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Communiqués de presse Procédures spéciales

Gabon: L’Expert des Nations Unies demande instamment des mesures pour lutter contre la traite des enfants en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale

Gabon: la traite des êtres humains

23 Mai 2012

GENEVE (23 Mai 2012) – La Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, Joy Ngozi Ezeilo, a exhorté la République Gabonaise à adopter des mesures urgentes pour s'attaquer aux facteurs concernant la traite des enfants en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale dans le pays, y compris les facteurs traditionnels et culturels qui exacerbent ce phénomène. «Je suis convaincu que le Gabon peut devenir un modèle pour les autres pays de la région et au-delà dans la lutte contre la traite», a-t-elle souligné.

«Bien que le gouvernement ait adopté une législation pour lutter contre la traite des êtres humains, des lacunes importantes subsistent», a déclaré Mme Ezeilo* à la fin de sa visite officielle au Gabon du 14 au 18 mai. «Il y a un certain nombre de défis qui doivent être résolus par le gouvernement s'il l’on veut réussir à lutter efficacement contre la traite des personnes et protéger les droits humains des victimes de tous les âges de la traite».

L'experte a souligné que les lois actuelles limitent la protection des victimes mineures et n’incluent toutes les formes d'exploitation, notamment les exploitations en lien avec le travail, les exploitations sexuelles, l'esclavage et le prélèvement d'organes. «J'exhorte le gouvernement à élargir la portée de la traite, explicitement les formes et la portée de la protection, à la fois pour les victimes femmes et hommes selon le Protocole de Palerme visant à prévenir, réprimer et punir le trafic des êtres humains».

Le Gabon est un pays de destination et de transit pour les personnes victimes de la traite de la sous-région de l’Afrique de l'Ouest et de l’Afrique Centrale. Les garçons et les filles de moins de 18 ans du Bénin, du Mali et du Togo sont incités à venir dans le pays sont incités à venir dans le pays, qui est considéré comme l'un des plus riches économiquement de la région, par des perspectives et possibilités de travail.

«Les formes les plus communes de la traite au Gabon sont le travail domestique des jeunes filles, la servitude et dans une certaine mesure les mariages forcés et précoces, tandis que pour les garçons, le travail dans le secteur informel, dans la mécanique automobile et les travaux forcés sont fréquents», a-t-elle remarqué tout en notant que les causes profondes de la traite, issues de la pauvreté et des pratiques traditionnelles, en particulier en Afrique occidentale, relèvent de l’envoi d’enfants partis vivre avec des parents éloignés et de la demande de travailleurs domestiques par de riches familles gabonaises.

«La tendance, les formes et les manifestations de la traite des personnes ne sont pas bien comprises au Gabon, et il y a un manque général de sensibilisation comme de connaissances concernant la traite des personnes au-delà du phénomène sur les enfants pour l’exploitation par le travail», a souligné Mme Ezeilo. «En conséquence, d’autres victimes de la traite restent invisibles et non reconnues, non seulement par la population en général, mais aussi par les victimes elles-mêmes et les autorités compétentes».

L'experte en droits humains a appelé les autorités à aider à améliorer la compréhension de la nature et de l'ampleur du problème de la traite des êtres humains dans le pays, à réaliser une collecte de données nationales fiables afin de déterminer le taux de prévalence, les formes, les tendances et la manifestation de traite des personnes, y compris des enfants et des femmes.

«Avec une frontière côtière de plus de 800kms et une frontière poreuse avec 3 pays, le Gabon a besoin d’une bonne coopération avec ses voisins pour lutter contre le phénomène de la traite», a-t-elle dit, en soulignant que jusqu'à présent la signature d'accords avec les Etats voisins ne s’est pas matérialisée en dépit de l'initiative du gouvernement.

La Rapporteure spéciale a également exprimé son inquiétude quant à l'absence d'un programme spécifique de visa permettant aux victimes de la traite de rester légalement dans le pays, aussi bien qu’un retour sûr et un rapatriement. À son avis, il y a toujours un risque de retomber dans la traite et la victimisation, en particulier pour les enfants victimes de la traite parce que les membres de la famille sont impliqués dans le trafic.

Au cours de sa mission de cinq jours à Libreville, Mme Ezeilo a rencontré des responsables gouvernementaux des Ministères des Affaires étrangères, de la Justice, du Travail, des Affaires sociales et de la famille, de l'Intérieur et de la Défense. Elle a également rencontré le Ministère public, les services de Police pour la protection des mineurs, le Comité de suivi chargé de la mise en œuvre de la plate-forme d'action sur la traite des enfants à des fins d’exploitation par le travail, la Commission nationale des droits de l'homme et les organisations de la société civile.

«Plus important encore», a-t-elle souligné, «J'ai rencontré les victimes elles-mêmes, y compris des jeunes filles étrangères au cours de mes visites dans le refuge d'Angondjé géré par l’Etat et deux autres refuges pour filles et garçons gérés par des organisations de la société civile».

Mme Ezeilo présentera un rapport détaillé contenant ses conclusions et recommandations à la 23ème session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies en Juin 2013.

Joy Ngozi Ezeilo (Nigéria) a débuté son mandat en tant que Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants en Août 2008. Mme Ezeilo est avocate des droits humains et professeur à l'Université du Nigéria. Elle a servi au sein de différentes autorités gouvernementales et à la consultation de diverses organisations internationales, et est actuellement impliquée dans plusieurs ONGs, en particulier sur ​​les droits des femmes. Elle a publié de nombreux articles sur une variété de sujets, y compris les droits de l'homme, les droits des femmes, et la charia. Mme Ezeilo s’est vue décernée les honneurs nationaux (Officier de l'Ordre du Nigeria) en 2006 pour son travail en tant que défenseur des droits humains. Pour en savoir plus, voir: http://www.ohchr.org/EN/Issues/Trafficking/Pages/TraffickingIndex.aspx

(*) Pour vérifier l’intégral fin-de-déclaration-de-mission: http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=12176&LangID=E

Pour consulter le protocole de Palerme : http://www2.ohchr.org/english/law/protocoltraffic.htm

HCDH Page Pays– Gabon : http://www.ohchr.org/EN/Countries/AfricaRegion/Pages/GAIndex.aspx

Pour plus d’informations et pour toute requête des médias, merci de contacter: Selma Vadala (+41 22 917 9108 / svadala@ohchr.org / srtrafficking@ohchr.org).
Pour les demandes des médias relatives à d'autres experts indépendants des Nations Unies: Xabier Celaya, Droits de l’Homme de l’ONU –Unité média (+ 41 22 917 9383 / xcelaya@ohchr.org)

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