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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme entend onze dignitaires gouvernementaux et deux responsables d'organisations internationales

26 Février 2013

APRES-MIDI

26 février 2013

Le Conseil des droits de l'homme a entendu cet après-midi, dans le cadre de son débat de haut niveau, le deuxième Vice-Premier Ministre de la Guinée équatoriale, ainsi que les Ministres des affaires étrangères de la Mongolie et de l'Estonie, les Ministres de la justice du Rwanda et de la Sierra Leone, la Ministre des droits humains et de la promotion civique du Burkina Faso, la Ministre de l'environnement et Vice-Ministre pour les droits de l'homme des Maldives, les Vice-Ministres des affaires étrangères de la Croatie et du Kazakhstan, le Secrétaire d'État aux affaires internationales de la Roumanie et le Commissaire aux droits de l'homme de la Mauritanie. La Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux réfugiés a également pris la parole, ainsi que le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Nombre d'orateurs ont souligné l'importance de l'assistance que le Haut-Commissariat aux droits de l'homme peut fournir aux pays qui en font la demande pour les aider dans la mise en œuvre de mesures de promotion et de protection des droits de l'homme, ce qui implique qu'il dispose des moyens nécessaires.

Le Vice-Ministre croate des affaires étrangères a notamment souligné que le rôle du Conseil était autant de pointer les problèmes que de fournir des solutions. Plusieurs responsables, dont le chef de la diplomatie kazakhe, ont souligné la nécessité d'améliorer le fonctionnement du Conseil et de ses méthodes de travail. La plupart des intervenants ont souligné le succès remarquable que constitue l'Examen périodique universel. Ils ont réaffirmé la volonté de leur pays de respecter et mettre en œuvre les instruments juridiques internationaux en la matière, en coopérant pleinement avec les institutions onusiennes, notamment les titulaires de mandats du Conseil et son mécanisme d'examen périodique universel.

Le chef de la diplomatie estonienne, qui a vanté les réalisations démocratiques de son pays en affirmant que l'Internet pouvait être un instrument moderne permettant une bonne gouvernance, a fait part de la volonté de son pays de faire profiter le Conseil de son expérience innovante; il s'est par ailleurs inquiété des tentatives de certains États de canaliser l'Internet. Le Ministre mongol des affaires étrangères a souligné que, dans un contexte de croissance économique rapide dans les pays en développement, la corruption représentait une menace pour l'état de droit et la gouvernance démocratique. Pour sa part, le Rwanda a souligné qu'il est à même de faire partager son expérience, notamment dans le cadre des situations de sortie de conflit et des processus de transition, a déclaré son Ministre de la justice.

Plusieurs hauts responsables ont évoqué la dramatique situation régnant en Syrie, la représentante du Haut-Commissariat pour les réfugiés soulignant que le nombre de réfugiés et de déplacés y était désormais estimé à trois millions de personnes.

Enfin, la Ministre de l'environnement des Maldives a brossé un sombre tableau de la situation de l'archipel face au changement climatique, qu'elle a qualifié de défi existentiel. Elle a exhorté toutes les institutions des Nations Unies, dont le Conseil des droits de l'homme, à intégrer le changement climatique dans l'agenda du développement pour l'après-2015.

La République populaire démocratique de Corée, Sri Lanka et le Japon ont exercé le droit de réponse en fin de séance.


Le Conseil des droits de l'homme reprendra demain matin, à 10 heures, son débat de haut niveau en entendant des ministres de l'Irlande, de la Belgique, de l'Angola, du Lesotho, de la Jordanie, du Yémen, du Zimbabwe, du Danemark, du Sénégal et de Sri Lanka, entre autres dignitaires.

Débat de haut-niveau

M. ALFONSO NSUE MOKUY, Vice-Premier Ministre de la Guinée équatoriale, chargé du secteur social et des droits de l'homme, a déclaré que la dictature qui s'était mise en place à la proclamation de l'indépendance en 1968 avait violé systématiquement les droits de l'homme, prenant le relais du système colonial. Le thème des droits de l'homme a finalement été traité de manière systématique après le «Coup de liberté» («Golpe de Libertad») d'août 1979. Le nouveau gouvernement a procédé à des changements radicaux afin de mener progressivement le pays à la reconnaissance et au respect scrupuleux des droits et libertés fondamentaux. Le Vice-Premier Ministre a énuméré les réformes introduites par les nouvelles autorités à la suite de l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum, en 1982. Les réformes constitutionnelles de 1991, avec l'introduction du pluralisme politique, et de 1995, avec la création de la Cour constitutionnelle, ont été des étapes importantes dans l'évolution positive des droits de l'homme en Guinée équatoriale, a encore expliqué M. Nsue Mokuy.

