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Communiqués de presse

L'EXPERT DES NATIONS UNIES SUR LES PERSONNES DÉPLACÉES DEMANDE QUE CESSENT LES DÉPLACEMENTS FORCÉS DANS L'EST DU TCHAD

26 Juin 2006

26 juin 2006


Le Représentant du Secrétaire général des Nations unies pour les droits des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays, M. Walter Kälin, a fait aujourd'hui, la déclaration suivante:

«Au cours de son histoire, le Tchad et son peuple ont toujours ouvert les bras à ceux qui avaient besoin de soutien et de protection internationale. Aujourd'hui, ce pays lui-même est confronté à un problème de déplacement de population auquel viennent s'ajouter quelques 200 000 personnes en provenance du Darfour au Soudan, pesant très lourdement sur les populations locales et les structures de soutien dans l'est du pays. Les réfugiés et les personnes déplacées, tout comme les travailleurs humanitaires, sont exposés à des groupes armés irréguliers. C'est ainsi pour les travailleurs humanitaires. Tandis que le Tchad et le Soudan ont suspendu leurs relations diplomatiques sur la base d'accusations mutuelles de soutien à des rebelles s'opposant aux Gouvernements respectifs, les peuples des deux pays, aussi bien les personnes déplacées que les réfugiés payent le prix de cette situation. Je lance un appel urgent aux autorités tchadiennes et soudanaises, ainsi qu'à la communauté internationale, pour qu'elle protège les résidents de cette région, qu'ils soient tchadiens ou soudanais.

Toute personne à le droit d'être protégée contre le déplacement arbitraire, même dans le contexte d'un conflit armé, et le droit international humanitaire interdit de prendre la population civile pour cible. Le déplacement forcé est d'ailleurs un crime contre l'humanité entrant dans la juridiction de la Cour pénale internationale.

Malgré ces garanties, au cours des dernières semaines, une recrudescence de la violence et des vols de la part des milices des janjaweed ont causé des déplacements massifs de population dans l'est du Tchad. Après trois ans de violence au Dafour, les milices janjaweed pénètrent de plus en plus la frontière tchadienne, d'abord en pourchassant les réfugiés venant du Darfour, mais de plus en plus en ciblant des communautés tchadiennes. Selon le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, ces attaques seraient de plus en plus systématiques et feraient de plus en plus de victimes. Le conflit s'est intensifié avec la participation de membres des tribus et villages avoisinants, qui croient qu'en rejoignant les janjaweed elles seront à l'abri d'attaques similaires.

En conséquence, plus de 50 000 Tchadiens ont été déplacés dans l'espace de quelques mois. Des régions perçues comme étant sûres ont perdu ce statut; par exemple dans la ville de Goz-Beida la population de 6000 personnes s'est accrue avec l'arrivée de 14 000 réfugiés soudanais et 11 000 déplacés tchadiens. Cette arrivée massive a eu lieu en période de semence, exposant ceux qui survivront à la violence face au risque de malnutrition et de famine au cours des prochains mois. Même si les organisations internationales ont commencé à revoir les besoins en assistance et protection des personnes déplacées, à ce jour les camps de personnes déplacées et lieux d'installation ont reçu des ressources, laissant les résidents livrés à l'insécurité et à des conditions sanitaires précaires. Avec l'arrivée des pluies, beaucoup de régions sont maintenant isolées, et il devient urgent d'améliorer ces conditions dans les plus brefs délais.

La communauté internationale ne peut pas rester indifférente face à l'instabilité croissante dans la région et la menace qu'elle fait peser sur les droits de l'homme et le droit à la vie. En tant qu'État souverain, le Tchad a l'obligation et la responsabilité principale dans la protection de ceux qui se trouvent sous sa juridiction. Néanmoins, quand les gouvernements n'ont pas la capacité de faire face à leur responsabilité de protéger et d'assister, la communauté internationale est en droit d'offrir son aide, voir le devoir de le faire, en coopération avec les autorités nationales. En reconnaissant que cette crise dépasse ses capacités et ressources, le Tchad a sollicité l'aide de la communauté internationale afin de renforcer la protection des populations exposées. Nous ne pouvons pas tourner le dos à cette requête, ni aux milliers de personnes qui sont en danger. La mission récente du Conseil de Sécurité et l'évaluation de la sécurité dans la région, qui a spécifiquement pris en compte la protection des civils au Tchad, constitue un pas important.

Sur cette base, je lance un appel à tous les acteurs pour qu'ils agissent immédiatement avec pour objectif de mettre fin au déplacement forcé et de prêter assistance aux personnes déplacées. Ces actions devraient être soutenues par la communauté internationale. Je lance un appel particulier aux pays donateurs et aux agences internationales pour qu'ils aident le Tchad à subvenir aux besoins en abris et en nourriture de toutes les populations affectées.


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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel


HR06077F

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