. Il n'est donc pas surprenant qu'un certain nombre de «réussites» se soient révélées éphémères.

Le programme de développement après 2015 devra donc être centré sur l'égalité, a ajouté Mme Pillay, et les objectifs de la prochaine phase devront inclure une dimension explicite en matière de droits de l'homme. Au cœur de cette approche se trouve le droit à l'éducation, a encore souligné la Haut-Commissaire. En effet, non seulement le droit à l'éducation est, en soi, fondamental, mais il permet de revendiquer et de réaliser les autres droits de l'homme, y compris le droit au développement. Sans respect des droits de l'homme, le développement ne peut être équitable; s'il n'est pas équitable, le développement ne peut être durable. La Haut-Commissaire a observé en outre que l'intégration des droits de l'homme dans les programmes de développement permet aussi d'améliorer l'action des Nations Unies sur le terrain.

M. LUIS BRITES PEREIRA, Secrétaire d'État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a déclaré que son pays était convaincu que l'éradication de la pauvreté et la quête d'un développement durable devraient continuer d'être les toutes premières priorités de la communauté internationale. Il a constaté que les objectifs du Millénaire pour le développement avaient eu le mérite incontestable de constituer un cadre consensuel et objectif ayant permis de mobiliser l'action nationale et internationale en faveur du développement. Si beaucoup a été accompli, des défis importants restent à relever: malgré l'impact positif des objectifs du Millénaire pour le développement, environ 1,3 milliard de personnes vivent toujours dans l'extrême pauvreté.

À la lecture de la Déclaration du Millénaire, on est frappé par le fait qu'il s'agit aussi d'un document relatif aux droits de l'homme, a remarqué M. Pereira. Et une chose est certaine: on ne peut concevoir l'éradication de la pauvreté et le développement durable en faisant abstraction des droits de l'homme, de la démocratie, de l'état de droit, de la bonne gouvernance et la de transparence. M. Pereira a conclu son intervention en insistant sur le rôle déterminant que doit jouer le droit à l'éducation.

LA CHEIKHA MOZAH BINT NASSER AL-MISSNED, Présidente de la Fondation du Qatar pour la science et l'éducation et Envoyée spéciale de l'UNESCO pour l'éducation de base et l'enseignement supérieur, a observé que la tâche est immense qui consiste à trouver un accord global sur la vision d'un futur durable. Mais la communauté internationale ne part pas de rien, a-t-elle ajouté, soulignant que les objectifs du Millénaire pour le développement ne sont pas entièrement réalisés et doivent être complétés. La communauté internationale devra tirer parti de leur simplicité, de leur mesurabilité et les considérer comme une plateforme vers un futur durable. Renforcer la dimension des droits de l'homme est le meilleur moyen de s'assurer de l'effectivité du droit à l'éducation. Il est inacceptable que la réalisation de ce droit à l'éducation soit tributaire des conflits, comme c'est par exemple le cas à Gaza, dont les écoles sont ciblées et victimes collatérales du blocus économique. Aujourd'hui, 28 millions d'enfants de par le monde ne sont pas éduqués du fait de conflits. Or, l'éducation est un outil puissant pour briser le cycle de la violence.

MME AMINA J. MOHAMMED, Secrétaire générale adjointe et Conseillère spéciale du Secrétaire générale pour la planification du développement après 2015, a déclaré qu'en élaborant le prochain programme de développement, les Nations Unies devront adopter une approche intégrée accordant toute leur place à la préservation de la planète et à l'inclusion sociale. Dans ce cadre, il sera indispensable de veiller à la pérennité des politiques de lutte contre la pauvreté et de réduction des émissions de carbone. Mme Mohammed a insisté en outre sur le caractère inaliénable du droit à l'éducation, en tant que condition de la jouissance de tous les autres droits. L'emploi décent pour tous, l'éducation pour tous et la «tolérance zéro» pour les mariages précoces sont autant de priorités pour l'après 2015, dans un monde qui devra également être exempt de violence contre les femmes. Les résultats devront être quantifiables, notamment dans la vie concrète des personnes. Le succès du nouveau programme dépendra d'une planification minutieuse et d'une exécution cohérente et coordonnée.

Panélistes

MME IRINA BOKOVA, Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé que les conclusions de la Conférence Rio+20 avaient défini trois orientations pour l'avenir: le progrès économique, l'inclusion sociale et la protection de l'environnement. Le droit à l'éducation assure le lien entre ces trois orientations. Il s'agit d'un droit essentiel à la dignité humaine, duquel dépendent tous les autres droits de l'homme. Or, 61 millions d'enfants ne sont pas scolarisés et autant n'ont pas accès à l'enseignement secondaire, tandis que 775 millions d'adultes sont illettrés, les deux tiers étant des femmes. Et il faudrait disposer de 1,7 million d'enseignants supplémentaires pour parvenir à l'éducation universelle d'ici à 2015. L'UNESCO considère qu'il s'agit d'une «crise cachée». C'est pourquoi l'éducation doit avoir toute sa place dans le programme de développement après 2015.