Le Vice-Premier Ministre a aussi mentionné des institutions de création récente, tels que le Conseil de la République, organe consultatif chargé d'assister le chef de l'État; ou le Défenseur du peuple, nommé par l'assemblée législative et le sénat, chargé de garantir les droits des citoyens. Le Vice-Premier Ministre a attiré l'attention sur le Conseil national pour le développement économique et social, autre organe consultatif, ainsi que la création d'une Cour des comptes, qui veille à la transparence de la gestion fiscale de l'administration. Enfin, il y a un mois, était créé un Parlement des enfants, forum de libre expression où se réunissent les enfants et adolescents équato-guinéens pour discuter de leurs problèmes. Ils proposeront au Comité national des droits de l'enfant des recommandations viables visant à améliorer le sort des mineurs, a encore expliqué M. Nsue Mokuy.

M. THARCISSE KARUGARAMA, Ministre de la justice du Rwanda, a réaffirmé la volonté de son pays de poursuivre sa coopération avec le Conseil des droits de l'homme et ses mécanismes, ainsi qu'avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme. À ce titre, le Rwanda a déjà accueilli nombre de ses procédures spéciales. En tant que pays ayant une histoire difficile, le Rwanda est à même de partager son expérience, notamment dans le cadre des sorties de conflits et des transitions, a poursuivi le Ministre. M. Karugarama s'est ensuite attaché à présenter les principales réalisations de son pays en matière de droits de l'homme, et en particulier le renforcement des institutions, y compris le système judiciaire. Ces efforts ont été reconnus par la communauté internationale: le Tribunal pénal international pour le Rwanda, ainsi que les juridictions du Canada, de la Suède ou de la Norvège, ont en effet transféré à la justice rwandaise des génocidaires présumés, témoignant de la confiance placée dans le système judiciaire rwandais.

M. Karugarama a observé que le génocide des Tutsis en 1994 continue de poser des défis majeurs dans la sous-région. Ainsi, l'incapacité de combattre les «forces négatives» présentes dans l'Est de la République démocratique du Congo entraîne-t-elle des cycles de violence qui infligent des souffrances aux populations civiles. Le Rwanda s'efforce de travailler avec les parties prenantes régionales pour tenter de trouver une solution à cette situation. L'accord-cadre signé à Addis-Abeba, dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, le 24 février dernier, constitue un progrès en ce sens. Cet accord, adoptant une approche holistique et globale s'attaquant aux causes profondes de ces violences, doit être vu comme une étape importante dans la direction de la paix, a conclu le Ministre rwandais.

MME MARIYAM SHAKEELA, Vice-Ministre pour l'égalité des sexes, la famille et les droits de l'homme, Ministre de l'environnement et de l'énergie des Maldives, a rappelé que l'année écoulée n'a pas été facile pour son pays. En février 2012, les Maldives ont en effet subi un «transfert de pouvoir», qui a été source de divisions parmi la population et a fortement polarisé le climat politique. Aujourd'hui, les tensions politiques demeurent grandes, en dépit de l'appui du Commonwealth et des Nations Unies au transfert de pouvoir décrété par la Commission nationale d'enquête. D'autre part, les Maldives sont confrontées à un problème existentiel dû aux effets du changement climatique. Ce phénomène comporte également des risques tant pour la jouissance des droits fondamentaux des peuples que pour les moyens de subsistance des populations, a ajouté Mme Shakeela.

À cet égard, et tout en saluant le premier pas effectué par le Conseil des droits de l'homme en adoptant plusieurs résolutions sur la question du changement climatique, la Vice-Ministre maldivienne lui a demandé d'aborder, d'urgence, les problèmes émergents liés au climat dans optique des droits de l'homme. Elle a également exhorté toutes les institutions des Nations Unies, dont le Conseil des droits de l'homme, à intégrer le changement climatique dans l'agenda du développement pour l'après-2015.

