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Communiqués de presse Procédures spéciales

MISE AU POINT DU RAPPORTEUR SPECIAL DE LA COMMISSION DES DROITS DE L’HOMME SUR LE DROIT A L‘ALIMENTATION

12 Novembre 2002



12 novembre 2002




Suite au communiqué de presse du 11 novembre 2002 de l’Ambassadeur Sichan Siv, Représentant des Etats-Unis au Conseil Economique et Social des Nations Unies, le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, fait la mise au point suivante.

Le Rapporteur spécial n’a jamais douté ni de la gravité des menaces immédiates de famine qui pèsent actuellement sur plus de 14 millions d’habitants de l’Afrique australe, ni de la générosité du gouvernement des Etats-Unis qui fournit au PAM l’essentiel des provisions pour son action de secours.

Le Rapporteur spécial a par contre exprimé publiquement des réserves quant à l’utilisation massive des aliments génétiquement modifiés.

Ces réserves s’inspirent d’une triple évidence.

1. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) peuvent comporter des dangers à moyen et long terme pour l’organisme humain et donc la santé publique. Sur cette question, la communauté scientifique internationale est profondément divisée.

Face à la tentative de diffusion massive des OGM, le principe de précaution s’impose. Nombre d’Etats d’Europe et du Tiers-monde, comme la quasi-totalité des organisations non gouvernementales (ONG) et mouvements paysans (Via Campesina, MST du Brésil, Fédération paysanne de France, etc.) se prononcent actuellement encore contre l’introduction des OGM dans la chaîne alimentaire.


2. Selon la FAO, 815 millions de personnes sont aujourd’hui gravement et chroniquement sous-alimentées. Mais comme le dit le Directeur général Jacques Diouf, il existe largement assez d’aliments non-modifiés pour nourrir tous les affamés.

L’argument selon lequel les OGM sont indispensables pour vaincre la malnutrition et la faim n’est pas convaincant.


3. L’utilisation massive des OGM risque de rendre les paysans utilisateurs dépendants des sociétés multinationales fabricant et vendant les OGM.

Au lieu de pouvoir prélever sur la récolte passée des semences destinées aux plantations de la récolte suivante, comme cela se fait traditionnellement, le paysan doit acheter à la société multinationale, désormais au prix dicté par celle-ci, les semences pour les plantations nouvelles.

Or, parmi les 1,2 milliards de personnes extrêmement pauvres, selon les critères de la Banque mondiale, 75 % sont des paysans, leurs femmes, et leurs enfants.
La diffusion massive des OGM risquerait d’aggraver leur misère.


En articulant publiquement ces réserves, le Rapporteur spécial n’a donc pas violé son mandat, comme le prétend le Représentant des Etats-Unis, il l’a au contraire pleinement assumé.




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