M. GUY RYDER, Directeur général de l'Organisation internationale du travail, a souligné que 14 millions de personnes entrent chaque année sur le marché du travail. Pour donner du travail à toute la population active, il faudra créer plus de 400 millions d'emplois d'ici à 2015 et près d'un milliard à l'horizon 2030. La priorité est donc de créer des emplois, mais pas n'importe lesquels: des emplois respectant les droits de l'homme. Le plein emploi est un défi que la communauté internationale doit relever avec rigueur et dynamisme, a conclu M. Ryder.

MME MARGARET CHAN, Directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, a rappelé que, dans une économie reposant sur le savoir, le moteur du développement durable est un capital humain instruit et en bonne santé. Mme Chan a observé que l'éducation permet aussi d'améliorer le statut social des femmes et de favoriser leur épanouissement et leur émancipation. Tant que les femmes demeureront des citoyennes de seconde catégorie, il ne pourra y avoir de développement dans le véritable sens du mot, a-t-elle souligné. Dans la perspective de l'agenda du développement après 2015, l'équité et la nécessité d'une couverture médicale universelle ont été prônées. Cet objectif a été unanimement reconnu par les États Membres de l'ONU en tant que principale voie en vue de la réalisation du droit à la santé. Mme Chan a conclu que la couverture médicale universelle était le concept fondamental de la santé publique, car elle est axée sur les soins primaires et sur les bénéficiaires, de même qu'elle tend à répondre aux attentes des communautés et qu'elle engage leur participation.

MME REBECCA GRYNSPAN, Secrétaire générale adjointe et Administratrice associée du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré qu'en 2012, quatre-vingt pays avaient demandé l'aide du PNUD pour intégrer les droits de l'homme dans leurs politiques publiques, dans leur législation et dans leur cadre de développement. Le PNUD a ainsi pu assister à des progrès significatifs dans ces domaines, s'est félicitée Mme Grynspan. De nombreux pays ont en effet intégré désormais les droits de l'homme dans leurs stratégies de développement et dans leurs efforts pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Au demeurant, ces objectifs eux-mêmes sont un moyen important de concrétiser les droits fondamentaux des hommes et des femmes: droit à la vie, droit des enfants d'avoir une vie saine, droit du pauvre à la dignité, droit d'être à l'abri de la faim et de nourrir sa famille, droit de la femme de vivre libre de la peur et en toute égalité avec l'homme.

MME YOKA BRANDT, Directrice générale adjointe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, a déclaré que depuis une dizaine d'années, l'UNICEF a adopté une approche basée sur les droits de l'homme dans ses activités, notamment dans le cadre de sa stratégie pour l'équité. Mme Brandt a souligné que l'éducation est non seulement un droit en soi, mais aussi un moyen de réaliser les autres droits. Aujourd'hui, des millions d'enfants touchés par les conflits sont privés d'aller à l'école, dont de nombreuses filles. En conséquence, il faut mettre en place des stratégies de réintégration scolaire dans les programmes de réhabilitation et de relèvement après les conflits. Des stratégies scolaires basées sur la parité entre filles et garçons existent: il ne faut pas se priver de les appliquer, a conclu Mme Brandt.

Débat

Le Bangladesh, au nom d'un groupe de 36 pays, a déploré que les droits à l'alimentation, à l'éducation et à la santé demeuraient inaccessibles encore dans de trop nombreux pays. Dans l'élaboration de l'agenda pour e développement après 2015, la communauté internationale doit susciter des partenariats pour le développement, en promouvant la coopération internationale. Il s'agit d'accroître les capacités des États à remplir leurs obligations et engagements dans ce domaine, a-t-il encore été souligné. La Thaïlande, au nom de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ANASE) a rappelé que développement humain, justice et droits sociaux, partenariats en matière de développement sont les priorités définies par les membres de l'ANASE. La sécurité économique et socioculturelle s'inscrit aussi dans ce cadre, un accent particulier devant être mis sur l'éducation. Les Maldives ont souligné que les droits de tous les individus et de toutes les sociétés doivent être pris en compte, aussi modestes soient-ils. Bahreïn (au nom du Groupe arabe) a dit sa conviction de la corrélation entre les droits de l'homme et le développement durable, en insistant sur des questions prioritaires telles l'éducation, la lutte contre la pauvreté et la protection de l'environnement. Le Groupe arabe espère que l'agenda pour le développement après 2015 prendra en compte le problème du respect du droit à l'éducation dans les situations de conflit. En son nom propre, Bahreïn a souligné le rôle d'une éducation équitable pour la dignité de la vie de chacun d'entre nous. La Turquie a mis en relief la question de la responsabilisation, une obligation qui devrait jouer un rôle central dans le programme de développement après 2015 et dans l'accélération de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