M. LUVSANVANDAN BOLD, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a indiqué que le nouveau Gouvernement issu des élections de juin dernier a réaffirmé ses engagements en faveur des droits de l'homme, en tant que priorité majeure de son plan d'action 2012-2016. Le Ministre a également souligné que, dans le cadre de réformes tendant à aligner les normes nationales sur les textes normatifs internationaux, le Président avait proclamé un moratoire sur la peine de mort, le 14 janvier 2010, suivi par l'adhésion du pays au Deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Des amendements législatifs seront ensuite adoptés en vue de l'abolition définitive de la peine de mort. La Mongolie a par ailleurs fixé à 20% le quota des femmes dans les listes des partis politiques, et des mesures ont été adoptées en vue d'atteindre la parité entre les sexes dans la fonction publique et dans le secteur public. Cette politique a d'ores et déjà porté ses fruits puisque le nombre de femmes députées a quasiment triplé par rapport à la précédente législature, s'est félicité M. Bold. Le Ministre a également fait le bilan de la coopération de son pays avec les différents mécanismes du Conseil des droits de l'homme, en particulier l'examen périodique universel, les procédures spéciales et le Groupe de travail sur les droits de l'homme et les sociétés transnationales et autres sociétés commerciales, qui a effectué sa première visite en Mongolie depuis sa création en 2011. Cette visite a été d'autant plus appréciée, a déclaré M. Bold, que le pays s'apprêtait à exploiter ses vastes ressources minières et avait lancé des projets d'infrastructures sans précédent.

Le Ministre a également souligné que, dans un contexte de la croissance économique rapide, la corruption représente dans les pays en développement une menace pour l'état de droit et la gouvernance démocratique, de même qu'elle risque d'affecter la capacité des États à appliquer le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. En conséquence, M. Bold a suggéré à la communauté internationale de partager les «bonnes pratiques» en matière de gouvernance mentionnées dans la résolution 19/20 du Conseil. Enfin, M. Bold a appelé le Gouvernement syrien à coopérer avec tous les mécanismes du Conseil et à garantir un accès sûr, immédiat et sans entrave de l'assistance humanitaire aux populations civiles touchées par le conflit.

M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l'Estonie, a indiqué que son pays avait célébré, il y a deux jours, le quatre-vingt quinzième anniversaire de son indépendance. La déclaration d'indépendance estonienne s'adressait à tous les peuples du pays; elle stipulait que les droits fondamentaux et les libertés s'appliquent à tous. Lorsqu'elle a rétabli son indépendance en 1991, l'Estonie a adhéré aux mêmes principes. Les succès rencontrés ces vingt-deux dernières années démontrent l'effet positif des droits de l'homme et des libertés.

M. Paet a indiqué que son pays, qui se veut une nation active et innovante, entend, en tant que nouveau membre du Conseil, faire profiter ses partenaires de son expérience. Ainsi, soucieuse d'appliquer les principes d'ouverture et de transparence de l'État, elle favorise des solutions technologiques modernes. Le pays est d'ailleurs surnommé e-Estonie, car c'est l'une des nations ayant le mieux su exploiter les capacités virtuelles d'Internet, a fait valoir le Ministre. Lors du scrutin législatif de 2011, près du quart des électeurs ont voté en ligne. L'Estonie estime qu'Internet favorise une démocratie électronique permettant une plus grande implication de la population dans les processus de décision. Internet est d'une importance fondamentale pour parvenir à une bonne gouvernance, a souligné le Ministre, qui s'est inquiété des tentatives de certains États d'en restreindre la diversité sur Internet. Par ailleurs, M. Paet a rappelé le soutien de son pays aux droits des peuples autochtones, faisant part de l'inquiétude de ses compatriotes face au déclin des peuples finno-ougriens, famille à laquelle appartiennent les Estoniens. Il a enfin déploré les restrictions en matière de liberté d'expression imposées dans certains pays, dont le Bélarus.

MME JULIE PRUDENCE SOMDA-NIGNA, Ministre des droits humains et de la promotion civique du Burkina Faso, a observé que la persistance des conflits armés dans le monde et l'émergence de graves crises politiques dans de nombreux pays ont pour corollaire de graves violations des droits de l'homme. Parallèlement, la pandémie de sida, le paludisme, la pauvreté croissante des populations et les ressources limitées des États africains compromettent l'effectivité des droits humains. La Ministre a ensuite salué l'intervention de la France au Mali avant d'inviter la communauté internationale à contribuer, aux côtés de la France, de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Union africaine, à la résolution de cette crise en tenant compte des menaces qu'elle fait peser sur les droits humains des populations concernées. Le Burkina Faso, pour sa part, est d'ores et déjà engagé dans ce processus, en particulier avec la médiation du président Blaise Compaoré, mandaté par la CEDEAO.

Au niveau national et suite à la crise sociale qui a secoué le pays en 2011, le Burkina Faso s'est doté d'un Conseil consultatif sur les réformes politiques, chargé de l'organisation de consultations et d'assises nationales en vue de l'adoption de mesures consensuelles pour la cohésion sociale. Plusieurs institutions sont nées de cet effort, dirigées notamment vers les femmes, les jeunes, les personnes âgées ou encore la lutte contre la corruption. D'autres mesures ont été adoptées pour favoriser l'accès aux services de base; une nouvelle institution a été crée pour améliorer la transparence économique, de même qu'une institution nationale des droits de l'homme.

M. FRANKLYN BAI KARGBO, Ministre de la justice de la Sierra Leone, a souligné que son pays prend part, pour la première fois, aux travaux du Conseil des droits de l'homme en tant que membre à part entière et a réaffirmé l'attachement du Gouvernement et du peuple sierra-léonais à la promotion et à la protection des droits de l'homme. Faisant valoir que la Sierra Leone a accepté 126 des 129 recommandations issues de son examen périodique, le Ministre a décrit dans le détail les mesures prises en vue de leur mise en œuvre, malgré les difficultés auxquelles le pays a été confronté dans un passé récent. M. Kargbo a assuré que son pays ne ménagerait aucun effort, dans les deux prochaines années, en vue de la signature et de la ratification des principaux traités et protocoles internationaux, d'une part, et de la présentation de ses rapports périodiques en retard, d'autre part.

M. Kargbo a salué, par ailleurs, les efforts de la Division des droits de l'homme du bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme en Sierra Leone, du Fonds des Nations Unies pour l'enfance et d'autres partenaires, pour aider son pays à intégrer la perspective des droits de l'homme dans toutes les activités de la police, des forces armées et d'autres institutions nationales. Le Gouvernement s'efforce également d'appliquer la Convention sur l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes. Il coopère étroitement avec le Fonds des Nations Unies pour la population en vue de l'élimination des mutilations génitales féminines; un mémorandum a été signé à cet effet avec des femmes qui jouent un rôle de chefs de file en matière de pratiques traditionnelles. Enfin, la Sierra Leone a choisi de faire partie des six pays-pilotes du «Nouveau pacte pour l'engagement dans les États fragiles», accord novateur adopté fin 2011 lors du Quatrième forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide réuni à Busan, en République de Corée.

M. MOHAMED ABDALLAHI OULD KHATTRA, Commissaire aux droits de l'homme, à l'action humanitaire et aux relations avec la société civile de la Mauritanie, a déclaré que son pays avait pris des mesures positives en faveur de la liberté d'expression depuis le changement de pouvoir et l'accession à la présidence de M. Mohamed Ould Abdel Aziz en 2008. Cinq stations de télévision ont reçu une autorisation d'émettre, tandis que la presse écrite n'est plus poursuivie. Des lois ont été promulguées pour mettre un terme à l'esclavage et favoriser la participation de la jeunesse à la vie politique. Le Commissaire a précisé que la lutte contre la corruption était l'une des priorités du Gouvernement mauritanien, de même que la protection des droits des femmes et des enfants.

La Mauritanie entend poursuivre sa coopération avec les institutions des droits de l'homme et mettre en œuvre les recommandations qui lui ont été adressées dans le cadre de l'Examen périodique universel. Elle a ratifié, l'an dernier, plusieurs instruments internationaux interdisant la torture et les disparitions forcées. Il s'agit là d'une preuve de la bonne foi des autorités et de leur volonté d'agir dans le droit fil de leurs engagements internationaux, a assuré le Commissaire. La Mauritanie estime que le Haut-Commissariat doit se voir allouer les ressources nécessaires pour pouvoir mener à bien son action, notamment dans son assistance aux États qui la sollicitent.