Le Gabon (au nom du Groupe africain) a réaffirmé le ferme engagement du continent à promouvoir et protéger tous les droits de l'homme, en particulier le droit au développement, synthèse de tous les droits. Les progrès dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique sont encore mitigés, a reconnu le délégué, soulignant l'importance de l'assistance technique dans ce domaine. L'Éthiopie, au nom d'un groupe de pays, a observé que le coût de la santé sexuelle et génésique est assumé pour l'essentiel par les femmes, une injustice à laquelle les États doivent remédier. Le système des droits de l'homme donne des indications aux États dans ce domaine, notamment les recommandations des rapporteurs spéciaux. Le Maroc (au nom de plusieurs autres pays) a souligné qu'il faudra adopter des objectifs cohérents basés sur les contextes et mettant l'accent sur la vérité, la réconciliation, la justice transitionnelle, la réparation et les garanties de non-répétition. La Sierra Leone a souligné que la réalisation du droit à l'éducation doit tenir compte du critère de la qualité de cette éducation. L'Algérie a indiqué fait valoir qu'elle assurait une scolarité gratuite et universelle, aux garçons comme aux filles, à tous les niveaux du système éducatif. L'Égypte a déclaré que la coordination entre les parties prenantes est essentielle dans l'élaboration des objectifs pour l'après-2015.

Pour l'Union européenne, le programme pour l'après 2015 devra refléter le besoin de justice et d'équité, la transparence, la reddition de compte, et faire une place aux groupes les plus vulnérables. La Nouvelle-Zélande, au nom d'un groupe de pays, a constaté que l'éducation des personnes souffrant d'un handicap a souvent été négligée. Ces personnes doivent avoir accès à une éducation de qualité dans des conditions raisonnables. L'Australie a souligné qu'environ 200 millions d'enfants ne savent ni lire ni écrire lorsqu'ils abandonnent les bancs de l'école, d'où l'impératif de veiller à la lutte contre l'abandon scolaire. L'Australie prévoit d'aider 4 millions d'enfants à rester à l'école. La Suisse a souligné la corrélation étroite entre les droits de l'homme et le développement durable, corrélation malheureusement ignorée dans les objectifs du Millénaire pour le développement. Il ne faudrait plus parler de «besoins» mais bien de «droits», selon la Suisse. L'Estonie, qui a déploré la fausse distinction entre droits de l'homme et croissance économique, a aussi observé que l'éducation en général, l'éducation aux droits de l'homme en particulier, est une condition de base pour atteindre les objectifs en matière de développement. La transparence et la lutte contre la corruption doivent être au centre de ce travail. L'Italie a considéré que la définition de l'agenda pour le développement après 2015 doit être l'occasion pour la communauté internationale de réaffirmer le droit au développement et l'élimination nécessaire de la pauvreté.

Le Honduras (au nom de Groupe des pays d'Amérique latine et des Caraïbes) a estimé que la définition du programme de développement après 2015 doit reposer sur la transparence et sur des négociations qui aboutissent à un consensus universel, avec la participation de la société civile et du secteur privé. Le représentant a également préconisé une reconnaissance des droits économiques, sociaux et culturels dans cet agenda, les droits de migrants devant y occuper une place de choix. L'Uruguay a indiqué que le «Groupe bleu» avait été constitué en 2011 sur une base interrégionale autour de la problématique de l'eau et de l'assainissement. Le Groupe bleu estime que l'apport en eau potable doit être suffisant pour répondre aux besoins concrets des populations, dans le respect des principes d'équité et de non-discrimination, moyennant une réalisation progressive du droit à l'eau.