M. JOŠKO KLISOVIC, Vice-Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, s'est dit vivement alarmé par la détérioration de la situation des droits de l'homme en Syrie, deux ans après le début des hostilités. Aucun crime ne devant rester impuni, la Cour pénale internationale devra être saisie du dossier, a dit le Vice-Ministre. Dans ce contexte, la Croatie est favorable à la prolongation du mandat de la Commission d'enquête sur la Syrie pour une année supplémentaire. La protection des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée impose, quant à elle, la création d'un nouveau mandat du Conseil, a-t-il ensuite plaidé. Se félicitant des progrès réalisés par le Myanmar, M. Klisovic a demandé aux autorités de ce pays de poursuivre leurs efforts, notamment en libérant toutes les personnes détenues pour des raisons politiques.

Le vice-ministre croate a souligné l'importance du droit à la liberté de religion et de croyance, un droit qui, dans certains pays, est menacé. C'est pourquoi la Croatie appelle à la prolongation du mandat du Rapporteur spécial sur cette question. La Croatie est aussi préoccupée par le problème des discriminations sur la base de l'orientation sexuelle: elle appelle à la dépénalisation de l'homosexualité dans les pays qui la répriment. Pour la Croatie, le renforcement des organes conventionnels est d'une importance capitale car les États doivent être évalués par des organes totalement indépendants. Il en va de même pour les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme, dont l'Examen périodique universel, qui doivent conserver leur crédibilité.

M. ALEXEI VOLKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit la fierté de son pays après son élection au Conseil des droits de l'homme. Il s'est félicité que cette institution ait fait la preuve de sa capacité de réagir rapidement aux crises, comme on l'a vu lors des événements au Maghreb et au Moyen-Orient. Le Kazakhstan tire une appréciation positive de l'expérience constructive et du dialogue établi ces cinq dernières années dans cette enceinte, surtout lorsque les États ne tentent pas de politiser les questions relatives aux droits de l'homme.

Le Kazakhstan, qui juge important de continuer d'améliorer les méthodes de travail du Conseil et de ses procédures spéciales, a toujours soutenu le renforcement des mécanismes des organes de droits de l'homme, a déclaré son Vice-Ministre des affaires étrangères. Ce processus implique de renforcer le rôle de la Charte et des organes conventionnels, ainsi que du Conseil des droits de l'homme, en premier lieu s'agissant de l'Examen périodique universel et des procédures spéciales. Le Kazakhstan estime nécessaire de concevoir une méthode spécifique d'interaction afin d'améliorer la communication, la coopération et le dialogue entre les États membres et les procédures spéciales.

M. OVIDIU DRANGA, Secrétaire d'État aux affaires internationales de la Roumanie, a observé que le Conseil doit assumer des responsabilités particulièrement importantes en cette année qui marque le vingtième anniversaire tant de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne que de la création du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. M. Dranga a rendu hommage à tous ceux qui, comme la Haut-Commissaire et les rapporteurs spéciaux et autres experts, témoignent de passion et d'engagement pour faire progresser la cause des droits de l'homme et améliorer la vie d'autrui. La Haut-Commissaire est devenue le porte-parole, devant le Conseil de sécurité notamment, de toutes les personnes dont les droits sont bafoués, partout dans le monde. En conséquence, la Roumanie est favorable à l'attribution au Haut-Commissariat d'une part plus importante du budget ordinaire des Nations Unies, à la mesure de l'importance de son travail. De leur côté, les États doivent privilégier des contributions pour des objectifs ou projets spécifiques.

Le Secrétaire d'État roumain a en outre préconisé la création d'un mécanisme d'alerte rapide du Conseil des droits de l'homme. Il a d'autre part appuyé le renouvellement du mandat de la Commission d'enquête internationale indépendante en Syrie, et espéré que le Conseil parviendra à un consensus sur cette question. M. Dranga a espéré, enfin, que le Mali pourra s'atteler bientôt à la reconstruction d'une société démocratique.

MME ERIKA FELLER, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux réfugiés, a déclaré que le Haut-Commissariat (HCR) attachait une grande importance à sa coopération avec le Conseil des droits de l'homme: les réfugiés et les apatrides pâtissent en effet d'un «déficit» en matière de droits de l'homme. En effet, ces personnes ne bénéficient pas, de manière temporaire ou durable, de la protection que devrait leur garantir leur propre État. L'expérience en la matière montre qu'il existe toujours un fossé entre la théorie et la pratique des droits de l'homme. L'action du HCR vise précisément à combler ce fossé, a expliqué la Haut-Commissaire adjointe. Année après année, la coopération s'intensifie entre le HCR et les mécanismes de protection des droits de l'homme. Cette coopération concerne aussi les institutions nationales des droits de l'homme, a expliqué Mme Feller, l'objectif étant de renforcer les capacités locales en la matière. Elle a souligné que les résolutions du Conseil, y compris les recommandations formulées lors de l'examen périodique des États, contribuaient à la protection des personnes dont le HCR a la charge. La Haut-Commissaire adjointe a indiqué que l'on recense maintenant près d'un million de réfugiés en provenance de Syrie, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur même du pays atteignant probablement les deux millions. Elle s'est aussi alarmée du caractère atroce des exactions commises dans ce pays.