Les États-Unis ont observé que les pays qui garantissent les droits des individus et des groupes ont des économies plus fortes et dynamiques. Le Brésil a mis en garde contre le risque que la transversalisation des droits de l'homme ne serve de prétexte pour stigmatiser certains États. D'autre part, pour le Brésil, l'élimination de la pauvreté extrême ne doit pas être confondue avec les objectifs du développement durable adoptés lors de la Conférence sur le développement durable Rio+20. Le Chili a souligné que le développement doit intervenir dans un cadre centré sur les valeurs d'impartialité, d'égalité et d'universalité, auxquelles pourrait s'ajouter le droit à la qualité. Cuba a déclaré attacher une grande importance à l'agenda pour le développement après 2015 qui devra absolument être élaboré de manière transparente. Une évaluation devra être effectuée pour comprendre pour quelles raisons les objectifs du Millénaire pour le développement n'ont pas été atteints. Le Costa-Rica a souligné que le débat démontrait que la transversalisation des droits de l'homme dans les travaux des Nations Unies était fondamentale pour centrer les efforts de tous sur la personne et son bien-être.

M. MICHEL FORST, Président du Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme, a déploré que les objectifs du Millénaire pour le développement n'abordent pas la question des inégalités, qui ont des effets corrosifs et entravent la pleine jouissance de droits de l'homme. On ne peut se satisfaire de résultats qui maintiennent des millions de personnes hors du champ des droits de l'homme. Les objectifs à fixer après 2015 devraient inclure la réalisation de tous les droits de l'homme, pour tous, sur une base égalitaire, équitable et inclusive: il s'agit là d'une question de vision et de volonté politique.

Organisations non gouvernementales

Pour l'Alliance internationale d'aide à l'enfance, l'un des défis majeur pour la communauté internationale est la concrétisation du droit à l'éducation pour tous. Les enfants doivent être au cœur du programme de développement après 2015. L'Open Society Institute a déclaré que l'objectif de l'éducation dépasse la seule alphabétisation: il s'agit d'offrir à tous les mêmes opportunités. Le Conseil mondial de l'environnement et des ressources a demandé qu'un appui soit accordé aux acteurs de la société civile qui agissent concrètement en faveur du respect des droits des femmes afghanes. Il est en effet à craindre que l'Afghanistan de demain ne soit régi par une idéologie qui laisse peu de place aux femmes. Action Canada pour la population et le développement s'est félicité que le système des Nations Unies, par le biais notamment des titulaires de mandats, ait beaucoup contribué à ce que la société civile comprenne l'étendue de ses droits, notamment le droit à la santé génésique.

Conclusions

MME CHAN a mis l'accent sur la responsabilisation des gouvernements et sur la nécessité de trouver des solutions adaptées aux circonstances. En termes pratiques, souligné la Directrice générale de l'OMS, tout le monde doit avoir accès à des services de santé de qualité: il s'agira donc d'atteindre les personnes vivant dans régions isolées, les peuples autochtones, les groupes marginalisés et les personnes handicapées. D'autre part, des millions de femmes n'ont pas accès à des services de planification familiale ou subissent des violences: la communauté internationale devra trouver les moyens concrets de remédier à ces problèmes.

M. RYDER a estimé que les objectifs du Millénaire pour le développement présentent, certes, des lacunes, mais qu'ils sont néanmoins positifs car ont permis d'obtenir des résultats quantifiables et ont favorisé la mobilisation autour de problèmes communs à tous les États. La notion de qualité de l'éducation est souvent revenue dans le débat, a relevé le Directeur général de l'OIT. En termes pratiques, les enseignants doivent être mieux formés et il faut faciliter l'accès des handicapés.

Pour MME GRYNSPAN, il importe avant tout que le cadre de l'après-2015 ait «un visage humain»: il devra donc tenir davantage compte des droits des plus vulnérables et tendre à la suppression des inégalités et des discriminations. Une focalisation très claire a d'ailleurs été recommandée, cet après-midi, sur la lutte contre toutes les formes de discriminations. Administratrice associée du PNUD a souligné que l'accent mis par le Conseil sur les droits des personnes handicapées est une inspiration pour tout le système des Nations Unies.

MME MOHAMMED a noté que l'adoption d'un programme de développement plus ambitieux dépend de la définition préalable de priorités: on ne peut avoir un nombre démesuré d'objectifs. Les ambitions doivent être réalistes, a souligné la Conseillère spéciale du Secrétaire générale pour la planification du développement après 2015.

MME KYUNG-WA KANG, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, a souligné l'importance du «comment». Elle a observé que le travail effectué par le Conseil dans le cadre de l'Examen périodique universel trouvait des applications concrètes sur le terrain.

MME BOKOVA a rappelé que tous les objectifs du Millénaire pour le développement n'étaient pas encore atteints, notamment en matière d'éducation pour tous. Ils devront donc figurer au programme après 2015. Pour la Directrice générale de l'UNESCO, le seul accès à l'éducation ne suffit pas: l'éducation doit être de qualité, c'est la condition pour que les jeunes tirent réellement parti du développement, a-t-elle conclu.

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