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que, lors de ses récentes visites sur le terrain, il est toujours frappé par l'inacceptable immensité des coûts humains que génèrent les situations de violence dans le monde. Ces actes de violence extrême n'entraînent pas seulement une destruction matérielle mais aussi des séquelles individuelles et collectives si profondes qu'elles affectent et détruisent tout ce qui forme le tissu social, si essentiel à la stabilisation, à la reconstruction et au développement des communautés et des individus touchés. M. Maurer a rappelé qu'il y a vingt ans déjà, le CICR proposait à tous les acteurs œuvrant dans le domaine des droits de l'homme et présents à la Conférence de Vienne, de travailler ensemble au respect d'un «noyau dur» des droits de l'homme, que les juristes qualifient d'indérogeables, car ils s'appliquent en toutes circonstances. M. Maurer a encouragé la communauté internationale à privilégier la recherche d'une juste articulation qui permette de coopérer pleinement, tout en reconnaissant la complémentarité des missions des différents acteurs, car la protection des droits fondamentaux passe par une série d'approches convergentes qui, loin de s'exclure, doivent se renforcer mutuellement. Sur le terrain, bien qu'elle passe souvent inaperçue, la violence contre le personnel de santé, les structures médicales et les patients est l'un des défis humanitaires majeurs. C'est pourquoi M. Maurer a instamment prié les États de soutenir activement les efforts en vue de prévenir toute menace ou agression contre le personnel et les installations sanitaires relevant de leur juridiction.

Droit de réponse

La République populaire démocratique de Corée a rejeté toutes les allégations des délégations du Japon, de la Croatie ou de l'Union européenne la concernant. Le projet de résolution qui est proposé et visant la République populaire démocratique de Corée n'a rien à voir avec les droits de l'homme, a déploré le représentant, dénonçant les motivations politiques des auteurs de cette initiative. Le représentant a précisé que, sur treize ressortissants japonais enlevés, huit sont décédés et cinq sont rentrés au Japon. Le seul litige entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée est celui des Coréens du Nord enlevés par le Japon. Le Japon devrait se pencher sur les crimes contre l'humanité qu'il a commis, a encore déclaré le représentant. Il a enfin affirmé que les menaces des États-Unis ne font que souder davantage le peuple de la République populaire démocratique de Corée.

Sri Lanka a rejeté l'approche injuste à son égard adoptée ce matin par la Secrétaire d'État adjointe des États-Unis. Toute approche des droits de l'homme doit se fonder sur le consentement du pays concerné, comme le stipulent des résolutions pertinentes des Nations Unies. Le Conseil de droits de l'homme ne devrait pas céder au principe du «deux poids deux mesures» ni se focaliser sur un seul pays. Sri Lanka a fait de nombreux efforts: il devrait donc être encouragé.

Le Japon a déclaré que la République populaire démocratique de Corée devrait tenir compte de l'avis de la communauté internationale s'agissant de l'amélioration de la situation des droits de l'homme sur son propre territoire. Par ailleurs, ce sont des centaines de Japonais qui ont été enlevés: or, cinq seulement ont été rendus à leurs familles. En conséquence, les autorités de Pyongyang devraient lancer des enquêtes pour faire la lumière sur toutes les disparitions. Le représentant a reconnu que le Japon avait, par le passé, fait souffrir de nombreuses personnes de la région. Mais le Japon a déjà présenté ses excuses pour ces faits et souhaite aujourd'hui normaliser ses rapports avec les pays concernés, y compris le République populaire démocratique de Corée.

La République populaire démocratique de Corée a déclaré que la question des enlèvements est entièrement résolue. Il appartient maintenant au Japon de faire la lumière sur ses propres enlèvements de citoyens coréens.

Le Japon a regretté que la délégation de la République populaire démocratique de Corée ne réponde pas concrètement aux demandes répétées de la communauté internationale.

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